Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/711-720

Fascicules du tome 2
pages 701 à 710

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 711 à 720

pages 721 à 730


UT, & on le marque par le chiffre 1, qui représente la corde entière. La moitié de cette corde 2 ; le quart 4 ; & la huitième partie 8, forment également le même son UT à l’octave, à la double octave, à la triple octave. La neuvième partie de la corde 9, forme le son RÉ ; & du son UT au son RÉ, il y a un ton plein. Il faut bien retenir qu’UT est à RÉ, comme 8 est à 9. La cinquième partie de la corde 5, forme le son MI ; la dixième partie 10, forme le même son MI à l’octave du premier. Ainsi RÉ est à MI, comme 9 est à 10 ; & de RÉ à MI, il y a encore un autre ton plein. Mais ces deux tons ne sont pas égaux ; il se trouve plus d’intervalle d’UT à RÉ, qu’il ne s’en trouve de RÉ à MI ; c’est pourquoi on appelle le ton d’UT à RÉ, ton majeur, & le ton de RÉ à MI, ton mineur. Or la différence qu’il y a de l’un à l’autre est d’un comma, c’est-à-dire, que le ton majeur est plus fort d’un comma que le ton mineur. Pour comprendre maintenant ce que c’est que le comma, suivons les divisions de la corde, & observons d’abord que le tiers de la corde donne toujours sa quinte juste. Ainsi la corde entière 1, ou la moitié de la corde 2, étant 2, le tiers de la corde 3 est SOL. Nous avons dit que la dixième partie de la corde 10, forme le son MI. La vingtième 20 ; la quarantième 40 ; & la quatre-vingtième 80, sont autant d’octaves du même son ; par conséquent ce sont autant de MI. La vingt-septième partie de la corde forme le son LA. Le tiers de cette vingt-septième partie doit donc former la quinte de ce LA, comme le tiers de la corde UT forme SOL qui est sa quinte. Or la quinte de LA est MI. Cependant MI est 80, & le tiers de la vingt-septième de la corde est 81 ; car trois fois 27 font 81. La différence de ces deux MI est donc de 80 à 81 ; & c’est précisément cet intervalle qu’on appelle comma. Il n’est pas possible de diviser le ton, soit majeur, soit mineur, en un certain nombre juste de comma ; le comma lui-même se divise en plusieurs parties : il y a des comma diminués, des raisons maximes majeures, moyennes, mineures, &c. & aucune de ces parties prises séparément, & multipliées par elle-même ou par les autres parties, autant de fois que l’on voudra, ne donnera jamais un comma juste. Voici la progression d’un ton à l’autre :

Depuis UT, 134217728, jusqu’à SI-dièze-deux comma, 134369280, il y a un complement de comma.

Depuis SI-dièze-deux comma, 134369280, jusqu’à LA-quatre-dièzes, 135000000, il y a un petit comma.

Depuis LA-quatre-dièzes, 135000000, jusqu’à LA-quatre-dièzes-un comma, 136687500, il y a un comma.

Depuis LA-quatre-dièzes un comma, 136687500, jusqu’à SIX-deux-dièzes, 138240000, il y a un comma diminué.

Depuis SI-deux-dièzes, 138240000, jusqu’à SI-deux-dièzes-un comma, 139968000, il y a un comma.

Depuis SI-deux-dièzes-un comma, 139968000, jusqu’à UT-dièze, 141557760, il y a un comma diminué.

Depuis UT-dièze, 141557760, jusqu’à UT-dièze-un comma, 143327232, il y a un comma.

Depuis UT-dièze-un comma, 143327232, jusqu’à SI-trois-dièzes, 144000000, il y a un petit comma.

Depuis SI-trois-dièzes, 144000000, jusqu’à SI-trois-dièzes-un comma, 145800000, il y a un comma.

Depuis SI-trois-dièzes-un comma, 145800000, jusqu’à UT-deux-dièzes, 147456000, il y a un comma diminué.

Depuis UT-deux-dièzes 147456000, jusqu’à UT-deux-dièzes-un comma, 149299200, il y a un comma.

Enfin, depuis UT-deux-dièzes-un comma, 149299200, jusqu’à RÉ, 150994944, il y a un comma diminué.

Ainsi le ton majeur qui se trouve d’UT à RÉ, est composé, de cinq comma, de quatre comma diminués, de deux raisons maximes & d’une raison moyenne ; ce qui fait presque neuf comma. Le ton mineur qui se trouve de RÉ à MI, a un comma de moins ; & a par conséquent presque huit comma.

☞ Les comma sont donc les plus petites parties des tons. Le majeur est la différence du ton majeur au mineur, qui est 80/81 ; & le mineur, la différence du semi-ton majeur au mineur, qui est 125/126.

☞ Les profonds Musiciens portent encore plus loin leurs opérations sur les nombres sonores, pour trouver des parties de tons encore plus fines ; quoique ces calculs si pénibles se fassent dans un art tout destiné à la satisfaction des sons, qui ne s’amusent guères à supputer leurs plaisirs, nous n’en sommes pas moins redevables aux Géomètres. En effet, pour diriger le Musicien dans ses compositions, il a fallu déterminer le chant où la nature nous conduit par elle-même, & celui où l’art peut conduire la nature sans la forcer. Or c’est par le moyen de ces opérations, jointes à l’expérience qui les a toujours ou prévenues, ou confirmées, que les inventeurs de la musique ont découvert que la voix ne peut entonner avec grace, que la moitié, le tiers ou le quart d’un ton.

☞ De-là, les trois fameux systêmes des anciens que nous suivons encore : le diatonique, le chromatique & l’enharmonique. Le premier, qui procède par des moitiés, le second par des tiers, le troisième par des quarts de ton.

☞ Le premier, qui est le plus naturel, plaît à tout le monde ; le second qui ajoûte beaucoup d’art à la nature, plaît surtout aux savans Musiciens : le troisième, qui est le plus exact & le plus fin, ne plaît guères qu’aux profonds d’entre-eux.

☞ Quelques Ecrivains donnent une s à ce mot au pluriel, d’autres ne lui en donnent point. Quoiqu’il n’y ait rien de bien établi par l’usage sur cela, il me semble qu’il vaut mieux n’en point mettre, puisque nous n’en mettons point après les mots factum, opera, &c.

Ce mot comma a été pris des Grecs sans aucun changement ; on le trouve dans les Auteurs François, Italiens, Allemans, &c. qui ont écrit en leur langue sur la musique.

Comma, s. m. oiseau d’Afrique. Il a le cou vert, les aîles rouges & la queue noire.

COMMACHIO. Voyez COMACHIO.

COMMAGÈNE. s. f. Commagene. Province d’Asie au Nord de la Syrie, entre la Cilicie & l’Euphrate, qui la séparoit de la Mésopotamie ; elle avoit la Cappadoce au nord, comme il paroît par le Scholiaste de Denys, v. 875. La Commagène a eu des Rois, comme il paroît par les médailles. La Commagène fut réduite en Province par Tibére. Caligula & Claude lui redonnèrent des Rois ; mas Vespasien la remit au rang des Provinces de l’Empire. Voyez sur la Commagène le Cardinal Noris dans ses Epoques Syro-Macédonienne, Diss. II. C. 4. Vossius, dans son Pomponius Mela, Hoffman, M. Corneille, Racine, &c. écrivent Comagène.

Mais, comme il paroît par les médailles dont j’ai parlé, il faut écrire Commagène, quoique nous prononcions Comagène.

Il croissoit dans la Commagène une herbe à laquelle on avoit donné le même nom, Commagène, dont Pline parle liv. XXIX, ch. 3. que quelques-uns, selon la remarque de Daléchamp, croient être le nard de Syrie, & d’autres le Comacum de Théophraste, & que Monsieur Spanheim a cru voir sur des médailles de Commagène, qui sont au Cabinet du Roi.

☞ COMMAND, s. m. terme de Coutumes, signifie ordinairement celui qui donne commission à un autre d’acquérir pour lui. Il signifie aussi quelquefois celui qui, dans un contrat d’acquisition volontaire, soit dans une adjudication par décret, déclare qu’il achete pour lui ou pour un ami élu ou à élire, & qu’il nommera dans la suite.

Command signifie aussi dans quelques coutumes la signification que font les sergens de l’Ordonnance de Justice.

COMMANDANT, s. m. Celui qui commande dans une place, dans un corps, une compagnie de gens de guerre. Præfectus, qui præest. Le Lieutenant en l’absence du Capitaine, du Gouverneur, est le Commandant. Quand des soldats font du désordre, il faut s’en plaindre au Commandant. Quand une place est surprise, on s’en prend au Commandant, à celui qui est le premier dans la place.

On appelle communément Commandant, le Lieutenant de Roi des places de guerre, parce que c’est lui qui commande en l’absence du Gouverneur. Commandant se dit plus particulièrement d’un Officier qui a commission pour commander dans une province ou dans une place, comme feroit le Gouverneur lui-même. Le Roy envoye des Commandans, lorsque les Gouverneurs sont trop jeunes, ou malades, ou absens, &c. Depuis quelques années le Roi, au lieu de donner aux enfans de ceux qui sont Gouverneurs des survivances, donne à quelqu’un de leurs enfans les provisions de Gouverneur, & au pere une commission de Commandant sa vie durant, avec pouvoir de recevoir les appointemens, & de rentrer dans le Gouvernement si le fils vient à mourir.

Commandant en Chef, est celui qui ne dépend que du Roi, qui ne prend les ordre que de la Cour, qui n’a personne au dessus de lui dans le lieu où il commande, du moins en ce qui regarde le commandement.

☞ On l’employe quelquefois adjectivement. Les Officiers commandans de la ville, de la citadelle.

COMMANDATAIRE. Voyez COMMENDATAIRE.

☞ COMMANDE. Vieux mot. Commandement, ordre, jussion.

☞ COMMANDE. s. f. Terme usité dans le discours ordinaire dans cette façon proverbiale, de commande. Ouvrage de commande, chapeau, souliers de commande, que l’ouvrier fait exprès pour celui qui lui en a donné l’ordre. Des vers de commande.

Ce mot signifie encore une chose qui est toute prête & préparée pour servir au besoin ; ou une chose feinte & supposée pour servir de prétexte ou pour s’excuser. Cet homme a toujours cinq ou six histoires de commande quand il entre dans une compagnie. Cet officier a toutes les campagnes une maladie de commande, qui l’oblige à aller prendre les eaux. Il s’endormit de commande à la lecture de quelques chapitres de l’Ecriture sainte. Fléchier.

Commande ou Commende, en quelques Coutumes, signifie la taille qui est dûe par des personnes de condition servile.

Commande, veut dire aussi dans les Coutumes, dépôt. Prendre quelque chose en charge & commande.

Commande de bestiaux. Terme de Coutumes. C’est un contrat par lequel on donne à un Berger ou Laboureur, un troupeau de bétail pour en avoir soin, à charge de le nourrir, & d’en jouir pendant un certain temps, après lequel on doit représenter le troupeau, pour partager le surplus, ou le croît entre le maître & lui.

Commande (droit de), terme de Coutumes. C’est un droit que le Seigneur prend tous les ans sur les veuves de condition servile durant leur viduité, pour reconnoissance de son droit de servitude. Il y a des lieux où le droit de commande est un droit qui se lève sur les femmes de condition servile mariées à d’autres qu’à ceux de la condition & servitude du Seigneur.

On appelle, en terme de Négoce, commandes, les procurations ou commissions d’acheter ou négocier pour autrui. Commissa rei gerendæ potestas, auctoritas. Il en est parlé dans les Coutumes d’Amiens.

COMMANDE. Terme d’Eglise. Voyez Commende.

Commandes, en termes de Marine, sont de petites cordes que les garçons du navire portent toujours à la ceinture pour servir au besoin. Funiculi. On les appelle autrement rabans. Commande est aussi un cri de l’équipage pour répondre au maître qui a appelé de la voix ou du sifflet pour quelque commandement qu’il veut faire.

☞ COMMANDEMENT. s. m. On prononce Comandement. Action de celui qui commande. Imperii exercitium. Il a le ton absolu dans le commandement. Il a le commandement dur.

Commandement se dit aussi de la chose commandée. Imperium, jussum. Ce mot, dans ce sens, a beaucoup d’analogie avec le mot ordre ; mais il exprime avec plus de force l’exercice de l’autorité. L’Abbé Girard. Il faut observer les commandemens de Dieu & de l’Eglise. Il faut exécuter les commandemens du Roi, obéir aux commandemens de justice & des Gouverneurs. Voyez Ordre, Précepte, Injonction, Jussion.

☞ On appelle Secrétaires des commandemens les quatre Secrétaires d’Etat. Regis Scribæ. On dit qu’un Arrêt, qu’une Patente est signée en commandement, quand c’est par un ordre exprès du Roi, qu’un Secrétaire d’Etat les signe. Les Secrétaires de la Reine, de Monseigneur le Dauphin, des Princes du Sang portent aussi le titre de Secrétaires des Commandemens.

Commandement se dit aussi du droit de commander & de se faire obéir. Imperium, potestas, jus. Les Maréchaux de France cèdent l’honneur du commandement au plus ancien. Cet Officier a tant de Compagnies, de Régimens sous son commandement. On appelle bâton de commandement, celui que porte un Officier, pour marque du pouvoir que lui donne sa charge. Voyez Bâton.

☞ On dit aussi, cet Officier est capable de commandement, c’est-à-dire, qu’il a assez de talens pour conduire, pour commander un corps de troupes, une armée.

On appelle au Palais un commandement, l’exploit fait par un Sergent en vertu d’un Jugement, ou d’une obligation, par lequel il commande à quelqu’un, au nom du Roi & de Justice, de payer une telle somme, de vider des lieux qu’il occupe, d’exhiber un registre, ou de faire autres choses semblables. Scripto consignata apparitoris denunciatio. Une exécution sans un commandement préalable est nulle. Pour faire une saisie réelle, il faut qu’il y ait un itératif commandement.

☞ On appelle itératif commandement, celui qui est précédé d’un simple commandement, & qui est recordé. L’itératif commandement précède la saisie-exécution, la saisie-réelle & l’emprisonnement.

Commandement, en termes de Guerre & de Marine, se dit de tous les ordres prompts qu’on donne en faisant l’exercice des troupes, ou la manœuvre des matelots. Jussum, imperium. A droite, à gauche, doublez vos rangs, vos files, sont les premiers commandemens que fait un Major, un Officier qui fait faire l’exercice.

Commandement, en termes de fortification, est une éminence ou une élévation de terre, qui a la vûe sur quelque poste ou sur quelque place forte. Station unde hostis impugnari possit. On distingue trois sortes de commandemens. Le commandement de front est une hauteur opposée à la face du poste qu’elle bât par le front. Le commandement de revers, peut battre une place ou un poste par derrière. Le commandement d’enfilade, est celui qui peut battre d’un seul coup toute la longueur d’une ligne droite.

Commandement se dit aussi, en termes de civilité, des offres de services qu’on fait à ses amis. Operam, obsequium offerre. Je n’ai pas voulu partir sans recevoir vos commandemens pour la Province. On dit qu’un homme a la langue latine à commandemens ; pour dire, qu’il la partle comme sa langue naturelle. ☞ On dit aussi avoir à son commandement, c’est-à-dire, avoir à sa disposition. Administrare aliquid ad suam voluntatem, ad arbitrium. Ce Maître-d’Hôtel, ce Sommelier, font bonne chère à leurs amis ; car ils ont le vin & les viandes à leur commandement. Une jolie femme a toujours des caresses à son commandement.

Commandement. On dit ironiquement d’un homme qui commande une chose qu’il n’a pas droit de commander, qu’il a le commandement beau. Acad. Fr.

COMMANDER. v. a. & n. Donner des ordres à des inférieurs, qu’ils sont obligés d’exécuter. ☞ C’est diriger, selon sa volonté & avec autorité, ou avec pouvoir de contraindre, les actions de ceux qui nous sont soumis. Imperare, præcipere, jubere. Dieu commande à toute la nature ; il commande aux vents & à la mer. Le Général a commandé au régiment des Gardes de pousser les ennemis.

☞ Voltaire, dans ses Remarques sur Rodogune, où l’on trouve :

C’est pour le commander, & combattre pour moi,

dit : on commande une armée, on commande à une Nation. On ne commande point un homme, excepté lorsqu’à la guerre, un homme est commandé par un autre, pour être de tranchée, pour aller reconnoître, pour attaquer, &c.

Commander se dit d’un Général d’armée, & de ses Lieutenans, en son absence, & pour lors, il régit l’accusatif. Commander une armée, commander une flotte. Exercitui præesse, navibus, classi. Le Roi commande lui-même ses armées. Le Général commanda deux Régimens, pour couvrir les Fourageurs, quand, &c. Main.

Commander se dit des Puissances temporelles. Imperare. La vanité d’Alexandre le portoit à vouloir commander à tout le monde. Les Romains sembloient nés pour commander aux autres. Bail. Ce Prince sait l’art de bien commander. Les Rois commandent dans leurs Etats. Un maître commande dans sa maison. Un Prieur commande dans son Couvent.

Un cœur né pour servir, sait mal comme on commande.

Corn.

Maître d’un cœur charmé,
Commandez qu’on vous aime, & vous serez aimé.

Rac.

Commander se dit encore du pouvoir, de l’autorité que donne une charge, une commission. Præesse. L’Amiral commande sur la mer, & le Connétable sur la terre. On a donné à un tel Officier cette armée à commander en chef. Un tel commande les Dragons, les Chevaux-Légers, les Mousquetaires. C’est lui qui commande un tel Régiment, &c.

Commander signifie, donner ordre à des troupes de se tenir prêtes, ou de partir pour aller à quelque expédition. Mandare, præscribere, edicere, imperare. On a commandé le Régiment des Gardes pour le vingtième du mois prochain. On a commandé dix hommes par Compagnie pour aller escorter ce convoi.

Commander se dit, dans un sens figuré & métaphorique, en parlant de l’avantage que donne quelque éminence pour battre une Ville, pour tenir en sujettion toute une Province. {{lang|la|Imminere, insidere. Cette Citadelle commande la Ville. Cette place ne peut pas se fortifier, voilà les collines qui la commandent de tous côtés. Quand on parle de la force d’une place qui tient une Province ou un Pays en respect, alors commander régit le datif. Cazal est une place qui commande à la meilleure partie d’Italie. Cette garnison commande à toute la frontière, fait payer des contributions.

Commander à la route, terme de Marine, c’est donner la route, prescrire celle que doivent tenir tous les vaisseaux, ce qui est attribué à l’autorité de l’Amiral ou du principal Commandant, ou d’un Pilote dans un vaisseau marchand.

Commander se dit aussi, en termes de civilités, des offres qu’on fait à ses amis de les servir. Præscribere, mandare, jubere. N’avez-vous rien à me commander pour l’Italie où je vais ? Je suis tout à vous, vous n’avez qu’à me commander, je suis prêt à vous obéir.

Commander signifie aussi, donner charge à un Artisan de faire expressément quelque ouvrage. Præcipere, describere, mandare. Il a commandé une paire de souliers à son Cordonnier. Il a commandé une collation, un dîner chez un tel Traiteur.

Commander se dit figurément en choses morales & spirituelles. Imperare. L’ame commande au corps. Il faut commander à ses passions. On dit aussi, il faut se commander à soi-même. Ceux qui ont su commander aux autres, n’ont pas toujours su se commander à eux-mêmes. S. Evr. C’est la raison qui doit commander & conserver un empire absolu sur tous nos mouvemens. Id.

On dit, commander à la baguette ; pour dire, avec autorité, ou avec hauteur, par une allusion qu’on fait aux commandemens des Huissiers, qui portent une verge, ou une baguette. Imperiosum esse. On dit aussi, il faut savoir obéir avant que de commander ; pour dire, qu’il faut être écolier, avant que d’être Maître.

On dit proverbialement à celui qui veut commander quelque chose à des gens qui ne dépendent pas de lui : Commandez à vos valets, vous n’avez rien à me commander. Acad. Fr.

☞ Quand ce verbe est actif, outre son régime simple, il gouverne les prépositions à, à la, au, aux, comme on l’a vu dans les exemples ci-dessus. Nous avons déjà remarqué qu’il ne régit la personne directement & sans préposition, que dans les choses qui ont rapport à l’art militaire.

Commandé, ée. part.

COMMANDER, terme d’Eglise. Voyez Commender.

COMMANDERIE, s. f. Espèce de Bénéfice, ou certain revenu qui appartient aux Ordres militaires de Chevalerie que l’on confère aux anciens Chevaliers qui ont rendu des services à l’Ordre. Beneficium equitum (verbi gratia) Melitensium.

Ce fut sous le Magistère de Hugues de Revel IX, Grand Maître, que les commanderies commencèrent vers l’an 1260. Jusques-là tous les biens de la Religion étoient administrés par des Religieux comptables, & qui, après avoir pris ce qui étoit nécessaire pour leur subsistance, devoient faire passer le reste au Chef de l’Ordre, & au trésor de la Religion. Mais comme la dépense de ces Administrateurs absorboit souvent la recette, & d’ailleurs que l’Ordre, pour fournir aux frais immenses d’une guerre continuelle, avoit besoin d’un revenu fixe & certain, dans un Chapitre général tenu à Césarée, on arrêta un rôle des sommes que chaque maison enverroit à la Terre-Sainte & au trésor : & parce que dans les obédiences & les commissions, qui furent depuis données aux Chevaliers chargés de cette administration, on se servir de cette expression : nous vous recommandons ces biens, &c. Commendanus, cette administration particulière de chaque maison prit le nom de Commendataria, d’où est venu le nom de Commanderie, & le titre de Commandeur. Vertot, L. III. Ce titre n’étoit pas alors à vie, il étoit amovible, & fut substitué à celui de Précepteur, dont on s’étoit servi jusqu’alors. Vertot, ibid.

Il y a des Commanderies de rigueur qu’on obtient en son rang, & les autres de grace, que le Grand Maître donne par avance à celui qu’il choisit dans l’Ordre.

Cependant on trouve seulement dans les Statuts de l’Ordre, Commanderie de grace, & Commanderie de chévissement. Voyez Chévissement.

Les Commanderies de Malte, de S. Lazare. Il y en a aussi pour des Religieux dans les Ordres de S. Bernard, comme de Calatrava, & d’Alcantara, dans l’Ordre de S. Antoine, &c. Le Roi a érigé en Commanderies plusieurs Léproseries & Hôpitaux qu’il a joints à l’Ordre de S. Lazare. ☞ Les Commanderies sont des biens affectés pour l’entretien du Chevalier & pour le service de l’Ordre. De quelque nature que soit une Commanderie, on ne peut la résigner.

On peut comparer les Commanderies aux Prieurés conventuels des Moines, qui n’étoient dans les commencemens que les administrations du revenu de certains lieux éloignés du principal Monastere. Comme l’on mettoit des Moines dans ces maisons pour avoir soin du bien, de même l’on a été obligé d’envoyer les Chevaliers dans les lieux où l’Ordre avoit des terres. Les Commanderies de Malte ne peuvent être possédées que par les Religieux de cet Ordre, auxquels elles sont affectées. Leurs Bénéfices ne sont pas tous de même nature ; car comme il y a parmi aux des Chevaliers, des Chapelains & des Freres servans, il y a aussi des Commanderies, ou revenus attachés à ces trois différentes qualités. Comme les Commanderies ne sont point des Bénéfices, le Pape ne peut ni les donner, ni les ôter.

COMMANDEUR. s. m. Chevalier qui est pourvu d’une de ces Commanderies. Eques beneficio ordinis præditus, Commendator. Le nom de Commandeur a du rapport avec celui de præpositus, qu’on donnoit aux Moines qui étoient préposés pour garder les maisons ou fermes éloignées du principal Monastère ; leur administration s’appeloit obedienta, parce qu’il dépendoient entièrement de l’Abbé, qui leur donnoit cette commission. Il en est de même des simples Commandeurs de Malte, qui sont plutôt des Fermiers de l’Ordre, que des Bénéficiers. Ils ont néanmoins converti leur commissions, ou Fermes, en une espèce de Bénéfices, en donnant un certain tribut au trésor commun de l’Ordre, & ils appellent ce tribut Responsion. Il y a dans cet Ordre plusieurs grands Officiers, dont le premier est celui qu’on nomme présentement le Grand Maître de l’Ordre, & qui en est le Chef. Sous lui sont plusieurs grands Officiers qui sont la plûpart des Officiers militaires. Il y a aussi des Baillis, ou Prieurs conventuels, qui sont de la grande Croix, & plusieurs autres Officiers.

Commandeur, ou Grand-Commandeur. s. m. C’est la première dignité de l’Ordre de Malte après le grand-Maître. Il est toujours de la Langue de Provence, comme la première de la Religion. Le Grand-Commandeur est le Président né du commun trésor & de la Chambre des Comptes. Il a la surintendance des magazins, de l’arsenal & de l’artillerie. Il en nomme les Officiers, qu’il fait agréer par le Grand-Maître & le Conseil. Son autorité s’étend jusques dans l’Eglise de S. Jean, dont il nomme plusieurs Officiers. Il a le même droit à l’Infirmerie. Le Grand-Commandeur doit faire sa résidence à Malte, dans le Couvent, d’où il ne peut sortir pendant qu’il est en place. L’Ab. de Vertot.

Commandeur du grenier à Malte, est un Officier de la Religion qui est chargé de la conservation des grains, & autres munitions de bouche. Il a sous lui des Prudhommes qui sont ses surveillans. On les appelle les Prodhommes de la petite Commanderie.

Pour être Commandeur de Malte, il faut être de la nation où est située la Commanderie, avoir fait ses caravanes, qui consistent en un service de quelques années à Malte, & être de la qualité requise par la Commanderie : & de plus il sont liés par de certains statuts, auxquels néanmoins on déroge souvent à la recommandation des Princes, qui ont même fait des concordats pour cela avec l’Ordre de Malte.

Il y a une autre sorte de Commandeurs, ou Chevaliers, qui jouissent des bien Ecclésiastiques sans être ni Religieux, ni Ecclésiastiques, parce qu’ils sont mariés ; ils se disent Religieux, & ont des reglemens comme les autres Religieux. En Espagne les Commandeurs des Ordres de S. Jacques, de Calatrava & d’Alcantara sont de ce nombre. En France les Chevaliers de S. Lazare peuvent aussi se marier. Etant Religieux de profession, ils devroient être obligés à garder la chasteté ; mais le Pape, qui, selon les maximes du droit nouveau, est le maître des Canons, les a dispensés de cette obligation : ils peuvent avoir des femmes par un privilège du Saint Siege. C’est par de semblables privilèges obtenus des Papes, que les Rois d’Espagne sont grands Maîtres des trois Ordres militaires de leur Royaume, savoir, de S. Jacques, de Calatrava & d’Alcantara. Martin Navarrus appelle Philippe II, le plus grand Prélat de l’Eglise, après le Pape, parce qu’il étoit le grand Maître de ces trois Ordres, & qu’il jouissoit d’une bonne partie des dixmes des Eglises qui sont dans ses Etats.

Commandeur est aussi un Prélat, un Ecclésiastique qui est agrégé par honneur dans les Ordres des Chevaliers, comme dans l’Ordre des Chevaliers du S. Esprit. Ordinis Sancti Spiritûs Commendator. Il y a plusieurs Prélats Commandeurs.

Les Commandeurs de l’Ordre du S. Esprit sont de purs titres, auxquels n’est attachée aucune Commanderie. Henri III ayant institué cet Ordre, fit ce qu’il put pour obtenir du Pape que les revenus des plus riches bénéfices du Royaume fussent attribués à ces Commanderies, qui n’étoient que de nom. Mais il n’obtint rien de la Cour de Rome ensorte que les Commandeurs de l’Ordre du S. Esprit ne sont que des Commandeurs titulaires. Dans l’Ordre de S. Antoine on donnoit anciennement le nom de Commandeur au supérieur de la Maison.

Commandeur. Les Religieux de la Merci & des Mathurins donnent ce nom aux Supérieurs de leurs Maisons ou Couvents. Commendator.

Commandeur chez les Hollandois, ☞ est un titre qu’ils donnent aux Chefs des comptoirs qu’ils ont établis pour leur commerce dans les Indes Orientales.

Commandeur. On appelle ainsi dans les Îles Françoises de l’Amérique, celui qui a inspection sur le détail d’une habitation en général, ou d’une sucrerie en particulier.

COMMANDITAIRE, s. m. Celui qui a une Commandite.

COMMANDITE, s. f. terme de Commerce. Espèce de société qui se fait entre Marchands, dont l’un ne fait que de préter son argent sans faire aucune fonction d’associé, & l’autre donne ses soins. Inita cum quibusdam solius pecuniæ mutuæ beneficio societas. Toute société, soit générale, soit en commandite, doit être par écrit, & l’extrait en doit être enregistré au Greffe de la Juridiction Consulaire. Les associés en commandite ne sont obligés que jusqu’à la concurrence de leur part, selon l’Ordonnance de 1673. En vieux termes de Coutumes on appeloit command, la charge qu’on donnoit d’acheter ou de négocier quelques chose, Commissa rei gerendæ potestas ; & on disoit aussi, prendre en charge & command ; pour dire, recevoir en dépôt. Voyez Command.

☞ COMMANDO, s. f. terme italien, usité dans quelques-unes de nos Provinces, voisines de l’Italie, ordre ou commission qu’un Négociant donne à son Correspondant ou Commissionnaire.

☞ COMMANI. Petit Royaume d’Afrique, dans la Guinée, sur la côte d’Or. Les Etats de ce Souverain n’ont pas plus d’étendue qu’une de nos fermes ; son palais est une chaumière dans un village nommé le Grand Commani.

COMMANT. Vieux mot ou particule, qui se disoit en cette phrase : A Dieu commant, c’est comme qui diroit aujourd’hui, à Dieu vous dis', pour marquer qu’une chose est perdue ou désespérée. Je crois que cela vient par corruption de à Dieu commande, c’est-à-dire, à Dieu je la recommande, Deo commendo. Elle m’échappe, elle est perdu ; qu’elle soit à la garde de Dieu, je la lui recommande.

Crainte d’oubli pourtant au cueur me poinct,
Combien qu’il ait la mémoire excellente ;
Et n’ai pas tout ; car si je perds ce point,
A Dieu commant le plus beau de ma rente. Marot.

COMMASSE. s. f. Petite monnoie qui a cours à Mocha, qui ☞ est la seule qui s’y fabrique ; elle vaut trois sols deux deniers de notre monnoie.

COMME, adverbe qui sert à comparer, & signifie, ainsi, de meê. Ut, quemadmodum, sicut, sicuti. Cette femme est belle comme le jour. On lui a fait une réception comme s’il eût été un Prince. Il est là comme chez lui ; cette répétition comme est élégante.

Vous aurez le destin
De ces fleurs si fraîches, si belles :
Comme elles vous plaisez, vous passerez comme elles.

☞ Ce mot, considéré comme terme de comparaison, & synonyme à ainsi & de même que, marque mieux une comparaison qui tombe sur la qualité de la chose, ce qu’on peut nommer comparaison de qualification. Voyez les deux autres mots. Je dirois donc que les expressions d’une personne qui ne conçoit les choses que confusément, ne sont jamais juste comme celles d’une personne qui les conçoit clairement ; parce qu’il est là question d’une qualité de l’expression, ou d’une qualification qu’on lui donne. Syn. Fr.

☞ Par cette même raison, on dit hardi comme un lyon, blanc comme neige, doux comme miel, &c. & non pas ainsi que, ni de même qu’un lion, &c.

☞ Si le mot comme se trouve à la tête d’une comparaison, commence par le mot ainsi. Comme les hommes vieillissent par le nombre des années, ainsi vieillissent les empires par le nombre des siècles. Tout a un terme prescrit au de-là duquel il ne passe pas.

Ce mot vient de quomodo. Nicod.

Comme est aussi un adverbe de temps, pour signifier, quand, lorsque. Cum, quando, eo tempore quo. Il arriva comme nous sortions de table. Il fut arrêté comme il pensoit partir. Mais il n’y a que le peuple qui s’en serve ; pour dire, aussi-tôt : il arriva comme le Roi ; c’est-à-dire, en même temps que le Roi.

Il sert aussi pour la narration. Je vous dirois l’histoire comme elle s’est passée. En ce sens, il signifie, de la manière que, quomodo, eo modo quo, uti, quemadmodum. Il se pourvoira comme bon lui semblera.

Comme se dit aussi pour en quelque sorte, en quelque façon. Quasi. Un bon ami est comme un autre soi-même. La lumière est comme l’ame des couleurs. Le Soleil est comme le pere des productions de la terre.

On dit, comme si ; pour dire, de même que si. Quasi. Il me vouloit engager dans cette affaire, comme si elle eût été juste.

Comme aussi, terme de pratique, dont on se sert dans un traité, dans un acte, dans un contrat ; pour dire, & pareillement, & de plus : Et amplius. Il est porté par le contrat que, &c. Comme aussi, que, &c.

Comme en effet. Façon de parler dont on se sert pour confirmer ce que l’on a dit. S’il est homme de bien, comme en effet il l’est, il dira, &c.

Comme signifie encore, en qualité, Ut.. J. C. peut-être considéré ou comme Dieu, ou comme homme : comme homme, il est mort sur la croix pour nos péchés, & comme Dieu, il a triomphé de la mort. Il peut être aussi considéré comme notre M2diateur, comme Dieu & homme tout ensemble. Dans l’Eglise Catholique on considère le Pape, ou comme Chef de l’Eglise, ou comme Prince temporel.

Comme est aussi une espèce de supposition, & signifie quelquefois, parce que. Cùm, quoniam, quandoquidem : Comme il est constant qu’il faut aimer Dieu. Comme il n’est pas probable qu’on soit si abandonné, &c. Comme ainsi soit que, &c. Ce dernier n’est plus d’usage.

Comme signifie, à peu-près, quasi, ut. Je tiens cela comme certain. Il est comme mort.

Comme se joint quelquefois avec quoi ; & alors il signifie comment. Quomodo, qua ratione. Je m’étonne comme quoi une si forte pensée a pû vous venir dans l’esprit. ☞ Mais cette expression n’est pas du bel usage, & il fait dire comment.

Comme se met quelquefois après tout, & alors il signifie, tout de même, absolument la même chose. Quemadmodum, ut, sicut, uti. Mais on ne l’emploie que dans le style familier & comique.

C’est justement tout comme
La femme est en effet le potage de l’homme. Mol.

☞ COMMEAT, s. m. terme d’Histoire ancienne. Congé donné à un Soldat pour un temps. Commeatus. Ce mot signifioit aussi un convoi, les provisions de l’année, & la flotte qui les portoit.

☞ COMMÉMORAISON, s. f. terme d’Eglise & de rubrique dont on se sert, en parlant de la mémoire que l’Eglise fait d’un Saint ou d’une Sainte, le jour qu’on célèbre une autre fête. Quelques Rubricaires prétendent qu’on doit dire commémoration. Commemoratio. Voyez ce mot. D’autres regardent ces deux mots comme absolument synonymes,disent également commémoraison ou commémoration d’un Saint, commémoraison ou commémoration des morts, des fidèles trépassés. C’est ainsi que les livres de l’Eglise nomment le jour que l’on appelle, dans l’usage ordinaire, le jour des Morts ; c’est-à-dire, le jour que l’Eglise a ordonné que l’on priât pour tous les Morts détenus en Purgatoire : c’est le 2 de Novembre. Commemoratio fidelium defunctorum. C’est saint Odilon, Abbé de Cluni, qui institua la Commémoraison générale des Trépassés dans le douzième siècle. On raconte diversement la révélation que l’on dit y avoir donné occasion. Voici ce qui m’en paroît le plus vraisemblable. Un pieux chevalier revenoit Pélérinage de Jerusalem ; s’étant égaré de son chemin, il rencontra un Ermita, qui apprenant qu’il étoit des Gaules, lui demanda s’il connoissoit le Monastère de Cluni & l’Abbé Odilon. Le Pélerin ayant dit qu’il le connoissoit, l’Ermite lui dit : Dieu m’a fait connoître qu’il a le crédit de délivrer les ames des peines qu’elles souffrent en l’autre vie. Quand donc vous serez de retour, exhortez Odilon, & ceux de sa Communauté, à continuer leurs prieres & leurs aumônes pour les morts. Fleury. Nous avons le Décret fait à Cluni pour l’institution de cette solemnité, en ces termes. Il a été ordonné par notre B. Pere Dom Odilon, du consentement, & à la prière de tous les Freres de Cluni, que comme dans toutes les Eglises ont célèbre la fête de tous les Saints le premier jour de Novembre, de même chez nous on célebrera solennellement la Commémoration de tous les fidèles Trépassés, qui ont été depuis le commencement du monde jusques à la fin en cette manière. Ce jour le Chapitre, le Doyen & les Cellériers feront l’aumône du pain & du vins à tous venans, & l’Aumonier recevra tous les restes du diner des Freres. Le même jour après Vêpres on sonnera toutes les cloches, & on chantera l’office des morts. La Messe sera solennelle : deux Freres chanteront le trait, tous offriront en particulier, & on nourrira douze pauvres. Nous voulons que ce décret s’observe à perpétuité, tant en ce lieu qu’en tous ceux qui en dépendant ; & si quelqu’un suit l’exemple de cette institution, il participera à nos bonnes intentions. Tel est le Décret de Cluni. Cette pratique passa bientôt à d’autres Eglises, & devint enfin commune à toute l’Eglise Catholique. Id.

COMMÉMORATIF, adj. terme de médecine. Rememorativus, anamnesticus. On donne cette épithète aux signes qui nous font ressouvenir de ce qui s’est passé tant en santé qu’en maladie. Col de Villars.

Commémoratif, est aussi un terme dogmatique & signifie ce qui rappelle le souvenir d’une chose. Le P. le Courayer soûtient que le sacrifice de la Messe n’est que représentatif & Commémoratif, c’est-à-dire, qu’il représente nuement le Sacrifice de la Croix, & qu’il en rappelle simplement le souvenir, sans que le Sacrifice de la Messe soit réellement le même que le Sacrifice de la Croix.

COMMÉMORATION, s. f. Souvenir qu’on a de quelqu’un ; ce qu’on fait en l’honneur de sa mémoire. Memoria, mentio, commemoratio. Le testateur a fait un beau legs à cette Eglise, à la charge de dire tant de MEsses, de faire commémoration de lui dans les prières. Les Peres parlent de l’Eucharistie comme d’une image de sacrifice, & d’une commémoration de celui de Jesus-Christ. Boss. C’est la commémoration du Seigneur : donc ce n’est pas le Seigneur lui même. C’est, nous l’avouons, la commémoration ou l’annonciation du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne, & par conséquent ce n’est pas aussi la mort du Seigneur. Voilà à quoi l’objection est réduite ; mais rien n’empêche que ce qui nous fait souvenir de sa mort & de sa passion, par des signes visibles, ne contienne invisiblement son corps & son sang. Peliss. Il nous a dit que c’étoit la commémoration de sa mort, nous le croyons ; il a dit que c’étoit son corps & son sang ; nous le croyons de même. Id.

Commémoration, est aussi un terme de Liturgie & de Bréviaire, qui se dit des Fêtes & des Féries dont on ne peut pas faire l’Office tout entier, à cause d’une Fête double qui survient le même jour. Elle se fait par une antienne, verset, & une oraison, qu’on dit à Vêpres & à Laudes en l’honneur du Saint, ou de la Férie dont on fait commémoration. On fait toujours commémoration des Féries majeures & des octaves, quand on ne fait par leur office propre. Dans le second Memento de la Messe on fait des commémorations, c’est-à-dire, qu’on se souvient de quelques personnes en particulier, auxquelles on prie Dieu d’appliquer les fruits du sacrifice, qui sont les mérites de J. C.

On dit dans le style familier ; & en plaisantant, nous avons fait commémoration de vous, pour dire, nous avons fait mention de vous.

Commémoraison & Commémoration, synonymes. Ces mots sont souvent employés indifféremment l’un pour l’autre. Il paroît pourtant que celui de commémoraison est particulièrement affecté à signifier la mémoire que fait l’Eglise d’un saint le jour qu’elle célébre une autre fête : mémoire qui se fait à Laudes & à Vêpres, par une antienne, un verset & une oraison, ou à la Messe, par une collecte, une secrète & une post-communion : & celui de commémoration paroît mieux convenir dans les autres cas. Je dirai donc commémoraison d’un Saint, commémoration des morts, commémoration que fait le Prêtre au Memento de la Messe des personnes auxquelles il applique le mérite du sacrifice, tel me paroît être l’usage.

COMMENÇAILLE, s. f. Vieux mot. Commencement.

COMMENÇANT, ANTE, s. Celui ou celle qui commence quelque chose, qui en est encore aux premiers élémens d’un art. On se sert communément de ce terme pour exprimer la qualité des enfans qui apprennent à lire, ou les élémens de quelques Langues. On a inventé dans ces derniers temps plusieurs méthodes en faveur des Commençans, qui leur épargnent bien du temps que nos peres étoient obligés d’employer à apprendre seulement à lire, & les premiers principes de la Langue latine. Cet Auteur, ce livre est trop fort pour un Commençant.

Commençant, ante, signifie aussi Novice, qui ne fait que commencer une vie sainte & régulière, ou la vie religieuse. Les Commançans ne sont pas toujours bien fermes dans la vertu. On veut bien s’assujettis à telle & à telle pratique, mais on néglige cette autre, parce qu’elle paroît trop légère, & qu’elle n’est bonne, dit-on, que pour des Commençantes & pour des Novices. Bourdal. Exhort. T. I, p. 273.

☞ COMMENCEMENT, s. m. initium, c’est un de ces termes qui sont si claires, qu’ils n’ont besoin ni de définition, ni d’explication, pour être entendus. En serai-je mieux entendu quand j’aurai dit avec les vocabulistes, que ’est par où commence une chose quelconque ? Dieu n’a point eu de commencement, & n’aura point de fin. L’ame humaine a eu un commencement, & n’aura point de fin. L’ame humaine a eu un commencement, & n’aurai point de fin. Les êtres matériels ont eu un commencement, & auront une fin. L’ignorance du genre humain dans les premiers temps, prouve que l’origine du monde n’étoit pas éloignée, & qu’il avoit au un commencement qui étoit encore fort récent. S. Evr. Rome a eu des commencemens rudes & sauvages. Id. La fin de notre amitié dépend moins de nous que le commencement. Id. Pourquoi lit-on avec tant de curiosité l’Histoire des foibles commencemens de Rome ? C’est que les Historiens ont su y attacher une idée de grandeur. P. Dan.

Commencement se dit aussi de ce qui paroît d’abord en chaque sujet, ou matière ; de ce qui est la première partie d’une chose. Au commencement de la journée il faut élever son cœur à Dieu. La mémoire a manqué à cet Orateur dès le commencement de son discours. Le commencement de cette maladie n’étoit qu’une petite fièvre. Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu. Le sentiment de notre misere est le commencement de notre conversion.

On dit prendre commencement ; pour dire, commencer. Cette Monarchie a pris son commencement dans un tel siècle.

On dit proverbialement qu’il faut un commencement, pour avoir une fin.

Au Commencement, adverbe ou phrase adverbiale, qui se dit d’une manière absolue. Au premier temps que les choses commencent d’être, Initio, principio. Au commencement Dieu créa le Ciel & la terre. Au commencement étoit le Verbe, & le Verbe étoit dans Dieu, & le Verbe étoit Dieu.

☞ COMMENCEMENT se prend aussi pour principe, cause première. Dieu est le commencement & la fin de toutes choses, causa, principium.

☞ On appelle, en style de pratique, commencement de preuve par écrit, un écrit qui ne prouve qu’un fait préparatoire à la convention dont il s’agit, ou une partie seulement, ou quelque suite de la convention ; de sorte que, pris solitairement, il ne forme pas une preuve complète, mais seulement une sorte de présomption.

Commencemens, au pluriel, s’emploie assez souvent pour les premières instructions que l’on a reçues dans quelque art, dans quelque science. Prima rudimenta, documenta. Ce jeune homme a de beaux commencemens dans la Grammaire, dans la Philosophie, dans la peinture. Ce Maître lui a donné de bons commencemens.

☞ COMMENCER. v. a. Donner la naissance, le commencement à quelque chose, faire ce qui doit être fait d’abord. Inchoare, incipere : commencer un bâtiment, un discours. Les Rois commencent beaucoup d’ouvrages qu’ils n’ont pas le temps d’achever : commencer à bâtir. Vaugelas veut qu’on mette toujours la particule à après le verbe commencer ; de bons auteurs emploient quelquefois de par préférence, sur-tout après le présent indéfini, pour éviter le choc des deux a : il commença de parler fièrement, au lieu de, il commença à parler, il a commencé de prendre goût à telle chose. Par-tout ailleurs l’usage est pour commencer à.

☞ On dit commencer l’année, le mois, la semaine, & par une chose, par faire une chose, pour dire que la chose dont on parle est la première qu’on ait faite cette année là, ce moi là, &c. Le Roi commença son regne par tel établissement.

☞ On dit dans un autre sens, nous ne faisons que de commencer l’année, le mois, &c. pour dire, nous en sommes encore aux premiers temps de l’année, du mois, &c.

☞ En parlant d’un maître qui donne à quelqu’un les premières leçons d’un art, d’une science, les premières instructions, on dit que c’est lui qui l’a commencé, il a été commencé par un bon maître, ce maître n’est bon que pour commencer les enfans.

☞ On dit de même, en termes de manège, commencer un cheval, lui donner les premières leçons, commencer à le dresser.

Commencer s’emploie aussi absolument, & signifie agir le premier ; mettre en action ; donner le branle à quelque chose ; mettre les autres en train. Assez de gens se mêlent de réformer le monde, & presque personne ne commence par soi-même. Dac. Le Chantre commence, pour donner le ton au Chœur. Le plus hardi des séditieux qui commence, met tous les autres en action. En cette assemblée chacun se regardoit, personne ne commençoit à ouvrir une proposition qui étoit un peu délicate. Dans un repas il faut qu’il y ait quelqu’un qui commence, pour mettre tous les autres en train de se réjouir.

☞ On dit proverbialement, n’a pas fait qui commence : &, a moitié fait qui a bien commencé. Dimidum facti, qui benè cœpit, habet. Ovid.

☞ COMMENCER est aussi neutre, & signifie prendre, avoir un commencement. Incipere, occipere. L’année commence, le sermon commence, le Carême ne commence cette année qu’en Mars, ce discours commence bien.

Il s’emploie aussi quelquefois impersonnellement. Il commence déja à faire jour.

COMMENCÉ, ÉE, part. ouvrage commencé, discours commencé, bâtiment commencé.

Mais de ce Roi si sage héritier insensé,
Son fils interrompit l’ouvrage commencé. Rac.

☞ En termes de manège, on dit un cheval commencé, acheminé, achevé, pour marquer un cheval qu’on commence à dresser, auquel on donne les premières leçons, celui qui est déja monté, dégourdi, & celui qui est confirmé dans le manège.

COMMENDATAIRE. s. m. Œconome qu’on a mis en possession d’un Bénéfice, pour le régir pendant six mois, & le gouverner en attendant qu’on l’ait pourvu d’un Titulaire. Beneficii ecclesiastici œconomus dum idem cuipiam conferatur, Commendatarius. Le Commendataire subsistoit du revenu de l’Eglise qu’il administroit. Tels sont les Commendataires dont on parle en Droit Canon. Autrefois l’administration des Evêchés vacans appartenoit à l’Evêque le plus proche : ce qui se pratique encore entre l’Archevêque de Lyon, & l’Evêque d’Autun. C’est pourquoi on les appeloit Evêques Commendataires. Cet usage est fort ancien. On trouve des exemples de Prélats Commendataires, dans l’Eglise Grecque. S. Athanase dit de lui-même, selon Nicéphore, qu’on lui avoit donné en commende, c’est-à-dire, en administration, une Eglise, outre celle d’Alexandrie dont il étoit Evêque. On commettoit le soin des Eglises sans Pasteur à un Evêque, jusqu’à ce que l’on eût élu un successeurs. Le regîtte du Pape Grégoire I est tout plein de ces commissions ou commendes, pendant l’absence, ou la maladie de l’Evêque, ou la vacance du Siége. Voyez un petit Livre intitulé l’Abbé Commendataire. Il déclame violemment contre l’abus qu’on a fait de cet ancien usage.

Ce mot vient de commendare, confier, recommander.

Commendataire, est en France un Ecclésiastique séculier, qui est nommé par le Roi, & pourvu par le Pape d’une Abbaye, ou d’un Prieuré, avec permission de disposer des fruits à son profit pendant sa vie. Beneficii Ecclesiastici fiduciarius possessor auctoritate summi Pontificis, Commendatarius. Un Abbé Commendataire est opposé à un Abbé Régulier. L’Abbé Commendataire n’a pas tous les privilèges du Titulaire ; par exemple, il ne peut pas exercer la discipline intérieure, mais il jouit de tous les droits honorifiques.

COMMENDATRICE. s. f. Nom ou titre que l’on donne en Espagne aux Religieuses de Calatrava. Commendatrix. Voyez les P. Hélyot, T. IV. C. 4.

COMMENDE, s. f. est originairement dans le Droit, la garde, le dépôt, le régime, & l’administration des revenus d’un Bénéfice qu’on donnoit à un séculier, pour un jouir par œconomat pendant six mois, pour le réparer ; ou à un autre Evêque, ou à un simple Ecclésiastique, pour faire les fonctions Pastorales, en attendant qu’on en eût pourvu un Titulaire. Beneficii Ecclesiastici administratio dum cuipiam illud conferatur. On croit que c’est le Pape Leon IV qui fut auteur des commendes, en faveur des Ecclésiastiques qui avoient été chassés de leurs Bénéfices par les Sarrazins. On leur confioit la garde & l’administration des Eglises vacantes : S. Grégoire en avoit usé de même pendant que les Lombards désoloient l’Italie. Sous la II Race, l’abus des commendes devint fort fréquent ; on donna même les revenus des Monastères à des Laïques, pour les faire subsister. Les Evêques aussi se faisoient donner plusieurs Bénéfices, ou Evêches en commende, & c’étoit un prétexte pour les retenir tous sans violer directement les Canons. On a retranché une partie des abus ; mais on n’a pû abolir absolument la commodité & l’usage des commendes. C’est un expédient qu’on a trouvé pour lever l’incompatibilité de la personnes avec la nature du Bénéfice.

Pour ce qui est de l’origine & de l’usage des Commendes en Orient. Voyez le mot Caristicaire.

Commende, en France, est un vrai titre de Bénéfice, que le Pape donne à un Ecclésiastique nommé par le Roi pour un Bénéfice régulier, avec permission de disposer des fruits pendant sa vie. On ne peut donner en commende un Bénéfice à charge d’ames ; c’est-à-dire, ni une Cure, ni un Evêché. Le Pape ne peut refuser un Bénéfice en commende après trois collations du même Bénéfice en commende.

La Commende, de la manière qu’elle est établie aujourd’hui, plutôt pour la commodité des personnes, que pour l’utilité de l’Eglise, est entièrement contre les anciens Canons. C’est pourquoi il n’y a que le Pape qui puisse conférer les Bénéfices en commende, parce qu’il n’y a que lui seul qui puisse dispenser les Canons, tant pour ce qui regarde l’inhabilité des personnes à qui l’on donne les commendes, que pour l’incompatibilité à l’égard des Bénéfices dont les Commendataires sont revêtus. Lorsque la commende vaque par la mort du Commendataire, elle n’est pas censée vaquer par sa mort, mais comme elle vaquoit avant la commende, laquelle n’apporte aucun changement aux choses. Cependant le Pape donne encore le même Bénéfice en commende par un privilège qu’il continue toujours ; de sorte que le privilège, ou la dispense, a dérogé entièrement au droit commun. Cependant, quoique ceux qui possèdent des commendes, ne les ayent obtenues que par privilège, ou dispense, ils ne laissent pas d’en jouir, & d’avoir tous les titres, fruits & droits honorifiques, comme s’ils étoient véritablement titulaires.

Par les Bulles de la commende, les Commendataires sont subrogés aux droits des titulaires. L’on y emploie toujours des termes qui marquent que le pouvoir du Commendataire est le même que celui du Titulaire auquel il est substitué. Curam Monasterii ac regimen & administrationem tibi in spiritualibus & temporalibus planè committendo. Le Pape donne donc par ses Bulles aux Abbés Commendataires l’administration, tant pour le spirituel, que pour le temporel. C’est pourquoi on emploie dans les mêmes Bulles qu’il sera Prêtre, ou que s’il n’a pas encore atteint l’âge de la Prêtrise, il la perdra aussi-tôt qu’il l’aura atteint ; mais cela ne s’exécute point, ce n’est qu’une formalité de style. Les Prieurs claustraux gouvernent l’Abbaye pour le spirituel pendant qu’elle est en commende ; les Abbés Commendataires n’ayant aucun pouvoir sur les Religieux. Ils ne peuvent pas même instituer, ni destituer des Prieurs claustraux qui sont nommés Administrateurs du spirituel dans les Bulles, où l’on ajoute cependant cette restriction, jusqu’à ce que l’Abbé soit parvenu à l’âge de 25 ans, afin de prendre la Prêtrise. Voici ce que porte la Bulle donnée au Prince de Neubourg pour l’Abbaye de Fécan. Et ne ob defectum ætatis primo dictum Monasterium aliquod in spiritualibus patiatur detrimentum, Priorem claustralem pro tempore existentem primo dicti Monasterii in spiritualibus, donec tu ad quintum & trigelimim tuæ ætatis annum perveneris, duntaxat constituimus ac deputamus.

Févret, dans son Traité de l’abus, partie I, L. 2, Ch. 6, remarque que l’Abbé de Citeaux, Claude Vaussin, obtint d’Innocent X un bref par lequel il étoit défendu aux Abbés Commendataires de se mêler de la discipline régulière : le même Auteur ajoute que les Cardinaux Abbés Commendataires ont été excepté de cette règle, à cause de l’éminence de leur dignité, nonobstant les Bulles de Pie V, & de Grégoire XIII, qui défendoient à tous Abbés, même aux Cardinaux, sous peine d’excommunication encourue par l’effet, de jouir de la dépouille des Moines : mais il dit qu’à présent cette distinction est levée, & que tous Abbés Commendataires Cardinaux, ou autres, jouissent de la dépouille des Moines à l’exclusion du Monastère. Voyez sur cette matière Févret à l’endroit marqué, & les Auteurs qu’il cite, savoir, Chopin, de Polit. L. 2, tit. 8, n. 13, Mornac. ad. L. 3, §. Et si heres dig. de minoribus, &c. M. Louet & son Commentaire, litt. R. n. 42.

Les Papes n’accordent pas seulement des Bénéfices en commende à des Clercs, en les dispensant de l’âge & des autres qualités requises ; ils dispensent aussi de la Cléricature des enfans qui sont dans le berceau, jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de prendre la tonsure. Il suffit d’exposer à Rome que l’enfant est destiné à l’état Ecclésiastique ; & là-dessus on lui accorde des Bulles, dans lesquelles on nomme un Œconome qui a soin du temporel seulement jusqu’à ce que l’enfant ait été tonsuré. N. Administratorem Monasterii in temporalibus solum donec prædictus infans charactere clericali insignitus fuerit. Ce sont les termes de ces sortes de Bulles.

☞ Bénéfices en commende, sont des Abbayes & Prieurés tant simples que conventuels, qui sont données par le Pape, avec dispense de la régle, Regularia regularibus, sæcularia sæcularibus.

☞ Quelques Cardinaux & Abbés conférent aussi en commende des bénéfices réguliers dont ils sont collateurs ; mais ce n’est qu’en vertu d’indults particuliers des Papes revêtus de lettres patentes enregistrées.

☞ Il y a des commendes libres, & des commendes décrétées. Les commendes qu’on appelle décrétées sont celles dont les provisions contiennent le décret irritant, ou la clause que le Bénéfice retournera en regle ; c’est-à-dire, qu’il sera conféré à un régulier lors du décès de la démission ou résignation du titulaire pourvu en commende.

☞ Les commendes libres sont celles qui ne contiennent point cette clause irritante, & par lesquelles le Bénéfice est conféré purement & simplement avec dispense de la règle, regularia, regularibus, &c.

☞ Celui qui possède un Bénéfice en commende décrétée, ne peut résigner en commende libre. Si le séculier qui possede en commende, se fait religieux, son Bénéfice devient vacant par sa profession.

COMMENDER. v. a. Donner un Bénéfice en commende. Tradere Beneficii Ecclesiastici fiduciam. Il n’y a que le Pape qui puisse commender un Bénéfice ; le mettre en commende ; le tirer de la règle pour en pourvoir un séculier. Ce mot ne se dit point.

Commender s’est dit autrefois pour recommander, & la Fontaine l’a dit encore dans une Epitre à feu M. de Vendôme.

Mais dès qu’il vous arrivera
Le moindre mal, on me verra
Vîte à Saint Germain de la Truite
Frere servant d’un autre Ermite,
Qui sera l’Abbé de Chaulieu,
Sur ce je vous commende à Dieu.

COMMENDERIE. Voyez Commanderie.

COMMENDEUR. Voyez Commandeur.

COMMENSAL. adj. C’est une épithète qui se donne aux Officiers du Roi qui ont bouche en Cour, pendant qu’ils sont de service. Convictor. Le privilède du Committimus du grand Sceau n’étoit autrefois attribué qu’aux Officiers Commensaux de la Maison du Roi. Les Commensaux de la Maison du Roi ont leurs causes commises par devant Messieurs les Maîtres des Requêtes de l’Hôtel, ou par devant Messieurs des Requêtes du Palais. Le mot Commensaux se trouve écrit avec un ç dans la nouvelle pratique de M. Lange.

Ce mot vient du latin Commensalis, & signifie proprement ceux qui mangent à la même table ; c’est dans ce sens que la Fontaine l’a employé dans ses Fables.

Bertrand avec Raton, l’un singe et l’autre chat,
Commensaux d’un logis avoient un commun maître.

La Font.

☞ On appelle commensaux des Evêques, des Ecclésiastiques qu’ils choisissent pour les aider dans les fonctions de leur ministère, & qui sont ordinairement à leur suite. C’est pourquoi ils sont dits on comitatu.

COMMENSURABILITÉ, s. f. terme de Géométrie. Rapport de deux quantités qui peuvent se mesurer par une mesure commune, sans laisser aucun reste.

COMMENSURABLE, adj. terme de Géométrie, se dit de deux quantités rapportées l’une à l’autre, qui se peuvent mesurer par une mesure commune, en telle sorte que la mesure étant plusieurs fois prise sur l’une & sur l’autre, il n’y ait en l’une ni en l’autre aucune partie de reste. ☞ Les quantités commensurables sont celles qui ont quelque partie aliquote commune, qui ont un rapport de nombre à nombre. Ainsi un pas, & une toise sont commensurables, parce que l’on peut donner une troisième quantité pour mesurer l’un & l’autre ; le demi-pié, par exemple, pris cinq fois, fait le pas, & pris 12, il fait la toise. Euclide au livre 10 des Elémens a traité des grandeurs commensurables & incommensurables.

☞ Les nombres commensurables sont ceux qui ont quelqu’autres nombres qui les mesurent exactement, on les divise sans reste. 6 & 8 sont commensurables l’un par rapport à l’autre, parce que 2 les divise.

Ce mot vient de commensurabilis, commensura, de la basse latinité, fait de mensura, metior.

☞ COMMENT, s. m. ample commentaire. Rabelais s’est servi de ce mot.

COMMENT, de quelle manière, de quelle sorte. Quomodo, quo pacto, quâ ratione. Comment tout le monde se porte-t-il chez vous ? Comment avez-vous passé la journée ? Il ne m’a pu dire comment cela s’est passé. Vaugelas a remarqué qu’on peut dire quelquefois indifféremment comme & comment ; par exemple, vous savez comme il faut faire, ou comment il faut faire. Mais souvent cela feroit une équivoque. Quand on dit, voyez comment il travaille, cela tombe sur la manière dont il travaille : & si l’on dit en raillant, voyez comme il travaille, cela tombe sur la personne, & fait entendre que celui qui doit travailler, ne travaille point, ou qu’il ne travaille point comme il faut. Chev.

Comment se dit souvent par forme de substantif. En toute matière, le comment est toujours le point de la difficulté. Le comment des mystères est aussi impénétrable que le mystère même. Il ne s’agit pas d’examiner le comment des mystères, mais la certitude de leur révélation. Fenelon.

Comment sert aussi d’exclamation. On l’emploie pour exprimer quelque mouvement de l’ame ; comme lorsque l’on est étonné ou indigné de quelque chose. Comment est-il possible qu’il y ait des hommes si scélérats ! Comment avez-vous la hardiesse de me parler de la sorte ?

Comment signifie quelquefois, comme. Tous les titres des Chapitres des anciens Romans & Historiens commencent ainsi, comment le Roi Périon, &c. Comment Amadis, &c. En ce sens il vieillit.

Comment signifie aussi quelquefois, pourquoi, par quelle raison. Quare, quianam. Je ne puis comprendre comment il a rompu avec moi. Si cela est, comment lui avez-vous demandé cette somme ? Comment vous adressez-vous à moi, plutôt qu’à un autre.

COMMENTAIRE. s. m. Interprétation, ou explication du texte d’un Auteur obscur, ou difficile, pour le rendre plus intelligible, plus clair, pour suppléer à ce qu’il n’a pas bien expliqué, ou qu’il supposoit être connu. ☞ Eclaircissement sur les endroits obscurs d’un Auteur. La glose diffère du commentaire en ce qu’elle est plus littéralle & se fait presque mot à mot. Le commentaire est plus libre & moins assujetti à la lettre. Commentarius, commentarium, scriptoris alicujus interpretatio, explanatio. Ces sortes d’eclaircissemens sont assez ordinairement diffus sur ce qui s’entend aisément, & gardent le silence sur les endroits difficiles. Savilius a fait un commentaire de 300 pages in-quarto, pour expliquer les huit premières propositions d’Euclide. C’est la paresse des hommes qui a engagé les Savans à faire des commentaires sur les Anciens Auteurs les plus obscurs. Le Père Jouvency, Jésuite, a fait de savans Commentaires pour la jeunesse sur Horace, Juvenal, Perse, Martial & Senéque.

Commentaire se dit aussi de quelques Histoires écrites par ceux qui ont eu la plus grande part aux faits qui y sont rapportés, comme les commentaires de César, de Montluc. Commentarii. On a quelquefois appelé commentaires, des Livres composés sur un sujet particulier. Kepler a écrit un excellent Livre de commentaires de Mars, qui contient les observations des mouvemens de cette Planète.

Commentaire se dit figurément de l’addition que fait à une Histoire, ou à un Conte, celui qui la récite ; des diverses réflexions & raisonnemens que chacun fait à sa fantaisie sur les actions d’autrui ; ☞ de l’interprétation, ordinairement maligne, qu’on donne aux discours ou aux actions d’autrui. Avouez-le, votre sonnet étoit bien mal sans commentaire. G. G. J’ai entendu réciter cette affaire autrement, ce que vous dites est un commentaire que vous y faites. Quand Charles-Quint fit son abdication, les peuples firent d’étranges commentaires sur sa retraite.

COMMENTARIENSIS, s. m. terme d’Histoire ancienne, purement latin. Celui qui tenoit un régître.

COMMENTATEUR. s. m. Celui qui fait un commentaire. Voyez ce mot. Alicujus scriptoris interpres. Presque tous les Commentateurs expliquent les légères difficultés de leur texte, & passent par dessus les grandes. Il arrive d’ordinaire qu’un Commentateur se consume à supposer à son Auteur des beautés auxquelles il n’a point songé, & à l’enrichir de ses propres pensées.S. Evr. Les Commentateurs rebutent, parce qu’ils sont trop abondans, & d’ordinaire chargés d’une vaine & fastueuse érudirion. La Bruy. Les Commentateurs, peuple superstitieux, admirent toutes les expressions d’un Auteur qu’ils ont choisi pour l’objet de leur culte. Fonten. Bien souvent des Commentateurs entassent une littérarure mal choisie, qui ne sert qu’à fatiguer les Lecteurs, & s’amusent à prouver des choses qu’il vaudroit mieux ignorer éternellement, que d’avoir la peine de les lire. S. Evr.

COMMENTATRICE. s. f. Mot nouveau qui signifie celle qui a fait un commentaire. Au talent Poétique de M. de la Motte, M. Gourmont substitue le goût pour la Poësie dans Madame Dacier, & il prétend que la qualité d’imitateur est balancée par celle de commentatrice. Journ. des Sav. 1716.

COMMENTER, v. a. Faire un commentaire. Scriptorem aliquem commentari, interpretari. Pérérius a commenté la Genèse. Maldonat, a commenté les Evangiles. Cornélius à Lapide a commenté les Epitres de S. Paul.

Commenter est aussi neutre, & signifie tourner en mauvaise part, interpréter malignement. Dans cette acception il se met avec la préposition sur. Il ne faut point commenter sur les actions des autres.

☞ Etant pris absolument, il signifie ajouter malignement quelque chofe à la vérité. Il commente un peu, il en dit plus qu’il n’y en a. Comminisci, dicendo amplificare.

Commenté, ée. part.

Tous ces mots viennent du latin commentor, commentatus sum.

COMMER. v. n. Faire une comparaison, dire qu’une chose est comme une autre. Il ne se dit qu’en style familier. Comparare, comparationem instituere. Je vous prie, Monsieur, ne commons point ; ne faisons point de comparaison. Ce mot peut venir de comme. Quand on veut faire quelque comparaison on dit comme. J’ai trouvé dans une des dernières Editions de Montagne (liv. 1, chap. 20 un peu avant la fin) Si je ne conte bien, qu’un autre conte pour moi. Mais dans toutes les plus anciennes il y a, Si je ne comme bien, qu’un autre comme pour moi, c’est-à-dire, si je ne fais pas une application juste & raisonnable des exemples qui me tombent sous la main, qu’un autre les applique pour moi. Le verbe commer n’est pas encore tout-à-fait hors d’usage ; & il faudroit le conserver si l’on n’en a point d’autre à mettre à la place. Nos peres étoient plus sages que nous sur cet article. Ils faisoient des mots, quand ils en avoient besoin, pour exprimer leurs pensées d’une manière vive & courte ; & ils ne se dégoûtoient point de ceux dont ils avoient actuellement besoin. M. Coste, note 18 sur le chap. cité.

COMMERÇABLE. adj. Qui peut être commercé aisément. Rien n’est plus commerçable que les billets des bons Banquiers. ☞ On ne le dit guère que des billets & autres effets qui entrent dans le commerce.

COMMERÇANT, ANTE. s. Celui ou celle qui commerce en gros. Un bon commerçant, un riche commerçant.

☞ COMMERCE, s. m. signifie en général communication réciproque, & plus particulièrement communication que les hommes se font entr’eux de leurs marchandises, ordinairement par vente & par achat. Commercium. Un tel Banquier fait un grand commerce d’argent. Ce Marchand fait le commerce en gros ; celui ci ne le fait qu’en détail. Le commerce d’Orient est celui qui se fait par la Méditerranée à Alexandrie, à Smyrne, à Alep. Le commerce des Indes, celui qui se fait à Surate, à Batavia. Le commercedu Nord, celui qui se fait à Lubec, Dantzic, à Archangel, &c. Toute la richesse des Hollandois vient d’avoir bien fait le commerce. Le Consul du Caire est celui qui fait tout le commerce du sené. Anciennement tout le commence se faisoit par échange. Dac. Scipion, le destructeur de Numance, peut-être pour éviter jusqu’à l’ombre du négoce & du commerce, n’acheta & ne vendit jamais rien pendant 54 ans qu’il vécut. Voyez plusieurs choses sur le commerce dans les Instituts du Droit Consulaire par Jean Toubeau.

☞ Le negoce, dit M. l’Abbé Girard, regarde les affaires de banque & de marchandises. Le commerce & le trafic ne regardent que celles de marchandises ; avec cette différence, ce me semble, que le commerce se fait plus par vente & par achat ; & le trafic par échange.

Il y a environ 600 ans que les Allemans & Italiens ranimèrent le commerce, presque éteint dans l’Europe par les guerres continuelles, & sur tout par les pirateries des Normans. Le commerce des Italiens se faisoit à Alexandrie, & dans les ports de Syrie ; ils en apportoient des épiceries, des drogues, des soies, qu’ils achetoient des Arabes, maîtres de l’Egypte, de la Syrie & de la Perse, & qui de leur côté trafiquoient avec les Indiens & les Chinois. Ce commerce des Italiens étoit un reste de celui que les Romains & les Grecs avoient fait dans les mêmes lieux : c’est à ce commerce que les fameuses Républiques de Venise, de Gênes, de Pise & de Florence, durent leur accroissement & leur éclat. Le trafic des Allemans ne venoit pas des Romains, il étoit plus ancien, & s’étoit toujours soûtenu. Vers la fin du XIIe siècle les villes d’Allemagne situées sur la mer Baltique, & les grosses rivières qui s’y rendent, commerçoient beaucoup dans les États voisins. Comme leur commerce étoit souvent troublé par les pirates, soixante & douze de ces villes s’unirent ensemble, pour se défendre, & furent appelées Anseatiques du vieux mot Tudesque, ansa, qui signifie confédération, comme M. Leibnitz l’a montré. Leur commerce fleurit jusques vers le commencement du XVIe siècle, ou la fin du XVe. La division qui se mit entre ces villes, à peu près au même temps de la découverte que firent les Portugais d’une nouvelle route pour aller aux Indes par le Cap de bonne Espérance, fit tomber le commerce des Italiens. Celle de l’Amérique & des mines du Pérou & du Mexique, fit tourner de ce côté ; Cadix & Séville devinrent le centre de ce riche commerce. Le commerce d’Europe n’en souffrit point, le Nord & le Midi ont mutuellement besoin l’un de l’autre. La navigation depuis la mer Baltique jusqu’à la Méditerranée étoit longue & difficile. La situation de la Flandre, les manufactures qui y fleurissoient depuis le Xe siècle, & les foires franches de ce pays, engagèrent les Négocians du Midi & du Nord à établir leurs magasins dans Bruges, & puis dans Anvers. L’établissement de la République de Hollande, l’accueil favorable qu’elle fait aux étrangers, le refuge qu’elle donne aux Religionnaires, y ont attiré les ouvriers, les manufactures, & fait périr le commerce d’Anvers, qui l’emportoit beaucoup sur Amsterdam. Les mêmes raisons & la commodité de la multitude des ports d’Angleterre, la bonté des laines, l’industrie des ouvriers, y ont fait passer une grande partie du commerce. Voyez le grand Trésor historique & politique du florissant commerce des Hollandois, &c. Le Ie Chap. de ce Livre est une Histoire curieuse du commerce d’Europe.

☞ Le commerce, considéré par rapport au corps politique, est proprement la circulation intérieure des denrées d’un pays ou de ses colonies, l’exportation de leur superflu, & l’importation des denrées étrangères, soit pour consommer, soit pour les réexporter. Encyc.

☞ Ce commerce se divise en intérieur & extérieur.

☞ Le commerce intérieur est celui que les Sujets d’un Prince font entr’eux, dans l’étendue seulement du même état dont ils sont Sujets. Cette circulation extérieure est la consommation que les Citoyens font des productions de leurs terres & de leur industrie.

☞ Le commerce extérieur est celui qu’une société politique fait avec les autres. Il renferme toutes les espèces de commerces, soit par terre, soit par mer, que les Sujets du même État ont coutûme de faire au delà de sa frontière.

☞ Le commerce précaire est celui qui se fait par une nation avec une autre qui est son ennemie, par le moyen d’un troisième qui est neutre, & qui veut bien souffrir qu’on emprunte ses terres & son nom pour le faire.

Commerce signifie aussi la correspondance, l’intelligence qui est entre les États. Les Anglois ont rompu tout commerce avec la France. On a rappelé l’Ambassadeur d’Espagne ; il n’y a plus de commerce entre ces deux Nations.

Commerce se dit aussi de la correspondance, de l’intelligence qui est entre les particuliers, soit pour des affaires particulières ou simplement pour entretenir l’amitié. Ce Savant a commercé avec tous les habiles gens de l’Europe. Ces amis ont un commerce d’esprit & d’amitié ensemble. Il y a quelque chose de plus aisé & de plus poli, dans le commerce des femmes, que dans celui des hommes. S. Evr. Nos yeux faisoient un commerce continuel de regards éloquens. Vill.

On dit, en ce sens, le commerce de la vie, le commerce du monde, en parlant des choses qui entretiennent la société civile, des manières d’agir qui s’observent dans le monde. La science commence un honnête homme, & le commerce du monde l’achève. S. Evr. La vie de la plupart des hommes n’est qu’un commerce de complimens & de flaterie, pour se tromper les uns les autres. Bell. La providence entretient la charité parmi les hommes, par le commerce de secours & d’assistances mutuelles qu’ils se rendent. Fléch. Le monde est un commerce d’apparence de bonne foi & de tendresse. S. Evr. Il n’est pas nécessaire de rompre tout commerce avec les hommes pour s’unir à Dieu. Id. Les beaux esprits ne sont pas toujours les plus commodes pour le commerce. Bell. La nature donne une partie de l’esprit, & le commerce du monde donne l’autre. Le Ch. de Mer.

On dit qu’un homme est de bon commerce ; pour dire, qu’il est d’agréable société ; & d’un commerce sûr, pour dire qu’on peut se fier à lui, lui confier un secret.

Enfin pour finir sur cela,
Catulle, Tibulle, Properce,
Et gens de ce calibre-la.
Sont tous d’un assez bon commerce. P. Du Cerc.

Le mot de commerce, en notre langue, est de soi indifférent au bien & au mal, & c’est le terme qu’on y joint, ou la matière dont il s’agit, qui le détermine à l’un ou à l’autre ; ainsi nous disons en ce qui regarde les mœurs, un bon commerce, un mauvais commerce, un commerce innocent, un commerce légitime, un commerce illicite, un commerce de débauche, un commerce d’esprit, un commerce de lettres. Dans tous ces exemples le terme qui est joint à commerce en détermine la signification. Dans les exemples suivans, c’est la matière ; un tel fréquente une telle femme, dont la conduite n’est point régulière : il a commerce avec elle, ils ont commerce ensemble. Il est dangereux d’avoir commerce avec les femmes débauchées. En ces cas-là, commerce donne une mauvaise idée, parce que la matière est mauvaise d’elle-même : mais je dirois en parlant d’un homme sage & d’une femme vertueuse, qui s’écrivent très souvent, ils ont un grand commerce, cela ne laisse rien penser de mauvais. La matière détermine aussi à un sens honnête le mot de commerce, lorsqu’il s’agit du mariage ; ainsi on peut dire, Saint Henry & sa femme vivoient comme