Cours d’agriculture (Rozier)/POIRE, POIRIER

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 74-149).


POIRE-POIRIER. Nos climats ont produit peu d’arbres fruitiers. Les gaulois nos ancêtres étoient réduits à manger des fruits âpres & durs ; tels étoient ceux des seuls poiriers, pommiers, pruniers & cerisiers dans leur état sauvage. Leur saveur en est si désagréable, qu’on n’ose assurer que de tels fruits fussent réservés pour la nourriture de l’homme. Le mélange de la poussière des étamines de fleurs différentes a commencé à améliorer quelques espèces, & successivement elles ont été multipliées & conservées par la greffe, aux dépens de la qualité du bois. Le poirier sauvage de nos forêts, élève de la nature, fait un arbre dont le tronc & les branches ont beaucoup plus de force, d’élévation & de compacité que le poirier greffé. Ainsi l’arbre perd d’un côté en proportion qu’il acquiert de l’autre par la qualité de ses fruits. En effet, le poirier greffé sur coignassier a des fruits plus prématurés, plus fondans que ceux greffés sur franc. Le premier se hâte de vivre & de faire jouir, & le second, plus économe, se ménage une longue existence. Cet arbre brave les rigueurs de l’hiver de nos climats parce qu’il est élevé dans son pays natal. Toutes nos espèces ou variétés réussiroient-elles également en Russie ? Je ne le crois pas. La chaleur y seroit peut-être assez forte pour mûrir nos poires printanières, mais celles de l’arrière-saison & dé l’hiver n’auroient pas le temps d’y acquérir la consistance charnue qui leur permet d’achever leur maturité dans nos fruitiers. Par la même raison, nos poiriers végéteront tristement dans les pays fortement actionnés par la chaleur du soleil, & si certaines espèces de poires se perfectionnent dans les provinces méridionales du royaume (par exemple le bon-chrétien), l’expérience prouve que plusieurs s’y détériorent. Chaque arbre, chaque arbrisseau & même chaque plante a un climat qui lui est propre, parce qu’ils y trouvent le vrai degré de chaleur qui leur convient, & dès qu’ils sont en deçà ou en delà de leur ligne juste de démarcation, leur végétation devient languissante & influe sur la qualité de leurs fruits. Ne cherchons donc pas à multiplier le nombre des espèces & des variétés dans le canton que nous habitons ; cherchons à connoître celles qui y réussissent le mieux, laissons aux amateurs le soin de faire des collections, d’étendre leurs jouissances ; mais, si dans le nombre des espèces qu’ils cultivent, il s’en trouve de convenables au canton, prions-les de nous donner des greffes, & multiplions les individus. On ne doit pas conclure de ce qui vient d’être dit, que je blâme les soins assidus & l’envie de jouir des amateurs ; bien au contraire, c’est par eux que nos richesses en ce genre augmentent, qu’ils varient nos jouissances. Mon but est de prévenir le simple cultivateur, le cultivateur peu aisé, contre des recherches qui ne sont pas de sa compétence. Il doit laisser ce soin aux gens riches ; & lui, songer à l’utile plutôt qu’à l’agréable.


CHAPITRE PREMIER.

Caractère du Genre.

Von-Linné a réuni au genre du poirier le pommier, le coignassier ;[1] il a désigné le premier par ces mots pyrus communis, & il l’a classé dans l’icosandrie pentagynie. Tournefort le nomme pyrus, il en fait un genre à part & le place dans la huitième section de la vingt-unième classe qui renferme les arbres & arbrisseaux à fleurs en rose dont le calice devient un fruit à pépins.

Fleur en rose, composée de cinq pétales presque ronds, grands, concaves, insérés dans un calice d’une seule pièce concave, à cinq découpures ouvertes ; le milieu est garni par une vingtaine d’étamines, également implantées sur le calice.

Fruit à pépin, pomme-poire, en général presque rond, mais qui varie beaucoup dans les espèces, ainsi qu’on le verra, marqué dans son milieu par un ombilic bordé par les échancrures du calice. Le fruit est charnu, divisé intérieurement par des membranes & en cinq loges qui contiennent des pépins plus ou moins ronds, plus ou moins alongés suivant les espèces.


CHAPITRE II.

Des Espèces.

On ne doit pas prendre ici le mot espèce à la rigueur & à la manière des botanistes, mais comme des espèces jardinières (consultez ce mot') qu’on ne peut multiplier sans le secours des boutures ou de la greffe.

On compte plus de deux cents espèces jardinières, & si on ajoute encore leurs variétés, il sera bien difficile d’en assigner le terme. Je le répète, la richesse ne consiste pas dans la quantité des espèces, mais dans la qualité qu’elles acquièrent dans le canton. L’arbre qui produit un fruit médiocre ou mauvais, occupe autant de terrain & demande les mêmes soins qu’un bon arbre. Il est donc inutile de le cultiver.

On a divisé les poires en fondantes & en cassantes. Cette division est trop générale ; & un assez bon nombre d’individus, qui tiennent le milieu, prouvent son inutilité. D’autres ont classé les fruits par ordre de leur maturité. Cette manière de voir est plus rapprochée de la marche de la nature. Cependant elle n’est pas très-exacte, puisque telle espèce greffée sur coignassier mûrira beaucoup plutôt que la même greffée sur franc, en admettant toutes circonstances égales. La même espèce plantée dans un terrain léger, & dans une exposition méridionale, gagnera souvent un mois d’avance sur celle dont l’arbre végétera dans un sol tenace, bas, humide & exposé au septentrion. Les mêmes réflexions ont lieu d’un climat à un autre, d’où l’on doit conclure que toute règle fixé est absurde, & qu’on est forcé de se contenter des généralités. Cependant, comme l’ordre est indispensable, & qu’il faut partir d’un point donné, nous prendrons le climat de Paris pour terme de la maturité, & chacun ensuite le modifiera suivant la région qu’il habite. On doit encore observer que la manière d’être des saisons change souvent les règles données par les hommes.[2]

1. Amire-Joannet. Pyrus fructu parvo, pyri-formi, glabro citrino, prœcoci. Duh. C’est à peu près la poire la plus précoce. Son nom Joannet ne lui auroit-il pas été donné parce que sa maturité répond à la fête de Saint Jean-Baptiste. Le sommet des étamines des fleurs est d’un pourpre vifs ; les pétales plus plats, presque ovales, un peu pointus ; le fruit petit, plus gros que le suivant, d’une jolie forme de poire & régulière. Sa peau est très-lisse, d’un jaune citron, fort clair du côté de l’ombre, ordinairement d’un jaune moins lavé du côté du soleil ; sa chair blanche & tendre ; ses pépins petits, bruns & pointus.

Le bourgeon est gros, fort, long, droit, tiqueté ; le bouton très-petit, plat, appliqué sur la branche, son support est large & très-peu saillant.

La feuille est plate, un peu figurée en fer de lance ; sa longueur est du double de sa largeur, très-légèrement dentelée, soutenue par un pétiole de 15 à 20 lignes de longueur. On greffe ce poirier sur franc & sur coignassier.

2. Petit Muscat ou Sept en Gueule. Pyrus fructu minimo, prœcoci. (Voyez Planche I.) où le fruit & la fleur sont représentés de grandeur naturelle.

Ce poirier pousse vigoureusement, & devient un assez grand arbre. Il se greffe sur franc & sur coignassier.

Ses bourgeons sont gros, longs, droits, de couleur rouge-brun, tirant sur le violet, semés de petits points gris-blanc.

Ses boutons sont gros, un peu aplatis, pointus, un peu écartés de la branche, c’est-à-dire faisant avec elle un angle très-aigu, attachés à des supports larges & peu saillans.

Les feuilles sont petites, ovales, terminées en pointe longue, bordées de dents aiguës & très-petites ; la grosse nervure se plie en dessous, & l’extrémité de la feuille fait la gouttière.

Les fleurs ont des pétales très-creusés en cuilleron ; les échancrures du calice sont longues & très-étroites.

Les fruits viennent par bouquets ; sont très-petits, arrondis. Les uns ressemblent à une toupie, les autres imitent un peu la calebasse. Ils sont ordinairement aplatis du côté de la tête, & autour de l’œil, qui est très-saillant, il y a un peu d’enfoncement.

Sa peau est assez fine. Lorsque le fruit est mûr, elle est d’un vert jaunâtre du côté de l’ombre, rouge-brun du côté du soleil ; presque blanche & comme transparente du côté de la queue.

Sa chair demi-beurrée, d’un blanc un peu jaunâtre, n’est pas très-fine.[3] Son eau est d’un goût agréable, relevé & musqué.

Ses pépins sont nourris & gros par rapport au fruit ; leur écorce est presque blanche. Cette poire mûrit à la fin de juin ou au commencement de juillet ; l’arbre aime le plein vent & le terrain sec.

3. Muscat-Royal. Pyrus fructu parvo, turbinato, scabro, è cintreo fulvastro, œstivo.

Cet arbre porte une petite poire de la forme d’une toupie, terminée en pointe du côté de la queue, très-arrondie par la tête où l’œil est placé à fleur. Son pédicule est assez menu ; la peau du fruit est un peu rude & d’une couleur grise, presque semblable à celle de la pomme de fenouillet ; sa chair est blanche, demi-beurrée & un peu grossière ; l’eau est douce & musquée ; les pépins sont gros & noirs. Le fruit mûrit au commencement de septembre.

4. Muscat Robert. Poire à la reine. Poire d’ambre. (Voy. Planche I. pag. 77.) Pyrus fructu medio, pyriformi, glabro, è viridi flavescente, œstivo.

Cet arbre pousse vigoureusement étant greffé sur franc, médiocrement greffé sur coignassier.

Les bourgeons de grosseur moyenne, droits, peu alongés, d’un vert jaune du côté de l’ombre, de couleur d’aurore du côté du soleil ; si peu tiquetés qu’à peine y apperçoit-on quelques points.

Les boutons sont plats, triangulaires, couchés sur la branche, sortans de supports assez gros.

Les feuilles sont d’un vert clair, grandes, dentelées profondément &c surdentelées.

Les fleurs composées de pétales très-creusés en cuilleron, quelques-uns teints de rouge légèrement par les bords.

Le fruit de moyenne grosseur, figuré en poire, terminé en pointe vers la queue, autour de laquelle il y a souvent quelques plis circulaires ; cette queue est un peu courbée. La tête est arrondie & l’œil est souvent bordé de quelques bosses ; cet œil est très ouvert, très-grand, très-saillant. La peau est lisse, fine, d’un vert clair, un peu jaunâtre. La chair tendre, ni beurrée, ni cassante, & assez fine & presque sans marc ; l’eau est sucrée, & d’un goût très-relevé ; les pépins sont gros & noirs ; cette poire mûrit à la mi-juillet.

5. Muscat-Fleuri. Pyrus fructu miinïmo, globoso-compresso, glabro, partim è viridi lutescente, partim rubescente, œstivo. Poire très-petite, aplatie par la tête & par la queue, ronde, ressemblant à un petit globe aplati par les pôles, la queue assez nourrie quoique fort menue, L’œil est très-gros, posé à fleur du fruit, sans aucune circonférence autour, bordé de quelques petites éminences alongées & peu saillantes.

Sa peau est unie, verte, un peu jaunâtre du côté de l’ombre, rouge mêlé de fauve du côté du soleil ; sa chair un peu verdâtre, demi-beurrée, est grossière, & laisse du marc dans la bouche ; son eau quoiqu’un peu musquée n’est pas fort relevée ; ses pépins sont très-petits & presque blancs : elle mûrit vers le milieu de juillet.

6. Aurate. Pyrus fructu parvo, cucurbitato, hinc luteo, hinc dilutè-rubro, œstivo. C Voyez Planche I. pag. 77.)

Cet arbre greffé sur franc est vigoureux & médiocre sur coignassier.

Ses bourgeons sont menus & petits, assez droits, rouges du côté du soleil, verts rougeâtres du côté de l’ombre, semés de très-petits points ;… ses boutons sont longs & pointus, très-écartés de la branche, attachés à des supports saillans ;… ses feuilles rondes, plates, longues, dentelées très-finement & très-peu profondément.

Les pétales des fleurs sont figurés en raquette, presque plats ou très-peu creusés en cuilleron.

Le fruit est petit, aussi haut que large, d’une forme approchant de la calebasse, quelquefois d’une toupie. L’œil est placé dans une cavité peu profonde ; sa peau est très fine, d’un jaune pâle, très-clair du côté de l’ombre, rouge-clair du côté du soleil ;… sa chair est demi-beurrée, un peu sèche, un peu pierreuse auprès des pépins ; son eau n’est pas si relevée que celle du petit muscat : ce fruit mûrit en même temps que le petit muscat.

7. Jargonelle. Pyrus fructu parvo, pyriformi, partim flavo, partim palchrè rubro, œstivo.

Petite poire, & variété de l’aurate, un peu plus grosse & plus alongée, arrondie du côté de la tête où l’œil est assez gros & placé à fleur du fruit, un peu renflée vers la queue qui est plantée dans un très-petit enfoncement.

La peau est très-jaune du côté de l’ombre, & d’un beau rouge du côté du soleil ;… la chair est assez sine, blanche & demi-cassante ;… l’eau est un peu musquée ;… les pépins petits, noirs ;… Elle mûrit au commencement de septembre, & l’arbre mérite peu d’être cultivé.

8. Madeleine ou Citron des Carmes. Pyrus fructu medio, turbinato, è viridi citrino, œstivo. (Voyez Planche I. pag. 77.)[4].

On greffe cet arbre sur franc & sur coignassier ; il est fort & vigoureux ;… ses bourgeons sont de longueur & de grosseur moyennes, de couleur rouge-brun, tirant sur le violet, tiquetés de très-petits points ;… les boutons sont gros, peu pointus, peu écartés de la branche ; leurs supports sont saillans ;… les feuilles sont d’un vert très-foncé, dentelées peu profondément, terminées par une pointe aiguë.

La fleur a ses pétales presque ronds, creusés en cuilleron.

Le fruit est de moyenne grosseur, un peu alongé, figuré en toupie ; l’œil est borde de plis, & très-peu enfoncé dans le fruit ;… la peau est presque toute verte, elle tire un peu sur le jaune lors de la maturité parfaite du fruit ; quelquefois on apperçoit une légère teinte rouge du côté du soleil ;… la chair est blanche, fine, fondante, sans pierres ; un excès de maturité la rend cotonneuse & bientôt molle ;… l’eau est douce, relevée d’un petit aigrelet fin, & d’un léger parfum qui la rendent agréable ;… les pépins sont noirs, bien nourris.

9. Hastiveau. Pyrus fructu minimo, turbinato, compresso, glabro, luteo, œstivo.

Ce poirier ressemble beaucoup à celui de petit muscat : il est très fertile, se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont assez forts & rougeâtres ;… ses boutons & leurs supports sont très-gros ;… ses feuilles sont petites, rondes, d’un vert assez clair, dentelées peu profondément ; la grosse nervure se plie en arc en dessous, & fait faire un pli à chaque extrémité de la feuille.

La fleur a des pétales presque ovales, très-peu creusés en cuiller on, froncés & chiffonnés par les bords.

Le fruit est très-petit, de la figure d’une toupie aplatie ;… l’œil est presque toujours ovale, aplati, peu saillant, quoiqu’il n’ait presque point d’enfoncement autour, mais seulement quelques petits plis qui font paroître cette partie comme froncée ;… la peau est très-unie, d’un jaune clair par-tout, excepté du côté du soleil, où il y a quelques petites marbrures d’un rouge vif ;… la chair est un peu jaunâtre, demi-beurrée, assez grossière, laissant du marc dans la bouche ; elle devient pâteuse par trop de maturité ;… l’eau a peu de goût, quoique musquée ;… les pépins gros & noirs. Cette jolie poire mérite peu d’être cultivée ; elle mûrit vers la mi-juillet.

10. Hastiveau (gros) de la forêt. Pyrus fructu parvo, turbinato, glabro, hinc è viridi flavescente, indè futurè & splendidè subro, œstivo.

Petite poire très-agréable à la vue, mais sans qualité ; sa forme est celle d’une toupie ;… son œil assez gros placé au niveau du fruit ;… la peau unie, assez fine, d’un vert jaunâtre du côté de l’ombre, d’un rouge foncé, vif & éclatant du côté du soleil ;… la chair blanche, tirant un peu sur le vert, sèche, laissant du marc dans la bouche ;… l’eau âcre & un peu aigre ;… les pépins noirs ;… la maturité dans le commencement du mois d’août.

11, Cuisse-madame. Pyrus fructu medio, longissimo, splendente, partim è viridi flavescente, partim subobscurè subro, œstivo. (Voyez Planche II.)

Arbre vigoureux, greffé sur franc, il réussit très-mal sur le coignassier… Ses bourgeons sont assez menus, longs droits, rougeâtres, quelques-uns bruns clairs ;… ses boutons sont petits, plats, appliqués sur la branche ; leurs supports sont gros.

Ses feuilles de moyenne grandeur, un peu figurées en lozange, presqu’aussi larges que longues, peu & très-légèrement dentelées ; l’arête se plie en dessous.

Les pétales de la fleur sont arrondis, & varient souvent dans leur nombre depuis six jusqu’à huit.

Son fruit de moyenne grosseur, très-alongé, menu vers la queue où il y a presque toujours quelques plis ;… l’œil est petit & placé presqu’à fleur ;… le pédoncule est peu adhérent à l’arbre, & le moindre vent en fait tomber le fruit ;… sa peau est par-tout luisante & fine, d’un vert jaunâtre du côté de l’ombre, & d’un rouge-brun, presque couleur du soufflet du côté du soleil ;… son eau est sucrée, un peu musquée & abondante ;… ses pépins sont très-petits :… cette poire mûrit à la fin de juillet.

Dans les terrains secs, elle est petite, un peu figurée en calebasse. Toute la partie renflée est bien arrondie, tant sur son diamètre qu’à l’extrémité où l’œil est à fleur : elle diminue presque tout-à-coup de grosseur vers l’autre partie qui s’alonge en pointe, dont le pédoncule semble être une extension, étant charnue dans un tiers de sa longueur.

12. Bellissime d’Automne ou Vermillon. Pyrus fructu medio, longissimo, hinc luteo, inde pulchre & saturé rubro autumnali. (V. Pl. IV, p. 87.) Cet arbre vigoureux se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont très-longs, bruns, rougeâtres, tirant sur se violet foncé, tiquetés ; ils font un petit coude à chaque nœud ;… bouton de grosseur moyenne, un peu plat, aigu, écarté de la branche ; son support est saillant ;… la feuille est de figure elliptique, terminée en pointe presque égale dans les deux extrémités, plate, dentelée très-finement & très-peu profondément, soutenue par un long pétiole.

La fleur est très-ouverte ; les pétales sont plats, de la forme d’une raquette.

Le fruit a la même forme que la Cuisse-Madame, mais il est plus allongé, de grosseur moyenne ;… la tête est arrondie, & l’œil est placé dans une cavité assez profonde : l’autre extrémité se termine régulièrement en pointe ; le pédoncule est un peu charnu à sa naissance, rouge du côté du soleil, vert du côté de l’ombre, souvent planté obliquement ;… la peau est assez lisse ; le côté du soleil est d’un beau rouge foncé, très-tiqueté de points gris ; le côté de l’ombre est partie moins foncé en rouge, & partie jaune, tiqueté de points fauves ;… la chair est blanche, cassante, demi-fondante dans quelques terrains : il y a un peu de sable auprès des pépins ;… l’eau douce, relevée, abondante ;… les pépins bruns, gros, larges :… la poire mûrit vers la fin d’octobre.

13. Gros Blanquet, ou Blanquette. Pyrus fructu parvo, pyriformi, glabro, partim ex albido flavescente, partim dilutiùs rubro.

Arbre vigoureux qui se greffe sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est gros, court, droit, gris clair, tiqueté de points peu apparens ;… son bouton est gros, pointu ; peu écarté de la branche, arrondi, attaché à un support large & saillant.

Sa feuille est belle, large, sans dentelures ; quelques-unes se froncent un peu sur les bords.

Fleur ; belle, bien ouverte, avec des pétales plats, ronds ; fruit petit, plus long que rond, d’une jolie forme de poire ; l’œil est grand, très-ouvert, à fleur de fruit ; les échancrures du calice y demeurent ordinairement fort longues ;… il y a souvent quelques bosses auprès de la queue, bien nourrie, un peu charnue, de couleur vert-clair ;… sa peau est lisse, fine, d’un blanc un peu jaunâtre du côté de l’ombre, prenant tant soit peu de rouge-clair du côté du soleil ;… sa chair est cassante, un peu grossière, laissant du marc dans la bouche ;… son eau sucrée est d’un goût relevé ;… ses pépins sont noirs & de médiocre grosseur ;… elle fleurit à la fin de juillet.

14. Gros Blanquet rond. Pyrus fructu parvo, turbinato, glabro, partim ex albido flavescente, partim dilutè rubro, œstivo.

La forme du fruit est celle d’une toupie ;… la tête est arrondie ;… l’œil assez gros, très-peu enfoncé dans le fruit ;… le côté du pédoncule forme une pointe obtuse, dont l’extrémité est souvent relevée de quelque bosse ;… sa peau est d’un blanc jaunâtre à l’ombre, légèrement teinte de rouge du côté du soleil ;… sa chair est un peu moins délicate que celle du blanquet à longue queue ;… son eau a du parfum, & elle est plus agréable que celle du gros blanquet :… elle mûrit vers la fin de juillet ;… ses feuilles sont rondes, unies, sans dentelures ;… ses bourgeons sont menus & presque semblables à ceux du poirier de cuisse-madame.

15. Blanquet à longue queue. Pyrus fructu parvo, pyriformi acuto y glabro, albido, œstivo. (V. Pl. II, p. 80.)

Arbre vigoureux sur franc, foible sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, droits, gris de perle du côté de l’ombre ; le côté du soleil & la pointe du bourgeon sont d’un rouge brun tirant sur le violet ; ils sont semés de très-petits points ; ses bourgeons sont menus & longuets quand la greffe est sur coignassier.

Ses boutons sont de moyenne grosseur, plats, couchés sur la branche ; ceux de la pointe du bourgeon sont très-petits ;… les supports sont étroite & peu enflés.

Feuilles ; larges, dentelées finement sur les bords, très-peu-profondément & peu régulièrement ; quelques-unes sont presqu’ovales ; la plûgart sont repliées en gouttière.

Fleur ; garnie de pétales plus longs que larges, presque plats, & ont quelques traits rouges sur les bords ;… les sommets des étamines sont d’un pourpre foncé.

Fruit ; un peu plus petit que celui du gros blanquet ; il vient par trochets ; il est arrondi du côté de l’œil qui est gros, placé à fleur du fruit ; terminé en pointe aiguë vers la queue, qui est longue, un peu charnue, & souvent courbée ;… la peau du fruit est lisse, blanche d’un vert clair presque blanc, quelquefois teinte très-légèrement de roux du côté du soleil ;… sa chair est demi-cassante, blanche & assez fine ;… son eau abondante, sucrée, relevée d’un parfum agréable, presque vineuse ; ses pépins sont blancs, quelques-uns bruns : cette poire mûrit au commencement d’août.

16. Petit Blanquet, ou Poire à la perle. Pyrus fructu minirno, elenchi formâ, glabro, ex alibdo flavescente, œstivo.

Arbre très-fertile ; on le greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, droits, lisses, gris clair ;… ses boutons & leurs supports sont très-gros.

Les feuilles moins grandes que celles du blanquet à longue queue ; elles sont longues, très-peu dentelées par leurs bords, repliées en-dessous, & non pas en gouttière, comme celles du blanquet à longue queue ;… leurs pétioles sont menus.

Les pétales de la fleur sont d’un quart plus longs que larges, presque plate ; leur plus grande largeur est près de l’onglet.

Le fruit est très-petit, bien arrondi du côté de l’œil qui est très saillant & gros relativement au volume du fruit, relevé ordinairement de quelques bosses auprès de la queue qui est bien nourrie : il a la forme d’une perle en poire ;… sa peau est presque blanche, tirant un peu sur le jaune, fine, unie, comme transparente ;… sa chair est blanche, demi-cassante, assez fine ;… l’eau est un peu musquée & agréable ;… les pépins sont bien nourris, couverts, d’une écorce d’un brun-clair sa maturité est vers le commencement) d’août ;

17. Épargne, Beau-présent, Saint-samson. Pyrus fructu medio, longissimo, subviridi, maculis sulvis distinctis, œcstivo. (Voyez Pl. II, p. 80.).

Ce poirier est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ; il aime le terrain sec & élevé, ainsi que le plein-vent ou l’espalier au couchant ;… son bourgeon est très-gros sur franc, droit, peu alongé, d’un gris de perle du côté de l’ombre, légèrement teint de rougeâtre du côté du soleil, peu tiqueté ;… le bouton est petit, large à la base, pointu, très-peu écarté de la branche ; son support est large, peu saillant.

Les feuilles grandes, terminées en pointes aiguës, de plus du double plus longues que larges, dentelées très-finement & peu profondément.

Fleur ; très grande ; les pétales très-creusés en cuilleron.

Fruit ; de moyenne grosseur pour son diamètre, mais alongé dans sa hauteur. Il a un peu la forme d’une navette, diminuant de grosseur du côté de la tête, & du côté de la queue depuis son plus grand diamètre qui est aux deux tiers de la longueur du fruit vers la tête. Il est relevé de quelques bosses peu saillantes ;… l’œil est de médiocre grosseur comme chiffonné, placé dans une cavité peu profonde, relevé de plusieurs côtés ;… la queue est grosse, & sa grosseur augmente considérablement aux extrémités : à son attache au fruit il n’y a point de cavité, mais souvent des plis & quelques éminences ;… sa peau est verdâtre, elle prend quelquefois du rouge du côté du soleil ; elle est par-tout marbrée de fauve, sur-tout auprès de la queue qui est toute de cette couleur ;… sa chair est fondante ;… son eau relevée par un goût aigre-fin, très-agréable ; les terrains humides & tenaces lui donnent une âcreté qui déplaît ;… les pépins sont noirs & souvent avortés : la maturité du fruit est à la fin de juillet & au commencent d’août.

18, Tarquin. Pyrus fructu medio, longissimo, è flavo subvirescente, maculis sulvis distincto, serotino. Cette poire est longue, d’une forme très approchante de celle de l’épargne, un peu plus pointue vers la queue qui est d’une longueur médiocre, renflée auprès du fruit & comme charnue, un peu aplatie du côté de la tête ;… sa peau est fine : dans le mois d’avril elle devient d’un jaune verdâtre, chargée de marbrures fauves. Une rainure peu profonde s’étend d’un bout à l’autre de la plûpart de ses fruits ;… sa chair est cassante sans être sèche, assez fine ;… son eau est d’un goût aigrelet, assez semblable à celui de la bergamote de pâques qui est peu supérieure en bonté à la poire tarquin : sa maturité est en avril & mai, ce qui ajoute beaucoup à son mérite.

19. Ognonet, Archiduc d’été, Amiré roux. Pyrus fructu medio, turbinato, lucido, partim flavo, partim intensè rubro œstivo. (Voyez Pl. II, p. 80.)

Ce poirier demande à être greffé sur franc plutôt que sur coignassier où il pousse très-peu ; il est très-fertile ;… son bourgeon est droit, de médiocre grosseur, cendré d’un côté, roussâtre de l’autre, tiqueté de très petits points ;… son bouton est court, large, plat, comme collé sur la branche ; le support est très-peu enflé.

La feuille est grande, ronde, épaisse, terminée par une pointe aiguë, un tiers plus longue que large ; les dentelures sont peu profondes, très-écartées, excepté vers la pointe où elles sont plus profondes & plus fines ; le pétiole est gros, & fait un petit arc en dessous.

La fleur a un pouce de diamètre ; le pétale est arrondi, il est souvent au nombre de cinq & quelquefois il y en a dix.

Son fruit est de moyenne grosseur, de hauteur & largeur égales, en forme de toupie ; aplati du côté de la tête où l’œil est de grandeur moyenne & placé au fond d’une petite cavité très-unie ;… son pédoncule droit, bien nourri sans être gros, s’attache au fruit au milieu d’une petite cavité ;… sa peau est lisse, brillante, jaune du côté de l’ombre, d’un rouge vif du côté du soleil ;… sa chair est demi cassante, souvent pierreuse ;… son eau est relevée par un goût rosat ;… ses pépins sont jaunes, pâles ou blanchâtres :… il mûrit à la fin de juillet, ou au commencement d’août.

10. Parfum d’Aout. Pyrus fructu parvo, ferè pyriformi obtuso, hinc citrino, indè saturè rubro, œstivo. L’arbre est très-fertile & se greffe sur franc & sur coignassier ; le bourgeon est lisse, droit, quelquefois farineux ; court, rougeâtre, clair du côté de l’ombre, du côté du soleil un épiderme fin, gris de perle, couvre une couleur rouge brun-clair tirant sur le violet. Il est très-peu tiqueté, & ressemble un peu à un bourgeon de cerisier.

Le bouton est gros, court, pointu, arrondi, très-écarté de la branche, attaché à un support plat ;… la feuille est un peu alongée, ses bords sont dentelés très-finement & imperceptiblement, ils se froncent un peu ; elle se plie ordinairement en gouttière ; sa couleur verte est assez claire.

Les pétales de la fleur sont beaucoup plus longs que larges, presque plats, figurés en truelle ; on apperçoit sur les bords quelques traits rouges ;… les sommets des étamines sont d’un pourpre clair.

Le fruit est petit, presque pyriforme, très-renflé du côté de l’œil qui est placé à fleur de peau, se terminant assez régulièrement en pointe obtuse ou tronquée à la queue, un peu charnu à sa naissance & d’un jaune clair ;… la peau du côté du soleil est d’un beau rouge foncé, tiquetée de points fauves ; l’autre côte est jaune citron légèrement tavelé de fauve ;… la chair est un peu grossière ;… l’eau en est assez abondante & très-musquée ;… les pépins sont petits, bruns, bien nourris ; le fruit mûrit à la mi-août.

21. Salvati. Pyrus fructu medio, rotundo, cerino, maculis rufis distincto, œstivo. (Voyez Pl. III, pag. 84.)

Poirier vigoureux greffé sur franc ; il réussit très-mal sur coignassier ;… ses bourgeons menus sont un petit coude à chaque œil, & sont tiquetés de points si petits qu’on les apperçoit à peine ; ils sont rouges sur le coignassier ; sur franc ils sont d’un vert brun du côté de l’ombre, d’un rouge brun clair du côté du soleil ;… ses boutons sont gros, pointus, bruns, peu écartés de la branche, & soutenus par de gros supports ; ses feuilles sont rondes du côté de la queue, dentelées irrégulièrement & assez profondément ; d’un vert gai, pliées en gouttière ; l’arête se plie en arc en dessous ; les petites feuilles sont très-alongées & étroites ; à peine leur dentelure est-elle sensible ;… le pétiole est assez gros, jaune, aussi bien que la grosse nervure

Fleur ; ses pétales ovales, courts, très-creusés en cuilleron.

Fruit ; de grosseur moyenne, rond ;… l’œil est placé dans une cavité peu profonde, bordée de quelques petites côtes ; les échancrures du calice demeurent vertes, quelquefois jusqu’à la maturité du fruit ;… la queue est plantée dans une petite cavité ;… sa peau est belle, d’un jaune de cire, quelquefois tavelée de grandes taches rousses, & alors elle est rude ;… sa chair est excellente, demi-beurrée, sans marc ;… son eau sucrée, quelquefois peu abondante ;… ses pépins sont les uns plats, les autres longuets & arrondis : cette poire mûrit en août.

22. Poire d’Ange. Pyrus fructu parvo, turbinato, è viridi subflavescente, œstivo.

Poire petite, de la forme d’une toupie, arrondie par la tête, où l’œil qui est assez gros est placé presqu’à fleur du fruit, au centre d’une cavité très-peu profonde ;… la queue est menue, verte ; à l’extrémité du fruit oh elle s’attache on remarque quelques bosses ;… sa peau est fine, d’un vert jaunâtre ;… la chair demi-cassante, assez fine ;… son eau très-musquée ;… mûrit au commencement d’août ;… ne devient pas pâteuse :… on la regarde comme une variété du salviati, plus alongée, moins grosse, moins bonne.

13. Bezi d’hery. Pyrus fructu medio, subrotundo, glabro, hinc luteo, indè è viridi subalbido, autumnali.

Cette poire, quoique peu estimée & peu estimable dans la plupart des terrains, n’est pas sans mérite dans les bonnes terres ; elle a quelque ressemblance avec la salviati pour la forme. Sa grosseur est moyenne ; sa forme est presque ronde, sa peau est lisse, jaune d’un côté, vert blanchâtre de l’autre ;… sa queue est droite, longue ;… elle mûrit, suivant les climats & le sol, en octobre, novembre ou décembre[5].

14. Poire de Vitrier. Pyrus fructu magno, ovato, glabro, hinc saturè rubro, indè dilutè viridi, autumnali. (Voyez Planche X, pag. 98.)

Cette poire est grosse, ovale ;… l’œil est large, bien ouvert, très-peu enfoncé ;… la queue médiocrement grosse, longue d’environ un pouce, est plantée à fleur du fruit entre quelques bosses ;… sa peau est lisse, teinte en rouge foncé, tiqueté de points bruns du côté du soleil ; le côté de l’ombre est d’un vert clair, tiqueté de points d’un vert plus foncé ;… sa chair est blanche, peu fine ;… son eau d’un goût assez agréable ;… ses pépins sont noirs, placés au milieu du fruit :… mûrit en novembre & décembre.

M. Duhamel ajoute que la vraie poire de Vitrier, que j’ai trouvée connue sous ce nom dans plusieurs jardins, est un très-beau & très-gros fruit de forme turbinée, aplati par la tête, terminé à la queue en pointe médiocrement obtuse ;… sa peau est lisse, très-tiquetée de points fauves, d’un rouge assez vif du côté du soleil, & d’un jaune citron du côté de l’ombre. Les autres qualités & l’époque de la maturité sont à peu près les mêmes dans ces deux poires, mais l’odeur & le goût sont un peu parfumés de musc. Quoique l’arbre soit vigoureux, il réussit bien étant greffé sur coignassier ; on peut le désigner par cette phrase : Pyrus fructu quàm maximo, turbinato, hinc citrino, inde intense rubro, autumnali.

15. Orange Musquée. Pyrus fructu medio, aurantii formâ, paululùm compresso, papulato, viridi, œstivo, (Voyez Planche VI, page 90.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est de médiocre grosseur, court, un peu courbé à chaque œil, très-peu tiqueté, vert roussâtre du côté du soleil, gris de perle du côté de l’ombre ;… le bouton est très gros, court, arrondi, peu pointu, peu écarté de la branche, attaché à un gros support.

Feuille presqu’ovale, terminée par une pointe assez courte & peu aiguë, se repliant en arc en dessous, ce qui lui fait faire un pli auprès de la queue ; les petites feuilles sont longues, étroites, terminées en pointes très-aiguës aux deux extrémités, dénivelées très-finement.

La fleur a environ quinze lignes de diamètre ; les pétales sont ovales, creusés en cuilleron ; les échancrures du calice sont très-longues & très-étroites.

Le fruit est de moyenne grosseur, de la forme d’une orange, un peu aplati de la tête à la queue ; la tête est un peu arrondie ; l’œil y est placé dans une cavité évasée ; plus souvent elle est plate, & l’œil y est presqu’à fleur de peau ;… la queue est grosse, plantée au fond d’une petite cavité qui est relevée de quelques éminences dont une plus considérable recouvre la naissance de la queue ;… là peau est toute couverte de petits enfoncemens, comme celle des oranges de Portugal, elle est verte, prend très-peu de rouge. Lorsque le fruit est mûr, elle devient d’un jaune presque blanc du côté de l’ombre, & lavée de rouge très-clair du côté du soleil ;… la chair est cassante & devient cotonneuse si le fruit n’a pas été cueilli un peu vert ;… son eau est relevée par un goût de musc très agréable ;… ses pépins sont noirs, bien nourris ;… l’axe du fruit est creux :… sa maturité est dans le mois d’août.

26. Orange Rouge. Pyrus fructu medio, aurantii formâ, partim cinereo, partim insignè rutilo, œstivo.

L’arbre est assez vigoureux, & se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, droits, tiquetés & rougeâtres ;… ses boutons gros, pointus, couchés sur la branche, attachés à des supports peu élevés.

Les feuilles sont presqu’ovales, diminuant de largeur vers la pointe qui est longue & aiguë ; la dentelure des bords est grande & peu profonde ; les feuilles moyennes sont presque rondes.

La fleur a des pétales longs & terminés en pointe. Le fruit est de même forme que l’orange musquée, mais plus gros ;… la peau est grise & d’un rouge de corail ;… la chair est cassante & devient cotonneuse lorsque le fruit mûrit sur l’arbre ;… l’eau est sucrée & musquée :… sa maturité est en août.

27. Bourdon musqué. Pyrus fructu parvo, aurantii formâ, subrotundo, dilutè viridi, œstiivo.

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ; il est très-fertile, mais lent à se mettre à fruit sur franc ;… ses bourgeons sont assez gros, peu alongés, très-coudés à chaque œil, verts jaunâtres, très-peu tiquetés :… ses boutons gros, larges, par la base, aplatis, terminés en pointe longue & très-aiguë ;… leurs supports sont très-gros, renflés au-dessous de l’œil,

Ses feuilles sont presque rondes ou de forme ovale raccourcie, unies par les bords, pliées en gouttière ; pliées en gouttière ; l’arête se courbe en arc par dessous.

Les fleurs sont bien ouvertes ; leurs pétales sont ronds, presque plats ; le sommet des étamines est de couleur de rose vif.

Fruit ; petit, presque rond, aplati vers la tête, de la forme d’une orange ;… l’œil est assez gros, placé dans une cavité large & peu profonde. Cette poire prend quelquefois la forme d’une toupie ;… sa peau est assez fine, d’un vert clair, tiquetée de très-petits points d’un vert plus foncé ;… sa chair est blanche, grossière, cassante ;… son eau est assez abondante, musquée, un peu sucrée ;… ses pépins sont gros, noirs, bien nourris ;… c’est une espèce d’orange hâtive qui mûrit en juillet.

28. Poirer de Jardin. Pyrus fructu magno, aurantii formâ, partim œstivo, partim pulchrè & futurè rubro, brumali. (Voyez Pl. IV, page 87.)

Cette poire est grosse, aplatie vers la tête, de la forme des poires d’orange ;… l’œil est placé dans une cavité ordinairement unie & assez profonde ;… la queue est d’un vert blanc, grosse à son extrémité, plantée dans une petite cavité, serrée & peu profonde ;… sa peau est un peu boutonnée ; le côté du soleil est d’un beau rouge foncé, tiqueté de points d’un jaune doré. Le côté de l’ombre est fouetté & rayé d’un jaune clair sur un fond jaune ;… la chair est demi-cassante, un peu grossière & quelquefois un peu pierreuse autour des pépins ;… l’eau est sucrée & de fort bon goût ;… les pépins sont longs, d’un brun foncé, logés au large ; l’axe est creux, ;… ce fruit, mûrit en décembre ; la différence du terrain beaucoup varier sa grosseur.

29. Orange d’Hiver. Pyrus fructu medip, aurantii formâ, compresso, spissiùs virente brumali. (Voyez Planche IV, page 87.)

Arbre assez vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est long, menu, droit, rouge violet-clair, un peu farineux ;… le bouton est court, large à sa base, comme collé sur la branche, son support a peu de faillie.

La feuille est alongée, arrondie vers la queue ; les bords sont sans dentelures, l’arête vers la pointe sa plie en arc par dessous ; son pétiole est menu & long,

La fleur est très-ouverte ; ses pétales sont longuets, figurés en raquette, assez creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont d’un pourpre clair, presque de couleur de rose.

Le fruit est de grosseur moyenne, de la forme des autres oranges, rond, aplati aux extrémités ;… l’œil est très-peu enfoncé & predqu’à fleur du fruit ;… la queue est plantée au fond d’une petite cavité ; la peau est très-fine, d’un vert brun qui pâlit un peu lors de la maturité, parsemée de très-petits points d’un vert brun, boutonnée légèrement. Souvent on y trouve des verrues très-saillantes ;… la chair est blanche, fine, cassante, & sans pierres ;… l’eau est très-musquée, & assez agréable ;… les pépins sont bruns, alongés ; pointus, bien nourris, & renfermés dans des loges ;… mûrit en février, mars & avril.

30. Martin Sire, Ronville. Pyrus fructu magno, pyriformi longo, glabro, viridi, brumali. (Voyez Planche IV, page 87.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, forts, d’un brun rougeâtre, tirant sur le violet foncé ; marqués de très-petits points jaunâtres ;… ses boutons sont très-plats & comme écrasés sur la branche, attachés à des supports plats & cannelés.

Les feuilles sont plates & presque ovales, sans dentelures ; les bords forment quelques ondes, & l’arête se repliant en arc en dessous, fait faire à la feuille deux plis à ses extrémités.

La fleur a des pétales presque ovales, peu creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont mêlés de blanc & de pourpre.

Fruit ; de grosseur un peu plus que moyenne, figuré en poire alongée, bien fait, très-arrondi dans toute sa partie vers la tête, où l’œil est placé à fleur du fruit ; le ventre est un peu plus gros d’un côté que de l’autre. La partie qui est vers la queue se termine en pointe obtuse. À la naissance de la queue qui est assez grosse, sur-tout vers son extrémité, il y a une espèce de bourrelet ;… sa peau est unie, & comme satinée ; elle devient jaune en mûrissant ; le côté du soleil prend une teinte de rouge très-légère, quelquefois assez vive.

31. Rousselet d’hiver. Pyrus fructu parvo pyriformi, partim viridiori, partim obscurè rubente, brumali. (Voyez Planche IV, pag. 87.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ; il est vigoureux sur l’un & sur l’autre ; son bourgeon est de moyenne grosseur, longuet, droit, brun, rougeâtre, assez vif, luisant, très-peu tiqueté ;… son bouton est plat, très-court, couché sur la branche. À la base qui est large, on apperçoit deux ou trois points ou petites écailles d’un rouge très-vif. Les supports sont très-peu saillans.

Les feuilles ont des bords dentelés très-finement & régulièrement, & font de grands plis. La forme des feuilles est un peu elliptique.

La fleur a des pétales presque ovales, froncés & comme chiffonnés à l’extrémité, bordés de quelques traits rouges.

Son fruit est petit, pyriforme, ressemblant au rousselet de Reims, mais un peu moins gros & moins pointu l’œil est à fleur du fruit ;… la queue est courbée, implantée dans un très petit enfoncement ;… sa peau est verdâtre du côté de l’ombre, elle jaunit un peu dans le temps de la maturité. Le côté du soleil est de la même couleur que sur le rousselet de Reims, mais un peu plus foncé. En mûrissant elle devient plus semblable au martin-sec… sa chair est demi-cassante, laisse un peu de marc dans la bouche ;… son eau est assez abondante & d’un goût un peu relevé ;… ses pépins sont d’un brun-clair, ronds & courts ;… sa maturité est en février & en mars.

32. Rousselet de Reims. Pyrus fructu parvo, piriforme, partim viridi, partim obscure rubente, œstivo. (Voyez Planche VI, page 90.)

Ce poirier pousse très-bien sur franc & sur coignassier ; son bourgeon est de moyenne grosseur, long, très lisse, très-tiqueté de petits points, brun-rougeâtre, un peu coudé à chaque œil ;… le bouton est court, triangulaire & plat.

La feuille grande, ovale, terminée en pointe par les deux extrémités, est plate ; la dentelure est grande & peu profonde ; les feuilles moyennes sont plus rondes & dentelées finement.

La fleur a des pétales ovales, quelquefois un peu pointus ; le fruit est petit, figuré en poire, arrondi par la tête, où l’œil est assez gros, & placé à fleur du fruit ;… la peau est verte du côté de l’ombre, quelques endroits jaunissent au temps de la maturité ; le côté du soleil est d’un rouge-brun ; elle est par-tout lavée & tiquetée de gris ;… la chair est demi-beurrée fine, excellente ; l’eau a un parfum particulier à ce fruit, un goût très-agréable, un peu musqué ;… les pépins sont larges & bruns : cette poire est en maturité à la fin d’août ou au commencement de septembre, & mollit très-promptement. Elle est moins grosse, mais beaucoup meilleure en plein vent qu’en espalier & en buisson.

Quoique ce poirier s’accommode de tous les terrains, cependant les terres légères lui conviennent mieux. Tout le monde sait combien les poires de rousselet, recueillies dans les cours & dans les jardins de la ville de Reims, sont supérieures à celles de la campagne,

33. Rousselet hâtif, Poire de Chypre, Perdreau, Pyrus fructu parvo, pyriformi, hinc intensè rubro indè slavo, œstivo,

L’arbre est assez vigoureux, il se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est menu, court, assez droit, brun-rougeâtre, tirant un peu sur le violet, très-peu tiqueté, couvert d’une poussière grise-blanche ;… le bouton est court, presque plat, large à la base, appliqué sur la branche, attaché à un gros support.

La feuille est ronde, terminée par une pointe aiguë, repliée en gouttière ; la dentelure des bords est grande, peu profonde ; les feuilles moyennes sont alongées, larges vers la queue, dentelées très-légèrement & irrégulièrement.

La fleur a des pétales arrondis à l’extrémité, peu creusés en cuilleron ; ils sont quelquefois au nombre de neuf.

Le fruit est petit, pyriforme, arrondi par la tête, où l’œil est placé dans un petit enfoncement uni & sans plis ;… la queue est d’un vert jaunâtre, assez grosse, un peu charnue ; la peau est fine, jaune du côté de l’ombre, rouge vif semé de taches grises du côte du soleil ;… la chair est un peu jaune, demi-cassante ; il y a du sable ou de très-petites pierres autour des pépins ;… l’eau est très parfumée & sucrée ;… les pépins sont bruns, clairs, peu nourris :… sa maturité a lieu vers la mi-juillet. Cette poire ressemble beaucoup au rousselet de Reims, mais elle n’a pas autant de goût ni de parfum.

34. Gros Rousselet ou Roi d’été. Pyrus fructu medio, pyriformi acuto, scabro, hinc spissiùs virinte, indè obscurè rubrnte, œstivo. (Voyez Planche V, page 89.)

Poirier vigoureux qui se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, longs, forts, très tiquetés de petits points d’un blanc jaune ; très-coudés à chaque nœud ; d’un brun-rougeâtre tirant sur le violet foncé ; ses boutons sont plats, triangulaires, ayant plus de base que de hauteur ; peu écartés de la branche, ayant des supports peu saillans.

Ses feuilles sont grandes, plates ; dentelées irrégulièrement & très-peu profondément.

La fleur a des pétales plus longs que larges, qui se roulent en dessous ;… les sommets des étamines sont très-gros.

Fruit ; de moyenne grosseur, de la même forme que le soufflet de Reims, mais beaucoup plus gros, & un peu plus pointu vers la queue qui est brune ; à l’endroit de son implantation il y a souvent quelques petites bosses ; le côté de la tête est aplati, & l’œil est placé au centre d’une cavité large & profonde ;… sa peau est rude & tiquetée de points gris, d’un vert foncé du côté de l’ombre ; le côté du soleil est rouge brun, comme dans le rousselet ; elle est lavée de gris en plusieurs endroits ;… sa chair est demi-cassante & peu fine ;… son eau est bonne, parfumée, un peu aigrelette ;… ses pépins sont longuets & arrondis :… sa maturité a lieu à la fin d’août ou au commencement de septembre.

35. Poire sans peau ou Fleur de Guignes. Pyrus fructu medio, pyriformilongo, pallidè viridi, partim flavo, maculis sanguineis evanidis consperso, œstivo. (Voyez Planche III, page 84.)

Ce poirier est vigoureux greffé sur franc ; greffé sur coignassier, il est d’une force médiocre ;… le bourgeon est long, droit, gris du côté de l’ombre, rougeâtre du côté du soleil & à la pointe, très-tiqueté ;… le bouton est plat, large à la base, pointu au sommet.

La feuille est grande, ses bords forment quelques plis en ondes, & sont garnis de dents très-écartées l’une de l’autre, aiguës, très-peu profondes ; les bords des feuilles moyennes sont garnis de dents fines, aiguës, peu profondes.

La fleur a des pétales longs, plus larges vers le calice que vers l’autre extrémité, creusés en cuilleron, teints de quelques traits rouges sur le bord ; Les sommets des étamines sont d’un pourpre clair.

Le fruit est de grosseur presque moyenne, souvent relevé par des bosses & tant soit peu renflé vers la queue qui est droite, bien nourrie, plantée dans un enfoncement ;… l’œil est assez gros, & placé dans le fond d’une cavité relevée de côtes ;… quelquefois la partie la plus renflée du fruit est presque au milieu de sa longueur, & il va en diminuant vers les deux extrémités, ce qui lui donne la forme d’une navette un peu plus alongée vers la queue que vers l’œil, & alors il ressemble à une petite poire d’épargne ; quelquefois il a la forme du soufflet, mais plus alongée ; la peau est fine,

d’un vert pâle, marquetée de gris du côté de l’ombre, & jaune marqueté d’un rouge de sang pâle du côté du soleil ;… la chair est abndante, & ne laisse aucun marc dans la bouche ;… l’eau est très-bonne, douce, parfumée la maturité au commencement d’août.

36. Martin-sec. Pyrus fructu medio, piriforme aluminate, hinc melino, indè intensè rubro, aututmnali. (Voyez Planche VI, page 90.)

Poirier très-fertile ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est de médiocre grosseur, très coudé à chaque nœud dans le bas, droit vers la pointe, peu tiqueté, gris de perle du côté de l’ombre, brun-rougeâtre, un peu vineux & luisant du côté du soleil ;… le bouton très-menu, arrondi, long, pointu, & un peu écarté de la branche, est soutenu par un gros support.

La feuille est alongée, pliée en gouttière, quelquefois en bateau, dentelée régulièrement, très-finement & très-peu profondément.

La fleur a des pétales presque ronds, creusés en cuilleron, quelques-uns ont sur les bords des traits légers rouges.

Fruit ; de moyenne grosseur, assez ressemblant au rousselet, moins arrondi vers la-tête ; l’œil est fermé, placé dans un petit enfoncement bordé de plis, & d’élévations assez sensibles ; il se termine en pointe du côté de la queue qui est courbée ; la superficie de ce fruit est inégale ;… la peau est tendre, de couleur isabelle ou noisette-claire du côté de l’ombre, d’un rouge-vif du côté du soleil, semée de petits points blancs très-apparens sur le rouge ; sa chair est assez fine, cassante, quelquefois un peu pierreuse ;… l’eau en est sucrée, un peu parfumée, agréable ;… les pépins sont d’un brun-foncé, médiocrement gros & longs ;… sa maturité est en novembre, décembre & janvier.

37. Mousseline. Pyrus fructu parvo, pyriforme cucurbitato, autumnali. (Voyez Planche VI, page 90.)

Cet arbre ne veut être greffé que sur franc ;… ses bourgeons sont menus, assez droits, d’un gris-vert du côté de l’ombre, très-légèrement teints de roussâtre du côté du soleil, peu tiquetés ;… ses boutons sont gros à la base, arrondis, très-pointus, écartés de la branche ; leurs supports sont saillans.

Ses feuilles sont petites, la plupart rondes, sans dentelures sur les bords, longues & plates.

Les fleurs très-ouvertes, petites ; les pétales un peu plus longs que larges, creusés en cuilleron ; quelques-uns sont légèrement teints de rouge sur les bords ; les sommets des étamines sont d’un pourpre foncé.

Le fruit est petit ; il est pointu, quelquefois il fait la calebasse ; le ventre est très-renflé ; la tête n’est point arrondie, mais alongée, beaucoup moins grosse que le ventre, & comme étranglée ; l’œil est placé à l’extrémité dans un petit enfoncement bordé de plis ;… sa peau est de couleur beaucoup plus claire que le rousselet & même que le martin-sec ;… sa chair est demi-beurrée, fine & délicate ;… son eau est sucrée musquée, très-agréable ;… sa maturité est en novembre.

38. Ah-mon-dieu.Pyrus frucu medïo, pyriforme obtuso, hinc citrino, indè rubello, punctis rubris distincto, œstivo.

Ce poirier est très-fécond, il ressemble à celui de rousselet de Reims, & se greffe sur franc & sur coignassier ; son fruit est de moyenne grosseur, bien arrondi dans sa partie la plus renflée, qui est plus près de la tête que de la queue : quelquefois la tête est un peu alongée ;… l’œil est à fleur de peau, bordé de bosses peu saillantes, placées vis-à-vis des échancrures. Les filets des étamines teints de rouge vif, y subsistent jusqu’à la maturité du fruit. La partie vers la queue s’alonge & diminue de grosseur assez régulièrement, & se termine en pointe obtuse. La queue un peu charnue à la naissance est plantée à fleur de peau entre quelques bosses ou bourrelets : si la pointe de ce fruit étoit aiguë, il seroit pyriforme ;… sa peau est lisse, d’un jaune citron-clair du côté de l’ombre ; l’autre côté est lavé de rouge clair, & tiqueté de petits points d’un rouge vif ;… sa chair est blanche, demi cassante, peu fine & sujette à mollir son eau est assez abondante, sucrée, un peu parfumée dans les terrains secs ;… ses pépins sont bien nourris, terminés en pointe aiguë :… sa maturité est au commencement de septembre. Ce fruit est plus estimable pour son abondance que pour sa bonté : dans quelques provinces on appelle Ah-mon-Dieu la poire d’Amour n°. 105.

39. Fin-Or-d’été. Pyrus fructu medio, turbinato-truncato, partil è viridi subflavescente, partim intense & splendide rubro, œstivo.

Poire de moyenne grosseur, de la forme d’une toupie un peu tronquée par la queue qui est assez grosse. Elle est plate du côté de la tête, où l’œil qui n’est pas fort gros est placé au fond d’une petite cavité ;… la peau est très-unie, d’un rouge foncé brillant du côté du soleil ; d’un vert jaunâtre, tiqueté de rouge du côté de l’ombre ;… la chair est fine, verdâtre, demi-beurrée ;… l’eau n’en est pas désagréable, quoiqu’elle ait un peu d’aigreur ;… les pépins sont noirs, assez nourris :… sa maturité est vers la mi-août.

40. Fin-or-de-septembre. Pyrus fructu magno, pyriforme, glabro, latè yirente, maculis diluti rubris distincto, œstivo.

Cette poire est grosse : le côté de la tête n’est pas aplati comme dans le Fin-or-d’été ; il est relevé de quelques bosses peu saillantes, & au milieu est un petit enfoncement où l’œil est placé ;… sa peau est lisse, unie, d’un vert gai du côté de l’ombre, lavée de rouge, parsemée comme de marbrures du côté du soleil ;… sa chair est blanche, beurrée fine ;… son eau d’un aigrelet agréable, ressemble beaucoup à celle de la poire beau-présent :… sa maturité est à la fin d’août & au commencement de septembre.

41. Chair-à-dame, ou Chere-à-dame. Pyrus fructu medio, pyriforme, hinc melino, hinc dilutiùs rubente, œstivo. (Voyez Planche III, page 84.)

Ce poirier est assez fertile & vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont courts, de moyenne grosseur, coudés à chaque nœud ; les uns presque isabelle, la plûpart gris de lin, très-tiquetés ; mais les points sont peu apparens, se confondant presqu’avec la couleur du bourgeon ;… les boutons sont gros, pointus, aplatis, couchés sur la branche, attachés à des supports longs & assez saillans.

Les feuilles sont longuettes, pliées en gouttière, pendantes, d’un vert pâle & brillant ; la dentelure est assez fine, très-peu profonde & peu aiguë.

La fleur a des pétales de la forme d’une raquette, arrondis à l’extrémité, se rétrécissant régulièrement, & se terminant en pointe au bord du calice.

Le fruit est de grosseur moyenne, un peu alongé, figuré en poire, arrondi vers la tête, où il y a un œil gros, presque saillant ;… la queue grosse & courte. Ce fruit a presque toujours quelques bosses à l’extrémité où la queue s’attache, & souvent elle est recourbée ou couchée à cet endroit, de sorte qu’elle s’insère obliquement dans le fruit, & comme s’enveloppant de la bosse où elle s’implante ;… la peau est grise, de couleur isabelle ; peu teinte de rouge du côté du soleil. Lorsque le fruit est bien mûr, la peau est jaune, tachetée de gris, & marbrée de rouge clair du côté du soleil ;… la chair est demi-cassante, peu fine ;… l’eau douce, relevée d’un parfum agréable ;… les pépins sont noirs & alongés :… sa maturité a lieu à la mi-août.

41. Poire-d’œuf. Pyrus fructu parvo, ovi formâ, œstivo.

Cet arbre est beau & vigoureux étant greffé sur franc ; il réussit mal sur coignassier ;… son bourgeon est un peu farineux, très-long & menu, très-coude à chaque nœud, vert-roussâtre du côté de l’ombre, plus teint de roux du côté du soleil, tiqueté ;… son bouton est court, plat, comme collé sur la branche, soutenu par un support plat.

Ses feuilles sont un peu blanchâtres, rondes, repliées en divers sens, recourbées en dessous, dentelées peu finement & très-peu profondément.

La fleur a des pétales presqu’ovales, creusés en cuilleron. Le fruit est petit, de la forme d’un œuf de poulette, ovale, un peu pincé par le petit bout l’œil est placé dans un petit enfoncement, dont le bord est un peu plus relevé d’un côté que de l’autre ;… la queue est menue, d’égale grosseur dans toute son étendue, garnie de quelques pointes vers l’extrémité, par laquelle elle s’attache à la branche, & se pliant un peu en crochet par cette extrémité, plantée dans un petit enfoncement en entonnoir ;… sa peau du côté de l’ombre est verte, un peu jaune comme dans la verte-longue, mais semée de taches rousses de couleur de son, d’un rougeâtre mêlé de vert du côté du soleil ;… sa chair est fine, demi-fondante comme le rousselet, quelquefois tendre & demi-beurrée ;… son eau est sucrée, douce, un peu musquée, d’un goût agréable sans âcreté ;… ses pépins sont, les uns blancs, les autres noirs. Cette poire mûrit entre la mi-août & le commencement de septembre.

43. Inconnu-cheneau, ou Fondante de Brest. Pyrus fructu medio, pyriformi, cucurbitato, glabro, lucide, partim latè virente, partim dilutè rubescente, œstivo. (Voyez Planche III, page 84.)

Ce poirier fertile, vigoureux sur franc & sur coignassier, ne pousse jamais droit ;… son bourgeon est long, gros, très-coudé à chaque nœud, excepté à la pointe qui est droite, très-tiqueté, gris, légèrement teint de roux du côté du soleil ; rougeâtre à la pointe ;… son bouton est large à sa base, court, aplati, écarté de la branche, attaché à un support gros & large.

Les feuilles sont assez grandes, dentelées finement, attachées à la branche par un long pétiole.

La fleur a des pétales ovales, très creusés en cuilleron.

Son fruit est de moyenne grosseur, plus long que rond, pyriforme, souvent relevé de plusieurs côtes, surtout du côté de la tête où elles forment un enfoncement dans lequel l’œil est placé ; ordinairement le côté de la queue est un peu tronqué, & la queue est plantée à fleur du fruit ;… sa peau est mince, lisse, brillante, & comme onctueuse au toucher ; d’un vert gai, tiqueté finement de vert-brun du côté de l’ombre, un peu lavée de rouge du côté du soleil : quelquefois elle prend une teinte de rouge assez forte : la peau est tiquetée de points gris-clairs ;… sa chair est fine, blanche, cassante & non pas fondante, quoique cette poire en porte le nom : elle est sujette à mollir ;… son eau est sucrée & relevée d’un petit goût aigre fin assez agréable ;… ses pépins sont longs, noirs, souvent avortés :… sa maturité est à la fin d’août & au commencement de septembre.

44. Cassolette, Friolet, Muscat-vert, Lecherion. Pyrus fructu parvo, pyriformi, partim è viridi subflavescente, partim dilutè rubente, œstivo. (Voyez Planche V, page 89.)

Ce poirier est un fort bel arbre, très-fertile ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est de moyenne grosseur, longuet, coudé à chaque nœud, gris du côté de l’ombre ; (greffé sur franc, il est quelquefois vert-clair) roussâtre du côté du soleil & à la pointe ;… le bouton menu, arrondi, long, très-pointu, écarté de la branche, attaché à un support saillant & renflé.

L’arête de la feuille se plie en arc en dessous ; les bords se froncent & font de grands plis en ondes ; les dentelures sont grandes, peu pointues & très-peu profondes ; quelques feuilles sont presque sans dentelures.

La fleur a des pétales ovales, alongés, peu creusés en cuilleron.

Le fruit est petit, figuré en poire, arrondi vers la tête où l’œil est presqu’à fleur du fruit ; le côté de la queue est assez gros, & à l’extrémité est un enfoncement dans lequel s’implante la queue qui est menue & d’un vert-clair  ;… la peau est d’un vert tendre, jaunâtre, légèrement fouetté de rouge du côté du soleil ;… la chair est cassante, tendre ;… l’eau est sucrée & musquée :… sa maturité est à la fin d’août.

45. Bergamotte d’été ou Milan de la Beuvrière. Pyrus fructu magno, turbinato, scabro, latè virente, punctis sulvis distincto, œstivo.

Ce poirier se greffe également bien sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est menu, médiocrement long, coudé à chaque nœud, farineux, rougeâtre, tirant sur la lie de vin, peu tiqueté ;… son bouton est gros, court, aplati, peu pointu ; le support est gros & cannelé.

Ses feuilles sont, les unes en cœur, les autres larges & rondes à l’extrémité, & pointues vers le pétiole, un peu froncées sur les bords, farineuses, sans dentelures, excepté à l’extrémité où l’on en apperçoit quelques-unes très-peu profondes.

La fleur a des pétales presque ronds, un peu creusés en cuilleron, & chiffonnés à l’extrémité.

Son fruit est gros, en toupie, de la même forme que la Bergamotte d’automne. Le côté de la tête est un peu relevé : l’œil est placé au fond d’une cavité bordée de côtes. La queue est grosse, verte & plantée au fond d’une petite cavité ;… sa peau est rude au toucher, d’un vert gai, tiqueté de fauve, quelquefois lavée d’une légère teinte rousse du côté du soleil ;… sa chair est demi-beurrée, presque fondante, sujette à cotonner ;… son eau sans être relevée d’un goût aigre fin est assez agréable ;… ses pépins sont petits & souvent avortés :… sa maturité est au commencement de septembre.

46. Bergamotte rouge. Pyrus fructu vix medio, turbinato-compresso, hinc flavo, indè rubro, œstivo (Voyez Planche IV, page 87.)

Cet arbre est très-vigoureux, très fertile, & se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros & forts, d’un brun clair-jaunâtre, semés de gros points ;… ses boutons sont très-courts, petits, peu écartés de la branche, attachés à des supports gros & renflés.

Ses feuilles sont petites, alongées, larges vers le pétiole qui est menu & très long ; plates sans aucune dentelure.

Ses fleurs ont des pétales presque ovales, & creusés en cuilleron.

Le fruit est de moyenne grosseur, en forme de toupie ; le côté de la tête un peu aplati, & l’œil est placé dans un petit enfoncement : la queue assez grosse est plantée dans une cavité étroite ou un enfoncement ;… la peau d’un jaune foncé ; du côté du soleil elle prend plus de rouge que celle des autres bergamote ;… la chair est presque fondante, elle devient cotonneuse, & mollit promptement, si on laisse mûrir le fruit sur l’arbre ;… l’eau est d’un goût relevé & très-parfumée, peu abondante dans l’extrême maturité du fruit ;… les pépins sont d’un brun-clair, assez bien nourris :… sa maturité est vers la mi-septembre : elle est très-musquée & un peu sèche.

Quelques pépiniéristes l’appellent crasane d’été ; parce que l’arbre a le port du poirier de crasane.

47. Bergamotte Suisse. Pyrus fructu medio, turbinato, fubrotundo, tœniis flavis, viridibus, & sanguinis virgato, autumnali. (Voyez Planche V, page 89.)

Ce poirier est fertile & réussit bien, greffé sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est de médiocre grosseur, long, droit, rayé ou panaché de jaune & de vert, & d’un peu de rouge du côté du soleil ;… le bouton est petit, arrondi, très-écarté de la branche ; son support est plat.

La feuille est alongée, ses bords ont quelques dents éloignées les unes des autres, & à peine sensibles ; ils font des plis ou sinuosités en ondes, & l’arête se replie en arc en dessous.

La fleur a ses pétales presque figurés en lozange, & creusés en cuilleron.

Le fruit est de moyenne grosseur ; sa queue, placée dans une très-petite cavité, plus souvent au milieu d’un petit aplatissement, est de grosseur médiocre, blanche, excepté en quelques endroits du côté du soleil, qui se teignent en aurore ; sa forme est en toupie du côte de la queue ; le côté de l’œil diminue aussi de grosseur, s’alonge un peu, quelquefois il s’aplatit ;… la peau est lisse, rayée de vert & de jaune ; le côté du soleil prend une légère teinte de rouge, qui est beaucoup plus sensible sur les raies jaunes que sur les vertes ;… sa chair est sans pierres, beurrée & fondante ;… l’eau est sucrée, abondante, lorsque le fruit n’a pas mûri sur l’arbre ;… les pépins sont d’un brun-clair, bien nourris, terminés en longue pointe :… sa maturité est en octobre… Ce poirier n’aime pas une exposition trop frappée du soleil : il paroît être une variété du suivant.

48. Bergamotte-d’automne. Pyrus fructu magno, turbinato-compresso, partim flavescente, partim dilutè rufescente ; autumnali, (Voyez Planche V, page 89.)

L’arbre se greffe sur franc & sur coignassier, il veut l’espalier, devenant galeux en buisson & en plein vent[6] ; ses bourgeons sont courts, assez gros, d’un gris-clair, tirant sur le vert, tiquetés de très-petits points ;… ses boutons sont gros, arrondis, longs, très-pointus, très-écartes de la branche ; leurs supports sont presque plats.

Ses feuilles sont longues, la dentelure est presqu’imperceptible ; l’artère se plie en dessous en arc.

La fleur est très-ouverte ; ses pétales sont longuets & presque plats.

Fruit ; gros, aplati par la tête ; sa grosseur varie suivant le terrain ; l’œil est peu petit, placé dans une cavité unie & peu profonde, souvent dépouillé des échancrures du calice ; la queue assez grosse, s’implante aussi dans une petite cavité,… la peau lisse, verte, devient jaune lorsque le fruit mûrit ; le côté du soleil se teint légèrement de rouge-brun, tiqueté de points gris ;… la chair est beurrée & fondante ;… l’eau douce & sucrée, relevée d’un peu de parfum, très-fraîche ;… les pépins sont d’un brun-clair, assez gros, alongés, terminés par une pointe très-aiguë : sa maturité est en octobre, novembre, & quelquefois plus tard. Elle est mieux représentée Planche IV, page 87.

49. Crasane. Bergamotte-crasane. Pyrus fructu magno, rotundo, è viridï cinereo, autumnali, (Voyez Planche VII, page 96.)

Ce poirier est vigoureux, pousse beaucoup de bois, se greffe sur franc & sur coignassier, mieux sur franc ; il aime un bon terrain, un peu humide ;… ses bourgeons sont longs, médiocrement gros, un peu coudés à chaque œil ; gris-clair, tirent un peu sur le vert du côté de l’ombre, teints très-légèrement de rougeâtre du côté du soleil, tiquetés ;… ses boutons sont ronds, assez gros, sur-tout à la base, très-écartés de la branche, soutenus par des supports plats.

Ses feuilles sont larges vers la queue, se terminent en pointes, sont plates, un peu déliées en dessous, très-peu dentelées, irrégulièrement & très-peu profondément. Les feuilles moyennes sont longues, étroites, sans dentelure, se froncent ou se plissent beaucoup sur les bords.

Fleur ; très-ouverte : pétales ; presque ronds, peu creusés en cuilleron.

Fruit ; gros, rond, quelquefois un peu en forme de toupie. La queue est menue, un peu courbée, plantée dans une petite cavité étroite, en entonnoir, unie. Le côté de la tête est aplati, & l’œil qui est petit, est placé dans une cavité profonde, unie, étroite ;… sa peau est d’un gris-verdâtre, quelquefois tavelée de petites taches rousses : au temps de sa maturité elle jaunit un peu du côté du soleil ;… sa chair très-fondante & beurrée, n’est pas sujette à mollir ;… son eau est sucrée, très-abondante, un peu parfumée & relevée d’une petite âpreté qui ne déplaît pas lorsqu’elle n’est pas trop forte, ce qui dépend de la qualité des terrains ;… ses pépins sont renflés, bien nourris :… sa maturité est en novembre.

50. Crasane Panachée. Pyrus foliis per lymbos albis, fructu medio, rotundo, è yiridi cinereo, autumnali.

La crasanne-panachée est une variété de la précédente, qui n’en diffère point par le fruit ;… ses bourgeons sont très-menus & longuets ;… ses boutons sont petits, arrondis & pointus, écartés de la branche.

Ses feuilles sont très-petites, bordées de blanc ; longuettes, elles se plient en divers sens, & de diverses façons : les dentelures en sont très-fines, aiguës & peu profondes ; leurs pétioles sont menus & longs.

Ce poirier offre un coup-d’œil très-brillant & très-agréable, mais il ne faut pas le planter en espalier, ni dans un lieu très-exposé au soleil qui roussit & gâte la bordure blanche des feuilles, elles paroissent alors à moitié desséchées, plutôt que panachées.

51. Bergamotte de Soulers ou Bonne de Soulers. Pyrus fructu magno, propè pyriformi, hinc flavescente, indè rufescente, brumali. (Voyez Planche X, pag. 98.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… les bourgeons sont gros, d’un vert clair du côté de l’ombre, tiquetés de points d’un gris blanc ; ils font à chaque nœud un coude très-sensible ;… les boutons sont gros, pointus, assez arrondis, couverts d’écailles, les unes grises, les autres brunes ; ils sont écartés de la branche, & soutenus par de gros supports.

Les feuilles sont de moyenne grandeur, ovales, presque rondes, dentelées très-légèrement, souvent repliées en bateau.

La fleur a des pétales longuets, figurés en truelle ; quelques-uns sont légèrement teints en rouge sur leurs bords.

Le fruit est de grosseur moyenne, rond ; sa tête est plus arrondie que celle des autres bergamottes. L’œil est très-peu enfoncé, la queue est assez grosse, un peu enfoncée dans le fruit ; lorsque l’arbre est planté dans un terrain & à une exposition qui lui conviennent, son fruit se termine en pointe un peu obtuse à la queue ; la tête est plutôt un peu plus alongée qu’aplatis, de sorte que sa forme la plus ordinaire est très-différente de celle des autres bergamottes ;… sa peau est lisse, luisante, d’un vert blanc ou très-clair, tiquetée de points d’un vert plus foncé ; elle devient jaune lorsque le fruit mûrit. Le côté du soleil prend une teinte très-légère de rouge-brun ;… sa chair est sans pierres, beurrée & fondante ;… son eau est sucrée & d’un goût agréable.

52. Bergamotte de Pâques ou d’Hiver. Pyrus fructu maximo, rotundo turbinato, hinc viridi, indè leviter rufescente, brumali. (Voyez Planche VIII, pag. 97.)

Ce poirier est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est gros, court, vert-gris, tiqueté de très-petits points peu apparens ; il est peu coudé à chaque œil ;… son bouton est gros, pointu, peu écarté de la branche, attaché à un support plat.

Les pétales de la fleur sont presque plats & de la forme d’une truelle.

Ses feuilles sont elliptiques du côté de la queue qui est blanche, l’autre extrémité se termine régulièrement en pointe. Elles se plient en gouttière, sont d’un vert-gris, finement dentelées par les bords, régulièrement & peu profondément ; les nervures sont peu marquées.

Son fruit est très-gros, quelquefois son diamètre excède sa hauteur. Il est rond ; son plus grand diamètre est vers l’œil qui est petit, un peu enfoncé ; ce côté s’arrondit quelquefois ; le plus souvent il est un peu aplati. Le côté de la queue va en diminuant, elle est grosse, un peu courbée & inclinée, plantée dans une cavité ronde, en entonnoir peu évasé ;… sa peau est verte, tiquetée de très-petits points gris ; elle jaunit un peu en mûrissant ; le côté du soleil est très-fines lavé d’une teinte très-légère de roux ;… sa chair est très-blanche, demi-beurrée sans pierres ;… son eau assez abondante est relevée d’un petit goût qui tire un peu sur l’aigrelet. Lorsqu’il ne domine pas trop, il est agréable surtout dans la saison où cette poire se mange ;… ses pépins sont grands, plats, pointus, bruns, souvent avortés ;… en maturité en janvier, février & mars.

5.3. Bergamotte de Hollande eu D’alençon. Pyrus fructu maximo, propè turbinato, viridi maximè serotino. (Planche IX, pag. 98.)

Ce poirier pousse bien, il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont longs, de grosseur médiocre, un peu coudés à chaque nœud, gris-verdâtres du côté de l’ombre, d’un jaune-brun, du côté du soleil, recouverts d’un fin épiderme gris de perle clair, semés de points peu apparens. Leur couleur & leurs boutons les font ressembler à des bourgeons de cerisier : ils ne viennent point droits, mais ils se courbent en divers sens à peu près comme ceux du poirier de crasanne ;… ses boutons sont gros, longs, arrondis, pointus, bruns, écartés de la branche ; leurs supports sont peu saillans.

Ses feuilles sont alongées, arrondies vers la queue ; l’arête se plie en arc en dessous, la dentelure des bords qui sont un peu froncés, est si peu profonde, qu’à peine est-elle sensible ; dans les feuilles moyennes on n’en apperçoit aucune.

La fleur est très-ouverte, ses pétales sont un peu plus longs que larges, presque plats, un peu froncés sur les bords ; les sommets des étamines sont d’un pourpre clair.

Son fruit est très-gros, aplati, d’une forme assez approchante de celle des bergamottes. La partie la plus renflée est du côté de la tête qui est aplatie, & l’œil où il ne reste que peu d’échancrures du calice est placé au sommet d’une cavité, unie, profonde, peu large ; le côté de la queue se termine en pointe très-obtuse ; il est relevé de plusieurs petites bosses & plis qui forment un petit enfoncement dans lequel s’implante la queue qui est assez grosse ; la superficie de ce fruit est relevée de quelques bosses peu saillantes qui n’empêchent pas que sa forme ne soit agréable & ses contours réguliers.

Sa peau en automne est verte, marquetée de quelques taches brunes ; en février & en mars elle devient légèrement ridée, d’un jaune clair, & les taches ou points bruns sont plus apparens ;… sa chair est très-bonne quoiqu’un peu grossière ; elle est demi-cassante & très-peu sujette aux pierres ;… son eau est abondante, agréable, assez relevée, elle a quelque chose du bon-chrétien ;… ses pépins sont bien conformés, les loges qui les contiennent sont de médiocre grandeur, & entre ces loges l’axe du fruit est creux ;… cette poire peut se garder jusqu’en juin ; c’est une de celles qui méritent le plus d’être cultivées. On la croit originaire d’Alençon.

54. Bergamotte Cadette ou Poire de Cadet. Pyrus fructu magno, subturbinato, partim flavescente, partim leviter rubente, autumnali, (Voyez Planche X, pag. 98.)

Ce poirier est très-vigoureux ; il se greffé sur franc & sur coignassier & donne beaucoup de fruit ;… ses bourgeons sont gros, courts, droits, d’un gris jaune, presque ventre de biche, semés de très-gros points ;… ses boutons sont gros, alongés, arrondis, pointus, écartés de la branche, soutenus par de gros supports.

Ses feuilles sont médiocrement grandes, arrondies du côte du pétiole, se terminant en pointe à l’autre extrémité ; les nervures sont très-saillantes, même sur le dessus de la feuille ; la grosse se replie en arc en dessous, & la plupart des feuilles se plie en gouttière ; les bords sont unis & sans aucune dentelure.

La fleur a des pétales arrondis, creusés en cuilleron ; la pointe des échancrures du calice est un peu teinte de rouge.

Le fruit est gros, un peu en forme de toupie. Dans les terrains qui ne sont pas propres à ce poirier, le fruit est moins gros, plus arrondi & de la forme des poires-oranges. Le côté de la tête est assez arrondi, l’œil bien ouvert & placé dans un aplatissement ; la queue grosse est plantée dans un enfoncement très-peu creusé & souvent recouvert d’une petite bosse à sa naissance ;.. la peau se teint légèrement de rouge du côté du soleil ; l’autre côté jaunit lorsque le fruit acquiert sa maturité ; elle est très-lisse ;.. la chair & l’eau sont bonnes, quoique inférieures à celles de la plupart des bergamottes ;… les pepins sont presque toujours avortés ; l’axe du fruit est creux :.. il mûrit en octobre, & le fruit est très-sujet à devenir cotonneux.

55. Messire Jean doré. Pyrus fructu magno, subrotundo, obscurè flavescente, (vel cinereo, vel albido) autumnali. (Voyez Planche IX, page 98.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;.. ses bourgeons sont courts, droits, gros, gris, peu tiquetés, quelquefois un peu farineux ;.. ses boutons sont gros, courts, un peu aplatis, triangulaires, très-aigus à leur sommet, peu écartés de la branche ; leurs supports sont larges & peu élevés.

Ses feuille sont grandes, l’arête se replie en arc en dessous. La dentelure est grande, assez profonde dans les grandes feuilles, très-peu dans les autres.

La fleur a des pétales ovales, creusés en cuilleron.

Le fruit est gros, presque rond, plus renflé au milieu que vers les extrémités ; la queue est plantée dans une cavité large & peu profonde ; l’œil est petit, placé dans un enfoncement uni & peu creusé ;.. la peau est un peu rude, d’un jaune doré très-rembruni par des tavelures qui le couvrent quelquefois presque entièrement ;.. la chair est cassante, souvent pierreuse, sujette à mollir ;.. l’eau est abondante, d’un goût relevé & excellent ;.. les pépins sont petits, bien nourris, peu pointus, d’un brun très-clair :.. sa maturité est en octobre.

La couleur de cette poire varie suivant l’âge, la vigueur de l’arbre & le sujet sur lequel il est greffé : s’il est vieux & languissant, le fruit est d’un jaune très-pâle & presque blanc ; s’il est jeune, vigoureux, greffé sur franc, le fruit est de couleur grise, il devient moins gros & un peu plus pierreux, ainsi le messire jean, gris, blanc, doré, sont une même espèce & non trois espèces ni même trois variétés.

56. Robine ou Royale d’Été. Pyrus fructu parvo, turbinato, compresso, è viridi subalbido, æstivo. (Pl. XI, p. 99.)

Ce poirier a beaucoup de ressemblante avec celui de cassolette ;.. il se greffe sur franc & sur coignassier ; sur franc il se met difficilement à fruit ;… le bourgeon est assez gros, vert-gris du côté de l’ombre, roussâtre du côté du soleil ; (l’extrémité est verte du côté de l’ombre, rougeâtre du côté du soleil) tiqueté de points gris-clair, assez gros ;… le bouton est gros, l’extrémité est très-aiguë & d’un brun-clair luisant, très-écarté de sa branche. Son support est large & plat.

La feuille est grande, un peu repliée en dessous, attachée à la branche par une longue queue ; la dentelure est très-fine, à peine sensible.

La fleur est grande, ses pétales très-alongés, aigus aux deux extrémités, étroits, attachés par un onglet très-long.

Le fruit est petit, arrondi, de la forme d’une toupie très-courte ou d’une petite bergamotte, un peu aplati du côté de la tête où il y a un enfoncement profond dans lequel l’œil est placé, quelquefois il est peu profond mais très-évasé ;… il n’y a point de cavité à l’insertion de la queue, mais quelques bosses, elle est seulement séparée du fruit par une rainure très-serrée ;… sa peau est d’un vert blanchâtre, tiqueté d’un vert brun, elle jaunit au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, demi-cassante, un peu sèche, elle n’est pas sujette à mollir ;… son eau est très-musquée & sucrée ;… ses pépins sont bruns, larges, bien nourris. Cette poire mûrit en août ; elle devient plus grosse lorsque le poirier est greffé sur coignassier que lorsqu’il est greffé sur franc.

57.Épine Rose, Poire de Rose. Pyrus fructu magno, subrotundo, compresso, partim è viridi flavescente, partim dilutè roseo, œstivo

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est gros, peu alongé, très-coudé à chaque nœud, brun-rougeâtre, tirant sur le violet foncé, fort tiqueté de très-petits points d’un gris clair ;… son bouton est plat, très-large par la baie, presqu’appliqué sur la branche, attaché à de gros supports.

Sa feuille est grande, très-large vers le pétiole qui est gros ; elle est plate, à peine apperçoit-on quelques dentelures irrégulières, très-peu profondes, & éloignées l’une de l’autre sur les bords.

La fleur a des pétales ovales & très-plats.

Son fruit est gros, rond, aplati de la tête à la queue ; sa forme approche de celle la crasanne, aplatie par la tête où il y a un enfoncement peu considérable dans lequel est l’œil qui est assez gros ; la queue de couleur de bois, ordinairement recourbée, est aussi placée dans un enfoncement ;… sa peau est d’un vert jaunâtre, tiquetée & marquée de brun ; du côté du soleil elle est lavée de rouge fauve ;… sa chair est blanche, tendre, demi-fondante ;… son eau est musquée & sucrée, de même goût que celle de la poire d’ognonet ; & c’est la plus grande ressemblance qu’il y ait entre le poirier d’épine rose & celui d’ognonet, quoique plusieurs auteurs les comparent aussi pour le bois, les feuilles & la forme du fruit ;… ses pépins sont noirs & souvent avortés ; il mûrit dans les 15 premiers jours d’août. Quelques jardiniers la nomment caillot-rosat, mais celle-ci est une autre poire qui mûrit à la fin de septembre ; elle est belle, & seroit plus estimable si elle ne mollissoit promptement & si son eau n’étoit ordinairement relevée d’un peu trop d’acide. Un auteur donne le nom de poire rose à trois poires qui en sont fort différentes, la poire d’eau rose, la tulipée & la poire de Malthe.

58. Double-Fleur. Pyrus flore semipleno, fructu magno, turbinato-compresso, glabro, partim viridi, partim intensè rubro, brumali.

Double-fleur Panachée. Pyrus flore semi-pleno, fructu magno, rotundo compresso, viridibus & flavis tamis, & maculis rubris distincto, brumali. (Voyez Planche XI, page 99.)

Le poirier de double fleur & sa variété panachée sont très-vigoureux & se greffent sur franc & sur coignassier ;… les bourgeons sont gros, forts, d’un vert-jaune du côté de l’ombre, rougeâtre du côté du soleil ; ceux de la double fleur panachée sont rayés de rougeâtre, de brun & de jaune ;… les boutons sont grands & aplatis.

Les feuilles très-grandes, plates, très-larges du côté de la queue, vont en s’étrécissant vers la pointe qui est très-aiguë ; elles sont épaisses, étoffées, dentelées irrégulièrement & très-peu profondément ; leurs pétioles sont gros & longs.

Les fleurs sont grandes, belles, très-ouvertes. Elles ont de dix à quinze pétales, dont quatre ou cinq intérieurs sont beaucoup moindres que les autres, longs, étroits, chiffonnés sur les bords.

Les grands sont presque ronds, creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont gros, d’un pourpre clair, mêlé de blanc.

Le fruit est gros, rond, aplati. Le côté de la tête est aplati & l’œil y est placé dans un enfoncement large & uni. La queue est plantée dans une cavité très-étroite. Le fruit de la double fleur non panachée est plus alongé vers la queue ; son diamètre est presque égal à sa hauteur, & il ressemble assez à celui d’une bergamote ; celui de la double fleur panachée est plus arrondi du côté de la queue ; son diamètre excède sa hauteur, & sa forme approche de celle de l’orange d’hiver ;… la peau est verte, jaune en mûrissant ; rouge du côté du soleil, lissée, tiquetée de quelques points & taches grises ; la peau de la double fleur panachée est rayée de vert & de jaune, fouettée de quelques gros points rouges du côté du soleil ii tiquetée de points & petites taches grises ;… la chair est sans pierres, elle prend beaucoup de couleur au feu ;… son eau est abondante ;… ses pépins sont larges, plats, d’un brun-foncé :… sa maturité est en février, mars & avril : elle est très bonne cuite en compote, c’est son seul usage.

59. Bezy de Caissoy ou Roussette d’Anjou. Pyrus fructu parvo subrotundo, viridi, maculis, subfuscato, autumnali. (Voyez Planche IX, page 98.)

L’arbre veut être planté dans une bonne terre, franche, un peu forte. Il ne se greffe point sur coignassier, & même, greffé sur franc, il est très délicat & peu vigoureux dans les terrains légers ;… ses bourgeons sont menus, longs, très-garnis d’yeux, droits, d’un brun clair, farineux, très-peu tiquetés ;… ses boutons sont gros par rapport aux bourgeons, un peu aplatis, écartés de la branche ; leurs supports sont gros, renflés au-dessus & au-dessous de l’œil.

Ses feuilles sont petites, rondes, dentelées régulièrement & assez profondément, quelquefois farineuses.

La fleur a des pétales ovales creusés en cuilleron. Les sommets des étamines sont d’un pourpre très-foncé.

Le fruit est petit, rond, un peu aplati par la tête. L’œil qui est petit est très-peu enfonce ; la queue est droite & plantée dans une cavité profonde & large relativement à la petitesse du fruit ; les fruits sont abondans & viennent par bouquets ;… la peau est verte, & à la maturité du fruit elle jaunit ; mais elle est tellement çouverte de taches brunes qu’on voit peu sa couleur ;… la chair est tendre & beurrée ;… l’eau en est très-bonne & tient beaucoup de celle de la crasanne, dont elle n’a pas l’âpreté. Lorsque le poirier languit dans un terrain qui lui est contraire, l’eau en est insipide, & d’un goût peu agréable. ;… les pépins sont petits, noirs & souvent avortés : ce fruit mûrit en novembre. Cette poire est très-estimée en Bretagne où ce poirier se plaît. Il y a été trouvé dans la forêt de Caissoy.

On cultive encore en Bretagne une autre poire de roussette, qui est moins petite que la précédente. Son plus grand diamètre est vers la tête qui est un peu aplatie. L’œil y est placé à fleur du fruit, n’ayant autour qu’un très-petit enfoncement. Cette poire va en diminuant vers la queue qui est droite, implantée dans une cavité profonde & bordée de plis & de petites bosses.

Sa peau est unie, couleur de noisette, presque comme le messire-jean-doré, quelquefois un peu grise comme le messire-jean-gris ;… sa chair est très-blanche, un peu cassante, elle devient tendre dans la parfaite-maturité du fruit. Il y a quelques sables ou petites pierres autour des pépins… son eau est abondante, relevée d’un peu d’âcreté ou même d’amertume qu’elle perd dans l’extrême maturité, & alors elle est douce & sucrée ;… ses pépins sont bien nourris & gros relativement au fruit, ils sont placés vers l’œil & plus bas que dans aucune poire ; l’axe est creux dans toute la longueur des loges, & l’ombilic est ouvert très-avant dans le fruit :… cette poire mûrit en octobre, novembre & dans une partie de décembre. Elle participe un peu de la crasanne pour le goût, & : beaucoup du messire-jean pour la couleur de la peau, la couleur & l’odeur de la chair ; mais elle est inférieure à l’une & à l’autre.

60. Franc-réal. Pyrus fructu magno, acuto, subvirescente, maculis furfuraceis distincto, autumnali.

Cet arbre est vigoureux & fertile, il se greffe sur franc & sur coignassier ; le bourgeon est long, de grosseur médiocre, très-coudé à chaque œil, tiqueté, vert, jaunâtre, farineux ;… le bouton est plat, court, triangulaire, écarté de la branche, soutenu par un gros support, renflé au dessus & au dessous de l’œil.

La feuille est assez grande, large vers la queue, n’étrécit vers l’autre extrémité & se termine en pointe : elle est dentelée régulièrement, finement & peu profondément, farineuse, repliée en dessous par la pointe & quelquefois par les bords ; les feuilles des branches à fruit ont la queue plus longue que les autres & sont unies par les bords.

La fleur a des pétales ovales & plats ; les sommets des étamines sont d’un pourpre foncé.

Le fruit est gros, de hauteur & de diamètre égaux ; la partie la plus renflée est au milieu de sa hauteur. Il va en diminuant vers la tête où l’œil qui est petit est placé dans uns cavité peu profonde, il diminue davantage vers la queue qui est grosse, plantée presque à fleur du fruit. Cette poire n’est pas d’une forme agréable ;… la peau est verdâtre, tiquetée de points & de petites taches rousses ; elle devient jaunâtre lorsque le fruit est mûr ;… les pépins sont grands, plats, d’un brun-foncé. Cette poire est très-bonne cuite sous la cloche & en compote : elle mûrit en octobre & novembre.

61. Bequesne. Pyrus fructu magno, longo, incurvo, partim citrino, punira rubescente, brumali.

Ce poirier est grand & vigoureux, & se greffe mieux sur franc que sur coignassier ;… ses bourgeons sont comme ridés, rougeâtres, tiquetés de points gris-clair.

Ses feuilles sont de moyenne grandeur, minces, dentelées très-légèrement ; (quelques-unes ne le sont point du tout) quelquefois pliées en ondes ou sinuosités par les bords.

Son fruit est gros, long, assez bien fait, souvent un peu bossu d’un côté & comme voûté de l’autre ; son plus grand diamètre est vers la moitié de la hauteur, il diminue de grosseur vers les deux extrémités, & sur-tout vers la queue, où souvent il se termine en pointe assez aiguë pour être piriforme dans cette partie : il est ordinairement arrondi du côté de ra tête, où l’œil, qui est petit, est enfoncé dans une cavité assez large ; la queue est droite, plantée à fleur du fruit ;… sa peau prend une légère teinte de rouge du côté du soleil ; l’autre côté devient jaune-citron en mûrissant ; mais elle est presqu’entièrement couverte de points & de taches grises, sur-tout du côté du soleil ;… ses pépins sont longuets & noirs ;… sa chair est moelleuse & prend une belle couleur au feu ;… son eau est très-abondante & sans ácreté, un peu fade, lorsque le fruit est très-mûr ;… sa maturité est depuis le mois d’octobre jusqu’en février.

62. Épine-d’été ou Fondante-musquée. Pyrus fructu medio, pyriformi-longo, viridi, versùs pediculum flavescente, œstivo. (V. Pl. XII, p. 103.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est long, médiocrement gros, un peu coudé à chaque nœud, tiqueté de pointes blanchâtres, vert-clair du côté de l’arbre, légèrement teint de roussâtre du côté du soleil ;… le bouton est petit, aplati, triangulaire, couché sur la branche ; son support est assez saillant.

La feuille est alongée, presque plate & grande ; la dentelure est grande, peu profonde.

La fleur a des pétales arrondis, un peu elliptiques à l’extrémité, creusés en cuilleron.

Le fruit est de grosseur moyenne, de la forme d’une poire très-alongée, arrondi du côté de la tête ; l’œil est assez gros, & placé presqu’à fleur du fruit, l’autre côté se termine en pointe ; la queue est plantée sans enfoncement ;… la peau est fine, unie, lisse, comme grasse au toucher, de couleur vert de pré du côté de l’œil, & vert jaunâtre du côté de la queue ;… la chais est fondante, assez fine, quelquefois un peu pâteuse ; l’eau est d’un goût très-relevé ;… les pépins sont noirs & bien nourris ;… sa maturité est au commencement de septembre : c’est une bonne poire.

63. Poire-figue. Pyrus fructu medio, pyrisformi-longiori, glabro, obscurè viridi, œstivo.

Elle ressemble beaucoup à la précédente, elle est de moyenne grosseur, pyriforme, très-alongée ; sa tête est arrondie & un peu renflée, & l’œil qui n’est pas gros, est placé dans une cavité peu profonde : l’autre côté s’alonge en diminuant de grosseur ; la queue brune, grosse, bossue, longue d’un pouce, est comme une prolongation du fruit. Le côté de la tête n’est arrondi que suivant sa longueur, & non pas suivant le diamètre, car cette poire, vue du côté de l’œil, parpît comme triangulaire.

Sa peau est assez unie & d’un vert-brun, même au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, fondante, assez fine ;… son eau est douce, sucrée & assez ressemblante à celle de l’épargne ; ses pépins sont longs & noirs ;… sa maturité est au commencement de septembre.

64. Épine-d’hiver. Pyrus fructu magno, longo, glabro, è viridï albescente, autumnali. (Voyez Planche X, page 98.) La culture de ce poirier exige quelqu’attention : dans les terrains secs il veut être greffé sur franc, & dans les terrains humides, sur coignassier. Si la sécheresse ni l’humidité ne régnent point dans le terrain, & que cet arbre s’élève bien sur coignassier, il faut le greffer sur coignassier, le fruit en sera meilleur. Il veut une bonne exposition, le plein-vent lui convient assez lorsqu’il est greffé sur franc, & planté dans une terre humide.

Les bourgeons sont d’une force & d’une longueur médiocres ; ils sont un peu coudés à chaque œil, & tiquetés de petits points blanchâtres ;… les boutons sont aplatis, triangulaires, couchés sur la branche, attachés à des supports très-peu saillans,

Les feuilles ont à peu près la même forme & les mêmes dentelures que celles de l’épine-d’été. Lorsque l’arbre est greffé sur coignassier, elles sont beaucoup plus petites, un peu froncées sur les bords ; les nervures sont presqu’aussi relevées dessus que dessous les feuilles.

La fleur a des pétales longs, aigus aux deux extrémités, chiffonnés & repliés en dedans.

Le fruit est de grosseur moyenne, alongé : il est quelquefois plus gros, quelquefois moindre, suivant le terrain où le poirier est planté, & le sujet sur lequel il est greffé : du côté de la tête il est très-peu aplati, & l’œil est placé presqu’à fleur du fruit ; le côté de la queue va en diminuant de grosseur, & se termine en pointe obtuse ; la queue est assez grosse, un peu charnue à sa naissance ; elle est quelquefois plantée à fleur du fruit, quelquefois entre plusieurs plis & petites bosses qui forment comme un enfoncement à l’endroit de son insertion ; souvent une rainure peu profonde, mais bien sensible, s’étend depuis la naissance de la queue jusqu’à l’œil, ou sur la plus grande partie de la longueur du fruit ; la poire est de forme presque elliptique, terminée en pointe du côté de la queue, dont la naissance charnue est comme une extension du fruit.

La peau est unie, comme satinée ; d’un vert-blanchâtre qui jaunit très-peu lors de la maturité du fruit. Si l’arbre est planté dans un terrain humide ou froid, ou d’une mauvaise exposition, la peau du fruit demeure très-verte, & ne jaunit point ; alors c’est une mauvaise poire ;… d’ailleurs sa chair est fondante, délicate, d’un beurré très-fin ; l’eau est douce, musquée, & d’un goût très-agréable ;… les pépins sont très-longs, bien nourris, d’un brun-clair ;… cette poire mûrit en novembre, & se conserve quelquefois jusqu’à la fin de janvier. RaTement elle est musquée, mais lorsqu’elle est bien conditionnée, c’est un fort bon fruit.

65. Ambrette. Pyrus fructu medio, fubovato, albido, autumnali. (Voyez Planche IX, page 98.)

L’arbre a le bois épineux ; il se greffe sur franc, & mieux sur coignassier ; il veut un terrain sec & chaud, & une bonne exposition, le plein-vent & la haute tige, plutôt que l’espalier & le buisson. Les années pluvieuses, humides, froides, rendent son fruit beaucoup moins estimable ; ainsi sa culture demande les mêmes précautions que le précédent.

Ses bourgeons sont courts, d’un vert gris-clair du côté de l’ombre, gris-de-lin du côté du soleil, droits, bien arrondis ;… ses boutons sont gros, arrondis, très-aigus, écartés de la branche, soutenus par des supports peu saillans.

Ses feuilles sont de grandeur médiocre, sans dentelures ; elles se plient en gouttière, & l’arête se replie en arc en dessous.

La fleur a des pétales ovales, creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont d’un pourpre clair mêlé de blanc.

Son fruit est de moyenne grosseur, d’une forme agréable, arrondi, diminuant un peu vers la queue qui est grosse, plantée dans un très-petit enfoncement, dont les bords sont relevés de quelques petites bosses ; la tête est bien arrondie, & l’œil y est placé dans une cavité peu profonde, bordée de quelques petites bosses ;… sa peau est blanchâtre dans les terres légères, & grise dans les terres fortes ou humides ;… sa chair est un peu verdâtre, fine, fondante ;… son eau est sucrée, relevée, excellente dans les années & les terrains favorables à ce fruit ;… ses pépins sont noirs & leurs loges assez larges :… sa maturité a lieu en novembre, décembre, janvier & février.

66. Echasseri ou Bezi-de-chasseri. Pyrus fructu medio, ovato, subflavescente, autumnali. ( Vpyez Planche XII, page 103.)

Cet arbre est beau, fécond, se met promptement à fruit qu’il porte par bouquets : il se greffe sur franc & sur coignassier ; une terre douce & légère lui convient mieux, & rend son fruit beaucoup meilleur que les terres fortes & humides ou froides.

Les bourgeons sont très-menus, coudés à chaque nœud, très-tiquetés, gris d’un côté & d’un gris-vert de l’autre ;… les boutons sont médiocrement gros, longuets, pointus, écartés de la branche, soutenus par des supports petits & très-peu saillans.

Les feuilles sont longues, étroites, un peu pliées en gouttière, dentelées très-peu profondément & grossièrement.

La fleur a des pétales alongés, terminés en pointe froncée, peu creusés en cuilleron.

Le fruit de moyenne grosseur, rond-ovale, diminué vers la queue, assez ressemblant à l’ambrette ; quelquefois de la forme d’un citron ; quelquefois son diamètre & sa hauteur sont presqu’égaux ; le côté de la tête est très-arrondi ; l’œil y est placé à fleur du fruit ; la queue est grosse, plantée dans une cavité ordinairement bordée de quelques bosses ;… la peau est blanchâtre, plus claire que celle de l’ambrette ;… elle devient jaunâtre lors de la maturité du fruit ; sa chair est beurrée fondante & fine ;… l’eau est sucrée, musquée, d’un goût très-agréable ;… ses pépins sont bruns :… sa maturité est en novembre, décembre & janvier. C’est un fruit excellent lorsqu’il est bien conditionné.

67. Merveille d’hiver ou Petit Pin. Pyrus fructu medio fubovato, scabro, subviridi, autumnali Voyez Planche XII, page 103.)

Ce poirier est un bel arbre étant greffé sur franc, mais il réussit mal sur coignassier ;… le bourgeon est menu, long, peu coudé à chaque nœud, très-tiqueté de points gris ; vert ; la cime est un peu rousse du côté du soleil ;… le bouton est triangulaire, un peu aplati, peu pointu, écarté de la branche ; son support est peu élevé.

Les feuilles sont petites, froncées sur les bords qui ne sont pas unis, quoiqu’on n’y aperçoive pas de dentelures ; quelques-unes sont pliées en gouttière & la plupart en bateau ; les feuilles moyennes sont presqu’ovales, diminuant presqu’également de largeur par les deux extrémités.

La fleur a des pétales assez étroits, aigus aux deux extrémités ; le fruit est de moyenne grosseur, d’une ferme peu constante, tantôt ressemblant aux deux précédens, tantôt approchant d’une bergamote ; ordinairement il est assez arrondi. Le côté de la tête est rond & l’œil, qui est grand, est placé à fleur du fruit ;… la peau un peu rude & souvent parsemée de petites bosses, est verdâtre ; elle tire un peu sur le jaune au temps de la maturité du fruit ;… la chair est d’un beurré très-fin, fondante, sans pierres & sans marc ;… l’eau est sucrée, musquée d’un goût très-agréable :… sa maturité a lieu en novembre. Pour que cette poire soit excellente, il faut que le poirier soit planté dans un terrain qui ne soit ni froid, ni humide, ni dans une mauvaise exposition.

68. Sucré vert. Pyrus fructu medio, glabro, viridi, autumnali. (Voyez Planche XII, page 103).

Ce poirier est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ; il est très-fertile & porte ses fruits, par bouquets.

Ses bourgeons sont gros, un peu coudés à chaque nœud, tiquetés, d’un rouge-brun foncé, verts au dessous des supports ; quelquefois ils sont gris lorsque cet arbre est greffé sur franc ;… ses boutons sont triangulaires, petits & plats.

Ses feuilles sont très-grandes, alongées, pliées en gouttière ; la» grosse nervure fait un arc en dessous ; les bords ont quelques dents peu : apparentes..

La fleur est belle, elle a des pétales presque ronds, peu creusés en cuilleron ; les sommets des étamines, sont d’un rouge vif.

Le fruit est de moyenne grosseur, oblong, un peu cylindrique ; quelquefois son diamètre est presqu’égal à sa hauteur. Le côté de l’œil est très-peu aplati, & l’œil est placé dans un enfoncement très-peu profond. Le côté de la queue diminue peu de grosseur. La queue est assez grosse & plantée dans "une cavité, bordée de quelques plis, souvent elle est presque à fleur du fruit.

La peau est lisse & toujours verte ;… la chair est très-beurrée : elle a ordinairement quelques pierres auprès des pépins ; l’eau est très-sucrée & d’un goût agréable ; sa maturité est vers la fin d’octobre.

69. Poire de Prêtre. Pyrus fructu magno, ad mali formam accedente, ad viridi cinereo, brumali.

Cette poire est grosse, presque ronde, un peu aplatie vers la tête & du côté de la queue, d’une forme approchant de celle d’une pomme. L’œil est placé dans une cavité large & peu profonde. La queue bien nourrie est reçue dans une cavité plus grande ;… la peau est assez fine, presque de la même couleur que le messire-jean gris, & tiquetée de gris blanc ;… la chair est blanche, demi-cassante, & assez fine ; elle a quelques pierres auprès des pépins ;… l’eau a un petit goût aigrelet qui n’est pas désagréable ;… les pépins sont bruns, bien nourris, peu alongés, leurs loges sont grandes.

Sa maturité a lieu en février ; & cette poire a quelque mérite dans cette saison.

70. Poire à Gobert. Pyrus fructu magno, turbinato, partim viridi, partim rubro, maximè serotino.

C’est un gros fruit de la forme d’une toupie. L’œil qui n’est pas gros est placé dans une cavité peu profonde ; la queue est assez grosse, médiocrement longue, plantée à fleur du fruit ;… sa peau, frappée de rouge du côté du soleil, verte du côté de l’ombre, jaunit en mûrissant ;… sa chair est très-blanche, demi-cassante, musquée ;… ses pépins sont ordinairement avortés & leurs loges sont petites ;… cette poire se garde jusqu’au mois de juin, & c’est un mérite.

71. Royale d’hiver. Pyrus fructu magno, pyriformi, glabro, partim citrino, partim suavè rubente, brumali. (Planche XIII, pag. 107.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier :… lorsqu’il est greffé sur coignassier, la greffe à l’endroit de son insertion fait un gros bourrelet qui recouvre le sujet trop foible pour un arbre aussi vigoureux.

Le bourgeon est gros, droit, vert-jaune du côté de l’ombre, gris de lin du côté du soleil, semé de gros points ; sur coignassier il est ordinairement rougeâtre ;… le bouton est gros, arrondi, long, très-aigu, rouge-brun foncé, très-écarté de la branche ; les supports sont gros à la cime du bourgeon, plats dans le reste,

La feuille est large & belle, terminée en pointe, plus étroite à la queue qu’à l’autre extrémité, pliée en bateau : la dentelure des bords est très-fine, très-aiguë, très-peu profonde.

La fleur a des pétales larges, diminuant de largeur vers l’extrémité, creusés en cuilleron.

Le fruit est ordinairement gros, souvent très-gros, pyriforme, très renflé du côté de la tête où il y a une grande cavité au fond de laquelle est placé l’œil qui est ordinairement petit ; il conserve assez de grosseur, & ne se termine pas en pointe aiguë du côté de la queue qui est brune, souvent recourbée, plus grosse à son extrémité qu’à sa naissance.

La peau est unie, fine, d’un beau rouge du côté du soleil, jaune du côte de l’ombre lorsque le fruit est mûr, quelquefois tiquetée de points bruns sur le rouge, & fauves sur le jaune… la chair est demi-beurrée, fondante, très-fine, sans pierres, un peu jaunâtre ;… l’eau est très-sucrée dans les terrains secs & chauds ;… les pépins sont ordinairement très-petits & avortés ;… cette poire mûrit en décembre, janvier & février. Elle est meilleure en plein vent qu’en espalier.

72. Muscat Alleman. Pyrus fructu magno, pyriforrni, partim cinereo, partim subro, serotino. (Planche XIII, pag. 107.)

Ce poirier a beaucoup de ressemblance avec le précédent. Il est vigoureux & se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont longs, de moyenne grosseur, assez droits, d’un vert jaune du côté de l’ombre, d’un brun clair du côté du soleil, tiquetés de petits points ; ils sont ordinairement rougeâtres lorsque l’arbre est greffé sur coignassier ;… ses boutons sont longs, gros, arrondis, pointus, très-écartés de la branche ; leurs supports sont saillans.

Ses feuilles sont grandes, rondes ; vers la pointe de la feuille l’arête se replie en dessous ; la dentelure des bords est très-aiguë, très-peu profonde, à peine sensible, excepté vers la pointe de la feuille.

La fleur est grande ; les pétales sont larges, creusés en cuilleron, froncés sur les bords.

Son fruit ressemble beaucoup à la royale d’hiver, il est moins gros, ordinairement un peu plus renflé du côté de la tête. L’œil est très-petit, placé dans une cavité peu profonde ; cette poire est plus pyriforme que la royale d’hiver ; sa peau est grise du côté de l’ombre & rouge du côté du soleil ;… sa chair est beurrée, fondante, un peu jaunâtre ;… son eau est musquée & plus relevée que celle de la royale ;… ses pépins sont bruns, longs & nourris ;… cette poire mûrit en mars & avril ; elle se conserve quelquefois jusqu’en mai, ainsi elle est beaucoup plus tardive que la royale d’hiver avec laquelle plusieurs jardiniers la confondent.

73. Verte Longue ou Mouille-Bouche. Pyrus fructu magno, longo, viridi, autumnali.

Ce poirier est très-fécond ; il se greffe sur franc & sur coignassier, mieux sur franc, il veut un terrain chaud & léger ;… son bourgeon est de grosseur & de longueur médiocres, coudé à chaque œil, verdâtre du côté de l’ombre ; le côté du soleil est rougeâtre, recouvert d’un fin épiderme de couleur gris de perle ; son bouton est gros, arrondi, assez long, pointu, écarté de la branche, soutenu par un gros support.

Sa feuille est presque ronde ; la dentelure des bords est grande & peu profonde ; les feuilles moyennes sont alongées, dentelées plus finement & très-légèrement.

La fleur bien ouverte a des pétales plats, arrondis ; les sommets des étamines sont gros ; les échancrures du calice sont très-longues & étroites. Beaucoup de fleurs sont à sept pétales.

Le fruit est gros, long, quelquefois pyriforme, quelquefois en toupie ; la partie la plus renflée est vers le milieu de sa longueur ; il diminue quelquefois du côte de la tête où l’œil est placé au milieu d’un petit enfoncement ; il diminue bien davantage du côté de la queue qui est menue & plantée à fleur du fruit, & qui se termine irrégulièrement en jointe obtuse ;… sa peau est verse ; même au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est très-fondante, fine, délicate, blanche, sans pierres, mais elle mollit promptement ;… son eau est abondante, douce, sucrée & d’un parfum très-agréable ;… ses pépins sont noirs, longs & bien nourris ;… sa maturité a lieu au commencement d’octobre ;… sa queue est peu adhérente à la branche, & le moindre vent l’en détache facilement.

74. Verte longue panachée ou Suisse. Pyrus fructu magno longo, viridi, tœniis luteis virgato, autumnali (Voyez Pl. XIII, p. 107.)

La verte longue panachée est une variété de la précédente & ordinairement moins grosse ;… ses bourgeons sont rayés de vert & de jaune ;… lorsque le poirier est greffé sur coignassier ou planté dans un terrain trop sec, il est assez ordinaire d’y trouver quelques feuilles panachées ;… la peau de cette poire est rayée de jaune & de vert dans sa longueur, & tiquetée de brun ou de vert foncé ; quelquefois les raies jaunes sont légèrement lavées de rouge du côté du soleil ;… dans tout le reste, elle ne diffère point de la verte-longue commune. Cette poire n’est connue que depuis environ quatre-vingt-dix ans : Merlet dit l’avoir découverte, & fait connoître le premier.

75. Beurré. Pyrus fructu maximo, ovoidali-acuto, cinereo, aut viridi, aut rubente autumnali. (V. Pl. XIV. 109.)

Ce poirier très-fertile, s’accommode de tous les terrains, de toutes les formes & presque de toutes les expositions. Il se greffe sur franc & sur coignassier ;… les bourgeons sont gros, coudes à chaque nœud, tiquetés, de très-petits points ; d’un rouge-brun clair du côté du soleil, couverts d’un épiderme gris du côté de l’ombre ;… les boutons sont gros à la base, peu alongés, écartés de la branche, soutenus par de gros supports.

Les feuilles sont grandes, alongées, larges & arrondies vers la queue, dentelées irrégulièrement & très-peu profondément ; l’arête se plie en arc en dessous.

Les pétales de la fleur se rétrécissent beaucoup vers le calice, il y a beaucoup de fleurs à six ou sept pétales.

Le fruit est ; très-gros, de forme elliptique ou ovoïde, alongée & pointue ; il diminue uniformément & insensiblement vers la queue où il se termine en pointe. La queue un peu charnue à sa naissance grosse à l’autre extrémité, s’implante à fleur du fruit ; la tête est arrondie en diminuant de grosseur ; l’œil y est enfoncé dans une cavité unie & évasée ;… la peau est fine, unie, verte ou grise, ou frappée de rouge du côté du soleil. Cette différence de couleur ne fait pas trois variétés de beurré comme on le croit communément ; le vert, le gris, le rouge ou d’amboise ou d’isambert, sont un seul & même beurré dont la couleur varie suivant se terrain, la culture, le sujet, &c. Les arbres jeunes & vigoureux, & ceux qui sont greffés sur franc, donnent ordinairement leurs fruits gris ; les arbres greffés sur coignassier & d’une vigueur médiocre, en produisent de verts ; ceux qui sont languissans ou plantés dans un terrain trop sec en produisent de rouges. Quelquefois un même arbre en produit de ces trois couleurs, ayant des* branches de différens degrés de force ou de longueur, propres à produire cette différence dans la couleur du fruit.

La chair est très-fine, délicate, fondante & très-beurrée, sans devenir jamais pâteuse ;… l’eau est très-abondante, sucrée, relevée d’un goût aigre fin très-délicat ;… les pépins sont bruns, petits & très-pointus ;… sa maturité a lieu vers la fin de septembre. Quelques-uns regardent cette poire comme la plus excellente de toutes.

76. Angleterre ou beurré D’Angleterre. Pyrus fructu medio, ovoïdali-acuto longo, è cinereo viridi, œstivo. (Voyez Planche XIV, page 109.)

Ce poirier ne se greffe que sur franc : il manque rarement de donner du fruit ;… le bourgeon est long, droit, vert-gris, teint légèrement de quelques traits rougeâtres du côté du soleil, semé de très-petits points ;… le bouton est assez gros, court & arrondi, obtus, très-écarté de la branche, son support est gros, très renflé au-dessus & au-dessous de l’œil.

La feuille est de moyenne grandeur ; l’arête se plie en dessous ; la dentelure des bords est grande, très-peu profonde ; elle est plus fine dans les feuilles moyennes.

La fleur a des pétales beaucoup plus larges vers le calice que vers l’autre extrémité. Les sommets des étamines sont d’un pourpre clair.

Le fruit est de moyenne grosseur, il est de forme ovoïde alongée, pointu vers la queue qui est grosse, plantée à fleur du fruit ; l’œil est aussi à fleur du fruit : cette poire ressemble par sa forme à la précédente ;… sa peau est unie, d’un gris vert tiqueté de roux ;… la chair est tendre, demi-beurrée, fondante, mais elle mollit promptement ; l’eau en est abondante, relevée d’un goût agréable ; cette poire mûrit en septembre ; elle est estimée dans les années où les bonnes poires de la saison masquent.

77. Angleterre d’hiver. Pyrus fructu medio, pyriforme-longo, citrino, maculis, flavis super sparsis, brumali.

L’Angleterre d’hiver est une poire de moyenne grosseur, pyriforme alongée ; elle est très-arrondie par la tête, où l’œil bien ouvert est placé au milieu d’un aplatissement ou enfoncement évasé, uni, très-peu creusé ; l’autre extrémité s’alonge régulièrement (quelquefois faisant un peu la calebasse) en une pointe très-peu tronquée, dans laquelle s’implante obliquement la queue assez grosse à son extrémité ; la peau est unie, d’un jaune citron, tavelée & presque toute recouverte de jaune couleur de bois ;… la chair est très-blanche, très-beurrée, sans marc, sans pierres ; dès que le point de sa maturité est passé, elle devient un peu pâteuse, & ne tarde pas à mollir ;… l’eau en est peu abondante, peu relevée, mais fort douce & agréable ;… les pépins sont d’un brun foncé, peu nourris, longuets, très-pointus ;… les loges sont étroites & l’axe du fruit très creux ;… sa maturité est en décembre, janvier & février.

77. Bezi de Chaumontel ou Beurré d’hiver. Pyrus fructu magno, fubovóidali, hinc citrino, inde pulchri rubro, brumali. (Planche XIV page 109.)

L’arbre se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont petits, menus, maigres, cannelés & comme ridés, coudés à chaque nœud, rougeâtres, clairs du côté du soleil ; couverts d’un fin épiderme gris de perle du côté de l’ombre, très-peu tiquetés ;… ses boutons sont gros, à la base, longs, très-pointus, les supports sont gros, larges & ridés.

Les feuilles sont petites, dentelées régulièrement & assez profondément sur les bords qui forment des ondes ou plis sinueux. L’arête se replie par dessous en arc, & fait faire à la feuille un grand point à la pointe & souvent à la queue.

La fleur a ses pétales de la forme d’une raquette, beaucoup plus longs que larges, un peu creusés en cuilleron, & chiffonnés à l’extrémité.

Son fruit est gros, variant beaucoup dans sa forme & son volume ; l’œil est placé dans une cavité profonde, en entonnoir souvent aplati ou ovale, bordé de bosses qui s’étendent ordinairement jusqu’à la partie la plus renflée du fruit & y forment des côtes qui font paroître la forme du fruit comme anguleuse depuis son plus grand diamètre qui est un peu plus près de l’œil que de la queue ; il diminue considérablement vers la queue, tantôt uniformément, tantôt inégalement, & se termine quelquefois en pointe aiguë, quelquefois en pointe très-obtuse, de sorte que les uns sont pyriformes & les autres imitent un peu la calebasse ; le plus grand nombre est d’une forme indéterminée. La queue est grosse à son extrémité, courte, tantôt plantée à fleur du fruit, tantôt dans une petite cavité bordée de petites bosses, tantôt entre deux ou trois bosses sans cavité.

La couleur de la peau varie aussi dans les terres légères lorsque l’arbre est greffé sur coignassier, elle est jaune-citron du côté de l’ombre & d’un beau rouge vif du côté du soleil ; quelquefois elle est jaunâtre, tavelée de gris sans aucun rouge ; dans les terres franches & substancieuses elle est de même couleur que la crasanne,

La chair est demi-beurrée, fondante, très-bonne ; elle a souvent quelques pierres très-petites ; dans les terres franches & substancieuses, elle est très-fondante ;… l’eau en est sucrée, relevée, excellente ;… les pépins sont bruns, les uns larges & plats, les autres petits & très-arrondis, la plupart avortés ;… sa maturité varie. Ordinairement cette poire se conserve jusqu’à la fin de février : cet arbre est venu de pépin à Chaumontel d’où il a pris son nom.

79. Orange Tulipée ou Poire aux mouches. Pyrus fructu magno, ovoïdali, partim viridi, partim obscurè rubro, tœniolis dilutiùs rubris virgato, œstivo. (Planche XIV, page 109.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ; ses bourgeons sont courts, très-gros, coudés à chaque œil, d’un violet très-foncé, ou brun-vineux ;… ses boutons sont gros, peu alongés pointus, peu écartés de la branche ; leurs supports sont très-gros.

Feuilles ; de médiocre grandeur, presqu’ovales, dentelées finement, imperceptiblement & peu régulièrement, L’arête se pliant en arc en dessous, fait plier en gouttière quelquefois toute la feuille, quelquefois sa pointe seulement.

Fleur ; grande, bien ouverte, à pétales presque ronds ; les sommets des étamines sont très-gros & de couleur pourpre-clair.

Fruit ; gros, d’une forme ovale, terminé en pointe vers la queue, ressemblant au beurré ou au doyenné, suivant que sa hauteur excède plus ou moins son diamètre. La queue qui est grosse & courte, est plantée dans un enfoncement bordé de quelques bosses beaucoup moindres que dans le doyenné ; l’œil est placé au sommet d’une cavité assez large & profonde ;… sa peau est verte du côté de l’ombre, d’un rouge-brun du côté du soleil ; entre le vert & le rouge-brun, on apperçoit des raies ou panaches rouges ; par-tout elle est tiquetée & marbrée de gris, ce qui la rend un peu rude ;… sa chair est demi-cassante, assez fine, succulente ; son eau est d’un goût assez agréable, quoiqu’elle soit quelquefois un peu âcre ; ses pépins sont longs & menus ;… sa maturité est au commencement de septembre.

80. Bellissime d’été ou suprême. Pyrus fructu magno, ferè pyriformi, hinc pulchrè & sature rubro, indè citrino tœniolis rubellis virgato, œstivo. (Planche XIII, page 107.)

L’arbre est vigoureux, se greffe sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est court, assez droit, brun, rougeâtre, tirant sur le violet foncé, semé de petits points presque imperceptibles ;… son bouton est plat, triangulaire, très-peu écarté de la branche ; le support est plat.

La feuille est grande, belle ; l’arête se replie un peu en dessous sur-tout à la pointe ; à peine la dentelure est sensible, elle est fine sur quelques feuilles, très-écartée sur d’autres.

La fleur est composée de pétales longs &c étroits, plus larges près de l’onglet qu’à l’autre extrémité.

Le fruit est petit ; la tête est bien arrondie ; l’œil est assez grand & placé à fleur du fruit ou au milieu d’un aplatissement plutôt que d’un enfoncement. L’autre extrémité diminue beaucoup de grosseur sans se terminer en pointe aiguë, de sorte que cette poire est presque pyriforme. La queue est grosse, rouge du côté du soleil, jaune ou d’un vert très-clair du côté de l’ombre, plantée un peu obliquement & presqu’à fleur du fruit ;… la peau est lisse, brillante, d’un très-beau-rouge foncé du côté du soleil. Le côté opposé est d’un vert-clair & devient jaune-citron au temps de sa maturité, fouetté de rouge-pâle. Toute la couleur rouge est parsemée de petits points jaunes ; elle s’éclaircit en s’approchant du côté du jaune, & forme de petites raies ou bandes. À peine y a t-il un quart de la peau qui soit jaune ; tout le reste est rouge ;… la chair est demi-beurrée, sujette à devenir cotonneuse & à mollir promptement ;… l’eau en est douce, d’un goût assez agréable, quoique peu relevé ;… les pépins sont noirs & souvent avortés ;… cette poire mûrit en juillet, & c’est une des plus belles de cette saison. Il faut la cueillir avant sa maturité.

81. Doyenné ou Beurré Blanc ou Saint Michel. Pyrus fructu magno, oblongo, citrino, autumnali (Pl. XV, p. 112.) Arbre vigoureux, très-fertile, qui se greffe sur franc. & sur coignassier ;… le bourgeon est gros & fort, coudé à chaque nœud, gris-clair sur franc ; rouge sur coignassier, & quelques endroits sont verts au-dessous des yeux ; tiqueté ;… le bouton est arrondi, gros à sa base, court, pointu, très-écarté de la branche ; son support est très-gros & renflé.

Feuilles ; grandes & belles, dentelées régulièrement & très-peu profondément, (les moyennes sont dentelées finement) ; elles se replient en dessous.

La fleur a des pétales longuets & creusés en cuilleron.

Le fruit est très-gros, sa forme est presque ronde ; l’œil est petit, placé dans une cavité peu large & peu profonde ; la queue est très-grosse, plantée au fond d’une cavité étroite, souvent bordée de bosses & de plis assez profonds : quelquefois cette poire prend une forme un peu alongée. Sa partie la plus renflée est vers la tête, à un tiers de sa longueur, les deux autres tiers vont en diminuant vers la queue, de sorte que cette extrémité n’a que quatorze à quinze lignes de diamètre ; la peau qui est verdâtre, devient jaune-citron en mûrissant : elle prend en espalier, un rouge-vif du côté du soleil ;… la chair est très-beurrée, très-bonne dans les années sèches, & lorsqu’elle n’est point devenue cotonneuse par excès de maturité ;… l’eau en est très sucrée & douce, quelquefois relevée de beaucoup de fumet ;… les pépins sont les uns larges, & les autres longs : cette poire mûrit en octobre.

82. Bezi de la Motte. Pyrus fructu magnoy rotundo-turbinato, spisiùs viridi, non-nihi, flavescente, autumnali. (V. Planche X. page, 98.)

Ce poirier a le bois épineux ; il se presse sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est médiocrement fort, très-tiqueté, coudé à chaque œil, tirant un peu sur le vert du côté de l’ombre, gris, très-légèrement teint de rougeâtre du côté du soleil ;… le bouton est court, presque plat, triangulaire, peu écarté de la branche ; son support est peu saillant.

Les feuilles sont longues & étroites, terminées en pointe très-aiguë. Dans les unes l’arête se plie en arc en dessous & dans les autres, les bords se froncent en sinuosités ; la dentelure est assez fine & très-peu profonde ; les petites feuilles ressemblent à celles du saule.

Les pétales de la fleur sont longs & creusés en cuilleron ; le fruit est gros, très-renflé du côté de la tête ; & si l’autre extrémité, qui diminue considérablement de grosseur, se terminoit en pointe, sa forme seroit celle d’une toupie ; souvent il ressemble beaucoup à la crasane. L’œil est-placé dans une cavité unie & peu profonde ; la queue grosse, droite, est plantée dans un enfoncement dont les bords sont presque unis : quelquefois ce fruit est un peu alongé, plus gros du côté de la queue ; alors sa forme approche de celle du doyenné. Sur des arbres vigoureux, il n’est pas rare de recueillir des fruits qui ont trois pouces de diamètre sur trois pouces & demi de hauteur ; & ces grosses poires sont ordinairement de forme cucurbitacée du côté de la queue. L’autre extrémité s’alonge un peu, & l’œil y est placé à fleur d’une bosse ou élévation assez saillante.

La peau est d’un vert foncé, très tiquetée de fort petits points gris ; elle jaunit dans la maturité du fruit ; sa chair est très-blanche, fondante, sans pierres ; son eau est douce & fort bonne… Ses pépins sont noirs, grands, plats, pointus, alongés ; l’axe est creux, & les loges ont grandes ; sa maturité est en octobre & novembre : elle ne réussit bien qu’en plein vent.

83. Bezi de montigny. Pyrus fructu medio, longulo, glabro, citrino, autumnali. (Voyez Planche X, page 98.)

Cet arbre se greffe sur franc & sur coignassier Ses bourgeons sont longs, de moyenne grosseur, un peu coudés aux nœuds, verts, tiquetés ;… ses boutons sont gros, pointus, rougeâtres, couchés sur la branche, attachés à de gros supports.

Les feuilles sont rondes, assez plates ; leur bords sont presque unis, la dentelure étant à peine sensible ; les nervures sont presque aussi saillantes sur le dessus que sur le dessous de la feuille.

La fleur est grande, très-ouverte ; les pétales sont plats & larges à l’extrémité, les uns sont aigus, les autres arrondis, d’autres d’une forme irrégulière. Le sommet des étamines est gros.

Le fruit est de moyenne grosseur, alongé ; sa forme est presque la même que celle du doyenné ; la tête est arrondie, & l’œil y est placé dans une cavité peu profonde ; l’autre extrémité est beaucoup moindre en grosseur ; la queue longue, très-grosse a son extrémité, s’implante dans une cavité ordinairement plus profonde que celle de l’œil ; la peau est d’un verd clair, & devient d’un beau jaune lorsque le fruit mûrir ; elle est très lisse ;… la chair est blanche, sans pierres, plus fondante que celle du doyenné ; l’eau est relevée d’un goût de musc agréable ;… les pépins sont bruns, assez nourris, terminés en pointe aiguë ;… la maturité est à la fin de septembre ou au commencement d’octobre : cette poire a été trouvée par M. de Trudaine, dans la forêt de Montigny près Fontainebleau.

84. Doyenné Gris. Pyrus fructu medio, subrotundo, glabro, è viridi cincreo, autumnali (Pl, XVI, p. 114.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont menus, droits, lavés de rougeâtre du côté du soleil, d’un gris vert du côté de l’ombre, peu tiquetés de très petits points ;… ses boutons sont assez gros, un peu aplatis, peu pointus, peu écartés de la branche ; leurs supports sont gros.

Les feuilles sont longues, étroites, dentelées très-finement, régulièrement & peu profondément, souvent pliées en gouttière.

La fleur a des pétales ovales, presque plats ; le sommet des étamines est pourpre clair.

Le fruit est de moyenne grosseur sa queue est grosse, plantée dans un enfoncement bordé pour l’ordinaire de bosses assez grosses ; son œil petit & fermé est placé dans une cavité profonde ;… sa peau est unie & : grise, même au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est beurrée, fondante, non sujette à devenir cotonneuse ;… son eau est très-sucrée, & d’un goût plus agréable que celle du doyenné jaune ;… ses pépins sont petits & d’un brun clair :… sa maturité est au commencement de novembre.

85. Frangipane. Pyrus fructu medio, longo, paululùm cucurbitato, partim citrino, partim intensè rubro, autumnali (Voyez Planche XVI „ page 114.)

Ce poirier est très-vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ; son bourgeon est gros, droit, très tiqueté vert gris du côté de l’ombre, teint légèrement de rougeâtre du côté du soleil ;… le bouton est pointu, court, très-gros à la base, écarté de la branche ; son support est plat.

Les feuilles sont très grandes, fines presqu’en cœur, dentelées irrégulièrement & à peine sensiblement ; les unes sont plates, les autres en forme de bateau, épaisses, bien étoffées, attachées par des pétioles gros & longs d’un pouce.

La fleur a ses pétales ovales & plats ; la plupart bordés de rouge, quelques-uns presqu’entièrement teints. Il y a beaucoup de fleurs à six pétales.

Le fruit est de moyenne grosseur, long, tiqueté de très-petits points ; l’œil est assez grand, placé dans une cavité peu profonde, & bordé de petits plis qui ne s’étendent pas jusqu’aux bords de la cavité ; l’autre partie vers la queue diminue beaucoup davantage, & se termine en pointe obtuse ou tronquée obliquement, un côté étant bien plus élevé que l’autre ; sa queue qui est grosse vers son extrémité y est placée dans un petit enfoncement ;… sa peau est unie, un peu onctueuse au toucher, d’un beau jaune clair, presque citron du côté de l’ombre, & d’un rouge vif du côté du soleil ;… sa chair est demi-fondante, bonne & sans marc ;… son eau est douce & sucrée, d’un août particulier que l’on compare à celui de la frangipane ;… ses pépins sont assez gros, pointus & bien nourris ; la maturité est à la fin d’octobre : cette poire est très-agréable à la vue, & ne déplaît pas au goût.

86. Jalousie. Pyrus fructu magno, diametro compresso, papulato, avellaneo colore, autumnali. (Planche XVI, page 114.)

Cet arbre ne se greffe que sur franc ; il languit, & périt en peu d’années sur coignassier ;… ses bourgeons sont longs, menus, très-peu coudés aux nœuds, tiquetés, légèrement teints de rouge âcre ;… ses boutons sont très-courts, larges à la base, peu écartés de la branche ; leurs supports sont gros, renflés au dessus & au dessous des yeux.

Ses feuilles sont grandes, belles, alongées, souvent repliées en gouttière, dentelées finement, régulièrement & peu profondément.

La fleur est bien ouverte, belle ; ses pétales sont ovales & plats ; les sommets des étamines sont d’un pourpre foncé ; le fruit est gros, aplati suivant sa longueur. La partie la plus renflée est à peu près à la moitié de la hauteur. Il diminue un peu vers la tête où l’œil qui est petit est placé dans une cavité étroite, bordée de quelques bosses assez saillantes. La partie vers la queue diminue tout à coup considérablement de grosseur, & se termine en pointe obtuse où la queue longue d’un pouce environ est placée dans un petit enfoncement ;… la peau est de couleur de noisette, presque comme celle du martin-sec, un peu rougeâtre du côté du soleil, boutonnée & comme marquée de très-petits boutons ronds, sensibles au doigt & à l’œil ;… la chair est très-beurrée lorsque le fruit a été cueilli vert ; car si la poire mûrit sur l’arbre, elle mollit promptement ;… l’eau est abondante, sucrée, relevée, excellente ;… les pépins sont longuets & bien nourris ; sa maturité est à la fin d’octobre.

87. Bon-Chrétien d’hiver. Pyrus fructy maximo, pyramidato-truncato partim citrino, partim dilutè rubente, brumali. (Planche XVII, p. 115.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier : si on le plante en espalier au midi, il faut qu’il soit greffé sur le franc, qui étant plus vigoureux, résiste mieux aux tigres qui font beaucoup de tort aux poiriers en espaliers & sur-tout à celui-ci. Il est tardif à se mettre à fruit, & il le donne ordinairement moins gros, moins bien fait, & moins bon. Il vaut mieux le greffer sur coignassier & le planter en espalier au couchant où il prendra assez de couleur, ou en buisson, ou en éventail ; il ne pourroit réussir en plein vent dans ce climat (de Paris) que dans des jardins très-abrités & cependant bien exposés.

Le bourgeon est gros, court, droit, gris clair, tiqueté de points imperceptibles, très-aplati au dessous des supports. Le bouton est gros, alongé, pointu, brun, écarté de la branche. Son support est très large & peu élevé.

Les feuilles sont de moyenne grandeur, alongées, terminées en pointe ; les unes dentelées finement & peu profondément, les autres ayant seulement quelques dents vers la pointe ; les bords forment de grandes sinuosités. Le pétiole a souvent deux pouces de longueur & même davantage.

La fleur a ses pétales presque ronds, creusés en cuilleron ; quelques-uns sont légèrement teints de rouge sur les bords. Le sommet des étamines est d’un beau pourpre vif.

Les fruits sont très-gros, les uns pyriformes, les autres imitant un peu la calebasse ; la plupart figurés en pyramide tronquée ; le côté de la tête est très-renflé ; l’œil est placé dans une cavité large & profonde, souvent ovale ou aplatie, bordée de bosses qui s’étendent sur une partie du fruit & y forment des côtes, de sorte qu’il est tout anguleux ; le côté de la queue diminue beaucoup de grosseur sans se terminer en pointe ; il est tronqué obliquement ; la queue un peu charnue à sa naissance est plantée dans une cavité dont les bords sont relevés en bosses ou côtes. Il se trouve des fruits qui ont jusqu’à quatre pouces de diamètre sur six pouces de hauteur.

La peau est fine, d’un jaune clair tirant sur le verd du côté de l’ombre, & frappée de rouge incarnat du côté du soleil ; la chair est fine & tendre quoique cassante ; l’eau est assez abondante, douce & sucrée, même un peu parfumée ou vineuse. Sa maturité commence en janvier & dure jusqu’au printemps.

Il y a de ces poires dont la chair est grossière & pierreuse ; d’autres dont la peau est rude ; d’autres qui sont plates ou arrondies ou mal faites ; d’autres qui sont jaunes, bien colorées avant d’être cueillies ; d’autres qui demeurent toujours vertes & sans pépins. Toutes ces différences ne constituent point de variétés ; elles ne viennent que du terrain, de la culture, de l’exposition, de l’âge, de la force de l’arbre, qui paroît plus sensible à toutes ces modifications que la plûpart des autres poiriers. Un poirier de bon-chrétien en bon sol, bien cultivé, bien exposé, vieux, mais d’une vieillesse verte & vigoureuse, donnera des fruits très-gros, très-bons, qui prendront une belle couleur jaune dans la fruiterie & seront ordinairement sans pepins. Ce poirier greffe sur coignassier, produit des fruits pluis gros, plus colorés & d’une chair plus fine que sur franc. Si l’arbre languit, le fruit sera sans pépin, jaunira sur l’arbre, ne sera ni de garde, ni de bonne qualité. Sur un même arbre dont les branches seroient de différente force, différemment exposées, plus ou moins garnies de feuilles, &c. on pourroit trouver du bon-chrétien ordinaire, du vert, du dore, du long d’Ausch, de Vernon, &c.

Les bon-chrétiens sont originaires de Hongrie, & tous réussissent beaucoup mieux dans les provinces méridionales du royaume que dans celles du nord.

88. Angélique de Bordeaux. Pyrus fructu magno, pyramidato-compresso, glabro, partim rubente, partim è citrino subalbido, brumali. (Voyez Planche XVI, page 114.)

Cet arbre est très-délicat & réussit mal sur coignassier, sur franc même il n’est pas vigoureux ;… ses bourgeons sont longs, de moyenne grosseur ;… un peu coudés à chaque nœud, tiquetés de très-petits points peu apparens, verts, ou gris clair sur franc, rougeâtres sur coignassier ;… ses boutons sont courts, petits, pointus, écartés de la branche ; leurs supports sont assez gros & larges.

Ses feuilles sont remarquables par leur longueur & leur peu de largeur ; elles se plient un peu en gouttière, & l’arête fait ordinairement un arc en dessous ; on apperçoit sur leurs bords quelques dents peu profondes.

La fleur a ses pétales alongés, plus larges au milieu que vers les extrémités.

Son fruit est gros, aplati suivant sa longueur ; sa forme imite celle du bon-chrétien d’hiver ; l’œil est petit, placé au sommet d’une cavité étroite, unie, assez profonde ; rarement les échancrures du calice y subsistent jusqu’à ce que le fruit ait acquis sa grosseur ; la queue est grosse, un peu charnue à sa naissance, placée à fleur du fruit, quelquefois serrée d’un côté par une rainure ou un aplatissement ;… la peau est lisse, quelquefois tavelée d’un brun autour de l’œil ; elle prend les mêmes couleurs que le bon-chrétien d’hiver ; mais le côté de l’ombre est d’un jaune pâle, presque blanchâtre ;… la chair est cassante & dans sa parfaite maturité elle devient tendre ;… l’eau est très-douce & sucrée, les pépins sont bruns, terminés en pointe longue & aiguë, médiocrement gros ;… cette poire se garde longtemps. Elle est très-bonne dans les terrains chauds & bien exposés, elle tire sa dénomination de son pays natal.

89. Bon-chrétien d’Espagne. Pyrus fructu maximo, pyramidato-acuto, hinc è viridi flavescente, indè splendidè rubro, autumnali. (Voyez Planche XVII, page 115.)

Ce poirier le greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est menu, longuet, vert-gris foncé, rougeâtre du côté du soleil & à la cime, très tiqueté, assez droit à la cime, coudé vers l’insertion ;… le bouton est très court, écarté de la branche ; le support est gros.

La feuille est pliée en divers sens ; son arête fait un arc en dessous à la pointe de la feuille ; les bords sont peu dentelés, irrégulièrement & très-peu profondément.

La fleur est bien ouverte ; ses pétales sont ovales, creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont de couleur de rose.

Le fruit est très-gros, d’une forme pyramidale, un peu inclinée & très-tronquée à la pointe. Depuis la partie la plus renflée, qui est à environ le tiers de la hauteur, ce fruit diminue vers la tête où l’œil qui est petit, est placé dans une cavité assez large & profonde, bordée de bosses qui s’étendent, les unes jusqu’au plus grand diamètre du fruit, les autres beaucoup au-dessus, & y forment des côtes moins élevées que celles du bon chrétien d’hiver : les deux autres tiers de la longueur vont toujours en diminuant presqu’uniformément jusqu’à la queue qui a un pouce & plus de longueur, & qui est plantée un peu obliquement dans un enfoncement serré & peu profond, bordé de quelques bosses. Cette poire ressemble assez à celle du bon-chrétien d’hiver, mais elle est plus alongée, plus pointue, & ordinairement mieux faite.

Sa peau est toute tiquetée de très-petits points bruns, d’un beau rouge vif du côté du soleil ; du côté de l’ombre d’un vert qui devient jaune pâle au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, semée de quelques points verdâtres, sèche, dure, cassante ou tendre & pleine d’eau suivant les années & les terrains : ce fruit veut une terre douce & légère ;… son eau est douce, sucrée, d’assez bon goût, lorsque l’arbre est planté dans un bon terrain, à une bonne exposition, & lorsque le fruit a acquis une parfaite maturité :… ses pépins sont longs, pointus, bien nourris, d’un brun-clair ; sa maturité a lieu en novembre & décembre : semblable à la première, elle aime mieux les provinces du midi, que celles du nord.

90. Gracioli, ou Bon-chrétien d’été. Pyrus fructu magno, pyramidato-obtuso, paululùm cucurbitato, flavo, œstivo. (Voyez Pl. XVI. p. 114.)

L’arbre est fertile ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont assez gros, sans coudes aux nœuds, ils se replient en bas en parasol dans les arbres à plein-vent, sont peu tiquetés, verdâtres du côté de l’ombre ; d’un rouge-brun peu foncé du côté du soleil ;… ses boutons sont gros, longs, arrondis, peu écartés de la branche ; leurs supports sont très-peu de saillie ; les boutons à fruit viennent la plupart à l’extrémité des branches, ce qui mérite l’attention lorsqu’on taille ce poirier.

Ses feuilles sont grandes, belles, étoffées, dentelées assez finement, peu régulièrement & très-peu profondément ; les moyennes sont dentelées finement & régulièrement.

La fleur est la plus grande de toutes les fleurs de poirier ; ses pétales sont plus longs que larges, & creusés en cuilleron.

Son fruit est gros ; sa forme imite un peu la calebasse ; au milieu de la tête qui s’alonge est une cavité étroite & peu profonde, où l’œil est placé ; le côté de la queue qui est fort obtus, se termine par plusieurs grosses bosses & plis profonds, au milieu desquels s’implante la queue longue de près de deux pouces, grosse, charnue, quelquefois depuis sa naissance jusqu’au-delà de la moitié de sa longueur : tout ce fruit est anguleux, bossu comme le bon-chrétien d’hiver.

Sa peau est lisse, d’un vert très clair, tiquetée de points d’un vert foncé ; elle jaunit au temps de la maturité du fruit ;… sa chair est blanche, tendre, demi-cassante ;… son eau est abondante, sucrée ;… ses pépins sont très-longs, & d’un brun très clair… Sa maturité est vers le commencement de septembre.

91.Bon-Chrétien d’été musqué. Pyrus fructu medio, pyramidato, mali-cydonii formâ, è slavo, non-nihil rubente, œstivo. (Voyez Planch. XV, page 112.)

L’arbre est délicat, même étant greffé sur franc ; il ne se greffe point sur coignassier ;… le bourgeon est long, de moyenne grosseur, assez droit, très-tiqueté, brun-rougeâtre tirant sur le violet, ou brun minime, plus clair du côté de l’ombre ;… le bouton est gros, large à la base, presque plat ; le support est gros, un peu renflé au dessus de l’œil.

Les feuilles sont petites. Les unes ont les bords presque unis ; les autres les ont dentelés finement & assez profondément, la grosse nervure se plie en arc en dessous.

La fleur a ses pétales arrondis, presque plats ; les sommets des étamines sont mêlés de blanc & de pourpre : beaucoup de fleurs sont à six & à sept pétales.

Le fruit est de moyenne grosseur ; il est long, plus ressemblant à une poire de coin, qu’à une poire de bon-chrétien d’hiver. Quelquefois il est assez court ; figuré en poire ; très-souvent sa forme tient un peu de la calebasse. Ordinairement il diminue de grosseur vers la tête où il y a une cavité bordée de côtes, au fond de laquelle est placé l’œil qui est de médiocre grandeur. L’autre côté diminue tout-à-coup de grosseur, & son extrémité est obtuse ; la queue grosse, est reçue dans une cavité bordée de bosses. Tout le fruit est souvent relevé de bosses & de petites côtes ; quelquefois il est un peu anguleux par la tête,

La peau est lisse, jaune, fouettée de rouge aux endroits où elle a été frappée du soleil ;… sa chair est blanche, parsemée de points verdâtres, cassante. L’eau est un peu sucrée, très-musquée, relevée sans âcreté ;… les pépins sont bruns & petits ; sa maturité est à la fin d’août & au commencement de septembre. C’est un beau & bon fruit ; mais sujet à se fendre & à se crevasser avant sa maturité.

92. Mansuette Solitaire. Pyrus fructu magno pyramidato-obtuso-incurbo, flavescente, maculis fuscato, astivo. (V. Pl. XVIII, p. 119.)

Ce poirier a quelque ressemblance avec celui du bon-chrétien d’hiver ; il se greffe mieux sur coignassier que sur franc ;… ses bourgeons sont de moyenne grosseur, longs, coudés à chaque nœud, aplati, un peu cannelés au dessous des supports, d’un gris terne, quelquefois très-légérement teints de rougeâtre, tiquetés de très-petits points ;… ses boutons sont ronds, très-courts, très-écartés de la branche ; leurs supports sont très-gros & renflés au dessus & au dessous de l’œil.

Les feuilles sont de moyenne grandeur, terminées en pointes. Les bords se plient en sinuosités & sont dans les unes dentelées assez finement & sensiblement, dans les autres très-peu ; les nervures sont presqu’aussi saillantes dessus que dessous la feuille ; la grosse se plie en arc en dessous & fait faire la gouttière à la feuille.

La fleur s’ouvre bien ; ses pétales sont ovales & plats ; les sommets des étamines ont peu de couleur.

Son fruit est gros & long, de forme peu régulière, approchant beaucoup de celle du bon-chrétien d’hiver ; mais il est moins semé de bosses & d’inégalités ; la queue a au moins un pouce de longueur, elle est grosse, bien nourrie, ordinairement plantée obliquement à fleur du fruit, ayant à sa naissance un bourrelet & quelque plis serrés. Cette extrémité est obtuse, beaucoup moins grosse que l’autre : elle diminue aussi de grosseur à la tête, où l’œil est souvent placé obliquement, de sorte qu’on voit en même temps & sur un même côté, l’œil & la queue ; il est placé dans un petit enfoncement bordé de côtes peu saillantes.

La peau est verte, tavelée de brun & quelquefois toute couverte de cette couleur du côté de l’ombre ; le côté du soleil jaunit un peu & même prend une légère teinte de rouge au temps de la maturité du fruit ;… la chair est blanche, demi fondante, médiocrement fine, sujette à mollir ;… l’eau est assez abondante, relevée d’un peu d’âcreté ;… le pépin est petit, brun-clair, large :… sa maturité est vers le commencement de septembre.

93. Marquise. Pyrus fructu magno, pyramidato propè pyriformi, flavescente, autumnali. (Voyez Planche VII, page 96.)

Ce poirier est un des plus vigoureux, il est beau, fertile, & se greffe sur franc & sur coignassier ;… son bourgeon est gros, long, droit, non tiqueté, gris du côté de l’ombre, très-légèrement teint de roussâtre du côté du soleil ; la cime est d’un rouge brun ;… son bouton, dans le gros bourgeon, est assez gros, pointu, très-arrondi ; son support très-plat vers la cime, il est très petit, pointu, peu écarté de la branche ; son support est gros.

Ses feuilles sont de moyenne grandeur, pliées en gouttière ; les bords sont presqu’unis, la dentelure étant à peine sensible ; les queues sont longues d’un pouce.

La fleur a des pétales plats, plus longs que larges, très-froncés sur les bords.

Le fruit est gros, alongé en pyramide. Il a peu de ressemblance avec le bon-chrétien d’hiver, auquel plusieurs auteurs le comparent, étant plus pointu vers la queue, sans bosse sur sa surface & n’étant point en calebasse ; sa tête est ordinairement bien arrondie suivant son diamètre quelquefois un peu anguleux ; l’œil est tantôt placé presqu’à fleur du fruit, tantôt enfoncé dans une cavité assez profonde ; sa queue est aussi tantôt plantée à fleur, tantôt au sommet d’une cavité ; elle est grosse & unie ; il n’est pas rare de trouver des poires de marquise de trois pouces de diamètre sur trois pouces & un peu plus de hauteur. Ces gros fruits sont ordinairement très-renflés par le milieu, diminuent beaucoup de grosseur vers la queue, & s’y terminent en pointe peu alongée, tronquée ou très-obtuse, & la forme n’est pas pyramidale.

La peau est verte, très-tiquetée de points d’un vert plus foncé ; elle devient jaune lorsque le fruit mûrit ; quelquefois le côté du soleil prend une très-légère teinte de rouge ;… la chair est beurrée, & fondante ;… l’eau est sucrée, douce, quelquefois un peu musquée ;… les pépins sont gros, terminés en pointe aiguë :… le temps de sa maturité est en novembre & en décembre. La grande vigueur de l’arbre exige qu’on le charge a la taille.

94. Colmart. Poire Manne. 'Pyrus fructuu maximo, pyramìdato, ad turbinatum accedente, hinc viridi indè dilutiùs rubente, brumali (Voyez Planche VII, page 96.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est de grosseur & de longueur médiocre, droit, jaune, de couleur de bois d’un côté, un peu brun de l’autre ; tiqueté très-finement ;… le bouton est gros, pointu, un peu plat, peu écarté de la branche ; son support est peu saillant.

Les feuilles sont grandes, l’arête se pliant en arc en dessous leur fait faire la gouttière. Les bords se froncent un peu & sont unis dans la plupart des grandes feuilles ; les moyennes sont dentelées finement, régulièrement & assez profondément.

La fleur est bien ouverte ; ses pétales sont figurés en truelle, presque plats, quelques-uns ont un peu de rouge à la pointe. Les sommets des étamines sont de couleur de rose.

Le fruit est très-gros, assez aplati du côté de la tête où l’œil qui est de moyenne grosseur est placé au fond d’une cavité. Le côté de la queue diminue peu de grosseur. La queue est brune, grosse, ordinairement un peu renflée du côté du fruit, souvent au fond d’une cavité assez profonde, & bordée de quelques bosses. Ce fruit est plutôt en forme de toupie que de poire. Il a de la ressemblance avec le bon-chrétien d’hiver, sur-tout lorsqu’il s’alonge. Souvent on apperçoit sur un des côtés une petite gouttière qui s’étend de la tête à la queue.

Sa peau est très-fine, verte, tiquetée de petits points bruns, & devient un peu jaune lorsque le fruit mûrit ; elle est légèrement fouettée de rouge du côté du soleil ; elle a quelquefois un petit œil farineux ou blanchâtre ;… sa chair est un peu jaunâtre, très-fine, beurrée, fondante, excellente, sans pierres ; son eau est très-douce, sucrée & d’un goût relevé ;… ses pépins sont bruns, pointus, de médiocre grosseur, souvent avortés : sa maturité est depuis le mois de janvier jusqu’en avril.

95. Virgouleuse. Pyrus fructu magno, pyramidato-obtuso, glabro, citrino, brumali. (Voyez Planche VII, page 96.)

L’arbre est un des plus vigoureux poiriers, lent à se mettre à fruit ; mais fertile, peu difficile quant au terrain & l’exposition. Cependant l’espalier du midi lui convient peu, parce que son fruit s’y crevasse & s’y défigure. Il se greffe, sur franc & sur coignassier ;… les bourgeons sont longs, très-forts, garnis d’ergots par le bas, un peu coudés à chaque œil, verts, très-tiquetés de points gris. Quelques-uns, sur-tout lorsque ce poirier est greffé sur coignassier, ou planté à une exposition chaude, sont rougeâtres au moins du côté du soleil ;… les boutons sont gros, arrondis, pointus, très-larges par la base, écartés de la branche : les supports sont plats.

Les feuilles sont grandes, belles, larges du côté de la queue, diminuant assez uniformément & se terminant en pointe ; les nervures sont menues ; la grosse se plie en arc en dessous ; la feuille se ferme en gouttière, ou ses bords se froncent en sinuosités.

La fleur a ses pétales ovales, aigus, & peu creusés en cuilleron ; le fruit est gros & d’une assez belle forme ; son plus grand diamètre est plus près de l’œil que de la queue. L’œil est périt, placé au sommet d’une cavité peu profonde & assez large. Le côté de la queue va en diminuant & ne se termine pas en pointe, mais se renfle un peu à l’extrémité, où la queue courte & un peu charnue à sa naissance s’implante obliquement dans une petite cavité bordée de quelques plis : elle se détache aisément de la branche.

La peau est lisse, semée de quelques petits points roux ; d’abord elle est verte, ensuite elle devient jaune, presque citron, & en mûrissant elle prend ordinairement une légère teinte rougeâtre du côté du soleil, quelquefois elle se colore assez, sur-tout en espalier ;… la chair est tendre, beurrée, fondante. Elle contracte facilement l’odeur des chose sur lesquelles elle a mûri l’eau est abondante, douce, sucrée, relevée. Quelques-uns lui reprochent un petit goût de cire ;… les pépins sont longs, arrondis & bruns : sa maturité est depuis la fin de novembre jusqu’à la fin de janvier.

Le nom de virgouleuse lui a été donné du» village de Virgoulè, près de Saint-Léonard en Limosin, où elle a commencé à être cultivée.

96. Saint-germain. Inconnue la Fare. Pyrus fructu magno, pyramidatO, viridi, fuscis punctis distincto, (Voyez Planche XV, page 11 x.)

Ce poirier est vigoureux & très fertile ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont de moyenne grosseur, longs, peu coudés aux nœuds, tiquetés de très-petits points gris, d’un vert gris, ayant une légère teinte de rougeâtre du côté du soleil ;… ses boutons sont assez gros, courts, pointus, écartés de la branche ; les supports sont renflés au dessus & au dessous de l’œil,

Les feuilles sont longues, étroites, pliées en gouttière, dentelées finement, & l’arête se plie en arc en dessous.

La fleur a des pétales plats, plus longs que larges, un peu pointus aux deux extrémités. Les sommets des étamines sont d’un pourpre clair mêlé de blanc.

Le fruit est gros, le côté de la tête diminue un peu de grosseur ; l’œil ordinairement petit est placé au sommet d’une petite cavité ronde, étroite & peu profonde, très-souvent hors de l’axe du fruit, & plus relevée sur les bords d’un côté que de l’autre. Le côté de la queue diminue de grosseur assez uniformément, & se termine ordinairement en pointe obtuse. La queue qui est brune, grosse à son extrémité, y est plantée souvent obliquement, sous une espèce de bosse. Tout le fruit est presque toujours relevé de bosses & de côtes qui sont quelquefois sensibles sur toute la longueur.

Sa peau est verte, assez rude, tiquetée de brun, souvent marquée de grandes taches roussâtres, surtout vers l’œil ; elle jaunit lorsque le fruit mûrit ; sa chair est blanche, très-beurrée & fondante, quoiqu’elle ne soit pas très-fine : elle est sujette à avoir beaucoup de petites pierres sous la peau & auprès des pépins, lorsque l’arbre est planté dans un terrain sec qui ne convient pas à ce poirier. Jamais elle ne devient molle ; son eau est très-abondante & excellente, lorsqu’elle n’a d’aigre que ce qu’il en faut pour relever agréablement son goût ;… ses pépins sont gros, longs, pointus, un peu courbés vers la pointe, bruns. Elle commence à mûrir en novembre ; il s’en conserve jusqu’en mars & quelquefois en avril.

97. Louisebonne. Pyrus fructu magno, pyramidato, glabro, è viridi albido, autumnali.

L’arbre est beau, vigoureux, & très-fertile ; il veut un terrain sec & le plein vent plutôt que l’espalier, il se greffe sur franc & sur coignassier ;… les bourgeons sont forts, tiquetés & assez droits, d’un gris vert, très-légèrement teints de roussâtre à la pointe ;… les boutons sont très-longs, arrondis, pointus, écartés de la branche ; les supports sont très-peu relevés.

Les feuilles sont repliées en bateau, dentelées régulièrement, finement & très-peu profondément.

La fleur a ses pétales longuets, peu creusés en cuilleron ; le fruit est gros. (Il est ordinairement meilleur lorsqu’il n’est que moyen, ce qui lui arrive dans les terrains secs.) Il ressemble assez au saint-germain ; mais il est plus uni, plus arrondi par la tête, où l’œil qui est petit est à fleur du fruit. Si l’autre extrémité étoit plus pointue, il seroit de la forme d’une perle en poire. La queue est courte, plantée à fleur du fruit, charnue à sa naissance, souvent buttée d’un gros bourrelet charnu ;… la peau est douce, très-lisse, tiquetée de points & de petites taches, verte ; elle devient blanchâtre lorsque le fruit est mûr ;… la chair est demi-beurrée & très-bonne dans les terres sèches ; elle n’est sujette ni aux pierres, ni à mollir ; l’eau en est abondante, douce, relevée d’un fumet agréable ;… ses pépins sont gros, bien nourris, pointus :… sa maturité est en novembre & décembre. C’est un fruit très médiocre dans des terrains qui ne lui sont pas propres ; tels sont les terrains froids & humides.

98. Impériale à feuilles de chêne. Pyrus fructu medio, pyramidato, obtuso, glabro, viridi, serotino. (Voyez Planche VIII, page 97.)

Ce poirier est très-vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ; le bourgeon est gros, fort, coudé à chaque nœud, très-tiqueté, vert, légèrement teint de roussâtre du côté du soleil ;… le bouton est de moyenne grosseur, aplati, très-pointu, large par la base, peu écarté de la branche ; les supports sont gros.

La feuille est très-grande, dentelée peu régulièrement, tellement ondée & froncée par les bords, qu’elle paroit comme découpée, & ressemble à une petite feuille de chou-frisé, plutôt qu’à une feuille de chêne.

La fleur a ses pétales longs, aigus par les deux extrémités. Les sommets des étamines sont d’un pourpre foncé.

Le fruit est de grosseur moyenne & long ; il est de la forme d’une moyenne virgouleuse. Le côté de la tête est arrondi, & l’œil qui est petit, y est placé dans une cavité très-peu profonde ou un aplatissement. L’autre côté diminue de grosseur presque uniformément, & son extrémité est obtuse. La queue assez grosse, surtout à sa naissance, est plantée au milieu d’un aplatissement ;… la peau est très-unie, lisse, verte ; lorsqu’elle approche de la maturité elle se ride, ensuite elle devient jaune ;… la chair est demi-fondante, sans pierres ;… l’eau est sucrée & bonne, mais inférieure en bonté à celle de la virgouleuse ;… les pépins sont gros, bien nourris, bruns, terminés par une longue pointe… On ne trouve ordinairement que quatre loges séminales dans ce fruit : cette poire mûrit en avril & mai. Quoiqu’elle ne soit pas excellente, elle a beaucoup de mérite dans cette saison.

99. Saint-Augustin. Pyrus fructu parvo, longo, utrinquè acuto, luteo, non nihil rubente, autumnali. (Voyez Planche XVIII, page 119.)

Cet arbre se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont petits, très-peu coudés aux nœuds, d’un vert jaune du côté de l’ombre, très-légèrement teints de roussâtre du côté du soleil, tiquetés ;… ses boutons sont gros, un peu aplatis, pointus, peu écartés de la branche ; les supports sont gros.

La fleur a ses pétales creusés en cuilleron, & de la forme d’une truelle.

La feuille est pliée en arc en dessous, d’un vert assez foncé & luisant par dessus, blanchâtre en dehors, dentelée très-finement & très-peu profondément, attachée par de très longues queues ; son fruit petit, long, renflé dans le milieu, diminue de grosseur vers la tête où l’œil est placé à fleur ; il diminue davantage vers l’autre extrémité, sans se terminer en pointe. La queue est grosse, & elle est plantée entre quelques bosses sans enfoncement ;… la peau, est légèrement teinte de rouge du côté du soleil ;… l’autre côté devient d’un beau jaune clair au temps de la maturité du fruit. Elle est tiquetée & quelquefois tavelée de brun ;… la chair est ordinairement dure ; l’eau est musquée, & peu abondante ;… les pépins sont noirs, bien nourris, longuets : sa maturité est en décembre & en janvier. Telle qu’elle vient d’être décrite, & qu’on la trouve dans les terres légères & sèches, elle est médiocrement bonne ; mais dans, une bonne terre & un peu forte, elle est très-bonne, beaucoup plus grosse ; son eau est assez abondante & parfumée.

100. Pastorale. Musette d’automne. Pyrus fructu magno, longiori, cinerco, maculis rufis distincto, autumnali, (Voyez Planche XV, page 112.)

Ce poirier se greffe mieux sur franc que sur coignassier ses bourgeons sont longs, de moyenne grosseur, un peu coudés à chaque œil, d’un brun clair, un peu farineux, tiquetés de très-petits points ;… ses boutons sont triangulaires, un peu aplatis, couchés sur la branche ; les supports sont larges & saillans.

Ses feuilles sont dentelées finement & très-peu profondément. Les feuilles moyennes sont longues ; leur arête se replie en arc en dessous ; leurs borda sont dentelés finement & assez profondément.

La fleur a ses pétales ovales, un peu creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont d’un rouge mêlé de beaucoup de blanc.

Son fruit est gros & long ; il est renflé vers le milieu, le côté de la tête diminue de grosseur, & l’œil y est placé presque à fleur du fruit. Le côté de la queue s’alonge & diminue de grosseur assez uniformément ; son extrémité n’est pas-pointue, mais arrondie ; & la queue s’y implante à fleur du fruit. Elle est longue, grosse, charnue à sa naissance, & quelquefois garnie d’un gros bourrelet en spirale.

Sa peau est grisâtre, jaunit au temps de la maturité, du fruit ; elle est semée de taches rousses ; sa chair est demi-fondante, ordinairement sans pierres & sans marc ;… son eau est un peu musquée & très bonne ;… ses pépins sont larges & courts, très-souvent avortés ;… sa maturité est en octobre, novembre & décembre.

101. Champ-riche d’Italie. Pyrus fructu magno, longiori, diluti virente, brumali.

L’arbre est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, longs & forts, coudés à chaque nœud, tiquetés de très-petits points peu apparens & rougeâtres ;… ses boutons sont triangulaires, larges, plats, écartés de la branche ; les supports sont gros, renflés au dessus & au dessous de l’œil..

Ses feuilles sont grandes, larges, rondes, plates, dentelées finement.

La fleur a ses pétales presque ronds, un peu creusés en cuilleron.

Son fruit est gros ; la partie la plus renflée est à peu près à la moitié de la longueur ; le côté de la tête diminue peu de grosseur ; l’œil est assez grand & place dans une cavité large & peu profonde. Le côté de la queue diminue considérablement de grosseur sans que le fruit ait la forme d’une calebasse ; il se termine en pointe presque aiguë où est plantée, & à fleur, la queue grosse à son extrémité, droite & longue de plus d’un pouce.

La peau est d’un vert clair, semée de points & de petites taches grises ; sa chair est blanche, demi-cassante, sans pierres. On ne trouve ordinairement dans ce fruit que quatre loges séminales, dont chacune contient deux pépins d’un brun clair, longs, menus, courbés vers la pointe. Sa maturité est en décembre & janvier.

102, Catïllac. Pyrus fructu maximo, plerùmque pyriformi-obtuso, partim buxeo, partim obscuri rubinte, serotino. (Voyez Planche. XVIII, page 119.)

Ce poirier est très-vigoureux ; il se greffe sur franc mieux que sur coignassier ;… le bourgeon est gros, peu long, coudé à chaque œil, gris de lin, rougeâtre au dessus des supports, peu tiqueté ;… le bouton est gros, plat, comme collé sur la branche ; le support est gros.

La feuille est grande, ovalaire, aiguë par les deux extrémités, dentelée irrégulièrement & très-légèrement, vers la pointe plus régulièrement & plus profondément.

La fleur est belle & très-grande & ses pétales sont creusés en cuilleron ; les sommets des étamines sont d’un pourpre clair, presque couleur de rose ; le pédicule, le calice, les échancrures & le dessous des jeunes feuilles sont couverts d’un duvet blanc, épais.

Le fruit est très-gros, ordinairement d’une forme approchant de la calebasse, quelquefois pyriforme ; le côté de la tête est très-gros, aplati l’œil qui est petit est placé dans une cavité assez profonde & peu large, par rapport à la grosseur du fruit, quelquefois unie, souvent bordée de côtes peu élevées qui s’étendent sur cette partie du fruit. Le côté de la queue diminue tout-à-coup de grosseur, & se termine en pointe arrondie, où la queue grosse & un peu charnue à sa naissance, est plantée dans une petite cavité.

Sa peau est grise, devient d’un jaune pâle lorsque le fruit mûrit, légèrement teinte de rouge-brun du côté du soleil, toute tiquetée de petits points roux ;… sa chair est blanche, très-bonne cuite ; elle prend une belle couleur au feu ;… ses pépins sont d’un brun-clair, petits & longs. Cette poire se conserve depuis le mois de novembre jusqu’en mai.

103. Bellissime d’hiver. Pyrus fructu quàm maximo, subrotundo, glabro, partim flavo, partim pulchrè rubro, serotino.

La bellissime d’hiver est plus grosse que le catillac ; sa forme est presque ronde, diminuant un peu de grosseur du côté de la queue qui est grosse, courte, plantée à fleur du fruit, ou entre quelques bosses peu élevées. Le côté de la tête est arrondi ; l’œil est placé dans une cavité peu profonde.

Sa peau est lisse ; le côté du soleil est d’un beau rouge, tiqueté de gris clair ; le côté de l’ombre est jaune, tiqueté de fauve ;… sa chair est tendre, sans pierres, très-moelleuse étant cuite ;… son eau est douce, abondante, sans âcreté, relevée d’un petit goût de sauvageon. Cette poire dont le nom convient bien à sa grosseur extraordinaire & à la beauté de ses couleurs, se conserve jusqu’en mai ; elle est beaucoup meilleure cuite sous la cloche que le catillac. On peut même en faire d’assez bonnes compotes.

104. Livre. Pyrus fructu maximo, pyriformi-obtuso, viridi, maculis rusescente, brumali.

Cet arbre est très-vigoureux étant greffé sur franc ; mais il ne réussit point sur coignassier ;… ses bourgeons sont gros, très-coudés à chaque nœud, d’un gris vert, un peu farineux, légèrement teints de roussâtre du côté du soleil & à la pointe, peu tiquetés ;… les boutons sont aplatis, courts, larges à la base, peu pointus, écartés de la branche ; leurs supports sont gros.

Les feuilles sont grandes, repliées en divers sens & souvent froncées auprès de l’arête, dentelées finement & peu profondément.

La fleur est très-ouverte ; les pétales sont plats, ovales, étroits, alongés.

Le fruit est très-gros, aplati suivant sa longueur. Lorsqu’il est bien conditionné, il est pyriforme, obtus du côté de la queue, bien arrondi par la tête & sur son diamètre ; le côté de la tête est arrondi ; l’œil est petit & placé au sommet d’une cavité profonde ; le côté de la queue diminue beaucoup de grosseur presque uniformément, & se termine en pointe très-obtuse, au milieu de laquelle est un enfoncement étroit & profond, dont le bord est beaucoup plus élevé d’un côté que de l’autre ; il reçoit la queue qui est un peu charnue à sa naissance, grosse & longue de plus d’un pouce.

La peau est verte, jaunit un peu lorsque le fruit mûrit ; mais elle est tellement tavelée de points & de taches rouges, qu’on apperçoit à peine la couleur ;… sa chair est bonne cuite, lorsque la maturité en a adouci l’eau… Cette grosse poire mûrit en décembre, janvier & février.

105. Trésor d’amour. Pyrus fructu omnium maximo, acuto, citrino, super sparsis maculis fulvis, brumali.

Cette poire est la plus grosse de toutes. Sur les pleins vents elle a communément quatre pouces de diamètre sur quatre pouces & demi de hauteur ; & souvent il s’en trouve de plus grosses. Celles d’espalier ou de buisson sont encore d’un volume plus considérable ;… la forme en est ordinairement alongée, renflée par le milieu, diminuant de grosseur vers l’œil qui est petit & placé dans un aplatissement ou enfoncement très-peu creusé. Le côté de la queue s’alonge & diminue davantage de grosseur, se terminant presque régulièrement en une pointe obtuse ou tronquée, au sommet de laquelle la queue fort grosse, & longue d’environ un pouce, est plantée dans une cavité assez serrée & profonde. Quelquefois la longueur du fruit n’excède son diamètre que de trois ou quatre lignes ; son plus grand renflement est vers la tête ; sa forme imite un cône fort tronqué. Les plus gros fruits sont souvent aplatis sur leur diamètre qui est plus étroit d’un côté que de l’autre.

La peau est un peu rude au toucher, d’un jaune citron, tellement tavelée de jaune-brun ou de fauve, qu’on n’aperçoit presque point la couleur jaune ;… la chair est blanche, sans aucunes pierres, tendre, presque fondante quand elle est mûre ;… l’eau est abondante, douce, sans aucun goût d’âcreté ni de sauvageon ;… les loges séminales sont fort petites & contiennent des pépins très-menus & très-alongés dont la plupart sont ordinairement avortés. Cette poire, assez douce pour être mangée crue par ceux dont le goût n’est pas difficile, est excellente cuite & de beaucoup préférable aux poires de catillac & de livre ; elle commence à mûrir en décembre, & il s’en conserve jusqu’en mars.

L’arbre est trop vigoureux pour subsister sur coignassier.

106. Tonneau. Pyrus fructu maximo, dolioli formâ, partim citrino, partim pulchrè rubente, brumali.(Voyez Planche XVIII, page 119.)

Ce poirier est vigoureux, & se greffe sur franc & sur coignassier. Ses bourgeons sont très-gros, longs & forts, un peu coudés à chaque nœud, semés de très-petits points un peu farineux, gris de lin d’un côté, lilas pâle de l’autre ;… ses boutons sont gros, plats, couchés sur la branche ; les supports sont gros & larges.

Ses feuilles sont grandes ; leur plus grande largeur est plus vers la queue que vers l’autre extrémité qui se termine en pointe longue & aiguë ; les bords sont unis ; le pétiole est légèrement teint de rouge du côté du soleil. Le côté de l’ombre & la grosse arête sont blancs.

La fleur s’ouvre bien ; ses pétales sont longs, étroits & presque plats.

Son fruit est très-gros & d’une forme un peu approchante de celle d’un tonneau d’où il a pris son nom ; l’œil est placé dans une cavité très profonde, bordée de petits plis ou sillons ; la queue est plantée aussi dans une cavité très-profonde & bordée de petits plis ; le fruit est beau, & son diamètre bien rond dans toute sa longueur.

La peau est verte du côté de l’ombre, elle jaunit lorsque le fruit mûrit. Le côté du soleil est d’un beau rouge vif ;… la chair est très-blanche, un peu pierreuse autour des pépins ;… les pépins sont noirs, longs, plats, logés à l’étroit : sa maturité est en février & en mars. Ce beau fruit après avoir orné les desserts, est excellent cuit & en compotes.

107. Poire de Naples. Pyrus fructu medio, nonnihil cucurbitato, glabro, hinc, flavescent, indè leviter rubescente, brumali.(Voyez Planche XI, page 99.)

Ce poirier vigoureux & fertile se greffe sur franc & sur coignassier ; le bourgeon est gros, assez court, très-garni d’yeux, qui ne sont pas entièrement opposés, coudé à chaque œil, gris mêlé de brun, très-tiqueté ;… le bouton est gros, de la forme d’un cône très-aigu, peu écarté de la branche ; le support est gros.

Ses feuilles sont longues, étroites, sans dentelures, les unes ondées par les bords, les autres roulées en dessous.

La fleur s’ouvre bien ; ses pétales sont plats, presque ronds.

Le fruit est de moyenne grosseur, un peu figuré en calebasse, diminuant considérablement de grosseur vers la queue qui est plantée dans une cavité unie & profonde. La tête diminue un peu de grosseur, & l’œil bien ouvert est placé dans un enfoncement uni & peu creusé ;… sa peau est lisse, verdâtre, devient jaune lorsque le fruit est en maturité ; elle se teint légèrement de rouge-brun du côté du soleil ;… sa chair est demi-cassante, quelquefois un peu beurrée, sans pierres ;… son eau est douce & assez agréable pour la saison où ce fruit mûrit ;… ses pépins sont gros & très-nourris ;… L’axe du fruit est creux :… sa maturité est en février & mars.

108. Angélique de Rome. Pyrus fructu medio, longulo, scabro, luteo, paululùm rubescente, autumnali.

Ce poirier est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont longs, de moyenne grosseur, très-tiquetés, presque sans coude, verts dans le bas, d’un rouge clair vers l’extrémité ;… les boutons sont médiocrement gros, arrondis, peu écartés de la branche. Les supports sont assez gros.

La fleur est très-ouverte ; ses pétales sont en raquette, un peu pointus vers l’extrémité, plats ; les sommets des étamines sont de couleur de rose.

Les feuilles sont de médiocre grandeur, ovales du côté de la queue qui est blanche, menue ;… l’autre extrémité s’alonge en pointe ; elles ne se plient point en gouttière ; l’arête se courbe en arc en dehors, & les feuilles se roulent & se plient par dessous en divers sens ; la dentelure est à peine sensible.

Le fruit est de moyenne grosseur, de forme oblongue, il est gros dans les terrains où se plaît ce poirier qui est peu fertile ; sa tête est bien arrondie, & l’œil est fort petit, & placé dans une cavité unie, étroite, très-peu profonde ; l’autre extrémité diminue de grosseur ; la queue fort grosse y est plantée à fleur du fruit, ou dans une rainure étroite.

La peau est rude au toucher, semblable à celle de la poire d’échasserie, d’un jaune citron pâle ou jaune souci ; quelquefois le côté du soleil se teint légèrement de rouge ;… la chair est tendre, demi-fondante, un peu jaune ; elle a quelques petits grains de sable autour des pépins ; dans les terrains secs elle est ordinairement pierreuse & cassante ;… l’eau est abondante, sucrée & assez relevée :… sa maturité est en décembre, janvier & février.

109. Lansac, Dauphine, Satin. Pyrus fructu vix medio, rotundo, glabro, flavo, autumnali. (Voyez Planche XI, page 99.)

Ce poirier se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont de médiocre grosseur, tiquetés de gros points, verts-gris du côté de l’ombre, légèrement teints de rougeâtre du côté du soleil ;… ses boulons sont gros, arrondis, longs, très pointus, écartés de la branche ; les supports sont gros.

Ses feuilles sont un tiers plus longues que larges, dentelées très finement, mais à peine sensiblement, pliées en gouttière ; l’arête se replie en arc en dessous.

La fleur est très-ouverte, ses pétales sont plats, très-longs & très étroits.

Le fruit est de moyenne grosseur, quelquefois rond, plus souvent il diminue un peu vers les extrémités ; l’œil est placé dans une cavité peu profonde, souvent il est presqu’à fleur du fruit : la queue est grosse, charnue à sa naissance, tantôt plantée à fleur du fruit, tantôt dans un petit enfoncement ;… la peau est lisse & jaune ;… la chair est fendante ;… l’eau est sucrée, d’un goût agréable, & relevée d’un peu de fumet ;… les pépins sont ordinairement avortés ;… sa maturité est à la fin d’octobre, & se conserve quelquefois jusqu’en janvier.

110. Vigne Demoiselle. Pyrus fructu parvo, spissiùus cinereo, pediculo longissimo, autumnali, (Voyez Planche XVIII, page 119.)

Cet arbre est assez vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… le bourgeon est menu, court, coudé à chaque nœud, gris-verdâtre du côté de l’ombre, légèrement teint du côté du soleil ;… le bouton est de grosseur moyenne, arrondi, pointu, très écarté de la branche ; les supports sont gros.

Les feuilles sont assez grandes, ovales, dentelées imperceptiblement excepté à la pointe : la grosse nervure se replie en arc en-dessous.

La fleur a ses pétales très-longs & très-étroits.

Le fruit est petit ; sa tête est bien arrondie, l’œil grand & très-ouvert, y est placé à fleur : l’autre extrémité diminue beaucoup de grosseur de sorte que si elle ne se terminoit plus en pointe, le fruit seroit pyriforme ;… la peau est rude, d’un gris-brun ; le côté du soleil prend en quelques endroits une légère teinte rougeâtre, tiquetée de petits points gris ;… la chair est beurrée, un peu fondante, elle devient molle si le fruit n’a été cueilli avant sa maturité, ou pâteuse si on le laisse trop mûrir dans la fruiterie ;… l’eau est fort bonne, d’un goût très relevé ;… les pépins sont noirs, gros & bien nourris :… sa maturité dans le mois d’octobre.

111. Sanguinole. Pyrus frctu medio, pyriformi glabro, carne rubente œstivo.

L’arbre est vigoureux ; il se greffe sur franc & sur coignassier ;… ses bourgeons sont bruns & farineux…

Ses feuilles sont grandes, presque rondes, ayant plus de largeur que de longueur, un peu farineuses, plates, seulement un peu froncées sur les bords où l’on n’aperçoit que quelques dentelures très-peu marquées ; quelques traits & quelques unes des petites nervures sont rouges.

La fleur a ses pétales creusés en cuilleron, quelques-uns sont teints de rouge sur les bords ; le calice est rougeâtre.

Le fruit est de moyenne grosseur, un peu aplati du côté de la tête où l’œil, qui est très-gros, est placé au fond d’une grande cavité :… à l’insertion de là queue, il y a une rainure qui semble la séparer du fruit ;… sa peau est verte, lisse, tiquetée de très-petits points, gris du côté de l’ombre, rouges du côté du soleil ;… sa chair est rouge, grossière, assez insipide : sa maturité est en août : cette poire ne mérite d’être cultivée que par curiosité.

112. Sapin. Pyrus fructu parvo, pyriformi, subflavescente, œstivo.

La poire de sapin est petite, pyriforme, aplatie par la tête, où l’œil assez petit est placé dans un enfoncement bien évasé, uni & médiocrement profond. L’autre extrémité va en diminuant régulièrement & se termine en pointe obtuse ou un peu tronquée ; la queue est grosse & plantée presqu’à fleur du fruit : la peau est verte, & jaunit un peu en mûrissant ;… la chair est blanche & assez grossière ;… l’eau est peu abondante, peu relevée quoiqu’un peu parfumée ;… les pépins sont bien nourris, d’un brun foncé :… elle mûrit vers la fin de juillet, & n’est pas méprisable pour une poire hâtive.

113. Poire à deux têtes ou à deux yeux. Pyrus fructu medio, umbilico compresso, & quasi gemino, œstivo.

Cette poire est d’une moyenne grosseur, d’une forme peu régulière & peu décidée, cependant plus approchant de la forme de toupie que de toute autre ; la queue est grosse, souvent un peu charnue à sa naissance, implantée obliquement dans le fruit & recouverts d’un côté par une avance de chair qui se termine assez en pointe, de sorte que si elle embrassoit toute la naissance de la queue, le fruit seroit presque pyriforme… L’œil est placé sur une éminence formée d’un assemblage de petites bosses ; il est gros, ovale, comme divisé en deux, d’où cette poire a pris le nom de deux têtes ou de deux yeux ;… sa peau est assez unie, d’un vert tirant sur le jaune du côté de l’ombre, lavé de rouge-brun du côté du soleil ; souvent vers la queue il y a une tache assez étendue, fauve, rude au toucher ; la chair est blanche, peu délicate, l’eau assez abondante & un peu parfumée, mais souvent un peu âcre ; les pépins sont noirs : elle mûrit à la fin de juillet, & peut être comparée pour la bonté aux poires de cette saison.

114. Grise-bonne. Pyrus fructu medio, longo-cucurbitato, è viridi cinereo, punctis subalbidis distincto, œstivo.

Poire de médiocre grosseur, longue, d’une forme un peu cucurbitacée ; sa tête est bien arrondie & son œil y est placé à fleur du fruit ; l’autre extrémité diminue considérablement de grosseur, & se termine en pointe obtuse ;… la queue est grosse, plantée obliquement dans une petite cavité ;… sa peau est d’un vert-gris, très-tiquetée de points blanchâtres, quelques endroits sont teints de roux ;… sa chair est fondante, un peu beurrée, elle se cotonne promptement ;… son eau est sucrée & relevée :… elle mûrit à la fin d’août.

115. Donville. Pyrus fructu medio, utrinque acuto, glabro, hinc citrino, indè rubro bramali.

La grosseur de cette poire est médiocre, & sa forme est alongée ; elle diminue de grosseur vers la tête où l’œil est placé dans un petit enfoncement, ou plutôt un aplatissement uni, étroit & peu creusé ; elle diminue beaucoup plus de grosseur vers la queue où elle se termine en pointe un peu obtuse ou tronquée ; la queue y est plantée dans un très petit enfoncement, serré & bordé de quelques plis.

La peau est unie, luisante ; le côté de l’ombre est d’un jaune-citron, parsemé de taches fauves ; le côté opposé est d’un rouge assez vif, tiqueté de petits points d’un gris-clair ;… la chair est cassante, sans pierres, d’un blanc tirant un peu sur le jaune ;… l’eau, quoiqu’elle ait un peu d’âcreté, est relevée & n’est pas désagréable, de sorte que ce fruit, qui se conserve jusqu’en avril, pourroit se manger crud dans cette saison ;… les pépins sont longuets, très-nourris, d’un brun-clair.

116. Chat-bruslé. Pyrus fructu medio, pyriformi, glabro, slpendido, partim citrino, partim pulchrè & dilutè rubente, brumali.

Cette poire est de grosseur moyenne, piriforme, un peu alongée ; la tête est bien arrondie, l’œil y est placé dans un enfoncement peu creusé ;… la queue, grosse à son extrémité, a les mêmes couleurs que le fruit, elle s’implante un peu obliquement à la pointe du fruit qui est quelquefois obtuse ou comme divisée en deux petites bosses ; la peau est très-lisse & luisante, d’un peau rouge-clair, mais vif, qui s’affoiblit en approchant des endroits qui n’ont point été frappés du soleil, & qui sont d’un jaune-citron ;… la chair est fine, sans pierres, & prend au feu une très-belle couleur rouge ;… les pépins sont noirs, bien nourris ;… cette jolie poire est propre à faire des compotes en février & en mars ;… la feuille de l’arbre est d’un vert gai, dentelée très-finement, petite, longuette, terminée en pointe très-aiguë.

La poire vulgairement connue sous le nom de chat-brûlé tient le milieu entre le messire-jean & le martin-sec pour la forme, la couleur & la grosseur ; sa chair est tendre, sèche, souvent pâteuse & pierreuse : elle mûrit en octobre & novembre.

117. Saint-père ou Saint-pair. Pyrus fructu medio, serè pyriformi, slavo, serotino.

Cette poire est de moyenne grosseur, presque pyriforme ; elle est renflée du côté de la tête, & l’œil est placé dans un enfoncement uni, évasé & très-peu creusé : l’autre côté diminue presque régulièrement de grosseur, & se termine en pointe un peu obtuse où la queue assez grosse s’implante à fleur du fruit.

La peau un peu rude au toucher est par-tout d’un jaune tirant sur la couleur de bois ou couleur de canelle ;… la chair est blanche, tendre & ordinairement sans pierres ;… l’eau est abondante, &, dans la parfaite maturité du fruit, elle s’adoucit assez pour qu’on puisse le manger crud : il est excellent cuit & en compotes ;… les pépins sont pointus, gros, d’un brun foncé :… cette poire commence à mûrir en mars, on en conserve jusqu’en juin.

118. Trouvé. Pyrus fructu medio, pyriformi, partim citrino, partim pulchrè & intensè rubro, brumali.

Cette poire que Merlet nomme poire de prince trouvé de montagne, est de moyenne grosseur : sa forme est pyriforme-régulière ; l’œil est grand, bien ouvert, placé presqu’à fleur du fruit ; la queue grosse à son extrémité, un peu charnue à sa naissance, est plantée à fleur, un peu obliquement à la pointe du fruit ;… sa peau est fine, d’un rouge vif & assez foncé du côté du soleil ; le côté de l’ombre est d’un jaune citron, quelquefois lavé ou fouetté de rouge clair : par-tout elle est tiquetée de très-petits points qui sont rouges sur le jaune & d’un gris-clair sur le rouge ;… sa chair est d’un blanc un peu jaune, cassante, sans pierres ;… son eau est abondante, sucrée & agréable lorsque le fruit est bien mûr ;… ses pépins sont bruns, bien nourris, courts, peu pointus ;… cette poire très-agréable à la vue se mange cuite & en compotes, en janvier, février & mars : dans sa parfaite maturité elle est meilleure que la précédente : on en conserve quelques-unes jusqu’en avril.

119. Sarasin. Pyrus fructu medio, utrinque acuto, hinc luteo, indè obscuri rubescente, maximè serotino.

Poire de moyenne grosseur, assez grosse dans un bon terrain. Sa forme peu régulière est alongée ; le côté de l’œil diminue de grosseur & se terminé irrégulièrement, de sorte que le fruit se soutient difficilement sur cette extrémité ; l’œil est placé à fleur ; l’autre côté s’alonge en pointe obtuse, & est terminé par une queue assez grosse : elle a quelque ressemblance avec la poire de donville.

La peau du côté du soleil est lavée d’un rouge-brun, tiqueté de points gris ; le côté de l’ombre est vert, s’éclaircit à mesure que le fruit approcha de sa maturité & devient d’un jaune pâle ;… la chair est blanche, sans pierres, presque beurrée dans sa parfaite maturité ;… l’eau est sucrée, relevée, un peu parfumée ; les pépins sont noirs, longs, pointus, peu nourris ;… cette poire est excellente cuite & en compotes, elle se garde plus long-temps qu’aucune autre poire & même d’une année à une autre ; elles sont fort bonnes crues : il y a peu de poiriers qui méritent autant que celui-ci d’être cultivés.

120. Sylvanche. Cette poire a été trouvée dans les bois du pays Messin, & n’a pas été connue de M. Duhamel : M. le baron de Tschoudi en parle dans le Supplément du Dictionnaire Encyclopédique : il l’appelle bergamotte sylvange : & il dit : « Elle ne se greffe que sur franc ; c’est une poire délicieuse qui a un parfum délicieux & toutes les qualités d’une excellente poire : il la place parmi les fruits d’automne », Cet arbre est fort & vigoureux, ses bourgeons coudés à chaque nœud ; ses boutons sont très-longs, pointus, garnis d’écailles à leur base & portés par un support très-saillant ; le bois en est de couleur brune un peu rougeâtre au sommet, tiqueté très-clairement de points blancs & très-visibles. Le port de l’arbre ressemble à celui de la virgouleuse ; le fruit en est plus gros, recourbé vers la queue, la peau fine, la chair fondante ; la poire plus concave vers la queue & plus aplatie du côté de l’œil que le beurré. Les pépiniéristes de Lyon commencent à donner des soins à cet arbre.

CATALOGUE des Poires, suivant l’ordre de leur maturité.


La maturité varie, ainsi qu’il a été dit au commencement de cet article, soit par l’effet du terrain & des greffes, soit par celui de l’exposition & des saisons. Ainsi les exceptions ne détruiront pas la règle générale.

Amire joannet.

Petit muscat.

Auratte.

Muscat-robert.

Muscat-fleuri.

Madelaine.

Hâtiveau.

Cuisse-madame.

Gros blanquet.

Epargne.

Ognonet.

Sapin.

Deux têtes.

Bellissime d’été.

Bourdon musqué.

Blanquet à longue queue.

Petit blanquet.

Gros hâtiveau.

Poire d’ange.

Poire sans peau.

Parfum d’août.

Cher à dame.

Fin or d’été.

Épine rose.

Salviati.

Orange musquée.

Orange rouge.

Robine.

Sanguinole.

Bon-chrétien d’été musqué.

Gros rousselet.

Poire d’œuf.

Cassolette.

Grise-bonne.

Muscat royal.

Jargonelle.

Rousselet de Rheims.

Ah mon Dieu !

Fin or de Septembre,

Fondante de Brest.

Épine d’été.

Poire-figue.

Gracioli.

Orange tulipée.

Bergamotte d’été.

Bergamotte rouge.

Verte longue.

Beurrée.

Angleterre.

Doyenné.

Bezy de Montigny.

Bezy de la Motte.

Bergamotte suisse.

Bergamotte d’automne.

Bergamotte cadette.

Jalousie.

Frangipanne.

Lansac.

Vigne.

Pastorale.

Bellissime d’automne.

Messire jean.

Mansuette.

Rousseline.

Bon-chrétien d’Espagne.

Crasane.

Bezy de caissois.

Doyenné gris.

Merveille d’hiver.

Petit oin.

Épine d’hiver.

Louise bonne.

Martin sec.

Marquise.

Echasseri.

Ambrette.

Bezy de Chaumontel.

Vitrier.

Bequenne.

Bezy d’heri.

Franc-réal.

Saint-Germain.

Virgouleuse.

Jardin.

Royale d’hiver.

Angélique de Bordeaux.

Saint-Augustin.

Champ riche.

Livre.

Trésor.

Angélique de Rome.

Martin sire.

Bergamotte de pâques.

Colmar.

Bellissime d’hiver.

Tonneau.

Donville.

Trouvé.

Bon chrétien d’hiver.

Orange d’hiver.

Bergamotte de Soulers.

Double-fleur.

Poire de prêtre.

Poire de Naples.

Chat brûlé.

Muscat l’allemand.

Impériale.

Saint-père.

Poire à gobert.

Bergamotte de Hollande.

Tarquin.

Sarrasin.


Ceux qui n’ont pas de grandes possessions & qui désirent n’avoir uniquement que de bons fruits dans chaque saison, peuvent planter dans l’ordre suivant.

1. Cuisse madame.

2. Blanquette.

2. Robine ou royale d’été.

4. Rousselet de Rheims.

4. Beurré,

4. Doyenné gris.

3. Messire jean.

4. Crasane.

4. Saint-Germain.

2. Bezy de Chaumontel.

2. Royale d’hiver.

4. Virgouleuse.

4. Colmart.

2. Martin sec.

1. Bon-chrétien d’hiver.

2. Muscat allemand.

2. Bergamotte de Hollande.

1. Franc-réal.

4. Bergamotte sylvanche.

Pour un très-petit jardin.

1. Rousselet de Rheims.

2. Beurré.

1. Doyenné,

2. Saint-Germain.

1. Bergamotte sylvanche.

1. Virgouleuse.

1. Bezy de Chaumontel.

2. Colmart.

I. Bon chrétien d’hiver.

Au surplus, on est libre de choisir dans le nombre des espèces décrites, parce que les uns aiment mieux les poires fondantes, d’autres les poires cassantes. Le nombre des espèces est assez grand pour contenter tout le monde.


CHAPITRE III.

Des semis & des sujets.

La maturité des fruits varie, & outre les causes qui ont déjà été indiquées il y en a une qui mérite, je pense, d’être prise en considération. Il est bien démontré que, toute circonstance égale, le même fruit sur coignassier est plus hâtif que sur franc. L’arbre venu de pépins du premier, sera donc aussi plus hâtif & le deviendra beaucoup plus si son père a été planté dans une exposition sèche & méridionale. Voilà la raison pour laquelle dans le même climat & dans la même exposition on trouve ensuite des fruits plus précoces que l’on perpétue par la greffe. Si dans le nord on tire des arbres des pépinières du midi, ces arbres seront encore très-hâtifs, s’il ne se trouve pas une disproportion trop marquée entre ces deux climats ; mais il vaut mieux jusqu’à un certain point, tirer du nord au midi, les espèces s’y perfectionnent mieux & les fruits deviennent plus savoureux.

Si dans les semis on n’a employé que des pépins de poire d’hiver, il est clair que le temps de la maturité sera retardé ; si au contraire des espèces d’hiver sont greffées sur des sujets venus de pépins de fruit d’été, alors la maturité sera hâtive.

Si une espèce de poire à chair âpre & dure d’hiver étoit greffée sur une poire à chair fondante, celle-ci se conserveroit plus long-temps & l’arbre seroit plus fort.

Si les semis ont été faits avec des pépins du fruit produit par un arbre vieux & vigoureux, il est à présumer que la maturité des fruits des nouveaux sujets sera aussi précoce que celle de ce vieux arbre ; & l’on sait que les fruits mûrissent plutôt sur les vieux arbres que sur les jeunes.

Ces nuances que je me contente d’indiquer, méritent d’être prises en considération par les amateurs, & ceux qui sont encore dans l’âge de suivre des expériences & qui peuvent disposer de leur temps, feroient très-bien de se livrer à ce genre de travail aussi curieux qu’intéressant.

Je leur demande donc, 1°. de choisir les plus beaux fruits, les mieux nourris, cueillis sur arbres francs, de les laisser pourrir ou sécher dans leur chair, sans les amonceler les uns sur les autres, de rejeter tout fruit taré, venu sur un arbre caduc, ou planté dans un lieu humide ; de laisser ces fruits le plus long-temps qu’il sera possible sur les arbres, au moins jusqu’au temps des gelées (il s’agit des fruits d’hiver), de les placer ensuite dans la fruiterie & de les y conserver avec autant de soins que s’ils devoient être mangés. Quant aux fruits sur les pépins desquels on devra faire des expériences, ils doivent mûrir sur l’arbre ; il faudra choisir les meilleurs & les plus nourris ; les laisser pourrir à l’ombre & sécher dans leur chair, ensuite les fermer dans un lieu sec jusqu’au moment du semis.

On ne doit pas perdre de vue que le but unique de la nature est la conservation & la reproduction des êtres, que son travail immense tend toujours à améliorer la sève par les différentes articulations des branches, des greffes, des feuilles, des boutons, des bourgeons, des fleurs & des fruits, & que tout ce grand appareil & cet admirable travail ne tend qu’à perfectionner les sucs des fruits qui deviennent la précieuse nourriture de l’amande ou pépin. La végétation a duré un an entier avant d’arriver à ce terme. Du choix des pépins dépend, la bonté & la, force des sujets.

2°. Chaque fruit doit être distingué par son nom, & l’on doit noter s’il a été cueilli sur franc ou sur coignassier. On doit préférer le premier ; peu d’espèces font exception à cette loi, ainsi qu’il est dit plus bas.

3°. Au temps des semis, on dépouillera les pépins de leur enveloppe. Si elle est sèche, on mettra le tout tremper pendant quelques jours dans l’eau ; après cela, la séparation en sera facile & on sèmera tout de suite. Si la chair est encore fraîche, comme dans les fruits très-tardifs, on en séparera les pépins sans les endommager.

4°. Le semis aura lieu du moment qu’on ne craindra plus les fortes gelées, & même on peut dévancer cette époque si on a soin d’en préserver la terre avec suffisante quantité de paille. Lorsque les fruits d’été sont secs, on peut les ranger lits par lits dans du sable & les tenir dans un endroit frais, mais non pas humide. Leur germination sera plus prompte au printemps.

5°. Le semis doit être fait dans une terre douce, forte sans être tenace, bien ameublie par le terreau bien consommé & qui ait au moins dix-huit pouces de profondeur. On doit semer par raies & non à la volée, afin d’avoir la facilité d’arracher les mauvaises herbes, & de piocheter sur l’arrière-saison, si on laisse le semis pendant deux ans en pépinière. Dans ce cas, les raies demandent à être espacées de huit pouces les unes des autres. Ce terme de deux années paroîtra bien long à certaines personnes qui s’imaginent que c’est retarder leur jouissance ; mais je leur demande, ne vaut-il pas mieux replanter un sujet bien conditionné, bien enraciné, qu’un sujet foible & dont les racines n’ont presque pas la force d’un chevelu ? On est bien stade leur reprise.

6°. Je demande encore à l’amateur, lorsqu’il formera sa pépinière à demeure ; 1°. que le sol en ait été nouvellement défoncé à la profondeur de trois pieds ; 2°. que les jeunes plants y soient placés dans le courant de novembre ou au commencement de décembre, toujours suivant le climat ; 3°. qu’ils soient plantés avec toutes leurs racines, leurs chevelus, & que sous aucun prétexte il ne laisse couper ou raccourcir le pivot ; 4°. Que chaque plant soit espacé en quinconce de trois pieds de son voisin. Ceci ne regarde pas les pépiniéristes marchands d’arbres, ni les cultivateurs peu fortunés ; 5°. Qu’il laisse ces sujets sans les greffer jusqu’à ce qu’ils aient donné leurs premiers fruits. L’amateur sera presqu’assuré d’obtenir des nouvelles espèces, sur-tout si ces pépins ont été choisis dans les espèces nommées bezy, dans les bergamottes, dans les épines. Si le fruit est de médiocre qualité, l’amateur aura de très-beaux sujets pour greffer du plein-vent ; & il se procurera de cette manière des arbres forts, vigoureux, & qui le dédommageront amplement de ses soins. & de ses peines.

Je n’insiste pas sur les travaux nécessaires à la pépinière, ni sur la manière d’en tirer les arbres, &c. Ils ont été décrits à cet article.


CHAPITRE IV.

De la Greffe.

Le poirier se greffe sur franc & sur coignassier., On appelle franc, le sujet venu de pépin, de poire, & sur coignassier, celui produit par un pépin de coing, ou un drageon ou bouture du coignassier. Consultez ces mots.

Je ne parlerai pas ici des méthodes de greffer, des conditions du sujet qui fournit la greffe, de celles du sujet qui la reçoit, &c. consultez, le mot greffe ; mais il s’agit de détruire un vieux préjugé qui fait la honte & la ruine de nos jardins.

C’est une grande question de savoir s’il faut greffer sur franc ou sur coignassier. Les marchands d’arbres tiennent pour ce dernier parti, parce que sur le coignassier l’arbre dure moins, & ses branches s’étendent beaucoup moins ; donc, pour un espace donné, il faut fournir un plus grand nombre d’arbres. Voilà le véritable nœud de l’affaire. Les marchands d’arbres & les jardiniers ignorans diront encore qu’il faut un très-grand nombre d’années avant qu’un poirier sur franc donne du fruit, & que l’arbre greffé sur coignassier se hâte de vous faire jouir. Ils ont raison jusqu’à un certain point & même très-fort raison, en supposant la conduite, la taille, & la plantation d’un arbre telles qu’ils les pratiquent ; c’est-à-dire qu’ils croient faire des merveilles & prodigieusement espacer les arbres en espalier s’ils les plantent à douze pieds. Si on a à traiter avec un imbécile propriétaire, l’espace de six pieds sera suffisant. Cet abus ne règne pas dans un seul endroit, je l’ai vu & trop vu suivi dans toutes les provinces.

Comme il n’y a point de règle sans exception, les marchands d’arbres ne manqueront pas de dire, afin de justifier leur prédilection pour le coignassier, est-ce que la royale d’été, l’épine d’hiver, l’ambrette & la mansuette peuvent se greffer sur franc ? Oui, absolument parlant, elles le peuvent, mais elles réussissent mieux sur coignassier ; c’est un fait dont je conviens, & cette exception prouve, au contraire, que les autres espèces réussissent très-bien sur franc ; donc on doit l’employer de préférence, parce qu’il subsiste long-temps & qu’un seul pied doit occuper l’espace que quatre & même six poiriers sur coignassier occuperoient ; enfin, que ce seul arbre bien conduit produira à lui seul beaucoup plus de fruit qu’eux tous ensemble.

N’est-il pas démontré que le franc est plus vigoureux que le coignassier ? Si cela est, pourquoi planter à la même distance l’un & l’autre ? la végétation est inégale entre eux & très-inégale, chacun en convient. Le plus fort doit donc de toute nécessité venir à la longue manger le plus foible, c’est-à-dire occuper là place. Point du tout, le tailleur d’arbres n’entend point cela, il taille chacun à sa place, tant pis pour lui si chaque année il pousse trop vigoureusement. Ce franc ainsi perpétuellement retenu est forcé de pousser sans cesse du bois ; mais du fruit, c’est autre chose ; ce n’est pas sa faute. Pour que le bouton à fruit se forme, il faut que le bois soit au moins de deux ans, & on ne donne pas le temps à cet arbre d’en former ! Le jardinier tout fier prononce hardiment devant son maître, qui n’y entend pas plus que lui, qu’il faut arracher cet arbre, & qu’il ne donnera jamais de fruit. Combien de fois n’ai-je pas entendu de pareils raisonnemens, combien de fois n’ai-je pas vu l’arbre vigoureux & magnifique de virgouleuse, réduit à un espace de six à huit pieds sur neuf à dix de hauteur, donner chaque année un gros fagot de bourgeons & de branches & pas un seul fruit. Pour le mettre à fruit, lui supprimer deux grosses racines, le mutiler, &c., & le tout très-inutilement ; tandis que si on avoit arraché ses deux voisins, si on avoit étendu ses branches sans les rogner, si dans cette position on les avoit laissé pousser à volonté, elles auroient donné du fruit dès la seconde année.

Si on se promène dans un jardin, on voit une disproportion révoltante entre l’arbre sur coignassier & sur franc. Celui-ci présente un tronc fort & bien nourri, ses branches, grandes, vigoureuses, ses feuilles d’un vert foncé, enfin tout l’arbre respire la santé & la vie. À côté est le poirier greffé sur coignassier, dont le tronc couvert d’écailles raboteuses annonce la foiblesse, ses branches sont tortueuses, ses bourgeons maigres & fluets ; il est si chargé de boutons à fruit, qu’à peine il a la force de produire des boutons à bois ; presque toujours la greffe fait bourrelet, (voyez ce mot), ses feuilles sont jaunes, pâles, languissantes, rougissent à la première gelée blanche & tombent, tandis qu’il faut un froid bien décidé pour que celles sur franc éprouvent le même sort. Tout dans le premier annonce la vigueur & la force, & tout dans le second est l’image de la foiblesse & de la misère. Cette bigarrure d’arbres, sur franc & sur coignassier est révoltante dans un jardin où la véritable beauté des arbres consiste à présenter à l’œil la même force dans les arbres, la même activité de végétation, la même hauteur & la même forme. Cette égalité ne peut plus se trouver lorsque la vie d’un arbre est beaucoup plus courte que celle d’un autre, & lorsque la même vigueur, la même activité ne se trouvent plus dans l’un comme dans l’autre.

On objectera encore que dans les terrains maigres, pierreux, graveleux, l’arbre greffé sur coignassier réussit mieux que sur franc, donc celui-ci réussira mieux dans les sols forts, tenaces & même un peu humides. Voilà déjà à peu près la moitié des espèces de terrain gagnée en faveur de l’arbre sur franc.

Quant au terrain supposé pierreux, maigre, &c. (il s’agit ici d’un jardin & non d’un arbre livré à lui-même en plein champ), je dis & j’avance que le franc & le coignassier y réussiront tous deux également, chacun dans leur genre & en admettant toute circonstance égale. Chaque jour j’en ai la preuve sous les yeux ; mais j’ajoute que si on plante un poirier sur franc avec son pivot, il réussit beaucoup mieux que le poirier sur coignassier, planté même avec son pivot. Comment concevoir que le premier étant par lui-même fort & vigoureux (avec ou sans pivot), & le second étant naturellement foible (avec ou sans pivot), ce dernier puisse mériter la préférence ? Cela n’est pas croyable & est contraire à l’expérience de tous les jours & de tous les lieux. Si l’arbre se nourrissoit uniquement par ses racines (consultez l’article amendement & le dernier chapitre du mot agriculture), on pourroit admettre cette supposition, parce que les arbres plantés si près suivant la coutume ordinaire, s’affament les uns & les autres ; & il faut moins de nourriture à celui sur coignassier que sur franc ; mais laissez a ce dernier la liberté d’étendre ses branches, ne le tyrannisez pas sans cesse avec la serpette, alors ses branches contribueront plus à sa nourriture que ses racines, & vous ne direz plus que de tels terrains ne demandent que des arbres sur coignassier.

Je le répète, le seul avantage de ce poirier est de produire plus promptement du fruit, quelques espèces le donnent meilleur ; mais ces petits avantages peuvent-ils compenser & prévaloir sur ceux de la longue durée d’un arbre, de sa force & de sa belle forme. Enfin pour condescendre au goût de chacun, conservez sur coignassier les espèces de poires qui y réussissent le mieux ; mais au moins plantez ces arbres dans un quartier à part & isolé ; & qu’ils ne soient pas tristement confondus avec les poiriers sur franc.

CHAPITRE V.

De la Taille du Poirier.

Cet arbre est susceptible de prendre toutes les formes qu’on veut lui donner. Les deux plus communes sont en buisson, en éventail & en espalier, consultez ces mots & la Planche XIX, 495 du Tome second ; la figure 5 de la Planche XVI, page 460 du même volume. Par la taille en éventail, j’entends celle de l’arbre qui n’est pas placé contre le mur. Lorsqu’il est contre un mur, c’est un arbre en espalier. Cette distinction devient inutile si on taille l’arbre ainsi qu’il est représenté dans la planche XIX, mais le mot éventail désigne plus particulièrement l’arbre dont les branches sont disposée, comme le sont les rayons ou les supports d’un éventail dont se servent les dames. Cette taille est abusive dans tous ses points, puisqu’elle laisse perpétuellement des canaux directs de la sève, qui la forcent à se porter avec impétuosité au sommet de l’arbre, & à y former de vigoureux bourgeons qui attirent à eux toute la sève des parties inférieures, & finissent par élever l’arbre beaucoup plus haut qu’il ne convient, & enfin par le faire périr. En suivant cette forme, de quelle utilité sont donc les bourgeons si gros, si beaux, si multiplies, puisque chaque année il faut les rabattre ? Vous avez donc épuisé l’arbre en pure perte, & il s’épuisera toujours tant qu’il conservera cette forme.

Pour la taille en espalier & en éventail, si on fait une différence de l’une ou de l’autre, consultez l’article pêcher. Ce que je dirois ici seroit une répétition inutile.

Le pêcher n’a pas l’avantage inappréciable de pousser du bois nouveau sur le vieux bois ; le poirier plus heureux, répare de lui même la balourdise du tailleur d’arbres, s’il fait profiter du bienfait qu’il lui présente. Ce bois nouveau, ce hardi bourgeon sert à regarnir les places vides, à remplacer des branches trop vieilles ou mutilées, enfin à rajeunir l’arbre quand le besoin l’exige.

Le grand point dans la conduite de la taille du poirier, est, après avoir formé les deux mères branches, (voyez figure 1, Pl. XVI, p. 460 du T. II) de tirer toutes les branches presque horizontalement, (voy. fig. 3 de la même Planche) ainsi que dans le milieu de l’Y, en prenant garde de ne pas trop les multiplier afin de palisser sans peine & sans confusion les bourgeons qu’elles pousseront ensuite, & qui, à la seconde année, deviendront autant de branches à fruit.

Ne craignez pas d’épuiser l’arbre, tirez sur les côtés extérieurs les bourgeons dans presque toute leur longueur ; c’est-à-dire ne les retranchez pas, suivant la coutume des jardiniers ordinaires, à un ou deux yeux, mais ne les retranchez qu’à l’endroit où ce bourgeon commence à diminuer de grosseur ; c’est ce qu’on appelle tailler du fort au foible. Quant aux deux branches diagonales, c’est à-dire celles formant l’Y, à moins qu’elles ne soient trop foibles, laissez-leur toute leur longueur de pousse ; il est aisé de concevoir que l’arbre conduit de cette manière, occupe dans peu de temps beaucoup d’espace, & qu’il couvre plutôt un mur que par la méthode ordinaire. Pour ainsi dire livré à lui-même, les canaux directs de la sève abattus, il ne travaille pas inutilement en bois gourmands qu’il faut abattre chaque année, & tout son travail & toutes ses pousses lui profitent. Non, vous n’épuisez point l’arbre, quoiqu’en disent les jardiniers communs. La preuve en est qu’il ne pousse que suivant sa force, & qu’il ne pousse pas du bois pour vous donner le plaisir de le couper suivant la méthode ordinaire.

La beauté de l’arbre & de sa forme dépend de sa conduite pendant les deux ou trois premières années ; ce sont les bourgeons secondaires placés ensuite sur ceux de la première ou seconde année, qu’il est important de bien ménager & de bien palisser. C’est d’eux que dépend le garnissement, si je puis m’exprimer ainsi, du vide qui resteroit sans eux entre les branches ; ainsi qu’on le voit sur tous les arbres que nos jardiniers de province appellent taillés à la Montreuil ; c’est de chaque côté un amas de branches inclinées & presque nues, & sur lesquelles en apperçoit par-ci par-là quelques boutons à fruit. Ces branches sont trop rapprochées, & en n’a pas eu soin dans le temps de palisser à propos les premiers bourgeons. La trop grande quantité de branches parallèles, épuise l’arbre, rend sa forme désagréable, & s’oppose à la projection des nouveaux bourgeons, excepté vers leur extrémité. Si on en supprime quelques-unes, ou en totalité ou en partie, on force l’arbre à donner du bois nouveau qui, bien ménagé, garnira les places vides.

Depuis quelques années on a introduit une nouvelle taille appelée en quenouille, c’est à dire qu’on plante l’arbre tel qu’il sort de la pépinière, & qu’on lui laisse toutes ses pousses de côté, que l’on raccourcit seulement un peu pour lui donner la forme d’une pyramide dont la base est plus large & le corps va toujours en diminuant jusqu’au sommet. Cet arbre bien conduit produit un joli effet & se charge prodigieusement de fruits. Son grand défaut est de ne pas vivre long-temps, & petit à petit de ne plus pousser de boutons à bois pour peu que le sol soit ingrat ou maigre.

On a encore taillé les poiriers en portiques ; c’est à dire que le montant forme un pilastre d’un pied & demi à deux pieds de chaque côté de l’arbre ; & à la hauteur de sept ou de huit, commence la naissance des branches pliées en arceaux pour former le ceintre, & ensuite la hauteur qu’on donne à la partie taillée pour établir le couronnement. Cette taille suppose que tous les arbres sont à peu près de la même force, de la même végétation, sans quoi un portique seroit très-bien garni d’un côté & très-peu de l’autre. Il faut de toute nécessité établir un treillage figuré en portique afin de donner aux branches la position qu’on désire. Pendant les premières années ce genre de symétrie est agréable à la vue ; mais peu à peu les branches du pilastre rabougrissent & meurent. Enfin le sommet dévore la subsistance de la partie inférieure, parce que l’on veut trop tôt jouir, trop tôt garnir le treillage par des branches droites ; mais si on avoit soin de les incliner, & d’interrompre tout canal direct de la sève, ces portiques subsisteroient bien plus long-temps & dédommageroient le propriétaire pendant longues années de la dépense du treillage & des soins qu’il a donnés. Un semblable portique, quand il est bien entretenu, se charge de beaucoup de fruit & offre le plus joli des spectacles, parce que le fruit est peu recouvert par les feuilles. Le fruit jouit presque de la qualité des arbres à plein vent. Je ne conseille ce genre d’occupation qu’aux personnes très-accoutumées à conduire des arbres, & qui savent les conduire d’après des principes sûrs & que ne leur donnera jamais une routine aveugle.

La meilleure taille des poiriers est & sera toujours celle qui saura le plus sagement conserver les bourgeons dans toute leur force, & qui n’épuisera pas l’arbre en lui abattant chaque année une quantité de bois pour lui en faire reproduire autant l’année d’après. L’arbre vous dit, étendez, étendez toujours, je ne vous demande pas autre chose ; par ce moyen je tapisserai moi seul un mur de plus de 40 pieds de face sur 10 à 12 de hauteur, & je vous donnerai plus de fruits que sept arbres qui chez vous occupent le même espace.

Je n’ai cessé, dans tout le cours de cet Ouvrage, de me récrier sur le peu d’espace qu’on laissoit d’un arbre à un autre. Tous les pépiniéristes marchands d’arbres m’ont blâmé, & ceux qui ne savent pas juger par eux-mêmes, mais seulement d’après les autres, ont encore crié plus haut ; ils sont bien les maîtres de se laisser aveugler ; cependant, pour dernière tentative & en leur faveur, je vais copier quelques pages du Dictionnaire des Jardiniers, que le célèbre Philippe Miller, jardinier de Chelséa, imprima à Londres, après 40 ans d’expérience. C’est l’auteur qui parle.

« Ces arbres, (les poiriers) doivent être plantés contre des murailles, ou en espalier, à 40 pieds au moins de distance, parce que s’ils n’ont point assez de place pour s’étendre de chaque côté, il sera impossible de les conserver en bon ordre, principalement ceux qui sont greffés sur franc ; car plus les arbres sont taillés & plus ils poussent, ainsi que je l’ai observé. D’ailleurs, comme plusieurs espèces de poiriers produisent leurs boutons à fleur aux extrémités des branches de l’année précédente, en les taillant & en les raccourcissant tout le fruit est jeté bas ; ce qu’on ne peut éviter, si on ne donne pas assez de place aux poiriers en les plantant. »

» Je ne doute pas que cette distance ne soit trouvée trop considérable par tous ceux qui n’ont pas bien observé la croissance de ces arbres, surtout la pratique générale de la plupart des jardiniers étant de ne leur donner tout au plus que la moitié de cet espace ; mais si l’on veut se donner la peine d’examiner quelques-uns de ces arbres plantés depuis quelques années, on observera toujours que si par hasard il s’en trouve un dont les branches aient assez de place pour s’étendre, il produit plus de fruit que douze autres dont la croissance est gênée, faute d’un espace suffisant. J’ai vu des poiriers de plus de 50 pieds de largeur sur plus de 20 pieds de hauteur, qui donnoient beaucoup plus de fruits que n’en pourroient produire trois autres arbres semblables, plantés dans le même espace, ce dont il y a assez d’exemples : car on voit très-souvent des arbres plantés contre des maisons & aux extrémités des bâtimens, à douze pieds environ de distance & quelquefois moins parce qu’il y a une hauteur considérable de mur, où leurs branches peuvent être palissées, raison que nous donnent ordinairement ceux qui les plantent aussi près les uns des autres ; mais ils ne font pas attention qu’un arbre produira plus de fruit quand ses branches seront palissées horizontalement que trois ou quatre autres dont les branches seront perpendiculaires. On ne doit pas craindre que le haut du mur reste nu & dégarni ; car j’ai vu un poirier dont les branches embrasoient un espace de plus de 50 pieds & qui couvroient une muraille de plus de 36 pieds de hauteur. Cet arbre étoit un bon-chrétien extrêmement fructueux ; ce qui arrive très-rarement à cette espèce de poirier quand on ne lui laisse pas beaucoup de place. Le plus beau de cette espèce que j’aye jamais vu, étoit un grand arbre à plein vent ; sa tige avoit plus de dix pieds de hauteur, ses branches sortoient régulièrement de chaque côté & s’étendoient à près de 30 pieds du tronc, plusieurs penchoient jusqu’à terre en été à cause de la pesanteur du fruit, de manière qu’on étoit obligé de les soutenir avec des étoffes tout autour, pour les empêcher de se briser. Les branches de cet arbre étoient disposées de manière qu’elles formoient une parabole régulière de 40 pieds de hauteur, & qu’elles produiroient des fruits depuis le bas jusqu’en haut ; de sorte que dans une bonne saison, lorsque les fleurs avoient échappé à la gelée, on recueilloit dessus plus de deux mille poires, bien préférables pour le goût à toutes celles que j’avois goûtées jusqu’alors. Je ne rapporte cet exemple que pour faire voir combien cet arbre peut s’étendre quand on lui laisse tout l’espace qui est nécessaire, & pour faire remarquer que les branches de cet arbre qui n’avoient jamais été raccourcies, étoient néanmoins chargées de fruit jusqu’à leur extrémité. »

» Cela prouve encore combien est absurde la méthode des jardiniers françois, qui ne donnent pas plus de dix & douze pieds de distance à ces arbres, & celle sur-tout de leurs plus savans écrivains sur cette matière, qui ont conseillé de planter un pommier entre les poiriers, quand on laisse entre eux un espace de 12 pieds. Cependant, comme ces mêmes auteurs disent ensuite, qu’un bon poirier croît de trois pieds chaque année, suivant leurs propres observations, les branches de ces arbres doivent se rencontrer au bout de deux ou trois ans tout au plus. On peut facilement imaginer ce qui doit en résulter au bout de cinq à six ans. Cette méthode n’est pas seulement particulière aux françois, car la plupart des jardins anglois n’ont pas été mieux plantés, & ceux qui les ont exécutés avoient bien peu d’habileté dans leur art, pour s’assujettir à suivre les instructions des jardiniers françois qu’ils révéroient assez pour faire traduire leurs livres, en y joignant de petites notes qui n’ont servi qu’à découvrir leur ignorance ; car en critiquant le peu de place que les françois donnoient à leurs arbres, il n’y ajoutoient que trois pieds tout au plus, d’où il est clair qu’eux-mêmes n’ont point fait attention aux pousses ordinaires de ces arbres, & qu’en s’éloignant ainsi du but de la nature, ils n’étoient pas moins ignorans que leurs maîtres. »

» Comme la plupart des jardins anglois ont été plantés par des personnes peu habiles, il est fort rare d’en trouver qui produisent beaucoup de fruits. Quoique plusieurs de ces jardins aient été replantés nouvellement, ce changement ne leur a été que peu avantageux ; car les propriétaires ont pris la peine de faire arracher les vieux arbres, de changer la terre de leurs plates-bandes, & de les remplacer par de nouveaux arbres auxquels ils ont donné un ou deux pieds de plus de distance qu’aux anciens. Mais cet avantage n’a été que momentané : après quelques années ils se sont trouvés dans le même embarras, & leur ouvrage est encore à recommencer. On éprouvera le même inconvénient toutes les fois que l’on emploiera des personnes intéressées vendre beaucoup d’arbres, car elles en planteront trois fois plus qu’il ne sera nécessaire. Si on veut réparer cette faute, en supposant que les sujets soient bons & sains, il faut en enlever deux ou trois de suite, & ne laisser en place que le troisième ou le quatrième, suivant la distance qui leur a été donnée d’abord. On étend leurs branches horizontalement, c’est-à-dire toutes celles qui sont susceptibles d’être ainsi palissées, & l’on coupe près de la tige toutes celles qui sont trop dures pour pouvoir fléchir. Si les arbres conservés ne produisent pas l’espèce de fruit que l’on désire, on peut greffer leurs jeunes branches au printemps avec l’espèce qu’on désire avoir ; par ce moyen on gagnera plusieurs années ; car un de ces vieux arbres, ainsi greffé, s’étendra à une plus grande distance, & produira plus de fruit dans trois ans qu’un nouvel arbre dans dix ou douze, sur-tout si l’on renouvelle la terre de la plate-bande. »

D’après cet extrait d’un ouvrage si estimé, j’aime à croire que tous les doutes seront dissipés, & qu’on n’aura plus la manie de planter près-à-près, & sur-tout de suivre la méthode bizarre de planter un nain entre deux arbres mi-tiges. Ce raffinement a encore été imaginé par les marchands d’arbres, pour avoir le droit d’en fournir un plus grand nombre. Il est contre la loi de la nature que le nain prospère alors. Après quelques années il languit & meurt, & le mur reste à découvert sur toute la partie qu’il occupoit. On a beau donner aux branches inférieures du mi-tige des positions inclinées contre terre, afin de garnir les vides, on n’y parvient jamais. Ces prétendues branches auxiliaires périssent peu à peu, & le mal devient sans remède. Il ne faut dans un espalier que des arbres nains, des nains sur franc & très-espacés les uns des autres. Si on a la manie des arbres plantés près-à-près, qu’on arrache donc les voisins à mesure que celui qui doit rester en place pousse & alonge ses bourgeons. Lorsque je donne ce conseil, ce n’est pas que je l’approuve ; au contraire, je persiste à dire que c’est une absurdité ; mais je le donne comme par accommodement à ceux qui veulent qu’un mur soit promptement garni. Si les branches s’allongent, il est clair que les racines doivent s’alonger aussi ; & si l’on ne supprime pas à propos l’arbre surnuméraire, ses racines appauvriront celles de l’arbre qui demande à être conservé.

La taille du poirier n’a rien de particulier. Sa première taille est celle d’hiver. On peut la commencer dès que les feuilles sont tombées naturellement & non par-accident, par exemple, par une gelée trop précoce. La chute des feuilles indique que la sève ne travaille plus assez pour entretenir la sinovie de leur articulation avec la branche. Par sa dessiccation les points de suture se désunissent, & la feuille tombe… Les jardiniers appellent seconde taille, celle qui précède la sève d’août. S’ils entendent par cette expression véritablement tailler tous les bourgeons, les tous arrêter ou raccourcir, c’est une méthode absurde, puisqu’à la taille de l’hiver suivant il faudra encore raccourcir ces bourgeons ou raccourcir la pousse nouvelle qu’ils auront donnée. Ce genre de taille est tout au plus applicable aux arbres disposés en buisson, vulgairement nommés en gobelet ; & il vaut mieux n’y pas toucher, car plus on abat de bois, & plus il en pousse de nouveau. On ne rabat ainsi que lorsqu’il s’agit de garnir quelques places vides, ou de dompter un gourmand, ou de rétablir l’équilibre entre toutes les branches de la circonférence. Si le buisson n’est pas dans un de ces trois cas, laissez les bourgeons livrés à eux-mêmes, vous serez à temps de les rabattre à la taille d’hiver.

Quant à l’arbre, on ne doit point le tailler, mais simplement palisser ses branches à mesure qu’elles poussent, & leur donner une attitude naturelle & jamais forcée. Mais si des bourgeons s’élancent sur le devant de la branche, s’ils sont inutiles, on ne doit attendre aucune époque pour les abattre en entier. À quoi sert de leur laisser faire un grand travail inutile & nuisible à l’arbre, puisque leur mauvais placement nécessite leur soustraction ? Il est donc prudent de prévenir une perte de sève qui auroit été vraiment utile aux branches voisines. Le grand point est de palisser souvent (consultez ce mot') & autant de fois que le besoin l’exige. Il est bon d’observer que les arbres dont on laisse pousser les branches en liberté, donnent rarement des bourgeons inutiles & en quantité considérable, tandis que ceux qu’on taille & raccourcit sans cesse, en poussent de toutes parts de nouveaux. Ces derniers se vengent de la mal-adresse des jardiniers, & c’est peu à peu aux dépens de leur force. Lorsque cet arbre ne pousse presque plus de bois, les jardiniers disent qu’ils l’ont matté, & ils ont raison ; & c’est à peu près comme si l’on saignoit au blanc un homme fort & vigoureux. Il résulte de l’une & de l’autre opération un état de foiblesse & de défaillance qui approche beaucoup de celui de la caducité ou de l’agonie,

Plus l’on tiendra les branches & les bourgeons alongés, & moins l’on craindra les branches chiffonnes, le faux bois, les têtes de saule, les gourmands, &c. (consultez ces mots) ; & lorsque j’ai dit plus haut qu’on devoit tailler du fort au foible, je n’ai pas prétendu étendre cette règle sur tous les bourgeons en général, mais je l’ai conseillée comme un moyen de conserver l’équilibre entre toutes les branches & bourgeons de chaque côté de l’arbre, de manière qu’un côté ne soit pas plus chargé de bois que l’autre, & que la sève s’étende par-tout également. Cet équilibre est indispensable, car si un côté ou une seule branche l’emporte, l’art du jardinier doit y remédier, sans cela la sève se jetteroit insensiblement tout de ce côté au grand détriment de l’autre.

Cette taille du fort au foible doit encore avoir lieu lorsque les pousses, ou lorsque la branche dont elles partent, sont visiblement trop fluettes & maigres pour avoir été tenues tout à coup trop longues. C’est alors le cas de suivre cette taille, & même, si le besoin le demande, de ravaler le bourgeon sur un œil ou sur deux. La branche mère prendra plus de force, & ses nouvelles pousses seront mieux nourries : tant il est vrai que plus on abat de bois, & plus il en pousse de nouveau. N’est-ce pas sur ce point qu’est fondée la taille du buissonnier qui exige le même équilibre dans ses branches ? L’une, trop foible, pousse un petit bourgeon, tandis que sa voisine forte donne un bourgeon plus long & bien nourri. Que fait-on pour rappeler ces deux bourgeons à l’égalité dans la pousse suivante ? on taille le premier sur un œil, & on en laisse quatre, six ou huit au second. Mais si, pour donner à l’arbre la forme d’une couronne, ainsi que l’appellent les jardiniers, on taille ces deux bourgeons pris pour exemple, tous deux à la même hauteur, c’est-à-dire de 4 à 6 yeux ; le premier restera étique, & le second regorgeant d’embonpoint, poussera de nouveau un bourgeon d’une force surprenante.— C’est ce que l’on voit tous les jours.

Je mets au rang des articles de la taille une pratique presque inconnue de nos jardiniers ordinaires. Les arbres greffés sur coignassier, & après un certain nombre d’années, sont épuisés par leur propre foiblesse & par l’excès de taille qu’on leur a fait supporter. Ces malheureuses victimes n’ont plus ou presque plus la force de produire des boutons à bois ; mais ils sont chargés & surchargés de boutons à fruit. On les voit couverts de bourses (consultez ce mot) nouvelles, anciennes, le tout pêle-mêle, & souvent implantées les unes sur les autres. Au printemps ils sont tout blancs par la quantité de fleurs, & cependant très-peu de fruits aoûtent & arrivent à maturité.

Pour leur faire repousser du bois nouveau, il convient d’abattre une très-grande partie de ces bourses, & sur-tout les vieilles qui se chargent d’yeux par tous les côtés  ; il résulte de cette opération qu’on a de nouveau bois, & que le fruit noue cette année & pendant plusieurs années consécutives. L’abondance des fleurs suppose l’abondance du fruit, mais elle ne la garantit pas. Lorsque ces arbres si couverts de boutons à fruit n’en donnent pas, les jardiniers vous disent : Ah ! c’est bien dommage ; rappelez-vous comme il étoit beau en fleur ; C’est la faute de la saison. Eh ! non, ce n’est pas sa faute, puisque l’arbre voisin, moins couvert de boutons à fruit, en est cependant chargé. La véritable raison tient à ce que l’un n’avoit que la quantité de boutons à fruit qu’il pouvoit nourrir, tandis que l’autre en avoit beaucoup trop. Au surplus, on ne risque jamais rien, en supprimant par années d’intervalles, & suivant le besoin, de supprimer la moitié & même les trois quarts de ces boutons à fruit. Il en reste toujours assez. Je n’ai trouvé que ce seul moyen de rendre la vigueur aux poiriers sur coignassier que j’ai chez moi, & ils m’ont donné une bonne récolte, tandis que les arbres de mes voisins n’ont pas produit une seule poire. Ce qui rend le fait encore plus intéressant, c’est que je parle des arbres plantés à six pieds l’un de l’autre, & que j’ai trouvés dans ma nouvelle habitation. La majeure partie a de bon bois. Ceux qui ont été trop vieux ont peu gagné à cette soustraction. Je la renouvellerai encore cette année, afin qu’avant de les arracher }e puisse juger jusqu’à quel point cette opération est avantageuse ; mais à coup sûr, quoique mon terrain soit pierreux, caillouteux & sablonneux, je ne les remplacerai que par des arbres greffés sur franc. Tous ceux qui y ont été plantés en même temps, & ceux sur franc, sont forts, vigoureux & bien portans. Voilà cependant un exemple bien caractérisé qui prouve que le franc réussit même dans le sol sablonneux & infiniment mieux que le poirier greffé sur coignassier.

Le poirier est en général sujet aux mêmes maladies que les autres arbres. Mais il en a une accidentelle qui lui fait beaucoup de mal ; je veux dire le dépouillement presque total de ses feuilles, dévorées par l’insecte nommé Tigre. Cet insecte est muni d’un aiguillon ou d’une trompe, avec lequel il pompe & détruit tout le parenchyme des feuilles, & n’y laisse que les fibres ou la charpente.

Chacun s’est empressé de donner des recettes capables d’exterminer cet insecte destructeur, & chacun a copié ce qui avoit été imprimé par son devancier, de manière qu’on n’est aujourd’hui guère plus avancé qu’auparavant. Il est de fait que le tigre attaque sans distinction toutes espèces de poiriers, mais qu’il préfère les espèces de bon-chrétien à toutes les autres ; qu’il préfère également les poiriers taillés en espalier à ceux qui le sont en buisson, & ceux-ci aux plein vents. Ses ravages sont plus considérables sur les arbres exposés au gros soleil & dans des terrains secs, que sur ceux plantés à l’ombre ou dans des terrains bas & humides.

L’auteur de la Maison rustique, & après lui beaucoup d’autres, disent : « Pour les détruire faites un amas de branches de genêt commun ou de fougère (voyez ces mets), faites-les bien sécher, ensuite mettez-les au bas des arbres infectés des tigres, à trois pieds de l’arbre, du côté que le vent souffle. Ensuite mettez-y le feu, de manière pourtant qu’il y ait plus de fumée que de flamme ;[7] la fumée ira sur toutes les feuilles, & fera périr tous les tigres qui y seront, pourvu qu’on réitère plusieurs fois cette fumigation ; ou bien on ramassera à la fin d’octobre toutes les feuilles qui seront tombées de ces arbres infectés de tigres, & on les jettera aussitôt au feu[8]. Quinze jours après on fera la même chose, & ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ait brûlé toutes les feuilles qui seront tombées de l’arbre, alors on ratissera doucement les branches avec un couteau de bois, ce qui fera tomber à terre les œufs de l’insecte & les fera périr[9]. La vapeur de la chaux vive, ainsi que la décoction d’absente, sont aussi d’excellens remèdes.»

» On peut encore, quand il n’y a plus de feuilles aux arbres, chercher les tigres dans les trous de mur de l’espalier. On les en fera sortir avec un petit plumasseau ; on les fera tomber eux & leurs œufs sur un morceau de toile étendue au pied du mur, & ensuite on le secouera sur le feu… D’autres se contentent de jeter avec un goupillon sur les feuilles de l’arbre, de l’eau dans laquelle on aura fait tremper du tabac… Le plus sûr, pour les chasser, est de semer du chenevis autour & dessous les arbres qui en sont attaqués… La forte odeur du chanvre les fatigue, & on continue d’en semer tous les ans jusqu’à ce qu’on soit sûr qu’ils ont entièrement abandonné les arbres. »

Les mêmes recettes sont copiées dans le Dictionnaire Économique ; mais l’auteur ajoute qu’il faut seringuer vers le mois de mars, temps où le soleil commence à échauffer les œufs de ces insectes, de l’eau bouillante dans les treillages, sur les grosses branches, principalement dans les trous & crevasses des murs. Chaque fois qu’on pompe l’eau bouillante, il faut tremper la seringue dans l’eau froide, autrement elle ne prendroit pas d’eau, l’air étant raréfié par la chaleur. Un auteur qui a copié cette recette a encore renchéri dans le Journal Économique du mois d’avril 1764 ; & il ajoute : « on doit seulement faire en sorte que l’eau bouillante ne donne point sur les feuilles naissantes : les œufs n’étant déposés que dans les petites fentes de l’écorce des branches, ce ne sont que ces repaires qu’il faut attaquer, » Est-il possible de seringuer toutes les branches sans qu’une partie de l’eau bouillante ne rejaillisse sur les feuilles & ne les endommage ? Dans tout ce qui vient d’être rapporté, uniquement pour désabuser le cultivateur sur toutes ces recettes, il n’y a de bon & de vrai que la soustraction des vieilles écorces & le nettoiement des crévasses. J’ose en répondre d’après mon expérience, & je me suis bien mieux trouvé du procédé indiqué par l’excellent continuateur de M. l’abbé Roger Schabol, dans son ouvrage intitulé, Pratique du Jardinage, où il dit :

« Après avoir éprouvé les différens remèdes indiqués contre ces ennemis dangereux, je ne suis parvenu à les détruire qu’en frottant les feuilles l’une après l’autre durant le mois de mai, & écrasant, soit avec les doigts, soit avec un linge, l’animal qui n’a point encore fait de ravage, & dont les œufs ne doivent éclore que lorsque les feuilles seront grandes. On recommence cette pratique autant de fois qu’il est nécessaire. J’ai eu aussi la patience d’ôter soigneusement toutes les feuilles d’un poirier attaqué du tigre, & j’ai réitéré cette opération l’année suivante. »


CHAPITRE VI.

Des usages économiques du Poirier & de son fruit.

I. Du bois. Celui du poirier sauvage est préférable pour les arts où l’on emploie du bois dur, comme pour des pièces de rouage de moulin ; celui du poirier cultivé est beaucoup plus tendre. Il est naturellement rougeâtre, doux, compact, uni. Il sert aux menuisiers pour des parquets, aux ébénistes pour la marqueterie, aux tourneurs & sur-tout aux luthiers. Les graveurs en bois le recherchent aujourd’hui avec soin, sur-tout depuis qu’on a multiplié les manufactures de toiles & de papiers peints. Les branches & les troncs caverneux, depuis longtemps coupés & bien secs, font un feu excellent & une braise très-chaude.

II. Des fruits. La poire en général nourrit peu ; elle se digère plus lentement que la pomme de reinette, développe plus d’air dans les premières voies.

La majeure partie des poires se conserve assez long-temps pour attendre celles de la récolte nouvelle, de manière qu’elles procurent une jouissance continuelle pendant une année entière. Simplement cuites ou en compotes, elles fournissent une nourriture agréable & très-recherchée dans les grandes tables. Ces apprêts ne sont pas du ressort de cet Ouvrage.

Les poires qui se gâtent, qui pourrissent, sont employées à la nourriture des oiseaux de basse-cour & des cochons. Les pigeons & les poules tirent encore parti des pépins.

Les habitans de la campagne préparent les poires tapées qu’ils vendent ensuite chèrement à la ville. Il est juste que les citadins paient leurs peines & leur industrie. Voici le procédé.

On n’emploie communément pour cet usage que les poires de rousselet, de beurré d’Angleterre, de doyenné, de beurré, de messire-jean, ou bernardin-sec. La première espèce est à préférer. On les cueille un peu avant leur maturité. Il faut choisir pour cela un beau jour & leur conserver leur queue. On les fait cuire dans un chaudron d’eau bouillante, jusqu’à ce qu’elles mollissent un peu ; ensuite on les met sur des claies pour les faire égoutter. Puis on les pèle, & on les range sur des plats la queue en haut. Elles jettent alors une espèce de sirop qu’on met à part. On arrange de nouveau & dans la même position ces poires sur une claie, & on les porte ainsi dans un four d’où on vient de tuer le pain, ou chauffé à un degré à peu près semblable. On les y laissé pendant 12 heures. On les retire pour les tremper dans le sirop que l’on a édulcoré avec du sucre, auquel on joint quelquefois un peu de canelle & Je girofle & même un peu d’eau-de-vie. On expose de nouveau ces poires enduites de sirop dans le four qui doit être un peu moins chaud que la première fois. On réitère l’opération trois fois de suite, c’est-à-dire qu’il faut deux couches de vernis de sirop & trois cuites. On les laisse dans le four, à la troisième cuisson, assez longtemps pour qu’elles se sèchent suffisamment, ce que l’on connoît lorsqu’elles ont une couleur de café clair, & que la chair en est ferme & transparente ; enfin, lorsqu’elles sont bien refroidies, on les enferme dans des boîtes garnies de papier blanc, & on les conserve dans un lieu très-sec.

Quelques-uns font bouillir les pelures dans la même eau jusqu’à ce qu’on puisse en exprimer le jus en les pressant dans une passoire ou dans un linge clair & blanc. On remet bouillir ce jus exprimé, jusqu’à ce qu’il soit réduit à un sirop épais, qui sert ensuite pour tremper les poires.


  1. Le poirier & le coignassier peuvent à la rigueur, & à la manière dei botanistes être placés dans la même classe, & elle sera très-naturelle, puisque ces deux arbres se greffent l’un sur l’autre, & il n’en est pas ainsi du coignassier & du poirier, qui n’admettent pas la greffe du pommier. L’épine ou aubepin, (voyez ce mot) reçoit la greffe du poirier.
  2. M. Duhamel du Monceau, à qui j’ai si souvent payé le tribut de louange qu’il mérite, s’est livré à un genre de travail que je n’ai jamais été à portée de suivre, ainsi je préviens mes lecteurs que la description des espèces lui appartient toute entière, & qu’elle est tirée de son Traité des Arbres fruitiers. Il a tâché de rapprocher les espèces autant qu’il a été possible sans avoir égard au temps de leur maturité.
  3. M. de la Bretonnerie dit dans son excellent ouvrage intitulé, École des Jardins, que cette poire ne mérite guère de trouver place parmi nos meilleures poires, & qu’elle n’est estimé que pour sa primeur. Cet auteur a raison quand il s’agit du climat de Paris ; il n’en est pas ainsi dans les provinces méridionales, & sur-tout si on laisse mûrir ce fruit sur l’arbre, & si l’arbre est déjà vieux, son goût suave & musqué font oublier sa petitesse.
  4. On a nommé cette poire Madelaine, parce qu’elle mûrit à l’époque de la fête de cette Sainte, & Citron des Carmes, à cause de sa couleur citronnée, & parce que les Carmes ont été les premiers à cultiver ce fruit.
  5. Ce nom est composé de deux mots Bretons, celui de bezy signifie sauvageon, & celui d’hery est le nom d’une forêt de Bretagne où ce poirier a été trouvé.
  6. Ce vice tient beaucoup au climat & au sol, & n’est pas général.
  7. On demande pourquoi cette préférence pour ces deux plantes ? agissent-elles par leur odeur ? Dans ce cas, pourquoi ne pas se servir d’herbes plus odorantes ? Est-ce par leur fumée ? dans ce cas, il vaudroit mieux les moins faire sécher, elles donneroient plus de fumée & moins de flamme.
  8. Tout insecte est prudent, & sa grande attention est de veiller à la conservation de son espèce ; aussi il ne livre point aux.feuilles qui doivent tomber, pourrir, & être emportées par les vents, un dépôt si précieux. C’est sous les gerçures de la peau, sous la vieille écorce que son trésor est confié. Là il brave les vents, les pluies & les frimats, & attend en paix le retour de la belle saison. À coup sûr, les œufs n’écloront que lorsque les feuilles seront dans le point de perfection nécessaire à la nourriture de l’insecte.
  9. Ce troisième moyen est préférable aux deux premiers, mais on ne doit pas laisser ces débris sur la terre, au contraire il faut les recevoir avec soin sur un linge à mesure qu’on les fait tomber, & porter le tout au feu.