Hôtel Serpente (Tome septièmep. 639-647).


PIED. Médecine vétérinaire. L’ongle, le sabot, le pied sont des mots synonymes. Il entre dans notre plan de rappeler ici la division que l’on en fait en pince, en talons, en quartier, & de définir ce qu’on entend par ces parties, ainsi que par celles qui sont connues sous la dénomination de couronne, de sol & de fourchette. Entrons en matière.

Le pied du cheval est composé de parties dures & de parties molles. Les parties dures sont les os ; les parties molles sont les chairs. Toutes ces parties sont contenues dans une boite de corne, que l’on appelle sabot. Il faut en considérer :

1°. La forme : elle est la même que celle de l’os du pied ; c’est-à-dire, qu’elle présente un ovale tronqué, ouvert sur les talons, & tirant sur le rond en pince.

2°. Le volume & les proportions. Le sabot n’est proportionné qu’autant qu’il répond aux parties dont il est une suite & qu’il termine. Supposons par exemple, un cheval de la taille de cinq pieds, en qui les membres & toutes les pièces articulées qui les complettent, seroient dans le rapport le plus parfait ; l’assiette ou la partie de l’ongle des extrémités antérieures qui portera sur le sol, aura quatre pouces cinq lignes dans sa plus grande largeur, & cinq pouces deux lignes dans sa plus grande longueur, à partir d’une ligne qui, appuyée sur l’un & l’autre talon, traverseroit le vide de la bifurcation de la fourchette.

La couronne aura quatre pouces d’un côté à l’autre, au plus saillant, & une même distance de sa partie antérieure a la partie la plus saillante du talon.

La hauteur verticale de ce même sabot, sera de cieux pouces deux lignes, mesurée du milieu de la partie antérieure & la plus élevée de la couronne jusqu’au sol ; mais cette élévation se réduira aux quartiers, à un pouce sept lignes & demie, si on la prend au droit du milieu de la couronne, entre le talon & la partie antérieure de cette première partie, & elle n’aura plus en talons ou dans la dernière que huit lignes.

L’inclination du contour antérieur ou de profil, sera telle que si on la prolongeoit sur le terrain, on trouveroit un pouce onze lignes de longueur entre l’aplomb du sommet de la couronne & le point où atteindroit sur le sol l’extrémité de la pince au moyen de cette prolongation : ce contour doit s’approcher ensuite insensiblement & de plus en plus de la verticale, de manière à n’être incliné au droit du milieu de l’assiette vue latéralement, que de quatre lignes, & à perdre toujours imperceptiblement jusqu’à environ quinze lignes de l’extrémité des talons, où il devient vertical, & de là s’incline en arrière à tel point, qu’au droit des talons, l’aplomb du contour de la couronne dépasse de six lignes le point d’appui du talon sur le sol.

Ces mesures géométriques, c’est-à dire, prises entre des parallèles, ne se rapporteront pas absolument au sabot des extrémités postérieures ; il est des différences à observer.

1°. La largeur de l’assiette, mesurée comme dans l’ongle de l’extrémité antérieure, aura quatre pouces & demi, au lieu de quatre pouces cinq lignes, & sa longueur sera de cinq pouces six lignes.

2°. Les dimensions de la couronne d’un côté à l’autre, seront les mêmes à celle de l’ongle antérieur en cet endroit ; mais de la partie antérieure à la ligne la plus saillante du talon, elle aura huit lignes de plus.

3°. La hauteur verticale aura deux pouces & demi ; dans les quartiers, elle sera réduite à un pouce neuf lignes, tandis qu’au talon elle sera parfaitement égale en élévation.

4°. Enfin, l’inclinaison du contour antérieur, vue de profil, & prolongée comme dans le pied de devant, sera de deux pouces de longueur entre l’aplomb du sommet de la couronne & le point que nous avons désigné sur le terrain.

La connoissance de ces proportions assez rigoureusement assignées, non sur un ongle qui n’ayant jamais porté de fer, auroit éprouvé de la part du sol, des atteintes qui en auroient inévitablement altéré la forme & les mesures naturelles, mais sur un pied vraiment beau & paré, comme il doit l’être quand il est ferré selon l’art, peut nous donner les plus grandes lumières : l’ongle, par exemple, excède-t-il ces dimensions ou ne les atteint-ils pas ? il est également défectueux, Une amplitude plus ou moins vaste, maïs toujours très-commune dans les chevaux lourds, mois & foibles, est une marque de sa délicatesse, de sa trop grande sensibilité, de la propension à s’échauffer bientôt sur le sol, & rarement peut on y adapter des fers d’une manière vraiment solide ; d’ailleurs, cette partie rend pénible par son propre poids, la marche de l’animal déjà naturellement débile ; il butte, il bronche, il se lasse aisément, & le moindre travail le fatigant pour peu qu’il soit exercé, la ruine de ses membres ne peut être que prochaine ; un ongle trop peu volumineux, au contraire, est aride, sec & cassant, & le plus souvent aussi, par son inflexibilité, par la dureté, & sur-tout par son rapprochement des parties molles auxquelles il devroit servir de défense, il occasionne en elles, en les comprimant, une douleur plus ou moins vive : s’il n’a pas la hauteur & la longueur requises, son appui n’ayant lieu que sur une très-légère portion ou sur une très-petite quantité de points du sol, la machine élevée sur quatre colonnes dont la base alors est très-étroite, n’a que très-peu de stabilité, & s’il n’est pas en ce cas exposé à des éclats, à des fissures, comme il l’est assez ordinairement, les corps durs sur lesquels il portera, lui feront éprouver une douloureuse sensation.

3°. La consistance : l’union trop intime des fibres, leur trop grande tension, l’étroitesse ou plutôt l’oblitération des canaux destinés à contenir & à charier le fluide, telles sont les causes de la sécheresse & de l’aridité de l’ongle, tandis que le relâchement de ces mêmes fibres, le moindre resserrement des vaisseaux, une plus grande abondance de porosités, & par conséquent un abord plus considérable de liqueurs, produiront l’effet opposé ; de là, les pieds qu’on nomme très-improprement pieds gras, qu’il conviendroit de nommer plutôt pieds mous ; la sole est le plus souvent en eux si vaste, que le tissu de l’ongle en est distendu, & que le sabot en paroît évasé ; outre le danger qu’il y a de piquer, de serrer, d’enclouer ces sortes de pieds, il est certain encore que dès les premiers momens l’application des nouveaux fers les étonne toujours & qu’ils sont toujours foibles. Très-fréquemment encore ces sortes de pieds en imposent par les dehors trompeurs d’une beauté apparente qu’ils ne doivent qu’à leur défectuosité, puisque l’ongle ne paroît en eux extérieurement uni, liant & plein de vie, qu’à cause de la lâcheté de son tissu & le petit nombre de fibres dont il est formé.

Nous exigeons donc dans le pied une épaisseur proportionnée qui en fait la force, qui s’oppose à sa sensibilité & qui garantit le cheval d’être piqué, serré & encloué aussi facilement qu’il pourroit l’être, si la consistance de l’ongle étoit plus foible ? Nous demandons encore que sa fermeté soit accompagnée de souplesse. Ces deux qualités réunies lui font soutenir sans éclater les lames que l’on y broche ; ce que l’on ne rencontre pas dans l’ongle des pieds que l’on nomme pieds dérobés ; c’est-à dire, de ceux dont la corne est si cassante, que la lame la plus déliée y fait, près du fer, des brèches considérables, principalement à l’endroit des rivures. De tels pieds sont souvent déferrés, & l’étampure extraordinaire à laquelle on a recours en pareille circonstance, n’occasionne que trop communément dans les parties molles des offenses de la part des lames.

Le tissu de l’ongle dans des pieds mous, paroît extérieurement, & attendu sa lâcheté, uni, haut & plein de vie ; aussi se laisse-t-on assez souvent séduire par ce dehors trompeur. Il n’en est pas de même d’un nombre de défauts bien apparens dans une infinité d’autres pieds ; tels sont, par exemple, les aspérités qu’on y remarque quelquefois, des inégalités, des espèces de bosses en forme de cordons, qui entourent le sabot d’un quartier & d’un talon à l’autre. Dans le cas de la présence de ces cordons, le pied est dit cerclé ; souvent alors l’animal feint ou boite. Souvent aussi ces cercles ou cordons existant en dehors comme en dedans, compriment les parties molles, & la douleur qu’ils suscitent, donnent lieu à la claudication. Il est donc certain qu’en général l’ongle doit être uni dans toute son étendue ; il est toujours tel dans les pieds vifs ; c’est-à-dire, dans ceux qui n’étant pas privés des sucs nécessaires à leur entretien, possèdent, si nous osons nous exprimer ainsi, cet éclat dont jouit tout corps à qui la faculté de végéter n’est pas ravie. La rétraction, le resserrement, le rétrécissement de l’ongle, sont encore autant de points sur lesquels on ne doit pas passer sans attention. Il en est ainsi du dessèchement qui en diminue la forme ; le pied rend alors un son creux, pour ainsi dire ; quand il est heurté, on diroit qu’il est entièrement cave. On doit aussi prendre garde que l’ongle ne soit pas fendu sur le milieu de sa partie antérieure ; cette fente, plus ou moins visible, commençant dès la couronne, est ce que l’on nomme soie ou pied de bœuf. (Voyez Soie.) Cet événement que nous mettons au rang des maladies externes, attaque plus communément les extrémités postérieures que les antérieures. Il est encore une maladie qui peut intéresser toutes les parties du pied : elle est la suite d’un heurt violent des pieds du cheval contre un corps dur, & nous la nommons en conséquence étonnement du sabot. (Voyez ce mot.)

Passons actuellement à la division du pied.

Le sabot a deux faces ; l’une antérieure & supérieure, convexe, qu’on appelle muraille. La partie inférieure, la sole proprement dite.

La partie supérieure en est la couronne ; la partie inférieure la fourchette & la sole ; la partie antérieure, la pince ; la partie postérieure, le talon ; enfin, les parties latérales internes & externes, sont distinguées par les noms de quartiers de dedans, & de quartiers de dehors.

Mais, sans parler ici de la différence que l’on observe dans toutes ces parties, relativement à leur substance & à leur construction, arrêtons-nous seulement aux beautés & aux défauts dont elles peuvent être susceptibles.

1°. Les talons : ils doivent être élevés dans une juste proportion. Nous renvoyons donc le lecteur à la mesure que nous en avons donnée en parlant des proportions. Il faut encore qu’ils soient fermes, ouverts & égaux. Dans les pieds dont les talons sont bas, communément la fourchette a trop de volume ; elle est grasse, c’est-à-dire trop molle ; & cette partie portant directement sur le sol, l’animal souffre nécessairement, & le plus souvent il boite.

Ce défaut est d’une conséquence encore plus grande dans les chevaux long-jointés, dont les fanons touchent presque à terre ; car il est bien difficile que l’art restreigne le mouvement, l’action & le jeu des articulations du boulet & du paturon. Au surplus, on distingue le talon qui a été abattu de celui en qui le défaut d’élévation est un défaut de nature, en examinant la fourchette qui est ordinairement d’un volume médiocre & proportionné dans les pieds exempts de ce vice.

Le trop d’élévation des talons, joint à l’aridité de l’ongle, & à une foiblesse excessive, & telle que la pression la plus légère suffit à leur rapprochement, sont un présage de leur resserrement & de l’encastelure. (Voyez ce mot.) Ces sortes de talons qui fléchissent & plient ainsi, sont appelés des talons foibles, des talons flexibles. On doit encore faire une grande différence entre le talon foible & le talon affoibli. La foiblesse naturelle a pour cause la qualité de l’ongle même, tandis que la foiblesse accidentelle ou acquise, peut provenir de quelques maladies qui auront endommagé, usé ou diminué la force de la fourchette, ou de l’ignorance du maréchal qui n’aura pas entretenu celle qui étoit nécessaire pour contenir les talons, pour les empêcher de se resserrer, ou qui les aura resserrés lui-même en creusant, au lieu de parer à plat & sans pencher le boutoir, quand il les a abattus. Cette mauvaise opération qui n’est que trop ordinaire à la campagne, par laquelle le maréchal se flatte d’ouvrir les talons, enlève totalement l’appui qui étoit entr’eux & la fourchette, & dès-lors les parois de l’ongle en cet endroit cessant d’être gênées, contenues, & d’avoir un soutien, se jettent & se portent en dedans, d’autant plus aisément qu’il est de la nature de la corne de tendre à le resserrer.

Des pieds dont les talons sont trop hauts, mais larges & ouverts, manquent ordinairement par la pince. Si le vice qui naît du peu d’élévation des talons, est plus grand dans des chevaux long-jointés que dans d’autres, on doit bien comprendre que celui qui résulte de leur trop de hauteur, augmente à proportion dans les chevaux court-jointés, droits sur leurs membres, boutés, arqués ou brassicourts. (Voyez ces mort) Des talons excessivement élevés favorisent la mauvaise position & la direction fausse de la jambe de l’animal. Nous ajouterons encore que tout pied trop alongé, outrepassant en talons sa rondeur ordinaire, a des dispositions réelles à l’encastelure. (Voyez ce mot) Enfin l’expérience nous apprend que l’inégalité des talons est plus commune dans les chevaux fins, quand cette partie est en eux étroite & serrée, & lorsqu’on n’a pas la précaution d’humecter souvent leurs pieds.

2°. Les parties latérales ou les quartiers : celui de dedans est constamment & naturellement plus foible que celui de dehors. Ils doivent être nécessairement égaux en hauteur, autrement le pied seroit de travers, & la masse ne portant que sur le quartier le plus haut, l’animal ne pourroit marcher avec facilité ni avec assurance.

L’inégalité des quartiers provient de plusieurs causes, ou de la main inhabile ou paresseuse du maréchal qui néglige de couper ou d’abattre également, vu le moins de facilité qu’il a dans le maniement du boutoir quand il s’agit de retrancher du quartier de dehors du pied du montoir, & du quartier de dedans du pied hors du montoir ; ou de la surabondance des liqueurs qui nourrissent l’ongle, & qui, à raison de quelques causes occasionnelles, se distribuent en plus grande quantité dans un quartier que dans un autre ; ou de la conformation vicieuse de l’animal, dont le poids, s’il est cagneux ou panard, ou s’il a des jambes de veau, porte plus sur un quartier que sur l’autre, & celui sur lequel il reposera le moins, poussera & croîtra plus que celui sur lequel il s’appuiera davantage, ou enfin, de la situation des poulains élevés dans des pâturages montueux & inégaux.

Cette inégalité ne consiste pas seulement dans celle de leur hauteur véritable ; ils peuvent paroître inégaux en élévation par le rejet & la direction de l’un d’eux en dedans ou en dehors. Ainsi, par exemple, dans un pied dont l’ongle est aride & sec, un des quartiers se jetant en dedans, l’autre, dont l’ongle ne sera pas réellement plus prolongé, mais dont la direction sera perpendiculaire & tombera à plomb sur le terrain, semblera avoir plus de hauteur. Il en sera de même dans le cas où un des quartiers se jetteroit en dehors par les unes ou par les autres des différentes causes qui peuvent donner lieu à cette difformité.

3°. La sole : cette portion de l’ongle qui tapisse en plus grande partie & qui clôt avec la fourchette le sabot inférieurement, doit avoir nécessairement de la force & de la vigueur pour résister sans dommage & sans douleur, à la dureté & à l’aspérité des corps sur lesquels l’animal marche. Est-elle foible & molle ? elle se meurtrit aisément, le pied est toujours sensible, & l’animal boite aussitôt qu’il marche sur un terrain ferme & dans les chemins pierreux : son épaisseur néanmoins ne doit pas être telle que le dessous du pied n’ait aucune concavité, alors le pied seroit ce que nous nommons un pied comble. Ce défaut fait d’abord porter l’animal autant sur la sole que sur les quartiers, & dans la suite il porte moins sur les quartiers que sur la sole ; toute la nourriture se distribuant en pareil cas à cette partie, & la pince & les talons en étant privés, ils se dessèchent & se resserrent. Dans ces sortes de pieds l’ongle est toujours plat, difforme & écailleux, & les chevaux nourris & élevés dans des pays marécageux, sont plutôt sujets à ce défaut que les autres. On appelle pied plat ceux qui, moins caves qu’ils ne doivent l’être, doivent encore leur difformité à leur trop de largeur & à leur trop d’étendue. Les talons, dans ce cas, ne se resserrent pas, ils s’élargissent du côté des quartiers, & la fourchette porte à terre. Insensiblement le pied plat peut devenir comble. Il est des pieds plats naturellement & par vice de conformation. Il en est d’autres qui sont plats, larges & étendus, parce que Les chevaux ont été nourris dans des pays humides ; d’autres enfin, ont les talons conformés comme ils doivent l’être, mais l’ongle s’étend vers la pince ; ce défaut est un effet ordinaire de la fourbure. (Voyez ce mot) Le pied est plat, l’ongle rentre dans lui-même, tandis qu’au milieu, & à la partie antérieure du sabot, il est cerclé. Le cheval en marchant fixe son appui sur le talon, & non sur la pince, sur-tout si le dessous du pied approche de la figure du pied comble, par le moyen de l’élévation de la sole, qui poussée & voûtée en dehors, présente une sorte de croissant. Les chevaux dont les pieds sont plats, ne sont jamais, d’un grand service, sur-tout si la fourbure a quelque part à ce défaut : la sole peut ne pas surmonter, & effacer toute cavité du pied, mais être voûtée & saillante dans une seule portion de son étendue ; cette saillie forme ce que nous appelions un oignon. (Voyez ce mot) On doit comprendre au surplus que tout pied plat & comble est plus susceptible que les autres de contusions, de foulures, de bleimes foulées, &c. comme tout pied aride, cerclé, encastelé, est très sujet aux bleimes sèches. (Voyez tous ces mots)

4°. Enfin la fourchette ; elle doit être proportionnée au sabot ; une fourchette trop ou trop peu nourrie, annonce toujours un pied défectueux. Sa disproportion en maigreur est le partage d’un ongle trop sec, tandis, que sa disproportion en volume existe communément dans les talons trop bas. Quant aux autres défauts & aux maladies, voyez Fourchette.

Des maladies du pied. Les maladies auxquelles la pied du cheval est exposé, sont l’atteinte, l’avalure, la bleime, le clou de rue, la compression de la sole charnue, l’encastelure, l’enclouûre, l’étonnement de sabot, le sic ou crapaud, la forme, la foulure de la sole, la fourbure, la fourmilière, le javart encorné, l’oignon, la piqûre, la seime, la brûlure de la sole, les cercles ou cordons & les croissans.

Mais, outre ces maladies que l’on trouvera amplement détaillées par ordre alphabétique dans le corps du dictionnaire, quant à leurs causes & à la manière de les guérir, il en est encore d’autres par lesquelles nous terminerons cet article.

Pied altéré, (le) est un dessèchement de la sole de corne. Ce mal vient souvent de ce que le maréchal a paré le pied jusqu’à la rosée. (Voyez Ferrure) L’air ayant enlevé toute l’humidité du pied, & resserré la sole de corne, il s’en suit la compression de la sole charnue ; ce qui fait boiter le cheval.

Curation. Relâchez, adoucissez & humectez la sole de corne, en appliquant des cataplasmes émolliens & des emmiellures. (Voyez ce mot)

Pied desséché & resserré. La mauvaise méthode que les maréchaux ont de rapetisser, & d’enjoliver le pied, en abattant beaucoup de muraille, en rapant bien le sabot tout autour, & en vidant le dedans du pied, fait qu’on l’expose par-là au contact de l’air. Ce qui enlève une partie du suc de la lymphe nourricière, dissipe l’humidité, dessèche le pied, & le fait resserrer.

Curation. Humectez le pied avec des cataplasmes émolliens, & même avec de la terre glaise mouillée. Elle produit autant d’effet que certains autres remèdes conseillés par quelques auteurs.

Pied foible. ou pied gras. Pied dont la muraille est mince. C’est un vice de conformation qui peut arriver à un pied bien fait tout comme à un pied plat. Les chevaux chez lesquels on remarque ce défaut, sont exposés à être piqués, encloués ou serrés, & même à devenir boiteux par les coups de broc hoirs qui les étonnent,

Curation. Voyez la ferrure de ces sortes de pieds, à l’article Ferrure, Chap. III, Sect. iii, pag. 538.

Pied serré. Nous appelons clou qui serre la veine ou pied serré, un clou qui comprime la chair cannelée.

La chair cannelée peut être comprimée par le clou, lorsqu’il pénètre la muraille & elle lorsque le clou coude.

Le clou pénètre entre la muraille & la chair cannelée, lorsque le fer est étampé trop maigre.

La chair cannelée peut encore souffrir une compression, lorsqu’il se trouve une souche ; pour lors, la pointe du clou passant devant la souche ou derrière, elle fait fonction de coin qui comprime la chair cannelée ; ou lorsque la contre-perçure étant trop grande, le clou se tourne de côté, & fait élargir la corne, ou enfin, lorsque le clou est trop fort de lame. Dans tous ces cas, la chair cannelée est comprimée, les vaisseaux sont resserrés, & la circulation étant interceptée, il en naît l’inflammation & la formation du pus.

Curation. Pour reconnoître le mal, sondez avec les triquoises, & l’endroit où le pied sera plus sensible vous en indiquera le siège. Si l’accident est récent, il n’y aura qu’une simple inflammation ; s’il est ancien, il s’y formera du pus.

Si vous vous apercevez sur le champ que le cheval a le pied serré, desserrez-le, ou bien, retirez le clou qui cause le mal ; si au contraire le mal est ancien, & qu’il y ait du pus, servez-vous des remèdes que nous avons indiqués pour l’enclouûre. (Voyez ce mot)

Pied, (extension du tendon fléchisseur du pied) L’extension du tendon fléchisseur du pied & des ligamens, vient de la même cause que la compression de la sole charnue ; c’est-à-dire, de l’effort de l’os coronaire sur le tendon ou sur ses ligamens.

Cet accident arrive lorsque la fourchette ne porte pas à terre, & elle n’y porte pas 1°. lorsqu’elle est trop parée & que les éponges sont trop fortes ou armées de crampons. Le point d’appui étant alors éloigné de terre, l’os coronaire pèse sur le tendon & le fait alonger jusqu’à ce que la fourchette ait atteint la terre ; 2°. lorsque le pied du cheval porte sur un corps élevé. Le pied étant pour lors obligé de se renverser, l’os coronaire pèse sur le tendon, l’oblige de servir de point d’appui au corps du cheval, & le distend. Enfin, l’extension des ligamens vient des grands efforts & des mouvemens forcés de l’os coronaire.

Cette maladie se manifeste par un gonflement qui règne depuis le genou jusques dans le paturon, & par la douleur que l’animal ressent dans cette partie lorsqu’on la touche, On s’en apperçoit encore mieux au bout de douze ou quinze jours, par une grosseur arrondie qu’on appelle ganglion, (voyez ce mot) située sur le tendon, & qui forme par la suite une tumeur squirreuse, dure, indolente, ronde, inégale & pour l’ordinaire fixe.

Curation. Dessolez le cheval ; il ne sauroit y avoir extension sans qu’il y ait une forte compression de la sole charnue. Appliquez ensuite, le long du tendon, des cataplasmes émolliens que vous renouvellerez trois fois le jour.

Si après quinze ou vingt jours vous apercevez une grosseur limitée au tendon, ou un ganglion, mettez-y le feu en pointe, & laissez l’animal à l’écurie jusqu’à ce qu’il soit guéri ; cette méthode m’a réussi à merveilles dans deux mulets.

M. la Fosse conseille de promener le cheval trois ou quatre jours après l’application du feu, & de le faire travailler une quinzaine de jours de suite ; il a même observé que les chevaux qu’on tenoit enfermés dans les écuries pendant tout le temps du traitement, restoient presque toujours boiteux. L’utilité de cette pratique, quoique peu physiologique, ne doit point être révoquée en doute, puisqu’elle émane d’un praticien aussi estimable.

Pied. (de la rupture du tendon fléchisseur du) On juge que le tendon fléchisseur du pied, est rompu, 1°. en ce que le cheval portant le pied en avant, ne le ramène pas ; 2°. en ce qu’il ne sauroit mouvoir l’articulation ; 3°. en ce que le tendon est lâche lorsqu’on le touche ; on s’en assure même par la douleur que l’animal ressent au paturon, par un engorgement qui survient au haut de la fourchette peu de jours après, & encore mieux quand il est dessolé, par une tumeur à la pointe de cette même fourchette & bientôt par un dépôt qui dénote, avec le secours de la sonde, la rupture du tendon.

Curation. Ne tentez jamais la guérison de cette maladie, sans dessoler le cheval, & faites une ouverture à la sole charnue, pour donner issue à la partie du tendon qui doit tomber en pourriture ; par ce moyen, le reste du tendon s’épanouissant, se collant sur l’os de la noix, & s’ossifiant avec lui & avec l’os du pied, il arrive que le cheval guérit, mais qu’il reste toujours boiteux. Cette méthode, que nous n’avons jamais suivie, attendu que dans le cours de notre pratique, nous n’avons jamais eu de cheval atteint de ce mal, est celle de M. la Fosse : nous ne saurions trop la recommander. L’ouverture faite, servez-vous, pour premier appareil, d’onguent digestif ; la partie du tendon détachée, n’employez que de la térébenthine de Venise & son essence ; n’oubliez pas sur-tout d’appliquer autour de la couronne, des cataplasmes émolliens pendant douze ou quinze jours,

Pied ; (fracture de l’os du) Nous avons déja traité au long de cette maladie à l’article Fracture. (Voyez ce mot, page 41, Tom. V). M. T.