Cours d’agriculture (Rozier)/BLEIME

Hôtel Serpente (Tome secondp. 307).


BLEIME. En hippiatrique, nous connoissons sous cette dénomination, une inflammation causée par un sang extravasé dans la sole des talons. Elle a pour principes les coups, les blessures & les fortes contusions.

Nous distinguons dans le cheval trois sortes de bleimes. 1o. La bleime sèche, qui est le résultat de la sécheresse du pied. Elle attaque communément les pieds cerclés, les pieds encastelés ; (voyez Encastelure) plutôt le quartier de dedans, que celui de dehors, & fait beaucoup boiter l’animal ; 2o. la bleime encornée, dans laquelle la matière abonde : échappée des tuyaux qui la contenoient, elle se pervertit bientôt ; & ne trouvant plus d’issue elle-même, pénètre sous le quartier, & cause de vrais ravages ; 3o. la bleime foulée, qui est la suite d’une contusion, d’une foulure, d’une compression, & à laquelle les pieds plats & les pieds combles sont conséquemment très-sujets.

La bleime de la première espèce demande les cataplasmes émolliens, les rémolades & les onctions d’onguent de pied sur la sole des talons & le sabot. Si dans la bleime de la seconde espèce, la rougeur de la sole des talons se change en tache noire, il faut ouvrir la sole avec une renette ou la cornière du boutoir, pour faire évacuer la matière, introduire par l’ouverture de petits plumaceaux imbibés d’essence de térébenthine, & comprimer légérement les plumaceaux avec un bandage, de peur que les chairs ne surmontent. Dans la troisième enfin, on applique des plumaceaux imbibés d’eau-de-vie camphrée, & on ferre le cheval comme pour les bleimes. (Voyez Ferrure)

Le bœuf & le mouton sont aussi sujets à la bleime. Elle a son siège entre les ongles de ces animaux, & reconnoît pour cause les coups & les contusions. On y remédie facilement par des lotions de parties égales d’eau-de-vie & de vinaigre. M. T.