Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le duc ou grand duc

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 172-177).

LE DUC OU GRAND DUC

Les poètes ont dédié l’aigle à Jupiter, et le duc[NdÉ 1] à Junon : c’est en effet l’aigle de la nuit et le roi de cette tribu d’oiseaux qui craignent la lumière du jour, et ne volent que quand elle s’éteint ; le duc paraît être, au premier coup d’œil, aussi gros, aussi fort que l’aigle commun ; cependant il est réellement plus petit, les proportions de son corps sont toutes différentes ; il a les jambes, le corps et la queue plus courtes que l’aigle, la tête beaucoup plus grande, les ailes bien moins longues, l’étendue du vol ou l’envergure n’étant que d’environ cinq pieds ; on distingue aisément le duc à sa grosse figure, à son énorme tête, aux larges et profondes cavernes de ses oreilles, aux deux aigrettes qui surmontent sa tête et qui sont élevées de plus de deux pouces et demi ; à son bec court, noir et crochu ; à ses grands yeux fixes et transparents ; à ses larges prunelles noires et environnées d’un cercle de couleur orangée ; à sa face, entourée de poils, ou plutôt de petites plumes blanches et décomposées qui aboutissent à une circonférence d’autres petites plumes frisées ; à ses ongles noirs, très forts et très crochus ; à son cou très court, à son plumage d’un roux brun, taché de noir et de jaune sur le dos, et de jaune sur le ventre, marqué de taches noires et traversé de quelques bandes brunes mêlées assez confusément ; à ses pieds, couverts d’un duvet épais et de plumes roussâtres jusqu’aux ongles[1] ; enfin à son cri effrayant[2] huihou, houhou, bouhou, pouhou, qu’il fait retentir dans le silence de la nuit, lorsque tous les autres animaux se taisent ; et c’est alors qu’il les éveille, les inquiète, les poursuit et les enlève ou les met à mort pour les dépecer et les emporter dans les cavernes qui lui servent de retraite : aussi n’habite-t-il que les rochers ou les vieilles tours abandonnées et situées au-dessus des montagnes ; il descend rarement dans les plaines, et ne se perche pas volontiers sur les arbres, mais sur les églises écartées et sur les vieux châteaux[NdÉ 2]. Sa chasse la plus ordinaire sont les jeunes lièvres, les lapins, les taupes, les mulots, les souris qu’il avale tout entières et dont il digère la substance charnue, vomit le poil[3], les os et la peau en pelotes arrondies ; il mange aussi les chauves-souris, les serpents, les lézards, les crapauds, les grenouilles, et en nourrit ses petits ; il chasse alors avec tant d’activité que son nid regorge de provisions ; il en rassemble plus qu’aucun autre oiseau de proie[NdÉ 3].

On garde ces oiseaux dans les ménageries à cause de leur figure singulière[NdÉ 4] ; l’espèce n’en est pas aussi nombreuse en France que celle des autres hiboux, et il n’est pas sûr qu’ils restent au pays toute l’année ; ils y nichent cependant quelquefois sur des arbres creux, et plus souvent dans des cavernes de rochers ou dans des trous de hautes et vieilles murailles ; leur nid a près de trois pieds de diamètre, et est composé de petites branches de bois sec entrelacées de racines souples et garni de feuilles en dedans : on ne trouve souvent qu’un œuf ou deux dans ce nid, et rarement trois ; la couleur de ces œufs tire un peu sur celle du plumage de l’oiseau ; leur grosseur excède celle des œufs de poule : les petits sont très voraces, et les pères et mères très habiles à la chasse qu’ils font dans le silence et avec beaucoup plus de légèreté que leur grosse corpulence ne paraît le permettre ; souvent ils se battent avec les buses, et sont ordinairement les plus forts et les maîtres de la proie qu’ils leur enlèvent ; ils supportent plus aisément la lumière du jour que les autres oiseaux de nuit, car ils sortent de meilleure heure le soir et rentrent plus tard le matin. On voit quelquefois le duc assailli par des troupes de corneilles qui le suivent au vol et l’environnent par milliers ; il soutient leur choc[4], pousse des cris plus forts qu’elles et finit par les disperser, et souvent par en prendre quelqu’une lorsque la lumière du jour baisse : quoiqu’ils aient les ailes plus courtes que la plupart des oiseaux de haut vol, ils ne laissent pas de s’élever assez haut, surtout à l’heure du crépuscule ; mais ordinairement ils ne volent que bas et à de petites distances dans les autres heures du jour. On se sert du duc dans la fauconnerie pour attirer le milan ; on attache au duc une queue de renard pour rendre sa figure encore plus extraordinaire ; il vole à fleur de terre et se pose dans la campagne sans se percher sur aucun arbre ; le milan, qui l’aperçoit de loin, arrive et s’approche du duc, non pas pour le combattre ou l’attaquer, mais comme pour l’admirer, et il se tient auprès de lui assez longtemps pour se laisser tirer par le chasseur, ou prendre par les oiseaux de proie qu’on lâche à sa poursuite : la plupart des faisandiers tiennent aussi dans leur faisanderie un duc qu’ils mettent toujours en cage sur des juchoirs dans un lieu découvert, afin que les corbeaux et les corneilles s’assemblent autour de lui, et qu’on puisse tirer et tuer un plus grand nombre de ces oiseaux criards qui inquiètent beaucoup les jeunes faisans ; et pour ne pas effrayer les faisans on tire les corneilles avec une sarbacane[5].

On a observé, à l’égard des parties intérieures de cet oiseau, qu’il a la langue courte et assez large, l’estomac très ample, l’œil enfermé dans une tunique cartilagineuse en forme de capsule, et le cerveau recouvert d’une simple tunique[NdÉ 5] plus épaisse que celle des autres oiseaux, qui, comme les animaux quadrupèdes, ont deux membranes qui recouvrent la cervelle[6].

Il paraît qu’il y a dans cette espèce une première variété qui semble en renfermer une seconde : toutes deux se trouvent en Italie et ont été indiquées par Aldrovande ; on peut appeler l’un le duc aux ailes noires[7], et le second le duc aux pieds nus[8] ; le premier ne diffère en effet du grand duc commun que par les couleurs qu’il a plus brunes ou plus noires sur les ailes, le dos et la queue ; et le second[NdÉ 6], qui ressemble en entier à celui-ci par ces couleurs plus noires, n’en diffère que par la nudité des jambes et des pieds qui sont très peu fournis de plumes ; ils ont aussi tous deux les jambes plus menues et moins fortes que le duc commun.

Indépendamment de ces deux variétés qui se trouvent dans nos climats, il y en a d’autres dans des climats plus éloignés : le duc blanc de Laponie[NdÉ 7], marqué de taches noires, qu’indique Linnæus[9], ne paraît être qu’une variété produite par le froid du Nord ; on sait que la plupart des animaux quadrupèdes sont naturellement blancs ou le deviennent dans les pays très froids ; il en est de même d’un grand nombre d’oiseaux : celui-ci qu’on trouve dans les montagnes de Laponie est blanc, taché de noir, et ne diffère que par cette couleur du grand duc commun ; ainsi on le peut rapporter à cette espèce comme simple variété[NdÉ 8].

Comme cet oiseau craint peu le chaud et ne craint pas le froid, on le trouve également, dans les deux continents, au nord et au midi, et non seulement on y trouve l’espèce même, mais encore les variétés de l’espèce : le jacurutu du Brésil[10], décrit par Marcgrave, est absolument le même oiseau que notre grand duc commun ; celui qui nous a été apporté des terres Magellaniques ne diffère pas assez du grand duc d’Europe pour en faire une espèce séparée[NdÉ 9] ; celui qui est indiqué par l’auteur du Voyage à la baie d’Hudson, sous le nom de hibou couronné[11], et par M. Edwards sous le nom de duc de Virginie[12][NdÉ 10], sont des variétés qui se trouvent en Amérique les mêmes qu’en Europe ; car la différence la plus remarquable qu’il y ait entre le duc commun et le duc de la baie d’Hudson et de Virginie, c’est que les aigrettes partent du bec au lieu de partir des oreilles. Or on peut voir de même dans les figures des trois ducs, données par Aldrovande, qu’il n’y a que le premier, c’est-à-dire le duc commun, dont les aigrettes partent des oreilles ; et que dans les autres, qui néanmoins sont des variétés qui se trouvent en Italie, les plumes des aigrettes ne partent pas des oreilles, mais de la base du bec, comme dans le duc de Virginie décrit par M. Edwards : il me paraît donc que M. Klein a prononcé trop légèrement lorsqu’il a dit que ce grand duc de Virginie était d’une espèce toute différente de l’espèce d’Europe, parce que les aigrettes partent du bec, au lieu que celles de notre duc partent des oreilles ; s’il eût comparé les figures d’Aldrovande et celles de M. Edwards, il eût reconnu que cette même différence, qui ne fait qu’une variété, se trouve en Italie comme en Virginie, et qu’en général les aigrettes dans ces oiseaux ne partent pas précisément du bord des oreilles, mais plutôt du dessus des yeux et des parties supérieures à la base du bec.


Notes de Buffon
  1. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce que les plumes sur le corps, les ailes et la queue, sont d’une couleur plus sombre.
  2. Voici ce que rapporte M. Frisch au sujet des différents cris du puhu, schuffut ou grand duc, qu’il a longtemps gardé vivant. Lorsqu’il avait faim, dit cet auteur, il formait un son assez semblable à celui qui exprime son nom (en allemand, puhu) pouhou ; lorsqu’il entendait tousser ou cracher un vieillard, il commençait très haut et très fort, à peu près du ton d’un paysan ivre qui éclate en riant, et il faisait durer son cri ouhou ou pouhou autant qu’il pouvait être de temps sans reprendre haleine ; il m’a paru, ajoute M. Frisch, que cela arrivait lorsqu’il était en amour, et qu’il prenait ce bruit qu’un homme fait en toussant pour le cri de sa femelle : mais quand il crie par angoisse ou de peur, c’est un cri très désagréable, très fort, et cependant assez semblable à celui des oiseaux de proie diurnes. (Traduit de l’allemand de Frisch, article du bubo ou grand duc.)
  3. J’ai eu deux fois, dit M. Frisch, des grands ducs vivants, et je les ai conservés longtemps ; je les nourrissais de chair et de foie de bœuf, dont ils avalaient souvent de fort gros morceaux ; lorsqu’on jetait des souris à cet oiseau, il leur brisait les côtes et les autres os avec son bec, puis il les avalait l’une après l’autre, quelquefois jusqu’à cinq de suite ; au bout de quelques heures, les poils et les os se rassemblaient, se pelotonnaient dans son estomac par petites masses, après quoi il les ramenait en haut et les rejetait par le bec ; au défaut d’autre pâture, il mangeait toute sorte de poissons de rivière, petits et moyens et après avoir de même brisé et pelotonné les arêtes dans son estomac, il les ramenait le long de son cou et les rejetait par le bec : il ne voulait point du tout boire, ce que j’ai observé de même de quelques oiseaux de proie diurnes. — Nota qu’à la vérité ces oiseaux peuvent se passer de boire, mais que cependant, quand ils sont à portée, ils boivent en se cachant. Voyez, sur cela, l’article du jean-le-blanc.
  4. « Fortissima avis sæpius valde tumultuatur inter millenarii numeri cornices. » Klein, Avi., p. 54 et suiv.
  5. Voyez Frisch, à l’article du grand duc.
  6. Vide Schwenckfeld, Theriotrop. Sil., p. 308. — Ceux qui voudront avoir des connaissances exactes sur la structure des parties intérieures des oiseaux de ce genre les trouveront dans les observations 51 et 52 de Jean de Muralto : Éphémérides des curieux de la nature, ann. 1682 ; et Coll. Acad., part. étrangère, t. III, p. 474 et 475.
  7. Bubo noster. Aldrov., Avi., t. Ier, p. 508. — Grand duc aux ailes noires. Albin, t. III, p. 3. — Le grand duc d’Italie. Brisson, t. Ier, p. 482. — Le grand hibou cornu d’Athènes. Edwards, Glanures, p. 37, pl. ccxxvii.
  8. Bubo noster. Aldrov., Avi., t. Ier, p. 508. — Le grand duc déchaussé. Brisson, t. Ier, p. 483.
  9. « Strix capite aurito, corpore albido. » Linnæus, Faun. Suec., no 46. — Le grand duc de Laponie. Brisson, t. I, p. 486.
  10. « Jacurutu Brasiliensibus, Bufo Lusitanis, noctua est ; magnitudine æquat anseres : caput habet rotundum instar felis : rostrum aduncum nigrum, superiori parte longius : oculos magnos, elatos, rotundos et splendentes instar crystalli, in quibus interius circulas flavus versus extrema apparet ; latitudo oculorum aliquantô major grosso misnico ; prope aurium foramina plumas habet duos digitos longas, quæ instar aurium in acutum desinunt et attolluntur : cauda lata est, neque alæ pertingunt ad illius extremitatem ; crura pennis vestita usque ad pedes, in quibus quatuor digiti, tres anterius, unus posterius versus, atque in quolibet unguis incurvatus, niger, plusquam digitum longus et acutissimus ; pennæ totius corporis variegantur e flavo, albo et nigricante pereleganter. » Marcg., Hist. nat. Brasil., p. 199.
  11. Le grand hibou couronné est fort commun dans les terres voisines de la baie d’Hudson ; c’est un oiseau fort singulier, et dont la tête n’est guère plus petite que celle d’un chat ; ce qu’on appelle ses cornes sont des plumes qui s’élèvent précisément au-dessus du bec, où elles sont mêlées de blanc, devenant peu à peu d’un rouge brun marqueté de noir. Voyage de la baie d’Hudson, t. I, p. 55.
  12. « Cet oiseau, dit M. Edwards, est de la plus grande espèce des hiboux, et très approchant de la grandeur du hibou cornu, que nous appelons hibou aigle (grand duc) ; sa tête est aussi grosse que celle d’un chat… le bec est noir, la mandibule supérieure en est crochue et surpasse la mandibule inférieure comme dans les aigles ; il est recouvert d’une peau dans laquelle sont placées les narines, et qui est recouverte à la base par des plumes grises qui environnent le bec ; les yeux sont grands et l’iris en est brillant et couleur d’or… Les plumes qui composent les cornes prennent leur naissance immédiatement au-dessus du bec, où elles sont mélangées d’un peu de blanc ; mais à mesure qu’elles s’élèvent au-dessus de la tête, elles deviennent d’un rouge brun et se terminent par du noir au dehors ; le dessus de la tête, du cou, du dos, des ailes et de la queue, est d’un brun obscur, taché et entremêlé assez confusément de petites lignes transversales rougeâtres et cendrées… le haut de la gorge, sous le bec, est blanc ; un peu plus bas, jaune orangé, taché de noir ; le bas de la poitrine, le ventre, les jambes et le dessous de la queue sont blancs ou d’un gris pâle, assez régulièrement traversé de barres brunes ; le dedans des ailes est varié et coloré de la même façon ; les pieds sont couverts, jusqu’aux ongles, de plumes d’un gris blanc, et les ongles sont d’une couleur de corne brune et foncée : j’ai dessiné, ajoute M. Edwards, cet oiseau vivant à Londres, où il était venu de Virginie : j’ai chez moi la dépouille d’un autre qui est empaillé, et qui a été apporté de la baie d’Hudson ; il m’a paru qu’il était de la même espèce que le premier, étant de la même grandeur et n’en différant que par quelques nuances de couleur. » Je ne ferai qu’une réflexion sur cette description dont je viens de donner la traduction par extrait, c’est qu’il n’y a que le caractère des aigrettes partant du bec, et non pas des oreilles, qui puisse faire regarder cet oiseau d’Amérique comme faisant une variété constante dans l’espèce du grand duc ; et que cette variété se trouvant en Europe aussi bien qu’en Amérique, elle est non seulement constante, mais générale, et fait une branche particulière, une famille différente dans cette espèce.
Notes de l’éditeur
  1. Le grand-duc est désigné par les ornithologistes modernes sous le nom scientifique de Bubo maximus Sibb. [Note de Wikisource : actuellement Bubo bubo Linnæus, vulgairement grand-duc d’Europe]. Il appartient à l’ordre des Rapaces et à la famille des Strigidés. Les oiseaux de cette famille sont tous nocturnes, c’est-à-dire qu’ils sortent surtout au crépuscule. Leurs yeux sont très grands, arrondis, dirigés en avant et très rapprochés l’un de l’autre, ce qui leur donne une assez grande ressemblance avec ceux des chats ; ils sont souvent entourés d’un cercle de plumes rigides, disposées de façon à former en avant de l’œil une sorte de voile. Leur bec est très recourbé dès la base, de façon à prendre l’aspect d’une sorte de nez pointu qui, avec les oreilles, achève de donner à la face de ces oiseaux une certaine ressemblance avec celle des chats ; la pointe du bec est aiguë et bien organisée pour déchirer les petits animaux, oiseaux ou mammifères qui servent à la nourriture des Strigidés. Les oreilles sont très développées, elles sont habituellement pourvues d’une valvule membraneuse externe et d’un repli cutané, sorte de pavillon sur lequel s’insère un bouquet de plumes rigides. Les jambes sont courtes ; les pieds sont souvent emplumés jusqu’au bout des doigts et pourvus de griffes fortes ; le doigt externe peut être dirigé en arrière. Les ailes sont longues, larges, arrondies, dentées en scie. Tout le corps est couvert de plumes longues et très souples. Le vol est silencieux. La voix est sonore et plaintive. C’est, sans nul doute, à l’aspect de leur face, qui est fort intelligente, à leur voix plaintive, à leur vol silencieux et à l’heure où ils battent la campagne, que les Strigidés doivent les préjugés funèbres dont ils sont l’objet parmi les habitants des campagnes.

    Le grand duc est habituellement désigné par le nom vulgaire de chat-huant, qu’il doit à sa physionomie et à sa voix.

  2. « Il est, dit Brehm, telles localités qui sont connues depuis des siècles pour loger des grands ducs. Lorsqu’une paire de ces oiseaux a été détruite à un endroit, il arrive souvent qu’on n’y aperçoit plus un seul individu pendant plusieurs années ; puis, un beau jour, une nouvelle paire vient occuper la même place qu’habitait l’ancienne et y reste jusqu’à ce qu’elle soit tuée à son tour ; car, dans nos contrées du nord, bien peu de grands ducs meurent de leur mort naturelle. »
  3. D’après Wodzicki, une famille de paysans put se nourrir, pendant plusieurs jours, des restes d’animaux tués par un couple de grands ducs, qui avait établi son nid au milieu des roseaux d’un marais.
  4. Le grand duc d’Afrique s’attache, paraît-il, assez facilement à l’homme. Le grand duc d’Europe est plus sauvage et ne s’apprivoise jamais complètement. Cependant Brehm dit : « J’en ai vu un chez mon ami Meves, à Stockholm, que l’on peut prendre et caresser ; il arrive quand on l’appelle par son nom ; on peut même le laisser en liberté ; il fait de petites excursions, mais rentre toujours régulièrement. »
  5. Buffon commet ici une erreur. Le cerveau du grand duc est pourvu, comme celui de tous les autres oiseaux, de trois membranes qui sont de dehors en dedans : la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère.
  6. Gmelin a fait de celui-ci une espèce véritable sous le nom de Strix ceylanensis, qui doit devenir : Bubo ceylanensis. [Note de Wikisource : Le Strix ceylanensis de Gmelin est actuellement désigné Ketoupa zeylonensis Gmelin, vulgairement kétoupa brun. Cependant, Gmelin n’a jamais prétendu identifier cet oiseau asiatique avec le duc aux pieds nus européen, qui n’est effectivement qu’une variété du grand-duc d’Europe.]
  7. C’est le Strix scandiaca L., simple variété du Bubo maximus [Note de Wikisource : actuellement Bubo scandiacus Linnæus, espèce distincte du Bubo bubo ; voyez l’article du harfang].
  8. Le grand duc commun de notre pays (Bubo maximus [Note de Wikisource : actuellement Bubo bubo Linnæus, vulgairement grand-duc d’Europe]) est remplacé, d’après E. Brehm, dans le nord de l’Afrique par l’Ascalaphe (Bubo ascalaphus [Note de Wikisource : actuellement Bubo ascalaphus Savigny, vulgairement grand-duc ascalaphe]), dans le centre de l’Afrique par les Bubo lacteus [Note de Wikisource : actuellement Bubo lacteus Temminck, vulgairement grand-duc de Verreaux] et cineraneus [Note de Wikisource : actuellement Bubo cinerascens Guérin-Méneville, vulgairement grand-duc du Sahel], dans l’Amérique du Nord par le Bubo virginianus [Note de Wikisource : actuellement Bubo virginianus Gmelin, vulgairement grand-duc d’Amérique], qui est plus petit. Toutes ces espèces ont exactement les mêmes mœurs. [Note de Wikisource : Cette liste est loin d’épuiser toutes les espèces voisines du grand-duc d’Europe par la morphologie et par les mœurs.]
  9. Cuvier en a fait une espèce distincte, sous le nom de Strix (Bubo) magellanica [Note de Wikisource : actuellement Bubo magellanicus Lesson, vulgairement grand-duc de Magellanie].
  10. Cuvier en a fait son Strix (Bubo) virginiana, espèce fort douteuse, car, de l’avis même de Cuvier, elle ne se distingue du Bubo magellanica « que par des teintes plus douces » [Note de Wikisource : actuellement Bubo virginianus Gmelin, vulgairement grand-duc d’Amérique, reconnu espèce distincte du grand-duc de Magellanie]. Or le lecteur a déjà pu se convaincre du peu d’importance que les couleurs ont, chez les oiseaux, au point de vue de la classification.