Vie de Mohammed/Mission du prophète

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
Imprimerie royale Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 12-13).

Mission du prophète.

Lorsque le prophète fut arrivé À l’âge de quarante ans, Dieu l’envoya vers la race noire et la race rouge(24), afin que, par sa loi, il abolit les lois anciennes. Ce fit une vision véridique qui la première vint lui révéler sa mission de prophète. Dieu très-haut lui ayant inspiré un grand amour de la solitude, il se retirait chaque année, pendant un mois, sur la montagne de Harra(25) pour y prier. L’année de sa mission, au mois de ramadhan, il était, ainsi que sa famille, rendu sur le mont Harra pour s’y mettre en retraite, lorsque, pendant la nuit dans laquelle Dieu le choisit pour son prophète(26), Gabriel vint à lui et lui dit : « Récite. — Que récitera-je ? dit-il. — Récite ces paroles : Au nom de Dieu qui a créé l’homme de sang coagulé ; récite : Ton maître généreux a enseigné l’écriture : il a appris aux hommes ce qu’ils ne connaissaient pas (Car., XCVI. 1). » Le prophète récita ces paroles ; ensuite il alla ou milieu de la montagne et entendit, du côté du ciel, une voix qui disait : « O Mohammed, tu es le prophète de Dieu, et moi je suis Gabriel. » Il resta en place et vit Gabriel jusqu’au moment où il eut disparu, puis lui-même se retira et vint trouver Khadidja à laquelle il raconta ce qu’il avait vu. « Réjouis-toi, dit-elle ; car, par celui qui tient l’âme de Khadidja entre ses mains, j’espère que tu vas être le prophète de notre nation. » Ensuite elle vint trouver Waraka, fils de Naf, fils de Harith, fils d’Açad, fils d’Abd-el-Ozza (fils de Kossay), son cousin qui avait étudié les livres et avait beaucoup appris en écoutant les docteurs des Juifs et des Chrétiens. Elle lui raconta ce que Mohammed venait de lui dire, « Dieu saint ! s’écria-t-il, par celui qui tient dans ses mains l’âme de Waraka, si vous m’avez dit vrai, ô Khadidja, c’est l’ange Gabriel, celui qui autrefois est venu trouver Mouça, fils d’Amran, qui vient aujourd’hui d’apparaitre à votre mari, et sans doute il sera le prophète de notre nation. » Khadidja revint alors trouver le prophète de Dieu et lui rapporta les paroles de Waraka puis, quand il eut achevé le temps de sa retraite, il alla faire sept fois le tour de le Caaba et rentra dans sa demeure. À compter de ce moment, les révélations pour lui se succédèrent sans interruption. La première personne qui ait embrassé l’Islamisme ce fut Khadidja : nul au monde ne a précéda. On lit dans le livre intitulé Es-sahih(27) que le prophète a dit : « On compte un certain nombré d’hommes accomplis, mais parmi les femmes on n’en peut citer que quatre : Asiia(28), femme de Firaoun ; Mariam, fille d’Amnran : Khadidja, fille de Khowaïled, et Fatima, fille de Mohammed. »


(24) Par solte expression : vers la race noire et vers le ruco rouge, Les Arabes veulent exprimer Ja tolalité des bowmmes qu enistent à la surface de la terre. Rs se comprennent eux-mêmes saus le nom de race noire et désignent sous le nom de race rouge les habitants dés pays plus septentrionaux. (Voyez Gagnier, p. 14, el Reiske, vol. I, adnof. p. 10)

(25) Le mont Harra. On Lit dans l’inéraire de Constantinople à la Mecque, extrait de l’ouvrage ture intitulé Kite menassié el-hadÿ, dont la traduction, par M. Bianchi, à &té insérée dans les Mémoires de a Société" de géograplrie : » Les collines sacrées que renforme le territoire de la « Mecque sont les suivantes : Djebel-Abi Koubeis, Djebel-Harra, Djebet- « Thour, DjebeThebir, Djebel-Khandemè. » Voici ce qu’on lit dans le Meracid el-Htila p. 189 : حرا جبل من جبال مكة على ثلثة أميال « Harra est av nombre des collines de la Mecque dont elle est dloignée de trois milles. »

(26) Cette nuit est appelée dans le Coran da nuit el-Kadr, et’elle sert de titre à la g7° sourate. Zamakhschari dit de cette muit célébre +

« On rapporte que dans la nuit el-Kadr le Coran fui apporté out entier de la table gardéo jusque dans de ciel le plus rapproché de la « terre, Gabriel le dicta ensuite (par frogments) à Mahomet dans T’espace « de vingt-trois ans. El-Schabi explique les parules da Coran : Nous avons fait descendre le Coran dans la nuit el-Kadr par : Nous avons commencé à « fire descendre le Coran dans Le nuit el Kadr. On n’est pas d’äccord surl’épo- r que précise de cette nuit : mais cependant le plus grand nombre la place « dans Le mois de ramadhan, quelqueruns dans les dix dernières mis, et « beaucoup même se décident pour la septiôme de ces dix dernières. «  {Gagoier, p. 15}. La nuit el-Kade est l’une des sept nuits regardées par les Musulmans comme les plus saintes de l’année : celle-ci même surpasse toutes les antres comme étant spécialement consacrée à des mystères ineffables. On la célèbre le a7 de ramadhan. (ayez sur ce sujet d’Ohsson, vol. I, p. 375 et suiv.)

(27) Cet ouvrage a pour auteur Abon-Abdallah Mohammed ben-ls- maïl e-Djofi, commu sous le nome Bokhari, éceivain du 1 siècle de T’hégire. 1 composa sou livre à la Mecque, ct il y dit Iuimême qu’il a choisi dans les traditions relatives à Mahomet les sept mille deux cen Vingt-ior qui Jui ont para les plus authentiques parmi jes deux cent assemblées d’abord. Lo soin qu’il metait à de plus avéré parmi les faits qui parvennient à sa connaissance, a valu à son livre le titre de Sahih ou de Sincère. (Voyez d’Herbilot, au mot Bokkari)

(28) Asiia : il en est fail mention dans le ii° verset de la 66° sourate. « Dieu donne pour modèle aux croyants la femme de Pharaon, lors-qu’elle s’écriait : O mon Dieu, élève pour moi une demeure auprès de a toi dans Le paradis, délivre-moi de Pharaon et de ses œuvres, sauve-moi des mains des méchants. »