journalCorrespondance sur l’École Royale Polytechnique à l’usage des élèves de cette école, tome 2Sur la transformation des coordonnéesM. HachetteGravures de M. Girard ; sculptures de L. StevignyJ. Klostermann, libraire de l’École impériale Polytechnique1813ParisCSur la transformation des coordonnéesHachette - Correspondance sur l’École Royale Polytechnique à l’usage des élèves de cette école, tome 2, 1813.djvuHachette - Correspondance sur l’École Royale Polytechnique à l’usage des élèves de cette école, tome 2, 1813.djvu/76-13
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE.
Sur la Transformation des coordonnées[1] ; par M. Hachette.
M. François, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, capitaire
au Corps du Génie, a donné, dans le 14e. cahier du
Journal de l’Ecole (page 182), un mémoire remarquable, et par
la notation et par l’élégance des formules ; je me suis proposé
d’arriver à ces mêmes formules par des considérations géométriques et d’éviter les opérations de calcul.
La notation de M. François consiste à représenter un angle
de deux axes, par exemple, de l’axe des et de l’axe des , par
une parenthèse qui renferme ces deux lettres ; ainsi (, ) signifie,
angle de l’axe des et de l’axe des ; (, ) signifie, angle
de deux plans, l’un , mené par les axes des et , l’autre
mené par les axes des et ; enfin (, ) est l’angle d’un axe
tel que celui des avec le plan .
Cette notation étant adoptée, voici les formules de M. François,
pour la transformation des coordonnées rectangulaires en
d’autres coordonnées obliques.
, , , sont les coordonnées rectangulaires, et , , , les
nouvelles coordonnées obliques.
Ces expressions de , , , ont l’avantage de faire voir que l’une
quelconque, par exemple, est composée de trois parties, et
que chacune de ces parties est la projection d’une des trois
nouvelles coordonnées sur l’axe des . Pour expliquer ce qu’on
entend par projection d’une droite sur une autre droite, que
l’on conçoive une droite menée de l’origine des coordonnées au
point dans l’espace que je désigne par () ; on arrive à ce point,
ou par les trois coordonnées rectangulaires , , , ou par les
trois coordonnées obliques , , , en sorte que la droite qui va
de l’origine des coordonnées au point () est le quatrième côté
d’un premier quadrilatère gauche, dont les trois autres sont
, , , ou d’un deuxième quadrilatère gauche dont les autres
côtés sont , , ; mais l’extrémité de est effectivement
l’intersection de l’axe des avec un plan mené par le point ()
parallèlement à celui des ; c’est ce point d’intersection que je
nomme projection de () sur l’axe des , et la projection d’une
droite, sur une autre droite, est la partie de cette seconde droite
comprise entre les projections des extrémités de la première ;
projetant de la même manière, c’est-à-dire parallèlement au
plan des , les extrémités des , , , la somme des trois
projections de ces coordonnées sera égale à la projection de la
droite, qui va de l’origine des coordonnées à l’extrémité de .
Mais la projection de cette droite sur l’axe des , a pour longueur ; les projections de , , ont évidemment pour
expressions
donc on peut écrire directement les équations ().
Une observation de M. Binet (répétiteur à l’Ecole Polytechnique),
sur la composition des forces, ne m’avoit laissé aucun
doute sur la possibilité d’appliquer la même propriété des projections
à la transformation décoordonnées obliques en d’autres
coordonnées obliques ; en effet soient , , , les coordonnées
d’un point , étant compte sur l’axe des , étant parallèle
à l’axe des ; et parallèle à l’axe des , la droite qui va de
l’origine des coordonnées au point est le quatrième côté d’un
quadrilatère dont les trois autres côtés sont , , ; si au lieu
de , , , on conçoit trois nouvelles coordonnées , , ,
allant de l’origine des coordonnées au même point , il est
évident que la projection du quatrième côte du quadrilatère sur
l’un des axes, est égale à la somme des projections des trois
autres côtés , , ou , , ; la projection se faisant par
des plans parallèles aux deux autres axes ; ainsi la projection de
la droite qui joint l’origine des coordonnées et le point , sur
l’axe des , a pour longueur ; elle est égale à la somme des
projections des trois droites , , ou , , sur le même
axe des , ces projections étant faites comme celle du point ,
par des plans parallèles au même plan ().
On m’a fait remarquer que la proposition dont je faisois
usage pour un quadrilatère, s’appliquoit à un polygone quelconque
fermé ; en sorte qu’ayant un système quelconque de
points, joints deux à deux par des droites, et une droite fixe
sur laquelle on projette ces points par des plans parallèles
à un seul et même plan, la projection du polygone formé par
les droites qui unissent ces points donnés, est égale à la
somme des projections des côtés du polygone, en ayant égard
aux signes de ces projections ; signes qui peuvent être positifs
ou négatifs. Ce théorème sur les projections est aussi général
que celui dont M. Poisson a fait usage pour démontrer plusieurs
théorêmes de dynamique. (Voyez le premier volume de
la Correspondance, page 387.)
Avant d’aller plus loin, j’observerai sur les équations ,
qu’on a entre les coefficiens de , , , dans ces trois équations,
les relations suivantes
et si l’on passe d’un système de coordonnées rectangulaires à un
autre système de même espèce, alors les axes des , des , des ,
sont rectangulaires, et on aura les trois autres relations :
Reprenons les équations de M. François, pour la transformation
des coordonnées obliques en d’autres coordonnées
obliques ;
sont les coordonnées primitives, et les coordonnées nouvelles.
La première des équations fait voir que la valeur de est
composée de trois parties ; savoir :
or, ces trois quantités sont les valeurs des projections de ,
sur l’axe des , par des plans parallèles au plan des .
En effet, soient et (Fig. I, pl. 1) les axes des et des ;
le plan de ces deux droites sera celui des . Quelles que soient
les projections orthogonales des deux axes et sur le plan des
, si les angles qu’ils font avec ce plan est constant, lalongueur de la projection d’unquelconque sur l’axe,
ou d’unquelconque sur l’axe, ne dépendra que de cesangles (on suppose que la projection de ou soit faite par
un plan parallèle à celui des ). En effet, l’axe des
étant fixe, qu’on fasse tourner l’axe des de telle manière
que son angle avec le plan des ne change pas, elle
engendrera une surface conique droite, dont la base circulaire
sera parallèle au plan des ; si par l’extrémité d’un
quelconque, on mène un plan parallèle à ce dernier plan, il
coupera la surface conique droite suivant un cercle, et chacune
des arêtes du cône comprise entre ce cercle et l’origine des
coordonnées qui est le sommet du cône, sera une projection
de sur l’axe des : or, toutes ces arêtes sout égales ; donc toutes les projections de sur l’axe des seront de même
longueur ; on prouve de la même manière que toutes les projections
des sur l’axe des sont de même longueur ; on peut
donc supposer les axes des et des dans un même plan ,
perpendiculaire à celui des . et sont les angles
du plan avec les axes des et des ; le point étant
l’extrémité d’un quelconque, il est évident qu’en menant
parallèle à , sera la projection de , sur l’axe
des ; or, dans le triangle , on a :
ou
donc
et par la même raison
et
sont les projections de et faites sur le même axe des par
des plans parallèles à ; donc en égalant la somme de ces
trois projections à , on aura la première des équations ;
on obtiendroit de même les deux autres par les valeurs de et
de .
Il est à remarquer que le nombre des constantes qui entrent
dans les équations , ne peut pas être réduit ; car il faut au
moins trois quantités pour déterminer la pyramide triangulaire
formée par les axes des , des et des ; il en faut au
moins deux pour déterminer la position de chacun des axes
des , , , par rapport à l’un quelconque des axes
primitifs ; les constantes nécessaires sont donc au nombre de neuf,
comme on les voit dans les équations . Mais si l’on supposoit
les axes des , , [2], perpendiculaires entr’eux, en nommant les angles d’une droite perpendiculaire au plan
des avec ces axes, on auroit :
donc,
et par la même raison,
En combinant ces trois équations de conditions avec les équations
, on pourra transformer les coordonnées obliques
, en coordonnées rectangulaires ; ces valeurs
de , doivent coïncider, dans ce cas, avec celles qu’on
déduirait des équations , en prenant ces valeurs de ,
en fonctions de .
Enfin, s’il s’agissoit de transformer des coordonnées rectangulaires
en d’autres coordonnées rectangulaires, les neuf
constantes des équations réduites à six par les trois dernières
équations de conditions, se réduiroient à trois ; car on auroit de plus :
d’où l’on voit que, par les équations , on peut opérer les trois
transformations de rectangulaires en rectangulaires, de
rectangulaires en obliques, ou d’obliques en rectangulaires, et enfin
d’obliques en obliques.
Les équations et donnent le moyen de transformer
un systême de coordonnées rectangulaires en un autre système
de même espèce ; mais elles supposent que les angles des axes
primitifs, avec les nouveaux, soient connus : or ces angles ne
sont pas toujours donnés directement ; et la mécanique en offre
des exemples. Il faut alors calculer les valeurs des lignes
trigonométriques de ces angles, en fonction des quantités connues.
Ex. : étant les coordonnées rectangulaires primitives,
et les coordonnés nouvelles du même point, on donne :
1°. l’angle du plan avec le plan ; 2°. l’angle de
l’intersection de ces deux plans et de l’axe des ; 3°. de l’angle
de cette même intersection et de l’axe des .
Il s’agit maintenant de trouver les coefficiens qui entrent dans
les équations (E) en fonction de , et .
Cherchons d’abord les cosinus
Remarquons qu’en nommant la droite intersection des
deux plans et , l’axe des et , et la droite
forment un triangle sphérique dont on connoît deux faces et
l’angle compris ; l’angle de l’axe et de est ; l’angle de et
de l’axe des est ; l’angle des deux côtés et , est ; donc
par la formule (page 275 du premier volume de cette
Correspondance), qui donne un côté, au moyen de deux autres côtés, et de l’angle qu’ils font entr’eux, on aura :
L’axe des , l’axe des et la droite forment un
second triangle sphérique, qui ne diffère du premier que par le
côte , qui devient + 90°, ce qui change en et
en — ; donc on aura
L’axe des , l’axe des , et la droite forment un triangle
sphérique qui diffère du premier, et par le côté qui devient 90°,
parce que l’axe est perpendiculaire à la droite , et par
l’angle qui devient (90° — ), parce que le plan fait avec
le plan un angle complément de , donc , ,
devient , et on a
Par des considérations semblables, on trouve les valeurs de
La droite forme avec les deux axes et , et avec les
deux axes et deux triangles sphériques dont on connoît
deux faces et l’angle compris .
La droite et les deux axes des et forment un
triangle sphérique dont un côté est 90° + , l’autre côté est 90°,
et l’angle compris entre ces deux côtés est 90° – ; ce qui donne
Enfin les deux triangles sphériques, formés par la droite (I),
et les deux axes des (x) et (z"), et par la même droite (1), avec
les deux axes des () et ( :’), donnent
Et d’ailleurs, il est évident que les plans et
font entr’eux le même angle que les axes et ; donc
.
C’est d’après cette méthode que M, Poisson a donné, dans ses leçons au collége de France, les formules de la mécanique céleste, tome premier, page 58.
Je terminerai cet article en proposant à MM. les Elèves
un problême sur la pyramide triangulaire. On n’a considéré
jusqu’à présent, dans une pyramide triangulaire, que six
angles : les angles des arêtes, et les angles des plans conte
nant ces arêtes. La trigonométrie sphérique a pour objet de
déterminer trois de ces angles, au moyen des trois autres ;
mais les arêtes font, avec les plans opposés aux arêtes, trois
autres angles ; en sorte qu’il y a réellement neuf angles à
considérer dans une pyramide triangulaire.
En nommant arêtes d’un triangle sphérique, les droites qui
vont du centre de la sphère à l’extrémité de ses côtés, on
trouvera facilement la démonstration de cette proposition,
(que je n’ai pas encore vue énoncée) : « Les sinus des angles
que les arêtes et les plans des côtés d’un triangle
sphérique font entr’eux, sont en raison inverse des sinus des côtés
opposés à ces arêtes. »
Problême de Géométrie.
Connoissant, dans une pyramide triangulaire, les angles
des arêtes avec les plans des faces de la pyramide opposées
aux arêtes, construire la pyramide.
↑J’invite MM. les Elèves à substituer cet article au paragraphe V de notre application de l’Algèbre à la Géométrie, pag, 20.
↑Note de Wikisource : Correction formule (x"), (y"), (z")