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réunion, fête, cérémonie ou banquet, se tenait dans la grande salle ; il n’y avait pas utilité à établir pour les étages fréquentés par les familiers de larges degrés ; l’important était de disposer ces degrés à proximité des pièces auxquelles ils devaient donner accès. C’est ce qui explique la multiplicité et l’exiguïté des escaliers de châteaux jusqu’au {{s|XV}}. Cependant nous venons de dire qu’au Louvre, Charles V avait déjà fait construire un grand escalier à vis pour monter aux étages supérieurs du palais ; mais c’était là une exception ; aussi cet escalier passait-il pour une œuvre à nulle autre pareille. Sauval<ref>''Hist. et Antiq. de la ville de Paris'', t. II, p. 23.</ref> nous a laissé une description assez étendue de cet escalier, elle mérite que nous la donnions en entier.
réunion, fête, cérémonie ou banquet, se tenait dans la grande salle ; il n’y avait pas utilité à établir pour les étages fréquentés par les familiers de larges degrés ; l’important était de disposer ces degrés à proximité des pièces auxquelles ils devaient donner accès. C’est ce qui explique la multiplicité et l’exiguïté des escaliers de châteaux jusqu’au {{s|XV}}. Cependant nous venons de dire qu’au Louvre, Charles V avait déjà fait construire un grand escalier à vis pour monter aux étages supérieurs du palais ; mais c’était là une exception ; aussi cet escalier passait-il pour une œuvre à nulle autre pareille. Sauval<ref>''Hist. et Antiq. de la ville de Paris'', t. II, p. 23.</ref> nous a laissé une description assez étendue de cet escalier, elle mérite que nous la donnions en entier.


« Le grand escalier, ou plutôt la grande vis du Louvre (puisqu’en ce (temps-là le nom d’escalier n’était pas connu), cette grande vis, dis-je, fut faite du règne de Charles V, et conduite par Raimond du Temple, maçon ordinaire du roi<ref>Raymond du Temple était sergent d’armes et en même temps maître des œuvres du roi Charles V.</ref>. Or, il faut savoir que les architectes des siècles passés ne faisoient point leurs escaliers ni droits, ni quarrés, ni à deux, ni à trois, ni à quatre banchées, comme n’ayant point encore été inventés<ref>Sauval est ici dans l’erreur, ces sortes d’escaliers étaient inventés dès l’époque romaine ; mais, il vrai dire, les architectes du moyen âge préféraient toujours l’escalier à vis, par les motifs déduits plus haut.</ref>, mais les tournoient toujours en rond, et proportionnoient du mieux qu’il leur étoit possible leur grandeur et leur petitesse à la petitesse et à la grandeur des maisons<ref>Sauval rend en cela justice à nos vieux maîtres des œuvres qui faisaient les escaliers proportionnés aux services auxquels ils devaient satisfaire.</ref>. La grande vis de ce palais étoit toute de pierre de taille ainsi que le reste du bâtiment, et de même que les autres de ce temps-là : elle étoit terminée d’une autre (vis) fort petite, toute de pierre encore et de pareille figure, qui conduisoit à une terrasse, dont on l’avoit couronnée (dont on avait couronné la grande vis) ; chaque marche de la petite (vis) portoit trois pieds de long et un et demi de large ; et pour celles de la grande, elles avoient sept pieds de longueur sur un demi d’épaisseur, avec deux et demi de giron près de la coquille qui l’environnoit. »
« Le grand escalier, ou plutôt la grande vis du Louvre (puisqu’en ce (temps-là le nom d’escalier n’était pas connu), cette grande vis, dis-je, fut faite du règne de Charles V, et conduite par Raimond du Temple, maçon ordinaire du roi<ref>Raymond du Temple était sergent d’armes et en même temps maître des œuvres du roi Charles V.</ref>. {{lang|frm|texte=Or, il faut savoir que les architectes des siècles passés ne faisoient point leurs escaliers ni droits, ni quarrés, ni à deux, ni à trois, ni à quatre banchées, comme n’ayant point encore été inventés}}<ref>Sauval est ici dans l’erreur, ces sortes d’escaliers étaient inventés dès l’époque romaine ; mais, il vrai dire, les architectes du moyen âge préféraient toujours l’escalier à vis, par les motifs déduits plus haut.</ref>, {{lang|frm|texte=mais les tournoient toujours en rond, et proportionnoient du mieux qu’il leur étoit possible leur grandeur et leur petitesse à la petitesse et à la grandeur des maisons}}<ref>Sauval rend en cela justice à nos vieux maîtres des œuvres qui faisaient les escaliers proportionnés aux services auxquels ils devaient satisfaire.</ref>. {{lang|frm|texte=La grande vis de ce palais étoit toute de pierre de taille ainsi que le reste du bâtiment, et de même que les autres de ce temps-là : elle étoit terminée d’une autre (vis) fort petite, toute de pierre encore et de pareille figure, qui conduisoit à une terrasse, dont on l’avoit couronnée (dont on avait couronné la grande vis) ; chaque marche de la petite (vis) portoit trois pieds de long et un et demi de large ; et pour celles de la grande, elles avoient sept pieds de longueur sur un demi d’épaisseur, avec deux et demi de giron près de la coquille qui l’environnoit.}} »


« On voit, dans les registres de la Chambre des comptes, qu’elles portoient ensemble dix toises un demi-pied de hauteur<ref>C’est-à-dire que la dernière marche de l’escalier était à 10 toises ½ pied du sol de la cour, soit à 20 mètres, et devait ainsi desservir deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, plus la terrasse.</ref>, que la grande (vis) consistoit en quatre-vingt-trois marches<ref>À ½ pied chacune, cela fait 41 pieds ½ ou 13{{e|m}},30 environ.</ref>, et la petite en quarante et une<ref>À ½ pied chacune, cela fait 20 pieds ½, soit 6{{e|m}},60 environ. Ces mesures de détail sont d’accord avec la mesure générale et produisent environ 20 mètres.</ref> ; elles furent faites à l’ordinaire de la pierre qu’on tira des {{tiret|car|rières}}
« {{lang|frm|texte=On voit, dans les registres de la Chambre des comptes, qu’elles portoient ensemble dix toises un demi-pied de hauteur}}<ref>C’est-à-dire que la dernière marche de l’escalier était à 10 toises ½ pied du sol de la cour, soit à 20 mètres, et devait ainsi desservir deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, plus la terrasse.</ref>, {{lang|frm|texte=que la grande (vis) consistoit en quatre-vingt-trois marches}}<ref>À ½ pied chacune, cela fait 41 pieds ½ ou 13{{e|m}},30 environ.</ref>, et la petite en quarante et une<ref>À ½ pied chacune, cela fait 20 pieds ½, soit 6{{e|m}},60 environ. Ces mesures de détail sont d’accord avec la mesure générale et produisent environ 20 mètres.</ref> ; elles furent faites à l’ordinaire de la pierre qu’on tira des {{tiret|car|rières}}