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{{Lettrine/I|[[File:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VI, 1882 (page 58 crop).jpg |85px|F]]||-0.6em}}{{gauche|{{sc|aible}} comme chiffre de population, comparée à ses voisines de la Nouvelle-Angleterre, la colonie canadienne présentait néanmoins le spectacle d’une nation redoutable sur les champs de bataille et envahissante par système. L’habitude de porter des armes et de repousser les attaques des sauvages date des commencements de la colonie, et cela non pas dans une certaine classe de la population canadienne seulement, mais dans toutes — les femmes et les enfants compris <ref>Parmi les anecdotes du temps, il en est d’assez curieuses. En 1693, un vieux garçon courtisait une veuve à Lachesnaye. Durant la soirée les Iroquois se montrèrent. Les amoureux saisirent chacun un fusil, chassèrent les maraudeurs, et reprirent la conversation interrompue.</ref>. Si les Anglais nous eussent aidés tout d’abord à vaincre les Iroquois, le goût des combats ne se serait point développé parmi nous. L’élément militaire s’était ainsi constitué ou plutôt s’était emparé des habitants plusieurs années avant l’arrivée des troupes (1665). À partir de ce-moment le roi et ses ministres appuyèrent leur politique américaine sur la passion que les Canadiens nés dans le pays témoignaient pour le métier des armes, et ils cultivèrent celle-ci de plus en plus. Lorsque la France et l’Angleterre en vinrent aux prises (1689) notre milice était chose établie de longue date. Il n’en coûtait pas plus à un Canadien d’entreprendre des courses de cent lieues, en toute saison, qu’à un soldat ordinaire de faire étape d’une ville à l’autre. L’été, en canot d’écorce, l’hiver sur des raquettes, le milicien, peu embarrassé de son mince bagage, s’enfonçait dans les profondeurs des bois et vivait à même le pays qu’il parcourait. Dormir dans la neige, raccommoder chemin faisant son embarcation,|}}
la colonie canadienne présentait néanmoins le spectacle d’une nation
redoutable sur les champs de bataille et envahissante par système. L’habitude
de porter des armes et de repousser les attaques des sauvages date des commencements
de la colonie, et cela non pas dans une certaine classe de la
population canadienne seulement, mais dans toutes — les femmes et les enfants compris <ref>Parmi les anecdotes du temps, il en est d’assez curieuses. En 1693, un vieux garçon courtisait une veuve à Lachesnaye. Durant la soirée les Iroquois se montrèrent. Les amoureux saisirent chacun un fusil, chassèrent les maraudeurs, et reprirent la conversation interrompue.</ref>. Si les Anglais nous eussent aidés tout d’abord à vaincre les Iroquois, le goût des
combats ne se serait point développé parmi nous. L’élément militaire s’était ainsi constitué
ou plutôt s’était emparé des habitants plusieurs années avant l’arrivée des troupes (1665).
À partir de ce-moment le roi et ses ministres appuyèrent leur politique américaine sur la
passion que les Canadiens nés dans le pays témoignaient pour le métier des armes, et ils
cultivèrent celle-ci de plus en plus. Lorsque la France et l’Angleterre en vinrent aux prises
(1689) notre milice était chose établie de longue date. Il n’en coûtait pas plus à un Canadien
d’entreprendre des courses de cent lieues, en toute saison, qu’à un soldat ordinaire de faire
étape d’une ville à l’autre. L’été, en canot d’écorce, l’hiver sur des raquettes, le milicien, peu
embarrassé de son mince bagage, s’enfonçait dans les profondeurs des bois et vivait à même
le pays qu’il parcourait. Dormir dans la neige, raccommoder chemin faisant son embarcation,