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| width=33%<pages styleindex="background: #ffe4b5"Viollet-le-Duc |- <center>< [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, Tometome 7,.djvu" from=471 fromsection=s2 to=474 tosection=s1 Porte|Porte]]</center>
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=== PORTIQUE ===
s.m. Ce n'est qu'à dater du XVI<sup>e</sup> siècle que ce mot fut introduit
dans le langage des architectes. Mais si le mot n'existait pas pendant
le moyen âge, en français, on possédait l'ordonnance. On disait <i>porche</i>,
si le portique avait peu d'étendue et se présentait devant l'entrée d'un édifice;
<i>cloistre</i>, s'il entourait une cour; <i>piliers</i>, s'il se développait devant
des façades de maisons ou de palais sur la voie publique ou sur un préau.
Grégoire de Tours parle de portiques de bois peints de couleurs éclatantes
qui entouraient les cours des palais mérovingiens. Eginhard<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]] rapporte
que l'empereur Louis le Débonnaire passant sur un portique de bois le
jeudi de la semaine sainte, en revenant de l'église, cette construction
vermoulue s'écroula et l'entraîna dans sa chute avec sa suite. Les vignettes
des manuscrits des IX<sup>e</sup> et X<sup>e</sup> siècles montrent assez fréquemment des portiques
composés de colonnes avec arcades que l'on fermait au moyen de
draperies: on en voit de figurées dans la tapisserie de Bayeux. Toutefois
il ne paraît pas que pendant le moyen âge on ait élevé, comme pendant
l'antiquité grecque et romaine, des portiques uniquement destinés à
servir de promenoirs et d'abri aux habitants d'une cité. Ils faisaient toujours
partie d'un édifice, se développaient sous des maisons, sur la voie
publique<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]], ou s'ouvraient sur les cours des établissements monastiques
et des palais<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]. Ce qui distingue le portique du cloître proprement dit,
c'est que le premier est une galerie couverte présentant une seule face,
tandis que le cloître entoure complètement une cour au moyen de quatre
galeries desservant des bâtiments plantés d'équerre. Quant aux dispositions
de détail de ces portiques, elles rappellent celles adoptées pour les
cloîtres. Ce sont de simples piliers portant un appentis ou des poitrails,
et soutenant alors des étages supérieurs, ou bien des arcades reposant
sur des colonnes; des pieds-droits; et donnant un couvert lambrissé ou
voûté. <span id=Laon>Le palais épiscopal de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]] présente ainsi, du côté de la cathédrale,
un beau portique du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, composé de
piliers cylindriques supportant des arcs en tiers-point avec plafond lambrissé<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
Les arcades de ce portique ont été malheureusement remaniées
au XIV<sup>e</sup> siècle; il en reste une seule intacte, formant l'extrémité de la galerie
du côté de l'ouest: c'est celle que nous présentons ici (fig. 1). Il
existait au Palais de Paris de beaux portiques voûtés donnant autrefois
sur trois côtés d'un préau, et formant ainsi une sorte de cloître<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]]. Avant
la construction de l'Hôtel de ville actuel de Paris, les bourgeois de la
Cité se réunissaient dans des maisons situées sur la place de Grève, et
désignées sous le nom de <i>maisons aux piliers</i>, parce qu'elles laissaient à
rez-de-chaussée, sur la voie publique, un portique composé de piles de
pierre supportant des poitrails avec étages supérieurs. On disait aussi les
piliers des halles de Paris, pour désigner les portiques pratiqués dans les
maisons entourant la place du marché et qui servaient d'abri aux acheteurs.
Beaucoup de villes du moyen âge avaient leurs maisons bâties sur
des portiques<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]]; mais ceux-ci ne présentaient jamais une architecture
uniforme, chacun disposait son portique comme bon lui semblait: ce qui
donnait à ces allées couvertes un aspect des plus pittoresques. On voyait
encore à Luxeuil, il y a peu d'années, une rue entièrement percée d'après
ce système, d'un aspect original, plaisant par la variété.
 
Les hôtels, pendant le moyen âge, possédaient souvent des portiques
intérieurs qui servaient d'abri aux personnes attendant d'être introduites
dans les appartements, sous lesquels se tenaient les valets, et où parfois
on attachait les chevaux pendant les visites des maîtres. Ces portiques
n'étaient qu'une galerie devant un mur; car, dans notre climat, on n'établissait
pas des portiques entièrement ouverts, comme cela s'est pratiqué
en Italie. On devait éviter les courants d'air. Ces portiques de nos vieux
hôtels sont profonds, relativement à leur hauteur, et fermés à leurs
extrémités.
</div>
[[Image:Portique.palais.episcopal.Laon.png|center]]
<div class="text">
L'hôtel de la Trémoille à Paris (hôtel dont il ne reste plus que des débris
déposés à l'École des Beaux-Arts) contenait un charmant portique adossé
à la façade donnant sur la rue des Bourdonnais. Ce portique était voûté
et construit avec une hardiesse extraordinaire<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]]. Exposé au
sud-ouest, il
était fermé par les bouts et surmonté d'une galerie. De la porte charretière,
donnant sur la rue, on ne pouvait pénétrer directement sous le
portique;
il fallait d'abord entrer dans la cour. Cette disposition, que nous
voyons adoptée quelques années plus tôt dans l'hôtel de Jacques Cœur,
était bonne en ce qu'elle permettait aux personnes se promenant sous les
portiques de n'être pas interrompues par les arrivants ou sortants, et de
ne point être incommodées par les courants d'air si fréquents dans nos
portiques prétendus classiques. Les seigneurs et bourgeois du moyen
âge ne pensaient pas qu'un rhume valût une ordonnance monumentale
imitée des Grecs ou des Romains. Pour eux, un portique était une galerie
ouverte sur une seule face, profonde, relativement peu élevée, fermée au
moins à l'une de ses extrémités, se retournant parfois pour profiter d'une
orientation favorable. C'est ainsi qu'au château de Pierrefonds, le long de
la grande salle, il existait un portique bas, entresolé, fermé aux extrémités,
orienté à l'est, et donnant ainsi, en toute saison, un promenoir couvert
bien abrité contre les mauvais vents, parfaitement sec et sain, vitré à
l'entresol, et fournissant, dans toute la longueur de la grande salle du rez-de-chaussée,
un balcon fermé s'ouvrant sur cette salle. C'est ainsi que
dans les résidences de l'époque de la renaissance, nous voyons encore
des portiques fermés aux extrémités et parfaitement orientés. Tels
étaient les portiques du château de Madrid, au bois de Boulogne<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]];
tels
sont encore debout les portiques des châteaux de Blois et de Chambord,
de quelques habitations d'Orléans<span id="note9"></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]]. Ceci tend il prouver que nos
aïeux
craignaient les rhumes, et pensaient qu'un promenoir couvert doit être
fait pour abriter les promeneurs.
 
<br><br>
----
 
<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Louis le Débonnaire, 817.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Maison|Maison]].
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Cloître|Cloître]].
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Voyez, pour l'ensemble de ce portique, l'<i>Architecture civile et domestique</i> de
MM. Verdier et Cattois, t. II, p. 198.
 
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Palais|Palais ]], fig. 2. Il ne subsiste que quelques parties de ce portique.
 
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Maison|Maison]].
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Voyez l'<i>Architecture civile et domestique</i> de MM. Verdier et Cattois, t. II.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Voyez le plan et l'élévation du château de Madrid, dans
le premier volume des
<i>Entretiens sur l'architecture</i>.
 
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : Entres autres, celle dite d'Agnès Sorel.