« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Oubliettes » : différence entre les versions

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<references />
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=== OUBLIETTES ===
 
s. f. (S’emploie au pluriel.) Fosse profonde creusée sous
le plancher ou la voûte d’une salle, et dans laquelle on précipitait les gens
que l’on tenait à faire disparaître. Il n’y a pas de château du moyen âge
dans lequel on ne montre des oubliettes, et cependant nous devons avouer
que nous avons très-rarement trouvé des fosses auxquelles on puisse
donner ce nom ; généralement ce que l’on considère comme des oubliettes
sont des fosses d’aisances dont il est bien aisé de reconnaître
l’emploi,
pour peu que l’on soit familier avec l’art de la construction (voy. [[../Latrines|Latrines]]).
</div>
[[Image:Oubliettes.Bastille.png|center]]
<div class="text" >
Nous avons vu dans beaucoup de châteaux, d’abbayes et d’officialités, des
cachots, des ''vade in pace'' ; mais nous ne connaissons que trois oubliettes
considérées comme telles avec quelque raison. Les unes se trouvaient
au château Chinon, les secondes à la Bastille et les troisièmes dans celui
de Pierrefonds. Il faut constater aussi que les romans et les chroniques
du moyen âge parlent souvent de ''chartres'', de cachots ; mais d’oubliettes,
il n’en est pas question. Nous ne serions pas éloigné de croire que les
oubliettes du château Chinon sont des latrines, ce qui réduirait les
exemples cités à deux. « Nous devons avertir nos lecteurs, dit M. Mérimée
dans les ''Instructions du comité historique des arts et monuments''<span id="note1" ></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]],
de se tenir en garde contre les traditions locales qui s’attachent
aux souterrains des donjons. On donne trop souvent au moyen
âge des couleurs atroces, et l’imagination accepte trop facilement
les scènes d’horreurs que les romanciers placent dans de semblables
lieux. Combien de celliers et de magasins de bois n’ont pas été
pris pour d’affreux cachots ! Combien d’os, débris de cuisines,
n’ont pas été regardés comme les restes des victimes de la tyrannie
féodale ! C’est avec la même réserve qu’il faut examiner les cachots
désignés sous le nom d’''oubliettes'', espèces de puits où l’on descendait
des prisonniers destinés à périr de faim, ou bien qu’on tuait en les y
précipitant d’un lieu élevé dont le plancher se dérobait sous leurs pieds.
Sans révoquer absolument en doute l’existence des oubliettes, on doit
cependant les considérer comme fort rares, et ne les admettre que
lorsqu’une semblable destination est bien démontrée. » Nous sommes
d’autant plus disposé à considérer les oubliettes du château Chinon
comme une fosse de latrines, que l’espèce de puits à plan carré qui les
compose est percé à peu près à mi-hauteur
d’une porte qui semble être
la voie d’extraction des matières, à
moins d’admettre que cette porte
n’ait été pratiquée pour voir si le
condamné était bien mort. <span id=Paris>Quant
aux oubliettes de la Bastille, elles
pourraient passer pour une glacière.
En voici la coupe (1). Elles consistaient
en une salle voûtée à six pans,
située dans le soubassement d’une
des tours, à laquelle on n’arrivait
que par une petite porte communiquant
à l’escalier à vis ; tout autour
de cette salle était un trottoir d’un
mètre de large, et au milieu un cône
renversé terminé par un petit orifice
destiné à entraîner les eaux. Il est
certain qu’un malheureux descendu
dans le fond de cet entonnoir ne
pouvait ni s’asseoir, ni se coucher,
ni se tenir debout. Il faudrait admettre
que le petit canal était une
vidange, et que les gens qu’on descendait
dans ce cul de basse-fosse
étaient placés là pour leur donner
le loisir de faire des réflexions.
C’était une sorte de question prolongée.
Mais ce cône peut bien être
une glacière, et ce ne serait pas le
seul exemple d’un magasin de glace
existant dans un château. Nos ancêtres
aimaient à boire frais, le petit
canal inférieur est alors bien expliqué.
Quant aux oubliettes du château
de Pierrefonds, on ne peut
douter de leur destination ; en voici
la coupe (2). Elles consistent en un
puits creusé au milieu d’une salle
qui était certainement un cachot,
puisqu’il contient dans une niche
un siège d’aisances.
</div>
[[Image:Oubliettes.chateau.Pierrefonds.png|center]]
<div class="text" >
On ne peut même descendre
dans ce cachot que par un orifice A percé au centre de sa voûte.
 
On descendait du rez-de-chaussée à la salle C, qui devait servir également
de prison, par un escalier à vis. À cette salle C est joint un cabinet
d’aisances ; elle ne recevait de jour que par une très-petite ouverture
D. Si l’orifice des oubliettes restait béant dans le cachot, s’il n’était
pas fermé par un tampon, on conçoit quelle devait être la situation du
malheureux prisonnier craignant sans cesse de tomber dans ce trou
qu’il ne pouvait voir, puisque le cachot ne reçoit pas de jour. Les deux
orifices, celui de la voûte et celui des oubliettes, se correspondant exactement,
de la trappe A on pouvait faire tomber quelqu’un dans le puits
sans prendre la peine au préalable de le descendre dans le cachot. Nous
sommes descendus au fond de ces oubliettes ; nous y avons trouvé le rouet
qui a servi à les fonder, mais aucune trace d’être humain. En B est le
niveau du fond du fossé. En les creusant de deux mètres nous en avons
fait un puits qui donne de l’eau pour les besoins du château. Dans ce
même château il existe d’autres cachots semblables à celui-ci, sauf le puits
des oubliettes ; dans l’un de ces cachots nous avons constaté l’existence
de noms gravés et une grossière sculpture faite sur les parements. On
prétend qu’au château de Blois il existe aussi des oubliettes, mais nous
n’avons pu en vérifier exactement la forme.
 
<br /><br />
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<span id="footnote1" >[[#note1|1]]: ''Collection de documents inédits sur l’hist. de France. Architecture militaire'',
p.74.