« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Menuiserie » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m Révocation des modifications de 92.145.217.106 (discussion) vers la dernière version de Hsarrazin
m Contenu remplacé par « {{TextQuality|100%}}<div class="text"> {{NAD|M|Meneau|Meurtrière|6}} <pages index="Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XV... »
 
Ligne 1 :
{{TextQuality|100%}}<div class="text">
{{NAD|M|Meneau|Meurtrière|6}}
{| width=100% border="0"
| width=33%<pages styleindex="background: #ffe4b5"Viollet-le-Duc |- <center>< [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, Tometome 6,.djvu" from=348 fromsection=s2 to=389 tosection=s1 Meneau|Meneau]]</center>
<references />
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index alphabétique - M|Index alphabétique - M]]</center>
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Marqueterie|Marqueterie]] ></center>
|-
|
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index Tome 6|Index par tome]]</center>
|
|}
 
=== MENUISERIE ===
s. f. (<i>Hucherie</i>, <i>huisserie</i>,
menuisiers, <i>scieurs d'aiz</i>,
<i>manhuissiers</i>). Si les populations du Nord sont particulièrement aptes à
faire des ouvrages de charpenterie, elles ne sont pas moins habiles à
donner aux bois ces formes à la fois délicates, légères et solides qui
constituent la menuiserie. L'art de la menuiserie n'est d'ailleurs qu'une
branche, qu'un dérivé de l'art des charpentiers dans les premiers siècles
du moyen âge; les moyens d'exécution sont les mêmes.
 
L'art de la menuiserie se distingue nettement de l'art de la
charpenterie,
lorsque l'on commence à employer pour le débitage, la coupe et le
polissage des bois, des outils très-perfectionnés. L'invention de la scie
remonte à une haute antiquité; les anciens connaissaient le rabot ou la
demi-varlope et la varlope. Cependant, jusqu'au XIII<sup>e</sup> siècle, on employait
souvent, pour la menuiserie, des bois refendus (merrain), travaillés au
ciseau et à la gouge sans le secours du rabot.
 
Il ne nous reste qu'un bien petit nombre d'objets de menuiserie
antérieurs
au XIII<sup>e</sup> siècle, et ces fragments ressemblent beaucoup, pour la
combinaison
des assemblages, à des œuvres de charpenterie exécutées sur
une petite échelle. Mais à dater du XIII<sup>e</sup> siècle, l'art de la menuiserie
prend un grand essor, possède ses règles particulières et arrive à un
degré de perfection remarquable. Les ouvrages de menuiserie qui nous
restent des XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles sont souvent des chefs-d'œuvre de combinaison,
de coupe et de trait. Les traditions de cet art, conservées jusqu'au
XVII<sup>e</sup> siècle, résultent: 1º d'une parfaite connaissance des bois; 2º d'un
principe de tracé savant; 3º d'un emploi judicieux de la matière, en
raison de ses qualités propres.
 
Comme dans tout système de construction, dans la menuiserie, la
matière employée doit commander les procédés d'assemblages et
imposer
les formes; or, le bois est une matière qui possède des propriétés
particulières dont il faut tenir compte dans la combinaison des œuvres
de menuiserie comme dans la combinaison des œuvres de charpente;
les artisans du moyen âge ne se sont pas écartés de ce principe vrai. La
connaissance des bois est une des conditions imposées au menuisier;
cette connaissance étant acquise, faut-il encore savoir les employer en
raison de leur texture et de leur force. Le bois qui se prête le mieux aux
ouvrages de menuiserie est le chêne, à cause de sa rigidité, de la finesse
de ses fibres, de sa dureté égale, de sa durée et de sa beauté. Aussi, pendant
le moyen âge, en France du moins, le chêne a-t-il été exclusivement
employé dans la menuiserie de bâtiment.
 
<span id="Auch2">Pour être employé dans la menuiserie, le chêne, doit être parfaitement
sec, c'est-à-dire débité depuis au moins six ans. Si nous examinons les
ouvrages de menuiserie des XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles, nous observons, en
effet, que les bois n'ont point joué, qu'ils sont restés dans leurs assemblages
et qu'ils ne présentent pas de gerces. Ces bois, une fois débités,
étaient d'abord laissés dans des lieux humides et même dans l'eau, puis
empilés à claires-voies sous des abris secs, retournés souvent et quelquefois
soumis à l'action de la fumée<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
</div>
[[Image:Decoupage.d.un.tronc.en.planches.png|center]]
<div class="text">
Les menuisiers du moyen âge n'employaient pas les bois trop vieux qui
sont sujets à se gercer et à se piquer. Ils faisaient débiter des chênes de
deux cents à trois cents ans, c'est-à-dire des troncs, dont le diamètre, à
3<sup>m</sup>,00 au-dessus du sol, aubier déduit, varie de 0<sup>m</sup>,70 à 1<sup>m</sup>,00. Ces troncs
étaient sciés en quatre dans la longueur à angle droit; chaque quart était
débité suivant diverses méthodes, mais toujours en tenant compte, autant
que possible, de la texture du bois. Un tronc de chêne qu'on laisse desséché
se gerce conformément à la figure A (O), ce qui est facile à
expliquer.
Les couches concentriques sont d'autant plus dures et compactes
qu'elles se rapprochent du centre, d'autant plus poreuses qu'elles se
rapprochent de la circonférence. Ces couches contiennent donc d'autant
plus d'eau qu'elles ont un plus grand rayon. Lorsque le bois se dessèche,
les couches extérieures prennent un retrait plus considérable que celles
intérieures; il en résulte des fentes ou gerces, tendant toutes au cœur
du tronc. Si le débitage du bois est fait, sans tenir compte de cet effet
de la dessiccation, les planches débitées se gercent ou se contournent;
elles sont sensibles à toutes les variations de la température. Si, au contraire,
ce débitage est fait en raison de la direction naturelle des gerces,
les planches se rétrécissent dans leur largeur, mais ne peuvent ni se
fendre ni cartiner, c'est-à-dire se courber dans le sens de leur sciage. Le
chêne est formé d'une succession de couches comme tous les bois, mais
ces couches sont réunies par des espèces de chevilles naturelles qui les
rendent solidaires; ces chevilles, qu'on nomme <i>mailles</i>, tendent au
centre du tronc. Si donc le débitage est fait comme l'indique le tracé sur
le quart B, il est fait dans les meilleures conditions; c'est ce qu'on appelle
le débitage sur <i>maille</i> (parallèlement aux mailles). Ce débitage est long et
laisse tomber beaucoup de triangles qui ne sont que des chanlattes. Le
meilleur débitage après celui-ci est le débitage tracé sur le quart D, puis
celui tracé sur le quart E. Quant aux madriers et membrures, le
débitage le plus économique est celui tracé en F. Les mailles du chêne
donnent non-seulement de la solidité aux planches débitées suivant les
rayons du tronc, mais encore présentent des parements d'un aspect
soyeux, moiré, qui ajoute beaucoup à la beauté du bois. Les chênes
débités sur maille sont donc les meilleurs pour la menuiserie<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]].
 
Bien que les menuisiers employassent la colle de peau et la colle de
fromage, cependant la solidité de l'œuvre dépendait avant tout de la disposition
des assemblages à queue d'hironde, ou chevillés.
 
Pour joindre des ais, on ne se servit qu'assez tard (vers le XV<sup>e</sup>
siècle) des rainures ou languettes. On les réunit au moyen de queues d'hirondes
entaillées à mi-bois (1), ainsi qu'on le voit en A; ou de barres
embrévées et chevillées, B; ou de barres-à-queues entièrement embrévées, C; ou de prisonniers
D; en bois dur ou même en fer. Ce sont là des combinaisons
élémentaires qui ont dû être appliquées de tout temps. En effet, des ouvrages
de bois de l'antiquité égyptienne sont façonnés d'après ces procédés.
 
Sur les rives des ais, on interposait une couche de colle de fromage qui
faisait adhérer les planches ou les madriers entre eux. Au moyen d'un
racloir de fer recourbé, on polissait la face vue et on la recouvrait de
peinture, ou on l'intaillait à une faible profondeur en réservant des ornements
ou des figures. C'est d'après ce procédé que sont faites les portes
en pin de la cathédrale du Puy-en-Vélay qui remontent au XI<sup>e</sup>
siècle. Ces ornements, légèrement découpés en relief, étaient eux-mêmes, ainsi que
les fonds, recouverts de peintures sur une impression d'oxyde de plomb
(<i>minium</i>)<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]].
</div>
[[Image:Assemblage.menuiserie.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text">
Deux conditions principales semblent avoir été imposées aux œuvres
de menuiserie du moyen âge: économie de la matière, et la plus grande
force possible laissée au bois au droit des assemblages.--Économie de
la matière, en ce que les renforts sont évités du moment qu'ils ne
peuvent être compris dans une pièce équarrie; en ce que les panneaux,
par exemple, n'ont jamais que la largeur d'une planche, c'est-à-dire
0<sup>m</sup>,22 au plus, 8 pouces; les montants et traverses, 0<sup>m</sup>,08, 3 pouces au
plus, pour les ouvrages ordinaires.--Plus grande force possible laissée
au bois là où il porte assemblage, en ce que les chanfreins, élégissements
et moulures s'arrêtent dès qu'un assemblage est nécessaire.
L'observation
de ces deux conditions donne un caractère particulier à la
menuiserie.
Si la matière est économisée, si elle est employée en raison de
ses qualités, la main-d'œuvre est prodiguée, comme pour faire
ressortir les précieuses propriétés du bois; car il ne faut pas oublier que
pendant le moyen âge la main-d'œuvre est toujours en raison de la
valeur de la matière; elle lui est supérieure, mais dans une proportion
relative.
 
Les menuisiers du moyen âge tiennent compte de la valeur du bois,
comme les appareilleurs tiennent compte de la valeur de la pierre. Il
y a là une idée juste, un principe vrai et un sentiment de l'économie
qui imposent l'attention et l'étude, sans nuire à l'art, car c'est de l'art.
Ces artisans pensaient qu'une matière aussi précieuse que le bois, qui
vient lentement et demande des préparations longues pour être
définitivement mise en œuvre, mérite qu'on ne la prodigue pas et qu'on
donne l'idée de sa valeur par le soin avec lequel on la travaille. Ces
artisans ne donnaient pas à la menuiserie de pin, de mélèze ou de
sapin, les formes que permet l'emploi du chêne ou du noyer. Observant
les qualités particulières aux diverses essences, ils tenaient à la légèreté
jointe à la solidité; ce qui est la première loi de la menuiserie, ainsi
que nous l'avons dit déjà. Jamais, par conséquent, il ne leur serait
venu à la pensée de <i>simuler</i> en menuiserie des formes convenables pour
de la pierre; jamais ils n'appliquaient à la menuiserie de grandes
courbes qui exigent un déchet considérable et forcent de couper le bois à
contre-fil. Toutes leurs combinaisons partent de la ligne droite, au
moins pour les membrures. L'étude de cet art, si fort détourné de sa
voie aujourd'hui, est donc intéressante; car avec un système de structure
très-restreint, des dimensions qui se renferment dans les forces de bois
débités uniformément, ces artisans sont parvenus à trouver les
combinaisons les plus variées et les plus ingénieuses sans être arrêtés jamais
par les difficultés que pouvaient présenter ces combinaisons.
 
Il nous faut classer les ouvrages de menuiserie par natures, afin de
mettre de l'ordre dans cet article. Nous commencerons par les plus
simples en principe, par les claires-voies, c'est-à-dire les assemblages de
bois d'égale force, présentant des clôtures à jour sur un seul plan, des
grillages en un mot.
 
==== CLÔTURES, CLAIRES-VOIES, CLOTETS, LAMBRIS ====
<span id=Bale>Voici (2) une de ces grilles de
bois comme on en voit encore dans la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bale|Bâle]] et dans quelques
églises des provinces de l'Est. D'un simple treillis de chevrons assemblés
à mi-bois, le menuisier arrivait à façonner une clôture d'une aspect monumental.
Le principe émis ci-dessus, et qui consiste à laisser au bois
toute sa force au droit des assemblages, est scrupuleusement observé;
mais entre ces assemblages, au droit des vides, l'ouvrier a pratiqué des
élégissements qui forment une décoration et enlèvent à cette combinaison
si simple l'apparence grossière qu'elle aurait si les bois eussent conservé
leur équarrissage<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
</div>
[[Image:Grille.menuiserie.medievale.png|center]]
<div class="text">
Voici encore (3) un exemple d'un grillage formant lambris plein. Les
montants et les traverses sont de même, assemblés à mi-bois, élégis entre
les assemblages. Les vides carrés laissés entre le grillage sont remplis
par des petits panneaux simplement engagés dans une feuillure comme
des tablettes dans un cadre (voir la section A)<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]].
</div>
[[Image:Lambris.medieval.2.png|center]]
<div class="text">
Ces sortes de grilles en bois étaient fort en usage au moyen âge dans
les châteaux et les maisons; souvent les grandes salles étaient divisées
par des claires-voies de ce genre, mobiles, que l'on plaçait lorsque l'on
voulait obtenir des divisions provisoires. En hiver, des tapisseries étaient
suspendues à ces claires-voies; en été, elles restaient à jour. Ces divisions
mobiles, appelées <i>clotets</i>, étaient souvent fort richement décorées,
possédant des panneaux à jour et formées d'entrelacs, de membrures
ingénieusement assemblés, toujours à mi-bois. Car, ne l'oublions pas,
le caractère dominant de la menuiserie française au moyen âge, c'est
d'être assemblée, de conserver une structure logique en concordance
parfaite avec la forme. Il existe en Italie, en Espagne, en Orient même,
des ouvrages de menuiserie d'un aspect saisissant, qui séduisent par leur
excessive richesse et leur combinaison compliquée; mais lorsque l'on
examine attentivement la structure de ces ouvrages, on s'aperçoit bientôt
que cette structure ne concorde nullement avec l'apparence. La légèreté
n'est qu'extérieure, la construction est des plus grossières; ce sont, par
exemple,--ainsi que cela se voit dans la menuiserie arabe de l'Espagne,--des
placages de moulures coupées d'onglet et clouées sur des fonds
de madriers rangés à côté les uns des autres plutôt qu'assemblés; ce sont
des collages de bois découpés, rapportés les uns sur les autres, suivant
un charmant dessin, mais sans que cette décoration s'accorde en rien avec
la structure vraie; ce sont encore,-- ainsi qu'on peut l'observer dans certaines
œuvres de menuiserie de l'Italie et même de l'Allemagne du moyen
âge,--de véritables billes de bois réunies par des <i>prisonniers</i>, à travers
lesquelles passent des moulures, des bas-reliefs, des ornements, coupés
en pleine masse comme dans un bloc de marbre. Les moulures sont taillées
à contre-fil, les joints tombent au milieu d'un relief, peu importe.
Entre l'emploi de la matière et la façon de la décorer, il n'y a nulle harmonie,
nulle entente; le menuisier et l'artiste sont deux hommes qui
travaillent l'un après l'autre séparément. Le menuisier n'est qu'un assembleur
de blocs; l'artiste, qu'un sculpteur ne se préoccupant pas de la
nature de la matière qu'on lui fournit. À coup sûr, ces œuvres peuvent
être fort belles au point de vue de l'art du sculpteur, mais on ne saurait
les considérer comme de la menuiserie. Pourquoi faut-il que nous en
soyons venus au point d'expliquer ainsi et de revendiquer ces qualités si
bien françaises? Pourquoi sont-elles méconnues, oubliées?... Ces
ouvrages de bois des Arabes, des Orientaux, ont au moins conservé la forme
traditionnelle de la véritable menuiserie, et si les artisans n'en comprennent
pas et n'en savent plus appliquer la structure, du moins ils en ont
respecté l'apparence; mais on n'en saurait dire autant de la menuiserie
italienne, non plus que de celle que l'on fait en France depuis le
XVII<sup>e</sup> siècle par imitation et, contrairement à notre esprit, éminemment
logique<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]].
 
Voici (4) une de ces clôtures en bois de sapin comme on en voit encore
dans les provinces de l'Est et sur des vignettes de manuscrits ou peintures
du XV<sup>e</sup> siècle<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]]. Le système se compose de tringles de sapin de
18 lignes d'équarrissage (0<sup>m</sup>,04). Sur les montants A, s'assemblent à
mi-bois les écharpes B. Sur celles-ci, les écharpes C, D et E; sur ces
derniers, les montants F, toujours à mi-bois. Tout l'ouvrage est maintenu
entre un châssis G, H, I, fait de chevrons de 3 pouces d'épaisseur (0<sup>m</sup>,08)
sur 3 pouces et demi (0<sup>m</sup>,095). Au droit de chaque assemblage à
mi-bois, est une cheville en fer doux K, munie de deux rondelles et rivée. Sur les
faces de chaque hexagone, les arêtes sont chanfreinées, ainsi que l'indique
le détail L, et dans les triangles à jour M, les arêtes des tringles
sont également entaillées de manière à former des étoiles à six pointes,
composées de deux triangles équilatéraux se pénétrant. On observe ici
que, si le principe est simple, si la matière est commune, la
main-d'œuvre prend une certaine importance. En N, nous avons présenté une
coupe de la clôture faite sur <i>ab</i>, et en P un détail perspectif du morceau O
désassemblé. Il est inutile de faire remarquer la solidité et la parfaite
rigidité de ce léger treillis, dont l'effet est très-brillant. Ces sortes d'ouvrages
de menuiserie étaient presque toujours peints de couleurs claires,
rehaussées de filets bruns ou noirs. Ainsi, dans l'exemple que nous
donnons ici, les fonds étaient blancs, les chanfreins des hexagones brun
rouge, ainsi que les trois biseaux des étoiles; celles-ci étaient en outre
bordées d'un mince filet noir. Les rondelles et rivets en fer étaient également
peints en noir.
 
Nous pourrions multiplier ces exemples, mais les personnes du métier
sentiront tout le parti qu'on peut tirer de ces combinaisons sans qu'il
soit nécessaire d'insister.
</div>
[[Image:Cloture.menuiserie.2.png|center]]
<div class="text">
Il y a, dans la menuiserie française du XIV<sup>e</sup> siècle, certains ouvrages
qui ont bien quelque ressemblance avec les œuvres des Orientaux
mentionnées
ci-dessus, mais dont la structure cependant est mieux raisonnée.
Ces clôtures, ces barrières, ces lambris étaient simplement formés de
planches posées jointives, embrévées dans un bâti; pour empêcher les
planches de gauchir, de coffiner, autant que pour décorer les surfaces
planes, au moins d'un côté, le menuisier rapportait par-dessus un treillis
de bois légers assemblés à mi-bois et formant des combinaisons
géométriques plus ou moins compliquées. La surface plane des planches
était même souvent sculptée en faible relief (puisque la sculpture était
obtenue aux dépens de l'épaisseur de ces planches) entre les
compartiments formés par les treillis.
 
Voici (5) un exemple de ces ouvrages de menuiserie. Les joints des planches,
d'une largeur d'un pied (0<sup>m</sup>,32), sont marqués sur notre dessin.
Le treillis assemblé à ses extrémités dans les membrures du bâti, ainsi
qu'il est indiqué en <i>a</i> (voir le détail A), est cloué, à chaque rencontre,
sur les planches du fond, et forme ainsi une surface parfaitement rigide
qui empêche le gauchissement de ce fond. Ce treillis est assemblé à mi-bois
avec coupes d'onglet au droit des moulures, ainsi qu'on le voit en <i>b</i>.
La coupé C donne en <i>c</i> l'épaisseur de la planche et en <i>d</i> celle du treillis<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]].
Une claire-voie, composée de colonnettes tournées, surmontait l'appui D;
de distance en distance, des montants E maintenaient le tout. En F, nous
donnons le profil de la traverse supérieure <i>f</i>; en G, le profil de l'appui <i>g</i>
et en H, le profil de la traverse basse <i>h</i>. <span id=Gannat>Nous verrons tout à l'heure des
vantaux d'une porte de l'église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gannat|Gannat]], combinés d'après le même
principe.
</div>
[[Image:Cloture.menuiserie.png|center]]
<div class="text">
On comprendra comment les tringles de bois, rapportées sur ces
planches et se coupant dans tous les sens, devaient les maintenir dans leur
plan. Ce système, toutefois, est exceptionnel dans les œuvres de menuiserie
du moyen âge en ce que nous n'y trouvons pas les panneaux embrévés,
mais un fond simple sur lequel est cloué un réseau de bois; ce
réseau n'est pas seulement une décoration rapportée, il est composé de
pièces assemblées et se tient de lui-même. Dès le XIII<sup>e</sup> siècle, on avait
façonné en France des ouvrages de menuiserie où le système des
panneaux embrévés en feuillures est adopté; mais les languettes et feuillures
sont généralement alors à <i>grain d'orge</i>.
</div>
[[Image:Panneau.menuiserie.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (6) un de ces panneaux, présenté de face en A, en coupe en
B, et en section horizontale en B'. Ce système mérite quelque attention. Un
lambris se compose de montants et de traverses, entre lesquels sont embrévés
des panneaux. Les montants de <i>rive</i>, ceux qui forment les
extrémités du lambris, reçoivent les traverses à tenons et mortaises; tandis
que les montants intermédiaires s'assemblent dans les traverses. En C,
on voit un montant d'extrémité; en D, un montant intermédiaire. Dans
ce cas, la moulure E de la traverse est poussée sans tenir compte des
assemblages. Puis, lorsqu'il s'agit de faire les assemblages des montants
intermédiaires, la moulure est enlevée, ainsi qu'il est indiqué en F. Dès
lors, cette moulure vient battre contre la tête des montants. Ceux-ci ne
sont chanfreinés ou moulurés que dans leur partie libre; les chanfreins
ou moulures s'arrêtent en G par un congé, pour laisser au montant
toute sa force au droit des assemblages et pour éviter les joints d'onglet
toujours défectueux. Les panneaux H sont embrévés à grain d'orge,
suivant la section I; s'ils sont amincis sur leurs quatre rives pour entrer en
feuillure, ils conservent toute leur force au centre, comme le marque la
section B' en K. Ces panneaux sont libres dans leurs feuillures; ils peuvent
se rétrécir sans inconvénients. Les montants et traverses étant
assemblés carrément, le jeu que donne la dessiccation des bois n'apparaît
pas dans les joints, ainsi qu'il arrive toujours avec le procédé des onglets.
Tout le système se rétrécit ensemble. Nous donnons en L divers modes
d'assemblages des montants avec les traverses des lambris. En M, ce
sont les montants dont la moulure est poussée, sans tenir compte de
l'assemblage, et ce sont les traverses qui portent des <i>arrêts m</i> au droit
de chacun de ces assemblages. En N, les montants et traverses ont l'un
et l'autre des arrêts au droit des assemblages. En O, de même. En M'N'O',
sont tracés les assemblages des montants avec les traverses basses ou
plinthes. En M''N''O'', les sections horizontales des panneaux avec les
montants.
</div>
[[Image:Lambris.medieval.png|center]]
<div class="text">
Lorsque les lambris sont hauts, il est nécessaire de les couper dans
leur hauteur par une ou plusieurs traverses intermédiaires qui évitent les
panneaux trop longs, toujours portés à gauchir. Ainsi (7), soit un lambris
de cinq pieds de haut (1<sup>m</sup>,62), on aura d'abord une semelle ou plinthe A,
dans laquelle viendra s'embréver la traverse basse B. Sur cette traverse
basse s'assembleront les montants C intermédiaires, et elle-même
s'assemblera dans les montants extrêmes D. Le même système renversé sera
adopté pour la traverse haute F et la corniche E. Mais en G, on
assemblera entre chaque montant des traverses à tenons H et mortaises, afin
de diminuer, comme nous l'avons dit, la longueur des panneaux. Ceux-ci
seront souvent, lorsqu'il s'agit de lambris adossés à des murs,
simplement posés en feuillure, ainsi que l'indique la coupe en I, et retenus par
quelques pattes. Ces panneaux ne peuvent influer en rien sur la
membrure, et s'ils sont faits en bois bien sec, n'ayant que la largeur d'une
planche de merrain ou débitée comme nous l'avons marqué au
commencement de cet article, tout l'ouvrage subira sans inconvénients les
changements de température. Car la question principale, dans les œuvres de
menuiserie, est toujours de laisser au bois la facilité de gonfler ou de se
rétrécir sans influer sur les assemblages. Les tenons K des montants
passent à travers la traverse haute et la corniche, afin d'empêcher le
gauchissement de celle-ci, ce qui ne manque pas d'arriver lorsque ces
corniches ou cimaises sont simplement embrévées à languettes dans les
traverses hautes. En effet, l'épaisseur de ces corniches ou cimaises étant
plus forte que celle de la traverse haute, elles ont assez de puissance,
lorsqu'elles gauchissent, pour faire éclater la languette prise dans le bois
de fil. Ce système de lambris à panneaux est adopté pendant les XIII<sup>e</sup> et
XIV<sup>e</sup> siècles avec des variantes dans les profils. Quant aux assemblages,
jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle, ils sont toujours francs, c'est-à-dire pris dans le bois
conservant son équarrissage.
 
L'exemple que nous donnons, figure 7, montre les moulures de toutes
les traverses poussées sans arrêts et celles des montants avec arrêts au
droit de ces assemblages. Même lorsque la moulure d'encadrement des
panneaux se suit sans interruption sur les montants et les traverses, ainsi
que cela est souvent pratiqué dans les lambris du XV<sup>e</sup> siècle, les assemblages
d'onglet sont évités. Nous en trouvons un exemple dans l'un des
jolis lambris qui tapissent les chapelles de la nef de l'église de Semur-en-Auxois
(8). Les montants et traverses de ces lambris ont 0<sup>m</sup>,04 d'épaisseur
(1 pouce 1/2); on voit que le profil d'encadrement A s'arrondit en
quart de cercle pour se continuer le long des montants, mais que les
assemblages sont toujours francs, sans onglets. Cette moulure d'encadrement
ne se retourne pas sur la traverse intermédiaire B, et celle-ci ne
possède que des chanfreins peu prononcés avec arrêts au droit de chaque
assemblage. Quant aux panneaux inférieurs, ils sont sans moulures
d'encadrement, mais avec des chanfreins comme pour donner plus de
solidité à ce soubassement. Une corniche C, dont nous donnons le profil
en C', est clouée sur la face de la traverse haute. Dans la frise supérieure
D, des panneaux ajourés posés en long allégissent la boiserie. Les panneaux
pleins n'ont que 0<sup>m</sup>,20 de largeur vue (8 pouces, compris les
languettes), 0<sup>m</sup>,01 d'épaisseur aux rives (5 lignes), mais sont renforcés
par ces nervures figurant des parchemins pliés. (Voir la section horizontale
E, faite au niveau <i>e</i>, et la section F, faite au niveau <i>f</i>.) En G est tracé
la coupe verticale des lambris, en H le profil de la traverse A, et en I
l'arrêt de la moulure d'encadrement sur les traverses.
</div>
[[Image:Lambris.eglise.Semur.en.Auxois.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (9) plusieurs exemples de ces renforcements de panneaux, figurant des parchemins pliés. L'exemple A montre des petites
baguettes ornées, passant derrière ces parchemins.
 
Dans la menuiserie antérieure au XV<sup>e</sup> siècle, il était d'usage souvent,
surtout pour les meubles, de revêtir les panneaux de peau d'âne ou de
toile collée sur le bois au moyen de colle de fromage ou de peau. Lorsque
ces boiseries vieillirent, ces revêtements durent quelquefois se décoller
en partie des bois déjetés; de là des plis, des bords retournés. Il est à
présumer que les menuisiers eurent l'idée de faire de ces accidents un
motif d'ornement et un moyen de donner de l'épaisseur aux panneaux,
tout en laissant leurs rives et languettes très-minces. De là ces panneaux
à parchemins plissés si fort en vogue pendant le XV<sup>e</sup> siècle et le commencement
du XVI<sup>e</sup>.
</div>
[[Image:Renforcements.de.panneaux.medievaux.png|center]]
<div class="text">
Nos ouvriers du moyen âge n'étaient pas seulement d'habiles praticiens,
ils étaient observateurs, attentifs à profiter de tout ce que le hasard leur
faisait découvrir. Un défaut, un effet du temps sur les matériaux, devenait
pour eux motif de perfectionnement ou d'ornement. Aimant leur
métier parce qu'il était le produit d'un labeur raisonné et non une vague
et inexpliquée tradition d'un art étranger, ils suivaient leur propre génie,
trouvant des combinaisons nouvelles dans l'observation journalière de
l'atelier sans emprunter au dehors des formes dont le sens n'avait plus
pour eux de signification. Les architectes ont depuis longtemps déjà
détourné la menuiserie de sa véritable ligne en voulant lui imposer des
formes en désaccord avec ses ressources. Pendant les deux derniers
siècles on a imité beaucoup de choses à l'aide de la menuiserie, le stuc, le
marbre, la pierre, le bronze, des colonnes, des draperies, des corniches
saillantes, des arcs, tout, sauf la menuiserie, et cela au nom du grand
art classique. Il semblerait, au contraire, que l'art classique consistait à
employer le bois, la pierre ou le métal, en raison des propriétés particulières
à chacune de ces matières. Ouvrons un traité de menuiserie de ces
derniers temps et nous y verrons, quoi? Comment on fait des colonnes
corinthiennes, des arcs et des pénétrations de courbes, des
culs-de-lampes, des trompes avec des madriers et des planches, afin de simuler
en bois des ouvrages de maçonnerie; comment on fait des portes à
grands cadres, des consoles et des corniches de 0<sup>m</sup>,50 de saillie; comment
tout cela ne peut tenir qu'avec force équerres, plates-bandes, vis
et colle. De sorte que les menuisiers ont fini par ne plus savoir faire de
la menuiserie véritable, et que depuis un petit nombre d'années
seulement plusieurs d'entre eux ont commencé à rapprendre cet art pratiqué
il y a quatre cents ans avec autant de savoir que de goût. Mais c'est toujours
dans les contrées du Nord qu'il faut chercher les œuvres de
menuiserie dignes de ce nom. Occupons-nous maintenant des portes, des huis
pleins ou à claires-voies, des croisées.
 
==== HUIS ====
 
Les portes les plus anciennes que nous retrouvons éparses
encore dans quelques provinces françaises ne sont pas antérieures au
XI<sup>e</sup> siècle, et il faut dire qu'à cette époque ces ouvrages de menuiserie
sont très-grossiers. Ils consistent en une série d'ais simplement jointifs,
doublés par d'autres ais disposés de manière à se relier aux premiers
par des clous. <span id=La.Voute.Chilhac>C'est suivant ce principe que sont disposés des vantaux
de portes de la cathédrale du Puy-en-Vélay et un vantail d'une porte
de l'église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#La.Voute.Chilhac|la Voute Chilhac]] (10). Du côté intérieur A, cette porte
ne présente qu'une suite de planches jointives; à l'extérieur B, d'autres
planches posées sur les premières en travers sont clouées et
présentent une apparence de panneaux couverts d'ornements plats<span id="note9"></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]].
En C est donnée la coupe de l'huis faite par <i>ab</i>. Cette sorte de menuiserie
est tout orientale, comme les ornements qui la décorent. On
ne voit là ni assemblages, ni aucune des combinaisons à la fois légères
et solides qui constituent les œuvres de menuiserie. Ce sont des planches
clouées les unes sur les autres, et rien de plus.
Très-postérieurement à cette époque, on voit encore dans des provinces du centre de la France
des huis qui, bien que moins naïvement exécutés, découlent encore du
même principe. Il existe dans l'église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gannat|Gannat]] une porte à deux
vantaux (11)<span id="note10"></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]], dont chaque huis est composé de quatre planches posées jointives; pour les rendre solidaires et les empêcher de gauchir, l'ouvrier
a posé en dehors un treillis de bois formant comme des panneaux à peu
près carrés. En A, la porte est présentée à l'intérieur. Le détail B donne
la moitié d'un vantail du côté extérieur avec son treillis. Le détail C
indique le mode d'assemblage des montants et traverses du treillis, la
section D étant faite sur <i>a b</i> et la section E sur <i>e f</i>. G présente l'assemblage
perspectif des traverses et F la section sur le battement. Un clou
à tête carrée en pointe de diamant est fiché au milieu de chaque
assemblage et dans les traverses et montants entre chacun de ces assemblages.
</div>
[[Image:Porte.eglise.Voulte.Chilhac.png|center]]
<div class="text">
Ces clous, au droit des joints des planches, ont leurs pointes
doubles, rabattues à droite et à gauche, ainsi qu'on le voit en D. Cet
ouvrage est solide, puisqu'il est resté en place depuis le XIV<sup>e</sup> siècle; mais
ce n'est pas là une œuvre de menuiserie comme on en voit à cette époque
et même antérieurement dans les provinces du Nord. Les vantaux de
cette porte sont serrés au moyen de pentures clouées en dedans, ainsi
que l'indique le figuré A. Les planches et le treillis sont en chêne, et le
tout est d'ailleurs bien dressé.
</div>
[[Image:Porte.eglise.Gannat.png|center]]
<div class="text">
La figure 12 nous montre les anciens vantaux de porte de la
Sainte-Chapelle
haute de Paris. Cet ouvrage de menuiserie datait du milieu du
XIII<sup>e</sup> siècle comme l'édifice; il était autrefois décoré de peintures à l'extérieur
et à l'intérieur. En A, nous présentons un vantail du côté intérieur; en B, du côté extérieur. Le système consiste en une membrure fortement assemblée avec deux montants, trois traverses et des
décharges destinées à reporter tout le poids de l'huis sur les gonds. Les
traverses sont assemblées dans les montants à queue d'hironde, et les
décharges, outre des tenons, possèdent des embrévements qui roidissent
l'ouvrage. Devant ce bâti sont clouées des frises assemblées à grain
d'orge; puis une décoration en bois mince est clouée sur ces frises à
l'extérieur. En C, nous avons indiqué la section des vantaux. Les
pentures posées en dedans sur les trois traverses,--nous avons tracé une seule
de ces pentures sur la traverse du milieu,--sont doublées en dehors par
des plates-bandes en fer mince, ornées de gravures. Ainsi ces traverses
se trouvent serrées entre deux bandes de fer, et les clous des pentures
intérieures sont rivés extérieurement sur ces bandes de tôle. Des clous à
têtes carrées en pointes de diamant très-plates réunissent encore les
frises à la membrure. Le gâble avec son tiers-point, ses redents, ses
crochets et colonnettes, n'est qu'un placage maintenu au moyen de
pointes. Un battement existe à la jonction des deux vantaux avec le
trumeau central en pierre et forme comme un petit contre-fort sur la
rive du vantail. À l'intérieur, les montants, traverses et décharges sont
chanfreinés entre les assemblages et élégissent la membrure. Ces
vantaux, très-altérés par des guichets que l'on avait pratiqués à travers les
huis et presque entièrement pourris dans leur partie inférieure, ont dû
être remplacés lors des restaurations.
</div>
[[Image:Vantaux.Sainte.Chapelle.haute.Paris.png|center]]
<div class="text">
L'emploi de ce système de portes est très-fréquent pendant les XIII<sup>e</sup>
et XIV<sup>e</sup> siècles. Il est léger, solide et se prête bien à la pose des ferrures
de suspension. Les portes de la façade de la cathédrale de Paris, décorées
à l'extérieur des belles pentures si connues, sont combinées de la
même manière et datent probablement du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle,
car nous ne pensons pas qu'elles aient été refaites. Leur parement extérieur,
sous les pentures, était couvert primitivement d'une peinture rouge
très-brillante d'un ton laqueux.
 
La cathédrale de Poitiers possède encore ses vantaux de portes qui
datent du commencement du XIV<sup>e</sup> siècle. Ces œuvres de menuiserie sont
d'un certain intérêt, parce qu'elles servent de transition entre les vantaux
composés d'un bâti contre lequel était appliqué un parquet de planches
de chêne et les vantaux à panneaux embrévés entre la membrure
elle-même.
De plus quelques-uns de ces vantaux sont déjà munis de guichets.
La figure 12 <i>bis</i> présente l'un de ces vantaux en A du côté intérieur, et
en B du côté extérieur. Les montants <i>a</i> et <i>b</i> sont plus épais que les
traverses haute et basse; ils ont 0<sup>m</sup>, 13, tandis que celles-ci n'ont que
0<sup>m</sup>,10. Quant aux traverses intermédiaires, elles n'ont que 0<sup>m</sup>,08. Des
montants de même épaisseur sont assemblés entre ces traverses et
reçoivent
des panneaux entre eux, ainsi que le fait voir en C et D le détail P.
À l'extérieur, la membrure tout entière et les panneaux sont au même
nu, et ces panneaux ne se distinguent des autres parties que par un élégissement
indiqué en G dans le détail P. Des décharges assemblées dans
les montants C, et n'ayant que la moitié de l'épaisseur de ceux-ci, empêchent
le vantail de se déformer et de fatiguer les assemblages par son
poids. En I est tracé un détail perspectif de l'assemblage des décharges
avec les montants intermédiaires; ces pièces sont réunies à leur
rencontre
par des clous K à tête carrée et à doubles pointes rabattues à
l'intérieur.
En L est tracé le détail du battement, muni d'une colonnette à
pans, saillante à l'extérieur, O étant le chapiteau figuré en <i>o</i>, R la bague
<i>r</i>, S la base <i>s</i>. Ces détails sont à l'échelle de 0<sup>m</sup>,10
pour mètre.
</div>
[[Image:Vantaux.cathedrale.Poitiers.png|center]]
<div class="text">
Ce ne fut guère qu'à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle que les menuisiers se mirent à
faire des portes à panneaux, c'est-à-dire ayant les faces extérieure et intérieure
pareilles et composées de montants et de traverses entre lesquels
étaient embrévées des planches à grains d'orges ou à languettes. <span id=Beaune1>L'église
Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]] possède encore au commencement du bas côté
du chœur, côté nord, un huis de ce genre qui date de la fin du XIV<sup>e</sup>
siècle (13).
</div>
[[Image:Porte.Notre.Dame.Beaune.png|center]]
<div class="text">
En A est donnée l'une des faces de cet huis, composé de deux montants
de rive, de deux traverses hautes et basses, de trois autres traverses intermédiaires
et de deux autres montants assemblés dans les traverses.
En B est tracé le détail d'une traverse C, avec le montant intermédiaire D
assemblé et le bout d'un panneau E. En F est la section horizontale d'un
panneau avec les deux montants; en G, la section verticale d'une
traverse avec deux panneaux et leurs languettes; en H nous donnons le
détail perspectif d'un montant désassemblé, son extrémité supérieure
étant en <i>a</i>. Déjà les panneaux sont renforcés dans leur milieu, ainsi que
l'indique la section F, et ce sont les baguettes des montants et traverses
qui reçoivent entre elles les languettes des panneaux laissés libres d'ailleurs.
À la partie inférieure de ces panneaux, des chanfreins poussés sur
les traverses remplacent les baguettes, afin de ne point arrêter la poussière.
Ces baguettes se joignent d'onglet à la partie supérieure des
panneaux et reposent en sifflet sur les chanfreins inférieurs, comme l'indique
notre détail perspectif H. Ainsi, les baguettes et chanfreins pouvaient
être poussés au <i>guillaume</i> le long des montants et traverses sans arrêts,
et les assemblages étaient faits après coup en enlevant des baguettes et
chanfreins ce qu'il fallait pour faire les repos et les mortaises. Bien
entendu, cette porte, comme les précédentes, est en chêne.
 
Mais le XIV<sup>e</sup> siècle avait fait, en menuiserie, des œuvres
remarquables;
il nous reste de cette époque des stalles fort belles (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Stalle|Stalle]]), des
fragments de boiseries taillés et assemblés de main de maître. L'incurie,
l'amour du changement, le faux goût, ont laissé ou fait disparaître un
nombre prodigieux de ces œuvres d'art. Il faut aujourd'hui en chercher
les débris dans quelques musées, en recueillir quelques traces
conservées par de vieilles gravures ou des dessins. La Normandie, la Picardie, la
Champagne et la Bourgogne étaient particulièrement riches en beaux
ouvrages de menuiserie. Les vantaux de porte, très-simples jusqu'à cette
époque, étaient devenus depuis lors un motif de décoration de bois. On
renonçait aux applications de bronze, aux pentures de fer
très-historiées, aux revêtements de cuir peint, pour donner au bois les formes les plus
riches, sans cependant abandonner les principes de la vraie construction
qui appartiennent à la menuiserie. Quelquefois alors, on laissait dans ces
vantaux des ajours, et s'ils étaient d'une trop grande dimension pour être
ouverts à chaque instant, on y pratiquait des guichets, ainsi qu'on a pu
le remarquer déjà dans l'exemple donné figure 12 <i>bis</i>.
 
Voici (14)<span id="note11"></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]] une de ces portes. Sa membrure se composait de deux
montants de rive, de deux traverses haute et basse, d'une large traverse
intermédiaire, de deux décharges B formant gâble et de deux montants
intermédiaires C, assemblés à mi-bois avec les décharges dans la partie
supérieure et servant de dormants au guichet dans la partie inférieure. Les
panneaux A, de la partie supérieure, étaient ajourés et vitrés probablement.
Pour faire comprendre la construction de ce grand vantail, nous
donnons en D la coupe faite sur <i>a b</i>, montrant le chapiteau des montants
intermédiaires; en E la section faite sur <i>c d</i> du gâble; en F la section faite sur
<i>g h</i>; en G la section faite sur la traverse intermédiaire avec le battement <i>i</i>
du guichet; en II la section faite sur la traverse intermédiaire du guichet;
en K la section faite sur la traverse basse avec le battement <i>l</i>
du guichet; en OP la section verticale faite sur les panneaux latéraux de
la partie inférieure; en R la section faite sur <i>n p</i>; en S est
l'échelle de
l'ensemble; en <i>s</i>, celle des détails.
</div>
[[Image:Porte.XIVe.siecle.png|center]]
<div class="text">
<span id=Beaune3><span id=Bourges>Il existe encore un assez bon nombre de vantaux du XV<sup>e</sup> siècle; nous
citerons ceux du portail sud de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bourges|Bourges]], ceux du
portail
principal de l'église Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]], ceux de la porte
principale
de l'hôtel de Jacques Cœur, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bourges|Bourges]], ceux de l'avant-portail
des libraires de la cathédrale de Rouen, ceux de l'hôtel-Dieu de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]]
parmi les plus remarquables. On employait fort souvent, au XV<sup>e</sup>
siècle,
ces vantaux ajourés, soit comme fermeture de vestibules, de chapelles,
d'oratoires ou même de réduits, c'est-à-dire de cabinets donnant
dans une chambre. Ces vantaux ajourés étaient même parfois brisés
et pouvaient se replier comme nos volets, de manière à ne pas prendre
de place dans de petites pièces lorsqu'on voulait les tenir ouverts. On
voit encore à l'entrée d'une des chapelles du nord de l'église de Semur-en-Auxois
une de ces portes exécutée avec un goût parfait (15). Cette
porte se compose de deux vantaux, chacun d'eux se repliant en deux
feuilles. En A nous présentons un vantail en dehors, et en B en dedans.
La section horizontale C est faite au niveau D, et la section E au niveau F.
La brisure est indiquée en G et le battement des deux vantaux en H.
En I est tracée la section verticale de la traverse supérieure et de la traverse
intermédiaire. En K, la section <i>a b</i>, moitié d'exécution. Cette jolie
menuiserie conserve encore ses ferrures, qui sont très-finement travaillées
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Serrurerie|Serrurerie]]). Tout cela s'ouvre facilement, est agréable à la
main; c'est bien là de la menuiserie d'appartement, légère, élégante,
solide, faite pour l'usage journalier. Rien n'est plus simple, cependant,
que sa construction, ainsi que le fait voir notre figure. Ici les moulures
d'encadrement des panneaux se retournent sans arrêts, mais ne sont pas
assemblées d'onglet, le retour d'équerre de ces moulures étant coupé à
contre-fil dans les montants. Les battements saillants du milieu et des
brisures sont chevillés sur les montants, ainsi que les profils L. Il
n'y a
ni clous, ni vis; les ferrures seules sont retenues au moyen de crampons
très-adroitement combinés pour ne point fatiguer ni ces ferrures ni le bois.
</div>
[[Image:Volet.eglise.Semur.en.Auxois.2.png|center]]
<div class="text">
À l'intérieur des châssis de croisées, on posait dans les appartements
des volets pleins ou ajourés qui étaient de véritables vantaux. Les ajours
de ces volets étaient quelquefois pratiqués dans leur partie inférieure
pour permettre de voir à l'extérieur sans ouvrir le vantail.
 
<span id="Abbeville4">La fig. 16 représente un de ces volets<span id="note12"></span>[[#footnote12|<sup>12</sup>]] solidement construit et d'une forte
épaisseur; la membrure principale A (voy. la section B faite sur
<i>a b</i>) encadre
un second châssis C, qui maintient les panneaux D. En E, nous avons
tracé le profil pris sur <i>e</i>; en F le profil des deux membrures AC et en G,
le détail perspectif de l'assemblage <i>g</i> de la traverse intermédiaire dans le
montant. Les panneaux inférieurs sont délicatement ajourés suivant le profil
E, les membres secondaires de cet ajour ne prenant que l'épaisseur
<i>h i</i>.
</div>
[[Image:Volet.eglise.Semur.en.Auxois.png|center]]
<div class="text">
L'art de la menuiserie, au XV<sup>e</sup> siècle, arrivait à une perfection d'exécution qui ne fut jamais atteinte depuis. Le goût dominant dans l'architecture
alors se prêtait d'ailleurs aux formes qui conviennent à de la
menuiserie, puisque les ouvrages de pierre avaient le défaut de rappeler
les délicates combinaisons données par l'emploi du bois. Les menuisiers
du XV<sup>e</sup> siècle n'employaient que des bois parfaitement purgés, secs et
sains, et ils les travaillaient avec une adresse que nous avons grand'peine
à atteindre aujourd'hui, lors même que nous voulons payer la
main-d'œuvre. Les menuiseries de la seconde moitié du XV<sup>e</sup> siècle ne sont pas
très-rares en France et, grâce à l'excellent choix et à la sécheresse des
bois employés, ces menuiseries sont biens conservées, ne se sont pas
déjetées ni gercées, et ne sont piquées que lorsqu'elles ont été placées
dans des conditions tout à fait défavorables.
 
<span id=Beaune2>Pour terminer notre étude sur les huis, les vantaux de porte, nous
donnerons ici l'un de ceux qui ferment l'entrée principale de la nef de
l'église Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]]. La structure de ces vantaux (17) est simple,
elle se compose de vingt panneaux embrévés entre des montants et des
traverses; un guichet, composé de quatre panneaux <i>a</i>, s'ouvre au milieu
du vantail. Deux montants de rive, deux traverses haute et basse, trois
montants intermédiaires avec quatre rangs d'entretoises forment l'ossature
de ce vantail. Les montants sont renforcés de contre-forts et les
entretoises de profils saillants. Ces contre-forts et les panneaux sont
délicatement moulurés et sculptés dans du beau bois de chêne.
</div>
[[Image:Vantaux.eglise.Notre.Dame.Beaune.2.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (18) quelques détails de cet ouvrage de menuiserie,
c'est-à-dire le panneau <i>b</i> et partie de celui inférieur <i>c</i>, avec les contre-forts
des montants et profils des entretoises. En A est tracée la coupe
de ces détails, faite sur <i>e f</i>; en B, la section horizontale d'un montant
avec son contre-fort; en C, la section à une plus grande échelle
des moulures évidées dans l'épaisseur des panneaux. Cette manière
d'orner les panneaux par des compartiments évidés à mi-épaisseur,
représentant des meneaux de fenêtres, était fort en vogue au XV<sup>e</sup>
siècle, et il fallait que ces panneaux pussent être très-facilement et rapidement
sculptés, car on en trouve partout. Les ouvriers menuisiers façonnaient
ces ouvrages au moyen de longs ciseaux, de gouges ou de burins,
emmanchés comme l'indique le tracé G. La grande gouge <i>g</i>, terminée souvent
par une sorte de cuiller comme les outils dont se servent les sabotiers,
se manœuvrait des deux mains, le morceau de bois en œuvre étant
maintenu horizontalement sur l'établi au moyen d'un <i>valet</i> ou d'une vis,
ainsi que cela se pratique encore aujourd'hui<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]].
</div>
[[Image:Vantaux.eglise.Notre.Dame.Beaune.png|center]]
<div class="text">
Tous les panneaux de ces vantaux des portes de l'église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]] sont
variés de dessins; quelquefois, à la place de ces compartiments de
meneaux, on sculptait des bas-reliefs ou des arabesques vers la fin du
XV<sup>e</sup> siècle et le commencement du
XVI<sup>e</sup>. Nous ne devons pas omettre,
parmi les beaux exemples de vantaux,
ceux des portes de l'église de
Saint-Maclou, de Rouen, attribués
à Jean Goujon, et qui, s'ils ne sont
pas de lui, n'en présentent pas moins
un des meilleurs exemples de menuiserie
de la Renaissance.
 
==== CROISÉES ====
Nous avons expliqué à
l'article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Fenêtre|Fenêtre]] comment, pendant
la période romane, les baies de
croisées n'étaient souvent fermées
qu'avec des volets pendant la nuit,
et comment, pour obtenir du jour à
l'intérieur des pièces, on laissait
entrer l'air avec la lumière dans les
appartements. Ces volets furent d'abord
percés de petits ajours devant
lesquels on tendait du parchemin
ou un canevas, ou encore on incrustait
des morceaux de verre. Cet
usage se conserva longtemps parmi
les populations du centre et du midi
de la France; mais dans le nord, la
rigueur du climat et l'insuffisance
de la lumière extérieure obligèrent
les habitants des villes et châteaux
à faire de véritables châssis propres
à recevoir une surface étendue de
vitraux ou de parchemin. Au XII<sup>e</sup>
siècle, ces châssis, ces croisées (pour
leur appliquer le nom consacré par
l'usage), n'étaient encore que de
véritables volets composés de montants et de traverses, mais dont les
panneaux de bois étaient remplacés par des vitres ou par du vélin huilé.
 
De ces ouvrages de menuiserie, il n'existe que bien peu de débris.
Cependant à Paris, dans la tour dite de Bichat, ancienne commanderie
des Templiers et qui a été détruite il y a neuf ans, il existait encore, dans
une fenêtre du dernier étage, composée de deux parties séparées par un
meneau, deux vantaux de croisée qui paraissaient appartenir à l'époque de
la construction de cette tour (1160 environ). Pris dans un bouchement en
platras déjà ancien, ils avaient pu échapper à la destruction et, quoique
entièrement pourris, ils conservaient encore des lambeaux de vitraux
blancs posés en feuillure. La figure 19 donne la face intérieure de l'un
de ces vantaux de croisée avec sa ferrure. En A, nous en donnons la
coupe sur <i>a b</i>, et en B la section horizontale sur <i>c d</i>. Ces sortes de châssis
vitrés laissaient, relativement à leur surface, pénétrer peu de lumière;
mais alors on ne tenait pas, comme aujourd'hui, à éclairer beaucoup les
intérieurs. Ces châssis étaient dépourvus de dormants et battaient dans
les feuillures de la baie de pierre.
</div>
[[Image:Chassis.fenetre.tour.Bichat.Paris.png|center]]
<div class="text">
Au XIII<sup>e</sup> siècle on ne se contentait plus déjà d'ajours aussi étroits, les
fenêtres devenaient hautes et larges, leurs meneaux étaient diminués
d'épaisseur et, par suite, les châssis de croisée s'allégissaient pour mieux
faire pénétrer la lumière dans les salles. Les croisées en menuiserie de
ce temps, n'existent plus que par fragments, et il faut réunir bien des
renseignements épars pour pouvoir reconstituer un de ces châssis entier.
Les scellements des ferrures les feuillures conservées dans les ébrasements,
la trace des battants existent encore cependant dans un grand
nombre de bâtiments. <span id=Carcassonne><span id=Coucy>À la porte de Laon, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Coucy|Coucy]] (commencement du
XIII<sup>e</sup> siècle), à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]] (fin du XIII<sup>e</sup> siècle), à Loches, à
Château-Chinon, au palais de justice de Paris et dans plusieurs châteaux et
maisons de nos anciennes provinces, il est facile de se rendre compte de la
position des châssis vitrés, de leur ferrure et de leur épaisseur. Puis, en
cherchant avec quelque soin, on retrouve encore çà et là des débris
réparés bien des fois, il est vrai, de ces menuiseries. C'est ainsi que dans
le bâtiment abbatial de Château-Landon nous avons pu retrouver une
croisée presque tout entière en recherchant, il y a quelques années,
parmi les châssis réparés, certains fragments primitifs.
 
Nous donnons (20) le résultat de ces recherches. Ces châssis étaient
par couples dans les grandes fenêtres et séparés par un meneau; ils se
composaient d'un montant, avec tourillons ferrés, haut et bas AB,
tenant au montant même. Ces deux tourillons entraient dans des œils
disposés dans la pierre, comme on peut le voir encore à l'intérieur
des baies de la maison des Musiciens, à Reims, et dans beaucoup
d'habitations du XIII<sup>e</sup> siècle. Ainsi le châssis était posé en construisant; le
battant C arrivait en feuillure sur le meneau de la fenêtre et était
maintenu par deux verrous manœuvrés au moyen d'une tige de fer
ronde avec poignée (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Serrurerie|Serrurerie]]). Deux traverses haute et basse s'assemblaient
dans les deux montants. Un troisième montant intermédiaire
était assemblé dans les deux traverses, haute et basse, et recevait à son
tour deux autres fortes traverses intermédiaires D et deux
entre-toises E
plus faibles. Des colonnettes F tenaient lieu de <i>petits-bois</i>. À
l'extérieur, les montants et traverses étaient pourvus de feuillures G (voir le détail H)
destinées à recevoir les panneaux de vitraux. Quant aux
<i>petits-bois</i>, ils ne portaient pas de feuillures, mais des tourniquets en fer I qui servaient
à maintenir les panneaux. Ces châssis de croisée étaient garnis
intérieurement de volets brisés (voir la section horizontale K) et divisés en
trois parties <i>abc</i>, de manière à pouvoir n'ouvrir, si bon semblait, qu'une
travée ou un tiers ou deux tiers de travée. À cause de l'ébrasement de la
fenêtre, ces volets brisés en <i>g</i> ne se développaient qu'à angle droit et
se rangeaient ainsi que l'indiquent les lignes ponctuées <i>l</i>.
Développés, ces volets présentaient du côté du jour le figuré L, et leur ferrure brisée
était placée du côté intérieur <i>g</i>. Les feuilles supérieures et inférieures des
volets étaient ajourées pour donner de la lumière à l'intérieur, les volets
étant fermés, et pour permettre, par les ajours inférieurs, de voir au
dehors. Les battants de la croisée ont 2 pouces d'épaisseur, ceux des
volets 1 pouce 1/2. En H sont donnés les détails du bâti de la
colonnette, leur profil en H'; en M, la section du montant intermédiaire; en
N, la section des entre-toises E; en O, la section verticale des traverses
des volets, et en O' celle horizontale de leurs battants. P est le détail des
ajours inférieurs. Les volets étaient ferrés après le montant de la croisée
sur des gonds rivés extérieurement sur de petites plaques de tôle. Ces
châssis ne portaient pas de <i>jet d'eau</i>; l'eau de pluie qui glissait le long
de leur parement extérieur était recueillie dans une petite rigole ménagée
dans l'appui et s'écoulant au dehors. Enfin les volets étaient maintenus
fermés au moyen de targettes entrant dans des gâches ménagées sur les
renforts intérieurs du meneau de pierre et, au besoin, par des barres.
</div>
[[Image:Chassis.fenetre.abbaye.Chateau.Landon.png|center]]
<div class="text">
Pour poser ces châssis, il n'y avait donc aucune entaille ni scellement
à faire après coup dans les tableaux et feuillures ou ébrasements; l'objet
arrivait à sa place complet, achevé à l'atelier, sans qu'il fût nécessaire,
comme cela se pratique aujourd'hui dans nos constructions, d'envoyer
successivement des ouvriers de deux ou trois états pour terminer la pose
et la ferrure d'une croisée. La maçonnerie, la charpente, la
menuiserie et la serrurerie étaient achevées simultanément et, les toits couverts,
il n'y avait plus qu'à peindre et à tapisser. Quand les châssis de croisée
ne roulaient pas, comme ceux-ci, au moyen de tourillons, quand ils
étaient attachés après coup, les gonds qui les suspendaient se scellaient
dans les lits d'assises pendant la construction, afin d'éviter les entailles
et les trous de scellement qui déshonorent les ravalements de nos maisons
et de nos palais.
 
Les châssis de croisée, dans les maisons du XIV<sup>e</sup> siècle, étaient souvent
plus simples que ceux-ci et se composaient seulement de montants, de
battants et de traverses. Les <i>petits-bois</i> n'avaient pas d'utilité quand on
employait les panneaux de vitraux mis en plomb, et ils commencèrent à
garnir les châssis quand on substitua aux panneaux mis en plomb des
morceaux de verre taillés en assez grands fragments dans des <i>boudines</i>,
c'est-à-dire dans des plaques de verre circulaire ayant au centre un renflement
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Vitrail|Vitrail ]]). Les châssis de croisée au moyen âge ne présentaient
donc pas le réseau de <i>petits-bois</i> qui garnit les châssis du XVII<sup>e</sup> siècle,
et qui produit un effet si déplaisant à cause de la monotonie de ces
compartiments égaux coupant le vide de la baie en quantité de petits
parallélogrammes. Les panneaux de vitraux étaient fixés dans les feuillures
des châssis au moyen d'un mastic recouvert d'une lanière de
parchemin faisant corps avec ce mastic, ou simplement, pour les intérieurs
où il n'importait pas d'obtenir un calfeutrage parfait, par des tourniquets
dans le genre de ceux représentés ci-dessus en I. Alors, entre les
panneaux, les tourniquets étant ouverts, on introduisait une bande de feutre
épais à la jonction de ces panneaux, bande de feutre fendue au droit de
chaque tourniquet; puis on fermait ceux-ci qui alors exerçaient une
pression sur ce feutre et empêchaient le ballotement des vitraux. Cet usage
s'est conservé assez longtemps dans les provinces du centre, puisque
nous avons encore vu de ces feutrages et tourniquets adaptés à des châssis
du XVI<sup>e</sup> siècle.
 
Les châssis de croisée du XV<sup>e</sup> siècle, dans les hôtels et châteaux, composaient
parfois une œuvre de menuiserie passablement compliquée.
 
L'hôtel de La Trémoille, à Paris, possédait encore dans l'étage
au-dessus du portique donnant sur la cour des châssis de croisée fort délabrés et
dépendant de la construction primitive, datant de la fin du XV<sup>e</sup> siècle.
Ces châssis (21) garnissaient des fenêtres composées d'un meneau central
avec une traverse de pierre. Ils consistaient donc en quatre compartiments:
deux grands oblongs inférieurs et deux carrés. En A, nous
donnons l'un des châssis inférieurs et en B l'un des châssis posés
au-dessus de la traverse.
</div>
[[Image:Chassis.fenetre.hotel.Tremoille.Paris.2.png|center]]
<div class="text">
Ces châssis possédaient des dormants fixés dans la feuillure de pierre
par des pattes, ainsi que cela se pratique encore aujourd'hui. Les châssis
inférieurs pouvaient s'ouvrir dans toute leur hauteur de <i>a</i> en <i>b</i> au moyen
de paumelles, et partiellement en tabatière, de <i>c</i> en <i>d</i>. Les châssis supérieurs
s'ouvraient aussi au moyen de paumelles. En C est tracée la section
sur <i>e f</i>, les châssis AB étant vus à l'intérieur. En D est indiqué l'angle
inférieur du châssis A avec les jets d'eau à l'extérieur.
 
Nous avons tracé à une échelle double, c'est-à dire à 0<sup>m</sup>,10 pour mètre,
en A', la section sur <i>g h</i>; en F, la section sur <i>i k</i>; en G, la section sur <i>l m</i>;
en H, la section sur <i>m n</i>, et en I la section sur <i>o p</i>. En L est donnée la section
sur <i>r s</i>, et en M la section sur <i>t v</i>. Des feuilles de volets à jour, indiquées
en VXY, se repliant en deux, ainsi qu'il est marqué en <i>u</i>, ferrées
sur les dormants, permettaient de masquer les vitres à l'intérieur.
 
Ces croisées, en bon bois de chêne, étaient tracées et façonnées avec
grand soin; leurs vitraux étaient, comme nos vitres, posés en feuillure et
mastiqués. La figure 22 donne l'assemblage du jet d'eau inférieur A dans
le montant du dormant B. On voit en D comment le jet d'eau du grand
châssis ouvrant venait s'embréver en partie dans le montant dormant
possédant une gueule de loup. C donne le profil de ce jet d'eau A; ce profil
était tracé de manière à empêcher l'eau de pluie chassée par le vent,
suivant l'inclinaison <i>a b</i>, de remonter dans la feuillure <i>c</i>. La courbe <i>d b</i>
obligeait la goutte d'eau, poussée par le vent sur ce profil, à suivre la
courbe <i>d e</i>, c'est-à-dire à retomber à l'extérieur. Ces détails font voir avec
quelle attention les menuisiers de cette époque établissaient leurs
épures, comme ils donnaient aux moulures une forme convenable en
raison de leur place et de leur destination. Il faut reconnaître que depuis
ce temps nous n'avons pas fait de progrès sensibles dans l'art de la menuiserie
de bâtiment.
</div>
[[Image:Chassis.fenetre.hotel.Tremoille.Paris.png|center]]
<div class="text">
Les châssis de croisée n'étaient point ferrés alors comme ils le sont
aujourd'hui au moyen d'équerres entaillées; les ferrures des paumelles,
qui quelquefois formaient équerres, étaient posées sur le bois au moyen
de clous et d'attaches (mais non entaillées): il fallait donc que les assemblages
de ces châssis fussent très-bien faits pour éviter des déformations
et les dislocations. Les ferrures entaillées sont une bonne chose, mais
les menuisiers s'y fient trop pour maintenir les assemblages; puis elles
contribuent singulièrement à l'extérieur à hâter la pourriture des bois
précisément au droit de ces assemblages.
 
==== VOUSSURES, PLAFONDS, TAMBOURS ====
Les menuisiers du moyen âge savaient, comme nous l'avons dit, ménager le bois et renfermer leurs
tracés dans les équarrissements ordinaires qui alors étaient à peu près
les mêmes que ceux donnés aujourd'hui par les scieries. C'est surtout
dans la grosse menuiserie que l'on constate l'attention qu'ils apportaient
à cette partie importante de leur art. Le merrain de 1 pouce 1/2 ou de
0<sup>m</sup>,04 d'épaisseur était généralement employé pour les membrures, puis
le chevron de 3 pouces (0<sup>m</sup>,08) pour les plus fortes pièces. Quant aux
panneaux, ils n'avaient guère que 9 lignes d'épaisseur (0<sup>m</sup>,02). Avec ces
dimensions de bois, ils composaient leurs ouvrages de menuiserie les
plus importants, tels que tambours, buffets d'orgues, stalles, caisses
d'horloges, escaliers, grandes clôtures, etc. Pour donner de la
résistance
à ces bois, lorsqu'ils avaient de grandes dimensions en hauteur et
les empêcher de gauchir, ils embrévaient les madriers ainsi que l'indique,
par exemple la figure 23 en A, et les assemblaient à la base et en tête
dans des chevrons, comme on le voit en B et en C. De plus les montants
étaient reliés et maintenus par des goussets D, formant arcatures. Les
intervalles étaient remplis par des panneaux libres E, ou assemblés à
grain d'orge (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Stalle|Stalle]]).
</div>
[[Image:Plafond.medieval.supporte.par.madrier.png|center]]
<div class="text">
Villars de Honnecourt<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]] nous a conservé un curieux dessin d'une
grande caisse d'horloge du XIII<sup>e</sup> siècle en menuiserie. <span id=Beauvais>C'est un véritable
campanile qui devait avoir une grande importance. On voit encore de
ces caisses d'horloge en grosse menuiserie des XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles dans les
cathédrales de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] et de Reims<span id="note15"></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]].
 
Quoiqu'il ne reste qu'un petit nombre de fragments des lambris de
bois qui garnissaient souvent les murs des châteaux pendant les XIII<sup>e</sup> et
XIV<sup>e</sup> siècles, cependant on peut constater leur emploi par les nombreux
scellements et les traces qui existent encore sur les parois de ces
murailles;
scellements et traces indiquant des ouvrages de grosse menuiserie garnissant des pièces entières du pavé au plafond et composés de
membrures de 0<sup>m</sup>,04 d'épaisseur sur 0<sup>m</sup>,08 de largeur, avec panneaux.
On faisait aussi des plafonds en menuiserie dès le XIV<sup>e</sup> siècle et peut-être
avant cette époque, ou, pour être plus vrai, des plafonds dans la composition
desquels la charpente et la menuiserie prenaient leur part. Ainsi,
n'est-il pas rare de trouver encore des plafonds dont les entrevoux des
solivages, au lieu d'être formés d'enduits, consistent en des planches
posées en travers, découpées et doublées d'une planche posée en long (24)<span id="note16"></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]].
Mais, à l'article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Plafond|Plafond ]], nous avons l'occasion de décrire les diverses
combinaisons mixtes adoptées par les charpentiers et menuisiers du
moyen âge.
</div>
[[Image:Plafond.XIVe.siecle.2.png|center]]
<div class="text">
Au XV<sup>e</sup> siècle, et même encore au XVI<sup>e</sup>, les plafonds de menuiserie, au
lieu de participer à la charpente, comme dans l'exemple précédent,
étaient accrochés à celle-ci au moyen de clefs pendantes. La figure 25
fait voir un de ces plafonds, composé alternativement de
culs-de-lampes et de caissons. Le tracé A indique, en projection horizontale, le système
des membrures, consistant en une suite de triangles équilatéraux. Les
poinçons B, dans lesquels viennent s'assembler les chevrons D soulagés
par des liens, sont suspendus à des poutres jumelles, indiquées en E dans
la coupe C, au moyen de clefs F et d'entailles. La coupe G, faite sur <i>a b</i>,
et celle H, faite sur <i>e f</i>, expliquent la disposition des
culs-de-lampe et des caissons. Les liens formant culs-de-lampe étaient revêtus entre eux de
feuillets en façon de voussures et d'ornements sculptés sur les arêtes ou
nervures. Les caissons étaient plus ou moins enfoncés et décorés. Ce
système se retrouve adopté, avec quelques variantes toutefois, dans certains
plafonds qui nous sont conservés par des estampes ou qui existent
encore, tels que ceux des palais de justice de Rouen et de Paris.
L'ancienne chambre des Comptes, brûlée pendant le dernier siècle, en possédait
un fort beau de ce genre qui nous a servi à faire le tracé de la
figure 25<span id="note17"></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]]; il avait été établi sous le règne de Louis XII et était décoré entièrement, outre les sculptures, de peintures et de dorures.
</div>
[[Image:Plafond.menuiserie.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text">
<span id="Amiens106">L'état de menuiserie exigeait, vers les derniers temps du moyen âge,
des connaissances étendues en géométrie descriptive. Il est facile de s'en
convaincre si l'on veut examiner les stalles de la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] et
la plupart des œuvres de menuiserie des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. L'exécution
demandait des soins infinis et du temps, car on ne peut faire de bonne
menuiserie qu'en y mettant le temps et l'argent nécessaires, le temps
surtout. Quand il fallait quinze jours à un bon ouvrier menuisier et
quinze autres jours à un sculpteur sur bois pour ouvrer un poteau
cornier
d'une chaire, d'un clotet ou d'un tambour, on était assuré que ce
poteau, tant de fois retourné sur l'établi, élégi, refouillé, était bien sec,
avait produit son effet avant la pose; aussi, ces œuvres de menuiserie
délicate des XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles n'ont pas bougé et sont restées telles
qu'elles ont été assemblées. D'ailleurs ces artisans choisissaient leur bois
avec un soin extrême et le laissaient longtemps en magasin avant de
le mettre en chantier.
 
<br><br>
----
 
<span id="footnote1">[[#note1|1]] : C'est ainsi qu'ont dû être préparés les bois qui ont servi à faire les stalles de la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auch|Auch]]. Ces bois ont acquis l'apparence du bronze florentin.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Qualité que nous appelons aujourd'hui chêne de Hollande
et qui est encore, en grande partie, fournie par la Champagne. En effet, beaucoup de bois de menuiserie
qui nous viennent de la Hollande sont achetés par des marchands hollandais
dans les forêts au-dessus de Reims. La manière de débiter nos bois nous rend tributaires
des Hollandais. En effet, les Hollandais débitent les bois sur <i>maille</i>, c'est-à-dire
qu'ils font faire les sciages, autant que possible, tendant toujours au centre de
l'arbre, ainsi que cela se pratiquait au moyen âge et ainsi que le pratiquent encore
les fendeurs de merrain. (Voy. à ce sujet le <i>Traité de l'évaluation de la menuiserie</i> par
A. Boileau et F. Bellot, Paris, 1847, p. 48 et suiv.; et Hassenfratz,
<i>Théorie des bois</i>, Paris, 1804, p. 133.)
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Beaucoup de menuiseries anciennes conservent des traces d'une impression au
minium, et cette impression a singulièrement contribué à leur conservation. Ce procédé,
renouvelé depuis une dizaine d'années par nous-même, donne d'excellents
résultats. Aujourd'hui, il est assez généralement adopté. (Voyez, relativement à l'assemblage
et au polissage des ais, l'œuvre du moine Théophile, <i>Diversarum
artium schedula</i>, lib, I, cap. XVII.)
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Cette grille conserve des formes qui appartiennent à l'époque romane, bien que
nous ne la croyions pas antérieure, comme fabrication, au XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id=Gand><span id="footnote5">[[#note5|5]] : De l'hôtel de ville de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gand|Gand]] (XV<sup>e</sup> siècle).
 
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Nous avons souvent été appelé à démonter des œuvres de menuiserie des XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles. On ne comprend pas comment une sculpture, souvent aussi délicate,
une ornementation charmante, s'allie à une structure aussi grossière et peu raisonnée.
Les belles stalles de Notre-Dame de Paris, qui datent du commencement
du dernier siècle, sont un exemple de cet alliage de moyens barbares masqués sous la
plus riche apparence.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Celle que nous donnons ici a été dessinée par nous à Luxeuil.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Cet ouvrage de menuiserie existait en fragments dans la cathédrale de Perpignan
en 1834, et servait de lambris dans la chapelle Saint-Jean. Il était en sapin.
 
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : Voy. les détails intéressants de cette porte dans l'<i>Architecture et les arts qui en dépendent</i>, par M. Gailhabaud, t. II.
 
<span id="footnote10">[[#note10|10]] : Ce dessin nous a été communiqué par M. Millet,
architecte.
 
<span id="footnote11">[[#note11|11]] : D'après un dessin provenant de la collection de feu Garneray. Cette porte s'ouvrait
sur une des grandes salles de l'abbaye Saint-Ouen, à Rouen, et existait encore, paraîtrait-il, à la fin du dernier siècle.
 
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : D'une maison à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Abbeville|Abbeville]], rue du Moulin-du-Roi.
 
<span id=Montreal.Yonne13></span><span id="footnote13">[[#note13|13]] : Nous avons souvent vu des miniatures de manuscrits du XV<sup>e</sup> siècle où ces outils sont représentés. Il existe dans les stalles de l'église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Montreal.Yonne|Montréal]] (Yonne) un bas-relief
représentant un menuisier taillant un petit pinacle au moyen de l'outil figuré
en <i>l</i>, qu'il tient de la main droite. À l'échelle, cet outil paraît avoir au moins 0<sup>m</sup>,50
de longueur. Quant au ciseau, il était d'un usage fréquent, comme de nos jours.
 
<span id="footnote14">[[#note14|14]] : Voyez l'<i>Album</i> de Villars de Honnecourt, pl. XI.
 
<span id="footnote15">[[#note15|15]] : Voyez Gailhabaud, <i>Architecture du V<sup>e</sup> au XVII<sup>e</sup>
siècle</i>.
 
<span id=Cordes><span id="footnote16">[[#note16|16]] : D'une maison de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Cordes|Cordes]] (Tarn-et-Garonne).
 
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : Topog. de la France. Bibl. imp.