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| width=33%<pages styleindex="background: #ffe4b5"Viollet-le-Duc |- <center>< [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, Tometome 6,.djvu" from=173 fromsection=s2 to=177 tosection=s1 Latrines|Latrines]]</center>
<references />
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=== LAVABO ===
 
s. m. Grande vasque en pierre ou en marbre répandant l’eau
par une quantité de petits orifices, percés autour de ses bords, dans un
bassin inférieur, et destiné aux ablutions ; par extension, le nom de
''lavabo'' a été donné à la salle ou à l’aire au milieu de laquelle s’élevait la
fontaine. La plupart des cloîtres de religieux possédaient un lavabo.
Quelquefois le lavabo était posé au centre du préau, à ciel ouvert, plus
fréquemment le long d’une des galeries du cloître ou dans un angle, et
alors le lavabo était couvert ; c’était une annexe du cloître vers laquelle
les religieux se dirigeaient avant d’entrer au réfectoire et en revenant
des travaux des champs, quand ils travaillaient aux champs. Les cisterciens,
qui, au XII<sup>e</sup> siècle, se piquaient de revenir aux premières rigueurs
de la vie monastique, qui excluaient de leurs couvents tout luxe, toute
superfluité, avaient cependant construit des lavabos dans leurs cloîtres,
disposés non point comme un motif de décoration, mais comme un objet
de première nécessité. C’est qu’en effet les cisterciens du XII<sup>e</sup>
siècle
s’occupaient à de rudes travaux manuels ; il leur fallait, avant d’entrer à
l’église ou au réfectoire, laver les souillures qui couvraient leurs mains.
Aussi voyons-nous que les lavabos des monastères cisterciens sont une
partie importante du cloître. L’abbaye de Pontigny possédait un lavabo
dont la cuve existe encore ; celle du Thoronet (Var), XII<sup>e</sup> siècle, possède
au contraire l’édicule qui contenait la cuve, tandis que celle-ci a disparu.
 
Voici (1) le plan de ce lavabo ; c’est une salle hexagone tenant à la
galerie du cloître qui longe le réfectoire ; les religieux entraient dans la
salle par une porte et sortaient par l’autre, de manière à éviter tout
désordre ; ils se rangeaient ainsi autour du bassin, au nombre de six ou
huit, pour faire leurs ablutions.
 
[[Image:Illustration fig1 6 179.png|center|400px]]
 
[[Image:Illustration fig2 6 179.png|center|400px]]
 
La fig. 2 présente la coupe de ce lavabo sur ''ab''<span id="note1" ></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
Conformément à la
règle de l’ordre de Cîteaux, cette salle est extrêmement simple, couverte
par une coupole en pierre à cinq pans avec arêtiers dans les angles rentrants.
 
<span id=Fontenay>L’abbaye de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]], près Montbard, dépendant du même ordre,
possédait, le long de l’une des galeries de son cloître, un lavabo d’une
remarquable construction (3)<span id="note2" ></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. En A était le réfectoire. Les religieux
entraient à la file dans le lavabo par une arcade et sortaient par l’autre,
comme au Thoronet. Une colonne centrale, passant à travers la vasque B,
portait la retombée de quatre voûtes d’arête avec arcs doubleaux. Cette
salle, assez spacieuse pour permettre à quinze religieux au moins de se
tenir autour du bassin, était basse comme les galeries du cloître et bien
abritée du vent et du soleil par conséquent.
 
[[Image:Illustration fig3 6 180.png|center|400px]]
 
La fig. 4 présente une vue perspective de ce lavabo prise du point C,
en supposant la voûte coupée de ''a'' en ''b''. C’était là un édifice dont la
disposition était rigoureusement prise d’après le programme donné et
qui devait présenter un aspect agréable, bien que l’architecture en fût
très-simple. Les beaux matériaux calcaires dont disposaient les religieux
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] leur avaient permis d’élever cette salle au moyen de gros
blocs de pierre ; les noyaux des piles sont monolithes, les bases et chapiteaux
pris dans dans une seule assise. Ce mode de construction ajoutait au
caractère de grandeur du monument malgré sa petite dimension. L’abbaye
de Saint-Denis possédait une fort belle vasque dans son cloître qui servait
aux ablutions des moines ; cette vasque, déposée aujourd’hui au milieu
de la seconde cour de l’École des Beaux-Arts, date du XIII<sup>e</sup> siècle, est
d’un profil remarquable et présente, tout autour, entre chaque goulotte,
une tête sculptée d’un beau style<span id="note3" ></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]. Lorsque les moines ne pouvaient
amener l’eau dans une vasque pour les ablutions journalières, ils se
contentaient d’un puits avec une auge circulaire ou semi-circulaire<span id="note4" ></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]]
autour ou à proximité.
</div>
[[Image:Illustration fig4 6 181.png|center|400px]]
<div class="text" >
Cependant, en Espagne, les couvents possédaient des lavabos
magnifiques.
Le voisinage des établissements arabes, dans lesquels l’abondance
de l’eau était considérée comme une nécessité de premier ordre, avait
dû exercer une certaine influence sur les constructions des cloîtres. C’est
aussi dans les monastères du midi de la France qu’on trouvait autrefois
les lavabos les mieux disposés et les plus spacieux. Il est à regretter que
ces salles, qui se prêtaient si bien aux compositions architectoniques,
aient été détruites partout, dès avant la fin du dernier siècle, par les
moines eux-mêmes, qui ne se soumettaient plus à l’usage de se laver au
même moment et ensemble. Les lavabos consistaient seulement parfois
en une grande auge en marbre, en pierre ou en bronze, placée à
l’entrée
du réfectoire (voyez, dans le ''Dictionnaire du Mobilier'', l’article
LAVOIR).
 
<br /><br />
----
 
<span id="footnote1" >[[#note1|1]]: Voy. les gravures faites d’après les relevés de M. Questel, dans le recueil des
archives des ''Monuments historiques'', pub. sous les auspices de
M. le ministre d’État.
 
<span id="footnote2" >[[#note2|2]]: On voit encore en place les deux entrées du lavabo, et nous avons retrouvé, en
1844, dans les débris qui jonchaient le cloître, les fragments des piles de la salle,
dont le périmètre était apparent au-dessus du sol du préau.
 
<span id="footnote3" >[[#note3|3]]: Voy. la gravure de cette vasque dans les <i>Exemples de
décoration</i> de M. Léon
Gaucherel.
 
<span id="footnote4" >[[#note4|4]]: Voy. le cloître de la cathédrale de Girone.