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=== FONDATION ===
s. f. Les Romains de l'empire ont toujours fondé leurs
édifices sur un sol résistant, au moyen de larges blocages qui forment,
sous les constructions, des empattements homogènes, solides, composés
de débris de pierres, de cailloux, quelquefois de fragments de terre cuite
et d'un mortier excellent. Les fondations romaines sont de véritables
rochers factices sur lesquels on pouvait asseoir les bâtisses les plus lourdes
sans craindre les ruptures et les tassements. D'ailleurs la construction
romaine étant concrète, sans élasticité, il fallait nécessairement l'établir
sur des bases immuables. Pendant la période romane, les édifices sont
généralement mal fondés, et cela tenait à plusieurs causes: on connaissait
peu la nature des sols, les approvisionnements considérables de matériaux
étaient difficiles, on ne savait plus cuire et employer convenablement la
chaux. Nous avons expliqué ailleurs (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Carrière|Carrière]],
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]) les
raisons qui s'opposaient à ce que les constructeurs romans pussent réunir
beaucoup de matériaux en un court espace de temps, et pourquoi, n'ayant
pas les ressources dont disposaient les Romains, ils négligeaient souvent
les fondations des édifices les plus importants.
 
Les architectes laïques de l'école du XII<sup>e</sup> siècle avaient vu tant de
constructions romanes s'écrouler, par faute de fondations ou par suite de
la poussée des voûtes mal contre-buttées, qu'ils voulurent cependant faire
en sorte d'éviter ces sinistres; à cet effet, ils mirent un soin particulier à
établir des fondations durables et à rendre leurs constructions assez
élastiques pour que les tassements ne fussent plus à craindre. Mais si
habile que nous supposions un architecte, faut-il qu'on lui fournisse les
moyens matériels de construire; or, dans l'édification des grandes cathédrales
et de beaucoup d'églises, l'empressement et le zèle des évêques ne
correspondaient pas toujours à l'étendue de leurs ressources financières;
alors le clergé séculier tenait surtout à faire paraître son influence: il
s'agissait pour lui d'amoindrir la puissance des monastères, d'attirer à lui
les fidèles; dans bien des cas on voulut donc, avec des moyens relativement
insuffisants, élever des édifices religieux qui pussent dépasser en
étendue et en richesse les églises des moines Bénédictins. C'est ce qui
explique pourquoi quelques-unes de nos grandes cathédrales, comme
celles de Troyes, de Châlons-sur-Marne, de Séez, de Meaux, sont mal
fondées. Il fallait élever rapidement des édifices somptueux, d'une belle
apparence, et, les ressources étant relativement médiocres, on ne voulait
pas les enfouir en grande partie au-dessous du sol. D'autres cathédrales,
élevées au milieu de diocèses riches, comme celles de Paris, de Reims,
d'Amiens, de Bourges, sort au contraire fondées avec un luxe de
matériaux
extraordinaire. Quant aux châteaux, quant aux constructions
militaires et civiles, elles sont toujours bien fondées; les seigneurs laïques
comme les municipalités tenaient moins à l'apparence, voulaient des
constructions durables, parce que le châtelain construisait pour se garder
lui et les siens à perpétuité, que les villes bâtissaient pour une longue
suite de générations.
 
Les fondations de la période romane sont toujours faites en gros
blocages jetés pêle-mêle dans un bain de mortier; rarement elles sont
revêtues. Les fondations des constructions gothiques sont au contraire
souvent revêtues de parements de pierres de taille (libages) posées par
assises régulières et proprement taillées; les massifs sont maçonnés en
moellons bloqués dans un bon mortier. Ces fondations sont (quand les
ressources ne manquaient pas) très-largement empattées et s'appuient
sur
des sols résistants. Il faut dire cependant, à ce sujet, que les constructeurs
gothiques n'avaient pas les mêmes scrupules que nous: quand ils
trouvaient
un sol de remblai ancien, bien comprimé et tassé par les eaux, ils
n'hésitaient pas à s'établir dessus. D'anciennes vases, des limons déposés
par les eaux, des remblais longtemps infiltrés, leur paraissaient être des
sols suffisants; mais aussi, dans ce cas, donnaient-ils à la base des fondations
une large assiette. Ils ne manquaient jamais de relier entre eux tous
les murs et massifs en fondation; c'est-à-dire que, sous un édifice composé
de murs et de piles isolées, par exemple, ils formaient un gril de maçonnerie
sous le sol, afin de rendre toutes les parties des fondements
solidaires.
Pendant les XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles, les fondations sont toujours établies
avec un soin extrême sur le sol vierge, avec libages sous les points d'appui
principaux et murs nombreux de liaison. Il arrive même souvent alors
que les parements en fondation sont aussi bien dressés que ceux en
élévation (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]).