« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Corporation » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m Contenu remplacé par « {{TextQuality|100%}}<div class="text"> {{NAD|C|Corniche|Coupole|4}} <pages index="Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe... »
 
Ligne 1 :
{{TextQuality|100%}}<div class="text">
{{NAD|C|Corniche|Coupole|4}}
{| width=100% border="0"
| width=33%<pages styleindex="background: #ffe4b5"Viollet-le-Duc |- <center>< [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, Tometome 4,.djvu" from=348 fromsection=s2 to=350 tosection=s1 Corniche|Corniche]]</center>
<references />
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index alphabétique - C|Index alphabétique - C]]</center>
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Coupole|Coupole]] ></center>
|-
|
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index Tome 4|Index par tome]]</center>
|
|}
 
 
=== CORPORATION ===
s. f. Association, ou plutôt <i>conjuration</i> (suivant l'ancienne
signification de ce mot) de gens de métiers, unis par des conventions
particulières, qui consistaient en des droits et devoirs réciproques.
Il existait des corporations de métiers sous l'empire romain; elles prétendaient
même avoir été établies depuis Numa, et on les désignait sous le
nom de <i>collegia</i>, <i>corpora opificum</i>. Au moyen âge, les industriels, les
marchands et les ouvriers des villes conservèrent les traditions romaines
dans les grandes cités méridionales, et les corporations ne cessèrent
d'exister, tandis que dans les villes du nord on ne les voit guère s'établir
qu'au moment de l'affranchissement des communes, c'est-à-dire vers le
XII<sup>e</sup> siècle. Les rois les prirent sous leur protection, comme un des
moyens propres à affaiblir la puissance féodale. Sous saint-Louis, elles
furent réglementées à Paris par Étienne Boileau<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]. Pour devenir membre
d'une corporation, à cette époque, il fallait faire un apprentissage qui
durait plus ou moins longtemps, et à l'expiration duquel on devenait
maître. Les maîtres exerçaient une sorte de contrôle les uns sur les
autres, maintenaient par conséquent le prix de la main-d'œuvre et la
bonne qualité des produits. Il ne s'agissait pas alors de libre concurrence,
et les marchands ou les industriels des villes ne pouvaient résister à la
tyrannie des seigneurs qu'en s'unissant étroitement sous le patronage du
suzerain. Ils formaient ainsi des corps puissants avec lesquels il fallait
compter, et qui, par leur organisation même, assuraient au suzerain
certains revenus régulièrement perçus. Les maîtrises s'obtinrent souvent
à prix d'argent, ce qui constituait une ressource pour le trésor; ou bien
encore le roi, moyennant un capital une fois payé, autorisait des corporations
qui acquéraient ainsi le droit de percevoir certains impôts sur les
entrées des marchandises, des péages sur les rivières, sur les ponts, à
l'entrée des ports, etc.
 
Pour ne pas sortir de notre sujet, les corps de métiers attachés aux
bâtiments se composaient, au XIII<sup>e</sup> siècle, des charpentiers, des maçons,
des tailleurs de pierre, des plâtriers et morteliers, des imagiers, des
peintres et tailleurs d'images (sculpteurs), des faiseurs de ponts. Quant
aux maîtres des œuvres, à ce que nous appelons aujourd'hui des architectes,
ils ne paraissent pas avoir jamais formé un corps; nous ne pouvons
avoir même qu'une idée assez vague de la nature de leurs attributions
jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle. Nous voyons qu'on les appelait dans les villes pour
bâtir des édifices, et qu'on leur accordait des honoraires fixes pendant la
durée du travail (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecte|Architecte]]); mais présidaient-ils aux marchés
passés avec les divers chefs d'ouvriers? établissaient-ils des devis?
réglaient-ils les comptes? Tout cela paraît douteux. Dès la fin du XIII<sup>e</sup> siècle,
on voit des villes, des abbés ou des chapitres, passer des marchés avec
les maîtres des divers corps d'état sans l'intervention de l'architecte.
Celui-ci semble conserver une position indépendante et n'encourir aucune
responsabilité; c'est un artiste, en un mot, qui fait exécuter son œuvre
par des ouvriers n'ayant avec lui d'autres rapports que ceux de fournisseurs
ou de tâcherons vis-à-vis un intendant général. Le système de régie
n'était pas habituellement employé; les ouvriers de chaque métier
travaillaient à leurs pièces; l'architecte distribuait la besogne, et un piqueur
relevait probablement le travail de chacun. Sur la grande inscription
sculptée à la base du portail méridional de la cathédrale de Paris, l'architecte
Jean de Chelles est désigné sous le titre de tailleur de pierre,
<i>latomus</i>. Robert de Luzarches, ainsi que ses successeurs, Thomas et
Regnault de Cormont, prennent le titre de <i>maîtres</i> dans l'inscription du
labyrinthe de la cathédrale d'Amiens. Il est certain qu'un maçon ou
tailleur de pierre ne pouvait concevoir et faire exécuter les diverses parties
d'un édifice à l'érection duquel le charpentier, le serrurier, le sculpteur, le
menuisier, le verrier devaient concourir. Et dans l'architecture gothique,
les divers membres de la construction et de la décoration sont trop
intimement liés, pour que l'on puisse admettre un instant que chaque
corps d'état pût agir isolément sans un chef suprême. Une des qualités
les plus remarquables de cette architecture, c'est que tout est prévu, tout
vient se poser à la place nécessaire et préparée. Il fallait donc une tête
pour prévoir et donner des ordres en temps utile. Quoi qu'il en soit, si
les corporations attachées aux bâtiments ont beaucoup travaillé pendant
le moyen âge, si elles ont laissé des traces remarquables de leur habileté,
au point de vue politique elles ne prennent pas l'importance de beaucoup
d'autres corporations. On ne les voit guère se mêler dans les troubles
des communes, réclamer une extension de privilèges, imposer des conditions,
former ces puissantes coalitions qui inquiétèrent si longtemps la
royauté.
 
<br><br>
----
 
<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Voy. les <i>Règlements sur les arts et métiers de Paris rédigés au XIII<sup>e</sup> siècle. Livre des métiers</i>, d'Étienne Boileau. (<i>Coll. de docum. inéd. sur l'hist. de France</i>.)