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|}
 
 
=== CLOÎTRE ===
 
s. m. <i>Cloistre, clouastre</i>. Cour entourée de murs et de
galeries établies à côté des églises cathédrales, collégiales et monastiques.
Dès les premiers temps du christianisme, des cloîtres furent élevés dans
le voisinage immédiat des églises. La forme des cloîtres en plan est généralement
celle d'un carré<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]. Les abbayes possédaient deux cloîtres: l'un
près de l'entrée occidentale de l'église; l'autre à l'Orient, derrière l'abside.
Le premier donnait accès dans les réfectoires, les dortoirs, la salle capitulaire,
la sacristie, le chauffoir et les prisons; c'était le cloître des religieux
dans lequel tous pouvaient circuler. Le second était particulièrement
réservé à l'abbé, aux dignitaires et aux copistes; plus retiré, plus petit
que le premier, il était bâti dans le voisinage de la bibliothèque, de l'infirmerie
et du cimetière. Les cathédrales avaient toutes un cloître accolé à
l'un des flancs de la nef, soit au nord, soit au sud; celui-ci était entouré
par les habitations des chanoines qui vivaient sous une règle commune.
Souvent les écoles étaient élevées dans le voisinage des cloîtres des abbayes
et des cathédrales. Dès le IX<sup>e</sup> siècle, les synodes s'étaient occupés de la
clôture des chapitres des cathédrales<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. «Il est nécessaire, disent ces
assemblées, que les évêques établissent des cloîtres à proximité des églises
cathédrales, afin que les clercs vivent suivant la règle canonique, que les
prêtres s'y astreignent, ne délaissent pas l'église et n'aillent point habiter
ailleurs.» Il est dit aussi qu'un réfectoire et un dortoir doivent être bâtis
dans l'enceinte de ces cloîtres.
 
«La diversité des demeures et des offices dans le cloître, dit Guillaume
Durand<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]], signifie la diversité des demeures et des récompenses dans le
royaume céleste: «Car, dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de
«demeures,» dit le Seigneur. Et, dans le sens moral, «le cloître représente
la contemplation dans laquelle l'âme se replie sur elle-même, et où
elle se cache après s'être séparée de la foule des pensées charnelles, et où
elle médite les seuls biens célestes. Dans ce cloître, il y a quatre murailles,
qui sont le mépris de soi-même, le mépris du monde, l'amour du prochain
et l'amour de Dieu. Et chaque côté a sa rangée de colonnes... La base
de toutes les colonnes est la patience. Dans le cloître, la diversité des
demeures, c'est celle des vertus.»
 
La disposition la plus habituelle du cloître d'abbaye est celle-ci: une
galerie adossée à l'un des murs de la nef, avec une entrée sous le porche
et une entrée dans le voisinage de l'un des transsepts; une galerie à l'ouest,
à laquelle viennent s'accoler les bâtiments des étrangers, ou des magasins
et celliers ayant des entrées sur le dehors; une galerie à l'est donnant
entrée dans la sacristie, dans la salle capitulaire et les services ecclésiastiques;
la dernière galerie, opposée à celle longeant l'église, communique
au dortoir et au réfectoire. Les cloîtres des cathédrales étaient entourés de
maisons servant de demeure aux chanoines; quelquefois ceux-ci mangeaient
en commun. Les écoles étaient adossées à la galerie de l'ouest
proche de l'entrée de l'église. Nous devons ajouter ici qu'habituellement
les cloîtres des abbayes sont bâtis du côté méridional de l'église, tandis
que ceux des cathédrales sont le plus souvent au nord<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]]. L'orientation du
midi est de beaucoup la plus agréable dans notre climat, et il n'est pas
surprenant que les religieux l'aient adoptée pour leur cloître. Mais, dès
une époque très-reculée, les évêchés avaient naturellement pris cette
situation comme la meilleure, et le côté nord des cathédrales restait seul
pour bâtir les cloîtres.
 
<span id="Auxerre15">Les dispositions des cloîtres d'abbayes ne furent guère modifiées
jusqu'au XVI<sup>e</sup> siècle; tandis que les cloîtres des cathédrales, au contraire,
subirent de notables changements, par suite des usages des chapitres,
plus variables que ceux des religieux réguliers. On continuait à désigner
sous la dénomination de cloître des cathédrales des amas de constructions
qui n'avaient plus rien, dans leur ensemble ou leurs détails, des dispositions
que nous avons indiquées en commençant cet article. Ainsi, par
exemple, le cloître de Notre-Dame de Paris, du temps de Louis le Gros,
se composait de maisons canoniales bâties dans son enceinte et de plusieurs
autres au dehors. Ce prince, avant de monter sur le trône, fit abattre une
partie de ces maisons sises hors du cloître, mais qui jouissaient cependant
des mêmes franchises que celles de l'intérieur; il répara ce tort fait au
chapitre le jour de son mariage. Au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle, le
cloître de Notre-Dame de Paris, qui s'étendait, au nord et à l'est de la
cathédrale, jusqu'aux bords de la Seine, renfermait trente-sept maisons
canoniales. «Lorsqu'un chanoine venait à mourir<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]], la maison, si elle était
dans le cloître, pouvait être occupée par la famille pendant quinze
jours; ensuite elle était visitée par le chapitre, et réparée, s'il y avait
lieu, aux frais de la succession du défunt; puis elle était vendue par
licitation à un autre chanoine, sur la mise à prix fixée par le chapitre.
Dans le cas où l'adjudicataire aurait eu déjà une maison dans le cloître,
il pouvait la vendre, toujours à un chanoine, et disposer du prix à sa
volonté; mais le prix de la maison du chanoine défunt devait être
converti en rentes pour la célébration de son anniversaire... Tout
chanoine qui recevait une maison dans le cloître était tenu de jurer que,
dans l'année précédant le jour où il l'avait reçue, il avait fait son stage
à Paris pendant vingt semaines, en passant une heure par jour soit au
chapitre, soit dans l'église, et qu'il se proposait d'agir de même dans la
suite. Il s'engageait en outre, par serment, à entretenir la maison et ses
dépendances en aussi bon état, sinon en meilleur état qu'elles lui avaient
été remises; enfin, à acquitter exactement la pension et les autres
charges auxquelles la maison était imposée<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]].» Ces maisons étaient
dotées de terres et de rentes, mais elles étaient en même temps grevées
de charges nombreuses et très-variées; aussi les chanoines cherchaient-ils
les moyens de diminuer, autant que faire se pouvait, l'étendue de ces
charges par des bénéfices étrangers à leur état. Ils vendaient du vin en
détail, ouvraient même des tavernes, louaient partie des locaux qui leur
étaient affectés; aussi les statuts capitulaires suppriment expressément ces
abus, ce qui prouve qu'ils existaient. Ils défendent aussi à tout chanoine
de laisser passer la nuit dans la maison claustrale «à aucune femme, religieuse
ou autre, à l'exception de sa mère, de sa sœur, de sa parente au
troisième degré, ou d'une femme de haut rang qu'on ne peut éconduire
sans scandale<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]].» Ces statuts s'élèvent à plusieurs reprises, pendant les
XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, contre les abus résultant de la présence des femmes
dans le cloître des chanoines. Le cloître de Notre-Dame de Paris, comme
la plupart de ceux des grandes cathédrales, était donc plutôt une agglomération
de maisons comprises dans une enceinte fermée qu'un cloître
proprement dit. Cependant nous verrons tout à l'heure que les maisons
capitulaires n'excluaient pas les galeries de cloîtres dans certaines églises
cathédrales. Les cloîtres de cathédrales conservaient ainsi souvent la
physionomie d'un quartier ayant son enceinte particulière, ses rues et
ses places. L'abbé Lebeuf<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]] nous apprend que le cloître de la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]] n'était, vers 1350, «qu'un amas de maisons voisines de l'église
Saint-Étienne, dont la plupart appartenoient au Chapitre par donation
des particuliers, par échange ou par acquisition... Qu'il n'y avoit que
deux portes à ce cloître, vers la rivière de l'Yonne... L'on n'est pas
bien certain, ajoute-t-il, quelles étoient les bornes du cloître dans le
quartier d'en haut. Il y avoit seulement quelques marques qui en
désignoient les limites, comme de grandes fleurs de lis et des croix de
fer. Mais cet espace, quoique non fermé de ce côté-là, contenoit environ
la moitié de l'ancien [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]]. Il y avait franchise et immunité dans
tout ce territoire pour tous les laïques même qui y demeuroient et qui
la vouloient reconnaître et la requéroient. L'évêque y avoit seul toute
seigneurie et justice temporelle haute, moyenne et basse, excepté dans
les maisons des chanoines que l'évêque Érard avoit exemptées de sa
juridiction temporelle... Le comte qui avoit disputé cette justice à
l'évêque avoit succombé. Il avoit aussi reconnu que ce que l'évêque
Érard en avoit cédé au Chapitre pour les maisons canoniales, et que ce
qui en dépend au delà des anciens murs, c'est-à-dire ce qui constituoit
dès lors les jardins de quelques-uns, appartenoit légitimement au
Chapitre. En conséquence, un de ces comtes avoit accordé à l'évêque
et au Chapitre de pouvoir faire des murs et des portes dans les endroits
où se terminoit le cloître vers le milieu de la cité, à condition de les
tenir ouvertes depuis le point du jour jusqu'au couvre-feu, comme on
le faisoit à l'égard des deux anciennes portes: et ce traité avoit été
confirmé par le roi, qui avoit permis la clôture aussi bien que l'évêque;
mais cette clôture, quoique bien autorisée; n'avoit point été consommée.
Le Chapitre avoit seulement fait pour cela des préparatifs de matériaux.
Ainsi, les bourgeois avoient toujours passé librement de nuit comme
de jour dans les rues du cloître Saint-Étienne, et y avoient fait
passer
leurs voitures... Les chanoines étoient cependant toujours en droit
d'user de la permission qu'ils avoient obtenue. Ils s'appuyoient sur le
pouvoir de l'évêque qui la leur avoit accordée, disant qu'un seigneur
haut justicier peut se fermer quand il le juge à propos; que l'abbé de
Saint-Germain avoit bien fait bâtir nouvellement, dans sa justice, une
tour pour les prisonniers qui occupoit une partie de la rue, et que
les
habitants d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]], qui s'y étoient opposés d'abord, avoient ensuite
quitté prise; que l'on avoit plusieurs exemples de rues du cloître
Saint-Étienne
qui avoient été fermées avec la permission de l'évêque, et dans
lesquelles on avoit construit des arcades ou allées, pour passer d'une
maison à l'autre par-dessus le chemin..... etc.» Les chanoines
fondaient leur demande de clôture principalement sur ce que des accidents
étaient arrivés récemment pendant la nuit. Un chanoine avait été tué en
allant à matines; des cavaliers avaient enfoncé des portes; un autre
chanoine avait été blessé par des sergents du comte; le prévôt et les
châtelains d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]] étaient venus une autre fois, au point du jour, chez
un chanoine collecteur des décimes du roi, avaient brisé ses portes, abattu
un escalier, maltraité ce chanoine et pillé la maison. Une autre fois, le
bailli et le prévôt d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]] avec leurs gens, au nombre de plus de
quatre-vingts, avaient assiégé le chanoine Raoul Jouvain dans sa maison.
Des cavaliers étaient venus, la nuit, dans le cloître, pour s'emparer des
chevaux des chanoines. Enfin, les insultes étaient devenues si communes
que, quand on voulait menacer un chanoine ou un clerc de l'église, on
disait: «Je te trouverai quand tu iras à matines.» Au mois d'octobre 1351,
cinq ou six cents des plus notables de la ville d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]], immédiatement
après complies, se fondant sur ce que le bailli de Sens, ignorant ces
insultes récentes, avait rendu une sentence qui maintenait aux bourgeois
le droit de passer quand bon leur semblait par le cloître Saint-Étienne,
vinrent se promener par toutes les rues du cloître en menaçant les
chanoines d'abattre leurs maisons et de <i>leur faire leurs couronnes rouges</i>;
ils ne se retirèrent qu'après avoir rempli d'immondices les rues du cloître
en plein jour et par dérision. L'affaire fut portée à la cour du parlement,
et le chapitre de Saint-Étienne se dessaisit de ses droits de clôture moyennant
une somme de deux mille livres, que la ville paya en quatre termes.
Nous avons résumé cette longue discussion, afin de faire connaître à nos
lecteurs l'extension qu'avaient prise certains cloîtres de
cathédrales, et
aussi les graves désordres que faisaient naître dans une ville populeuse les
privilèges accordés ainsi à des quartiers tout entiers formant comme une
cité dans la cité.
 
Les dispositions générales des cloîtres de cathédrales ou de monastères
étant connues, nous nous occuperons seulement des édifices auxquels ce
nom est particulièrement resté, c'est-à-dire des galeries couvertes bâties
dans le voisinage des églises.
 
Il est à croire que les premiers cloîtres n'étaient que des portiques dans
le genre des portiques antiques, c'est-à-dire des appentis en charpente
portés sur des colonnes dont la base reposait sur le sol. Nous avons
cherché vainement à découvrir à quelle époque la disposition si connue
de l'<i>impluvium</i> romain fut modifiée pour adopter celle que nous voyons
admise dans les cloîtres les plus anciens. Il dut y avoir une transition qui
nous échappe, faute de monuments décrits ou bâtis existant encore. Car
il est une démarcation bien tranchée entre l'<i>impluvium</i> romain et le cloître
chrétien de nos contrées, c'est que, dans le premier, les rangées de
colonnes portent directement sur le sol et que l'on peut passer de la
galerie dans le préau entre chaque entre-colonnement; tandis que, dans
le second, les piles ou colonnes sont toujours posées sur un socle, bahut
ou appui continu qui sépare la galerie du préau et qui n'est interrompu
que par de rares coupures servant d'issues. Cette disposition et le peu de
hauteur des colonnes caractérisent nettement le cloître en Occident, et en
font un monument particulier qui n'a plus de rapport avec les cours
entourées de portiques des Romains.
 
Un des cloîtres les plus anciens que nous possédions en France est le
cloître de la cathédrale du Puy-en-Vélay, dont la construction remonte en
partie au X<sup>e</sup> siècle. Au XII<sup>e</sup> siècle, ce cloître fut reconstruit sur trois côtés;
mais une des galeries anciennes existe encore. Les cloîtres primitifs ne
sont pas voûtés, mais sont couverts par des charpentes apparentes disposées
en appentis, ou, si le cloître est surmonté d'un étage, par un plafond
formé de solives posées en travers de la galerie. Ces cloîtres primitifs, dans
le midi de la France aussi bien que dans le nord, ne sont pas vitrés et se
composent d'une suite d'arcades portant sur des colonnes simples ou
accouplées, avec des points d'appui plus résistants et plus épais aux
angles. Cependant le cloître de la cathédrale du Puy-en-Vélay ne se
conforme point à ces dispositions. Il est couvert par une suite de voûtes
d'arêtes romaines portant sur les murs extérieurs, et, du côté de la cour,
sur de grosses piles flanquées de colonnettes dégagées. Ce cloître est tracé
conformément au plan (1) vers ses angles. Les piles portent sur un bahut
épais élevé de 0,45 c. au-dessus du pavé des galeries, et forment ainsi un
banc continu A à l'intérieur aussi bien que sur le préau; un autre banc B
pourtourne le mur et sert de socle aux colonnes adossées à ce mur. On
observera la disposition singulière de la pile d'angle C, dont le plan est
donné par les écartements que l'on voulait maintenir égaux entre les
colonnes D, afin de pouvoir construire des voûtes d'arêtes régulières.
</div>
[[Image:Cloitre.Puy.en.Velay.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Puy.en.Velay.2.png|center]]
<div class="text">
Voici l'élévation et la coupe de ce cloître prises sur la ligne EG
(2). Les
piles sont construites en assises et les colonnes sont monolithes; les
archivoltes extradossées sont composées de claveaux noirs et blancs
alternés, et doublées d'incrustations de brique et pierre formant une suite
de losanges. Les tympans sont incrustés de la même manière; au-dessus
est posée une frise également incrustée de morceaux de lave noire et de
briques. Une corniche sculptée termine le tout et portait le comble avant
la construction de la galerie supérieure, qui date du XIV<sup>e</sup> siècle. Afin de
mieux faire comprendre le mode de construction et de décoration de ce
curieux monument, nous présentons (3) l'élévation géométrale de l'une
des arcades à l'échelle de 0,025 millimètres pour mètre.
</div>
[[Image:Cloitre.Puy.en.Velay.3.png|center]]
<div class="text">
Cette bâtisse est d'ailleurs grossièrement exécutée, et les chapiteaux
sont d'un travail barbare qui rappelle la décadence romaine. Son aspect
général et le système de décoration employé ne laissent pas cependant
d'avoir un certain air de solidité et de grandeur empreint encore des traditions
antiques. Les constructeurs romans voulaient obtenir, dans la
composition des cloîtres, des galeries assez larges et basses, pour que
les religieux ne fussent pas incommodés par le soleil ou le vent. Ils ne se
départirent jamais de ce programme fort sensé, et même dans les
provinces
septentrionales, lorsque l'on se décida à vitrer les galeries des
cloîtres en totalité ou en partie, on continua de leur donner une grande
largeur comparativement à leur hauteur. Les cloîtres étant toujours
entourés de bâtiments, cette disposition permettait encore d'éclairer les
salles voisines au-dessus des combles des galeries.
 
Dès le XI<sup>e</sup> siècle, les abbayes construisirent des cloîtres d'une grande
richesse, car c'était, après l'église, la partie la plus importante de ces
établissements, celle dans laquelle les religieux passaient les heures que
l'on ne consacrait pas à la prière en commun ou aux travaux extérieurs et
intérieurs, les cloîtres servant non-seulement de galeries de service, mais
de promenoirs, de lieu de méditation. Quelquefois, dans l'un des angles
du préau ou sur l'une des parois des galeries, était placée une fontaine
avec une grande cuve pour les ablutions. Un petit portique; sorte de loge
couverte, protégeait la cuve et mettait ainsi les religieux qui venaient s'y
laver à l'abri des intempéries. Cependant il faut dire que cette disposition,
fréquente dans les cloîtres d'Italie, de Sicile et d'Espagne, est assez rare
en France<span id="note9"></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]]. Dans notre pays, les cuves étaient souvent placées au milieu
ou dans l'un des angles du préau sans abri, ou dans le voisinage du réfectoire (voy. le <i>Dictionnaire du Mobilier</i>, au mot <b>LAVOIR</b>).
 
On décorait les cloîtres le plus souvent de peintures appliquées sur les
murs et représentant, dans l'origine, des scènes de l'Ancien et du
Nouveau-Testament,
les légendes de saint Antoine et de saint Benoît; plus
tard, la danse Macabre ou des légendes plus modernes.
 
Lorsque, vers le XII<sup>e</sup> siècle, les établissements monastiques furent
arrivés à leur apogée de grandeur et de richesse, les galeries des cloîtres
furent soutenues par des colonnes de marbre apportées à grands frais; et
les sculptures des chapiteaux, exécutées avec un soin tout particulier,
retracèrent aux yeux des religieux des scènes de l'histoire sainte ou des
légendes.
 
Nos monastères du Nord n'ont guère conservé de cloîtres romans d'une
certaine valeur; car, pendant les XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, les religieux de ces
contrées détruisirent presque partout leurs anciens cloîtres ouverts pour
les remplacer par des galeries vitrées ou à peu près closes. D'ailleurs, le
mouvement de rénovation de l'architecture qui, dans le Nord, avait commencé,
vers le milieu du XII<sup>e</sup> siècle, par la reconstruction des cathédrales,
fut suivi par un grand nombre de monastères. La reconstruction des
églises des abbayes exigeant des sommes énormes, les édifices anciens
furent conservés; mais les cloîtres, constructions assez légères et exigeant
des dépenses comparativement moins considérables, furent presque tous
rebâtis dans le goût nouveau. À défaut de cloîtres romans du Nord, nous
irons chercher nos exemples dans le Midi, d'autant que les établissements
monastiques, régis par une règle commune indépendante de la nature du
climat ou des matériaux, adoptaient en Occident des formes à peu près
identiques dans leurs constructions ordinaires, quant à l'ensemble des
dispositions, sinon dans les détails de l'architecture.
</div>
[[Image:Cloitre.Saint.Trophyme.Arles.png|center]]
<div class="text">
<span id="Arles4">Un des plus beaux cloîtres du Midi est certainement celui de
Saint-Trophyme
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Arles|Arles]]. Deux des galeries de ce cloître datent du commencement
du XII<sup>e</sup> siècle; chacune d'elles se compose de trois travées principales,
divisées en quatre arcades portées sur des colonnettes jumelles. Voici (4)
le plan d'un des angles et d'une des travées du cloître de
Saint-Trophyme,
et (5) sa coupe; on voit, d'après ce plan, que les piles d'angles sont très-puissantes,
ainsi que celles qui séparent les travées. Les galeries étant
voûtées en berceau continu, les piles d'angles reçoivent deux arcs doubleaux
et un arc diagonal qui cache la pénétration des deux berceaux.
</div>
[[Image:Cloitre.Saint.Trophyme.Arles.2.png|center]]
<div class="text">
Chaque pile de travée reçoit un arc doubleau. Mais si l'on examine la
coupe, fig. 5, on observera que la section du berceau est un arc rampant
et que les culs-de-lampe <b>A</b>, portant les sommiers des arcs doubleaux du
côté du mur, sont placés à 0,60 c. au-dessus des têtes des pilastres du
côté de la claire-voie; on remarquera encore, en <b>C</b>, à l'extérieur, un
chéneau continu indiquant que primitivement la couverture du cloître en
dalles posée à cru sur l'extrados du berceau, d'après le mode provençal,
venait déverser les eaux pluviales suivant la pente ponctuée <b>CF</b>, et que
probablement les têtes <b>G</b> des contre-forts étaient destinées à recevoir de
larges gargouilles. Cette disposition a été changée au XIII<sup>e</sup> siècle, lorsque
l'on reconstruisit deux des galeries du cloître. Des terrasses furent établies,
suivant la ligne <b>FK</b>, ainsi que le fait voir notre coupe, et un bahut <b>L</b>, avec
banc pour s'asseoir et trous percés de distance en distance destinés à
laisser tomber les eaux dans l'ancien chéneau, fut monté à 2<sup>m</sup>,00 au-dessus
du niveau du premier égout. Ce cloître est d'une grande richesse comme
sculpture: les colonnettes, les chapiteaux, le revêtement des piles sont en
marbre gris; le long du mur, une riche arcature reçoit le berceau. On
sent, dans les sculptures aussi bien que dans les profils du cloître de
Saint-Trophyme, l'influence des arts de l'antiquité romaine. Les piliers,
décorés de statues, sont composés avec un grand art et ont fort bon air.
Nous donnons (6) une vue d'une portion de la galerie et d'un pilier, prise
sous la voûte.
</div>
[[Image:Cloitre.Saint.Trophyme.Arles.3.png|center]]
<div class="text">
Dans le cloître de l'abbaye de Moissac, couvert par une charpente et
non par une voûte, on remarque sur les piliers qui sont disposés aux
angles et interrompent l'arcature de distance en distance des figures en
bas-relief d'assez grande dimension, sculptées sur des plaques de marbre;
elles représentent onze apôtres, et l'abbé Durand qui fit la dédicace de
l'église en 1063. Cet abbé prend ainsi la place de l'un des douze apôtres,
saint Simon. Le cloître de l'abbaye de Moissac se compose de fragments
d'un monument du XI<sup>e</sup> siècle reposés lors de la reconstruction des bâtiments
claustraux vers le commencement du XII<sup>e</sup> siècle, quelques années
avant l'époque où cet établissement religieux se soumit à la règle de
Cîteaux. C'est ce qui explique la richesse des sculptures des chapiteaux et
piliers de ce cloître, qui ne s'accorde pas avec la réforme que saint Bernard
imposa aux constructions monastiques.
 
Les cisterciens adoptèrent, dans la construction des cloîtres de leurs
abbayes, un caractère d'architecture particulier, propre à cet ordre, et
qui mérite d'être étudié. Ils renoncèrent à ces délicates galeries recouvertes
le plus souvent de charpente, et qui rappelaient encore l'<i>impluvium</i>
antique, et, préférant les voûtes aux lambris dans toutes leurs bâtisses,
repoussant la sculpture et les vains ornements, ils élevèrent des cloîtres
remarquables par leur aspect de force et de durée. Ceux-ci se composent
(au moment où cet ordre naissant éleva en peu d'années un nombre
considérable de monastères sur toute la surface de l'Europe occidentale)
de gros piliers portant des berceaux ou des voûtes d'arêtes, et entre
lesquels est posée une claire-voie basse, trapue, qui a plutôt l'aspect d'une
suite de baies dans un mur épais que d'un portique. Il ne reste plus trace
des cloîtres des abbayes mères de Cîteaux et de Clairvaux; mais nous en
possédons un assez grand nombre qui sont contemporains de ceux-ci et
ont été bâtis au moment de la ferveur des cisterciens. Dans le Midi, nous
voyons encore debout ceux des abbayes de Thoronet (Var), de Silvacane,
sur les bords de la Durance, de Sénanque (Vaucluse)<span id="note10"></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]], qui affectent ces
formes sévères. Afin d'expliquer clairement quel était le programme
donné par l'abbaye mère de Cîteaux à ses filles pour la construction des
cloîtres (car ces établissements s'érigeaient sur des instructions précises
données par la tête de l'ordre (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]]), une figure
est nécessaire.
 
Nous prenons comme type le cloître de l'abbaye de Thoronet. Ce
cloître, conformément à l'usage général, possède quatre galeries bâties au
nord de l'église. Celle qui longe le mur de la nef est à un niveau plus élevé
que les autres galeries et n'a qu'un rez-de-chaussée, tandis qu'un premier
étage surmonte les trois autres. Ce premier étage se compose d'un portique portant autrefois une simple charpente, et donnant entrée dans les
dortoirs et divers services. Les galeries de rez-de-chaussée présentent une
suite de grosses piles de 0,50 c. de face sur 1<sup>m</sup>,50 d'épaisseur, réunies par
des archivoltes. Une seule colonne, posée entre les piles, porte une petite
arcature jumelle au-dessus de laquelle, dans le tympan, s'ouvre un œil.
Un berceau plein cintre, renforcé de distance en distance d'arcs doubleaux
portés sur les corbeaux, couvre la galerie longeant l'église. Ce sont des
berceaux en tiers-point qui couvrent les trois autres galeries. La galerie
septentrionale, dont le sol est encore plus bas que celui des deux galeries
est et ouest, est accompagnée au milieu d'une salle hexagonale donnant
sur le préau et servant autrefois de lavoir.
</div>
[[Image:Cloitre.Thoronet.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (7) une portion des galeries du cloître de Thoronet<span id="note11"></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]].
Aux deux angles de rencontre des trois galeries de niveau, la pénétration
des berceaux donne deux voûtes d'arêtes renforcées d'arcs ogives.
 
Les chapiteaux des colonnes isolées sont sans sculptures. Des griffes
très-simples garnissent les angles des bases, plutôt par mesure de solidité
que comme décoration. La première assise de la galerie en pierres équarries sans moulures sépare le pavé du cloître du préau et sert de banc; un
autre banc existe sur une portion du mur du fond. Quelle que soit la
rudesse de cette architecture, elle ne laisse pas d'avoir un grand caractère, et, comme construction, elle est bien entendue, car le berceau ne
saurait pousser des piles de cette épaisseur chargées par le second portique
en maçonnerie du premier étage. Absence complète de moulures, de
profils; seulement quelques bandeaux indispensables taillés en biseau,
pour garantir les parements extérieurs et pour recevoir les cintres ayant
servi à bander les arcs et les voûtes. Nulle apparence de fermetures ni de
vitraux; les fenêtres supérieures elles-mêmes en étaient souvent dépourvues, surtout dans les contrées méridionales.
 
Cependant cette affectation de simplicité dans la construction des cloîtres
cisterciens était déjà tempérée, à la fin du XII<sup>e</sup> siècle; par l'influence des
établissements monastiques de Cluny, qui étaient bien loin de professer la
même rigueur dans leurs édifices. Alors, par toute la France, l'architecture tendait au contraire à s'enrichir de plus en plus en dépit des principes
professés par saint Bernard. <span id=Fontenay>Nous trouvons dans la province même de ce
célèbre abbé, non loin de Montbard, dans l'abbaye de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] (voyez
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]], fig. 9 bis), un cloître qui, tout en conservant
encore les dispositions d'ensemble cisterciennes que nous venons de
donner, présente cependant déjà une certaine élégance et une
construction moins primitive. Ce cloître n'est pas surmonté d'un premier étage et
se compose d'une galerie de rez-de-chaussée, couverte par des voûtes
d'arêtes romaines, et dont les travées, composées d'archivoltes plein cintre,
sont divisées par une arcature jumelle portée sur des colonnes accouplées.
Sa galerie sud, s'ouvrant sur le réfectoire, était accompagnée d'une belle
salle ouverte, au milieu de laquelle était le lavoir ou <i>lavatoire</i>.
Cette salle
est détruite aujourd'hui, mais on en retrouve les amorces et de beaux
fragments. Au centre s'élevait une colonne portant le sommier des quatre
voûtes d'arête et autour de laquelle régnait la vasque du <i>lavatoire</i>.
</div>
[[Image:Cloitre.Fontenay.png|center]]
<div class="text">
Voici (8) le plan de la partie du cloître de l'abbaye de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] à
laquelle le lavoir se trouvait accolé. La disposition est monumentale,
l'architecture sévère, la construction formée de matériaux admirables; en
A est le réfectoire rebâti au XIII<sup>e</sup> siècle, en B la galerie, en C la vasque.
</div>
[[Image:Cloitre.Fontenay.2.png|center]]
<div class="text">
Nous présentons (9) une des travées du cloître. Ce cloître, dont chaque
galerie est composée de huit travées, donne en plan un carré parfait. Les
grandes archivoltes des entrées dans le lavoir sont décorées de moulures,
et les piles elles-mêmes sont assez riches. Ces piles sont épaulées par des
contre-forts descendant jusqu'au sol, et les archivoltes des galeries sont
sans moulures. Ces archivoltes sont la pénétration des voûtes d'arêtes
intérieures, de sorte que la construction est parfaitement écrite à l'extérieur.
Les sommiers des voûtes d'arêtes reposent, du côté du mur, sur
des colonnes isolées. La construction de ce cloître est bien entendue,
élevée en matériaux de grande dimension; les piles entre les bases et les
chapiteaux sont d'un seul bloc, ce qui donne un grand air de puissance à
la bâtisse. Pour compléter l'ensemble du cloître de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]], voici (10)
l'arrangement de la pile d'angle, avec la rencontre des archivoltes se
pénétrant d'équerre.
</div>
[[Image:Cloitre.Fontenay.3.png|center]]
<div class="text">
Il semblerait que les cloîtres des établissements cisterciens aient servi
de type (au point de vue de la construction) à la plupart des cloîtres élevés
pendant le XIII<sup>e</sup> siècle. Dès l'instant qu'on admettait les voûtes d'arêtes
pour couvrir les galeries, il n'était pas, en effet, de parti meilleur et plus
sage que celui adopté par l'ordre de Cîteaux. Il fallait des points d'appui
résistants au droit des poussées régulièrement espacées de ces sortes de
voûtes, et l'intervalle entre ces points d'appui était réservé pour la clairevoie.
Les formerets des voûtes d'arêtes figuraient naturellement les
archivoltes
extérieurs d'une pile à l'autre. Les cloîtres primitifs, composés
d'arcades semblables, continues, comme les cloîtres de Moissac, de Saint-Michel
de Cuxa près Prades, convenaient à des couvertures en charpente,
mais ne pouvaient s'arranger avec la disposition par travées des
voûtes
d'arêtes. Quoique le cloître de l'abbaye de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] soit encore tout
roman, que ses voûtes soient romaines, sans arcs ogives, que ses arcs
grands et petits soient plein cintre, on sent là déjà poindre la transition
entre le système de construction du XI<sup>e</sup> siècle et celui du XIII<sup>e</sup>.
À Fontfroide,
la transition est plus avancée encore, bien que le mode adopté soit
le même qu'à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]]. Fontfroide est une petite abbaye voisine de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Narbonne|Narbonne]]<span id="note12"></span>[[#footnote12|<sup>12</sup>]]; son cloître est assez bien conservé.
</div>
[[Image:Cloitre.Fontfroide.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (11) le plan d'une travée des galeries voisine de l'un des
angles. Ce cloître date des premières années du XIII<sup>e</sup> siècle; il forme un
parallélogramme rectangle comprenant cinq travées sur chacun de deux
de ses côtés, quatre sur les deux autres; ces travées sont voûtées en arcs
d'ogives, et les voûtes sont d'un grand intérêt pour l'histoire de la construction
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]). Comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]], les galeries se composent
de piles entre lesquelles s'ouvrent trois ou quatre arcades soutenues sur
des colonnettes jumelles en marbre blanc veiné, avec chapiteaux de même
matière; le reste de la bâtisse est en pierre. Les formerets des voûtes en
arcs d'ogives sur plan carré traversent la claire-voie et forment archivoltes
en tiers-point à l'extérieur, tandis que les archivoltes de l'arcature sont
encore plein cintre. La claire-voie n'est franchement ici qu'un remplissage
indépendant de la construction, une sorte de cloison ajourée.
</div>
[[Image:Cloitre.Fontfroide.2.png|center]]
<div class="text">
Voici (12) une élévation des travées voisines des angles et une coupe des
galeries. Une belle salle capitulaire s'ouvre sur ce cloître; nous avons l'occasion
d'en parler à l'article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Salle|Salle ]] <i>capitulaire</i>. Si le parti adopté à Fontfroide
est le même, comme principe, que celui adopté dans le cloître de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]],
les détails de l'architecture sont beaucoup plus riches; les archivoltes sont
moulurées, ainsi que les œils percés dans les tympans des travées; les
chapiteaux de l'arcature sont finement sculptés; les colonnettes, grâce à
la matière employée, grêles et bien dégagées de la construction. Il y
a un
grand pas de fait vers le système admis au XIII<sup>e</sup> siècle, car les claires-voies
font déjà pressentir les meneaux appliqués un peu plus tard entre les
travées des cloîtres. Le cloître de Fondfroide ne fut jamais surmonté d'un
premier étage, mais couvert en terrasses par des dalles, de manière à
prendre le moins de hauteur possible au-dessus des voûtes et à permettre
ainsi d'ouvrir des jours au-dessus de ces couvertures pour éclairer les salles
voisines (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Dallage|Dallage]]). En effet, le bas-côté de l'église accolé à la galerie
sud du cloître prend ses jours par des fenêtres cintrées dont les appuis
sont posés immédiatement au-dessus des terrasses. Les œils qui s'ouvrent
dans les tympans des archivoltes du cloître de Fontfroide n'ont jamais été
destinés à être vitrés; mais il est facile de comprendre que dans un climat
plus humide et plus froid, en laissant ouverte l'arcature, on pouvait vitrer
ces œils et garantir ainsi les moines de la pluie ou du vent, sinon modifier
la température extérieure, car les arcatures sont si peu élevées et ses galeries
comparativement si profondes, qu'en supposant les œils vitrés, le
vent ne pouvait chasser la pluie sur le pavé de ces galeries. <span id=Laon>Or il existe
encore, le long du flanc sud de la nef de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]], un cloître
qui remplit exactement ces dernières conditions. L'espace étroit dont
pouvait disposer l'architecte ne lui permit pas de donner à ce cloître la
forme d'un carré en plan; ce n'est qu'une galerie composée de sept
travées faisant face à l'église et s'y réunissant par une seule travée, de sorte
que le préau donne un parallélogramme ayant en longueur sept fois sa
largeur.
</div>
[[Image:Cloitre.Laon.png|center]]
<div class="text">
La fig. 13 présente le plan d'une portion de ce cloître. Il est voûté en
arcs d'ogives et date des premières années du XIII<sup>e</sup> siècle. Mais, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]],
les voûtes sont dépourvues de formerets; ceux-ci, par conséquent, ne
traversent pas la construction et ne présentent pas à l'extérieur une suite
de grandes archivoltes d'une pile à l'autre, comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] et à Fontfroide.
Ces piles sont buttées par des contre-forts saillants, et (14)
l'arcature
est surmontée de roses inscrites sous les voûtes. Ces roses étaient
vitrées, et l'arcature ne l'était pas; on obtenait ainsi un abri convenable et
des jours suffisants pour éclairer la galerie. Les colonnettes de l'arcature
sont en calcaire schisteux aussi résistants que le marbre, ce qui a permis
aux constructeurs de les faire grêles; les piles et contre-forts sont bâtis en
assises et portent tout le poids de la construction, car on remarquera, en
examinant la coupe (fig. 14), que le mur percé de roses qui surmonte,
l'arcature est très-mince, O,35 c., et n'est réellement qu'une cloison évidée
qui ne charge pas les trois colonnettes destinées à la porter. L'unique galerie
du cloître de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]] est fort rapprochée de l'église, et ses baies
sont ouvertes au nord; le cloître eût donc été triste et obscur, si l'architecte
n'avait eu la précaution d'y faire entrer le soleil par des fenêtres
carrées percées dans le mur de clôture du côté de la rue, au sud. Ce mur,
épais à sa base, sans ressauts, afin d'éviter les dépôts d'immondices, se
retraite au-dessus de la naissance des voûtes et laisse paraître alors de
petits contre-forts au droit des poussées.
</div>
[[Image:Cloitre.Laon.2.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Laon.3.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Laon.4.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (15) une portion de ce mur, vu de l'extérieur, qui
explique ce que nous venons de dire. Une belle corniche sculptée le
couronne et porte le comble en charpente couvert d'ardoises. Afin de
dissimuler la monotonie de ce mur qui venait masquer l'un des flancs de
la cathédrale, l'architecte eut l'idée de disposer à l'un de ses angles (celui
qui se détourne vers le portail du sud) une sorte de grand éperon servant
de pignon au comble du cloître, de décorer sa tête sur la rue par une
figure d'ange surmontée d'un dais, et de dégager l'angle dans sa partie
inférieure en le soutenant par deux colonnes posées de manière à détruire
son aiguité<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]]. Ce motif, qui n'est qu'une pure décoration et un arrangement
de retour d'équerre, est fort beau; nous le représentons (16). Il nous
fournit l'occasion de faire ressortir encore les qualités toujours neuves et
imprévues qui distinguent l'architecture de cette époque et avec quel art,
d'une nécessité vulgaire, les architectes savaient tirer un parti décoratif.
Comment cette originalité, cette fertilité d'invention se sont-elles éteintes
chez nous, pour être remplacées par des formes de convention, prévues
avant même d'être exécutées? C'est une grosse question qu'il n'est pas
temps de résoudre ici. Contentons-nous de signaler cet exemple, qui
viendra, ainsi que beaucoup d'autres, à l'appui de ce que nous aurons à
dire sur les causes de cette décadence du génie architectonique de notre
pays (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Goût|Goût]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Style|Style]]).
 
Presque toujours les murs extérieurs des cloîtres de cathédrales, murs
qui devaient conserver l'apparence sévère d'une clôture rigoureuse, présentaient
aux-yeux des passants des motifs de décoration qui masquaient
la recherche et la froideur de ces sortes de constructions. Leurs angles,
vus sous plusieurs aspects à l'extrémité des rues qui entouraient ces grands
monuments, étaient particulièrement ornés de quelque statue de saint,
devant laquelle était suspendu un fanal pendant la nuit; et, pour gêner le
moins possible la circulation, ces angles, comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]], étaient portés
sur des trompillons, des colonnes ou des encorbellements plus ou moins
décorés de sculptures. Quant aux portes des cloîtres de cathédrales, lorsqu'elles
donnaient immédiatement sur la voie publique, elles étaient
habituellement d'une grande simplicité, afin de laisser aux portes de
l'église toute leur importance et leur richesse.
 
Mais avant d'aller plus avant et de quitter les cloîtres romans des provinces
méridionales, nous devons observer que beaucoup de ces cloîtres
furent rebâtis pendant les XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles. Ces cloîtres romans, comme
nous l'avons dit, se composaient de galeries continues formées de colonnettes
portant les archivoltes qui soutenaient l'égout du comble. Ce mode
de construction était suffisant pour recevoir une charpente apparente ou
lambrissée. Un cloître du XII<sup>e</sup> siècle dépendant de l'église de
Saint-Michel
de Cuxa près Prades (Pyrénées-Orientales) conserve la disposition primitive
des galeries couvertes par des charpentes. Il se compose de rangées
de colonnettes simples et non accouplées, interrompues seulement de
distance en distance par des piles carrées, afin de maintenir cette longue
claire-voie dans son plan vertical.
</div>
[[Image:Cloitre.Cuxa.png|center]]
<div class="text">
Voici (17) une portion du plan de ce cloître; dans la longueur de chaque
rangée de colonnes, il n'y a que les piles d'angles et deux piles intermédiaires
A qui maintiennent le dévers de l'arcature. Les colonnettes, étant
simples et non jumelles, sont courtes et trapues; nous donnons (18) une
portion de l'arcature bâtie entièrement en marbre de Villefranche; en B
est tracée la coupe de cette arcature avec la pile d'angle.
</div>
[[Image:Cloitre.Cuxa.2.png|center]]
<div class="text">
Mais, dès le XIII<sup>e</sup> siècle, les voûtes prévalurent dans la construction des
cloîtres, et à cette époque on démonta la plupart des galeries romanes
non voûtées (c'était le plus grand nombre) pour y substituer des galeries
couvertes par des voûtes d'arêtes. Toutefois, dans les provinces méridionales,
les colonnettes et chapiteaux étant le plus souvent en marbre et
d'un beau travail, on les conservait autant que possible et on les faisait
entrer dans la nouvelle ordonnance. Ce remaniement est surtout visible
dans le beau cloître de l'abbaye d'Elne, située à quelques lieues de Perpignan.
Il présente une grande quantité de colonnettes et chapiteaux de
marbre du XII<sup>e</sup> siècle, entremêlés de piles, chapiteaux et colonnettes du
XIV<sup>e</sup> siècle. Reconstruit évidemment à cette dernière époque, le cloître
d'Elne fut alors voûté; mais les formerets des voûtes ne traversent pas le
mur de la galerie comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] et à Fontfroide. Les architectes se
contentèrent de placer de trois en trois arcades une pile cubique, soit
prise parmi les piles du cloître primitif, soit taillée pour cette nouvelle
disposition; car il faut remarquer qu'à Elne comme à Moissac, outre les
colonnettes jumelles, il devait exister, au XII<sup>e</sup> siècle, des piles rectangulaires
de distance en distance pour donner plus de résistance à ces longues
galeries, comme aussi à Saint-Michel de Cuxa.
</div>
[[Image:Cloitre.Elne.png|center]]
<div class="text">
Voici (19) une portion du cloître d'Elne, dont le plan d'ensemble donne
un losange se rapprochant du carré. On voit en A les piles qui reçoivent
les retombées des arcs doubleaux et des arcs ogives des voûtes construites
avec beaucoup de soin. La fig. 20 présente la coupe de ce cloître et une
travée extérieure<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]]. Comme sculpture, ce cloître est le plus riche de tous
ceux existant encore de nos jours dans cette partie de la France. Les
chapiteaux reposés appartenant au XII<sup>e</sup> siècle et même ceux du XIV<sup>e</sup> siècle
sont d'un beau travail; les fûts des colonnettes donnant du côté intérieur
de la galerie sont tous couverts de sculptures d'une grande délicatesse, et les
deniers constructeurs cherchèrent à se rapprocher autant qu'ils le pouvaient
du style adopté par les architectes du premier cloître. On se rendra
compte de cet effort et de l'influence des arts romans en plein XIV<sup>e</sup> siècle,
dans ces contrées, si l'on examine les colonnettes appartenant à ces deux
époques (XII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles), que nous donnons au mot [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Colonnette|Colonnette]].
</div>
[[Image:Cloitre.Elne.2.png|center]]
<div class="text">
Nous avons encore un exemple de ces remaniements dans le cloître de
l'ancienne église de Saint-Papoul, près Castelnaudary. Celui-ci fut rebâti
au XIV<sup>e</sup> siècle avec des fragments du commencement du XIII<sup>e</sup>. Mais Saint-Papoul était pauvre; les galeries furent simplement couvertes par une
charpente, et les colonnettes jumelles furent refaites en petits carreaux de
briques octogonales, posés les uns sur les autres et réunis par un lit de
mortier.
 
Quant aux charpentes en appentis qui couvrent les cloîtres, elles sont
d'une grande simplicité; elles se composent habituellement d'une suite
de chevrons soulagés par des liens, et formant à l'intérieur un angle obtus
dont les rampants étaient quelquefois lambrissés et peints.
</div>
[[Image:Charpente.cloitre.png|center]]
<div class="text">
La fig. 21 donne une de ces charpentes<span id="note15"></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]]; en A nous avons reproduit le
profil de l'extrémité des chevrons. Ces charpentes, sans entraits, poussaient
les murs des galeries, surtout lorsque ces murs n'étaient pas maintenus
par des piles assez rapprochées, et lorsqu'ils étaient montés sur de longues
rangées de colonnettes accouplées. Aussi faut-il attribuer en grande partie
la reconstruction de presque tous les cloîtres romans à la mauvaise combinaison de ces charpentes qui durent hâter leur ruine. Nous
devons faire
remarquer que parfois, comme à Moissac et à Saint-Lizier par exemple,
les colonnettes des galeries des cloîtres romans sont tantôt accouplées,
tantôt simples: lorsqu'elles sont simples, le chapiteau est beaucoup plus
évasé, dans le sens de l'épaisseur du mur que dans l'autre sens;
lorsqu'elles
sont jumelles, souvent les chapiteaux doubles sont pris dans un
seul morceau de pierre, ainsi que les deux bases, afin de bien relier les
fûts des colonnettes et de les rendre solidaires. Si les chapiteaux doubles
sont indépendants l'un de l'autre, ce sont alors des tailloirs qui relient les
colonnes accouplées sous le sommier des archivoltes. Les déversements
fréquents des galeries des cloîtres romans, produits par la poussée des
charpentes, firent évidemment substituer d'abord les colonnes jumelles
aux colonnettes simples, puis obligèrent les constructeurs à prendre des
précautions particulières lors de la pose de ces colonnettes jumelles:
comme, par exemple, de tailler les chapiteaux accouplés dans un seul
morceau de pierre et de leur donner un fort volume comparativement au
diamètre et à la hauteur de la colonne; comme de poser ces colonnettes,
généralement peu ou point galbées, celle du dedans ayant son parement
intérieur vertical, et celle extérieure légèrement inclinée, ou, pour employer
un terme de bâtisse, ayant du fruit sur le dehors.
</div>
[[Image:Colonnade.cloitre.png|center]]
<div class="text">
Une figure est nécessaire pour faire comprendre cette précaution des
constructeurs romans. Soit (22) la coupe d'une colonnade de cloître
portant des archivoltes; soit <b>A</b> l'intérieur de la galerie et <b>B</b> le préau,
la colonnette <b>C</b> sera posée verticale, tandis que la colonnette <b>D</b> sera posée inclinée de 0,02 c. ou 0,03 c., de <b>G</b> en <b>H</b>. La base double <b>I</b> étant
prise dans un seul morceau de pierre, ainsi que le chapiteau double
<b>K</b>, les deux colonnettes forment ainsi un véritable chevalement résistant
à une poussée agissant suivant la ligne <b>L M</b>. Malgré ces précautions,
basées sur une observation très-juste, le temps, la négligence,
l'affaissement
de charpentes mal entretenues et pourries, ont cependant fait déverser la plupart des colonnades des cloîtres romans couverts par
des lambris. Mais ce qui nous a permis de constater ce fait
intéressant,
ce sont les centres des bases, en plan, qui sont presque toujours
plus écartés que les centres des astragales des chapiteaux de
0,01 c., 0,02 c. ou même 0,03 c.; c'est encore l'alignement du parement intérieur des bahuts <b>O</b> (qui n'a pu
changer) comparé à l'alignement primitif intérieur N des archivoltes,
donné par les angles des cloîtres, lesquels n'ont pu varier non plus. Mais
nous avons l'occasion de nous étendre sur ces précautions des
constructeurs
dans la pose des membres de l'architecture au mot [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]].
</div>
[[Image:Cloitre.Saint.Lizier.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Saint.Lizier.2.png|center]]
<div class="text">
Pour clore ce que nous avons à dire sur les cloîtres romans, nous
signalerons à nos lecteurs le cloître de Saint-Lizier (Ariége) (fin du
XII<sup>e</sup> siècle). Sa construction est d'une extrême simplicité. Il se compose de
deux étages de galeries, l'une au rez-de-chaussée, en maçonnerie, l'autre
au premier, en charpente. La fig. 23 donne la moitié du plan général
de
ce cloître, et la fig. 24 sa coupe avec l'élévation des galeries. On ne saurait
bâtir deux étages de portiques avec plus d'économie. Les colonnettes et
bases sont en marbre, n'ont que 0,11 c. de diamètre (il faut dire que le
marbre n'est pas, dans cette contrée, une matière rare); elles posent sur
une seule assise continue et si basse qu'on ne peut guère la considérer
comme un bahut. Les chapiteaux, très-évasés, sont en pierre ainsi que
les archivoltes, les murs au-dessus en maçonnerie. Un plancher couvre
cette galerie. Au-dessus, le mur forme un appui sur lequel sont posées
des piles en brique dans les angles et sur les milieux de deux des côtés du
cloître; puis des poteaux à huit pans en bois avec base et chapiteau pris
dans la masse, portant de longs poitrails posés de champ, sur lesquels
sont fixés les chevrons dont la saillie abrite toute la
construction<span id="note16"></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]]. On
n'oserait aujour'd'hui exécuter une bâtisse aussi légère, qui doit sa solidité
à l'extrême simplicité des moyens employés.
 
Revenons maintenant aux cloîtres de l'époque gothique; après tout, les
cloîtres romans n'offrent que peu de variétés, et ce que nous en avons
donné suffit pour se faire une idée passablement complète de ces sortes
de constructions. Il n'en est pas de même des cloîtres élevés pendant la
période gothique, surtout au moment où cet art commence à se développer.
Le programme d'un cloître était, pour les architectes du XIII<sup>e</sup> siècle,
un thème précieux dont ils devaient tirer un grand parti. L'orientation, la
disposition d'un cloître relativement à ses annexes, les besoins particuliers
à telle communauté, la nature des matériaux, la nécessité de clore telle
partie, de laisser l'autre ouverte, les écoulements d'eau pluviale, les
moyens de recueillir ces eaux dans des citernes, tout cela devait exciter et
excitait le génie inventif des architectes de cette époque. Il nous serait
difficile, au milieu de tant de ruines regrettables (car ces dépendances de
nos églises ont été presque partout transformées, dévastées ou même
démolies), de ne rien omettre; toutefois, nous essayerons du moins de
faire connaître les modifications successives apportées dans ces constructions
et de présenter les exemples les plus complets et les plus remarquables
que le temps et la main des hommes n'ont pas détruits. Les
cloîtres encore debout, abandonnés, sans usage aujourd'hui, construits la
plupart très-légèrement, tendent tous les jours à disparaître, et notre
travail pourra perpétuer pour l'étude des œuvres dont il ne restera bientôt
plus trace<span id="note17"></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]].
 
Nous avons vu déjà qu'à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]] les constructeurs avaient vitré les ouvertures
supérieures prises sous les formerets des voûtes du cloître et avaient
laissé les arcatures inférieures libres, comme les anciennes galeries
romanes. Mais à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]], bien que ce cloître soit déjà gothique par ses
voûtes, la claire-voie inférieure est complètement distincte de la rose
vitrée, comme dans les cloîtres de transition, tels que ceux de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] et
de Fontfroide. Cette disposition ne fut pas longtemps conservée; bientôt
tout l'espace compris entre les formerets, les piles et le bahut, fut rempli
par des meneaux; mais ces meneaux ne furent pas entièrement vitrés
comme ceux des fenêtres des collatéraux d'une église. On se contenta
d'abord de vitrer les compartiments supérieurs et de laisser à jour les intervalles
entre les colonnettes. Il existe un cloître de ce genre, d'une disposition
charmante, sur le flanc sud de l'église collégiale de Sémur-en-Auxois.
Il est fort petit, puisque chacun de ses côtés ne contient que deux travée.
</div>
[[Image:Cloitre.Semur.en.Auxois.png|center]]
<div class="text">
En voici le plan entier (25), à l'échelle de 0,005 millimètres pour mètre.
Profitant avec une intelligence rare des poussées égales qui, dans les
angles, agissent en sens contraire et se neutralisent par conséquent,
l'architecte, au lieu de donner à ces angles, comme dans les cloîtres
romans, une épaisseur considérable, en a fait une pile composée de six
colonnettes réunies et prises dans un seul morceau de pierre. Cette jolie
disposition donne une légèreté extraordinaire à ce cloître, tout en lui
conservant une parfaite solidité. Les seuls points résistants de la construction
sont les quatre contre-forts plantés sur le milieu de chacune des faces
de la galerie et les divisant en deux travées. Un puits est creusé au milieu
du petit préau.
</div>
[[Image:Cloitre.Semur.en.Auxois.2.png|center]]
<div class="text">
La fig. 26 présente la coupe et l'élévation d'une travée du cloître de
Sémur, ainsi qu'un détail du plan des piles en A. Les intervalles entre les
colonnettes n'étaient pas vitrés, tandis que les compartiments des
meneaux au-dessus de l'arcature l'étaient<span id="note18"></span>[[#footnote18|<sup>18</sup>]]. On obtenait ainsi, pour
éclairer les galeries, beaucoup plus de jour que dans les cloîtres romans,
et la pluie ni le vent ne pouvaient gêner les personnes qui circulaient sous
les galeries. Les roses et découpures des meneaux vitrés formaient comme
des écrans transparents opposés au vent et au soleil. La sculpture des
chapiteaux est fort belle, large, abondante, et les matériaux des piles de
grande dimension, suivant le mode bourguignon. Ce cloître est du temps
de l'église et dut être bâti entre les années 1230 et 1240.
 
Cependant il arrivait souvent, au XIII<sup>e</sup> siècle, que les travées des cloîtres
voûtés étaient garnies de meneaux sans vitraux, qui n'étaient alors que
des claires-voies de pierre destinées à briser l'effort du vent et à garantir
les personnes qui passaient dans les galeries contre la vivacité de l'air ou
des rayons du soleil. <span id=Noyon1>Nos églises du nord possédaient beaucoup de cloîtres
de ce genre vitrés partiellement ou complétement à claires-voies. La
cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], le long de la nef, au nord, conserve encore la galerie occidentale de son cloître du XIII<sup>e</sup> siècle, sur laquelle s'ouvre une
belle salle capitulaire dont les piles d'entrée sont richement décorées de
sculptures, d'ornements et de statues d'évêques (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8, Salle|Salle capitulaire]]).
Ce cloître, ainsi que ses dépendances, était autrefois crénelé du côté
extérieur, afin de pouvoir, au besoin, se défendre contre un coup de
main. La construction des galeries est large, simple, bien conçue et
bien exécutée.
</div>
[[Image:Cloitre.Noyon.png|center]]
<div class="text">
Voici (27) le plan et (28) l'élévation extérieure d'une des travées du
cloître de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]]. La claire-voie est complétement à jour,
sans verrières, et son archivolte sert de formeret aux voûtes en arcs
d'ogives; du côté du mur, les arcs portent sur des culs-de-lampe sculptés,
afin de ne pas gêner la circulation par la saillie de piles engagées. Aujourd'hui,
la construction est dérasée au niveau A (fig. 28); les gargouilles,
pinacles, larmiers et balustrades qui couronnaient certainement la belle
corniche feuillue n'existent plus. Nous donnons en B une coupe sur l'axe
de la travée, qui fait voir l'extrême simplicité de cette construction, ne
consistant réellement qu'en des contre-forts réunis par des archivoltes
recevant l'intrados des voûtes. Il est bon d'examiner ce cloître après
celui de l'église de Sémur que nous avons donné (fig. 26); ces deux
petits édifices sont contemporains, ils sont élevés entre les années 1230
et 1240.
</div>
[[Image:Cloitre.Noyon.2.png|center]]
<div class="text">
On peut observer ici la différence des deux écoles bourguignonne et
française: la première hardie, élégante, avec un mélange de rudesse,
employant des matériaux résistants et sachant en tirer les avantages
résultant de leur nature; l'autre fine, sobre, possédant un sentiment très-vif
des proportions, évitant les exagérations et les étrangetés. Il ne
faudrait pas croire cependant que les architectes des provinces françaises
eussent adopté un <i>poncif</i> aussi simple dans la construction de leurs
cloîtres. L'amour du luxe, un instant comprimé par les cisterciens, reprit
un nouvel essor au commencement du XIII<sup>e</sup> siècle chez les religieux réguliers.
À cette époque, en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne et
en Angleterre, les monastères virent s'élever des cloîtres qui rivalisaient
entre eux comme étendue, en richesse de matériaux et de sculpture. En
Italie, ce fut alors qu'on éleva les cloîtres de marbre, couverts de sculptures
et de mosaïques, de Saint-Paul-hors-les-murs, de Saint-Jean de
Latran, à Rome; en Sicile, l'admirable et immense cloître de Montréale,
singulier mélange d'architecture normande et de traditions des Maures;
en France, les beaux cloîtres de Saint-Léger et de
Saint-Jean-des-Vignes
de Soissons. Nous nous occuperons de ce dernier cloître, dans lequel les
religieux, tout en restant fidèles au principe appliqué avec une si grande
sobriété à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], déployèrent un luxe de sculpture peu commun.
</div>
[[Image:Cloitre.Saint.Jean.des.Vignes.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Saint.Jean.des.Vignes.2.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (29) le plan et (30) l'élévation extérieure d'une travée du
cloître de Saint-Jean-des-Vignes, contemporain de celui de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]]. La
galerie du rez-de-chaussée était probablement surmontée d'un étage qui
n'existe plus. Les contre-forts, les tympans entre les archivoltes sont couverts
de sculpture. Le plan présente une multitude de colonnettes dont
la fonction est déterminée par les arcs des voûtes, et qui sont couronnées
par des chapiteaux finement travaillés dont la réunion forme, à l'intérieur
comme à l'extérieur de la galerie, un brillant cordon d'ornements. Les
voûtes, du côté du mur, ainsi qu'à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], sont portées sur des
culs-de-lampe
naissant sur des têtes humaines. Quant à la claire-voie, ses roses
seules étaient vitrées<span id="note19"></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]].
 
Cette richesse, si fort en contradiction avec le principe des ordres religieux,
ne laissait pas d'exciter déjà, au XIII<sup>e</sup> siècle, le blâme ou la raillerie.
On est trop disposé à croire que les XVI<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles ont été les seuls à
critiquer le luxe des moines. Un poëte du XIII<sup>e</sup> siècle qui était reçu à la
cour de saint Louis, Rutebeuf, ne manque pas une occasion d'exercer sa
verve contre les ordres religieux. On en jugera par ce passage extrait de
la <i>Vie de sainte Elysabel</i>:
</div>
<center>
«Une foiz entra en .i. cloistre<br>
De povres genz qui pas acroistre<br>
Ne se pooient de lor biens;<br>
Fors d'aumosne n'avoient riens.<br>
Ymages li monstrent bien fètes,<br>
Bien entaillies et portrètes;<br>
Mult orent cousté, ce li samble,<br>
Ainçois que il fussent ensamble;<br>
Mult l'en pesa, et bien lor monstre.<br>
Et mult lor en va à l'encontre,<br>
Et dist: «Je croi miex vous en fust,<br>
Se ce ç'on a mis en ce fust<br>
Por fere entaillier ces ymages<br>
Fust mis en preu; c'or est domages<br>
Qui a l'amor de Dieu el cuer<br>
Les ymages qu'il voit defuer,<br>
Si ne li font ne froit ne chaut.<br>
Endroit de moi il ne m'en chaut,<br>
Et bien sachiez, ce me conforte,<br>
Que chascun crestiens, là, porte<br>
Les ymages el cuer dedenz.<br>
Les lèvres muevre ne les denz<br>
Ne font pas la religion,<br>
Mès la bone compontion<span id="note20"></span>[[#footnote20|<sup>20</sup>]].»<br>
</center>
<div class="text">
Un huguenot n'aurait pas parlé autrement au XVI<sup>e</sup> siècle.
 
Afin de meubler la nudité des murs intérieurs des galeries des cloîtres
entre les culs-de-lampe portant les voûtes, on les décorait de peintures et
même quelquefois de bas-reliefs et d'arcatures. Le cloître de la cathédrale
de Toul, commencé vers 1240 et terminé à la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, nous
donne une jolie décoration de ce genre, consistant en une suite d'arcatures
trilobées, sous chacune desquelles était sculpté un petit bas-relief porté
sur une sorte de tablette ornée peu saillante.
</div>
[[Image:Cloitre.Toul.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons (31) l'une des travées intérieures de ce cloître<span id="note21"></span>[[#footnote21|<sup>21</sup>]]. À
l'extérieur, le cloître de la cathédrale de Toul présente une disposition
analogue à celle des cloîtres de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]] et de Soissons, si ce n'est que les
formerets des voûtes ne pénètrent pas à travers l'épaisseur du mur, et que
les archivoltes des claires-voies sont bandées en dedans de ces formerets.
Il reste ainsi, de chaque côté des contre-forts, une portion de trumeau.
Cette disposition est moins franche que celle des cloîtres présentés
ci-dessus. D'ailleurs la galerie n'était point vitrée. À Toul, les chéneaux du
cloître sont disposés d'une façon particulière; ils consistent,
au-dessus de
la corniche, en une assise de pierre taillée suivant les pentes correspondant
à l'écoulement des eaux, lequel a lieu par les gargouilles percées au milieu
de chaque tête de contre-fort (32).
</div>
[[Image:Cloitre.Toul.2.png|center]]
<div class="text">
Jusque vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, les combles des cloîtres égouttent,
sauf de très-rares exceptions, leurs eaux directement sur le préau
sans chéneaux; la présence des chéneaux est un perfectionnement qui
depuis fut introduit dans la construction des cloîtres. Dans les localités
où l'eau de source manquait, on profita des combles des cloîtres et
salles voisines pour recueillir les eaux pluviales dans une citerne ménagée
sous le préau. Il arriva parfois alors qu'au lieu de jeter les eaux
à gueule bée sur l'aire du préau, et pour éviter que des ordures pussent
être entraînées dans la citerne, on plaça des tuyaux de descente en pierre
de distance en distance dans les angles formés par les contre-forts
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Conduite|Conduite]]); ou si l'on admettait les gargouilles, ce qui était le cas
le plus ordinaire, on établissait un caniveau en pierre au-dessous d'elles,
tout autour du préau, pour recueillir les eaux et les envoyer, par
des pertuis, dans la citerne. Quelquefois même ce caniveau était un petit
égout souterrain ayant un pertuis garni d'une crapaudine au-dessous de
la gueule de chacune des gargouilles. Plus rarement l'aire du préau était
dallée comme l'aire de l'<i>impluvium</i> antique et conduisait l'eau par des
pentes, se dirigeant vers le milieu, dans la citerne. On recueillait ainsi
non-seulement les eaux tombant sur les combles, mais aussi celles reçues
sur la surface totale du préau. Le préau du cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel-en-Mer
est couvert de plomb; mais nous aurons l'occasion de
parler bientôt de ce cloître remarquable.<span id=Langres1>
</div>
[[Image:Cloitre.Langres.png|center]]
<div class="text">
Cependant, certains cloîtres de cathédrales particulièrement furent, au
XIII<sup>e</sup> siècle, surmontés d'un étage, probablement à cause du peu d'espace
dont on disposait autour de ces monuments élevés au centre de cités
populeuses. Il existe, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Langres|Langres]], les restes d'un cloître de ce genre qui
est d'un fort bon style et qui appartient au milieu de ce siècle.
 
La fig. 33 présente l'une de ses travées. Un premier étage, percé d'une
petite fenêtre carrée au-dessus de chaque arcade, était destiné
peut-être
au logement des chanoines. Ici ce sont les formerets des voûtes qui,
comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], servent d'archivoltes à la claire-voie. Le mur du fond du
cloître de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Langres|Langres]] est décoré d'une triple arcature sous
chaque formeret, portée sur des colonnettes et des chapiteaux admirablement
sculptés. Quant aux contre-forts, épais et saillants dans la hauteur
du rez-de-chaussée, pour contre-butter la poussée des voûtes, ils se
réduisent sensiblement dans la hauteur du premier étage, qui n'était
couvert que d'une charpente<span id="note22"></span>[[#footnote22|<sup>22</sup>]].
 
Mais le plus beau cloître qui nous soit conservé (en partie du moins)
possédant un premier étage est certainement le cloître de la cathédrale
de Rouen. Cette construction date de 1240 environ, et son ensemble
comme ses détails sont exécutés avec un grand luxe et un soin minutieux.
</div>
[[Image:Cloitre.Rouen.png|center]]
<div class="text">
La fig. 34 nous donne l'élévation d'une des travées du cloître de la
cathédrale de Rouen. Ces travées sont larges, percées à la base par quatre
arcades libres portées sur des colonnettes monolithes. Au-dessus de ces
arcades, la claire-voie est vitrée. L'archivolte est épaisse, composée de
deux rangs de claveaux, celle supérieure servant de formeret aux voûtes à
l'intérieur. Ces archivoltes soutiennent un grand talus sur lequel viennent
pénétrer les piles et trumeaux des fenêtres jumelles du premier étage.
Une corniche à double rang de crochets et une balustrade dont les quatre-feuilles
seuls sont ajourés couronnent le premier étage, qui porte chéneau.
Au milieu de la tête de chacun des contre-forts, complètement dépourvus
d'ornements, sort une gargouille rejetant à l'extérieur l'eau recueillie
dans les chéneaux. Des pinacles surmontaient ces contre-forts; ils sont
malheureusement détruits.
</div>
[[Image:Cloitre.Rouen.2.png|center]]
<div class="text">
Voici (35) le plan de ces contre-forts et d'une travée à
rez-de-chaussée.
On voit combien cette construction est simple et légère. Toute la
résistance consiste seulement dans les contre-forts et les piles carrées
qu'ils viennent épauler. Quant à la claire-voie, elle est indépendante de la
bâtisse proprement dite. Il n'est pas besoin de dire que ce cloître est voûté
en arcs ogives, composant une suite de travées sur plan barlong; c'est là
une disposition généralement admise pour les cloîtres au XIII<sup>e</sup> siècle et
suivie plus tard. Le premier étage n'existait que sur l'un des côtés du
cloître et contenait la bibliothèque du chapitre; il formait une grande
salle couverte par une charpente lambrissée<span id="note23"></span>[[#footnote23|<sup>23</sup>]].
 
Les dispositions des cloîtres admises dès le commencement du XIII<sup>e</sup> siècle
ne varient guère jusque vers le milieu du XIV<sup>e</sup>; ce sont toujours des
voûtes carrées dont les formerets extérieurs sont remplis par des meneaux
vitrés dans la partie supérieure ou dépourvus de vitraux. Au XIV<sup>e</sup> siècle,
les églises cathédrales et monastiques, étant moins riches qu'elles ne
le furent au XIII<sup>e</sup>, revinrent aux cloîtres composés d'arcatures continues,
comme les cloîtres romans primitifs, dont les galeries sont couvertes
par des charpentes apparentes ou lambrissées. Mais le système de construction
n'est plus celui du cloître roman. Les archivoltes composées de
claveaux disparaissent souvent et sont remplacées par une claire-voie qui
ressemble assez à une grande balustrade. <span id=Bordeaux>Le flanc sud de la cathédrale de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bordeaux|Bordeaux]] a conservé un cloître élevé suivant ce mode; il date du XIV<sup>e</sup> siècle.
L'une de ses quatre galeries s'engage dans les contre-forts isolés de la
cathédrale, les trois autres sont libres.
</div>
[[Image:Cloitre.Bordeaux.png|center]]
<div class="text">
La fig. 36 présente le plan d'un des angles du cloître de la cathédrale
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bordeaux|Bordeaux]]. En A, nous avons tracé la section horizontale d'une des
piles, à l'échelle de 0,05 c. pour mètre. Sur un bahut continu s'élèvent
des faisceaux de colonnettes présentant beaucoup plus de profondeur que
de largeur. Ces piles sont prises dans un seul morceau de pierre, et elles
portent une arcature dont chaque triangle est taillé dans un seul bloc,
ainsi que l'indique la fig. 37, qui donne l'élévation et la coupe du cloître
de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bordeaux|Bordeaux]]. Une corniche composée de longs morceaux
de pierre relie le tout; un surhaussement moderne, formé de deux assises
de pierre, charge cette légère construction. Mais autrefois, ainsi que le
prouve la présence des gargouilles encore en place, la corniche portait un
chéneau sur lequel venait reposer la charpente; nous avons cru devoir
rétablir l'état primitif dans notre fig. 37<span id="note24"></span>[[#footnote24|<sup>24</sup>]]. La charpente apparente était
composée d'une suite de chevrons portant ferme, retenus par des liens
reposant sur des corbeaux. Ce genre de construction n'offrait pas une
grande solidité; aussi la plupart de ces cloîtres furent-ils renversés par la
poussée de la charpente dépourvue d'entraits, et, au XV<sup>e</sup> siècle, on reprit
le mode adopté par le XIII<sup>e</sup> siècle, c'est-à-dire qu'on en revint aux cloîtres
voûtés avec meneaux sous les formerets, et ces meneaux furent vitrés. Il
est cependant des exceptions à cette règle, surtout dans les provinces
méridionales.
</div>
[[Image:Cloitre.Bordeaux.2.png|center]]
<div class="text">
<span id=Narbonne>Ainsi le cloître de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Narbonne|Narbonne]], qui date des premières
années du XV<sup>e</sup> siècle, se compose d'une série d'arcades sans meneaux,
séparées par des contre-forts épais.
</div>
[[Image:Cloitre.Narbonne.png|center]]
<div class="text">
La fig. 38 présente le plan du quart de ce cloître. En A, nous donnons
la section horizontale de la pile d'angle, et en B celle d'une des autres
piles, à l'échelle de 0,02 c. pour mètre. La fig. 39 nous montre un des
angles de ce cloître, vu en perspective.
</div>
[[Image:Cloitre.Narbonne.2.png|center]]
<div class="text">
<span id=Beziers>Le cloître de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Narbonne|Narbonne]] possède un bahut; les arcades sont hautes,
contrairement aux habitudes des constructeurs du moyen âge; il est
couvert en terrasses dallées, protégées par une balustrade, ainsi que le
cloître de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beziers|Béziers]], qui date du XIV<sup>e</sup> siècle.
 
Les cloîtres du XV<sup>e</sup> siècle en général ne diffèrent de ceux du XIV<sup>e</sup> que
par la décoration des contre-forts, les compartiments des meneaux, la
construction des voûtes et les détails de l'architecture. Il n'est donc pas
nécessaire de nous en occuper ici, puisque nous retrouvons ces détails
dans les différents articles de ce <i>Dictionnaire</i>.
 
Nous terminerons ce que nous avons à dire sur ces monuments par la
description du cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel-en-Mer, l'un des
plus curieux et des plus complets parmi ceux que nous possédons en
France.
</div>
[[Image:Cloitre.Mont.Saint.Michel.png|center]]
 
[[Image:Cloitre.Mont.Saint.Michel.2.png|center]]
<div class="text">
Nous donnons le plan d'ensemble de ce cloître, ayant vue du côté A
sur la mer par des fenêtres oblongues et très-étroites (40). Les galeries ont
été couvertes primitivement par une charpente lambrissée. L'arcature se
compose de deux rangées de colonnettes se chevauchant, ainsi que l'indique
le détail de l'angle du plan (41). Des archivoltes en tiers-point
portent sur les colonnettes, de A en B, de B en C, à l'extérieur; de D en E,
de E en F, à l'intérieur, et des arcs diagonaux très-aigus sont bandés de
A en D, de A en E, de E en B, de B en F, de F en C, etc.; les triangles
laissés entre les archivoltes et les arcs diagonaux sont remplis comme des
triangles de voûtes ordinaires. Il est évident que ce système de colonnettes
posées en herse est plus capable de résister à la poussée ou au mouvement
d'une charpente que le mode de colonnes jumelles, car les arcs diagonaux
AD, AE, EB, etc., opposent une double résistance à ces poussées, étrésillonnent la construction et rendent les deux rangs de colonnettes solidaires.
D'ailleurs il n'est pas besoin de dire qu'un poids reposant sur trois
pieds est plus stable que s'il repose sur deux ou sur quatre. Or la galerie
du cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel n'est qu'une suite de trépieds.
</div>
[[Image:Cloitre.Mont.Saint.Michel.3.png|center]]
<div class="text">
Voici (42) une coupe sur O P, et (43) une élévation intérieure de ces
arcatures. Les profils et l'ornementation rappellent la véritable architecture
normande du XIII<sup>e</sup> siècle. Les chapiteaux, suivant la méthode
anglo-normande,
sont simplement tournés, sans feuillages ni crochets autour de la
corbeille. Seuls, les chapiteaux de l'arcature adossés à la muraille sont
décorés de crochets bâtards. Les écoinçons entre les archivoltes de l'intérieur
des galeries présentent de belles rosaces sculptées en creux, des
figures, l'agneau surmonté d'un dais (fig. 43), puis au-dessus des arcs une
frise d'enroulements ou de petites rosaces d'un beau travail. Entre les
naissances des arcs diagonaux des petites voûtes sont sculptés des crochets.
Ce cloître était complétement peint, du moins à l'intérieur et entre les
deux rangs de colonnettes. En B (fig. 40) est la seule entrée des galeries
dans le préau, bien qu'il soit facile d'enjamber par-dessus les bahuts entre
les colonnettes, et ce préau est complétement couvert de lames de plomb,
destinées à recueillir les eaux pluviales dans une grande citerne réservée
sous l'église. Sous le cloître est bâtie la salle des Chevaliers, composée
d'un quinconce de colonnes (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]], fig. 18 et 19);
sous la salle des Chevaliers est un étage inférieur. Ainsi le cloître de l'abbaye
du Mont-Saint-Michel-en-Mer est situé au sommet d'un immense
édifice, et ses galeries sont portées sur des voûtes; c'est pourquoi on a
cherché à donner à cette construction une extrême légèreté.
</div>
[[Image:Cloitre.Mont.Saint.Michel.4.png|center]]
<div class="text">
La renaissance éleva quelques jolis cloîtres, mais qui ne présentent
aucune particularité digne d'être notée. Les dispositions générales des
cloîtres, à partir du XIII<sup>e</sup> siècle, varient peu en France, ainsi que nous
l'avons dit déjà, et les détails de l'architecture seuls se modifient en raison
du goût de chaque époque. Ces détails trouvent leur place dans le
<i>Dictionnaire</i>; il est donc inutile de les mentionner ici.
 
<br><br>
----
 
<span id="footnote1">[[#note1|1]] :
</div>
<center>
«Quadratam speciem structura domestica præfert,<br>
Atria bis binis inclyta particibus.<br>
Quæ tribus inclusæ domibus, quas corporis usus<br>
Postulat, et quarta quæ domus est Domini,<br>
Quarum prima domus servat potumque cihumque<br>
Ex quibus hos reficit juncta secunda domus.<br>
Tertia membra fovet vexata labore diurno,<br>
Quarta Dei laudes assidue resonat.»<br>
</center>
<div class="text">
<i>Carmen de Laude vitæ monasticæ</i> edit. a Sirmondo ad Goffrid. Vindocin.
(Voy. Ducange, <i>Gloss.</i>)
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : In synod. Pontigonensi, ann. 876. In synod. Rom. sub Eugenio II
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Lib. 1, cap. 1, § 43.
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Ce n'est pas là, bien entendu, une règle absolue; diverses causes venaient modifier
ces dispositions: la nature du terrain, des constructions plus anciennes dans les villes,
des rues existantes, obligeaient les abbés ou les chapitres à ne pas être fidèles à leur
programme. Cependant les cloîtres des abbayes de Cluny, de Vézelay, de Clairvaux, de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]], de la Charité-sur-Loire, de Saint-Denis, de
Saint-Jean-des-Vignes à Soissons, de Saint-Front de Périgueux, de Poissy, de
Sainte-Geneviève à Paris, de la
Trinité de Caen, etc., et particulièrement de l'abbaye type de l'abbé de Saint-Gall
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]], fig. 1), sont situés sur le flanc méridional de l'église; tandis que
les cloîtres des cathédrales de Paris, de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], de Rouen, de Reims, de Beauvais, de
Séez, de Bayeux, de Puy-en-Vélay, etc., étaient situés au nord. Quelquefois le cloître
et l'évêché se touchent et sont tous deux bâtis du côté méridional, comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Langres|Langres]], à
Évreux, à Verdun; mais ce sont là des exceptions; les évêques et les chapitres préféraient
généralement occuper des terrains séparés par l'église.
 
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Voy. le <i>Cartul. de l'égl. N.-Dame de Paris</i>, publ. par M. Guérard, et la préface, p. CIX.
 
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : «Canonicus qui recipit domum in claustro jurat quod, anno precedenti diem qua
recepit illam, fecit stagium suum Parisiis per vigenti septimanas; ita quod qualibet
die fecit horam unam vel in capitulo vel in ecclesia... Item jurat quod domum illam
et appendicias domus illius tenebit in eque bono statu in quo est, quando accipit
illam, vel etiam meliori. Jurat etiam quod solvet pensionem domus illius et alia onera
diebus statutis ad hoc, nisi dilationem habuerit ab illis ad quos pertinet receptio
predictorum.» <i>Chartul. Eccles. Parisiensis</i>, Pars II, lib. IX, feb. 1240, XXVIII.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : ... «Vel nisi alique magnates mulieres, que sine scandalo evitari non possunt...» <i>Ibid.</i>, Pars III, lib. XX, nov. 1245, 1.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : <i>Mém. concern. l'hist. civ. et ecclés. d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]]</i>, par l'abbé Lebeuf, publié par MM. Challe et Quantin, t. III, p. 227.
 
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : Le cloître de l'abbaye de Thoronet (Var) possède encore un lavoir couvert sur la face de l'une de ses galeries. À l'abbaye de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontenay|Fontenay]] (Côte-d'Or), il existait de même un lavoir couvert.
 
<span id="footnote10">[[#note10|10]] : Voy. la Notice sur ces trois abbayes par M. L. Rostan. <i>Bullet. monum.</i>, publ. par M. de Caumont, t. XVIII, p. 107.
 
<span id="footnote11">[[#note11|11]] : Voy., <i>Archiv. des monum. hist.</i> près le minist. d'État, le relevé de cette abbaye fait par M. Questel.
 
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : On ne doit pas s'étonner si, dans cet article, nous
passons brusquement d'une
province à l'autre, quelle que soit la distance qui les sépare. Il s'agit ici de dispositions
générales, non de détails d'architecture, et nous avons dit déjà que les établissements
monastiques agissaient, quelle que fût leur position sur le territoire occidental, d'après
une direction uniforme, en tant qu'elles appartenaient au même ordre.
 
<span id="footnote13">[[#note13|13]] : Au XVI<sup>e</sup> siècle, un cadran solaire fut attaché à la statue de l'ange; peut-être en
existait-il un autre avant cette époque. Nous devons les dessins de ce cloître à M. Bœswilwald,
architecte de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]].
 
<span id="footnote14">[[#note14|14]] : Nous devons ces dessins et ceux de Saint-Michel de Cuxa à l'obligeance de
M. Laisné, architecte diocésain d'Auch, qui a relevé le cloître d'Elne pour la Commission
des monuments historiques.
 
<span id="footnote15">[[#note15|15]] : C'est la charpente du cloître de Saint-Papoul, qui date du XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote16">[[#note16|16]] : M. Ruprich Robert a bien voulu nous confier les études qu'il a faites sur ce cloître; elles nous ont servi à donner ces figures.
 
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : En compulsant nos notes, nous sommes obligé de reconnaître que, depuis le
temps où quelques-unes d'entre elles ont été prises, des exemples de cloîtres encore
existant il y a quelques années sont aujourd'hui détruits. On ne doit point s'en étonner;
la vie s'est retirée de ces dépendances des églises depuis longtemps, et bien avant
les dernières années du dernier siècle déjà, la plupart des cloîtres des cathédrales et des
abbayes étaient laissés à l'abandon, comme des constructions qui n'ont plus de raison
d'être.
 
<span id="footnote18">[[#note18|18]] : Ce cloître est aujourd'hui engagé dans des constructions plus récentes et en partie détruit; cependant il en reste assez pour prendre une idée complète de ses dispositions
générales, de sa construction et même de ses détails.
 
<span id="footnote19">[[#note19|19]] : Les dessins de ce cloître nous ont été donnés par M. Bœswilwald, architecte diocésain de Soissons.
 
<span id="footnote20">[[#note20|20]] : <i>Œuvres comp. de Rutebeuf</i>, recueillies par A. Jubinal. Paris, 1839. <i>La Vie de sainte Elysabel</i>, t. II, p. 216.
 
<span id="footnote21">[[#note21|21]] : Il ne reste plus que des traces des bas-reliefs qui, à la fin du dernier siècle, ont été brisés. M. Bœswilwald a bien voulu nous fournir les dessins de ce cloître.
 
<span id="footnote22">[[#note22|22]] : Ce cloître n'appartient plus à la cathédrale; il fut vendu par le Domaine il y a une
vingtaine d'années; il sert aujourd'hui de magasin à des marchands de meules à aiguiser.
Nous ne savons ce que le Domaine a retiré de cette vente; mais lorsqu'on voudra
racheter ce cloître, ce qu'il faudra faire un jour ou l'autre, ne
fût-ce que pour assainir
la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Langres|Langres]], il est probable qu'on payera cher cet abandon.
 
<span id="footnote23">[[#note23|23]] : Les restes de ce cloître tombaient en ruine par suite de surcharges sur les voûtes et
de l'abandon dans lequel ce précieux débris d'architecture était laissé. L'administration
des cultes depuis peu, a fourni à MM. Barthélemy et Desmarets, architectes diocésains
de Rouen, les moyens de restaurer les parties les plus endommagées. Mais des logements
sont établis au premier étage et contribuent à détruire ce qui reste des belles
fenêtres. On ne saurait trop souhaiter de voir enfin ce magnifique spécimen d'un cloître
de cathédrale débarrassé de services que rien n'empêche de placer partout ailleurs.
 
<span id="footnote24">[[#note24|24]] : Nous devons les dessins de ce cloître à l'obligeance de M. Alaux, architecte à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bordeaux|Bordeaux]].