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<references />
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| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index Tome 1|Index par tome]]</center>
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=== ARC DE DÉCHARGE ===
 
C'est l'arc que l'on noie dans les constructions au-dessus
des linteaux des portes, au-dessus des vides en général, et des parties
faibles des constructions inférieures pour reporter le poids des constructions
supérieures sur des points d'appui dont la stabilité est assurée.
Les archivoltes des portails et portes sont de véritables arcs de décharge
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Archivoltes|Archivoltes]], variété de l'Arc); toutefois on ne donne guère le nom
d'arcs de décharge qu'aux arcs dont le parement affleure le nu des murs,
qui ne se distinguent des assises horizontales que par leur appareil, et quelquefois
cependant par une faible saillie. Dans les constructions romaines
élevées en petits matériaux et en blocages, on rencontre souvent des arcs
de décharge en briques et en moellons noyés en plein mur, afin de reporter
les pesanteurs sur des points des fondations et soubassements établis
plus solidement que le reste de la bâtisse. Cette tradition se conserve encore
pendant la période romane. Mais à cette époque les constructions en
blocage n'étaient plus en usage, et on ne trouve que très-rarement des
arcs destinés à diviser les pesanteurs dans un mur plein. D'ailleurs dans
les édifices romans la construction devient presque toujours un motif de
décoration, et lorsqu'en maçonnant on avait besoin d'arcs de décharge on
cherchait à les accuser, soit par une saillie, et même quelquefois par
un filet orné ou mouluré à l'extrados. <span id=Nevers>Tels sont les arcs de décharge
qui se voient le long du mur des bas côtés de l'Église St-Étienne de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]] (fin du XI<sup>e</sup>
</div>
[[Image:Arc.decharge.eglise.Saint.Etienne.Nevers.png|center]]
<div class="text">
<br>
siècle) (74). Ici ces arcs sont surtout destinés à charger les piles des bas côtés qui
reçoivent les poussées des
voûtes; les murs n'étant
pas armés de contre-forts,
ce surcroît de charge donne
aux points d'appui principaux
une grande stabilité.
C'est un système qui permet
d'élever des murs minces
entre les piles destinées
à recevoir le poids des
constructions, il présente
par conséquent une économie
de matériaux; on le
voit appliqué dans beaucoup
d'églises du Poitou,
de l'Anjou, de l'Auvergne
et de la Saintonge pendant
la période romane. Inutile
d'ajouter que ces arcs de
décharge sont toujours extradossés;
puisque leur fonction essentielle est de reporter les charges
supérieures sur leurs sommiers, ils doivent tendre à faire glisser les
maçonneries sur leurs reins.<span id=Clermont.Ferrand>
</div>
[[Image:Arc.decharge.eglise.Notre.Dame.du.Port.Clermont.Ferrand.png|center]]
<div class="text">
Le pignon du transsept sud de l'église de Notre-Dame-du-Port à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Clermont.Ferrand|Clermont-Ferrand]]
est ainsi porté sur deux arcs de décharge à l'extérieur, reposant
sur une colonne (75). Souvent dans l'architecture civile des XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles
on rencontre des portes dont les linteaux sont soulagés par des arcs de
décharge venant appuyer leurs sommiers sur une ''portée'' ménagée aux deux
extrémités des linteaux (76), quelquefois aussi au-dessus des
</div>
[[Image:Arc.decharge.sur.porte.png|center]]
<div class="text">
<br>
linteaux on voit une clef posée dans l'assise qui les surmonte et qui forme ainsi une
plate-bande appareillée reportant le poids des murs sur les deux pieds-droits (77).
</div>
[[Image:Arc.decharge.sur.porte.2.png|center]]
<div class="text">
Un vide est laissé alors entre l'intrados de la clef et le linteau pour
éviter la charge de cette clef en cas de mouvement dans les constructions.
Des arcs de décharge sont posés au-dessus des ébrasements intérieurs des
portes et des fenêtres dans presque tous les édifices civils du moyen âge.
</div>
[[Image:Arc.decharge.chateau.Polignac.png|center]]
<div class="text">
Ces arcs sont plein cintre (78) (château
de Polignac, Haute-Loire,
XI<sup>e</sup> siècle), rarement en tiers-point,
et le plus souvent bombés seulement
pour prendre moins de hauteur
sous les planchers (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Fenêtre|Fenêtre]]).
Pendant la période ogivale,
les constructeurs ont à franchir de
grands espaces vides, ils cherchent
sans cesse à diminuer à rez-de-chaussée
les points d'appui, afin
de laisser le plus de place possible à
la foule, de ne pas gêner la vue;
ce principe les conduit à établir une
partie des constructions supérieures
en porte-à-faux; si dans le travers
des nefs ils établissent des arcs-boutants au-dessus des bas côtés,
pour reporter la poussée des grandes voûtes à
l'extérieur, il faut, dans le sens de la longueur,
qu'ils évitent de faire peser les murs
des galeries en porte-à-faux sur les voûtes
de ces bas côtés, trop légères pour porter la
charge d'un mur si mince qu'il soit. Dès
lors, pour éviter le fâcheux effet de ce
poids sur des voûtes, des arcs de décharge
ont été ménagés dans l'épaisseur des murs
de fond des galeries au premier étage. <span id="Amiens21">Ces
arcs reportent la charge de ces murs sur les
sommiers des arcs-doubleaux des bas côtés
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Triforium|Triforium ]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Galerie|Galerie]]).
<span id=Paris1>On trouve des arcs de décharge en tiers-point, dans les galeries hautes de Notre-Dame
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes P#Paris|Paris]], dans le triforium des nefs des cathédrales d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] (79),
de Reims, de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]]. Mais à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les fenêtres supérieures étant posées
sur la claire-voie intérieure du triforium, ces arcs de décharge ne portent
que le poids d'un mur mince, qui ne s'élève que jusqu'à l'appui du fenestrage.
</div>
[[Image:Arc.decharge.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class="text">
Dans les édifices de la Bourgogne,
et d'une partie de la Champagne,
les fenêtres, au lieu d'être
posées sur l'arcature intérieure,
sont en retraite sur les murs extérieurs
du triforium. Dans ce cas,
l'arc de décharge est d'autant plus
nécessaire que ce mur extérieur
porte avec le fenestrage la bascule
des corniches de couronnement, il
est quelquefois posé immédiatement
au-dessus de l'extrados des
archivoltes, afin d'éviter même la
charge du remplissage, qui comme
à Reims, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes P#Paris|Paris]] et à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], garnit
le dessous de l'arc en tiers-point, ou
bien encore, l'arc de décharge n'est
qu'un arc bombé, noyé dans l'épaisseur
du mur, un peu au-dessus
du sol de la galerie, ainsi qu'on
peut le remarquer dans l'église de
Saint-Père-sous-Vézelay (80).
</div>
[[Image:Arc.decharge.eglise.Saint.Pere.sous.Vezelay.png|center]]
<div class="text">
<span id=Laon>On rencontre des arcs de décharge,
à la base des tours centrales
des églises reposant sur les
quatre arcs-doubleaux des transsepts,
comme à la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Laon|Laon]]. Sous les beffrois des clochers,
comme à Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes P#Paris|Paris]]. Il en existe aussi au-dessus des voûtes,
pour reporter le poids des bahuts
et des charpentes sur les piles, et
soulager les meneaux des fenêtres
tenant lieu de formerets, comme
à la Sainte-Chapelle de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes P#Paris|Paris]],
comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], à la cathédrale
de Troyes (81). Au XV<sup>e</sup> siècle, les arcs
de décharge ont été fort en usage
pour porter des constructions massives,
reposant en apparence sur
des constructions à jour; pour
soulager les cintres des grandes roses du poids des pignons de face.
</div>
[[Image:Arc.decharge.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class="text">
Il n'est pas besoin de dire, que les arcs jouent un grand rôle dans la
construction des édifices du moyen âge, les architectes étaient arrivés, dès
le XIII<sup>e</sup> siècle, à acquérir une connaissance parfaite de leur force de résistance,
et de leurs effets sur les piles et les murs, ils mettaient un soin particulier
dans le choix des matériaux qui devaient les composer, dans leur
appareil, et la façon de leurs joints. L'architecture romaine n'a fait qu'ouvrir
la voie dans l'application des arcs à l'art de bâtir; l'architecture du
moyen âge l'a parcourue aussi loin qu'il était possible de le faire, au point
d'abuser même de ce principe à la fin du XV<sup>e</sup> siècle, par un emploi trop
absolu peut-être, et des raffinements poussés à l'excès.
 
La qualité essentielle de l'arc, c'est l'élasticité. Plus il est étendu, plus
l'espace qu'il doit franchir est large, et plus il est nécessaire qu'il soit flexible.
Les constructeurs du moyen âge ont parfaitement suivi ce principe
en multipliant les joints dans leurs arcs, en les composant de claveaux
égaux, toujours extradossés avec soin. Ce n'est qu'au XVI<sup>e</sup> siècle, alors que
l'art de bâtir, proprement dit, soumettait l'emploi des matériaux à des formes
qui ne convenaient ni à leurs qualités, ni à leurs dimensions, que l'arc
ne fut plus appliqué en raison de sa véritable fonction. Le principe logique
qui l'avait fait admettre, cessa de diriger les constructeurs. En imitant ou
croyant imiter les formes de l'antiquité romaine, les architectes de la
renaissance s'écartaient plus du principe de la construction antique que les
architectes des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles; ou plutôt, ils n'en tenaient nul compte.
Si dans leurs constructions massives, inébranlables, les Romains avaient
compris la nécessité de laisser aux arcs une certaine élasticité en les extradossant,
et en les formant de rangs de claveaux concentriques, lorsqu'ils
avaient besoin de leur donner une grande résistance, à plus forte
raison dans les bâtisses du moyen âge, où tout est équilibre, et mouvement
par conséquent, devait-on ne pas perdre de vue le principe qui doit
diriger les architectes dans la construction des arcs. Du jour où l'on cessa
d'extradosser les arcs, où l'on voulut les composer de claveaux inégaux
comme dimension, et comme poids par conséquent, les appareiller à ''crossettes'',
et les relier aux assises horizontales, au moyen de joints droits à la
queue, on ne comprit plus la véritable fonction de l'arc (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]],
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Voûte|Voûte ]]).
 
[[en:Dictionary of French Architecture from the 11th to 16th Century/Volume 1/Discharging arch]]