« Waldlieder » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme2||[[Auteur:Nikolaus Lenau|Nikolaus Lenau]] — Traduction: Wikisource}}
<div class="text">
<br>
 
Comme Merlin<br>
Je veux pénétrer la forêt ; <br>
Ce que les tempêtes emportent,<br>
Ce que le tonnerre roule,<br>
Et les éclairs désirent,<br>
Ce que les arbres disent,<br>
Quand ils craquent,<br>
Je veux comme Merlin le comprendre.<br>
<br>
La jouissance de l’orage monte en lui<br>
Et Merlin jette son vêtement <br>
Dans la tempête,<br>
Afin que les vents caressent,<br>
Les éclairs purifient<br>
Sa poitrine nue.<br>
<br>
Le chêne étend ses racines<br>
Dans la terre,<br>
Mille fois, sous le sol il boit<br>
La vie à ses sources secrètes,<br>
Qui font atteindre à son tronc le ciel.<br>
<br>
Merlin laisse ses cheveux flotter au vent<br>
Çà et là dans la nuit orageuse,<br>
Les éclairs fauves et ardents l’entourent<br>
Et oignent sa tête,<br>
La nature, ouverte,<br>
Sa sœur, sa confidente,<br>
Abreuve son cœur, quand les éclairs<br>
Embrassent <!--embrassent ou embrasent ?-->sa chevelure noire.<br>
<br>
L’orage est achevé,<br>
Calmement la nuit suit son cours ;<br>
Après la bataille, entièrement pacifié,<br>
Le ciel retrouve sa sérénité ;<br>
Béni soit celui qui écoute<br>
Comme Merlin le silence de la forêt !<br>
<br>
Nuit de printemps ! Pas un souffle,<br>
Même les tiges les plus frêles ne ploient plus,<br>
Chaque feuille est immobile, comme ensorcelée<br>
Par le regard de la Lune.<br>
Gagnant peu à peu les dieux<br>
Et pénétrant les lois éternelles,<br>
Sous le couvert d’un haut chêne<br>
L’enchanteur veille, penseur solitaire,<br>
Tissant mystérieuses sous les branches<br>
Des toiles de pensées.<br>
<br>
Certaines voix inaudibles,<br>
Qui ne parlent pas aux hommes,<br>
Merlin les entend chanter<br>
Doucement et danser en ronde.<br>
Car la reine des elfes,<br>
Ou quelque Parque malicieuse,<br>
Pour aider ses sens,<br>
Tient à son oreille un cornet enchanté.<br>
Il entend couler, mousser et bondir<br>
Le flux vital des plantes ;<br>
Les oiseaux épuisés par les jeux de l’amour et de la journée<br>
Sommeillent dans les branchages,<br>
Mais leur repos aussi est heureux ;<br>
Tendant l’oreille, Merlin les entend<br>
Rêver sous leur plumage<br>
À des chants prochains.<br>
Comme les sons, la lumière de la Lune se répand<br>
Sur les chênes et les aubépines,<br>
Et dans le calice que forme la mousse la plus tendre,<br>
L’on entend bruire le poème de l’éternité.<br>