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Quant à Gabriel Dumont, le chef militaire de l’insurrection, il mérite une mention spéciale. Chasseur de buffles à l’époque où ces animaux existaient encore, il passait dans toute la Prairie pour un intrépide trappeur doublé d’un tireur hors ligne. Il n’avait pas son pareil pour choisir son terrain de combat et dresser une embuscade, joignant la supériorité des blancs à l’instinct de la race indienne. Un jour il se rendit avec quelques chasseurs blancs et métis dans un camp de Pieds-Noirs. Les Sauvages exécutaient la ''Danse du Poteau'', cérémonie dans laquelle les plus braves guerriers racontaient leurs exploits. Dumont entre hardiment dans la danse, s’approche du poteau et y plantant son couteau, s’écrie avec une téméraire audace : « J’ai tué dix Pieds-Noirs. » Ses compagnons, stupéfaits de cette bravade, se regardent déjà comme des hommes morts. Mais les grands sachems se lèvent et expriment à Gabriel Dumont leur admiration. « Tu es un brave, lui disent-ils. Nous avons entendu parler de ta valeur ; elle n’est pas surfaite. Tu resteras avec nous ; nous ferons festin avec toi et tes compagnons ». Avec un chef de cette trempe et des tireurs habiles comme les Métis, la lutte devait être chaude.
Quant à Gabriel Dumont, le chef militaire de l’insurrection, il mérite une mention spéciale. Chasseur de buffles à l’époque où ces animaux existaient encore, il passait dans toute la Prairie pour un intrépide trappeur doublé d’un tireur hors ligne. Il n’avait pas son pareil pour choisir son terrain de combat et dresser une embuscade, joignant la supériorité des blancs à l’instinct de la race indienne. Un jour il se rendit avec quelques chasseurs blancs et métis dans un camp de Pieds-Noirs. Les Sauvages exécutaient la ''Danse du Poteau'', cérémonie dans laquelle les plus braves guerriers racontaient leurs exploits. Dumont entre hardiment dans la danse, s’approche du poteau et y plantant son couteau, s’écrie avec une téméraire audace : « J’ai tué dix Pieds-Noirs. » Ses compagnons, stupéfaits de cette bravade, se regardent déjà comme des hommes morts. Mais les grands sachems se lèvent et expriment à Gabriel Dumont leur admiration. « Tu es un brave, lui disent-ils. Nous avons entendu parler de ta valeur ; elle n’est pas surfaite. Tu resteras avec nous ; nous ferons festin avec toi et tes compagnons ». Avec un chef de cette trempe et des tireurs habiles comme les Métis, la lutte devait être chaude.


Tant que le sang n’avait pas coulé on pouvait espérer une transaction, comme en 1870. Mais cet espoir fut vite déçu. Le major Crozier, de la police montée, ayant appris la présence d’une bande de Métis près du Lac aux Canards, s’y rendit avec 100 de ses hommes et 40 volontaires (26 mars). Il y rencontra 26 Métis à cheval commandés par Gabriel Dumont et les somma de mettre bas les armes. Ceux-ci refusèrent. Un Sauvage ayant voulu saisir l’arme d’un homme de la police fut jeté à terre et atteint d’un coup de feu. Presque en même temps un Métis était tué. Les compagnons de Dumont firent alors une décharge sur la troupe du major Crozier, lui tuèrent 14 hommes et en blessèrent 9. La fusillade continua quelque temps ; mais le major, craignant de ne pouvoir déloger, sans de grandes pertes, les Métis postés au haut d’une colline, battit en retraite en abandonnant ses morts, après n’avoir infligé que des pertes légères à ses adversaires (4 tués et quelques blessés). Il fut rejoint par le colonel lrvine à Fort Carlton ; mais les deux officiers, craignant de ne pouvoir résister
Tant que le sang n’avait pas coulé on pouvait espérer une transaction, comme en 1870. Mais cet espoir fut vite déçu. Le major Crozier, de la police montée, ayant appris la présence d’une bande de Métis
près du Lac aux Canards, s’y rendit avec 100 de ses hommes et 40 volontaires (26 mars). Il y rencontra 26 Métis à cheval commandés par Gabriel Dumont et les somma de mettre bas les armes. Ceux-ci refusèrent. Un Sauvage ayant voulu saisir l’arme d’un homme de la police fut jeté à terre et atteint d’un coup de feu. Presque en même temps un Métis était tué. Les compagnons de Dumont firent alors une
décharge sur la troupe du major Crozier, lui tuèrent 14 hommes et en blessèrent 9. La fusillade continua quelque temps ; mais le major, craignant de ne pouvoir déloger, sans de grandes pertes, les Métis postés au haut d’une colline, battit en retraite en abandonnant ses morts, après n’avoir infligé que des pertes légères à ses adversaires (4 tués et quelques blessés). Il fut rejoint par le colonel lrvine à Fort Carlton ; mais les deux officiers, craignant de ne pouvoir résister