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On a pu remarquer qu’en général ''l’accroissement de la population dans les campagnes'' a amené tout naturellement des améliorations dans la pratique des assolemens. C’est que partout où il a fallu répartir plus de travail sur un même espace, ce travail a été d’abord mieux fait, plus productif, et qu’on a successivement senti le besoin et reconnu la possibilité de l’étendre sur toutes les parties de la ferme. A mesure que les propriétés se subdivisent en petites exploitations, il ne reste plus de place pour les jachères périodiques ; les cultures fourragères remplacent de toute nécessité les maigres pâturages que les bestiaux cherchaient sur ces dernières, et la production augmente, en proportion de l’industrie du cultivateur, avec impérieux besoin de produire davantage. Tel est, il faut le reconnaître avec joie, l’état nouveau de plusieurs de nos départemens ; cependant il est impossible de ne pas voir qu’en trop de lieux, tandis que les populations ouvrières surabondent dans les grandes villes, les bras manquent encore dans les champs ; leur rareté, et l’absence du matériel propre à les remplacer, est peut-être l’un des plus grands obstacles à l’introduction ou à la propagation, sur une échelle raisonnable, des cultures binées et sarclées, élément on peut dire indispensable des récoltes jachères.
On a pu remarquer qu’en général ''l’accroissement de la population dans les campagnes'' a amené tout naturellement des améliorations dans la pratique des assolemens. C’est que partout où il a fallu répartir plus de travail sur un même espace, ce travail a été d’abord mieux fait, plus productif, et qu’on a successivement senti le besoin et reconnu la possibilité de l’étendre sur toutes les parties de la ferme. À mesure que les propriétés se subdivisent en petites exploitations, il ne reste plus de place pour les jachères périodiques ; les cultures fourragères remplacent de toute nécessité les maigres pâturages que les bestiaux cherchaient sur ces dernières, et la production augmente, en proportion de l’industrie du cultivateur, avec impérieux besoin de produire davantage. Tel est, il faut le reconnaître avec joie, l’état nouveau de plusieurs de nos départemens ; cependant il est impossible de ne pas voir qu’en trop de lieux, tandis que les populations ouvrières surabondent dans les grandes villes, les bras manquent encore dans les champs ; leur rareté, et l’absence du matériel propre à les remplacer, est peut-être l’un des plus grands obstacles à l’introduction ou à la propagation, sur une échelle raisonnable, des cultures binées et sarclées, élément on peut dire indispensable des récoltes jachères.


''A côté du manque de bras, il faut placer celui des capitaux'', qui en est souvent la première cause, et qui s’oppose d’une manière encore plus absolue à un changement subit de système. Ce n’est pas seulement pour payer les frais de main-d’œuvre, assez considérables, qu’exigent les binages, les butages, les sarclages, etc. ; pour acquérir les instrumens perfectionnés dont on ne peut se passer dans une exploitation où l’on a adopté ce genre de culture, que le besoin d’argent se fait sentir ; c’est aussi, et surtout, pour l’acquisition et l’entretien d’un plus grand nombre de bestiaux ; car, s’il est vrai que le principal avantage d’un bon assolement soit de produire en abondance des récoltes destinées à la nourriture des animaux et, selon les localités, à l’engraissement d’un plus ou moins grand nombre d’entre eux, afin de donner les moyens de fumer copieusement les terres et d’augmenter leur fertilité, tout en ajoutant aux récoltes de végétaux les produits souvent plus lucratifs d’un autre règne ; il l’est aussi qu’on ne peut arriver là sans dépenses premières, et que le capital d’une ferme doit être plus élevé lorsqu’on veut la cultiver sans jachère, que lorsqu’on persiste dans l’ancienne routine, ou, en d’autres termes, que les avances doivent être proportionnées aux profits, comme dans toutes les autres branches d’industrie.
''A côté du manque de bras, il faut placer celui des capitaux'', qui en est souvent la première cause, et qui s’oppose d’une manière encore plus absolue à un changement subit de système. Ce n’est pas seulement pour payer les frais de main-d’œuvre, assez considérables, qu’exigent les binages, les butages, les sarclages, etc. ; pour acquérir les instrumens perfectionnés dont on ne peut se passer dans une exploitation où l’on a adopté ce genre de culture, que le besoin d’argent se fait sentir ; c’est aussi, et surtout, pour l’acquisition et l’entretien d’un plus grand nombre de bestiaux ; car, s’il est vrai que le principal avantage d’un bon assolement soit de produire en abondance des récoltes destinées à la nourriture des animaux et, selon les localités, à l’engraissement d’un plus ou moins grand nombre d’entre eux, afin de donner les moyens de fumer copieusement les terres et d’augmenter leur fertilité, tout en ajoutant aux récoltes de végétaux les produits souvent plus lucratifs d’un autre règne ; il l’est aussi qu’on ne peut arriver là sans dépenses premières, et que le capital d’une ferme doit être plus élevé lorsqu’on veut la cultiver sans jachère, que lorsqu’on persiste dans l’ancienne routine, ou, en d’autres termes, que les avances doivent être proportionnées aux profits, comme dans toutes les autres branches d’industrie.