« Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/461 » : différence entre les versions

Lüett (discussion | contributions)
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 13 : Ligne 13 :
Si la carotte est exigeante sous le rapport des plantes qui la précèdent dans une rotation, elle est en revanche ''très-accommodante pour les végétaux qui la suivent''. Elle est pour tous une excellente préparation. Si l’on en excepte le colza et l’orge d’hiver, tous les végétaux aiment à venir à sa suite. On avait cru longtemps que la carotte est antipathique avec elle-même, c’est une erreur. {{sc|M. Bertier}} père, bien connu pour les excellentes études qu’il a faites sur cette plante, l’a cultivée trois fois de suite sur le même terrain, sans que pour cela le produit en fût diminué. La carotte a néanmoins une assez grande ''puissance d’épuisement''. Son feuillage assez rare ne lui permet pas de tirer de la couche atmosphérique une grande partie de sa nourriture, ce qui fait qu’à poids égal, elle est plus appauvrissante que la pomme-de-terre. Sous un autre rapport elle est encore inférieure à cette dernière plante. La pomme-de-terre, à une certaine époque de sa croissance, ombrage parfaitement le sol et empêche les rayons du soleil de le resserrer et de le dessécher ; la carotte ne couvre le sol qu’imparfaitement ; son ombrage est impuissant à empêcher la multiplication des mauvaises herbes ; et s’il fallait encore ajouter une raison à celle que je viens d’énumérer, je dirais que les tubercules de pomme-de-terre, dans leur accroissement, soulèvent et divisent le sol, tandis que les racines de la carotte ne font que le resserrer.
Si la carotte est exigeante sous le rapport des plantes qui la précèdent dans une rotation, elle est en revanche ''très-accommodante pour les végétaux qui la suivent''. Elle est pour tous une excellente préparation. Si l’on en excepte le colza et l’orge d’hiver, tous les végétaux aiment à venir à sa suite. On avait cru longtemps que la carotte est antipathique avec elle-même, c’est une erreur. {{sc|M. Bertier}} père, bien connu pour les excellentes études qu’il a faites sur cette plante, l’a cultivée trois fois de suite sur le même terrain, sans que pour cela le produit en fût diminué. La carotte a néanmoins une assez grande ''puissance d’épuisement''. Son feuillage assez rare ne lui permet pas de tirer de la couche atmosphérique une grande partie de sa nourriture, ce qui fait qu’à poids égal, elle est plus appauvrissante que la pomme-de-terre. Sous un autre rapport elle est encore inférieure à cette dernière plante. La pomme-de-terre, à une certaine époque de sa croissance, ombrage parfaitement le sol et empêche les rayons du soleil de le resserrer et de le dessécher ; la carotte ne couvre le sol qu’imparfaitement ; son ombrage est impuissant à empêcher la multiplication des mauvaises herbes ; et s’il fallait encore ajouter une raison à celle que je viens d’énumérer, je dirais que les tubercules de pomme-de-terre, dans leur accroissement, soulèvent et divisent le sol, tandis que les racines de la carotte ne font que le resserrer.


Le point de vue sous lequel on a trop souvent négligé de considérer les carottes, c’est celui des avantages quelles présentent dans la combinaison des assolemens simultanés, et des ressources qu’elles procurent ''comme récolte dérobée''. A la première époque de sa croissance, cette plante est long-temps faible et chétive. On a imaginé de la cultiver, comme le trèfle, en société avec une autre qui puisse lui procurer un ombrage salutaire sans l’étouffer, et qui mûrisse d’assez bonne heure pour lui permettre ensuite d’atteindre tout le développement dont elle est susceptible. Le lin, la navette, le seigle sont les végétaux qui s’associent le mieux avec la carotte. Après la récolte des premières plantes on arrache les chaumes, on sarcle et on bine. De cette façon la seconde récolte donne quelquefois plus de bénéfice que la première.
Le point de vue sous lequel on a trop souvent négligé de considérer les carottes, c’est celui des avantages quelles présentent dans la combinaison des assolemens simultanés, et des ressources qu’elles procurent ''comme récolte dérobée''. À la première époque de sa croissance, cette plante est long-temps faible et chétive. On a imaginé de la cultiver, comme le trèfle, en société avec une autre qui puisse lui procurer un ombrage salutaire sans l’étouffer, et qui mûrisse d’assez bonne heure pour lui permettre ensuite d’atteindre tout le développement dont elle est susceptible. Le lin, la navette, le seigle sont les végétaux qui s’associent le mieux avec la carotte. Après la récolte des premières plantes on arrache les chaumes, on sarcle et on bine. De cette façon la seconde récolte donne quelquefois plus de bénéfice que la première.


{{p|17 : 3 : 4|}}{{T6|§ {{rom-maj|iv}}. — Culture des carottes.}}
{{p|17 : 3 : 4|}}{{T6|§ {{rom-maj|iv}}. — Culture des carottes.}}