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{{Titre|<big>La révolution sociale au Sonora</big>|[[Auteur:Ricardo Flores Magon|Ricardo Flores Magon]]|[[:Category:1914|1914]]}}
 
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Seule des zones frontières du Nord, la riche contrée des valeureux indiens Yaquis est
toute entière aux mains de ses habitants.
 
Ces hommes d'exception, modèles de fermeté et d'énergie, n'ont cessé, depuis quatre
siècles, d'être en guerre avec tous les pouvoirs qui se sont succédé à Mexico depuis
les conquistadores. En dépit des persécutions, des déportations et des massacres, ils
ont de tout temps préservé la noblesse de leur race et défendu leur sol avec une
intégrité exemplaire. Il y a quelques mois, ils se sont révoltés contre l'autorité. Et ils
se sont emparés de la terre, cette terre que convoita jadis l'Espagnol avant le bourgeois
mexicain et l'aventurier américain; cette terre riche, baignée par les fleuves
Yaqui et Mayo, et dont la vaste étendue pourrait abriter plusieurs millions d'habitants.
 
Un lutteur libertaire, Juan Montero, se trouve parmis nos camarades yaquis. Le drapeau
rouge flotte crânement sur tout leur campement et sur les villages de Bácum, de
Pótam, etc. La région entière est désormais sous leur contrôle. Avant de passer à l'offensive,
ils ont prévenu par voie d'affiches qu'ils allaient rentrer en possession de
leurs champs et de leurs forêts et qu'ils seraient impitoyables avec ceux qui auraient
aidé les riches à les dépouiller. Un fort détachement armé a donc été lancé contre eux.
Mais les Yaquis, guerriers et stratèges remarquables, eurent rapidement raison des
colonnes carrancistes, tuant plusieurs officiers. Ils mirent à feu et à sang les villages
où s'étaient repliés les sbires, forçant ces derniers à la fuite.
 
Notre camarade Montero était de la plupart de ces combats, se distinguant par sa
bravoure, de pair avec les camarades yaquis Luis Espinosa et José Gomez.
 
Nos frères se trouvent maintenant en pleine période de reconstruction sociale. Si, la
faim et la désolation règnent dans les zones carrancistes, le pays yaqui respire l'abondance
et la liberté. Tous les Yaquis sont à la fois guerriers et producteurs. Les champs
coquets qu'ils fécondent, le fusil à l'épaule, pourraient inspirer plus d'un poète révolutionnaire.
 
Le camarade Montero nous demande de transmettre une invitation fraternelle à Jean
Grave, Enrico Malatesta ainsi qu'à tous les intellectuels réticents à l'égard de la révolution
mexicaine. Ils sont conviés à se rendre au quartier général de la tribu à
Tocoropobampo, où ils seront bien accueillis. Ils auront ainsi l'occasion d'étudier au
naturel ce soulèvement généreux. Ils pourront y constater que les peuples simples,
mais disposés coûte que coûte à être libres et heureux, n'ont nul besoin de fréquenter
les lycées, ni de connaître la signification des mots boycott ou grève générale pour
s'emparer par le fer et par le feu de la richesse sociale que quelques bandits ont acca-parées. Ces philosophes y apprendront en outre qu'il vaut mieux organiser les travailleurs à s'armer contre le capital, l'État et le clergé que passer des lustres à déclamer sa révolte entre les quatre murs d'un salon. C'est indubitablement plus risqué mais plus efficace et nettement plus propice à l'émancipation de l'humanité.
 
Quant aux populations des régions voisines, elles doivent imiter les Yaquis et abolir
toute autorité et jusqu'à la dernière parcelle de religion.
 
Frères Yaquis, nous vous embrassons chaleureusement! C'est ainsi que ce conquiert
le pain, la terre et la liberté. Et si quelque puissant vous dépêche un délégué pour vous
proposer une alliance, arrachez-lui la tête et renvoyez-la à son maître avec ces mots :
" Maintenant viens donc te la faire arracher à ton tour. "
 
 
''Regeneracion'', n° 177, 21 février 1914.