« Les Avadânas, contes et apologues indiens/11 » : différence entre les versions

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 60-63).


XI

LE LABOUREUR ET LE TRÉSOR.

(De ceux qui se laissent aveugler par la cupidité.)


Jadis, le Bouddha voyageant avec Ananda dans le royaume de Çrâvasti, à travers une plaine déserte, ils virent sur le bord d’un champ un trésor qu’on y avait déposé. Le Bouddha dit à Ananda : « C’est un grand serpent venimeux.

— C’est, en effet, un méchant serpent venimeux, repartit Ananda. »

Dans ce moment, un laboureur ayant entendu le Bouddha dire à Ananda qu’il y avait là un serpent venimeux, se dit en lui-même : « Il faut que j’aille le voir. Pourquoi le religieux a-t-il dit que c’était un méchant serpent venimeux ? »

Il y alla aussitôt, et vit un monceau d’or pur. Il se dit alors : « Ce que le Samanéen (religieux) appelle un serpent venimeux, est du bel et bon or. » Il le ramassa et l’emporta dans sa maison. Cet homme, qui auparavant était pauvre au point de ne pouvoir se procurer des habits et des aliments, devint, par la découverte du trésor, riche et opulent ; de sorte qu’il regorgea tout à coup de mets exquis et de somptueux vêtements. Les espions du roi, étonnés de sa fortune subite, se saisirent de lui et le jetèrent en prison. Après avoir dépensé follement tout l’or qu’il avait jadis trouvé, il ne put obtenir sa délivrance, et se vit menacé du dernier supplice. Il se mit à crier : « C’est un serpent venimeux, ô Ananda ; c’est un méchant serpent venimeux, ô Lôkadjyèchth’a — (Honorable du siècle) ! »

Des hommes qui étaient près de lui, ayant entendu ces paroles, allèrent les rapporter au roi. Le roi fit appeler cet homme et lui demanda quel était le sens de ses paroles.

« Sire, dit-il, jadis, lorsque j’étais à labourer, j’ai entendu le Bouddha dire à Ananda : « Ce trésor que vous voyez est un « serpent venimeux. » Aujourd’hui, je comprends qu’un trésor est vraiment un serpent venimeux. »

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Ta-tchoang-yen-king-lun, livre VI.)