Recueil des publications scientifiques de Ferdinand de Saussure/Texte entier

Texte établi par (Charles Bally ; Léopold Gautier), Payot/Droz (p. np-631).




RECUEIL
DES
PUBLICATIONS
SCIENTIFIQUES
DE
FERDINAND DE SAUSSURE


LIBRAIRIE PAYOT & CIE
LAUSANNE — GENÈVE — NEUCHÂTEL
VEVEY — MONTREUX — BERNE
LIBRAIRIE E. DROZ - GENÈVE
8, rue Verdaine



PRÉFACE


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À la mort de Ferdinand de Saussure, en février 1913, la seconde édition du Mémoire sur le système primitif des voyelles était presque épuisée; ses autres publications étaient dispersées dans divers périodiques et dans des ouvrages difficiles à atteindre. La famille du grand disparu, ses amis et ses admirateurs pensèrent aussitôt à réunir tout ce qu’il avait laissé ; il avait emporté avec lui, sans leur donner le jour, bien des projets déjà mûrs dans son esprit ; mais, s’il fallait s’incliner devant l’irréparable, du moins convenait-il de rendre facilement accessibles les travaux, hélas ! trop rares, qu’il avait publiés.

La famille nous a confié cette tâche. Nous nous en sommes acquittés de notre mieux ; mais l’exécution, entravée par la guerre, a subi un long retard dont nous nous excusons. Sauf deux petits articles étrangers à la linguistique, nous avons tout reproduit, y compris les essais antérieurs au Mémoire et des résumés de communications scientifiques (Voir Appendice, p. 600). Rien ne devait être négligé de ce qui peut éclairer la genèse et le développement de la pensée Saussurienne.

Mais le présent Recueil ne contient que les travaux publiés par F. de Saussure lui-même ; les œuvres posthumes n’y figurent pas ; ce sont :

Le cours de linguistique générale, publié par Charles Bally et Albert Sechehaye avec la collaboration de Albert Riedlinger. Lausanne et Paris, Payot, 1916 (une seconde édition est en préparation).

Le nom de la ville d’Oron à l’époque romaine. Étude posthume, publiée et annotée par Louis Gauchat. Indicateur d’histoire suisse (1920), p. 286-298.

Il faut mentionner en outre :

Paul-E. Martin, La destruction d’Avenches dans les Sagas Scandinaves, d’après des traductions et des notes de F. de Saussure. Indicateur d’histoire suisse (1915), p. 1-13.

Nous pensons enfin rendre service en indiquant les principales nécrologies dont nous avons connaissance :

Ernest Muret, Journal de Genève, 26 février 1913.

Charles Bally, Semaine Littéraire (Genève) 1er mars 1913.

Antoine Meillet, Bulletin de la Société de linguistique, vol. XVIII, No (1913).

Robert Gauthiot, Bulletin de l’Association des Elèves et Anciens Elèves de l’Ecole pratique des Hautes Etudes, section des sciences hist. et philol. (1914), p. 49.

Wilhelm Streitberg, Indogermanisches Jahrbuch, II (1914), p. 203.

Plusieurs de ces articles, avec d’autres témoignages, ont été réunis, sous le titre Ferdinand de Saussure (1857–1913), en une plaquette, imprimée chez Kundig.

Nous nous sommes donc bornés à rééditer les travaux publiés par F. de Saussure. Le souci d’exactitude nous interdisait de toucher à la forme des œuvres. Nous ne les avons pas modernisées ; le mode de transcription a été rigoureusement respecté, même dans les cas où les graphies de F. de Saussure ont varié au cours des années. Dans l’Index seul, il a été fait abstraction de cette variété.

Le Mémoire et la thèse sur l’Emploi du génitif absolu en sanscrit figurent, comme il est naturel, en tête du recueil ; pour le reste, c’est l’ordre chronologique qui détermine la place de chaque article, sauf pour trois d’entre eux (p. 464, 477 et 481) ; mais, comme tous sont datés, cette erreur n’a pas grande importance.

Nous exprimons, en terminant, à M. A. Meillet notre vive reconnaissance pour l’appui qu’il nous a prêté au cours de notre travail ; non seulement il a pris la peine de lire une épreuve, mais, toutes les fois que nous avons recouru à ses conseils, il nous les a prodigués avec une inépuisable bienveillance.

Charles Bally
Genève, mars 1921. Léopold Gautier



MÉMOIRE

SUR LE

SYSTÈME PRIMITIF DES VOYELLES

DANS LES

LANGUES INDO-EUROPÉENNES

1879[1]



TABLE DES MATIÈRES.

Pages
Revue des différentes opinions émises sur le système des a 3
Chapitre I. Les liquides et nasales sonantes 7
     § 1. Liquides sonantes 7
     § 2. Nasales sonantes 19
     § 3. Complément aux paragraphes précédents 43
Chapitre II. Le phonème dans les langues européennes 48
     § 4. La voyelle a des langues du nord a une double origine 48
     § 5. Équivalence de l’α grec et de l’a italique 50
     § 6. Le phonème dans les langues du nord 59
Chapitre III. Les deux o gréco-italiques 66
     § 7. O2 gréco-italique. — a2 indo-européen 66
     § 8. Second o gréco-italique 90
Chapitre IV. § 9. Indices de la pluralité des a dans la langue mère indo-européenne 110
Chapitre V. Rôle grammatical des différentes espèces d’a 116
     § 10. La racine à l’état normal 116
     § 11. Rôle grammatical des phonèmes et . Système complet des voyelles primordiales 127
     § 12. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées par la flexion 173
     § 13. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées par la formation des mots 213
Chapitre VI. De différents phénomènes relatifs aux sonantes i, u, r, n, m 223
     § 14. Liquides et nasales sonantes longues 223
     § 15. Phénomènes spéciaux 257
Additions et corrections 265





Étudier les formes multiples sous lesquelles se manifeste ce qu’on appelle l’a indo-européen, tel est l’objet immédiat de cet opuscule : le reste des voyelles ne sera pris en considération qu’autant que les phénomènes relatifs à l’a en fourniront l’occasion. Mais si, arrivés au bout du champ ainsi circonscrit, le tableau du vocalisme indo-européen s’est modifié peu à peu sous nos yeux et que nous le voyions se grouper tout entier autour de l’a, prendre vis-à-vis de lui une attitude nouvelle, il est clair qu’en fait c’est le système, des voyelles dans son ensemble qui sera entré dans le rayon de notre observation et dont le nom doit être inscrit à la première page.

Aucune matière n’est plus controversée ; les opinions sont divisées presque à l’infini, et les différents auteurs ont rarement fait une application parfaitement rigoureuse de leurs idées. À cela s’ajoute que la question de l’a est en connexion avec une série de problèmes de phonétique et de morphologie dont les uns attendent encore leur solution, dont plusieurs n’ont même pas été posés. Aussi aurons-nous souvent, dans le cours de notre pérégrination, à traverser les régions les plus incultes de la linguistique indo-européenne. Si néanmoins nous nous y aventurons, bien convaincu d’avance que notre inexpérience s’égarera mainte fois dans le dédale, c’est que, pour quiconque s’occupe de ces études, s’attaquer à de telles questions n’est pas une témérité, comme on le dit souvent : c’est une nécessité, c’est la première école où il faut passer ; car il s’agit ici, non de spéculations d’un ordre transcendant, mais de la recherche de données élémentaires, sans lesquelles tout flotte, tout est arbitraire et incertitude.

Je suis obligé de retirer plusieurs des opinions que j’ai émises dans un article des Mémoires de la Société de Linguistique de Paris intitulé Essai d’une distinction des différents a indo-européens. En particulier la ressemblance de ar avec les phonèmes sortis du m’avait conduit à rejeter, fort à contre-cœur, la théorie des liquides et nasales sonantes à laquelle je suis revenu après mûre réflexion.


Bopp et ceux qui suivirent immédiatement l’illustre auteur de la Grammaire Comparée se bornèrent à constater qu’en regard des trois voyelles a e o des langues européennes, l’arien montrait uniformément a. L’e et l’o passèrent dès lors pour des affaiblissements propres aux idiomes de l’Occident et relativement récents de l’a unique indo-européen.

Le travail de M. Curtius dans les Sitzungsherichte der Kgl. Sächs. Ges. der Wiss. (1864) enrichit la science d’un grand fait de plus : M. Curtius montrait que l’e apparaît à la même place dans toutes les langues d’Europe, qu’il ne peut par conséquent s’être développé indépendamment dans chacune d’elles. Et partant de l’idée reçue que la langue-mère ne possédait que les trois voyelles a i u, il tira cette conclusion que tous les peuples européens avaient dû traverser une période commune, où, parlant encore une même langue, ils étaient déjà séparés de leurs frères d’Asie : que durant cette période une partie des a s’étaient — sous une influence inconnue — affaiblis en e, tandis que le reste persistait comme a. Plus tard les différentes langues ont laissé s’accomplir, séparément les unes des autres, un second scindement de l’a qui a produit l’o. Au sud de l’Europe néanmoins, cette voyelle a dû prendre naissance dès avant la fin de la période gréco-italique, vu la concordance de l’o des deux langues classiques, notamment dans la déclinaison des thèmes masculins en -a (ἵππος = equos).

Nous croyons représenter exactement le système de M. Curtius par le tableau suivant[2] :

Indo-europ. a ā
Européen a ; e ā
Plus tard ao ; e ā

L’exposé de M. Fick (Spracheinheit der Indogermanen Europas, p. 176 seq.) reproduit en gros le système précédent. L’ancien a s’est scindé dans la période européenne en a et e. Lorsqu’un mot montre e dans toutes les langues, il faut supposer que le changement de son a en e remonte jusqu’à cette période ; apparaît-il au contraire avec a ou o, ne fût-ce que dans une seule langue, il faut admettre que l’a subsistait encore à l’époque de la communauté. L’ablaut du grec δέρκομαι δέδορκα, mais surtout du germanique ita at, est une admirable utilisation du scindement de l’a. Sur ce dernier point chez M. Curtius cf. la note ci-dessous [p. 4].

Autre était le système de Schleicher. Admettant dans chaque série vocalique deux degrés de renforcement produits par l’adjonction d’un ou de deux a, il posait pour la série de l’a les trois termes : a aa āa.

Il retrouve ces trois degrés en grec : a y est représenté ordinairement par ε (ex. ἔδω), puis par ο (ποδός) et par α (ἄκων). a + a, le premier renforcement, est représenté par ο lorsqu’il se produit sur un ε, ainsi « γέ-γον-α, forme première : ga-gān-a ; skr. ǵá-ǵān-a, à côté de ἐ-γεν-όμην. » Ce même degré se traduit sous la forme de ᾱ, η, lorsqu’il a un α pour base : ἔλακον, λέλᾱκα. Le second renforcement est ω : ἔρρωγα. – Le gotique posséderait aussi les trois degrés ; les autres langues auraient confondu les deux renforcements.

L’arbre généalogique des langues, tel que le construisait Schleicher, n’étant pas celui que la plupart des autres savants ont adopté et ne comportant pas de période européenne, il est clair que l’e des langues d’Europe ne remonte pas pour lui à une origine commune. En particulier l’i gotique a dans son Compendium une tout autre place que l’ε grec : ce dernier est considéré comme le représentant régulier de l’a indo-européen, l’i gotique comme un affaiblissement anormal. Nous faisons donc abstraction de l’idée d’un développement historique commun du vocalisme européen, en formulant dans le schéma suivant le système de Schleicher :

Indo-europ. a aa āa
Européen a e o a o ā ā

Il faut noter en outre que l’α grec et l’a latin ne sont pas mentionnés comme degrés renforcés.

Dans un opuscule intitulé : Die bildung der tempusstämme durch vocalsteigerung (Berlin 1871), le germaniste Amelung, prématurément enlevé à la science, a essayé d’appliquer le système de Schleicher d’une manière plus conséquente en le combinant avec la donnée de l’e commun européen. Cet e est à ses yeux le seul représentant normal de l’a non renforcé. L’a européen – sous lequel il comprend aussi l’o, comme l’avait fait M. Curtius – remonte au premier renforcement qu’il désigne par ā, et le second renforcement (â) est l’ā long des langues d’Europe. Les présents tels que got. fara, gr. ἄγω, ὄζω montrent donc une voyelle renforcée, et il faut admettre que ce sont des dénominatifs. – En un mot le dualisme d’e et a est primitif, et le rapport qu’il y a entre eux est celui de la voyelle simple à la voyelle renforcée. Voici le tableau :

Indo-europ. a ā â
(Arien a a ā ā)
Européen e a ā
Gotique i a ō
Grec ε α ο ᾱ ω

Le débat qu’Amelung a eu sur cette question avec M. Leo Meyer dans le Journal de Kuhn (XXI et XXII) n’a pas apporté de modification essentielle à ce système qui a été exposé une seconde fois d’une manière détaillée dans la Zeitschrift für deutsches Altertum XVIII 161 seq.

M. Brugmann (Studien IX 367 seq., K. Z. XXIV 2) fait remonter l’existence de l’e, en tant que voyelle distincte de toute autre, à la période indo-européenne, sans prétendre par là que sa prononciation ait été dès l’origine celle d’un e ; et il en désigne le prototype par a₁. Concurremment à cette voyelle, le même savant trouve dans gr. lat. slav. o = lit. got. a = skr. ā (du moins dans les syllabes ouvertes) un phonème plus fort qu’il appelle a₂ et dont la naissance serait provoquée par l’accent.

D’après cette théorie on dresse assez généralement le tableau suivant, qui cependant n’est certainement pas celui qu’approuverait M. Brugmann lui-même, puisqu’il fait allusion (Studien IX 381) à la possibilité d’un plus grand nombre d’a primitifs :

Indo-europ. (a) ā
a a
Européen e a ā

On voit qu’en résumé, pour ce qui est des langues de l’Occident, les différents auteurs, quel que soit leur point de vue, opèrent avec trois grandeurs : l’e, l’a et l’ā des langues européennes. Notre tâche sera de mettre en lumière le fait qu’il s’agit en réalité de quatre termes différents, et non de trois ; que les idiomes du nord ont laissé se confondre deux phonèmes fondamentalement distincts et encore distingués au sud de l’Europe : a, voyelle simple, opposée à l’e ; et o, voyelle renforcée, qui n’est qu’un e à sa plus haute expression. La dispute entre les partisans du scindement (a primitif affaibli partiellement en e) et ceux du double a originaire (a₁, a₂ devenus e et a), cette dispute, il faut le dire, porte dans le vide, parce qu’on comprend sous le nom d’a des langues d’Europe un agrégat qui n’a point d’unité organique.

Ces quatre espèces d’a que nous allons essayer de retrouver à la base du vocalisme européen, nous les poursuivrons plus haut encore, et nous arriverons à la conclusion qu’ils appartenaient déjà à la langue mère d’où sont sorties les langues de l’Orient et de l’Occident.




Chapitre I.
Les liquides et nasales sonantes.




Avant de commencer une recherche sur l’a, il est indispensable de bien déterminer les limites de son domaine, et ici se présente d’emblée la question des liquides et nasales sonantes : car quiconque admet ces phonèmes dans la langue mère considérera une foule de voyelles des périodes historiques de la langue comme récentes et comme étrangères à la question de l’a.

L’hypothèse des nasales sonantes a été mise en avant et développée par M. Brugmann, Studien IX 287 seq. Dans le même travail (p. 325), l’auteur a touché incidemment le sujet des liquides sonantes, dont la première idée est due, paraît-il, à M. Osthoff.

§ 1. Liquides sonantes.

Dans la langue mère indo-européenne la liquide ou les liquides, si l’on en admet deux, existaient non seulement à l’état de consonnes, mais encore à l’état de sonantes, c’est-à-dire qu’elles étaient susceptibles d’accent syllabique, capables de former une syllabe. C’est ce qui a lieu, comme on sait, en temps historique, dans le sanskrit. Tout porte à croire que les liquides sonantes n’ont jamais pris naissance que par un affaiblissement, en raison duquel l’a qui précédait la liquide se trouvait expulsé ; mais cela n’empêche pas, comme nous le verrons, de les placer exactement sur le même rang que i et u.

Il est certain tout d’abord qu’au indien[3] correspond presque constamment en zend un phonème particulier, très-voisin sans doute du - voyelle, savoir ĕrĕ : aussi le de la période indo-iranienne ne trouvera plus aujourd’hui de sceptiques bien décidés. – L’ancien perse, il est vrai, n’offre rien de semblable, si ce n’est peut-être akunavam = skr. ákr̥ṇavam. En regard du skr. kr̥tá, du zd. kĕrĕta, il montre karta, et il n’y a point là d’inexactitude de l’écriture, car la transcription grecque nous donne αρ, par exemple dans ἄρξιϕος = skr. r̥ģipyá, zd. ĕrĕzifya « faucon »[4]. Les noms qui contiennent Ἀρτα- sont moins probants à cause du zend asha qui, lui aussi, remonte à *arta en dépit du skr. r̥tá.

En présence de l’accord du zend et du sanskrit, on est forcé d’admettre que le perse a confondu des phonèmes différents à l’origine, et c’est là un des exemples les plus patents de la tendance générale des langues ariennes à la monotonie du vocalisme ; l’iranien en cela rend des points au sanskrit, mais dans le sein de l’iranien même l’ancien perse est allé plus loin que le zend.

En regard du des langues ariennes, les langues d’Europe montrent toutes un r-consonne (ou l-consonne) accompagné d’une voyelle distinctement articulée. Mais cette voyelle est, chez plusieurs d’entre elles, de telle nature, qu’on ne saurait ramener simplement le groupe phonique où elle se trouve à a + r, et que tout parle au contraire pour qu’elle ne soit qu’un développement anaptyctique survenu postérieurement.

Au arien et indo-européen répond :

En grec : αρ, αλ ; ρα, λα
En latin : or, ul (ol)
En gotique : aúr, ul

Le slave et le lituanien n’ont pas conservé d’indice positif du . On peut dire seulement que cette dernière langue l’a remplacé souvent par ir, il.

Nous passons à l’énumération des cas.

1. Syllabe radicale.

L’ordre adopté ici, pour distinguer les différents cas où apparaît , se base sur une classification nouvelle des racines, qui ne pourra être justifiée que plus tard, mais qui ne saurait non plus désorienter le lecteur.

Nous ne nous occuperons que des racines contenant e. – Toute racine qui dans les langues d’Europe contient e, a la faculté d’expulser cet e et de prendre ainsi une forme plus faible, à condition seulement que les combinaisons phoniques ainsi produites puissent se prononcer commodément.

Sont à ranger dans les racines contenant e : les racines où se trouvent les diphtongues ei et eu et qu’on a l’habitude de citer sous leur forme affaiblie, privée d’e ; ainsi kei, sreu, deik, bheugh (ki, sru, dik, bhugh).

L’i et l’u de ces racines, ainsi que la liquide et la nasale des racines telles que derk bhendh, peuvent prendre le nom de coefficient sonantique. Ils concourent au vocalisme de la racine. Suivant que l’e persiste ou disparaît, leur fonction varie : r, l, m, n, de consonnes deviennent sonantes ; i et u passent de l’état symphtongue à l’état autophtongue.

A. Racines terminées par un coefficient sonantique.

Exemples kei (forme faible ki) sreu (f. fble sru) bher (f. fble bhr) men (f. fble mn).

B. Racines renfermant un coefficient sonantique suivi d’une consonne.

Ex. deik (f. fble dik) bheugh (f. fble bhugh) derk (f. fble dr̥k) bhendh (f. fble bhn̥dh.) C. Racines sans coefficient sonantique, terminées par une consonne.
Ex. pet (f. fble pt) sek (f. fble sk) sed (f. fble zd).

Nous n’avons pas à nous occuper ici des racines terminées par e, comme, en grec, θε δε ἐ.

Dans la forme faible, selon que le suffixe ajouté commence par une consonne ou par une voyelle, les racines de la classe A seront assimilables à celles de la classe B ou à celles de la classe C.

En effet, dans la classe B, le coefficient sonantique, à l’instant où l’e disparait, prend nécessairement la fonction de voyelle, puisqu’il se trouve entre deux consonnes. C’est là aussi ce qui arrive pour les racines de la classe A, lorsqu’elles prennent un suffixe commençant par une consonne : ainsi mn̥-to.

Mais si le suffixe commence par une voyelle, leur coefficient sonantique aura la qualité de consonne, et ces mêmes racines ressembleront de tout point aux racines de la classe C ; ainsi ἐ-πλ-ό-μην comme ἔ-σχ-ο-ν.

En vue du but spécial que nous nous proposons dans ce chapitre, nous tirons des remarques qui précèdent l’avantage suivant : c’est que nous connaissons le point précis où il faut s’attendre à trouver les liquides sonantes et que nous assistons pour ainsi dire à leur formation ; la comparaison seule d’un indien avec un αρ grec n’a, en effet, qu’une valeur précaire si l’on ne voit pas comment cet αρ a pris naissance et s’il y a une probabilité pour que ce soit un ar ordinaire. Partout où l’e tombe normalement, partout en particulier où apparaît l’i ou l’u autophtongue, les liquides sonantes doivent régulièrement exister ou avoir existé, si la position des consonnes les forçait à fonctionner comme voyelles.

a. formations verbales.

Aoriste thématique. On a dit souvent que ce temps coïncidait entièrement, pour ce qui est de la forme, avec l’imparfait de la sixième classe verbale des grammairiens hindous. Reste à savoir si cette sixième formation remonte aux temps indo-européens, comme cela est indubitable pour notre aoriste, mais infiniment moins certain pour le présent.

Quoi qu’il en soit, cet aoriste réclame l’expulsion de l’e – ou de l’a dans les langues ariennes –. En conséquence les racines des classes A et C (v. plus haut) font en grec très régulièrement :
πελ : ἐ-πλ-ό-μην πετ : ἐ-πτ-ό-μην
(ἐ)γερ : (ἔ)γρ-ε-το σεχ : ἔ-σχ-ο-ν
1 σεπ : ἔ-σπ-ο-ν
2 σεπ : ἐνί-σπ-ε[5]

Les impératifs σχές et ἐνίσπες ont déterminé M. Curtius à admettre dans ces deux aoristes la métathèse de la racine[6]. M. Osthoff, dans son livre : Das Verbum in der Nominalcomposition, p. 340, a déjà déclaré ne pouvoir souscrire à une opinion semblable de l’éminent linguiste relative aux présents comme γίγνομαι, μίμνω, et cela en partant aussi de la conviction que la dégradation de la racine y est absolument normale. Comment d’ailleurs la métathèse se mettra-t-elle d’accord avec le vocalisme des thèmes σχε σχο, σπε σπο ? – Ces impératifs ont donc suivi l’analogie de θές, ἕς.

Chose étonnante, le sanskrit ne forme cet aoriste que sur les racines de la classe B : les formes comme ἔ-πτ-ε-το lui sont étrangères ; la seule trace qu’il en offre peut-être est la 3e personne du plur. kránta qui, à côté de ákrata (3e pl.) a l’air d’être une forme thématique ; qu’on veuille bien comparer plus bas ce qui a trait aux nasales des désinences[7].

En revanche les exemples abondent pour les racines de la forme B : róhati áruhat, várdhati ávr̥dhat etc. En grec ϕευγ fait ἔϕυγον, στειχ fait ἔστιχον ; de même, et c’est là que nous en voulions venir,

δέρκομαι fait ἔ-δρακ-ο-ν (skr. ádr̥çam)
πέρθω ἔ-πραθ-ο-ν
πέρδω ἔ-παρδ-ο-ν
τέρπω  ταρπ-ώ-μεθα

ἔτραπον de τρέπω vient aussi d’une forme ἔτr̥πον, mais ici c’est une liquide précédant l’e qui s’est transformée en sonante.

Aoriste thématique redoublé. Il n’est pas certain que les aoristes causatifs du sanskrit soient immédiatement comparables aux aoristes grecs redoublés. Mais il existe d’autres aoristes indiens, moins nombreux, qui coïncident exactement avec les formes grecques : ici encore l’a (e) est invariablement expulsé.

Racines des formes A et C :

skr. sać : á-sa-çć-a-t[8] gr. σεπ : ἑ-σπ-έ-σθαι
pat : á-pa-pt-a-t κελ : ἐ-κέ-κλ-ε-το
ϕεν : ἔ-πε-ϕν-ον
τεμ : ἔ-τε-τμ-ον

Racines de la forme B, avec i, u pour coefficient sonantique :

skr. tveš : á-ti-tviš-a-nta gr. πειθ : πε-πιϑ-έ-σθαι
πευθ : πε-πυϑ-έ-σθαι

Et enfin avec une liquide pour coefficient sonantique :

skr. darh : á-da-dr̥h-a-nta gr. τερπ : τε-τάρπ-ε-το

M. Delbrück range une partie de ces formes indiennes dans le plus-que-parfait ; mais si l’on peut accéder sans réserves à sa manière de voir pour les formes sans voyelle thématique comme aģabhartana, on n’en sera que plus enclin à placer les premières sous la rubrique aoriste.

Parfait. Le parfait indo-européen affaiblissait la racine au pluriel et au duel de l’actif, et dans tout le moyen. Voy. en particulier Brugmann, Stud. IX 314. Ce mode de formation s’est conservé intact dans les langues ariennes.

Racines des formes A et C :

skr. sar : sa-sr-ús pat : pa-pt-ús

Devant les suffixes commençant par une consonne, certaines racines en r n’admettent pas l’i de liaison, et l’on a alors un comme dans ća-kr̥-má. Ce même i de liaison permet, chez les racines de la classe C, des formes telles que pa-pt-imá[9].

En arrivant aux racines de la forme B nous pouvons tout de suite mettre le gotique en regard de l’indien :

bhaugh : skr. bu-bhuģ-imá got. bug-um

et avec  :

vart : skr. va-vr̥t-imá got. vaurþ-um

Cf. got. baug = bubhóģa, varþ = vavárta.

En grec la forme du singulier a peu à peu empiété sur celle du pluriel ; dans les quelques restes de la formation primitive du pluriel actif (Curtius, Verb. II 169) nous trouvons encore ἐπέπιθμεν en regard de πέποιθα, ἔϊκτον en regard de ἔοικα, mais le hasard veut qu’aucun cas de n’ait subsisté[10]. Le moyen du moins s’est mieux conservé :

Racines de la forme A :

σπερ : ἔ-σπαρ-ται περ : πε-παρ-μένος
δερ : δε-δαρ-μένος στελ : ἔ-σταλ-μαι
ϕθερ : ἔ-ϕθαρ-μαι, cf. ἔ-ϕθορ-α
μερ : εἵ-μαρ-ται, et ἔ-μβρα-ται Hes. – cf. ἔ-μμορ-α

Il est superflu de faire remarquer encore ici que ἔ-ϕθαρ-μαι est à ϕθερ ce que ἔ-σσυ-μαι est à σευ.

Les langues italiques ont trop uniformisé la flexion verbale pour qu’on puisse s’attendre à retrouver chez elles l’alternance des formes faibles et des formes fortes. Mais il est fort possible que les doublets comme vertovorto proviennent de cette source. On ne doit pas attacher beaucoup d’importance à pepuli de pello, perculi de percello ; il y a peut-être là le même affaiblissement de la voyelle radicale que dans detineo, colligo, avec cette différence que l’influence du l aurait déterminé la teinte u au lieu d’i.

L’ombrien possède, en regard de l’impératif kuvertu, le futur antérieur vurtus – prononcé sans doute vortus – formé sur le thème faible du parfait. Sur les tables en écriture latine on a covertu et covortus. Si l’on était certain que covortuso fût un parfait (v. Bréal, Tables Eugubines, p. 361), cette forme serait précieuse. Seulement il ne faut pas perdre de vue que sur sol italique vort- représente aussi bien vart- que vr̥t-, en sorte que toutes ces formes ont peut-être pour point de départ le singulier du parfait, non pas le pluriel ; elles n’en restent pas moins remarquables. Autre exemple : persnimu, pepurkurent.

Présent. Dans la 2e et la 3e classe verbale, au présent et à l’imparfait, la racine ne conserve sa forme normale qu’aux trois personnes du singulier de l’actif ; le duel, le pluriel et tout le moyen demandent l’expulsion de l’a : ainsi, en sanskrit, pour ne citer que des racines de la forme A :

e fait i-más kar fait kr̥-thás (véd.)
ho ǵu-hu-más par pi-pr̥-más

En grec πίμ-πλα-μεν correspond exactement à pi-pr̥-más; cette forme, en effet, n’appartient point à une racine πλᾱ qui serait la métathèse de πελ, autrement les Doriens diraient πίμπλᾱμι. L’η panhellène indique au contraire que πίμπλημι est une transformation récente de *πίμπελμι = skr. píparmi[11].

La racine φερ prend la forme πι-φρα- (dans πιφράναι) qui est égale au skr. bi-bhr̥- (bibhr̥más). Les traces nombreuses de l’ε, par exemple dans φρές (Curtius, Stud. VIII 328 seq.), nous garantissent que la racine était bien φερ, non φρᾱ.

Les autres formations du présent n’offrant dans les langues d’Europe que des traces incertaines de , il n’y aurait pas grand avantage à les passer en revue. Rappelons seulement le latin po(r)sco identique à l’indien pr̥ććhā́mi. Si la racine est bien prak, le est né ici de la même manière que dans ἔτραπον de τρέπω. Pour comparer ces deux présents, il faut partir de l’idée que posco est bien le descendant direct de la forme indo-européenne, exempt de toute contamination venant des autres formes verbales, et une telle supposition aura toujours quelque chose de périlleux, étant donnée l’habitude des dialectes italiques de passer le niveau sur le vocalisme de la racine et de propager une seule et même forme à travers toute la flexion. Mais, dans le cas de posco, c’est sans doute précisément la forme du présent qu’on a généralisée de la sorte. – Avec les mêmes réserves, on peut rapprocher horreo et torreo, ce dernier dans le sens intransitif seulement, des présents indiens hŕ̥šyati et tŕ̥šyati[12] ; ces deux racines montrent l’e dans les formes grecques non affaiblies : χέρσος, τέρσομαι.

b. formations nominales.

Dans les langues ariennes, le participe passé passif en -tá rejette régulièrement l’a radical, si cela est possible, c’est-à-dire si la racine est de la forme A ou B (page 9). Ainsi en sanskrit yo donne yu-tá, en zend dar donne dĕrĕ-ta, etc. À la dernière forme citée correspond exactement le grec δαρ-τό ou δρα-τό de δέρω, et l’on a de même σπαρτός de σπερ, καρτός de κερ, (πάμ-)φθαρτος de φθερ.

Dans φερτός, dans ἄ-δερκτος et dans les autres adjectifs semblables, il faut voir des formations récentes. C’est ainsi, pour ne citer que cet exemple entre cent, qu’à côté de l’ancien πύσ-τι-ς = skr. buddhi, nous voyons apparaître πεῦσις, formé à nouveau sur l’analogie de πεύθομαι.

La racine de σπάρτον (câble) est σπερ, comme on le voit par σπεῖρα.

βλαστός = skr. vr̥ddhá montre aussi un λα fort régulier ; mais comme ce participe a perdu son présent, notre principal moyen de contrôle, savoir l’ε des formes congénères, nous fait ici défaut.

Le latin a pulsus de pello, vulsus de vello, perculsus de per-cello, sepultus de sepelio.

M. Fick identifie curtus – qui paraît être sorti de *cortus – au grec καρτός.

pro-cul rappelle vivement l’indien vi-pra-kr̥š-ṭa (éloigné), pra-kr̥š-ṭa (long, grand, en parlant d’une distance) ; il faudrait alors la ramener à un cas du thème *proculsto-[13]. recello et procello ont d’ailleurs un sens voisin de celui du skr. karš, mais comme verro s’en approche encore davantage, toute cette combinaison est sujette à caution.

On a comparé l’ancien mot forctus (Corssen, Ausspr. I² 101) au skr. dr̥ḍhá de darh.

L’étymologie porta a portando étant difficile à accepter, porta doit être un participe de la racine per (d’où gr. πείρω, διαμπέρες), et il équivaudrait à une forme grecque *παρτή.

Le gotique a les participes þaurft(a)-s, daurst(a)-s, faurht(a)-s, handu-vaurht(a)-s, skuld(a)-s.

L’adjonction du suffixe -ti nécessite également l’expulsion de l’a (e) radical. Nous ne citons que les cas où cette loi a donné naissance au  :

Les exemples abondent dans les langues d’Asie : skr. bhr̥-tí, zend bĕrĕ-ti de la racine bhar, et ainsi de suite.

Le grec a κάρ-σις de κερ. Hésychius donne : ἀγαρρίς· ἄθροισις (l’accent paraît être corrompu) qui doit remonter à *ἄγαρσι-ς de ἀγείρω. – στάλ-σις de στελ est d’une époque tardive.

Le gotique forme sur bairan : ga-baurþ(i)-s, sur tairan : ga-taurþ(i)-s ; de même þaurft(i)-s, fra-vaurht(i)-s.

Le latin fors (thème for-ti-) de fero coïncide avec le skr. bhr̥tí. – mors est l’équivalent du skr. mr̥ti, seulement le présent morior et le grec βροτός montrent que l’o est répandu par toute la racine et recommandent donc la prudence.

sors, pour *sorti-s, paraît être sorti de la même racine ser qui a donné exsero, desero, praesertim[14]. Le mot serait donc à l’origine simplement synonyme d’exsertum.

Si les adverbes en -tim dérivent, comme on le pense, de thèmes nominaux en -ti, il faut citer ici l’ombrien trah-vorfi = transversim ; cf. covertu.

Le suffixe -ú demande, dans la règle, l’affaiblissement de la racine. En dehors des langues ariennes, le ainsi produit se reflète encore fidèlement dans l’adjectif gotique :

þaursus (rac. þers) = skr. tr̥šú

Nous insistons moins sur les adjectifs grecs :

βραδύς = skr. mr̥dú[15]
πλατύς = skr. pr̥thú
Le lituanien platùs donnerait à croire que le λα de πλατύς est originaire, car dans cette langue on attendrait il comme continuation du . En tous cas on aimerait trouver parallèlement à πλατύς, βραδύς des formes contenant l’e[16].

Lorsque les racines des classes A et B (page 9) sont employées sans suffixe comme thèmes nominaux, elles expulsent leur a (en Europe leur e). Sous cette forme elles servent fréquemment en composition :

skr. bhed : pūr-bhíd   darç : saṃ-dŕ̥ç

Tel est, en grec, l’adverbe ὑπό-δρα(κ) de δερκ. Cf. pour la fonction comme pour la forme le skr. ā-pr̥k « mixtim ».

Voici enfin quelques mots, de différentes formations, qui renferment un  :

Skr. hŕ̥d « cœur » = lat. cord-. Le grec καρδία, κρᾰδίη se place à côté de la forme indienne hr̥dí. – Le got. hairto, le grec κῆρ (= κερδ ? Curtius, Grdz. 142) offrent une forme non affaiblie de la racine.

Skr. ŕ̥kša « ours » = gr. ἄρκτος = lat. ursus (*orcsus).

Le lat. cornua au pluriel répond peut-être exactement au védique çŕ̥ṅgā ; il serait donc pour *corṅgua. Dans cette hypothèse le singulier ne serait pas primitif. Le got. haurn, dans la même supposition, remonterait à *haurṅg, et la flexion se serait dirigée d’après la forme du nom. -accus. où la gutturale devait facilement tomber[17].

Le rapprochement du grec τράπελος avec le skr. tr̥prá, tr̥pála (Fick, W. I³ 96) demeure très incertain.

κάρχαρος « hérissé » (cf. κάρκαρος) fait penser au skr. kr̥ććhrá « âpre, pénible etc. ».

Le lat. furnus « four » sort de fornus = skr. ghr̥ṇā́ « ardeur ».

κελαινός « noir », ramené à *κ(ε)λασνyο-ς, devient le proche parent du skr. kr̥šṇá (même sens)[18].

λαυκᾰνίη « gosier » est pour *σλακϝαν-ίη, amplification du thème sŕ̥kvan, qui signifie en sanskrit coin de la bouche ; le thème parent srákva a suivant Böhtlingk et Roth le sens général de bouche, gueule.[19] L’épenthèse de l’u dans le mot grec a des analogies sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. Chez des auteurs post-homériques on trouve aussi λευκανίη.

ε-ὐλακα (lacon.) « charrue », α-ὖλακ-ς « sillon » répondent, d’après l’étymologie de M. Fick, au védique vŕ̥ka « charrue ».

Le lat. morbus est sans doute parent du skr. mŕ̥dh « objet hostile, ennemi », mais la différence des thèmes ne permet pas d’affirmer que l’or du mot latin soit sorti de .

ταρτημόριον· τὸ τριτημόριον Hes. Cf. skr. tr̥tī́ya.

Gr. πράσον = lat. porrum contient sans doute aussi le .

Si l’on fait abstraction des formations courantes, comme les substantifs grecs en -σι-ς, dans lesquelles la voyelle du présent devait inévitablement pénétrer peu à peu, les exceptions à la loi de correspondance énoncée en commençant sont peu nombreuses.

Les cas tels que γέλγις – gr̥ńǵana, merdamŕ̥d, ou περκνός – pŕ̥çni n’entrent pas en considération, vu que les thèmes ne sont pas identiques ; à côté de περκνός nous trouvons d’ailleurs πρακνός (Curt., Grdz. 275). – δειράς (dor. δηράς) « crête de montagne » a été rapproché de skr. dr̥šád « pierre », mais à tort, car δειράς ne saurait se séparer de δειρή.

L’identification de Φλέγυς avec bhŕ̥gu (Kuhn, herabk. des feuers) est séduisante, mais elle ne peut passer pour parfaitement sûre.

Au skr. kŕ̥mi répond presque sans aucun doute, et très régulièrement pour ce qui est du , le got. vaurms ; mais le gr. ἕλμις, le lat. vermis montrent e. La forme de ce mot a du reste une instabilité remarquable dans son consonantisme[20] aussi bien que dans la voyelle radicale : l’épel krimi est très fréquent en sanskrit, et λίμινθες· ἕλμινθες· Πάφιοι (Hes.) nous donne la forme correspondante du grec.

2. Syllabes suffixales.

Les noms de parenté et les noms d’agent en -tar expulsent, aux cas faibles, l’a du suffixe qui se réduit à -tr, ou, devant les désinences commençant par une consonne, à -tr̥. De là :

gr. πα-τρ-ός, lat. pa-tr-is : cf. skr. pi-tr-á
et avec  :  gr. πα-τρά-σι = skr. pi-tŕ̥-šu.

cf. Brugmann, Zur Gesch. der stammabstufenden Declinationen, Studien IX 363 seq. On a de même : μητράσι, ἀνδράσι, ἀστράσι etc.

Le mot en -ar est-il le premier membre d’un composé, il faut attendre la forme faible, comme dans l’indien bhrātr̥-varga. Peut-être en grec ἀνδρά-ποδο-ν est-il, comme le prétend M. Brugmann, un dernier échantillon de ce mode de formation.

Au nom. -acc. sing. de certains neutres apparaît un suffixe -r̥ ou -r̥-t qui a donné skr. yákr̥t = gr. ἧπαρ = lat. jecur (probablement pour *jequor). Cependant tous les neutres grecs en -αρ ne remontent pas à une forme en  : οὖθαρ par exemple, répond au védique ū́dhar, et son α n’est point anaptyctique.

§ 2. Nasales sonantes.

Tandis que la liquide sonante s’est maintenue du moins dans l’antique langue de l’Inde, les nasales sonantes ont entièrement disparu, comme telles, du domaine indo-européen[21]. Il y a plus : la liquide, en cessant d’être sonante, n’a point du même coup cessé d’exister ; elle s’est bornée à prendre la fonction de consonne. Autre a été le sort des nasales, soit dans le grec, soit dans les langues ariennes : en donnant naissance à un phonème vocalique, elles ont elles-mêmes succombé, et, pour mettre le comble à la complication, le phonème en question est venu se confondre avec l’a.

Cet a n’a rien qui le fasse distinguer de prime abord dans le sanskrit ni dans le zend. En grec on peut heureusement le reconnaître plus facilement, parce qu’il se trouve souvent opposé à un ε radical (τείνω — τατός).

Dans les langues congénères la nasale s’est conservée ; en revanche, la voyelle qui s’est développée devant elle a pris, dans plusieurs de ces idiomes, la couleur de l’e ; et il est souvent impossible de savoir si le groupe en remplace réellement une nasale sonante.

Le travail où M. Brugmann a exposé sa théorie offre des matériaux considérables à qui est désireux d’étudier la question ; mais il convient de rassembler ici les principaux faits dont il s’agit, en les plaçant dans le cadre qui nous a servi pour les phénomènes relatifs aux liquides. Les deux séries se complètent et s’éclairent ainsi l’une l’autre.

Voici les différents phonèmes qui sont sortis des nasales sonantes :

(Indo-eur. [ń̥] ) (Indo-eur. [ń̥] )
Arien[22] a a Latin en em
Grec α α Paléosl. ę ę
Got. un um Lituan. in im

Les nasales sonantes ont pu prendre naissance de deux manières : ou par la chute d’un a, comme c’est toujours le cas pour les liquides sonantes ; ou par l’adjonction à un thème consonantique d’une désinence commençant par une nasale. Nous considérons d’abord le premier cas.

1. Syllabe radicale.
a. formations verbales.

Aoriste thématique (cf. page 10). L’indien randh « tomber aux mains de » a un aoriste á-radh-a-t, lequel sort de *a-rn̥dh-a-t, à supposer du moins que la racine soit bien randh, et non radh.

On voit ici dès l’abord le contraste des conceptions, suivant qu’on croit ou non à la nasale sonante. Jusqu’ici on regardait la nasale d’une racine telle que randh comme un élément mobile rejeté dans la forme faible. Avec la théorie nouvelle c’est au contraire l’a qui a été rejeté, en concordance parfaite avec ce qui a été développé plus haut, et l’a que nous voyons, l’a de áradhat, équivaut à une nasale, car il est fait de la substance même de cette nasale évanouie. Si le hasard avait voulu que ce fût un u et non un a qui se développât dans les langues ariennes sur la nasale sonante, l’aoriste en question serait « árudhat ».

Le grec est là pour en donner la preuve irréfragable, car chez lui la monotonie de l’a cesse et le dualisme se révèle dans les deux teintes ε et α :

La racine πενθ donne l’aoriste : ἔ-παθ-ον.[23]

L’aoriste thématique redoublé ne fournit aucun exemple grec. En sanskrit on peut citer le védique ća-krad-a-t de krand[24].

L’aoriste sans voyelle thématique qui coïncide pour la forme avec l’imparfait de la 2me classe verbale[25] n’a pas été mentionné plus haut à propos des liquides, parce qu’il n’offrait aucun cas de en Europe. — Le singulier de l’actif conserve l’a (e). Le reste de l’actif ainsi que tout le moyen l’expulsent ; on a donc en sanskrit :

 1º Racines de la forme A (page 9) :
çro : á-çrav-[a]m ; á-çrot çrutám
var : á-var(-s) á-vr̥-ta
et avec nasale sonante dans la forme faible :
gam : á-gan(-t) ga-tám
 2º Racines de la forme B[26] :
doh : á-dhok-(t) á-duh-ran
varǵ : vârk(-s) á-vr̥k-ta

M. Brugmann me fait part d’une explication très ingénieuse des aoristes grecs comme ἔχευα, ἔσσευα qui jusqu’alors avaient résisté à toute analyse. Ce sont les formes de l’actif correspondant aux aoristes moyens comme ἐχύμην, ἐσσύμην. La flexion primitive était : ἔχευα (pour ἔχευ), *ἔχευς, *ἔχευ(τ) ; — pluriel *ἔχυμεν etc. ; — moyen ἐχύμεν. Comme au parfait, l’α de la première personne ἔχευα s’est propagé par tout l’actif, et l’ancien pluriel à syllabe radicale faible s’est retiré devant des formes forgées sur le modèle du singulier (ἐχεύαμεν). Cet *ἔ-χυ-μεν qui n’existe plus et qui est à ἔχευα ce qu’en sanskrit *á-çru-ma est à á-çrav-am a son analogue parfait, avec nasale sonante, dans la forme ἔ-κτᾰ-μεν (rac. κτεν) : seulement, dans ce dernier aoriste, c’est le singulier qui a subi des changements sous l’influence du pluriel : *ἔ-κτεν-α, *ἔ-κτεν(-τ) ont été remplacés par ἔκταν, ἔκτᾰ. — Dans κτά-μεναι, κτά-σθαι, κτά-μενος, ἀπ-έ-κτα-το l’α doit être sorti directement de la sonante. — M. Curtius (Verb. I²192) fait remarquer que l’hypothèse d’une racine κτα est inadmissible.

Parfait (cf. page 12). Les racines de la forme A présentent encore en grec des restes du parfait primitif tels que :

μέ-μα-τον ; cf. sing. μέ-μον-α de μεν
γε-γά-την ; cf. pf. sg. γέ-γον-α de γεν

et au moyen :

τέ-τα-ται de τεν   πέ-φα-ται de φεν[27]

Dans les formes indiennes, la voyelle de liaison a permis à la nasale de rester consonne : ǵa-gm-imá, ta-tn-išé. Le participe sa-sa-ván (de san) offre la sonante ; cf. cependant ce mot au registre.

Dans les racines de la forme B on peut citer avec M. Brugmann : skr. tastámbha, 3e pl. tastabhús (c’est-à-dire tastm̥bhús) ; ćaććhánda a un optatif ćaććhadyát. En grec on a πεπαθυῖα en regard de πέπονθα (rac. πενθ) ; M. Brugmann, adoptant en outre une leçon d’Aristarque, obtient : πέ-πασθε (= πέ-παθ-τε) au lieu de πέποσθε Iliad. 3, 99 et pass. — Cf. cependant notre remarque sur ἔπαθον, p. 20 i. n.

Le got. bund-um (rac. bend) est naturellement pour bn̥dum, et tous les verbes gotiques de cette classe présentent semblablement la sonante au parf. pluriel et duel.

Présent. Dans la 2e classe verbale (cf. page 14) on peut signaler en grec (ἔ)ραμαι ramené à ῥ-μαι dans un récent article de M. Brugmann K. Z. XXIII 587 ; la racine est la même que dans l’indien rámati « se plaire, etc. » En sanskrit nous trouvons par exemple : hán-ti, 2e plur. ha-thás, c’est-à-dire hn̥-thás.

La 8e classe verbale fera l’objet d’un prochain travail de M. Brugmann, où il montrera que tanómi, vanómi etc., sont pour tn̥-nó-mi, vn̥-nómi. Aussi le grec montre-il l’alpha significatif dans τά-νυ-ται de la racine τεν, dans ἄ-νυ-ται de la rac. ἑν[28]. Cela est dans l’ordre, puisqu’on a, de la rac. kai : ći-nómi, de la rac. dhars : dhr̥š-ṇómi et non pas : « će-nomi, dharš-ṇómi[29] ».

La classe des inchoatifs ajoute -ska à la racine privée d’a : skr. yú-ććhati de yo, uććhati de vas. Il est clair par conséquent que yá-cchati de yam, gá-ććhati de gam ont la nasale sonante, et il n’y a pas de raison de croire que le grec βά-σκω soit formé différemment, bien qu’il puisse venir de la racine sœur βᾱ.

b. formations nominales.

Le suffixe -tá (cf. page 15) donne les thèmes suivants :

de tan (ten) : skr. ta-tá = gr. τα-τός = lat. ten-tus
de gam (gem) : skr. ga-tá = gr. βα-τός[30] = lat. ven-tus
de man (men) : skr. ma-tá = gr. μα-τος[31] = lat. mentus²
de ghan (ghen) : skr. ha-tá = gr. φα-τός[32]
de ram (rem) : skr. ra-tá = gr. ἐρα-τός (= lat. lentus ?)

Ces formes indiennes auxquelles il faut ajouter yatá de yam, natá de nam, kšatá de kšan, et qui se reproduisent dans le zend et l’ancien perse (zd. gata « parti », a. p. ǵata « tué » etc.) appartiendraient suivant Schleicher, Beiträge II 92 seq., à des racines en , et l’auteur s’en sert pour démontrer la théorie qu’on connaît ; mais comment se ferait-il que ce fussent précisément là les seuls cas d’un a sanskrit terminant une racine et que dans tous les exemples où la nasale n’est pas en jeu, on trouve i ou ī dans les mêmes participes : sthitá, pītá ? On peut dire tout au contraire que cet a porte en lui-même la preuve de son origine nasale.

Les thèmes en -ti (cf. page 16) sont tout semblables aux précédents : skr. tati = gr. τάσις, cf. lat. -tentio ; kšati (de kšan) a pour parallèle grec l’homérique ἀνδρo-κτασίη (de κτεν). Le skr. gáti, le gr. βάσις et le got. (ga-)qumþ(i)s se réunissent de même dans l’indo-européen gm̥-ti. Le got. (ga-)mund(i)s répond au véd. mati (skr. classique máti), au lat. men(ti)s[33].

Thèmes en -ú (cf. page 16). L’identité de l’ind. bahú et du gr. παχύς (bahulá = παχυλός) s’impose avec non moins de force que le rapprochement de pinguis avec παχύς que l’on doit à M. Curtius. On est obligé d’admettre la réduction de la première aspirée ph dans la période antéhistorique, où l’italique n’avait pas encore converti les aspirées en spirantes, et ceci n’est point sans doute un cas unique dans son genre. Or pinguis pour penguis nous prouve que l’a de bahú et de παχύς représente une nasale sonante. Le superlatif skr. báṃh-išṭha en offrait du reste la preuve immédiate.

Le skr. raghú, laghú = gr. ἐλαχύς contient également la nasale sonante, à en juger par les mots parents skr. ráṃhas et ráṃhi. Donc le latin lĕvis est pour *leṅhuis, *leṅuis ; les traitements divers de pinguis et de levis n’ont d’autre raison que la différence des gutturales (gh₁ et gh₂ : bahú, raghú). La discordance du vocalisme dans levis vis-à-vis d’ἐλαχύς est supprimée. Le lit. lèngvas, le zd. reñǵya confirment l’existence de la nasale. Enfin, pour revenir au skr. raghú, l’a de ce mot ne s’explique que s’il représente une nasale sonante, autrement il devait disparaître comme dans r̥ǵú (superl. ráǵišṭha) et dans les autres adjectifs en .

Le lat. densus indique que δασύς est pour δσύς.

L’affaiblissement de la syllabe radicale devant le suff. se vérifie encore dans βαθύ-ς, de la racine βενθ dont la forme pleine apparaît dans βένθ-ος. Ici cependant, comme plus haut pour παθεῖν, on peut être en doute sur la provenance et par conséquent aussi sur la nature de l’α : car à côté de βενθ on a la rac. βᾱθ sans nasale. Ces sortes de doublets nous occuperont dans un prochain chapitre.

Thèmes de diverses formations :

Skr. así = lat. ensis. Skr. vastí et lat. ve(n)sīca.

Le got. ūhtvo (c.-à-d. *unhtvo) « matin » répond, comme on sait, au védique aktú « lumière », auquel on a comparé aussi le grec ἀκτις « rayon ».

Le gr. πάτο-ς « chemin » doit remonter à *πτο-ς, vu la nasale du skr. pánthan, gén. path-ás (= pn̥th-ás).

Le thème n̥dhara (ou peut-être m̥dhara) « inferior » donne l’indien ádhara, le lat. inferus, le got. undaro.

M. Scherer (Z. Gesch. der deutsch. Spr., p. 223 seq.), parlant des thèmes des pronoms personnels, se livre à des conjectures dont M. Leskien a fait ressortir le caractère aventureux (Declination, p. 139) ; sur un point cependant le savant germaniste a touché juste sans aucun doute : c’est lorsqu’il restitue pour le pluriel du pronom de la 1e personne un thème contenant une nasale devant l’s : amsma, ansma. Ce n’est pas que les raisons théoriques de M. Scherer soient convaincantes ; mais le germanique uns, unsis ne s’explique que de cette façon. Au lieu de amsma ou ansma, il faut naturellement m̥sna ou n̥sma, d’où sortent avec une égale régularité le got. uns, le skr. asmád, le grec (éol.) ἄμμε = *ἀσμε.

Plusieurs cas d’une nature particulière, celui du nom de nombre cent par exemple, trouveront leur place dans un autre chapitre[34].

2. Syllabes suffixales.

La flexion des thèmes en -an (-en), -man (-men), -van (-ven) demande un examen détaillé qui trouvera mieux sa place dans un chapitre subséquent. Il suffit ici de relever ce qui a trait à la nasale sonante : dans la langue mère, le suffixe perdait son a aux cas dits faibles et très faibles. Dans ces derniers, la désinence commence par une voyelle et la nasale restait consonne ; aux cas « faibles » au contraire elle était obligée de prendre la fonction de voyelle, parce que la désinence commence par une consonne. Là est toute la différence. On a en sanskrit, du thème ukšán :

gén. sing. ukšṇ-ás instr. pl. ukšá-bhis (= ukšn̥-bhis)
dat. sing. ukšṇ-é loc. pl. ukšá-su (= ukšn̥-su)

Le grec fait au gén. sing. : ποιμένος, au dat. plur. : ποιμέσι, tous deux hystérogènes. Les anciennes formes ont dû être *ποιμν-ός et *ποιμᾰ-σi. Il a subsisté quelques débris de cette formation : κυ-ν-ός du thème κυ-ον, φρ-ᾰ-σί (Pindare) du thème φρ-εν. V. Brugmann, Stud. IX 376.

Au nom.-acc. sing. des neutres en -man, l’a final de skr. nā́ma, zd. nãma, gr. ὄνομα[35] est sorti, aussi bien que l’ę du slave imę et l’en du lat. nōmen, d’une nasale sonante indo-européenne. Morphologiquement, c’est ce que font conclure toutes les analogies, ainsi celle de l’ind. dātŕ̥ au nom.-acc. neutre ; phonétiquement, c’est la seule hypothèse qui rende compte de l’absence de la nasale dans les deux premières langues citées. – Voilà la première fois que nous rencontrons une nasale sonante à la fin du mot, et le cas mérite une attention spéciale. Si simple que la chose paraisse à première vue, elle ne laisse pas que d’embarrasser quelque peu, aussitôt qu’on considère le mot dans son rôle naturel de membre de la phrase. L’indien dātŕ̥, qui vient d’être cité, placé devant un mot commençant par une voyelle, comme api, donnerait, d’après les règles du sandhi : dātrapi. En d’autres termes, le dātr̥ du paradigme n’a de réalité que suivi d’une consonne ou finissant la phrase ; devant les voyelles il n’y a que dātr. Et cependant (ce qui veut dire : r doué d’accent syllabique) peut fort bien se maintenir devant les voyelles. C’est ainsi que la phrase anglaise: the father is se prononcera couramment : the fathr̥ is, non pas : the fathr is[36]. Il en est de même de dans l’allemand siebn̥-und-zwanzig (sieben-und-zwanzig).

Un mot indo-européen comme stāmn (nom.-acc. de stāman- = skr. sthāman-[37]) a donc pu faire à la rencontre d’une voyelle, devant api par exemple : stāmn‿api – ou bien stāmn̥‿api (cf. note 2). Se décider pour la première alternative serait peut-être admettre implicitement qu’on disait madhw api et non madhu api, c’est-à-dire faire remonter la règle de sandhi sanskrite relative à i et u devant les voyelles, du moins dans son principe[38], jusqu’à la période proethnique ; et l’usage védique ne parlerait guère en faveur de cette thèse. Nous n’entrerons pas ici dans la discussion de ce point, parce que nous croyons que l’hypothèse : stāmn̥‿api est en effet la plus probable ; mais qu’on veuille bien comparer plus loin ce qui a rapport à l’accusatif singulier des thèmes consonantiques. – On a donc dans la phrase indo-européenne : stāmn̥‿tasya et stāmn̥‿api.

A l’époque où la nasale sonante devint incommode à la langue, époque où Hindous et Iraniens parlaient encore un même idiome, l’ancien stāmn̥‿tasya devint nécessairement stāma‿tasya, skr. sthāma‿tasya. Placé à la fin de la phrase, stāmn̥ devait également donner stāma. Quant à stāmn̥‿api, son développement normal a dû être, en vertu du dédoublement dont il a été question : stāma-n-api. Cette dernière forme a péri : il y a eu unification comme dans une foule de cas analogues pour lesquels il suffit de citer les récents travaux de M. Curtius : Zu den Auslautsgesetzen des Griechischen, Stud. X 203 seq. et de M. Sievers dans les Beiträge de Paul et Braune V 102.

Dans le grec et le slave la marche de cette sélection a dû être à peu de chose près la même que dans les langues ariennes.

Flexion des neutres en -man, dans la langue grecque. – La flexion grecque (ὀνόματος, -ματι etc.) présente partout la nasale sonante grâce à la création d’un thème en -τ difficile à expliquer. Il faut naturellement mettre cette déclinaison en regard de celle de ἧπαρ, ἥπατος. ὀνόματος répond au skr. nā́mnas, ἥπατος au skr. yaknás ; et pour ce qui est de cette dernière classe de thèmes, nous pouvons être certains, quelle que soit l’origine du τ grec, que la déclinaison indienne yákr̥t, yaknás, qui ne connaît l’r qu’au nom.-acc. sing. reflète fidèlement celle de la langue mère[39].

Mais quant à savoir si l’insertion du τ est partie des thèmes en -μα, ou des thèmes en -αρ, ou si elle s’est développée de pair sur les deux classes de thèmes, sans qu’il y ait eu de contamination entre elles, c’est une question qui peut se trancher de plusieurs façons, sans qu’aucune solution soit bien satisfaisante.

Voici quelques points à considérer dans la discussion des probabilités :

1º Les langues parentes possèdent un suffixe -mn̥-ta, élargissement du suff. -man ; en latin par exemple ce suffixe a donné augmentum, cognomentum. Ce suffixe manque en grec. – Un suffixe -n̥-ta parallèle à un neutre grec en -αρ, -ατος existe probablement dans le lat. Oufens (masc), Oufentina : cf. οὖθαρ, -ατος. Car Oufens remonte à *Oufento-s.

2º Le t qui se montre au nom.-acc. du skr. yákr̥-t pourrait bien malgré tout avoir joué un rôle dans le phénomène. On aurait un parallèle frappant dans le lat. s-an-gu(-en) en regard du sanskrit ás-r̥-g, g. as-n-ás[40] ; là nous voyons clairement l’élément consonantique ajouté au du nom.-acc. se propager sur le thème en -n. D’autre part il y a quelque vraisemblance pour que la dentale de yákr̥t (yakr̥d) ne soit autre que celle qui marque le neutre dans les thèmes pronominaux[41] ; dans ce cas c’est en réalité un d, et il n’y a plus à s’en préoccuper dans la question du τ grec.

3º Dans le cas où l’insertion du τ serait partie des thèmes en -αρ, il est remarquable que le nom.-acc. de mots en -μα ait subi lui aussi un métaplasme venant de ces thèmes, car les formes ἧ-μαρ, τέκ-μαρ, τέκ-μωρ n’ont point d’analogue dans les langues congénères. Il est vrai que, selon l’étymologie qu’on adoptera, il faudra peut-être diviser ainsi : ἧμ-αρ, τέ-κμ-αρ, τέ-κμ-ωρ.

4º Les thèmes neutres δουρατ, γουνατ, qui, dans la plus grande partie de la flexion, remplacent δόρυ, γόνυ, sont peut-être au skr. dā́ru-ṇ(-as), ǵā́nu-n(-as) ce que ὀνοματ est au skr. nā́mn(-as). Ceci, sans vouloir préjuger la valeur morphologique de la nasale de dāru-ṇ-, et surtout sans insister sur le choix de ces deux thèmes en u dont la flexion primitive soulève une foule d’autres questions.

5º Même en sanskrit, certaines formes faibles de thèmes terminés en an s’adjoignent un t ; ainsi yuvatí (= yuvn̥ti) à côté de yūnī, tous deux dérivés de yuvan-. A son tour l’indien yuvatí nous remet en mémoire la formation grecque : *προφρτyα, πρόφρασσα, féminin de προφρον-. Cf. encore yúvat pour *yúva au neutre, forme qui comporte aussi une autre explication (p. 28, note 2), et varimátā, ŕ̥kvatā, instrumentaux védiques de varimán, ŕ̥kvan.

6º Les mots paléoslaves comme žrěbę, gén. žrěbęt-e « poulain », telę telęt-e « veau » etc. ont un suffixe qui coïncide avec l’ατ- du grec dans une forme primitive -n̥t. Seulement ces mots sont des diminutifs de formation secondaire, et le grec n’a peut-être qu’un seul exemple de ce genre, l’homérique προσώπατα qui semble être dérivé de πρόσωπο-ν. On peut conjecturer néanmoins que les formes slaves en question sont bien la dernière réminiscence des thèmes comme ἧπαρ, -ατος et yákr̥t, -nás. D’après ce qui a été dit plus haut, le nom.-acc. en ne pourrait qu’être récent ; nous trouvons semblablement en latin le nom.-acc. : ungu-en, en grec : ἄλειφα à côté d’ἄλειφαρ.

Voilà quelques-uns des rapprochements qui se présentent à l’esprit dans la question de l’origine du τ dans les suffixes -ατ et -ματ. Nous nous abstenons de tout jugement ; mais personne ne doutera, en ce qui concerne l’α, qu’il ne soit le représentant d’une nasale sonante.

A côté de skr. nā́ma se placent, sous le rapport du traitement de la nasale sonante finale, les noms de nombre suivants :

saptá = lat. septem, got. sibun, gr. ἑπτά
náva = lat. novem, got. niun, gr. ἐννέα
dáça = lat. decem, got. taihun, gr. δέκα

C’est là la forme du nomin.-accusatif, la seule qui donne matière à comparaison. A la question : « quels sont les thèmes de ces noms de nombre ? » la grammaire hindoue répond : saptan-, navan-, daçan-, et à son point de vue elle a raison, car un instr. pl. comme saptabhis ne se distingue en rien de la forme correspondante du thème nāman-, qui est nāmabhis. Cependant, si nous consultons les langues congénères, deux d’entre elles nous montrent la nasale labiale, le latin et le lituanien (dészimtis[42]), et ces deux langues sont les seules qui puissent éclairer la question, vu que le gotique convertit l’m final en n.

Seconde preuve en faveur de la nasale labiale. Le sanskrit termine ses noms de nombre ordinaux, de deux à dix, par -tīya, -tha ou -ma.[43] En omettant pour un instant l’adjectif ordinal qui correspond à páńća, et en mettant ensemble les formes dont le suffixe commence par une dentale, on a une première série composée de :
dvi-tī́ya ; tr̥-tī́ya, ćatur-thá, šaš-ṭhá,

et une seconde où se trouvent :

saptamá, ašṭamá, navamá, daçamá.

Dans les langues européennes la première formation est la plus répandue, et en gotique elle a complètement évincé la seconde. Il est encore visible néanmoins que les deux séries du sanskrit remontent telles quelles, à part les changements phonétiques, à la langue indo-européenne. En effet aucun idiome de la famille ne montre la terminaison -ma là où le sanskrit a -tha ou -tīya, tandis qu’à chaque forme de notre seconde série répond, au moins dans une langue, un adjectif en -ma : nous ne citons pas l’iranien, trop voisin du sanskrit pour changer beaucoup la certitude du résultat.

En regard de saptamá : gr. ἕβδομος, lat. septimus, boruss. septmas, paléosl. sedmŭ, irland. sechtmad.
En regard de ašṭamá : lit. aszmas, paléosl. osmŭ, irland. ochtmad.
En regard de navamá : lat. nonus pour *nomus venant de *noumos, v. Curtius, Grdz., p. 534.
En regard de daçamá : lat. decimus.

Donc les noms de nombre sept, huit, neuf et dix, et ceux-là seuls, formaient dans la langue mère des adjectifs ordinaux en -ma. Or il se trouve précisément que ces quatre noms de nombre[44], et ceux-là seuls, se terminent par une nasale. Ou bien il y a là un jeu singulier du hasard, ou bien la nasale des cardinaux et celle des ordinaux sont en réalité une seule et même chose ; en d’autres termes, pour autant qu’on a le droit de regarder les premiers comme bases des seconds, le suffixe dérivatif des ordinaux est -a, non pas -ma[45].

La nasale latente de saptá, identique à celle qui apparaît dans saptamá, est donc un m. Même conclusion, en ce qui concerne ašṭá, náva, dáça.

Nous revenons au nom de nombre cinq. Bopp (Gr. Comp. II, p. 225 seq. de la trad. française) fait remarquer l’absence de la nasale finale dans les langues européennes[46], ainsi que l’ε du grec πέντε en regard de l’α de ἑπτά, ἐννέα, δέκα « conservé par la nasale ». – « De tous ces faits, dit-il, on est tenté de conclure que la nasale finale de páńćan, en sanskrit et en zend, est une addition de date postérieure. » C’est trop encore que de la laisser aux langues ariennes : en effet, le gén. skr. pańćānā́m (zd. pañćanãm) serait tout à fait irrégulier s’il dérivait d’un thème en -an ; il est simplement emprunté aux thèmes en -a[47]. Les composés artificiels tels que priyapańćānas (Benfey, Vollst. Gr., § 767) n’ont aucune valeur linguistique, et les formes pańćábhis, -bhyas, -su ne prouvent rien ni dans un sens ni dans l’autre[48]. Ainsi rien ne fait supposer l’existence d’une nasale.

Les adjectifs ordinaux de ce nombre sont :

gr. πέμπτος, lat. quin(c)tus, (got. fimfta), lit. pènktas, paléosl. pętŭ, zd. puχδa, skr. véd. pańćathá.

Le nombre cardinal n’ayant pas la nasale finale, ces formations sont conformes à la règle établie plus haut. Si, à côté de pańćathá, le sanskrit – mais le sanskrit seul – nous montre déjà dans le Véda la forme pańćamá, c’est que, pour nous servir de la formule commode de M. Havet, étant donnés páńća et le couple saptá-saptamá, ou bien dáça-daçamá etc., l’Hindou en tira tout naturellement la quatrième proportionnelle : pańćamá.[49]

M. Ascoli, dans son explication du suftixe grec -τατο, prend pour point de départ les adjectifs ordinaux ἔνατος et δέκατος. Notre thèse ne nous force point à abandonner la théorie de M. Ascoli ; il suffit d’ajouter une phase à l’évolution qu’il a décrite et de dire que ἔνατος, δέκατος sont eux-mêmes formés sur sol grec à l’image de τρίτος, τέταρτος, πέμπτος. ἕκτος[50].

La valeur phonétique primitive de la terminaison -ama des formes sanskrites, et de ce qui lui correspond dans les autres langues, est examinée ailleurs.

Il n’était pas inutile pour la suite de cette étude d’accentuer le fait, assez généralement reconnu, que la nasale finale des noms de nombre est un m, non pas un n. La valeur morphologique de cet m n’est du reste pas connue, et en le plaçant provisoirement sous la rubrique syllabes suffixales nous n’entendons en aucune manière trancher cette obscure question.

Outre la flexion proprement dite, deux opérations grammaticales peuvent faire subir aux suffixes des variations qui engendreront la nasale – ou la liquide – sonante, savoir la composition et la dérivation. Ce sont elles que nous étudierons maintenant.[51]

C’est une loi constante à l’origine, que les suffixes qui expulsent leur a devant certaines désinences prennent aussi cette forme réduite, lorsque le thème auquel ils appartiennent devient le premier membre d’un composé. Brugmann K. Z. XXIV 10. Cf. plus haut p. 19.

Le second membre du composé commence-t-il par une consonne, on verra naître la sonante à la fin du premier. Les langues ariennes sont toujours restées fidèles à cette antique formation :

Cette forme en -a, qui ne se justifie que devant les consonnes, s’est ensuite généralisée de la même manière qu’au nomin.-acc. neutre : on a donc en sanskrit nāmāṅka au lieu de *nāmnaṅka. – açmāsyà de açman « rocher » et āsyà « bouche » est un exemple védique de cette formation secondaire ; c’est aussi le seul qui se trouve dans le dictionnaire du Rig-Véda de Graßmann[52], et l’on a simultanément une quantité de composés dont le premier membre est vŕ̥šan et qui offrent les restes du procédé ancien : vr̥šan composé avec áçva par exemple donne, non pas vr̥šāçva, mais vr̥šaṇaçvá, ce qu’il faut traduire : vr̥šn̥-n-açvá. D’après l’analogie des thèmes en -r (pitrartha de pitar et artha), on attendrait *vr̥šṇaçvá ; et nous retrouvons ici l’alternative formulée plus haut dans stāmn‿api, stāmn̥‿api. Peut-être que dans la composition il faut comme dans la phrase s’en tenir à la seconde formule, et que pitrartha doit en fait d’ancienneté céder le pas à vr̥šaṇaçva.

Dans les composés grecs dont le premier membre est un neutre en -μα, ὀνομα-κλυτός par exemple, on peut avec M. Brugmann (Stud. IX 376) reconnaître un dernier vestige de la formation primitive, à laquelle s’est substitué dans tous les autres cas le type ἀρρεν-ο-γόνος. Cf. p. 34 ἅπαξ et ἁπλόος.

Dérivation. Il va sans dire qu’ici comme partout ailleurs la sonante ne représente qu’un cas particulier d’un phénomène général d’affaiblissement ; qu’elle n’apparaîtra que si l’élément dérivatif commence par une consonne. Voyons d’abord quelques exemples du cas inverse, où le suffixe secondaire commence par une voyelle. Déjà dans le premier volume du Journal de Kuhn (p. 300), Ebel mettait en parallèle la syncope de l’a aux cas faibles du skr. rā́ǵan (gén. rā́ǵńas) et la formation de λίμν-η, ποίμν-η, dérivés de λιμήν, ποιμήν. M. Brugmann (Stud. IX 387 seq.) a réuni un certain nombre d’échantillons de ce genre qui se rapportent aux thèmes en -ar, et parmi lesquels on remarquera surtout lat. -sobrīnus = *-sosr-īnus, de soror. Cf. loc. cit. p. 256, ce qui est dit sur ὕμν-ο-ς, considéré comme un dérivé de ὑμήν.

L’élément dérivatif commence par une consonne :

Le suffixe -man augmenté de -ta devient -mn̥ta. Un exemple connu est : skr. çró-mata = v. haut-all. hliu-munt. Le latin montre, régulièrement, -mento : cognomentum, tegmentum etc.

Un suffixe secondaire -bha qui s’ajoute de préférence aux thèmes en -an sert à former certains noms d’animaux. Sa fonction se borne à individualiser, suivant l’expression consacrée par M. Curtius. Ainsi le thème qui est en zend arshan « mâle » n’apparaît en sanskrit que sous la forme amplifiée r̥ša-bhá (= r̥šn̥-bhá) « taureau ». De même : vŕ̥šan, vr̥ša-bhá. A l’un ou à l’autre de ces deux thèmes se rapporte le grec Εἰραφ-ιώτης, éol. Ἐρραφ-εώτης, surnom de Bacchus[53], v. Curtius Grdz. 344.

Le grec possède comme le sanskrit un assez grand nombre de ces thèmes en -n̥-bha, parmi lesquels ἔλ-αφο-ς est particulièrement intéressant, le slave j-elen-ĭ nous ayant conservé le thème en -en dont il est dérivé. M. Curtius ramène ἐλλός « faon » à *ἐλν-ό-ς ; ce serait une autre amplification du même thème el-en.

Les mots latins columba, palumbes, appartiennent, semble-t-il, à la même formation ; mais on attendrait -emba, non -umba.

Le skr. yúvan « jeune », continué par le suff. -ça, donne yuvaçá. A qui serait tenté de dire que « la nasale est tombée », il suffirait de rappeler le lat. juven-cu-s. Le thème primitif est donc bien yawn̥-ká. Le got. juggs semble être sorti de *jivuggs, *jiuggs ; cf. niun pour *nivun.

Skr. párvata « montagne » paraît être une amplification de párvan « articulation, séparation ». On en rapproche le nom de pays Παρρασία, v. Vaniček, Gr.-Lat. Et. W. 523.

Le thème grec ἑν- « un », plus anciennement *σεμ-, donne ἅ-παξ et ἁ-πλόος qui sont pour *σπαξ, σπλοος. La même forme sm̥- se retrouve dans le lat. sim-plex = *semplex et dans l’indien sa-kŕ̥t.

Dans le Véda, les adjectifs en -vant tirés de thèmes en -an, conservent souvent l’n final de ces thèmes devant le v : ómanvant, vŕ̥šaṇvant etc. Cela ne doit pas empêcher d’y reconnaître la nasale sonante, car devant y et w, soit en grec soit en sanskrit, c’est an et non pas a qui en est le représentant régulier[54]. C’est ce que nous aurions pu constater déjà à propos du participe parf. actif, à la page 22 où nous citions sasavā́n. Cette forme est seule de son espèce, les autres participes comme ǵaghanvā́n, vavanvā́n, montrant tous la nasale. sasavā́n lui-même répugne au mètre en plusieurs endroits ; Grassmann et M. Delbrück proposent sasanvā́n[55]. C’est en effet -anvā́n qu’on doit attendre comme continuation de -n̥wā́n, et -n̥wā́n est la seule forme qu’on puisse justifier morphologiquement : cf. çuçukvān, ćakvā́n. Le zend ǵaγnvāo est identique à ǵaghanvā́n.

La formation des féminins en constitue un chapitre spécial de la dérivation. Relevons seulement ceux que donnent les thèmes en -vant dont il vient d’être question : nr̥-vátī, re-vátī etc. Le grec répond par -ϝεσσα et non *-ϝασσα comme on attendrait. Homère emploie certains adjectifs en ϝεις au féminin : ἐς Πύλον ἠμαθόεντα, mais il ne s’en suit pourtant point que le fém. -ϝεσσα soit tout moderne : cela est d’autant moins probable qu’un primitif -ϝεντyα est impossible : il eût donné -ϝεισα. Mais l’absence de la nasale s’explique par le *-ϝασσα supposé, qui a remplacé son α par ε et qui, à part cela, est resté tel quel, se bornant à imiter le vocalisme du masculin.




Nous arrivons aux nasales sonantes des syllabes désinentielles, et par là au second mode de formation de ces phonèmes (v. page 20), celui où l’a, au lieu d’être expulsé comme dans les cas précédents, n’a existé à aucune époque. Il sera indispensable de tenir compte d’un facteur important, l’accentuation du mot, dont nous avons préféré faire abstraction jusqu’ici, et cela principalement pour la raison suivante, c’est que la formation des nasales – et liquides – sonantes de la première espèce coïncidant presque toujours avec un éloignement de la tonique, l’histoire de leurs transformations postérieures est de ce fait même à l’abri de ses influences.

Au contraire, la formation des nasales sonantes de la seconde espèce est évidemment tout à fait indépendante de l’accent ; il pourra donc leur arriver de supporter cet accent, et dans ce cas le traitement qu’elles subiront s’en ressentira souvent.

Nous serons aussi bref que possible, ayant peu de chose à ajouter à l’exposé de M. Brugmann.

Pour les langues ariennes, la règle est que la nasale sonante portant le ton se développe en an et non pas en a.

Désinence -nti de la 3e personne du pluriel. Cette désinence, ajoutée à des thèmes verbaux consonantiques, donne lieu à la nasale sonante. La plupart du temps cette sonante est frappée de l’accent, et se développe alors en an :

2e classe : lih-ánti = lih-ń̥ti 7e cl. : yuńǵ-ánti = yuńǵ-ń̥ti

Dans la 3e classe verbale, la 3e pers. du pluriel de l’actif a la particularité de rejeter l’accent sur la syllabe de redoublement ; aussi la nasale de la désinence s’évanouit : pí-pr-ati = pí-pr-n̥ti. Il en est de même pour certains verbes de la 2e classe qui ont l’accentuation des verbes redoublés, ainsi çā́s-ati de çās « commander ».

En ce qui concerne dádhati et dádati, il n’est pas douteux que l’a des racines dhā et n’ait été élidé devant le suffixe, puisqu’au présent de ces verbes l’a n’est conservé devant aucune désinence du pluriel ou du duel : da-dh-más, da-d-más etc. La chose serait plus discutable pour la 3e pers. du pl. ǵáhati d’un verbe comme dont la 1e pers. du pl. fait ǵa-hī-más, où par conséquent l’a persiste, du moins devant les désinences commençant par une consonne. Néanmoins, même dans un cas pareil, toutes les analogies autorisent à admettre l’élision de l’a radical ; nous nous bornons ici à rappeler la 3e pers. pl. du parf. pa-p-ús de , ya-y-ús de , etc. L’a radical persistant, il n’y aurait jamais eu de nasale sonante et l’n se serait conservé dans « ǵá-ha-nti », aussi bien qu’il s’est conservé dans bhára-nti. – Ceci nous amène à la forme correspondante de la 9e classe : punánti. Ici aussi nous diviserons : pu-n-ánti = pu-n-n̥ti, plutôt que d’attribuer l’a au thème ; seulement la nasale est restée, grâce à l’accent, absolument comme dans lihánti[56].

La désinence -ntu de l’impératif passe par les mêmes péripéties que -nti.

La désinence -nt de l’imparfait apparaît, après les thèmes consonantiques, sous la forme -an pour -ant. Cette désinence recevant l’accent – ex. vr-án de var –, elle n’a rien que de régulier.

La désinence du moyen -ntai devient invariablement -ate en sanskrit, lorsqu’elle s’ajoute à un thème consonantique. C’est que, primitivement, la tonique ne frappait jamais la syllabe formée par la nasale, ce dont témoignent encore les formes védiques telles que rihaté, ańǵaté. Brugmann, Stud. IX 294.

Au sujet de l’imparfait liháta, l’accentuation indo-européenne righn̥tá ne peut faire l’objet d’aucun doute, dès l’instant où l’on admet righn̥tái (rihaté). Quant à l’explication de la forme indienne, on peut faire deux hypothèses : ou bien le ton s’est déplacé dans une période relativement récente, comme pour le présent (véd. rihaté, class. liháte). Ou bien ce déplacement de l’accent remonte à une époque plus reculée (bien que déjà exclusivement arienne) où la nasale sonante existait encore, et c’est ce que suggère le védique kránta (Delbrück, A. Verb. 74) comparé à ákrata. On dirait, à voir ces deux formes, que la désinence -ata n’appartient en réalité qu’aux formes pourvues de l’augment[57] et que dans toutes les autres la nasale sonante accentuée a dû devenir an, d’où la désinence -anta. Plus tard -ata aurait gagné du terrain, et kránta seul aurait subsisté comme dernier témoin du dualisme perdu. Cette seconde hypothèse serait superflue, si kránta était une formation d’analogie, comme on n’en peut guère douter pour les formes que cite Bopp (K. Gramm. d. Skr. Spr., § 279) : prā́yuńǵanta etc. Cf. plus haut p. 11.

Participe présent en -nt. Le participe présent d’une racine comme vaç « vouloir » (2e classe) fait au nom. pl. uçántas, au gén. sg. uçatás. Dans les deux formes il y a nasale sonante ; seulement cette sonante se traduit, suivant l’accent, par an ou par a. Au contraire dans le couple tudántas, tudatás, de tud (6e classe), la seconde forme seulement contient une nasale sonante, et encore n’est-elle point produite de la même manière que dans uçatás : *tudn̥tás (tudatás) vient du thème tudant- et a perdu un a, comme *tn̥-tá (tatá) formé sur tan ; tandis que *uçn̥tás (uçatás) vient du thème uçn̥t- et n’a jamais eu ni perdu d’a. – Certaines questions difficiles se rattachant aux différents participes en -nt trouveront mention au chapitre VI.

Jusqu’ici l’existence de la nasale sonante dans les désinences verbales en -nti etc., n’est assurée en réalité que par l’absence de n dans les formes du moyen et autres, dans rihaté par exemple. Les langues d’Europe avec leur vocalisme varié apportent des témoignages plus positifs.

Les verbes slaves qui se conjuguent sans voyelle thématique ont -ętĭ à la 3e pers. du plur. : jadętĭ, vědętĭ, dadętĭ ; cf. nesątĭ. De même les deux aoristes en -s font něsę, nesošę, tandis que l’aoriste, à voyelle thématique fait nesą.

Le grec montre, après les thèmes consonantiques, les désinences suivantes : à l’actif, -αντι (-ᾱσι), -ᾰτι (-ᾰσι) ; au moyen, -αται, -ατο.[58] Les deux dernières formes n’offrent pas de difficulté ; il s’agit seulement de savoir pourquoi l’actif a tantôt -ατι, tantôt -αντι. La désinence -ατι n’apparaît qu’au parfait : ἐθώκατι, πεφήνᾰσι, mais le même temps montre aussi -αντι (-ᾱσι) : γεγράφᾱσι etc. Le présent n’a que -αντι. M. Brugmann attribue à l’influence de l’accent la conservation de n au présent : ἔᾱσι = sánti. En ce qui concerne le parfait, il voit dans -ατι la forme régulière[59] : -αντι y a pénétré par l’analogie du présent ou plus probablement par celle de parfaits de racines en α comme ἕστα-ντι, τέθνα-ντι. – Ce qui est dit sur l’accent ne satisfait pas entièrement, car, ou bien il s’agit de l’accentuation que nous trouvons en grec, et alors ἔαντι, ἐθώκατι se trouvent tous deux dans les mêmes conditions, ou bien il s’agit du ton primitif pour lequel celui du sanskrit peut servir de norme, et ici encore nous trouvons parité de conditions : sánti, tutudús. L’hypothèse tútudati ou tutudatí, comme forme plus ancienne de tutudús (p. 320) est sans fondement solide. L’action de l’accent sur le développement de la nasale sonante en grec demeure donc enveloppé de bien des doutes.[60]

A la 3e pers. du plur. ἔλυσαν, -αν est désinence ; le thème est λυσ, ainsi que le montre M. Brugmann (p. 311 seq.). L’optatif λύσειαν est obscur. Quant à la forme arcadienne ἀποτίνοιαν, rien n’empêche d’y voir la continuation de -n̥t, et c’est au contraire la forme ordinaire τίνοιεν qu’on ne s’explique pas. Elle peut être venue des optatifs en ιη, comme δοίην, 3e pl. δοῖεν.

Parmi les participes, tous ceux de l’aoriste en σ contiennent la nasale sonante : λύσ-αντ. Au présent il faut citer le dor. ἔασσα (Ahrens II 324) et γεκαθά (ἑκοῦσα, Hes.) que M. Mor. Schmidt change à bon droit en γεκᾶσα. Toute remarque sur une de ces deux formes ferait naître à l’instant une légion de questions si épineuses que nous ferons infiniment mieux de nous taire.

Désinence -ns de l’accusatif pluriel. L’arien montre après les thèmes consonantiques : -as : skr. ap-ás, ce qui serait régulier, n’était l’accent qui frappe la désinence et qui fait attendre *-ā́n = *-áns. M. Brugmann a développé au long l’opinion que cette forme de la flexion a subi dans l’arien une perturbation ; que primitivement l’accusatif pluriel a été un cas fort, comme il l’est souvent en zend et presque toujours dans les langues européennes, et que l’accent reposait en conséquence sur la partie thématique du mot. Nous ne pouvons que nous ranger à son avis. – La substitution de l’a à la nasale sonante précède ce bouleversement de l’accusatif pluriel ; de là l’absence de nasale.

Le grec a régulièrement -ας : πόδ-ας, cf. ἵππους. Les formes crétoises comme φοινίκ-ανς ne sont dues qu’à l’analogie de πρειγευτά-νς etc. Brugmann loc. cit., p. 299. – Le lat. -ēs peut descendre en ligne directe de -n̥s, -ens ; l’ombr. nerf = *nerns. – L’acc. got. broþruns est peut-être, malgré son antiquité apparente, formé secondairement sur broþrum, comme le nom. broþrjus. Cf. p. 45.

Désinence -m. (Accusatif singulier et 1e pers. du sing.) L’acc. sing. pā́dam et la 1e pers. de l’imparf. ā́sam (rac. as) se décomposent en pād + m, ās + m.

D’où vient que nous ne trouvions pas « pā́da, ā́sa », comme plus haut nā́ma, dáça ? La première explication à laquelle on a recours est infailliblement celle-ci : la différence des traitements tient à la différence des nasales : pā́dam et ā́sam se terminent par un m, nā́ma et dáça par un n. C’est pour prévenir d’avance et définitivement cette solution erronée, que nous nous sommes attaché (p. 29 seq.) à établir que la nasale de dáça ne peut être que la nasale labiale ; il faut donc chercher une autre réponse au problème. Voici celle de M. Brugmann (loc. cit., p. 470) : « laissée à elle-même, la langue semble avoir incliné à rejeter la nasale, et dans dáça elle a donné libre cours à ce penchant, mais l’m dans pā́dam était tenu en bride par celui de áçva-m, et dans ā́sam par celui de ábhara-m. » Ceci tendrait à admettre une action possible de l’analogie sur le cours des transformations phonétiques, qu’on regarde d’ordinaire comme étant toujours purement mécaniques ; principe qui n’a rien d’inadmissible en lui-même, mais qui demanderait encore à être éprouvé. Si nous consultons les langues congénères, le slave nous montre l’acc. sing. matere[61] = skr. mātáram, mais imę = skr. nā́ma ; le gotique a l’acc. sing. fadar = skr. pitáram, mais taihun = skr. dáça. Ceci nous avertit, je crois, d’une différence primordiale. Plus haut nous avons admis qu’un mot indo-européen stā́mn̥ (skr. sthā́ma) restait toujours disyllabique, que, suivi d’une voyelle, il ne devenait point stāmn.[62] On peut se représenter au contraire que l’acc. patarm faisait patarm‿api, et admettre même que patarm restait disyllabique devant les consonnes : patarm‿tasya.[63] Sans doute on ne doit pas vouloir poser de règle parfaitement fixe, et la consonne finale du thème amenait nécessairement des variations ; dans les accusatifs comme bharantm, une prononciation disyllabique est impossible devant les consonnes. Mais nous possédons encore les indices positifs d’un effort énergique de la langue tendant à ce que l’m de l’accusatif ne formât pas une syllabe : ce sont les formes comme skr. ušā́m, zd. ushãm = *ušásm, pánthām, zd. pañtãm = *pánthanm[64], et une foule d’autres que M. Brugmann a traitées Stud. 307 seq., K. Z. XXIV 25 seq. Certains cas comme Ζῆν = dyā́m, βῶν = gā́m, semblent remonter plus haut encore. De même, dans le verbe, on a la 1re pers. vam = *varm (Delbrück, A. Verb., p. 24). Si cette prononciation s’est perpétuée jusqu’après la substitution de l’a à la nasale sonante, on conçoit que l’m de patarm et ā́sm ait été sauvé et se soit ensuite développé en -am par svarabhakti. – Le got. fadar pour *fadarm a perdu la consonne finale, tandis que *tehm̥ se développait en taihun. En ce qui concerne la première personne du verbe, M. Paul a ramené le subjonctif bairau à *bairaj-u = skr. bhárey-[a]m ; si cet -u ne s’accorde guère avec la disparition totale de la désinence dans fadar, il laisse subsister du moins la différence avec les noms de nombre, qui ont -un. M. Brugmann a indiqué (p. 470) une possibilité suivant laquelle l’acc. tunþu appartiendrait à un thème tunþ- ; l’accord avec bairāu serait alors rétabli ; mais pourquoi fadar et non « fadaru » ? Doit-on admettre une assimilation de l’accusatif au nominatif ? – Le slave *materem, matere doit s’être développé sur *materm encore avant l’entrée en vigueur de la loi qui a frappé les consonnes finales. La première personne des aoristes non-thématiques něsŭ, nesochŭ n’est plus une forme pure : elle a suivi l’analogie de l’aoriste thématique. Du côté opposé nous trouvons imę pour imn̥. – Nous aurions dû faire remarquer plus haut déjà que la règle établie par M. Leskien suivant laquelle un ą final contient toujours un ancien ā long n’entraîne pas d’impossibilité à ce que ę dans les mêmes conditions continue une nasale sonante ; car ce dernier phonème a pu avoir une action toute spéciale (cf. got. taihun etc. où il a conservé la nasale contre la règle générale), et l’ę ne termine le mot que dans ce cas-là. – En grec et en latin les deux finales se sont confondues dans un même traitement.

Mentionnons encore la 1e pers. du parf. skr. véd-a, gr. οἶδ-α. Aux yeux de M. Brugmann la désinence primitive est -m. Dans ce cas, dit M, Sievers, le germ. vait est parti de la 3e personne, car le descendant normal de vaidm̥ serait « vaitun ».

En résumé, la somme de faits dont il a été question dans ce chapitre et dont nous devons la découverte à MM. Brugman et Osthoff[65] est extrêmement digne d’attention. Ces faits trouvent leur explication dans l’hypothèse des mêmes savants de liquides et de nasales sonantes proethniques, que nous regardons à l’avenir comme parfaitement assurée. – Résumons les arguments les plus saillants qui parlent en sa faveur :

1. Pour ce qui est des liquides, quiconque ne va pas jusqu’à nier le lien commun que les faits énumérés ont entre eux, devra reconnaître aussi que l’hypothèse d’un r voyelle est celle qui en rend compte de la manière la plus simple, celle qui se présente le plus naturellement à l’esprit, puisque ce phonème existe, puisqu’on le trouve à cette place dans une des langues de la famille, le sanskrit. – Dès lors il y a une forte présomption pour que les nasales aient pu fonctionner de la même manière.

2. Certaines variations du vocalisme au sein d’une même racine, qui s’observent dans plusieurs langues concordamment, s’expliquent par cette hypothèse.

3. L’identité théorique des deux espèces de nasales sonantes – celles qui doivent se produire par la chute d’un a (τατός) et celles qu’on doit attendre de l’adjonction à un thème consonantique d’une désinence commençant par une nasale (ἥαται) – est vérifiée par les faits phonétiques.

4. Du même coup les dites désinences se trouvent ramenées à une unité : il n’est plus nécessaire d’admettre les doublets : -anti, -nti ; -ans, -ns etc.

5. L’idée qu’on avait, que les nasales ont pu dans certains cas être rejetées dès la période proethnique, conduit toujours, si l’on regarde les choses de près, à des conséquences contradictoires. La théorie de la nasale sonante supprime ces difficultés en posant en principe que dans la langue mère aucune nasale n’a été rejetée.

En fait d’objections, on pourrait songer à attaquer la théorie précisément sur ce dernier terrain, et soutenir la possibilité du rejet des nasales en se basant sur le suffixe sanskrit -vaṃs qui fait -uš aux cas très faibles ; le grec -υια = -ušī prouve que cette dernière forme est déjà proethnique. Dans l’hypothèse de la nasale sonante la forme la plus faible n’aurait jamais pu donner que -vas = -wn̥s. Mais il est hautement probable, comme l’a fait voir M. Brugmann K. Z. XXIV 69 seq., que la forme première du suffixe est -was, qu’il n’a été infecté de la nasale aux cas forts que dans le rameau indien de nos langues, et cela par voie d’analogie.[66]

M. Joh. Schmidt, tout en adhérant en général à la théorie de M. Brugmann dans la recension qu’il en a faite Jenaer Literaturz. 1877, p. 735, préférerait remplacer la nasale sonante par une nasale précédée d’une voyelle irrationnelle : āsantaí = ἥαται. Il ajoute : « si l’on voulait, en se fondant sur ukšṇás, ramener ukšábhis à ukšn̥bhis, il faudrait aussi, pour être conséquent, faire sortir çvábhis, pratyágbhis de *çunbhís, pratīgbhís. » L’argument est des mieux choisis, mais on ne doit pas perdre de vue le fait suivant, c’est que les groupes i + n, u + n, ou bien i + r, u + r peuvent toujours se combiner de deux manières différentes, suivant qu’on met l’accent syllabique sur le premier élément ou sur le second – ce qui ne change absolument rien à leur nature. On obtient ainsi : in ou yn̥ (plus exactement i̯n̥), un ou wn̥ (u̯n̥) etc. Or l’observation montre que la langue se décide pour la première ou pour la seconde alternative, suivant que le groupe est suivi d’une voyelle ou d’une consonne : çu + n + as devient çunas, non çwn̥(n)as ; çu + n + bhis devient çwn̥bhis (= çvabhis), non çunbhis. Les liquides attestent très clairement cette règle : la racine war, privée de son a, deviendra ur devant le suff. -u : uru, mais wr̥ devant le suff. -ta : vr̥ta.[67]

On pourrait encore objecter que ukšn̥bhis est une reconstruction inutile, puisque dans dhaníbhis de dhanín où il n’est pas question de nasale sonante nous remarquons la même absence de nasale que dans ukšábhis. Mais les thèmes en -in sont des formations obscures, probablement assez récentes, qui devaient céder facilement à l’analogie des thèmes en -an. On peut citer à ce propos la forme maghóšu de maghávan assurée par le mètre R. V. X 94, 14 dans un hymne dont la prosodie est, il est vrai, assez singulière. Des cas très faibles comme maghónas on avait abstrait un thème maghon- : de ce thème on tira maghóšu, comme de ukšan ukšásu.

La chronologie de la nasale sonante est assez claire pour les langues asiatiques où elle devait être remplacée dès la période indo-iranienne par une voyelle voisine de l’a, mais qui pouvait en être encore distincte. Pour le cas où la nasale sonante suivie d’une semi-voyelle apparaît en sanskrit sous la forme an (p. 34), le zend ǵaɣnvāo = ǵaghanvā́n prouve qu’à l’époque arienne il n’y avait devant la nasale qu’une voyelle irrationnelle.[68]

Les indices que fournissent les langues classiques, ceux du moins que j’ai aperçus, sont trop peu décisifs pour qu’il vaille la peine de les communiquer. Dans les langues germaniques, M. Sievers (Beiträge de P. et B. V 119) montre que la naissance de l’u devant les sonantes , , , , ń̥ date de la période de leur unité et ne se continue point après la fin de cette période. Ainsi le got. sitls, c’est-à-dire sitl̥s, qui, ainsi que l’a prouvé l’auteur, était encore *set-las à l’époque de l’unité germanique, n’est point devenu « situls ».

§ 3. Complément aux paragraphes précédents.

Il faut distinguer des anciennes liquides et nasales sonantes différents phénomènes de svarabhakti plus récents qui ont avec elles une certaine ressemblance.

C’est ainsi qu’en grec le groupe consonne + nasale + y devient consonne + ανy[69] : ποιμν + yω donne *ποιμανyω, ποιμαίνω ; τι-τν + yω donne *τιτανyω, τιταίνω ; le dernier verbe est formé comme ἵζω qui est pour σι-σδ-yω (v. Osthoff, Das Verbum etc., p. 340). Les féminins τέκταινα pour *τεκτν-yα, Λάκαινα, ζύγαινα etc. s’expliquent de la même manière.

Les liquides sont moins exposées à ce traitement, comme l’indique par exemple ψάλτρια en regard de Λάκαινα. Le verbe ἐχθαίρω dérive peut-être du thème ἐχθρό, mais les lexicographes donnent aussi un neutre ἔχθαρ. – En revanche l’éolique offre : Πέρραμος = Πρίαμος, ἀλλότερρος = ἀλλότριος, μέτερρος = μέτριος, κόπερρα = κόπρια (Ahrens I 55) ; ces formes sont bien dans le caractère du dialecte : elles ont été provoquées par le passage de l’i à la spirante jod – d’où aussi φθέρρω, κτέννω – qui changea Πρίαμος en *Πρϳαμος. C’est alors que la liquide développa devant elle une voyelle de soutien, qui serait certainement un α dans tout autre dialecte, mais à laquelle l’éolien donne la teinte ε. Dans des conditions autres, ἅμ-ᾱ̆ est, suivant une explication que M. Brugmann m’autorise à communiquer, sorti de *σμ-α qui est l’instrumental de εἷς « un » (thème sam-), tandis que μία pour *σμ-ία (Curtius, Grdz. 395) s’est passé du soutien vocalique.

On peut ramener la prépos. ἄνευ à *σνευ qui serait le locatif de snu « dos » ; le Véda a un loc. sā́no qui diffère seulement en ce qu’il vient du thème fort. Pour le sens cf. νόσφι (Grdz. 320). On trouve du reste en sanskrit : sanutár « loin », sánutya « éloigné » qui semblent être parents de snu ; sanutár est certainement pour snutár ; cf. sanúbhis s. v. snú chez Grassmann. Ce savant fait aussi de sanitúr un adverbe voisin de sanutár ; dans ce cas le got. sundro nous donnerait l’équivalent européen. Cf. enfin le latin sine.

La 1re pers. du pl. ἐλύσαμεν est pour *ἐλυσμεν. Cette forme est avec ἔλυσα, ἔλυσαν et le part. λύσας la base sur laquelle s’est édifié le reste de l’aoriste en -σα.

L’aor. ἔκτανον de κτεν appartient à la même formation que ἔ-σχ-ον (p. 10 seq.). Il doit son α à l’accumulation des consonnes dans *ἐ-κτν-ον. L’α de ἔδραμον a la même origine, à moins, ce qui revient assez au même, que ρα ne représente et qu’on ne doive assimiler ἔδραμον à ἔτραπον. – σπαρέσθαι, s’il existe (Curtius Verb. II 19), remonte semblablement à *σπρέσθαι.[70]

Le germanique est très riche en phénomènes de ce genre ; c’est, comme on pouvait attendre, l’u qui tient ici la place de l’a grec. M. Sievers (loc. cit., p. 119) ramène la 1e pers. pl. parf., bitum à bitm̥ né lors de la chute de l’a de *(bi)bitmá. Cf. plus haut p. 11 i. n. – M. Sievers explique semblablement lauhmuni, p. 150.

M. Osthoff considère le dat. pl. broþrum (l’u de ce cas est commun à tous les dialectes germaniques) comme étant pour broþr̥m, skr. bhrā́tr̥bhyas. Mais il reste toujours la possibilité que la syllabe um soit ici de même nature que dans bitum. En d’autres termes l’accent syllabique pouvait reposer sur la nasale, aussi bien que sur la liquide. Cf. les datifs du pluriel gotiques bajoþum, menoþum, où la liquide n’est point en jeu.

Quant aux participes passifs des racines à liquides ou à nasales de la forme A (p. 9), comme baurans en regard du skr. babhrāṇá, il faut croire que la voyelle de soutien est venue, le besoin d’ampleur aidant, de certains verbes où la collision des consonnes devait la développer mécaniquement, ainsi dans numans pour *nmans, stulans pour *stlans. Ajoutons tout de suite que les formes indiennes comme ça-çram-āṇá (= ça-çrm̥m-āṇá) présentent le même phénomène, et que dans certaines combinaisons il date nécessairement de la langue mère. En thèse générale, les insertions récentes dont nous parlons se confondent souvent avec certains phonèmes indo-européens dont nous aurons à parler plus tard, et qu’il suffit d’indiquer ici par un exemple : got. kaurus = gr. βαρύς, skr. gurú.

On sait l’extension qu’a prise dans l’italique le développement des voyelles irrationnelles. Le groupe ainsi produit avec une liquide coïncide plus ou moins avec la continuation de l’ancienne liquide sonante ; devant m au contraire nous trouvons ici e, là u : (e)sm(i) devient sum, tandis que pedm̥ devient pedem. Un n semble préférer la voyelle e : genu est pour *gnu, sinus pour *snus (skr. snú Fick, W. I³ 226).

En zend, ce genre de phénomènes pénètre la langue entière ; c’est en général un e qui se développe de la sorte. – Le sanskrit insère un a devant les nasales ; nous en avons rencontré quelques cas précédemment ; la prosodie des hymnes védiques permet, comme on sait, d’en restituer un grand nombre. D’autres fois l’a se trouve écrit : tatane à côté de tatné, kšamā́ à côté de kšmás. L’accent de kšamā́ suffirait pour déterminer la valeur de son a ; si cet a avait été de tout temps une voyelle pleine, il porterait le ton : « kšámā ».


En quittant les liquides et nasales sonantes, phonèmes dûs la plupart du temps à la chute d’un a, il est impossible de ne pas mentionner brièvement le cas où l’a est empêché d’obéir aux lois phonétiques qui demandent son expulsion. Ce cas ne se présente jamais pour les racines de la forme A et B (p. 9), le coefficient sonantique étant toujours prêt à prendre le rôle de voyelle radicale. Au contraire les racines de la forme C ne peuvent, sous peine de devenir imprononçables, se départir de leur a que dans certaines conditions presque exceptionnelles.

Devant un suffixe commençant par une consonne elles ne le pourront jamais.[71] Les formes indiennes comme taptá, sattá, tašṭá, les formes grecques comme ἑκτός, σκεπτός etc., pouvaient-elles perdre leur a, leur ε ? Non, évidemment ; et par conséquent elles n’infirment en aucune façon le principe de l’expulsion de l’a.

Le suffixe commence-t-il par une voyelle et demande-t-il en même temps l’affaiblissement de la racine, cet affaiblissement pourra avoir lieu dans un assez grand nombre de cas. Nous avons rencontré plus haut σχ-εῖν, σπ-εῖν, πτ-έσθαι etc. des racines σεχ, σεπ, πετ etc. En sanskrit on a par exemple bá-ps-ati de bhas, á-kš-an de ghas, lequel donne aussi par un phénomène analogue la racine secondaire ǵa-kš. Le plus souvent l’entourage des consonnes ne permettra pas de se passer de l’a. Prenons par exemple le participe parfait moyen sanskrit, lequel rejette l’a radical : les racines bhar de la forme A et vart de la forme B suivront la règle sans difficulté : ba-bhr-āṇá, va-vr̥t-āná. De même ghas, bien qu’étant de la forme C, donnerait s’il se conjuguait au moyen : *ǵa-kš-āṇá ; mais telle autre racine de la forme C, spaç par exemple, sera contrainte, de garder l’a : pa-spaç-āná. Ce simple fait éclaire tout un paradigme germanique : à babhrāṇá répond le got. baurans, à vavr̥tāná le got. vaurþans ; le type paspaçāná, c’est gibans. Tous les verbes qui suivent l’ablaut giba, gab, gebun, gibans, ont au participe passif un e (i) pour ainsi dire illégitime et qui, bien que très ancien, n’est là que par raccroc.

Il y a dans les différentes langues une multitude de cas de ce genre, que nous n’avons pas l’intention d’énumérer ici. La règle pratique très simple qui s’en dégage, c’est que, lorsqu’on pose la question : telle classe de thèmes a-t-elle l’habitude de conserver ou de rejeter l’a (e) radical ?, on doit se garder de prendre pour critère des formes où l’a (e) ne pouvait pas tomber.

C’est ici le lieu de parler brièvement de ce qui se passe dans les racines dont as et wak peuvent servir d’échantillons. Il est permis à la rigueur de les joindre au type C ; mais chacun voit que la nature sonantique de la consonne initiale chez wak et son absence totale chez as créent ici des conditions toutes particulières.

Chez les racines comme as, peu nombreuses du reste, la chute de l’a n’entraîne point de conflit ni d’accumulation de consonnes. Elle est donc possible, et en temps et lieu elle devra normalement se produire. De là la flexion indo-européenne : ás-mi, ás(-s)i, as-ti ; s-mási, s-tá etc. Optatif : s-yā́m. Impératif : (?) z-dhí (zend zdī). Voy. Osthoff, K. Z. XXIII 579 seq. Plus bas nous rencontrerons skr. d-ánt, lat. d-ens, participe de ad « manger ».

La racine wak est en sanskrit vaç et fait au pluriel du présent uç-más ; on a semblablement iš-ṭá de yaǵ, r̥ǵ-ú de raǵ etc. Quel est ce phénomène ? Un affaiblissement de la racine, sans doute ; seulement il est essentiel de convenir que ce mot affaiblissement ne signifie jamais rien autre chose que chute de l’a. C’est laisser trop de latitude que de dire avec M. Brugmann (loc. cit., p. 324) « Vocalwegfall unter dem Einfluß der Accentuation ». Entre autres exemples on trouve cités à cette place indo-eur. snusá « bru » pour sunusá, skr. strī « femme » pour *sutrī. Lors même que dans ces mots un u serait tombé (la chose est indubitable pour le véd. çmasi = uçmási), il s’agirait ici d’un fait absolument anormal qu’on ne saurait mettre en parallèle et qui est plutôt en contradiction avec la loi de l’expulsion de l’a, car un corollaire de cette loi, c’est précisément que les coefficients de l’a se maintiennent. Gardons-nous aussi de prononcer le mot samprasāraṇa : ce terme, il est vrai, désigne simplement le passage d’une semi-voyelle à l’état de voyelle ; mais en réalité il équivaut dans tous les ouvrages de linguistique à : rétrécissement des syllabes ya, wa, ra (ye, we ; yo, wo) en i, u, . Dans l’esprit de celui qui emploie le mot samprasāraṇa, il y a inévitablement l’idée d’une action spéciale de y, w, r sur la voyelle qui suit, et d’une force absorbante dont jouiraient ces phonèmes. Si tel est le sens qu’on attache au mot samprasāraṇa, il faut firmer nettement que les affaiblissements proethniques n’ont rien à faire avec le samprasāraṇa. L’a tombe, voilà tout. Et ce n’est point par plusieurs phénomènes différents, mais bien par un seul et même phénomène que pa-pt-ús est sorti de pat, s-mási de as, rih-mási de raigh, uç-mási de wak. — D’ailleurs, lorsque dans des périodes plus récentes nous assistons véritablement à l’absorption d’un a par i ou u, la voyelle qui en résulte est dans la règle une longue.

Plus haut, nous n’avons fait qu’indiquer ce mode de formation des liquides sonantes, ainsi τρέπω donnant ἔτραπον ; mr̥dú, pr̥thú des racines mrad et prath. La liste serait longue. Il vaut la peine de noter le gr. τρεφ qui, outre ἔτραφον et τέθραμμαι, présente encore la sonante régulière dans l’adjectif ταρφύς.




Chapitre II.
Le phonème a dans les langues européennes.




§ 4. La voyelle a des langues du nord a une double origine.

La tâche que nous nous étions posée dans le chapitre précédent n’était qu’un travail de déblai : il s’agissait de dégager l’a, l’ancien et le véritable a — un ou complexe, peu importe ici — de tout l’humus moderne que différents accidents avaient amassé sur lui. Cette opération était tellement indispensable que nous n’avons pas craint de nous y arrêter longtemps, de dépasser même les limites que nous fixait le cadre restreint de ce petit volume.

Il est possible à présent de condenser en quelques mots le raisonnement qui nous conduit à la proposition énoncée en tête du paragraphe.

1. L’u (o) germanique n’entre plus en considération dans la question de l’a. Il sort toujours d’une liquide ou d’une nasale sonante, lorsqu’il n’est pas l’ancien u indo-européen.

2. Il n’y a plus dès lors dans le groupe des langues du nord que 2 voyelles à considérer : l’e, et ce que nous appellerons l’a. Cette dernière voyelle apparaît en slave sous la forme de o, mais peu importe : un tel o est adéquat à l’a du lituanien et du germanique ; la couleur o ne fait rien à l’affaire.

3. Dans le groupe du sud on a au contraire 3 voyelles : e a o. 4. L’e du sud répond à l’e du nord ; l’a et l’o du sud réunis répondent à l’a du nord.

5. Nous savons que lorsqu’un α grec alterne avec ε dans une racine contenant une liquide ou une nasale (non initiale), l’α est hystérogène et remonte à une sonante.

6. Or les dites racines sont les seules où il y ait alternance d’α et d’ε, ce qui signifie donc que l’a gréco-latin et l’e gréco-latin n’ont aucun contact l’un avec l’autre.

7. Au contraire l’alternance d’e et d’o dans le grec, et primitivement aussi dans l’italique, est absolument régulière (ἔτεκον : τέτοκα, τόκος. tego : toga).

8. Comment l’a et l’o des langues du sud pourraient-ils donc être sortis d’un seul et même a primitif ? Par quel miracle cet ancien a se serait-il coloré en o, et jamais en a, précisément toutes les fois qu’il se trouvait en compagnie d’un e ? – Conclusion : le dualisme : a et o des langues classiques est originaire, et il faut que dans l’a unique du nord deux phonèmes soient confondus.

9. Confirmation : lorsqu’une racine contient l’a en grec ou en latin, et que cette racine se retrouve dans les langues du nord, on observe en premier lieu qu’elle y montre encore la voyelle a, mais de plus, et voilà le fait important, que cet a n’alterne point avec l’e, comme c’est le cas lorsque le grec répond par un ο. Ainsi le gotique vagja = gr. ὀχέω, hlaf = gr. (κέ)κλοφα sont accompagnés de viga et de hlifa. Mais agis(a-) = gr. ἄχος, ou bien ala = lat. alo ne possèdent aucun parent ayant l’e. A leur tour les racines de la dernière espèce auront une particularité inconnue chez celles de la première, la faculté d’allonger leur a (agis : ōg, ala : ōl), dont nous aurons à tenir compte plus loin.

M. Brugmann a désigné par a₁ le prototype de l’e européen ; son a₂ est le phonème que nous avons appelé o jusqu’ici. Quant à ce troisième phonème qui est l’a gréco-italique et qui constitue une moitié de l’a des langues du nord, nous le désignerons par la lettre a, afin de bien marquer qu’il n’est parent ni de l’e (a₁) ni de l’o (a₂). – En faisant provisoirement abstraction des autres espèces d’a possibles, on obtient le tableau suivant :

Langues du nord. Etat primordial. Gréco-italique.
e a₁ e
a a₂
______
a
o
______
a
50
Y a-t-il échange d'a et d'e dans le gréco-italique ?

§ 5. Équivalence de l'a grec et Va italique.

Dans le paragraphe précédent nous avons parlé de l'a grec et de l'a italique comme étant une seule et même chose, et il est re- connu en effet qu'ils s'équivalent dans la plupart des cas. L'énu- mération des exemples qui suit, et qui a été faite aussi complète que possible^ est en grande partie la reproduction de la première des listes de M. Curtius {Sitzungsberichfe etc., p. 31). Il était indis- pensable de mettre ces matériaux sous les yeux du lecteur quand ce n'etît été que pour bien marquer les limites où cesse en grec le domaine des liquides et nasales sonantes, en rappelant que l'alpha n'est point nécessairement une voyelle anaptyctique d'origine secondaire.

D'autre part le mémoire cité contient deux listes d'exemples avec le résultat desquelles notre théorie paraît être en contradiction. La première de ces listes consigne les cas où un a grec se trouve opposé à un e latin ; la seconde donne les mots où au contraire Ve grec répond à l'a latin. Or un tel échange d'e et d'à, qui peut s'accorder plus ou moins avec le scindement d'un a unique, est à peu près incompatible avec l'hypothèse des deux phonèmes a et a^ dif- férents dès l'origine. Mais, aux yeux de celui-là qui accepte la théorie des nasales sonantes, le nombre des cas de la première espèce se réduira déjà considérablement : il supprimera éKaxôv — cen- tum, baCvç — densus, irax^ç — pinguis etc. En y regardant de plus près, en tenant compte de toutes les rectifications motivées par les travaux récents, on arrivera à un résidu absolument insignifiant, résidu dont presque aucune loi d'équivalence phonétique n'est exempte. Nous pouvons nous dispenser de faire cela tout au long. Un ou deux exemples suffiront. Kpéaç — caro: M. Bréal a montré {Mém. Soc. Ling. II 380) que ces deux mots ne sont point parents. Méyaç — magnus: la racine n'est point la même, comme nous le ver- rons plus bas. KeqpaXn — caput: le cp du grec continue à rendre ce rapprochement improbable. Téacrapeç — quattuor: les plus proches sœurs de la langue latine montrent l'e: ombr. petur, osq. peiora; quattuor est sans doute une altération de *quotiuor pour '^'quetinor (cf. colo = *quelo etc.). BacTTdZluj — geste (Fick): leur identité n'est pas convaincante, car on attendrait du moins *{g)vesio] gesto et gero sont bien plutôt parents du gr. d-Toatôç^ «paume de la main» dont \'o

1. Egal lui-même au skr. hàsta. Le zend zaçta montre que la gutturale initiale est palatale, non vélaire. C'est un cas à ajouter à la série : hùnu — y^vuç, ahâm — i.-\^, niahânt — M^TOÇ? i^^» — T^ i^/d — Kopbia).

�� � Y A-T-IL ÉCHANGE d'o ET d'^ DANS LE GRÉCO-ITALIQUE? 51

est «2- En ce qui concerne axnv (cf. axiivîa) qu'on rapproche du lat. ëgeo, il y aurait en tous cas à tenir compte de la glose âexnveç* Trévr|Teç (Hes.). — L'exemple le plus saillant qu'on ait cité pour la prétendue équivalence d'e et d'à, c'est le grec éXiKri «saule» = lat. sâlix (vieux haut-ail. salaha); mais ici encore on pourra répliquer que éXÎKri est un mot arcadien, et l'on pourra rappeler Ziépedpov = pdpadpov et autres formes du même dialecte^ (Gelbke, Stu- dien II 13).

Au sein du grec même — il ne s'agit pas ici des différences de dialecte — on a souvent admis un échange d'e et d'à. Comme nous avons eu occasion de le dire au § 4, ce phénomène est limité à une classe de racines chez lesquelles l'a étant un produit récent des liquides et nasales sonantes, n'est pas en réalité un a. Nous ne croyons pas que cet échange se présente nulle part ailleurs. Il nous semble superflu d'ouvrir ici une série d'escarmouches étymo- logiques dont l'intérêt serait fort médiocre. Déjà le fait qu'il n'est aucun des cas allégués qui ne prête à la discussion suffit à éveiller les doutes. Un simple regard sur la flexion verbale permet de cons- tater que là du moins il n'y a pas trace d'un a remplaçant l'e en dehors des racines à liquides et à nasales. Autant le paradigme TpéTTUJ, ëipaTTOV, TéTpa)ii|Liai, èrpdqpdriv est commun dans ces deux dernières classes, autant partout ailleurs il serait inouï. Un exemple, il est vrai, en a été conjecturé. M. Curtius est porté à croire juste la dérivation que font Aristarque et Buttmann de l'aor. pass. homé- rique éçiqpdn (èm b' daîriç âdqp&n, Hiade XIII 543, XIV 419). Le mot semble signifier suivre dans la chute, ou selon d'autres rester at- taché, adhérer. Partant du premier sens, Buttmann voyait dans édqpdr) un aoriste de êiroinai, rejetant l'opinion qui le rattache à ctTTTUJ. Dans tous les cas personne ne voudra sur une base aussi frêle soutenir la possibilité de Vablaut ea dans la flexion verbale. Avant de s'y avouer réduit, il serait légitime de recourir aux éty- mologies même les plus hasardées (cf. par exemple got. sigqan «tomber», ou bien skr. sang «adhérer»; a serait alors représentant d'une nasale sonante).

Examinons encore trois des cas où l'équivalence d'e et d'à est le plus spécieuse: vé(/')uu «nager», vd(/")uj (éol. vaùu)) «couler» ; cf. skr. snaûti. Comment une même forme primitive a-t-elle pu

��2. C'est avec intention que nous nous abstenons de citer ZéXXw, qui en apparence serait un parallèle meilleur.

��4*

�� � 52 Y A-T-IL ÉCHANGE d'a ET d'e DANS LE GRÉCO-ITALIQUE ?

donner à la fois vé/iw et vd/U)? C'est ce qu'on ne saurait concevoir. La difficulté est supprimée si, séparant và/uu de l'ancienne racine mau, nous le rapprochons de snâ: vaf s'est développé sur snâ ab- solument comme (çaf (qpaûoç) sur hha, xaJ" (xaûvoç, X«oç) sur gJiâ, GTaf ((Traupôç) sur stâ, Xa/ (àîToXauiu) sur la, boJ' (5u/avoîri) sur da, yvof (vôoç, gnavus) sur yna. — vé(a)o)aai «venir», vaîiu, Ivaaaa, iyda^x]v «demeurer» ; cf. skr. ndsate. Les sens ne s'accor- dent pas trop mal, mais rien ne garantit que la véritable racine de vaîuj soit nas; qu'on compare baîuj, èbdcTffaTO, -bacTTOÇ. D'autre part il faut tenir compte de vaûoç «temple», que M. Curtius pro- pose, il est vrai, de ramener à *vaGfoç. — JaGTv <cité» appartient à la racine du got. visan qu'on croit retrouver dans le gr. ecJTÎa et avec plus de certitude dans àécTKUU, dfecra «passer la nuit, dormir». /otff-Tu est à d/ecr-Kou ce que le thème latin vad- est au gr. d/eô- Xov; il s'agit ici de phénomènes phoniques tout particuliers. — Les autres cas peuvent tous s'éliminer semblablement. Dans deux mots: beîîTvov =^ *5aTrivov, et eîxXov, autre forme de aïKXov (v. Baunack, Studien X 79), l'a semble s'être assimilé à Vi qui suivait. Quant à KXeiç, YeÎTiJDV, Xeujç, XeiTOupYÔç, peîa etc., à côté de xXôfîç, fâ, Xâôç, pabioç etc., il n'est pas besoin de dire que leur e pour r\ n'est que la traduction ionienne d'un 5.

Après la critique détaillée de ce point par M. Brugmann on ne sera plus disposé à attribuer aux formes dialectales qpdpuj, Tpdxui, Tpdcpuj etc., pas plus qu'à /ecTTrdpioç, dvqpôiapoç, Ttaiàpa, une importance quelconque dans la question de l'a. M. Havet (Mém. Soc. lAng. Il 161 seq.) a depuis longtemps expliqué leur a par l'influence de r. 11 va sans dire qu'ici nous n'avons point affaire à un r voyelle donnant naissance à a, mais bien à un r consonne transformant e en a. C'est le phénomène inverse qui se manifeste dans certaines formes ioniennes et éoliques telles que êpCnv, -fépTepoç, XXiepôç.

Comme on le voit par le tableau de Corssen (11^ 26), l'échange de Va et de Ve est aussi presque nul dans le latin, pour autant du moins que certaines affections phonétiques spéciales et de date récente ne sont pas en jeu. Le vocalisme concorde également entre les différents dialectes italiques qu'il est donc permis de considérer h cet égard comme un tout. La divergence la plus considérable est dans le latin in- (préfixe négatif) et inter en regard de an-, anter, de l'osque et de l'ombrien. Cette divergence s'expliquera plus loin, nous l'espérons. EXEMPLES DU PHONEME A DANS LE GRECO-ITALIQUE.

��53

��Les exemples qui suivent sont répartis en trois séries, d'après la place de l'a et son entourage dans la racine.

��1 . La syllabe radicale ne contient ni nasale ni liquide qui ne serait pas initiale. En tête de la liste se trouvent les racines communes à un grand nombre de mots. Les lettres C et F renvoient aux ouvrages d'étymologie de M. Curtius et de M. Fick.

ac-ies, ac-us etc. aqu-ilus. F. ag-o, ac-tio. ap-tus, apere (?). vap-or, vappa. C. dap-es, dam-num.^ macte (macerî). mac-tare, mac-ellum. madeo, mad idus. lac-er, lac-erare. lac-sus, langu-eo. C. la-mb-o, lab-rum. las-civus. sapio, sap-or. C.

��aky :

�ttK-poç, aKaxiiievoç

�afcg'

�ciK-apoç, otx-\ûç

�ag:

�oÎT-oj, àT-ôç

�ap:

�aTT-Tuj

�kwap:

�KaTT-ÙUJ, KaTT-VÔÇ

�dap:

�bân

�-TUJ, baTT-dvri

�1 mak:

�|LiàK-ap, luiaK-pôç

�2 mak^:

�|ndx-o|iiai, iLiâx-aipa

�mad:

�|uab-

�du), inab-apôç

�lak:

�XdK-

�oç, XaK epôç

�lag:

�Xdy-

�voç, XaTT-d2(JU

�lap:

�XdTT-

�TU), Xaqp-ÛŒcruj

�las:

�XiXa((T)-îo)Liai, Xdcr-Tri

�sap:

�aair-

�pôç, (Tacp-nç

�dpiv

�èXâtri'

�V abies.

�àïpôç

� �ager.

�àKxôç

� �axilla, âla.

�à|iivôç

� �agnus.^

�àliwï]

� �ascia.

�dHuuv

� �axis.

�'AîTi-bavôç

�amnis.^

�èlTTÔ

� �ab.

�dira

� �atta.

�dxvn

� �agna.

��pdKTpov

�baculus.

�paffKaivou

�fascinare (?)

�bdKpu

�dacruma.

�Kdboç

�cadus

�KaKKduj

�cacare.

�KdîTpoç

�caper.

�pd2

�racemus (?).

�idîTTUJ

�jacio (?).

�Xdxvn

�lâna.

�ipaqpapôç

�scabies.

��1. Sur le rapport de ^^rtmnwm et de bairdvn, v. Bechstein, Studien VIII 384 seq. L'auteur omet de mentionner (juc même au temps de Suétone (Néron, chap. 31) damnosus signifiait dépensier. — 2. Il est préférable de ne pas inscrire ici une troisième racine mak, dans \xAacHii — tnàcero, parce que Ve du si. mçk- nqti complique la question. — 3. V. Fick, K. Z. XX 175; le s\. jagnç qui a g^ justifie la forme ancienne *àpv6ç qu'on suppose pour le mot grec. — 4. M. Cur- tius interprète le nom de fleuve 'Ambavôç par àiri «eau» + bavo «donnant», étymologie qui trouverait peut-être quelque appui dans 'Hpi-bavô-ç (skr. vdri

�� � 54

��EXEMPLES DU PHONEME A DANS LE GRECO-ITALIQOE.

��Xaiôç

�laevus.

�(Xaîoi

�saevus^ (?).

�(jKaiôç

�scaevus.

�dor. ai

�osq. svai.

��Dans la diphtongue: aï, aïôu) aestas, aestus.

ottiJûv aevum.^

aîact (aïK-î/a) aequus. {ba{if)r\p lêvir.)

«eau»); il rapporte à la même racine Meoadinoi, ff] 'Ania etc. La question est seulement de savoir si nous avons affaire à ap (d'où amnis) ou à ak^ (dans aqua); mais dans l'un et l'autre cas le latin montre l'a. — 5. L'« est long: gr. éTtr|€Tavôç, skw àyus. — 6. V. Savelsberg, fi". Z. XVI 61. L'épel adïoi rend le rapprochement douteux, — 7. Encore ici on peut supposer l'a long; on arriverait peut-être à expliquer de la sorte cJ pour ï\\.

��au. au g: auT-n, auK-aiç

1 ans', auujç; àéXioç

2 au s: èS-au(T-Tr|p g au: Y«û-poç, yH-^^^ kaup: KàîT-riXoç ^ 2) au: TraO-uu stau: (Tiau-pôç

1. Fick, Beitrâge de Bezzenherger II 187. — 2. Vu est tombé en grec, comme dans kXôviç et d'autres formes. Osthoff, Forschtongen I 145, Misteli, K. Z. XIX 399.

��augere, aug-ustus. aur-ora; Aus-elius. C. h-aur-io, h-aus-tus^ (?). gaudere, gav-isus. C. caup-o, cop-a. C. pau-cus, pauper. in-stau-rare. C.

��aupa aura (emprunté?).

auie autem (?).

èvi-auTÔç autumnus (?). daûvoV ôr|-

pîov Hes. Faunu^ (?).

��a est suivi de V.

��àîTO-Xau-uu

à(/")-îuj

Tra(i )-îuu

q)aû-oç, cpa(/)eivôç

��dpaûu) fraus.

KauXôç caulis.

cfavx^àç saucius.

xaûpoç taurus.

Lav-erna, lav-erniones. C. av-eo, av-idus (?). C. pav-io. favilla. C.

��2. La racine contient une liquide ou une nasale non initiale.^ Dans un certain nombre d'exemples (nous en avons placé quelques-uns entre crochets) l'a représente certainement autre chose que A; c'est un a anaptyctique, en rapport avec les phénomènes étudiés au chapitre VI.

��1. Les couples aqpdXXu) — fallo et àXcpdvw — labo)- ne sont pas insérés dans cette liste, parce qu'ils prêtent matière à discussion.

�� � EXEMPLES DU PHONEME A DANS LE GRECO-ITALIQUE.

��55

��ank:

�dYK-uûv, aTK-ùXoç

�ane-us. C.

� �angh:

�àfx-M

�ang-o, ang-usfus.

�1 ar:

�dpap-icTKai, dp-&pov

�ar-tus.

� �2 ar:

�dp-ôiu

�ar-are, ar-vum

�/.

�ark:

�dpK-éuu

�arc-eo, arx.

� �arg:

�dpT-ôç [dpT-upoç]

�arg-uo [arg-entum],

�—

�àpn-âlw, dpTT-aXéoç

�rap-io, rap-ax

� �al:

�dv-aX-TOç

�al-o, al-umnus.

�C.

�(?)alg:

�dXT-oç, dXT-éuu

�alg-eo (V).

� �kan:

�Kav-d2ui, r|i-Kav-ôç^

�can-o, can-orus.

�[kard:

�Kpdb-ri, Kpab-aîvuj

�card-o. C]

� �kal:

�KaX-éa>

�cal-endae, cal-i

�ire.

�[bhark:

�cppàaaw, cppaK-TÔç

�farc-io, frac-sare.]

�{s ark^:

�^dTT-TUU

�sarc-io. Bugge.]

�\sarp:

�dpTT-ri

�sarp-Oy sarmen

�■]

�1 sal:

�dX-Xo|^ai

�sal-io, sal-tus.

� �2 sal:

�adX-oç, (TaX-d(T(TU)

�salum. C.

� �[skand:

�Kdvb-apoç

�cand-eo, cand-ela. C]

�dXXoç

�alius.

�xXaMupoç

�gramia.

�[dfXKH

�alces.]

�xXaqpupôç

�glaber (?).

�àXKudiV

�alcedo.

�KdXxn

�claeendix.

�dXqpôç

�albus.

�Ka|Lidpa

�camurus.

�[à|aq)i

�amb-.]

�dor. KâîTOç

�campus.

�[djLiqpuj

�ambo.]

�KapKivoç

�cancer.

�Sv

�an.

�XdH

�calx.

�[àv- (priv.) osq. ombr. an-.\

�KdpTttXoç

�cartilago,^

�dveiioç

�animtis.

�Kpdiupoç

�carbo.

�dvTÎ

�anfe.

�ILidXpaH \ MttXdxn 1

�malva.

�àpdxvn

�arânea.

� �[dpMÔç

�armus.]

�MttMMn

�mamma.

�dpov

�arnndo (?). F.

�dor. vâaaa

�anat-

�[papûç

�gravis.]

�bî-TcXaE

�ombr. tu-plak.°

�pXdTTTUJ

�suf-flamen (?).^

�[TTaXd|Liri

�palma.]

�pâppapoç balhus.

�TrdXn

�palea. F.

�pdXavoç

�glans.

�dor. TTâviov

�pannus.

�ydXaKT-

�lad-.

�irXdH

�planca.

��2. riiKavôç' ô àXeKTpudbv. Hes. — 3. Fick, Beitr. de Bezzenb. I 61. — 4. Studien V 184. — 5. Ve du latin duplex n'est dû qu'à la loi d'affaiblissement qui frappe les seconds membres des composés.

�� � 56

��EXEMPLES DES PHONEMES A ET A DANS LE GRECO-ITALIQUE.

��TTpaTTÎbeç

�palpito.^

�[dcpXacTTOV

�fastigimn. F

�paipôç

�valgusCi).

�nXoç \

/aXXoç /

�vallus, C.

�âXç

�sal.

� �paKToi

�an-fractus.'^

�XdXaZ;a

�grando.

�CTKdXovp

�talpa. C.

�dor. \àv^

�anser.

�aKàvbaXov

�scanâo. C.

� � ��6. Nous séparons ainsi palpito àe palpo — \\iï]\a(pdnu. — 7. V. page 18. — 8. Ahrens II 144. — antrum et bracchium sont empruntés au grec.

Au tableau qui précède il faut ajouter 5 racines qui, au fond, semblent ne pas contenir de nasale, bien qu'elles en soient infec- tées dans plusieurs langues, sans doute par l'influence du suffixe. Ces racines sont du reste dans un tel état qu'on peut quelquefois douter si leur voyelle est e ou a, et que l'étude de leurs pertur- bations est à peine possible à l'heure qu'il est. On peut en dire autant de quelques-unes de celles qui viennent d'être mentionnées et qui sont placées entre crochets.

KXétZiuj, eKXttYOV, KéKXaYïa, clmigo, clangor.

KCKXriYiuç, KXaYïn

Cf. norr. hlakka; got. hlahjan, hloh; lit. hlegh. F. P 541.

TeiaYÛiv tango, tago, tetigi, iactus.

M. Fick compare le got. stigqan, ce qui s'accorde mal avec le lat. togo. Il est certain qu'on ne doit pas songer au got. tekan; ce dernier a un parent grec dans bolKxuXoç (rac. dag; cf. digitus).

��TTriYVUjui, îTeYr|T«^ eTraYn, pango, pago, pepigi,

TTr]KTÔç, TrdYîl pignus, pàciscor,

Cf. got. fdhan, faifàh, ou bien v. ht-all. fuogl; skr. pdça.

��pax.

��TiXriO'a'aj, dor. TrXôtYÔi, ileTÛ.a.fï]v; plango, planoci, planctus, -nXàlvj, èîrXdYX^nv plâga. C. Grdz. 278.

KCtKaXov «mur d'enceinte» cancelli «treillis, barrières».

M. Fick, qui rapproche ces deux mots (IP 48), leur compare le skr. kâéate et kàncate «attacher». Mais de là il n'y a qu'un pas au got. hàhan, haihàh «suspendre». L'identification de ce dernier verbe avec le .skr. çâhkate «être préoccupé, douter etc.» (P 56) a un côté faible dans la signification du mot indien. Cf. Pott, Wurzelwôrterh. III 139.

Voici enfin différents exemples appartenant aux tableaux 1 et 2, mais qui présentent un a long, dans l'une des deux langues ou dans toutes deux. Cet a long est un nouveau phonème à en-

�� � EXEMPLES DES PHONEMES ^ ET ^ DANS LE GRECO-ITALIQUE.

��57

��registrer, et comme il est évidemment en rapport avec a, nous pou- vons lui donner tout de suite la désignation a, tout en nous promet- tant de l'étudier ailleurs plus à loisir.

��dor. YapûuJ dor. (f)âxih^ \

dor. KâXîç^

��garrio.

��vagio.

câligo. clâvis. claudo. glârea.^ bas-lat. gravarium*' (?). mâlum. nâvis. pàlûd-.^

��iyri^aq)duu(r|=â?) palpare. dor. lydcpoç sàbulum.

��dor. KXa(.r)îç^ I

dor. KXâpoç^

Xdaç

luâXov

vâûç

dor. TTâXôç^

TTiipôç, TTaOpoç » pârum.

dor. TÔ TTdpoç / parvus.

Ici se place aussi la racine de magnus, major, osq. mahiis etc. qui a donné en grec Mnxoç, MHxap, dor. }JLaxavâ (Ahrens II 143). V. page 61.

1. La racine de garrio n'est pas, il est vrai, exactement la même que celle de YOpûuj {d. ht garsà). — 2. Ahrens II 137 seq. — 3. Il est possible que ^r/ârea soit emprunté; ^t>o l'est presque certainement. — 4. Pictet, Origines Indo-européennes I* 132. — 5. D'autre part -rrXdboç se rapproche de palus. — 6. Gurtius, Verbum II 29. — 7. Dor. aKdndviov Ahrens II 144.

��TTCTTapeiv pabiH \ paba)avoç 1

pdTTUÇ CTKriTTUJv'

àbûç \ eudbe I (tadiç Xa^ôç

��ap-pâreo.

râdix.

râpa, scâpus.

suâvis.

pâvo.^) hâmus.

��3. a

�termine la racine:

�ghâ^:

�Xâ-Xd, xd-Téuj,

� �Xd-TÎZuj, xd-Tiç

�pà:

�7Tà-T-éo|aai,

� �â-TTa-(j-TOç, TTd-via

�bha:

�dor. q)S-|Liî, q)â-|Lia,

� �qpa-Tiç, P p. pi. q)â-|iiév

�(?)/««:

�ÔXa-uu, uXa-K-n

�stâ:

�dor. 'î-crTâ-|Lii, ë-aiâ-v,

� �CTid-Trip, 1® p. pi. ï-aid

�{s)nà:

�vâ-pôç, vd-|Lia,

� �vd-aoç, Nâ-ïdç

�spâ:

�dor. (TTTa-biov, CTTrâ-a»

��1. La dépendance des mots latins

��fà-mes, fà-tuus, fà-t-iscor, fà-t-igo. pâ-nis, pâ-bulum, pa-sco, pâ-s-tor^, pâ-vi fâ-ri, fâ-ma, fâ-hula, fà-t-eor. là-trare {lâ-mentuni ?). Siâ-tor, stamen, •|Liev stà-tus, stà-hulum. nà-tare, nà-trix, nâre.

spà-tium (pa-t-eo'?), pa-nd-o, 2>a-s-sus. de la rac. ghâ est assez généralement

�� � 58 EXEMPLES DES PHONÈMES A ET A DANS LE GRÉCO-ITALIQUE.

reconnue; quant à hisco, Mare etc., on ne saurait les dériver immédiatement de ghà\ hiare est le lit. ziôti (rac. ghyà)] et la ressemblance de hisco avec xôokuj ne doit point faire passer sur cette considération. — 2. Schmitz, Beitriige zur Int. Sprachk., p. 40. — 3. En admettant dans ûXdu) un cas de prothèse de Tu nous restituons au grec une racine qui ne manque presque à aucune des langues congénères. M. Fick il est vrai la trouve dans Xfipoç, Xripéuj. Le Xdiwv d'Ho- mère est controversé. àXuKrei' ûXaKTeî. KptÎTeç nous appoite peu de lumière.

Les exemples qui précèdent offrent plusieurs cas d'amplifica- tion au moyen d'une dentale, amplification qu'affectionnent les racines en «, qui s'est accomplie du reste de plusieurs manières différentes. Voici une racine qui dans les deux langues n'apparaît que sous la forme amplifiée (cf. Curtius, Grdz. 421):

la: dor. Xd-d-(jL», ê-Xa-9--ov là-t-eo.

La nasale de Xavôdvo) ne prouve nullement une racine lan, que le skr. rândhra « caverne >, vu son isolement, ne confirmerait pas. Hésychius il est vrai donne: àXavéç' àXri^éç, mais une autre glose: àXXavnç' àcTcpaXriç. AÔKUJveç, interdit d'en tirer aucune con- séquence quant à XavMvuj.

Le lat. ma-nd-o «mâcher» (cf. pa-nd-o, Xa-vd-dvu)), ma-s-ticarq, ma-nsu-dus etc., et le grec ^a-aâo}ia\ se basent pareillement sur une racine ma dont dérive encore le got. mat{i)-s «repas».

Ici se place enfin lat. pa-t-ior, pas-sus en regard de Trâ-CTx^. ë-7Ta-&ov; nous avons vu et nous verrons plus bas qu'il est à peu près impossible de décider si l'a de ces mots grecs est un a ancien ou le représentant d'une nasale sonante.

11 reste à mentionner;

dor. iLidiriP == mater. X^ôipôç = h(i)îâris{?).

qppdirip = frâter. [dor. TXâxôç = latus.^

Ttainp = pater. irpacTid cf. pratum.

Dôderlein {Handbuch der Lat. Etym.) compare latex «ruisseau) à XdraH «bruit du dé qui tombe». M. Roscher a montré {Stud. IV 189 seq.) que les nombreuses formes du mot pârpaxoç «grenouille» remontent à *PpàTpaxoç qu'il rapproche du lat. blaterare. Il faudrait citer aussi Xdipiç en regard de latro, si ce dernier n'était emprunté au grec (Curtius, Grdz. 365).

Les syllabes suffixales fournissent a et i en nombre relative- ment restreint. Ces phonèmes sont, peu s'en faut, limités au suf- fixe des féminins de la 1® déclinaison: grec x^ps, vieux latin /orma.

�� � DIAGNOSTIQUES DU PHONÈME A DANS LE SLAVO-GERMANIQUE. 59

Certains cas de cette déclinaison montrent aussi a bref, voy. § 7 fin. Un A bref apparaît ensuite au nom. -ace. plur. des neutres de la 2® déclinaison, où probablement il a été long d'abord : grec biûpâ, latin dônâ (vieux lat. falsâl). V. § 7.

A est de plus désinence des thèmes neutres consonantiques au nom. -ace. plur. Ex. Y^ve-a, gener-a. Mais on sait que l'âge de cette désinence est incertain.

��§ 6. Le phonème a dans les langues du nord.

Que faut- il, quand il s'agit d'un mot gréco-latin, pour être sûr que ce mot contient a? Il faut simplement, toutes précautions prises contre les liquides et nasales sonantes, qu'il ait l'a en grec et en latin. Mais il suffit en général, si le mot existe dans l'une des deux langues seulement, que dans cette langue il montre l'a : l'a italique ou grec non anaptyctique a, dans quelque forme qu'il se trouve, la qualité a. — Dans les idiomes du nord le problème est plus compliqué: chaque a peut, en lui-même, être a ou a^. Avant de lui attribuer la valeur i, il faut s'être assuré qu'il ne peut représenter a^. Cette épreuve sera possible bien souvent dans cha- que langue sans qu'il soit besoin de recourir aux idiomes congénères, et cela au moyen des données morphologiques qui indiquent dans quelles formations a^ est remplacé par'ag. La formation est-elle de celles qui n'admettent pas «2» ^^ sera certain que l'a et un a. Le thème du présent, mais seulement chez les verbes primaires, est la plus répandue de ces formations.

Dans le choix des racines données comme exemples de a dans les langues du nord, nous avons suivi autant que possible ce principe. Il faut que sans sortir de ce groupe de langues on puisse conclure que la racine contient a, puis on compare les langues du sud, et il y a confirmation en tant que ces dernières montrent l'a. Cf. § 4, 9. Des exemples tels que si. orjq en regard du lat. arare ou got. pahan en regard de tacere ont été laissés de côté: ce n'est pas qu'il y ait lieu de douter que leur a ne soit un a, mais ces verbes étant dérivés, on ne peut distinguer dans la langue même si leur a ne représente pas a^\ on ne le peut décider qu'en invoquant l'o des langues du sud. Or, c'est précisément à mettre en lumière l'identité de l'a du sud avec celui des a du nord qui ne peut être flg, qu'est destiné le tableau. — Cependant un tel triage était im- possible pour les thèmes nominaux détachés.

�� � 60 EXEMPLES DU PHONÈME A DANS LE SLAVO-GERMANIQUE.

La plupart des exemples se trouvent dans les riches collections d'Amelung auxquelles nous ne saurions toutefois renvoyer le lecteur purement et simplement: car, conformément à son système, qui n'admet qu'un seul phonème primitif soit pour l'a du nord soit pour l'a et Vo réunis du suJ, l'auteur citera indistinctement got. akrs = gr. aTpôç, got. hlaf == gr. KCKXoqpa. La présente liste est très loin d'être «complète; c'est plutôt un choix d'exemples.

Aki'. si. os-trû; lit. asztrùs, asznien- ac-ies, dÎK-poç

Agi'. norr. ak-a, ok ag-o, dx-uj.

Agh^^: got. ag-'is, og (irland. ag-aihar) à'X'OÇ, àxax-xC^.'

kAp: got. haf-jan, hof'^ cap-io.

twAk^: got. pvafi-an, pvoh tok-uj, è-TaK-r|V.

dliAhhH si. dob-rû; got. ga-dahan, ga-dob fâb-er.

mAk^: got. ma{h)-isis^ |LiaK-pôç.

mAgh^i si. mog-q; got. mag-an^ mag-nus, |uâx-avâ.

rvAdh: norr. vad-a, vod vâd-o, vâsi. F.

skAp: si. kop-ajq^; lit. kapôju cTKàTr-TiJU, KaTreioç.

skAhh: got. skab-an, skof scab-o, seàbi.

An: got. an-an, on; si. q-ch-a . an-imiis, dv-e|aoç.

Angh^: got. agg-vus; si. qz-ùkû; Vit. ànkszf as ang-o, àfx-^-

Al: got. ai-an, ol (irland, al) al-o, dv-a\-T0Ç.

1. Le grec âxo|nai; âxoç, ^ÎKaxov, âxôoç; \e ^oi. ag-is, un-agands, parf.-prés. og etc. sortent d'une racine agh sans nasale qui semble être jdistincte de angh. La première donne en sanskrit aghà «méchant» (aghâ-m «mal, malheur»), aghalâ (id.), agh&yâti ^menacer»; la seconde: amhii, âmhas etc. La première désigne un mal moral, du reste assez indéterminé, la seconde signifie attacher, resserrer. La gutturale finale prouve assez qu'il y a lieu de faire la distinction ; en effet le zend âzanh, le slave qzûku montrent gh^ et élèvent par conséquent une barrière entre skr. atnhtl et skr. aghâ. Ce n'est qu'en apparence que \e gv du got. aggvus contredit au z du slave et du zend : nous croyons que le v en question vient des cas obliques où il ne fait que continuer Vu suffixal. Mais il faut avouer que le zend ayana «vinculo» compromet la combinaison. — 2. hafjan est un verbe fort; autrement, d'après ce qui vient d'être dit, nous ne devrions pas le citer. — 3. Il semble à peu près impossible de maintenir le rapprochement du got. Pvahan, pvoh avec le grec TéTY'JLi (malgré ôrpeYKToç = 6t/6Yktoç). Le grec TriKUJ au contraire n'offre aucune difficulté de forme; les significations il est vrai s'écartent, sensiblement, mais elles peuvent s'unir dans l'idée de faire ruisseler, qui est précisément celle du skr. tôçate auquel on a comparé pvahan. Cf. d'ailleurs les sens variés des racines prau et snâ. — 4. Fick, K. Z. XIX 261. — 5. Comme l'a fait voir M. Ascoli {K. Z. XVlI 274) le got. maists est pour *mahi8ts, ce qui le place à côté de inoxpôç en le séparant de mikils, ainsi que le demandait déjà la différence des voyelles. M. Ascoli a montré en même temps que major, magnus remontent à mah, magh ; et nous nous permettrions seulement de mettre

�� � EXEMPLES DU PHONEME A DANS LE SLAVO-GERMANIQUE.

��61

��en doute que ce magh ait donné le skr. mahânt. Ne pouvant développer la chose au long, nous nous contenions de constater qu'il y a 3 racines. X^mAk^: zend niaçi/âo, anc. pers. ma^ièta, got. ma(h)ists, ma{h)iza, grec [naKpôç, et aussi ILictKap et le latin macte. 2" mAgJi^: skr. maghâ «richesse», got. magan, lat. magnus, nia(h)jor, gr. laâxavd, si. niogq; — mais point wa/ian^, vu le z du zend mazâofit. 3" tna^g^ ou ma^gh^: gr. jnéyaç, got. mihils, skr. mahdnt; cf. matfnmn. — En ce qui concerne spécialement le gotique, il faut admettre que le part. sing. mag est pour *mog et qu'il a suivi l'analogie du pluriel magum; de même qu'in- versement forum a remplacé *farum. Cf. plus loin, chap. V. — 6. Les verbes dérivés de la classe dont fait partie kopajq n'ont pas l'habitude de changer un e radical en o (a^ ; il était donc permis de le citer ici.

��got. a(j)iza-

�a{j)es.

�got. a/;ïs

�a?M(S, dWoç.

�got. akrs.

�ager, àfpôç.

�got. awa

�dvd.

�lit. akmû (? si.

� �lit. qsà

�ansa.

�kamy = *okmy,

� �got. aw<Z-

�ante, dvTÎ.

�norr. haniarr)

�dK|LlUJV.

�V. h*-all, ano, lit.

� �got. ahva

�agzwi.

�anyta

�a?ms.

�lit. âklas

�aquiîus, dKapoç.

�got. arhvazna

�arcus.

�V. haut-ail. ahsa,

� �got. avo

�avus.

�si. osi, lit. aszïs

�axis, dHujv.

�si. Jrarfa (*borda)

� �got. af

�a6, diTÔ.

�lit. barzdà,

� �si. otïcï, got, a/te

�a//a, diia.

�V. h*-all. j^ar/

�barba.

�got. to^r

�lacrhna, bciKpu.

�got. hariz-eins

� �si. hohû^ boruss.

� �(si. 6orw F.)

�far, g. farns.

�habo

�fâba. F.

�V. haut-ail. g^aws.

� �got. gazds^

�Aas/a.

�sl.g'fjs?, lit. ^«^sw

�avser, xdv.

�si. /o>«w

�l(lma(*lacma).F.

�got. /flwa,

� �goth. ma{h)il

�macula. F.

�si. o-pona

�pannus, ttûviov

� � �got. sa//, si. soZ?

�sal, dXç. ■

��1. Osthoff, À'. Z. XXIII 87.

��Les exemples suivants vont nous faire voir le a long des lan- gues du nord. Ce phonème qui dans le groupe du sud ne diffère de A bref que par la quantité, chez elles en général s'en distingue encore par la teinte. Dans le germanique et le lituanien c'est un ù long (v. h'-all. uo), tandis que le slave, chez qui a bref devient o, donne à a long la couleur a. On sait que l'a slave ne sort d'une voyelle brève que dans un ou deux cas tout à fait exceptionnels. Les formes placées entre crochets enfreignent cette loi de substitution.

�� � EXEMPLES DES PHONEMES A ET A DANS LE SLAVO-GERMANIQUÏ.

��fâgus V, h* -ail. huocha.

câligo, KsXiç si. kalû. F.

ILiaKUJV si. makù [v. h^-all.

mâgo^.

nâres, nâsus lit. nôsis, anglo-s. nôsu (cf. si. nosùj V. h^-all. wasa).

��irâxuç norr, bôgr.

râpa V. h* -ail ruoba, lit.

ro/?e [si. répa], suâvis, abùç germ. svôija-: norr.

soetr, V. h* -ail.

SMozi (F. m^

361).

��A et À terminent la racine:

gha: xn-Mn (Xâ-Xà)

ta : tâ-bes

bhâ: fâ-ri, (pâ-|ai

là : là-trare

stâ: status, ë-(JTQ-v etc.

{s)ta: dor. xâ-Tâu)^

��germ. go-men-, lit. go-murys «pa-

latum». F. si. ^a-y^ [anglo-s. pâven], si. fca-;/o. si. Za-y'^, lit. Zô-JM [mais en gotique

/am = */ê(i)a]. si. sfa-nq, lit. s%m ; got. sto-min-,

sta-da- [v. h'^all.. sfâm, s^êm]. si. ta-jq, ta-tï, ta-jïnù.

��La racine est augmentée d'une dentale, par exemple dans:

��pâ-t: TTa-T-éo|Liai, pâ-s-tor lâ-(t): Xd-uj «vouloir» sa-t^: sà-t-ur, sà-t-is

��1. Ahrens H 144.

��got. fod-jan^, si. pa-s-tyrï. got. la-^-on, la-pa-leiko. F. got. sa-d-a, so-p-a- ; lit. sô-t-us (si.

Au slave <a>ï *en cachette», tajînû «secret» cf. le thème indien tâyû «voleur» d'où aussi triu-aioç «vain, sans résultai» (Poit, Wurzelwôrterb. I 100). — 2. fodjan suppose une racine contenant a, et c'est à ce titre-là seulement que nous le citons; il est bien probable en effet, si nous considérons le mot fodjan lui-même, que son o répondrait à un \u, non pas à un â du grec. Cf. chap V, § 11. — 3. La racine simple se trouve dans le grec ï\u\xt\ = *no|Liev (Curtius, Verl). II 69).

Parmi les mots plus isolés nous nous bornerons à citer:

(pater^ Traxrip got. fadar; cf. § 11.)

mater, ludirip v. h'^-all muotar, si. mati, lit. mote.

f rater, qppdirip got. bro^ar, si. hratrû, lit. broterelis.

Le A du suffixe des féminins s'observe commodément aux cas du pluriel dont la désinence commence par une consonne: got. gibom, lit. mergôms, si. zenamû. Placé dans la syllabe finale, il a subi, comme on sait, diverses altérations. Au nominatif sin-

�� � LA DIPHTONGUE eU DANS LES LANGUES LETTO-SLVAES. 63

gulier, le slave (éenà) garde encore a, chez lui représentant de l'a long, tandis que les lois qui régissent les sons du germanique et du lituanien commandaient d'abréger la voyelle finale : giba, niergà, sauf dans le got. so, gr. a. Sur le vocat. zeno v. p. 88.

A dans la diphtongue donne lieu à quelques remarques particulières.

Plusieurs savants ont nié qu'il y eût une diphtongue euro- péenne eu, en d'autres termes et en se plaçant au point de vue de l'unité originaire de l'a, qu'il y ait eu scindement de la diphtongue au en eu : aw à la même époque où dans toute autre position l'a s'était scindé en e : a. M. Bezzenberger (Die a-Reihe der gotischen Sprache, p. 34) prétend, ou plutôt mentionne, car, ajoute-t-il, il est à peine besoin de le dire expressément, que dans le présent goti- que kiusa pour *keusa = gr. YeOiJU, l'e de la première langue est sans lien historique avec l'e de la seconde. La raison de cette violente séparation de deux formes dont la congruité est aussi par- faite que possible? C'est que les idiomes letto-slaves n'ont pas de diphtongue eu, et que par conséquent la période européenne n'en pouvait point posséder non plus.

En général nous ne nous sommes posé aucune tâche relative- ment à l'e européen, le fait de son apparition concordante dans les différentes langues étant reconnu par les partisans de tous les sys- tèmes. Nous devons cependant nous occuper de l'e pour autant qu'on veut le mettre en rapport avec l'a et combattre les arguments qui tendraient à établir qu'à une époque quelconque l'e et l'a (i) ne faisaient qu'un. Evidemment l'origine récente de la diphton- gue eu, si elle se confirmait, rentrerait dans cette catégorie. D'autre part nous nous abstenons de poursuivre jusqu'au bout les consé- quences où M. Bezzenberger se verrait entraîné par le principe qu'il pose, parce que nous voulons éviter de subordonner à la question de l'eu celle de l'unité européenne ou celle du scindement de l'a. Disons donc tout de suite que l'absence de Veu dans les langues letto-slaves, sur laciuelle l'auteur se fonde, est révoquée en doute par M. Joh. Schmidt qui en signale des traces nombreuses ^..^.XXIII 348 seq. M. Schmidt regarde le paléosl. ju et le lit. iau comme étant dans certains cas des représentants de Veu (si. h{l)judq = got. hiuda, gr. TTeù^o|Liai ; lit ridugmi, gr. èpeùxuu). Depuis il est vrai, M. Bezzenberger a rompu une nouvelle lance pour la cause qu'il défend. Notre incompétence ne nous permet point de jugement; mais voici ce que nous tenons du moins à dire:

�� � 64 LA DIPHTONGUE eil DANS LES LANGUES LETTO-SLAVES.

Lors même que la supposition de M. Schmidt ne devrait pas se vérifier, lors même qu'il n'existerait aucun indice d'une diphton- gue eu dans le domaine letto-slave, il ne s'en suivrait pas qu'elle n'a jamais existé: les langues italiques non plus ne possèdent pas l'eu, et n'était le seul Leucetio, on pourrait venir dire que jamais dans l'italique l'ancienne dipthongue au n'a eu la forme eu. Per- sonne ne doute cependant que douco ne soit sorti de *deuco. La même chose semble s'être passée dans le letto-slave, non seulement dans la diphongue, mais aussi, comme en latin dans le groupe ev. Ceci se voit avec le plus de clarté dans le paléosl. clovèkù: le lette zilivehs montre en effet que Vo n'est pas primitif \ et sans aller si loin il suffit de constater la palatale initiale c pour savoir que la forme ancienne est *celvëkû (voy. à ce sujet J. Schmidt, Voc. Il 38 seq.). D'où vient Vo par conséquent? Il ne peut venir que du v avec lequel la métathèse de la liquide l'avait mis en contact. — Par un raisonnement d'un autre genre on acquiert la conviction que slovo est sorti de *slevo: en effet les neutres en -as n'ont de toute antiquité que a^, jamais ag, dans la syllabe radicale: il en est ainsi dans l'arien, le grec, le latin, le germani- que. Or le slave lui-même n'enfreint point cette règle, ainsi que le montre nebo = gr. véqpoç. Comment donc expliquer sîovo = KXé/bç autrement que par l'influence du v sur \'e? Il y aurait la même remarque à faire sur le présent pîovq = gr. TiXé/lu, -car irXibuj est évidemment de formation postérieure. — Dans une syllabe de désinence nous trouvons semblablement en sanskrit sûn'kvas, en grec Ttrix^eç, en gotique stmjiis, et dans le slave seul synove.

Cette action du v qui a duré fort tard, comme le montre clo- vèkù, commence de se produire dès la période d'unité letto-slave. En regard du grec vé/b-ç apparaît en lituanien naûjas comme en slave novû.

Ici quelques mots sur Vu lituanien. En présence de la com- plète équivalence de cet a et de Vo slave (tous deux représentent A et «2)» O" se demande naturellement auquel des deux phonèmes appartient la priorité. Le mot dont il vient d'être question est-il sous sa forme letto-slave novos ou bien navas'i A voir toutes les fluctuations entre Vo et Va des différents dialectes de la Baltique, borussien, lituanien, lette, et à considérer la divergence de teinte

1. On trouve aussi Ve dans le got. fairhvus c monde» qu'on peut ra- mener à *hverhvii8, *hvefvehvu8 et rapprocher de ëlovèkû.

�� � LA DIPHTONGUE eil DANS LES LANGUES LETTO-SLAVES. 65

entre l'a bref et l'a long soit en lituanien soit en slave (lit. a: 6; si. oui), une troisième hypothèse se présente vite à l'esprit, savoir nâvâs. Dans la période letto-slave on aurait prononcé non un a pur, mais un â, bref et long. Sans doute il n'y a pas pour cette hypothèse d'argument bien positif, mais il y en a encore moins, croyons-nous, qu'on puisse invoquer contre elle. Elle appuie les faits d'assimilation dont nous parlions, comme d'autre part elle en est appuyée. La méthode comparative est et sera toujours obligée de recourir parfois à ces sortes d'inductions doubles.

Je cite encore le lit. javai, gr. Zeà (skr. yâva), sâvo, gr. é/oç, puis deux mots où le même phénomène se manifeste, semble-t-il, en sens inverse comme dans le lat. vomo pour *vemo. Ce sont vâkaras = gr. ê(TTTepoç, si. vecerû\ vasarà = gr. ëap, lat. vër. Plusieurs de ces exemples et des précédents font partie de la liste où M. J. Schmidt consigne les cas prétendus de concordance incomplète de Ve dans les langues européennes: ce seraient, si tout ceci n'est pas illusoire, autant de numéros à retrancher d'un catalogue déjà bien diminué.

Cette transformation letto-slave de ev en âv diffère du phéno- mène analogue que présente l'italique principalement en ce qu'elle n'a pas lieu constamment. Il faut bien qu'il y ait une cause pour que devetî (lit. devynî) n'ait pas été traité comme '^slevo devenu sîovo, mais cette cause demeure cachée. — Dans la diphtongue au contraire l'assimilation de Ye est la règle, abstraction faite des cas tels que hljudq et riâugmi que nous avons vus plus haut. Il y a peut-être une preuve de cette double origine de Vau (en dernière analyse elle est triple, Va (â) étant lui-même formé de a -|- a^) dans le génitif lituanien sunaûs des thèmes en -u en regard du gén. akes (et non ^akais») des thèmes en -i^. Toutefois le rapport exact entre ë et ai étant encore incertain, nous n'insistons pas.

Dans la descendance letto-slave des diphtongues a^i, a^i, Ai, il y a également, nous venons d'y faire allusion, des perturbations assez graves. La signification exacte de Vi et de l'e en sla.ve, de l'c (ei) et de ïai en lituanien est encore un problème. Il semble que \'ë de la dernière langue, qui représente apparemment a^i, ne soit ailleurs qu'une dégradation de l'ai: on a par exemple, en regard du got. haims, du boruss. kaima, voire même du lit. kaimynas, un ë dans kemas.

1. Vau du gotique sunaiis ne s'explique pas de la sorte, comme le fait voir la forme correspondante des thèmes en -i qui, elle aussi, a l'a: anstais. Jusqu'à présent cet au et cet ai ne s'expliquent pas du tout.

de Saussure, Oeuvres. 6

�� � 66

��LE PHONEME (Hj.

��De ce qui précède il ressort que les exemples de a lituanien ou slave dans la diphtongue ne peuvent avoir comme tels qu'une valeur très relative, presque nulle lorsqu'il s'agit de au.

��{'i)ghAis:

�haereo

�lit. gaisztù,

�gaiszti. F.

�skAidh:

�caed-o

�got, skaid-an

�, skaiskaid.

�Aug:

�aug-eo, auHiç

�got. auk-a. aiauk; lit. dug-u.

�{?)aus:

�h-aur-io, h-aus-tus

�norr. aiis-a,

�jôs. F.

�aevum, aiubv

�got. aivs cf. p. 54.

�aurora

�lit. auszrà.

�caecus

�got. haihs.

�caulis, KttuXôç

�lit. Muîas. C

�ba{if)r\p

�ags. tâcor; si. dé-

�vâûç

�norr. nau-st.

� �verï, lit. dëveris.

�pau-cus

�got. fav-ai.

�haedus

�got. gaits.

�(jaucrapôç

�lit. saûsas.

�laevîis, Xaiôç

�si. lévû.

�'A-xa(/')ioî

�got. ^rtV/.^

��1. Le thème du mot gotique est gauja- («contrée»): 'Axaioi signifierait ô|aôxu>poi. Ici se placent peut-être aussi les Aujpiéeç Tpi-xciÏKeç, à moins d'y voir un composé de xpîxa — à la manière de l'indien purudhâ-'pi-atika — aVec un thème J\k- = zend viç «clan».

��Chapitre 111. Les deux o gréco-italiques.

��C'est pour des raisons toutes pratiques que nous avons jus- qu'ici considéré Vo gréco-italique comme un tout homogène. En réalité il en existe au contraire deux espèces bien distinctes que nous allons étudier l'une après l'autre.

§ 7. ©2 gréco-italique. — a^ indo-européen.

Les phénomènes des langues ariennes sont ici trop intimement liés à ceux qu'on observe en Europe pour pouvoir être traités à part. Noua avons donc inscrit en tête du paragraphe Va^ indo-euro- péen à côté du gréco-italique o^.

La véritable définition de Og ^^t» ^^ ^^ semble: la voyelle qui, dans les langues européennes, alterne régulièrement avec e au sein d'une même syllabe radicale ou suffixale.

Ainsi, pour parler d'un Og proethnique, il faut absolument placer aussi le germe de Ve européen dans la période d'unité, pre-

�� � «2 AU PARFAIT. 67

raière. C'est là l'hypothèse de M. Brugmann. Ce savant, par une conception qu'Amelung avait entrevue (v. p. 5), renonce à chercher dans l'état du vocalisme que nous représente Tarien la donnée d'où il faut faire découler les phonèmes de l'Occident et transporte au contraire jusque dans la langue mère le principe de Ve européen et du phonème qui remplace parfois cet e (ag), laissant du reste le nombre total des a provisoirement indéterminé.

Dans tout ce qui suit nous partons de cette hypothèse non prouvée de l'origine proethnique de a^ = e. Quant à «g; nous vou- lons le prouver par le moyen des faits réunis dans le paragraphe, lesquels du reste sont généralement connus. — Plus tard nous exa- minerons jusqu'à quel point ces faits, en assurant «g) n'assurent pas du même coup l'a^ indo-européen.

M. Brugmann s'est étendu avec le plus de détail sur «g • i^f^^~ (îien IX 367 seq., 379 seq.; K. Z. XXIV 2. Ce phonème, dit-il, de- vient dans l'arménien, le grec, l'italique et le slave ^: o, dans le cel- tique, le germanique et les langues de la Baltique: a, dans l'arien en toute syllabe ouverte : a, mais, si la syllabe est fermée^, a.

Comme nous le disions, il y a, indépendamment de ce qui ap- partient aux liquides sonantes, des o gréco-italiques qui remon- tent à un phonème autre que a2. Nous appelons Og l'espèce qui équivaut à l'ancien a^: le second o recevra la désignation o.

Voici les formations où «2 (gréco-it. o.^} vient régulièrement remplacer a^ (e).

1. Syllabe radicale.

a. FORMATIONS VERBALES.

Parfait. Tandis que dans l'origine le moyen ainsi que le pluriel et le duel de l'actif rejettent Va^ radical, le singulier de

��1. Bien que ce ne soit pas là une question de fond, nous aimerions mieux ne pas mettre ainsi le slave en compagnie des langues du sud, car on ne sau- rait trop insister sur la disparité de Vo slave et de ïo des langues classiques. Le premier a ni plus ni moins la valeur d'un a lituanien ou gotique. Quand nous voyons au contraire a^ devenir en gréco-italique o et non a (antithèse qui en slave n'existe pas), c'est là un fait notable, que nous avons utilisé § 4, s.

2. Pour la diphtongue, on pourra nommer syllabe ouverte celle où, étant suivi d'une voyelle, le second élément de la diphtongue se change en une semi-voyelle {cikâya); la syllabe fermée est celle qui est suivie d'une con- sonne (bihhéda).

6*

�� � 68 «2 A" PARFAIT.

l'actif lui substitue a^^} On trouve toutes les formes grecques en question énumérées chez Curtius, Verh. Il 185 seq., 188 seq. En voici quelques exemples pris dans les trois modèles de racines de la page 9 :

tev: TÊTOva bepK: bébopKa Xey: eïXoxa

Kiev: ÊKTOva /eiK: ëoïKa têk: xéroKa

|Liep: ê)Li)aopa èXeuG: eîXri\ou&a^ X^^- Këxoba

Dans le latin totondi, spopondi, momordi (v^-latin spepondi, me- mordi) vit un reste de cette antique formation. On peut supposer que le présent de ces verbes a été d'abord *tendo, *spendo, *merdo. A côté de ces présents on avait les dérivés tondeo, spondeo, mordeo, et en vertu de la règle: qui se ressemble s'assemble, le verbe en -eo se mettant en rapport avec le parfait finit par évincer l'ancien présent. — Cf. p. 13.

Dans les langues germaniques le singulier du parfait n'est pas moins bien conservé que le pluriel et le duel. Là, partout la forme faible privée d'à (p. 12 et 22), ici partout «g sous sa figure germani- que a: gab de giban, bail de beiian, baug de biugan, varp de vairpan, rann de rinnan etc.

Le parfait irlandais traité par M. Windisch, K. Z. XXIH 201 seq. est fort intéressant: ici encore l'e, expulsé au pluriel, de- vient a (= ttg) au singulier. L'auteur réunit les exemples de cet a, p. 235 seq. où il n'y a qu'à choisir dans la masse. Prés, condercar «voir», parf. sing. adchon-darc ; prés, bligim «traire», parf. sing. do ommalgg etc.

��1. Nous avons parlé plus haut de l'extension secondaire de cette forme en grec (p. 13 et p. 22 i. n.). olba : ïb|aev, et quelques autres exemples reflètent l'image de l'état primitif qui est encore celui du germanique et du sanskrit.

2. On sait que la diphtongue ou n'est plus en grec qu'une antiquité conservée çà et là; les parfaits comme iréqpeuYa, xéreuxa, ne doivent donc pas étonner. Mais on trouve encore d'autres parfaits contenant l'e, tels que KeKXePibç, \é\efa. Au moyen, ces formes sont nombreuses, et l'on a même la diphtongue €1 dans XëXeiTTTOi, iréneiaiaai etc. (à côté des formations régulières ëïKTo, ïb|aai, Tlrvj\ia\ etc.). Cet e vient certainement en partie du présent, mais il a encore une autre source, les formes faibles du parfait chez celles des racines de la forme C qui ne pouvaient rejeter o, — certaines d'entre elles le pouvaient, v. page 12 i. n. Ainsi t€k a dû faire d'abord t^toke, plur. *T€TeKanev ou *T€T€K|uev, parce que <TeTK|a€v» était impossible. Ce qui appuie cette explication de l'e, c'est que les formes en question, celles du moins qui appartiennent à l'actif, sont principalement des participes, et que le partie, parf. demande la racine faible. Ex.: év-rivoxa àv-rivexuîav, €ÏXoxa auveiXexûjç etc. Curtins, Vet-b. II 190.

�� � «2 DANS DIFFÉRENTES FORMATIONS VERBALES. 69

Les langues ariennes répondent par l'a long dans la syllabe ou- verte: skr. gagdma, papdfa, ôikàya. La syllabe fermée comme la diphtongue suivie d'une consonne ont l'a bref, selon la règle: da- dàrçay hibhéda.

Il est singulier que dans la langue védique la première personne ne montre jamais d'à long, et que même dans le sanskrit classique la longue ne soit que facultative pour cette forme. M. Brugmann (Stud.lXiMl) a cherché à expliquer le fait au moyen de son hypo- thèse sur la désinence -a de cette première personne, laquelle repré- senterait un ancien -m (v. p. 40): la syllabe se trouvant ainsi fermée, l'a bref de gagâma etc. n'aurait rien que de régulier. Mais 1° il est permis de douter que cet a représente vraiment une nasale; 2^ ce point même étant admis, on préjuge dans cette explication la question de savoir quel phénomène est antérieur de l'allongement de «2 ou de l'évanouissement de la nasale ; 3" dans rdgan(a)m, pdd-(a)m et autres formes la désinence -m n'a pas empêché l'allon- gement ag. — Il faut avouer qu'on ne saurait tenir pour certaine la présence de a2 à la première personne : elle est assurée pour la 3^ personne, et probable pour la seconde (gagantha); voilà tout, car en grec et en germanique la première personne pouvait facilement emprunter a2 à la seconde et à la troisième^.

A part ce petit groupe du parfait singulier on ne rencontre nulle part dans la flexion verbale ag remplaçant l'a^ radical. Trois aoristes sigmatiques grecs^ : bodffdaTO en regard de l'imparf. beà)ur|V, -éTOCrae (Pindare) de la rac. tck, làaùov a^iaov Hes. (cf. leivvpiev), peuvent néanmoins renfermer un vestige de quelque autre emploi de ag. Et il se trouve justement que l'aoriste indien en -isam al- longe l'a radical dans la syllabe ouverte comme si cet a était a2 : àkanisam, âvâdisam. Seulement, dans le dialecte védique, l'allongement n'est qu'intermittent: la liste que donne Delbrûck,A/^m(?.Fer&. 179 seq., montre qu'à une ou deux exceptions près il n'a lieu que si toutes les syllabes qui suivent sont brèves, parce qu'apparemment une cer- taine cadence du mot serait sans cela troublée. Il faudrait savoir, avant d'être en droit de conclure à la présence de «2» si des raisons

��1. Il est singulier de trouver chez Hésychius une le personne KéXefa, suivie à quelques lignes de distance d'une 2c pers. XéXoTOç. Mais il n'y a là sans doute qu'un hasard.

2. Ahrens (I 99) conjecture un aoriste éolique ôppdxuj, de eïpiu «entre- lacer». Ce serait une quatrième forme de celte espèce.

�� � 70 Oj DANS LES VERBES DÉRIVÉS ET DANS LES THÈMES EN -ma.

de ce genre ont pu arrêter l'allongement de ce phonème. Nous croyons en effet qu'il en est ainsi; v. p. 83. Il serait essentiel aussi de connaître exactement l'origine de l'aoriste en -isam sur la- quelle nous reviendrons au chapitre VI. Dans tous les cas l'aoriste sigmatique ordinaire, comme ëbeiHa, montre a^ et non «g-

Verbes dérivés. Outre les dénominatifs, qui naturellement prennent la racine telle qu'elle est dans le thème nominal, il existe des verbes dérivés qu'on aimerait appeler déverbatifs et dont il est impossible de ne pas faire, au moins provisoirement, une classe distincte, comme le veut l'accentuation indienne. Nous les place- rons donc ici plutôt que d'en faire un appendice aux thèmes no- minaux. Ils ont en partie le sens causatif. Va^ radical devient chez eux «g-

Gotique dragkjan pour *dragkijan, cf. drigkan] lagjan, cf. ligan\ kausjan, cf. kiusan.

Grec ôxéo) de ^ex, qpopéuu de qpep, aKoniuj de aKeir. qpopéuu de q)ep est peut-être un causatif.

On a en latin inoneo de men, noceo de nec, torreo (dans le sens causatif) de ters. mordeo, spo7ideo, tondeo trouvent dans les langues congénères Ve radical requis. Nous reviendrons sur tongeo et le got. Pagkjan} On connaît les deux exemples gréco-italiques torqueo = TpOTTéuj (rac. te)^), sorbeo = poqpéuj (rac. scrhh) Curtius, Verb. V 348. — Le latin conserve Vo dans des formes dérivées directement de la racine et qui primitivement devaient avoir une autre voyelle, ainsi dans sjjonsus, tonsus. Dans morsus, tostus, on pourrait à la rigueur admettre que or est sorti d'une liquide sonante.

Ce que peut fournir la 1® conjugaison appartient aux dénomi- natifs, car les langues congénères ne montrent jamais a dans la syl- labe de dérivation de cette espèce de verbes.

En paléo-slave: po-loéiti de leg, topiti de tep, voziti de vez etc.

Nous trouvons dans les langues ariennes la voyelle longue qu'il fallait attendre: skr. patàyati de pat, çravâyati de çro. Zend parayéiti de par. — Les racines fermées ont la brève régulière : var- tâyati, roédyati.

b. FORMATIONS NOMINALES.

Thèmes en -ma. liS grec en offre un assez grand nombre. Nous désignons par Hm. ceux qu'on trouve chez Homère, par Hs. ceux qui sont tirés d'Hésychius.

1. Dans foveo, moveo, voveo, mulgeo, urgeo et d'autres, il faut tenir compte de l'influence possible des phonèmes avoisinants.

�� � a2 DANS LES THÈMES EN ma. 71

ei 01)^0^ Hm. Xex Xôxinn Hm. . àXei di\oi|Ltô* ^ctk poT|uô(?)

��èpK ôpK|ao Hs. Icep ôpiuo Hm. /e\ ôX|ao Hm. ttêt Trôxino^Hm. ./ep 6p)no Hm. têX TÔXm! Hm.

Tep TÔp|UO^

��j3pex ppoxiLiôHs. 2 cep ôp|in Hm. beX ^oXIL^n creX cttoXiliô

Kep KopjLioHm. cpep qpopjuô^ cXei Xoijuô^Hm. q)XeT 9X0x^6 TrXeK TiXoxiLiôHm. /ex (Tuv-eox^ô

Hm.

1. En outre olixr\. — 2. S'il était prouvé que le t initial de T€T|neîv vient d'une ancienne gutturale, il vaudrait mieux retirer -rrÔTiaoç de la rac. -rreT. Le rapport de uÔTiaoç à TeTjiieîv serait quant à la consonne initiale celui de -rroivri à Teîoai. — 3. C'est TÔpiaoç dans le sens de rëpiua, non TÔpiuoç «trou» que nous entendons. — 4. àXoi|Li6ç «enduit» est un mot conservé dans l'Etymol. Magn. Il se rapporte non à àXeîqpui mais à àXiveiv àXeiqpeiv, et au lat. lino [lêvi, lïtus); v. Curtius, Verli. I- 259. — 5. Il existe une racine sra^i «pécher, être criminel, se perdre»: elle a donné le skv. sre-man dans asremân que Bôhtl.-Rolh et Grass- mann (s. v. sreman) traduisent pir fehlerlos, peut-être aussi srima, nom de fantômes nocturnes. En latin lê-tuni, de-leo (de-levi). En grec \oi-|li6ç et Xoitôç" Xoijuôç Iles, rejeté par M. Schmidt, quoique garauli par l'ordre alphabétique. Une racine sœur se trouve dans le skr. srtvynti «manquer, échouer» parent du grec Xu|jr]i XO|uaîvo|uai. Puis il y a la racine amplifiée srajdh: skr. srédhati «etwas falsch machen, fehlgehen» et sridh «der Irrende, der Verkehrte» (B. R.); elle donne en grec fiXidioç, dor. aXIOioç pour à-oXidioç (rjXeôç est autre chose). La branche sraii-t ne se trouve qu'en Europe: got. sleips «nuisible», grec à-(a)XiT-eîv «pécher», àXoixôç- ânapTwXôç; peut-être en outre le lat. stlit-. On peut admettre du reste que àXireiv n'a reçu sa dentale que sur sol grec. C'est là l'opinion de M. Curtius {Grdz. 547), et elle a une base très solide dans la forme àXeC-Triç. — 6. V. le dictionnaire de Passow s. v. ^eyi^iôç. — 7. 11 est douteux que le mot vienne de qpépui, mais le degré 9ep existe en tous cas dans q)epv(ov, q)ép|Liiov «panier».

Le verbe KOi|nào)Liai indique un ancien thème *KOi|ur| ou *koi|lio de la rac. Kei. Dans 7TX6K(a)|aoç de ttXck, oùX(a)|UÔç de ieX on a sans doute le même suffixe. — Quelques exceptions comme Tei|ur| (inscr.), beijLtôç, àTep|iiôç, présentent l'e dans la racine : ce sont des formations nouvelles qui ont suivi l'analogie des neutres en -|Lia. Pour Keud|iôç même remarque qu'à propos de néqpeuYa,

La racine du lat. forma sera sans doute fer (anc. dha^r), avec e; Vo est donc a^.

Les thèmes germaniques flauma- «flot» (Fick HI^ 194), strauma- «fleuve» (F. 349), seraient en grec «7tXou)lio, ^ou|lio». De la rac. ber vient barma- «giron» (F. 203), qui en gotique est devenu un thème en -L Le got. haims «village» n'est thème en -i qu'au singulier: l'ancien haima reparaît dans le plur. (fém.) haimos; le degré a^ se trouve dans heiva- «maison».

�� � 72 «2 ANS LES THÈMES EN -ma ET EN -fa.

Au germ. haima- répond en borussien kaima, cf. lit. kaim//- nas et kemas (p. 65). De vei (vehere) le lituanien forme vaèmà «le métier de charretier» (Schleicher, Lit. Gr. 129), de lenk «cour- ber», avec un s inséré, lànksmas «courbure».

Les thèmes en -ma du Véda se trouvent réunis dans le livre de M. B. Lindner, Altmdische Nominalbildung, p. 90, Nous citons une fois pour toutes ce livre indispensable que nous avons con- •stamment consulté et utilisé pour tout ce qui concerne la forma- tion des mots.

La syllabe radicale de ces thèmes indiens ne se trouve jamais dans la position qui met «g ®n évidence, puisque le suffixe, com- mençant par une consonne, en fait une syllabe fermée. On ne peut pas prouver a.2 dans sàr-ma, é-ma etc., comme d'autre part on ne pourrait pas prouver que leur a est %. Une série de thèmes indiens en -ma présente donc la forme forte de la racine: une se- conde série, il est vrai, rejette l'a radical, mais celle-là aussi, comme nous le constaterons, se reproduit dans les langues congénères. La première classe, celle qui nous intéresse ici, accentue comme en grec tantôt la racine tantôt le suffixe. Ex. hô-ma, dhâr-ma, et nar- mâ, ghar-mâ.

Cette formation donnait des noms abstraits masculins (car les féminins comme le gr. ox^xx] ou le lat. forma sont étrangers au sans- krit), mais elle ne paraît pas avoir produit d'adjectifs. Le cas du lat. formus, gr. ^ep|uôç, est isolée et en sanskrit gharmâ est substan- tif. En ce qui concerne dep)aôç, son e est postérieur, car, outre formus, le gh de gharmâ indique «g (v- chap. IV). Cet e, il est vrai, a dû être introduit avant que le procès du dentalisme fût consommé; autrement le ^ ne s'expliquerait pas.

Thèmes en -ta. Nous commençons comme toujours par le grec:

eî oîto vec vô(Tto àfep dopin

Kei KoÎTo' (pep cpôpTO Ppe|Li ppovTiî

K€V^ KÔVTO x^P^ xôpTO |Liep |LiopTri

l. Et le fém. Koixr]. — 2, Kev est la vraie forme de la racine; de là k^v- Tiup, Kév-Tpov, Kcv-xëu). Pcu de probabilité pour le rapprochement avec skr. kunta. — 3. Dans eù-X€p-f|ç.

ttXoOtoç est d'une formation trop peu claire pour figurer dans la liste. L'admission de éopxri et du sicil. laoîioç dépend aussi de

�� � «2 DANS LES THÈMES EN -ta ET EN -na. 73

l'étymologie qu'on en fera. Xoitôç en revanche prendrait place ici de plein droit* (v. p. 75).

Le latin a horttis = xôpTOç. M. Fick compare Morta, nom d'une Parque, à liopin «part», mais ce nom est-il latin? Nous avons mis porta parmi les cas de liquide sonante, p. 16.

Le gotique a daupa- «mort» de divan (germ . dauda-, Verner, K. Z. XXIII 123). D'ordinaire cependant ce ne sont que les thèmes en -ta dont la syllabe radicale est affaiblie, non ceux où elle est du degré a^, qui servent à former des participes. La racine germa- nique hren «brûler» donne branla- «incendie» (Fick III ^ 205); breu «brasser» donne brauda- neut. «pain» (F. 218). Quant au got. gards, il faut le séparer du gr. xôptoç; v. J. Schmidt Voc. II 128. L'e des mots piupa- neut. «bien» et piuda fém. «peuple» est surprenant; ici naturellement l'italique touto comme aussi le lit. tauta sont sans valeur (pag. 63 seq.).

Schleicher donne un certain nombre de ces thèmes à la page 115 de sa grammaire lituanienne: ivdrfas «clôture» de Ivérti, rqstas «billot» de rent «tailler», spqstai masc. plur. «trébuchet» de speiîd «tendre des pièges», nasztà fém. «fardeau» de nesz, slaptà fém, <le secret» de slep «cacher» etc. — En paléo-slave: vrata neut. pi. =

  • vorta «porte»; c'est le lit. variai; vérti nous montre Ve. De peu

vient pq-to «entrave».

En sanskrit ces thèmes auraient, j'imagine, l'aspirée th; mais je n'en trouve point d'exemple bien transparent. Le zend a gaêba fém. «le monde» de gaê (soit gi) «vivre», dvaêba «crainte» de la racine qui est en grec bJe\ (Curtius, Stud. VIII 466). Le d équi- vaut à un ancien th. Quelques autres formes sont consignées chez Justi p. 372. — Les neutres ^raota et çraoto sont vraisemblablement les équivalents de skr. srôtas et çrôtas passés dans une autre décli- naison^.

Thèmes en -na. èpeqp ôpqpvr) Oep dpôvo*) rrei TTOivn

a) ôpôvoç est la métathèse de *ô6pvoç assuré par OôpvaS* ùuoTCÔbiov. Kùirpioi Hes. Sur la rac. Oep v. Curtius, Grdz. 257.

1. On ne sait où placer les noms d'agents en -rri-ç, dont la parenté avec les mots en -Tr)P (Brugmann, Stud. IX 404) est bien douteuse, vu l'a du dori([ue. Quelques-uns ont l'o: àTuprriç(V), àopxriç (mais aussi àoprnp), 'ApTei-q)ôvTriç, fém. Kuvo-qpôvnç; MoOaa, *M6vTya fém. de *M6vTriç. q)povT{ç est de déri- vation secondaire.

2. Il est vrai que çraota coïncide avec le got. hliup, mais Ve de cette forme fait soupçonner qu'elle est récente. Quant au lit. sriautas, il peut s'iden- tifier à srôtas aussi bien qu'à ^vaota.

�� � 74 «2 ^ANS LES THÈMES EN -tta.

On ne peut savoir si la racine de ^oîvn est ^ei, avec e. Il est difficile aussi de rien décider sur oîvoç, uttvoç et ôkvoç. xéxvn, êebvov, qpepviî (éol. qpépeva) montrent un e irrégulier. Quant à l'e de réKVOV, prenons garde qu'ici l'e ne pouvait pas tomber — ce qui n'est pas le cas pour cpepvrj — , que par conséquent rien n'empêche tek de représenter le degré où la racine expulse ïe. Or il existe une seconde série de thèmes en -na qui en effet affaiblit la racine: c'est à cette classe sûrement qu'appartient tékvov et son équivalent germanique pegnà- (oxyton, v. Verner 1. c. 98). irôpvn en fait partie également; son o n'est pas a^.

En regard de uivoç, divr| (skr. vasnà), le lat. vënum dare et le slave véno présentent un e fort extraordinaire. Il faut dire que l'étymologie de ce mot n'est point encore éclaircie et qu'il nous ap- paraît entièrement isolé. On pourrait, il est vrai, le mettre en rap- port avec skr. vdsu.

La racine germanique veg donne xmgna- «char» ; her donne harna- neut. <enfant> (mais en lit. bernas); de leihip) \ientlaihna- neut. «le prêt» (F. IIl^ 269), de leug laugna fém. «action de cacher» (F. 276). On aurait tort de placer ici launa- «salaire»: le grec Xau nous apprend que son a est a.

Je trouve en lituanien varsnà fém. aipoqpn PoOùv (de vèrsti'i) et kdlnas «montagne» de kel. On compare à ce dernier le lat. coUis: peut-être y a-t-il même identité complète, car le passage d'un thème en -0 comme *colno dans la déclinaison en -i se rencontre dans plusieurs cas. Pour mainas «échange» = si. mena (F. ÎP 633), la voyelle radicale est incertaine. Slave strana «région» pour *s<orMa; cèna «honneur» identique au gr. Troivn, au zd. kaëyia féuj.; Va^ radical est évident dans le dor. aTTOTeicreî et autres formes. On connaît moins bien la racine du zd. daêna fém. «loi» que M. J. Schmidt (Verivandtsch. 46) compare au lit. dainà (cf. crét. ëv-&ivoç = êvvo|Lioç?). Zd. vaçna «désir».

En sanskrit on a entre autres les oxytons praçnd, (vasnà), syond adj. «moelleux» d'où syonâ-m «couche» (= gr. eùvn pour *oùvr|?), les paroxytons vârna, svâpna, phéna. A ce dernier répond le lit. péîias qui semblerait prouver %; mais, comme dans ki'mas, il y a lieu de se défier de ë, d'autant plus que le gr. çoivôç «sanglant» (primit. «écumant»?) pourrait bien attester positivement «g-

Thèmes grecs en -co. (t€k tôHo^) Kep Kopaô Xck XoHô 1. L'« appartient peut-être à la racine comme c'est le cas pour itaX{v- opoo, ftH>-oppo. — 2. Kopaôv Kopuôv Hes. — Je ne fais que mentionner vôooç

�� � «2 DANS LES THÈMES GRECS EN -aVO ET EN -€U. 75

voOaoç et |Liôpoi|jioç, On pounait ajouter bàia de bcK si l'on assimilait son a à celui de TÔ\|aa.

Le latin partage avec le grec le thème lokso (luxus) et possède en outre noxa, cf. necare.

Thèmes grecs en -avo, -avn- On les trouve réunis chez G. Meyer, Nasalstnmme 61 seq. En laissant de côté les adjectifs en -avô, il reste principalement des noms d'instrument proparo- xytons, dont quelques-uns montrent Ve, tandis que la majorité prend Og. Ainsi bpéiravo, ffréqpavo en regard de Hôavo, ôpYavo, ôxavo, TTÔTravo, xôavo, xô^ctvo etc. A côté de ôpKàvn (Eschyle) on trouve beaucoup plus tard épKdvr|. Somme toute, il semble que l'o soit de règle. Cf. lit. darg-anà «temps pluvieux» de derg, ràg-ana «sorcière» de reg «voir».

L'o du grec paraît à première vue s'accorder à merveille avec i'â long des mots indiens tels que l'adj. ndçana «perditor» de nâçaii «perire» ou le neut. vdhana «véhicule» tout pareil à ôxavov. Mais ces mots ont un rapport si étroit avec les verbes de la 10® classe qu'il est difficile de ne pas voir dans leur suffixe une mutilation de -ayana.^ Et cependant la formation existe aussi en zend: dâ- rana «protection» = skr. dkârana. Nous laisserons la question indécise.

Thèmes grecs en -eu. Ils prennent constamment 02 si la ra- cine a e. Ainsi ftv TOveO, /ex ôxeu, ve|a voiueù, Trejurr TTOjUTTeù, xeK TOKeû, Tpeqp xpocpeù, x^u xoeù, et cent autres. Mais ces mots sont probablement de dérivation secondaire (Pott K. Z. IX 171); ils au- raient pour base les thèmes qui suivent.

Thèmes, EN -a. On peut diviser de la manière suivante ceux (contenant «2) ^^^ fournit la langue hellénique:

Adjectifs (relativement peu nombreux): 6ex boxô, Te|Li TO|aô, êXk ô\kô, Cfuei (T)iioiô, Oeu Soô, Xem Xoitto etc.

Noms d'agent: KXeTT kXottô, rpeqp tpoqpô, 7Te)LiTT tto|littô, d/ei5 doibô etc.

Noms d'objets et noms abstraits: ireK ttôko, tek tôko, 2ecp làcpo, ve|ii vô)Lio, TrXeu ttXôo, CTeix cttoîxo, èp [îrevTriKÔVT-jopo etc. — Oxytons: Xerr Xottô, vepL vo|uô, XeuT Xoiyô etc.

Féminins: bex ^OXH, CTeX CtoKy], qpepP qpopPn, CTrevb airovbri, Xeip Xoiprj, cTreub aiTOubri etc.

1. La chose est évidente dans astamana et antarana, v. B. R.

�� � 76 «2 DANS LES THÈMES EN -O.

Le latin, fort chiche de ses «2» ^^ n^^t parfois où il n'en faut point. Il a les neutres pondes- de pend eifoedes- i]e feid, alors que la règle constante des thèmes en -as est de garder a^ dans la ra- cine^. Probablement ces mots ont été d'abord des neutres en -a. L'ablatif pondo ne s'explique pas autrement; *foido- n'a pas laissé de trace, mais le neutre *feidos est conservé dans fidus-ta qui serait donc plus primitif que le foidemtei du sénatusconsulte des Baccha- nales. L'opinion de Corssen qui fait de fidusta un superlatif est rejetée par d'autres autorités. -- Outre ces deux mots à restituer, nous trouvons dolus = bôXoç — le degré del n'existe plus nulle part, mais Vo de ce mot fait bien l'effet d'être o^ — ; modus de med (gr. )Liéb-i)avoç, got. mit-an); procus de prec (cf. procax); rogus de reg{?); vieux-lat. tonum de {s)ten (Ziév-TUjp etc.); le fém. toga de teg. On peut mentionner ici podex de 2>êd = '^perd. — On s'étonne de l'osq. fethoss en regard du toîxoç grec.

En gotique : saggva- (siggvan), vraka- (vrikan) dragka-, neut. (drig- kan), laïba fém. (-leiban)^ staiga fém. {steigan)^ hnaiva adj. (hneivan) etc.

En lituanien: dagà «temps de la moisson» (got. daga-) de deg «brûler»^; vâda-s de ved; tdka-s, slave tokû de tek; brada fém., si. hrodû de bred. En slave plotû de plet, Iqkû de lek, trqsù de très etc.

Les langues ariennes montrent dans la syllabe ouverte la voyelle longue régulière. Noms d'objets et noms abstraits: skr. tâna = gr. TÔvoç, srâva = gr. ^ôo-ç, pàkd «cuisson» de paé; zd. vâba «meur- tre» devad{vadh). Adjectifs, noms d'agent : skr. fâj;a «chaud» (aussi «chaleur») de tap, vyâdhâ «chasseur» de vyadh.

Evidemment la loi primitive était que Va^ radical cédât la place à «2 dans le thème en -a. Toutes les infractions dont se sont rendues coupables les différentes langues ne sont pas parvenues h obscurcir ce trait caractéristique de leur commune structure gram- maticale. C'est dans les langues ariennes que l'innovation a pris les plus grandes proportions : elle embrasse tous les mots comme yâma de yam, stâva de sto etc. L'analogie des racines terminées par deux consonnes a dû avoir en ceci une très grande part d'influence: dès l'instant où les sons de a^ et «g se furent confondus, un mot comme vdrdha, primitivement va^rdha, s'associa dans l'esprit de celui qui parlait au présent vârdhati, primitivement vâyrdhati, et il est tout

��1. holm à côté du vieux-lat. heltisa doit son o au voisinage de /.

2. A côté de dagà et dâgas se trouve la formation nouvelle degas «in- cendie».

�� � Oj DANS LES THKMES EN -«. 77

naturel qu'on ait ensuite formé sur ce modèle yâma de yâmati, ou /<asa de hdsati h côté de hàsa. — En Europe, où la distinction des deux a (a^, «g) subsistait, nous n'en constatons pas moins un oubli fréquent de la tradition: cependant le grec montre une somme en- core si minime de formations de ce genre qu'on n'en peut tirer que la confirmation de leur absence peut-être presque totale à l'origine. Ce sont les neutres ëpY-o^ et jéKo-o, les adjectifs freX-ô, X^P^'O. pé|nP-o et irépK-o (ordinairement irepK-vô), plus ëXeYO et êXetXO. Dans le cas de XeuK-6 la diphtongue ou était en jeu; KéXeuô-o montre en- core sa forme ancienne dans à-KÔXou9o. A côté de AeXqpoi on a boX(pô. Je crois que c'est là, avec les mots qui suivent, à peu près tout ce que le grec possède de formations de ce genre. ^

Il y a des exemples qui possèdent leur analogue dans un des idiomes congénères et qui méritent certainement toute attention : leâ en regard de l'ind. yâva^; 'i^epo pour è-(T|aepo* comparable au skr. smàrd; deô qui coïncide avec le got. ^dium- neut.^ Le gr. (Tiéviov (aussi airiviov) joint au skr. stdna fait conclure à un indo- eur. stagna. V. sur ces mots Job. Schmidt, Verwandtschaftsverh. 64.

En germanique, ce sont principalement les adjectifs (réunis chez Zimmer, Nominalsuffixe a und a 85 — 115) qui ont admis Ve dans la racine. Ainsi reuda- «rouge» à côté.de rauda-, yelba- «jaune»^ hreuha- «asper», livîta- soit hveita- «blanc», apparenté mais non pas identique au skr. çvetâ, leuba- «cher», pverha- « transversal >, seuka- «malade», skeîha- «oblique» etc.

��1. Au contraire l'arménien a régulièrement gorts (ëpYov), avec «2'

2. En voici quelques-unes de moindre importance: KéiTq)o, KcXeqpô, KépKO, ir^Xeôo, C/ëpqpo; le voc. (b \Jiéke\ ?\eo est obscur, êpo et féXo sont anormaux déjà d'ailleurs, irébo est de formation secondaire. — Eevo pour HvJo et tous les cas analogues n'entrent nalurellement pas en considération, ot^vo semble être de même nature, à cause de la forme oteivo.

.3. L'histoire de ce thème est assez compliquée: Zed n'est qu'une forme plus récente de leid {= skr. yâvam) et ne peut donc se comparer directement à yâva. Mais ce mot grec nous apprend néanmoins que \'a radical de yâva est de l'espèce «, — a^, non de l'espèce a. La brève de yâm décide d'autre pari pour Oj, et l'isolement du mot garantit suffisamment son origine proelhnique. Nous obtenons donc l'indo-eur. ya^iva. — Basé là-dessus nous avons admis dans l'a du lit. javai une altération secondaire de Ve, p. 65.

4. Cf. xi^iot pour *x6(J\ioi, liidriov pour *éa|LiaTiov etc. — La glose fmepTÔv éirépaoTov ébranle l'étymoloi^ie ordinaire.

5. Le sens premier serait anima. Cf. p. 79 i. n. — Le lit. drésti et chdsé «esprit» pourraient aussi suggérer un primitif *ô/ecfo.

�� � 78 thî:mes en -a montrant a^ dans la racine. — féminins en -â.

Dans deux adjectifs qui ont presque le caractère de pronoms et dont l'un du moins n'est sûrement pas sorti d'une racine ver- bale, l'a^ date de la langue mère: na^wa (gr. véoç, got. niujis, skr. ndva) dérivé de nu (vu) et sa^na (gr. ëvoç, lat. senex, got. sinista, irl. sen, lit. sénas, skr. sdna).

Dans la plupart des langues européennes les féminins en -a sont placés sur un pied de parfaite égalité avec les masculins ou les neutres en a: ils servent comme eux à la dérivation courante et varient ainsi les ressources de la langue. Le sanskrit présente un état de choses tout différent. On trouve en combinant les listes de Grassmann et de M. Lindner (p. 150) que les féminins védiques en -à forment vis-à-vis des masculins une petite minorité, que la plu- part d'entre eux sont des appellatife, tels que Mçâ «fouet», vaçd «vache», et que les couples comme ttXôkoç irXoKri, si fréquents en Europe, ne sont représentés ici que par quelques exemples (ainsi rasa rasa, vârsa (neiit.) varsd). Et c'est à peine si un ou deux de ces féminins paraissent contenir «g: le plus grand nombre, comme druhd, vrtd, appartient à la classe privée d'à radical que nous retrou- verons ailleurs. En présence de ces faits, nous n'avons pas le droit d'étendre aux féminins proethniques en â toutes les conclusions auxquelles on sera arrivé pour les thèmes en -a, et il devient probable que les féminins européens formés avec «g sont une catégorie gram- maticale hystérogène.

Pour ce qui est de l'accentuation des thèmes en -a, il y a, d'après tout ce qui précède, un triage à faire dans les matériaux qu'offre le Véda. 11 se peut que la règle de M. Lindner (loc. cit. 29) se vérifie pour les formations nouvelles dont nous avons parlé. Mais si nous nous bornons à prendre les thèmes (védiques) qui allongent Va radical, où par conséquent nous sommes sûrs de la présence de «2, voici comment ils se classent. Paroxytons, a. noms abstraits etc.: (pdça, hhdga) vdga, vdra, çdka, gdna neut. b. adjectifs, appellatifs: gdra} — Oxytons, a. (davà) nââd, nâvâ, vâsd, sâvd, sCidd. b. grubhd, nâyd, ghâsd, tard, vâkd, vahd, çrayâ, sâhd, svând, hvârâ. — Pour être conséquent, nous avons placé entre crochets comme étant sans valeur ici les mots dont la racine contient a au témoignage des langues d'Europe; ex.: hhdga, gr. (pay.

1. Les mots comme hââha de hàdh dont la racine a déjà l'a long, en outre les raols d'origine obscure comme 0la «filet», çâpa «bois flottant» ne sont pas cités, kâma est un thème en -ma.

�� � ACCENTUATION DES THKMES EN -rt CONTENANT a^. 79

a.^ ne pouvant se manifester dans les mots venant de racines fermées comme manth ou veç, il en résulte que le départ entre les formations nouvelles et les formations primitives qui seules nous intéressent est impossible chez ces mots. Mais les langues congénères garantissent jusqu'à un certain point l'ancienneté de quelques-uns d'entre eux. Voyons l'accentuation que leur donne le sanskrit. Paroxytons: gr. boXqpôç, gerra. kalha-, skr. gdrbha; gr. Xoiyôç, skr. rôga [gr. ôpôç, skr. scîra^]; germ. hausa-^ «crâne», skr. Arôsa (Fick) ; germ. clrauga-, skr. drôgha; germ. rauta-, skr. rôda (P.); germ. svaita-, skr. svéda (F.). Oxytons: si. mqtû, skr. manthd; si. mrakû = *morkû, skr. markà (B. R.) [si. chromû {Q,à].), skr. sramâ^]; gr. oÎko, skr. veçd\ gr. KÔTXn. skr. çankhâ', germ. pauta-, skr. todd (F.); germ. maisa-^, skr. mesd (Bugge); germ. rauda- (adj.), skr. lohd. Quant à l'accent des mots comparés, on voit qu'il n'est pas toujours d'accord avec celui du sanskrit.

Sont oxytons en grec: les adjectifs, les noms d'agent, une partie des noms abstraits masculins, les noms abstraits féminins.

En germanique, autant que j'ai pu m'en rendre compte, les substantifs (masculins et féminins) sont oxytons: le got. snaivs (veiqpei donne Ve) prouve par la perte du g l'accentuation snai(g)vd- (Sievers). Dans l'article cité de M. Verner sont mentionnés les thèmes germa- niques haugd- (rac. heuh, dans le got. hiuhma), laidà (fém.) de leip, sagd (fém.) de seh (lat. secare). Les deux mots suivants sont ana- logues, mais viennent de racines qui ont a: Jiôbd (fém.) de haf, fangd (fém.) de fanh. En revanche on a des paroxytons dans faiha- (got. filufaihs), maisa-, cf. ci-dessus, — Les adjectifs sont souvent paroxytons, ainsi lausa- de leus*, Jiauha- «.haut» en regard de hanga-

1 . sara paraît n'être qu'une variante de çara ou çàras. Les sens de sàra (crème, quintessence etc.) et du gr. ôpôç partie aqueuse du lait) se concilient facilement, bien qu'ils soient en apparence opposés. Le lat. sérum est-il le même thème, ou seulement parent? Curlius, Grdz. 350.

2. L'a de hausa- et de maisa-, l'o de KÔfxii représentent fent-être a.^, mais on ne peut le dire avec certitude.

3. Goldschmidt Méni. Soc. Ling. I 413. Ce mot ne peut figurer ici que si la racine est sram. Si l'on admet une racine srâ, la cho.se est tout autre.

4. Même accentuation dans le mot grec qui y correspond Xoûoov KÔXoupov, KoXopôv, Teôpauoia^vov (parent de à\eûo|aai = got. liusan ; cf. àXvaKdliu et chez Hésychius XuOKdJ^ei). Relativement à la chute nécessaire de Vs grec placé entre deux voyelles, les affirmations péiemptoires paraissent encore prématurées en présence de certains cas tels que aauoapôç (lit. snâsas), èv-dovaiaa\xôç (cf. si. duchû, dusa). Reste à trouver la règle. — Ija racine frap (avec a) donne l'adj. oxyton frOdd-.

�� � 80 «2 DANS LES THEMES EN -CI DES COMPOSÉS.

«éminence», mais nous avons vu que la plupart ont e dans la ra- cine, ce qui leur assigne une place à part.

En somme et autant qu'on en peut juger sur ces données fort peu complètes, on conclura: 1° qu'un grand nombre de thèmes en a avec ag dans la racine, ont eu dans la langue mère le ton sur le suffixe; 2° qu'on ne peut dire avec certitude si quelques-uns de ces thèmes, quel que fût d'ailleurs le sens, ont eu au contraire le ton sur la syllabe radicale.

Dans les thèmes en -a formant le second membre d'un com- posé dont le premier sera un substantif régi — nous ne parlons que des cas où l'actimi verbale est encore sentie, non de tafpurusas en général — j ou bien une préposition, la présence de a.^ est assurée aussi. "^ Nous pouvons distinguer quant au sens quatre catégories représentées par les exemples suivants: a. pari-vaââ «le blâme» de vad, h. ut-tânâ «qui s'étend» de tan, c. sukta-vCikâ «récitation d'un sûkta» de vaé, d. uda-hârà «porteur d'eau» de har. Le zend montre le même allongement de l'a.

Exemples grecs : a. erûX-XoYOç et (TuX-XoYil de Xey ; a. èS-i-moipôç de à|iieip, irpô-xooç de x^v; c. — ; d. u-çoppôç de q)epp, TTup-qpôpoç de qpep. La classe c existe dans quelques féminins comme inicrdo- q)opà, mais ces mots sont des exceptions.

Exemples lituaniens: pâ-szaras «nourriture» de szer^ at-laidà «grâce» de leid, isz-iakas «écoulement> de tek. Paléoslave: vodo-nosû de nés, sqlogû de leg (peut-être bahuvrïhi), pro-vodû «compagnon» de ved^ po-tokû «rivière» de tek, prorokù «prophète» de rek, vodo- tcikii «canal» de tek. Dans dobro-rekû (Osthoff, Beitr. de P. et B. III 87) \'e s'est infiltré.

En latin le vocalisme du second membre des composés, soumis aux influences de divers agents destructeurs, est absolument mécon- naissable. L'osque lovfrikonoss est un bahuvrïhi.

A l'origine, on n'en peut douter, ces composés ont été géné- ralement oxytons. Ils le sont dans les textes védiques, et ils le sont en partie en grec. Dans la classe d. le grec n'a retiré l'accent sur la pénultième que lorsqu'elle était brève* (Bopp, Accentuations-

��1. Il esrl remarquable que les composés indiens de caractère moderne où le premier membre est décliné {/mè{i7nhhard etc.) ne présentent jamais Va long.

2. Les exemples où la règle n'est plus du tout observée (ex. : dans TTToXiiTopôoç, Tra\{vTovoç) présentent ordinairement cette singularité que le premier membre a i dans la dernière syllabe.

�� � a 2 DANS LES THÈMES EN -l ET EN -U. 81

System 280, 128; Schrœder, K. Z. XXIV 122). Voy. l'exception que présente parfois le sanskrit, chez Garbe, K. Z. XXIII 481 ; elle rap- pelle la distinction du grec TraipÔKiovoç et TtaipOKiôvoç.

Thèmes ex -i. Voici ceux que forme le grec: xpex Tpôxi «coureur» (Eschyle), crpeqp aipôqpi «homme retors» (Aristophane), Xp€|i XPÔ|Lii, nom d'un poisson; |Lie|Li(p )Liô|uq)i fém. = |LiO|uq)ri. Adjectifs: Tpeqp Tpôqpi (Homère), 5peTr bpÔTTiç • rpu-fnTÔÇ (Hés). Cf. fioXiriç, cppôviç, <pôp)iiYH.

Cf. got. balgi- «outre» de belg «enfler»; skr. râçi, gkâsî; dhrdgi, grdhi. Lindner, p. 56.

Thèmes ex -u. La racine du got. liinpan «prendre» donne handû- fém. «la main» (Verner l. c). L'a du germ. haidû- = skr. ketiï est certainement a^ (et non a), parce que le é alternant avec k du skr. cétati, parent de ces mots, est un signe de % (chap. IV). En comparant skadii- «ombre» au skr. ddtati, on aurait un thème en -u tout semblable aux précédents; mais ici nous sommes moins sûrs que la voyelle radicale soit a^. Nous reviendrons sur ce rapproche- ment au chapitre IV.

Le lit. dangùs «ciel» vient de deng «couvrir». Quant aux nom- breux adjectifs en -u-s, réunis par M. J. Schmidt, Beitrdge de Kuhn et Schleicher ly 257 seq., et qui prennent régulièrement Og — ^x. : sargùs de serg — , ce n'est pas en réalité au thème en -u, restreint à quelques cas du masculin, mais bien au thème en -ya qui appa- raît partout ailleurs qu'on doit, semble-t-il, attribuer la priorité: il est vrai que le sanskrit a quelques adjectifs comme dârû de dar, mais la règle dominante des anciens adjectifs en -u est de rejeter l'a radical (p. 16, 24).

On trouve un thème da^mu dans le lat. domus, -ûs, égal au paléosl. doynû}. Ce dernier mot, au dire des slavistes, est bien un véritable thème en -u et ne montre point la même indififérence •que d'autres à se décliner sur vlûkû ou sur synû. C'est à la même formation qu'appartient le gr. KÔp^uç fém. si l'on adopte le rap-

��1. L'ind. dâmunas «familiarisa, un des noms d'Agni, se décompose peut- ^tre en danm -\- nas (venir). Il reste à expliquer la brève de dàmu: on pourrait penser tout d'abord à un déplacement de la quantité et reconstruire *dàmunas. Mais l'allongement de ïi ou de Vu devant une nasale est chose si commune, qu'une telle hypothèse serait fort risquée. Il n'est pas inconcevable que, 1'?* une fois allongé, Va.^ qui précédait ait été forcé par là de rester bref. V. p. 84. Toutefois la forme damûnas qui apparaît plus tard rend cette combinaison très problématique.

de Saussure, Oeuvres. 6

�� � 82

��«2 DANS LES SYLLABES SUFFIXALES.

��prochement de M. Fick avec le got. hairda, lequel attesterait Ye radical et la non-suflSxalité du ô; puis KpoKÛç, -ûboç fém.^ de KpéKU) «tramer».

Deux neutres paroxytons de grande importance: gr. bôpu, irland. âaru- (Grâz. 238), skr. dâru; gr. yôvu, skr. gdnu. L'ind. sdnu, d'après cette analogie, doit contenir a^. qpôpPu' xà ouXa' HXeîoi semble venir de (pepP et avoir a^.

Très répandue est la famille des thèmes en -ya. Toutefois les formations secondaires s'y entremêlent si étroitement avec les mots tirés directement de la racine que nous nous abstenons, de peur d'erreurs trop nombreuses, de soumettre ces thèmes au même examen que les précédents.

2. Syllabes suffixales.

Les langues européennes montrent clairement que la voyelle ajoutée à la racine dans les thèmes verbaux en -a est un a^ qui alterne avec a^. Il y a concordance de tous les principaux idiomes de la famille quant à la place où apparaît Og (1*^ pers. des trois nombres, 3^ pers. pi.):

Gotique

viga

vigsim

vigos

vig&7id

vig\p

1. La racine ici importe peu. — 2. Anciennement *veliumns, *eehomus. — 3. rezomû et vezoï'é sont les formes de l'aoriste (s'il existe chez ce verbe); l'e du présent vezemii, vezevè, est dû à l'analogie des autres personnes. — 4. Vieux latin tremonti. — Le zend concorde avec le sanskrit. Le lituanien présente les les personnes du plur. et du duel sîikame, sùkava. Va du got. vigats (2* p. du.) ne peut être qu'emprunté à vigam, vigand etc. On explique de même le V. h^-all. wegat en regard du vîgip gotique (2* p. pi.), et le lit. sùkate, sùkata.

Les formes du moyen reproduisent le même schéma: parmi elles on distingue les 1^^ personnes du grec: qpépoiuai, è(p€pô^r|V qui, bien que s'écartant des formes indiennes, présentent, selon la règle, un devant }i (y. ci-dessous).

La forme primitive exacte de la 1® personne du singulier de l'actif est une énigme que nous n'essayons point de résoudre. Avec la désinence dite secondaire, elle n'offre pas de difficulté: gr. l-q)€pov, si. vezù (régulier pour *vezon\ skr. d-hharam (a bref, vu la syllabe

��Grec (exw ^ è'xoiuev

ëxovTi Cf. ex€T€

��Latin

veho

vehimus^

vehunt^ veMte

��Paléoslave

�Sanskrit

�vezsj.

�vàhâmi)

�vezomû^

�vdh'dmas

�vezové^

�vdhâvas

�vezs^tï

�vdhanti

�vezete

�vdhatha

�� � fermée). Du reste le paradigme se répète partout où il y a une conjugaison de l’espèce qu’on appelle thématique. Dans ce paradigme, l’apparition de a.y est évidemment liée d’une manière ou d’une autre avec la nature de la consonne qui suit. V. Paul dans ses BeitrUgeW 401. On ne peut, vu la 3® pers. du pluriel, — à moins d’admettre que la désinence de cette personne fût à l’origine -mti — chercher dans le son labial la cause de la transformation. Il faudra l’attribuer aux sonantes, ou plus généralement peut-être aux sonores. C’est le seul cas où la substitution du phonème «2 au phonème a^ trouve son explication dans une action mécanique des sons avoisinants.

Dans la diphtongue de l’optatif, c’est «2 Q^i apparaît: le grec et le germanique sont les seuls idiomes qui donnent à ce sujet un témoignage positif, mais ce témoignage suffit: gr. è’xoiç, ëxoi, ëxoi|iev etc.; got. vigais, vigai, vigaima etc.

Devant le suffixe du participe en -mana ou -ma les langues européennes ont «2- E^- ^XÔ-MCVO-ç^, si. vezo-mû, lit. véèa-ma; le lat. vehimini ne décide rien. D’après le grec on attendait en sanskrit ^vâhâmana-» : nous trouvons vdhamâna. J’ai essayé ailleurs d’expliquer cette forme par un déplacement de la quantité (cf. pavâkâ pour pâvakd, çvdpâda pour çvdpaâa. Grassmann s. v.). Mais cette hypothèse, peu solide par elle-même, se heurte aux formes comme sasrmând. Nous nous en tiendrons à ces remarques-ci: 1° Quant au suffixe: il n’est pas identique au - jnevo du grec. Selon toute probabilité, il remonte à ma^na et se place à côté du boruss. po-klau- sïtnanas^ (Bopp, Gramm. Comp. Trad. IV 25); le zend -mana et le grec -^evo représentent -ma^na; le zend -mna nous donne une troisième forme, affaiblie. Il est difficile du reste de se représenter comment ces trois suffixes ont pu alterner dans l’indo-européen, et il est étrange que de deux idiomes aussi voisins que le zend et le sanskrit, le premier ignore complètement -ma^na, quand inversement, l’autre a perdu toute trace de -maiiia.^ 2° Quant à la voyelle thématique: quoiqu’elle soit brève, elle pourrait être «g. ainsi que le réclament et le phonème qui suit et le témoignage des langues européennes.

1. Le pamphylien PoX^^ievuç (PouXôiaevoç) appartient à un dialecte où iropTf est devenu TiepT-. Les formes nominales pAejuvov, T^peinvov etc. peuvent s’interpréter de différentes manières.

•2. Le gr. -laovri dans xopi^ovrî etc. n’est qu’une continuation relativement moderne du suff. -fiov, étrangère aux participes.

3. Les infinitifs indiens en -mane viennent de thèmes en -man. 84 «2 Ï>A.NS LES SYLLABES SUFFIXALES.

Pour cela il faut admettre que dans une syllabe ouverte suivie d'une longue les langues ariennes n'ont pas allongé^ a.^. Les exemples où la chose peut se vérifier sont malheureusement rares et un peu sujets à caution: le premier est le zd. katàra dont il est question ci-des- sous; le second est damûnas, v. page 81; enfin on a les aoristes en -isam, page 69. Mais la brève du zend vazyàmana demeure in- compréhensible.

Devant le suff, -nt du partie, prés. act. la voyelle thématique est «21 lorsqu'elle n'est pas rejetée, ce qui arrive à certains cas de la flexion. Grec èxovT-, got. vigand-, si. {vezy), gén. vezqsta, lit. veèant-. L'a bref du skr. vdhant- est régulier, la syllabe étant fer- mée. Quant à Ve du lat. vehent-, M. Brugmann admet qu'il vient des cas faibles h nasale sonante. — Le participe du futur est tout semblable.

Quittant la voyelle thématique verbale, nous recherchons les cas où un «2 apparaît dans le suffixe des thèmes nominaux. Toute- fois nous laisserons de côté provisoirement les suffixes terminés par une consonne.

Le suff. -ma^na est déjà traité; un autre suffixe participial est ■a^na: skr. bibhid-ând, got. hit'an{a)-s. — Le suffixe secondaire -tara subit des variations assez surprenantes. Il prend, en zend, la forme -tara lorsqu'il s'ajoute à des pronoms: katara, yatâra, attira (cî. fra- tara), tandis que le sanskrit présente partout l'a bref: katarâ, yatarâ etc. C'est le même phénomène que pour le suff. -màna, avec cette différence qu'ici c'est l'iranien qui montre a.^, et que la forme qui contient a^ subsiste parallèlement à l'autre. De plus le zend n'est point isolé comme le sanskrit l'était tout à l'heure: k côté de katara se place le si. kotoryjï et vûtorû, le got. hvapAra et a7ipara^ (zd. aùtara). D'autre part l'a du sanskrit est appuyé du gr. îrôrepoç et, dans le

��1. La longue, dans le cas de vâhamàna, descend elle-même d'un ancien Oj [vaha^ma^na): mais il est aisé de comprendre que dans le conflit des deux a^ tendant l'un et l'autre à devenir voyelle longue, le second, qui ne trouvait point de résistance dans la syllabe brève placée après lui, devait remporter l'avantage. — Cette syllabe brève dont nous parlons est remplacée dans certaines formes par une longue, ainsi au pluriel vdhaniàngs; et pour soutenir toute cette théorie, à laquelle du reste nous ne tenons pas particulièrement, on serait natirrellenient obligé de dire que dans vâhamàna comme aussi dans pàkâ, ryâdhà etc. l'allon- gement n'appartient en propre qu'à ceux des cas de la déclinaison où la termi- naison est brève.

2. Je sais bien que cet a gotique peut s'expliquer difTéremment si l'on com- pare fadar = TraT^pa et ufar = ùirép.

�� � «2 DANS LES SYLLABES SUFFIXALES. 85

slave même, de jcterù. Le lat. wfer, qui a passé par une forme

  • ?</>•«, n'entre pas en ligne de compte, h' osque piiiuruspid {ci. pàterei)

a subi une assimilation secondaire, Curtius, Grdz. 718. Nous ne trouvons pas d'autre issue que d'admettre un double suffixe primi- tif. Peut-être que l'un, -ia^ra, s'ajoutait aux pronoms, tandis que l'autre était réservé aux prépositions, comme cela a lieu en zend, et que plus tard les différentes langues ont en partie confondu les deux emplois. 11 faut ajouter que le zend abrège Va de katara toutes les fois que par l'addition de la particule cH, la syllabe qui suit cet â devient longue : katâraçtHf, katâreméit (Hiihschm&nn, Casus- lehre 284). Est-ce à dire que l'allongement, dans katara, tient à une cause tout autre que la présence da a,? Comme nous venons de le dire (p. 83 seq.), cette conclusion ne parait pas nécessaire.

Voyelle suffixale des thèmes en -a {Thèmes en -a proprement dits, thèmes en -ta, -na, -ma, -ra etc.). M. Brugmann indique briève- ment que cette voyelle est «g {Stud. IX 371), et cette opinion a été adoptée de tous ceux qui ont adopté l'hypothèse de a^ en général^. Ici comme ailleurs «g alterne avec a^. Voici, en prenant comme exemple le thème masculin ind.-eur. akiva, les cas ^de la déclinaison où l'accord des langues européennes atteste clairement la présence de «g- nom sg. akwa^-s, ace. sg. akwa^-m^, ace. pi. akwa^-ns. De même au nom. -ace. neut.: dana^-m. Le degré a^ est assuré au vocatif akwa^. Tout le reste est plus ou moins entouré d'ombre. Doit-on, au génitif singulier, admettre a^ ou a^ ? Le got. vulfi-s parle pour la première alternative ^ le gr. ïtttto-io pour la seconde. Ces deux formes ne peuvent pas l'une et l'autre refléter directement la forme première. L'une d'elles a nécessairement subi une action d'analogie: il ne reste qu'à savoir laquelle. La forme sanskrite est pour plusieurs raisons impropre à décider ici. Mais il y a une

��1. Dans l'article cité des Mémoires de la Société de Linguistique, je croyais avoir des raisons de dire que Va dans miroç, equos, était o — malgré le vocatif en e — et non pas o^- Depuis j'ai reconnu de plus en plus qu'une telle propo- sition est insoutenable, et je n'en fais mention ici que pour prévenir le reproche de changer d'opinion d'un moment à l'autre en disant que cet article a été écrit il y a près d'un an et dans un moment où je venais à peine de me rendre compte de la double nature de l'o gréco-italique.

2. L'a bref du skr. (içims, âçvàm est régulier, la syllabe étant fermée.

3. Sur l'rt secondaire du vieux saxon -as, v. Leskien, Dedination, p. 30. Le boruss. stesse parle aussi pour a^, bien que souvent IV de la Baltique inspire assez peu de confiance (ex. : lit. kvep «exhaler», got. hvap, grec et lat. hvap).

�� � 86 «2 SUFFIXAL SOUDÉ AVEC LA VOYELLE DE LA DÉSINENCE.

forme pronominale slave qui semble prouver «^ : ceso ou cïso, gén. de cï{-to). M. Leskien {Decl. 109) approuve ceux qui y voient une forme en -sija, et pourquoi ne serait-elle pas tout d'un temps le zd. éahyâ (skr. kdsya, génitif du thème ko) qui lui-même trahit «j par sa palatale? Comme il n'y a pas d'ailleurs de raison de croire que le génitif d'un pronom en -a^ différât en rien de la forme correspondante des thèmes nominaux en «g» nous concluons à l'indo- eur. ahva.y-sya et nous tenons Vo de itttto-io pour emprunté à d'autres cas. — Le locatif a dû avoir a^ : akwai-i. C'est ce qu'indiquent les locatifs osques comme terei^ akenei, et les locatifs doriques comme TOUTeî, Teîbe; cf. TtavbriMeî, otjaaxeî etc., enfin le vieux locatif litua- nien 7iamé (Leskien l. c. 47). M. Brugmann, qui est pour cette hypo- thèse akw&ii, me fait remarquer que les locatifs grecs en -oi (oÏKOi) ne sont qu'un cas tout ordinaire de contamination, tandis qu'en partant d'un primitif akwa,2i on est fort en peine d'expliquer la forme en -ei. — Devant celles des désinences du pluriel qui commen- cent par Ih et s le thème s'accroît d'un i, mais la voyelle est Og à en juger par le grec 'imiox-ai, l'osque zicolois et le germ. pai-m (décli- naison pronominale). Le lituanien a të-mtis; mais la véritable valeur d'e est obscure.

Lorsque la désinence commence par une voj'elle, celle-ci, dans toutes les langues de la famille, se trouve soudée avec la voyelle finale du thème. D'après les principes généraux de la comparaison linguistique on placera donc le fait de cette contraction dans la période proethnique. Cependant le phénomène a quelque chose de si particulier, il peut si bien se concilier avec les tendances phoné- tiques les plus diverses, et d'autre part s'accomplir dans un laps de temps restreint, que l'hiatus après tout a pu tout aussi bien subsister jusqu'à la fin de cette période, ce qui ne veut pas dire qu'il se soit perpétué très tard jusque dans l'époque préhistorique des différentes langues.^ Cette question est liée à certaines autres traitées au § 11. — Au nominatif pluriel, skr. dçvâs, got. vulfos, oaque Abellanos, ombr. screihtor, la voyelle de la désinence* est a^. II faut donc, principalement à cause de Vo des formes italiques, que le thème ait «2- nous obtenons ainsi akica^ -\- a^s. Prononcée avec

��1. Nous n'osons pas invoquer en faveur de l'hiatus les formes védiques (restituées) telles que devâas, çâmsaas, devânaam etc., ni celles du zend comme (iaëvdaf sur la signification desquelles les avis varient beaucoup.

2. Sa valeur est donnée par le grec et le slave: |uiriTép-eç, mater-e.

�� � «2 SUFFIXAL SOUDÉ AVEC LA VOYELLE DE LA DÉSINENCE. 87

hiatus, la forme serait akwa.2aiS (à peu près ekwoes); avec contrac- tion akH-â.,s (ekwôs). Nous enregistrons le phonème nouveau^ «2 engendré ici comme par accident, mais qui trouvera plus loin son rôle morphologique. De quelque époque du reste que date la con- traction, il est essentiel de noter que \'o de vidfos (= âg long) dif- fère à l'origine de Vo de bropar (= À). Au nord de l'Europe en eft'et les longues de «3 ^^ ^ ^^nt ■confondues aussi bien que ces voyelles elles-mêmes. — Pour Vahlatif singulier, la voyelle désinentielle est inconnue: si nous lui attribuons la valeur a^, le cas est le même que pour le nominatif pluriel. Le génitif letto-slave vlûka, vilko sort de l'ancien ablatif (Leskien). Cette forme donne lieu à la même remarque que vulfos: Va slave (= lituanien) est chez elle «2, non pas À comme dans mati (lit. mote). — La seule donnée que nous ayons sur la nature de l'a dans la désinence du datif singulier est incertaine: ce sont les infinitifs grecs en |Liev-ai = skr. man-e qui la fournissent^. Si nous la prenons pour bonne, il y a dans l'ô de 'ÎTTTruj, equo, et dans l'a du skr. dçvàya les éléments «2 H" ^- Nous ne ferons pas l'analyse fort difficile de l'instrumental singulier et pluriel (skr. dçvais, lit. vilkais), du génitif pluriel ni du nom. -ace. duel. Le nom -ace. pi. des neutres est unique dans son genre : son â long a la valeur Â, c'est le gréco-italique qui nous l'apprend.^ A moins de l'identifier, comme quelques-uns l'ont fait, au nom. sg. du féminin, il faudra supposer une forme première dâna2 ~\- ^, ou bien, si le A désinentiel est bref, dâna^ -a; on ne saurait admettre dâna2 -f- a, puisqu'au datif singulier a^ -\- a a. donné l'ô gréco-italique.

Dans la déclinaison pronominale, nous trouvons «g devant le d du nom.-acc. sg. neutre: gr. tô, lat. -hid; got. pata, si. to, lit. ^a-t

1. En admettant la possibilité d'une longue à^, différant de la brève a^, nous tranchons implicitement la question de savoir si dans la langue mère «2 a été bref comme il l'est partout dans les langues européennes. Les formes dont il est question pourraient du reste, comme on voit, servir à démontrer cette quantité brève.

2. Schleicher doute que -|aev-ai puisse être le datif d'un thème consonan- tique. Comp.* AOl. — La longueur fréquente chez Homère de l'i du datif grec (Hartel, Hom. Stud. P 56) n'est pas une raison suffisante pour croire que cette forme représente autre chose que l'ancien locatif. Ai/ei- dans AuTeiOeiaiç etc. ne paraît pas être un datif. Les formes italiques et lituaniennes sont équi- voques.

3. Lui seul peut nous l'apprendre; car il est superflu de répéter que les langues du nord confondent ^2 et 3. En slave par exemple Va de delà (pi. neut.; cf. lat. dôna) n'est pas différencié de l'a de vlûka (gén. soit abl. sing.; cf. lat. equo).

�� � 8» PARALLELISME DES THEMES EN (Tg ET DES THÈMES EN A.

(skr. iad). Puis au nom. plur, : gr. Toi, vieux lat. poploe (déclinaison pronominale à l'origine), got. ^ai^ (skr. té). — C'est évidemment a^ que renferme le pronom sa (nom. sg.): gr. ô, got. sa. La forme indienne correspondante sa est le seul exemple certain où l'on puisse observer comment le sanskrit traite ce phonème, quand il est placé à la fin du mot. Nous constatons qu'il ne lui fait pas subir l'allon- gement.^ Relevons encore le pronom de la première personne gr. èxû), lat. e^o si. azii^ ='-^'azom ou *azon (skr. ahâm); Yo long de tfd) est encore inexpliqué, mais il est certainement de sa nature a^.

M. Brugmann (l. c. 371) a fait voir le parallélisme qui existe entre Ve (%) du vocatif des thèmes en a2 et l'a bref du vocatif des féminins en a: gr. vù|ucpa, bécrnoTa, de thèmes vu|ucpû-, beffiroTct-; véd. amha, voc. de anibâ; si. ieno, voc. de ze^ia. La dernière forme appartient au paradigme courant. Le locatif grec X«M«î> du thème

  • X«|iiâ- = skr. ksmâ offre exactement le même phénomène et vient

se placer à côté du locatif des masculins en -ei. On ramènera le loc. osque viai à via -\- i, le loc. si. iewê à éenà -j- i. La forme des lan- gues ariennes doit être hystérogène. Mais peut-être le loc. zd. zemë offre-t-il un débris ancien: il est naturel de le rattacher au thème féminin skr. ksamâ et au gr. \a]JiOii, plutôt que de le dériver d'un masculin qu'il faudrait aller chercher jusqu'en Italie (lat. humus). — Il y a peu de chose à tirer du génitif. Nous concluons: où les masculins ont «g» ^^^ féminins ont a; où ils ont a^, les féminins ont A. Cette règle est singulière, parce que partout ailleurs le rap- port a: A diffère absolument du rapport % : a^.

Comme premier membre d'un composé le thème des masculins offre 82 : gr. ÎTnrô-baiLioç, got. goda-kunds, si. novo-gradû, lit. kaklâ- ryszis. De son côté le thème féminin montre a long*: skr. sena-

��1. Le si. ti est d'autant plus surprenant que nous trouvons e au loc. vjûcè où nous avons conclu à la diphtongue «, i. Cf. plus haut p. 65.

2. Le texte du Rig-Véda porte une fois la forme sa pour sa (I 145, 1). Il y a aussi en zend une forme hà que M. Justi propose de corriger en hâu ou hô. Lors même qu'elle serait assurée, la quantité d'un a final en zend n'est jamais une base sûre.

3. L'rt initial de ce mot auquel répond le lit. àsz (et non «ôsz») est tout à fait énigmatique. Cf. lit. aszi'<a = equa, ape en regard de ètii.

4. Quant à la formation slave vodonosû de roda, elle est imitée du mas- culin; le grec a de même le type XoYXO-cpôpoç de Xôfxi- Considéré seul, vodo- pourrait, étant donné le vocalisme du slave, se ramener à vadA-: une telle forme serait fort curieuse, mais le  des idiomes congénères nous défend de l'admettre. — M. G. Meyer (Stud. VI 388 seq.) cherche à établir que la formation propre

�� � A paH, zd. upaçtâ-hara, gr, viKû-cpôpoç, lit. vasarô-îaukis de vasarà (Schleicher, Lit. Gr. 135).

En considérant les dérivés des thèmes en «« tlans les langues ariennes, on s’étonne de voir cette voyelle rester brève devant les consonnes simples^; ainsi ghorâtâ de ghorâ. Il faut dire tout d’abord que dans bien des cas «2 6St remplacé, ici encore, par «j : ghorâtâ par exemple est le got. gauripa. Cf. vieux lat. aecetia. Dèa lors la brève est justifiée. — Mais cette explication, il faut bien le dire, fait défaut pour d’autres formes. Dans tâ-ti et hî-ti, a^ est attesté par le lat. tôt et guot. En regard du gr. irÔTepoç, de l’ombr. podruh- pei, du got. hvapara-^, du si. kotoryjï, du lit. katràs, nous trouvons en sanskrit kà-tarà. Les formes uhhdya en regard du got. bajo^s et dva-yâ, cf. gr. boioi’/ sont moins embarrassantes, parce qu’on peut invoquer le lit. àbeji et dveji. Mais il est inutile, je crois, de recourir à ces petites explications: il est trop visible que l’a qui termine le thème ne s’allongera dans aucun cas. C’est là, on ne saurait le nier, un côté faible de l'hypothèse de a^ : on pourra dire que devant les suffixes secondaires régnent parfois les mêmes tendances phonétiques qu’à la fin du mot, on pourra comparer ka- dans kà-ti au pronom sa^ devenu sa. Mais nous ne voulons pas nous risquer, pour ces quelques exemples, à soutenir dans toutes ses conséquences une thèse qui mènerait extrêmement loin.

Peut-être est-ce la même raison qui fait que le skr. samâ garde l’a bref, bien qu’il corresponde au gr. ô|aôç, au got. sam,a{n-)’. M. Benfey y voit en effet un dérivé (superlatif) du pronom sa. Le zend hâma ne nous sert de rien, et voici pourquoi. La même langue possède aussi hama et d’autre part le slave a la forme samû à laquelle M. Fick joint l’anglo-s. ge-sôm «concors»: hâma est donc

��des langues européennes est d’abréger l’a final; mais pour cela il fait sortir \oYXO- (dans XoTXO-çôpo) directement du thème féminin, ce que personne, je crois, ne sera plus disposé a admettre. I-iCs trois composés indiens où ce savant retrouve sa voyelle brève kaça-plakâ, ukha-cMd, ksa-pâcant pourraient s’expliquer au besoin par l’analogie des thèmes en -a que nous venons de constater en Europe, mais le premier n’a probablement rien à faire avec Icâçâ; les deux autres sont formés sur ukhà et ksatn.

1. La règle sur a^ devant une syllabe longue trouverait peut-être quelque-fois son application ici; ainsi le suff. -vont, étant long, pouvait paralyser l’allonge- ment de Ya^ qui précédait; — dans dçiâvant ttc. la longue n’est due qu’à l’influence spéciale du v.

2. Les formes des autres dialectes germaniques remontent, il est vrai, à un primitif hve^ara qui est surprenant. 90 RAISONS QUI DOIVENT FAIRE ADMETTRE DEUX GRÉCO-ITALIQUES.

hypothéqué par ces deux derniers mots, et son a long ne peut phis représenter a^. Si o, dans ô)aôç, représentait o, les difficultés seraient levées, mais je ne sais si cela est bien admissible. Cf. simâ, sumdt^ smât.

J'ai réservé jusqu'à présent un cas qui présente certaines ana- logies avec celui de samâ: c'est le mot dama dans sa relation au gr. bôjaoç, au lat. domo-, à l'irland. -dam. Seulement, ici, il n'y a plus même la moindre probabilité à diviser: da-ma. Si l'on consi- dère la parenté possible de samâ avec le thème sam- «un», ou la particule sam, on trouve les deux séries parallèles: 1° sam, samâ avec brève irrégulière, ô|uôç, sûmû. 2° dam (bû)?), daynâ avec brève irrégu- lière, bô|Lioç; bâjuoç. J'ignore si ces deux séries sont unies par un lien intérieur.^

M. Brugmann attribue à a.2 une quantité moyenne entre la brève et la longue et accorde ainsi la brève de toutes les langues euro- péennes avec la longue des langues asiatiques. Mais puisque celle-- ci ont elles-mêmes un a bref devant les groupes de plus d'une con- sonne, on peut se passer de ce compromis et admettre que la diffé- rence entre a^ et a^ n'était que qualitative. Cf. p. 87 i. n.

Nous verrons à propos de la flexion d'autres exemples, et des plus probants, de l'oa indo-européen.

§ 8. Second o gréco-italique.

Voici les raisons qui nous forcent d'admettre une seconde espèce d'o gréco-italique:

1. Il y a des o auxquels le sanskrit répond par un a bref dans la syllabe ouverte: ainsi l'o de irôaiç — potis = skr. pâti doit être différent de l'o de bôpu = skr. dàru.

2. Raison morphologique: comme nous l'avons vu au § 7, le phonème a^ est Hé et limité à certains thèmes déterminés. Jamais par exemple aucune forme du présent d'un verbe primaire, c'est-à-dire non dérivé, ne présente un o (ou en germanique un a) que la co-

��1. Inutile de faire remarquer que le verbe grec bé\iw, sans correspondant asiatique — et dont Bôhtlingk-Roth veulent séparer bô|Lioç dans le cas où on l'identifierait à dama — apporte de nouvelles complications. Pris en lui-même, <iamâ pourrait, vu son accentuation, être l'équivalent de &dmd»: ce serait alors un thème autre que bô|Lioç et qui en grec ferait «bainoç». C'est ainsi, sans aller bien loin, qu'il existe un second mot indien sama signifiant quiconque, lequel devient en grec à|u6ç (got. sums), v. le registre.

�� � VOCALISME ARMÉNIEN. 91

existence de l'e prouverait être a^. Il est donc invraisemblable que Vo d'un présent comme oluj, en d'autres termes Vo qui se maintient dans toutes les formes d'une racine, puisse représenter a.^.

Le vocalisme de l'arménien est ici d'une certaine importance. Les articles de M. Hiibschmann, Ûber die stellung des armenischen im kreise der indogerm. sprachen et Armeniaca, K. Z. XXIII 5 seq., 400 seq. offrent des matériaux soigneusement triés, malheureusement moins abondants qu'on ne souhaiterait, ce qui tient à l'état imparfait de l'étymologie arménienne. C'est là la source où nous puisons. L'auteur montre que la distinction d'« et d'e existe en arménien comme dans les langues d'Europe, que cet idiome en conséquence n'appartient point à la famille arienne: fondé en outre sur les phénomènes relatifs aux gutturales, il le place entre le letto-slave et l'iranien. Sans vouloir mettre en question ce dernier résultat, nous croyons devoir faire remarquer que par son vocalisme l'arménien ne se borne pas à affirmer une relation générale avec l'Europe, mais qu'il noue des liens plus étroits avec une certaine portion de ce domaine, qui n'est pas comme on l'attendrait le slavo-germanique, mais bien le gréco-italique. L'arménien possède en effet la distinction des phonèmes «2 ^t a.

A devient a: asiem = oEyuj (Hiibschmann 33); haz «part», hasanel «partager», gr. qpaTeîv (22); kapel, \ait. capio (19); hair pater; ail = aXXoç (33); andzuk «étroit», gr. à'TXuu (24). — i se trouve dans mair mater; elhair frater; bazuk, gr. TTCtxuç (emprunté peut-être à l'iranien, 402).

a2 devient (pour l'e v. l. c. 33 seq.): à côté de hetkh «trace» (lat. peda), otn «pied», cf. gr. irob- (Brugmann, Stud. IX 369); gochél «crier», cf. gr. eiroç, 6{^ (33); gorts «œuvre», cf. gr. ëopYCi (32); ozni èxîvoç (25) n'a point d'analogue direct dans les langues con- génères, mais comme celles-ci ont un e dans ce nom du hérisson, Vo de oz7ii doit être a.^. En composition: lus-a-vor que M. Hiibsch- mann rend par XeuKoqpôpoç et qui vient de berem «je porte» (405); age-vor (400). Enfin dans le sufïixe: mardo- (dat. mardoy) = gr. PpOTÔ. Mais il y a un point, et c'est là ce que nous avions plus particulièrement en vue, où l'arménien cesse de refléter Vo. gréco- italique et où il lui oppose un a: akn «œil», gr. ôcfcre, lat. ocidus (33); anwan «nom», gr. ôvo)Lia, lat. nômen (10), magil «serre», gr. ôvuE, lat. nnguis (35); am;;, amb «nuage», gr. ô|nPpoç (19); vard «rose», gr. Jpôbov, lat. r'osa (35); tal «donner», gr.-lat dô (33).

�� � 92 LES DIFFÉRENTî^ ESPÈCES d'o.

L'Arménien comme tel porte le nom de Hay; M. Fr. Millier rap- proche le skr. pâti, soit le gréco-ital. poti- {Beiir. zur Lautlehre d. arm. Spr., Wiener Sitzungsher. 1863, p. 9). Dans tous ces exemples, Vo gréco-italique était suspect d'ailleurs d'avoir une valeur autre que «2, par exemple dans poti- que nous venons de voir (page 90), dans ô(jae, oculus, dont la racine conserve constamment Vo. Ainsi l'arménien paraît bien apporter une confirmation à l'hypothèse des deux 0. Il faut dire toutefois qu'au gréco-ital. od (olix)) répond, suivant la conjecture de M. Hiibschmann, hot «odeur» (405): on attendrait a comme dans akn.

Ce point étant établi, qu'il existe des o gréco-italiques autres que 02 = indo-eur. rtg, il reste à examiner si le résidu qu'on ob- tient constitue une unité organique et distincte dès l'origine, ou bien s'il s'est formé accidentellement, si par exemple certains a ne se seraient pas changés en 0, h une époque relativement moderne. On arrive à la conclusion que les deux choses sont vraies. Il est constant que dans plusieurs cas Vo n'est que la phase la plus ré- cente d'un a. Mais d'autre part l'accoid du grec et du latin dans un mot comme irôcriç — potis garantit la haute ancienneté de l'a qu'il contient et qui, nous venons de le reconnaître, ne remonte point à «2-

Nous pourrons en somme distinguer quatre espèces d'o dont l'importance et l'âge ne sont pas les mêmes.

l** = «2 commun au grec et à l'italique (§ 7).

2^ de TTÔCTiç — potis commun au grec et à l'italique. Nous adopterons pour ce phonème la désignation g.

3^ sorti d'à à une époque postérieure (dans le grec et l'italique séparément).

4" 11 existe des anaptyctiques développés sur les liquides Bonantes et sur d'autres phonèmes analogues, v. chap. VI. Une partie d'entre eux, comme dans vorare, gr. ^op, apparaissent dans les deux langues, d'autres dans l'une des deux seulement. Il est essentiel de ne jamais perdre de vue l'existence de ces voyelles qui expliquent une foule d'anomalies apparentes, mais aussi de ne point les confondre avec les véritables.

Nous pourrions passer immédiatement au catalogue des g gréco- italiques, qui du reste tiendrait facilement en deux ou trois lignes. Mais auparavant il convient de s'orienter, de débrouiller, autant que nous le pourrons, Técheveau des perturbations secondaires où

�� � OBSCURCISSEMENT d'o EN' U. 93

Vo s'est trouvé mêlé et de rechercher les rapports possibles de cette voyelle avec a.

Obscurcissement de la voyelle o en m.

Après avoir traité de la substitution de u à o propre au dia- lecte éolique, Ahrens ajoute (184): in plurimis [exemplis, o] in- tegrum manet, ut ubicunque ex e natum est, bô|Lioç, Xôtoç (nam ôtYupiç ab ttYep, Sûavov a Eém, cf. HOuj, diversam rationem habent) etc. La désignation o ex e naium répondrait assez bien à ce (^ue nous appelons Og, et il serait curieux que l'éolique fît une diffé- rence entre o^ et o. Mais en y regardant de plus près, l'espoir de trouver là un précieux critère est déçu: sans parler de Hùavov où il est invraisembable de voir un mot dififérent de Eôavov, Vo{=02) des suffixes subit la transformation p. ex. dans tùte, dans dWu {arcad.), dans xéKTUveç, dans l'homérique èîTaffCTÙTepoi. Dès qu'on considère que l'u en question suppose un ancien w, on reconnaît avec M. Curtius (Grdz. 704) que l'obscurcissement éolique de Vo a exactement le même caractère que dans l'italique, dont ce dialecte grec partage d'ailleurs les principales allures phonétiques. Ainsi que l'éolique, le latin maintient le plus souvent 0.2, quand cette voyelle se trouve dans la syllabe radicale: toga, domus etc., et néanmoins on ne pourrait poser de règle absolue.^

Au contraire l'u panhellène, dans des mots comme Xùkoç ou Trù\r|, est, si nous ne nous trompons, une apparition d'un ordre différent. Tout d'abord les groupes up, uX, ne semblent pas être jamais sortis de groupes plus anciens op, oX, à voyelle pleine : ils sont assimilables de tout point aux affaiblissements indiens wr, ul; nous n'avons donc pas à les envisager ici. Dans les autres cas, l'u (m) vient d'une consonne d'organe labial qui a déteint sur une voyelle m-ationnelle ou bien sur une liquide nasale ou sonanfe. Ainsi dans àvujvu)Hoç, il n'y a pas eu transformation de l'o d'ôvo)iia en w: le phénomène re- monte à une époque où, à la place de cet 0, n'existait qu'un pho- nème indéterminé. C'est ce dernier que |i put colorer en u. De même ^vvr\ est pour yfnvr\, non pour ■xfavx]. En comparant lidcTTaH et laaTÙar Tvdôoi (cf. )ad&uiai) au got. munpa-, au lat. men- tum, nous expliquerons le dor. ^ûcTTaH par la forme ancienne

��1. Comme dans le latin -tûnis = *-tôrus, uj peut devenir û. Hésychius donne les formes ^djôuveç = ^ûidiuveç et ôûpaE = ôiûpaS, sans en indiquer, il est vrai, la provenance.

�� � 94 a GREC CHANGÉ EN 0.

\xn(5Taï. Par une sorte d'épenthèse, les gutturales vélaires font par- fois sentir leurs effets sur la syllabe qui les précède^: de là Xùkoç pour */X?<KOç, •'=/7k«^oç = skr. vrka, got. vulfs. Dans ôv-u-H (lat. unguis), v est également une excrétion de la gutturale.

Il faut convenir cependant que dans quelques cas c'est bien une voyelle pleine qui a été changée de la sorte, mais toujours sous l'influence des consonnes avoisinantes: kuXiE, lat. calix, skr. kalàça; vùS, lat. nox, skr. ndkti; kûkXoç, germ. hvehvla-, skr. éakrâ. Ce dernier exemple est remarquable: le germanique, comme aussi la palatale du sanskrit, nous montre à n'en pas douter que son u s'est développé sur un e primitif. Ainsi, et pour plusieurs raisons, nous n'avons pas le droit de traiter l'u grec en question comme étant dans tous les cas^ l'équivalent d'un o. Cela du reste n'a. pas grande conséquence pratique, vu que vûH (qui est certainement pour *vôH) est presque le seul exemple qui entre en considération dans la question du phonème o.

En latin la voyelle obscurcie en u pourra généralement passer pour 0. Quelquefois l'altération est allée jusqu'à Vi comme dans cinis = KÔviç, similis = ôjLiaXôç; dans ce cas il n'y a plus de preuve de l'existence de Vo, car i peut, en lui-même, représenter aussi un e.

Echange des voyelles a et o. 1. Avant tout il faut écarter la permutation a:ô qu'on observe particulièrement en grec et qui est un phénomène d^ablaut régulier étudié au chapitre V : ainsi Pa-Tr|p : Puj-)liôç.

1. Nous avons admis une épenthèse semblable dans XauKaviri et Xauxdvrj (p. 17 et i25 i. n.), chez qui ïu n'était pas comme ici un son parasite. On a peine à se défendre de l'idée que bdqpvr] et sa forme thessalienne baûxva remontent tous deux à *bax/vâ (cf. bauxiuôv eÛKauoTov HûXov bd(pvr]ç), et l'on retrouve des doublets analogues dans jïÛYXOç et /)d)acpoç, dans aùxiîv, dial. (i|aq)nv, éol. aOqpriv {Grdz. 580). — Est-ce que dans atïUTTiôç, aÏYXri> oIkXov, l'i serait dû à la gutturale palatale qui suit? Je tenais la chose pour probable en écrivant la note !2 de la page 8; mais je reconnais que c'était là une conjecture sans fondement.

2. Assez fréquent, mais peu étudié, est l'échange d'à et d'u, comme dans Yvddoç : Y'^uôôç, judxXoç : ijukXôç [Stud. III 322); c'est en présence de ce fait qu'on se demande s'il est vrai que l'u ait ni plus ni moins la valeur d'omicron. . De ces exemples il faut sans doute retrancher pu&ôç qui peut élever pour le moins autant de prétentions que Keûdui à la parenté du skr. giViati (pour le labialisme devant u cf. Ttpéapuç); puoooboiLieûuj rappelle vivement le skr. githya. Sur le z du zend gaoz v. Hûbschmann, K. Z. XXIII 393. k^kchtoi (lies.) parle dans le même sens.

�� � a GREC CHANGÉ EN 0. 95

2. a changé en o. Le phénomène, comme on sait, est fréquent dans les dialectes grecs. Il a lieu en lesbien dans le voisinage des liquides et des nasales: ôviu, 5ô|LXopTiç, aipÔTOç, ôpocréouç etc. (Ahrens I 76), Le dorique a entre autres YPÔcpu), Ko&apôç (Héraclée), dpXoTréç (Crète). Hésychius donne KÔpZia ' Kapbia. ndq)ioi, aiporrà* darpaTTiV TTdq)ioi.^ Ionien éuuuTÔv, douûjua pour ôâû|ua. Ces trans- formations dialectales qui du reste s'attaquent souvent aux a anaptyctiques ne nous intéressent qu'indirectement, en nous faisant assister au fait manifeste d'un a devenant o sur sol grec.^

En dehors des dialectes, c'est particulièrement devant u, JF^ (ju'on remarque une oscillation entre a et o^: kXoiôç «lien, carcans- parent de K\â(/')iç, 7T0ÛÇ et 7Td(/")iç, oupoç et aupa, oùtduj et TaxdXri, a(/')ieTÔç et ô(/')iujvôç(?). Nous avons peine à croire à la parenté de oicTipoç avec aïôuu (Ascoli, K. Z. XII 435 seq.).

Souvent l'échange d'à et d'o n'est qu'apparent, pour choisir un exemple où il est impossible d'hésiter, dans bpa|ueîv : 6pô)noç. La racine est évidemment bpe)Li: les mots qui ont pu la contenir sous cette forme ont péri, &pa)uieîv doit son a à la liquide sonante, bpô)Lioç a pris régulièrement a^, et il semble à présent que bpO)Li permute avec 5pa|ii. Dans le cas de parrîç : pÔTraXov, le verbe (/")péTTiJU nous a conservé l'e. On expliquera semblablement xa^aî : X^^v, irapôévoç : TTTÔpôoç, (JKttXrivôç : aKoXiôç dont Te radical apparaît danS" le lat. scelns (cf. skr. chala «fraude»), et aussi, je pense, ïajuqpri : YÔjaqpoç.'^

Pour se rendre un compte exact du rapport de Kpôvoç à. Kpaîvtu, de Kpouvôç à Kpdva, *Kpdvva, de ckoiôç, aKÔtoç à o'Kavd, de TTTÔa, TTTOÎa à Tirâ (KaTaiririTriv), il faudrait être mieux fixé sur leur formation et leur étymologie. Il n'y a pas de raison majeure pour mettre Nôtoç, votiZ;uj en relation avec vâpôç, vdaoç, de S7ia :

��1. En outre OTpo(pai' ôarpanaî; OTopirdv xrjv àaTpairriv. Le pa du mot àaTpairri vient probablement de r (cf. véd. srku?); OTepour) est obscur.

'■2. Dans une quantité de mots dont la provenance est inconnue l'o doit être mis également sur le compte du dialecte, ainsi ànoqpeîv àiraTfîaai, Kp6|apoç" ô KOTTupôç, ppôxaxoç = pdTpaxoç, TTÔXuvxpa" âXcpixa, kôXuPoç = KoXûprir TTÔpbaXiç etc.

3, On trouvera sous les numéros suivants d'autres exemples de ce fait,

4. Le même échange pourra s'interpréter de différentes manières dans les^ cas suivants: àoXXriç et /oiXiç, kôxXoç et KÔxXrjE, KÔvaPoç et KavdZKu, Kpoxûjvn, «nœud du bois» parent de KctpraXoç et du lat. cartilago (p. 55), laoaxoç «jeune pousse» et fiaaxoiXri «aisselle, jeune pousse», nciropaoïuévoç • q)avepôç Hes. rap- porté par l'éditeur, M. Mor. Schmidt, ;i TteTrapeîv (v. p. 57), axpofTÛXoç et OTpOTTÔç.

�� � 96 a ITALIl^UE CHANGÉ EN 0.

le skr. nirà «eau» permet de les rattacher à une autre racine. Nous avons vu p. 73 que dpôvoç pour *dopvoç appartient à la rac. dep, non à ôpâ (dpdvoç).

Corarae voyelles prophétiques l'a et l'o alternent fréquemment, ainsi dans àcTTaqpiç: ôffTaqpîç, à|LiîHai : ô|Liixeîv, àbaxéuu: ôbàEuj. Il ne s'agit point ici d'un changement d'à en o: seulement dans le pre- mier cas c'est a, dans le second c'est o qui s'est développé sur la consonne initiale.

Il est plus que probable que l'a des désinences du moyen -aai, -xai, -vrai et l'o des désinences -do, -to, -vto, sont à l'origine une seule et même voyelle, La forme -toi du dialecte de Tégée nous en est garante jusqu'à un certain point, car l'arcadien ne paraît point avoir de disposition particulière à changer a en o, à moins qu'on n'en voie la preuve dans Kaiû pour Kard. Les exemples qu'on donne sont èqpdopKUJç, beKÔtav, eKOTOiupoia (Schrader, Stud. X 275). M. Schrader estime que l'o de èqp^opKUJç n'est autre que, la voyelle du parfait, qui s'est conservée quelquefois dans la formation en -Ka. Quant à l'apparition d'un o dans les noms de nombre cités, c'est là également un fait qui peut être indépendant des idiotismes locaux: tous les Grecs hésitent ici entre a et o (béKa, €i'ko(Ji, éKaiôv, 5iaKÔ0"ioi) bien que les groupes Ka ko contenus dans ces formes remontent indistinctement à l'élément km.

Le passage a : o étant admis pour les syllabes finales, on pourra regarder le lesb. ÙTrd comme la forme ancienne de uttô. Cf. ÛTrai.

Le latin présente, dans la diphtongue, roudus, autre forme de raudus conservée chez Festus, lucrum de la rac. lau, puis focus à côté^ de fax, et quelques autres cas moins sûrs (v. Corssen IP 27). L'ombr. hosfatu, selon M. Bréal {Mém. Soc. Ling. III 272), est le parent non de hasta, mais de hostis; seulement cette étymologie dé- pend de l'interprétation de nerf. Dans sordes en regard de suâsum (Curtius, Stud. Y 24^ seq.) la cause de l'o est dans le v disparu^; adolesco (cf. alo), cohors (cf. hara), incolumis (cf. calamitas) doivent vraisemblablement le leur à l'affaibUssement régulier en composition. — A la fin du mot l'osque offre dans ses féminins en -o pour -â, -â, un exemple bien clair de cette modification.

��1. On ne voit pas bien quelle voyelle est originaire dans le cas de /Vif tasa: fovea (comparé au gr. xeif] qui lui-même n'est pas d'une formation transparente) et de vacuus : vocivtis. Quattuor et canis (v. p. 50 et 99) montrent que vo {ifio) peut devenir va.

�� � Y A-T.-IL UN ablaut a •.o'i 97

3. Une question digne en tous cas d'attention est celle-ci: l'ablaut a^ : ag ou e : o (étudié au § 7) se reproduit-il dans la sphère de A? Doit-on croire par exemple que l'eocisfence du grec ôyinoç en regard de dYUJ est due à un phénomène de même nature que celle de q)XoT|aôç e7i regard de (pKtfvJ?

Le gréco-italique seul peut donner la réponse. En effet ce n'est pas des langues du nord qui ont confondu a avec a^ qu'on pourrait attendre la conservation de ce substitut de a dont nous parlons, et les langues ariennes nous renseignent encore bien moins. Or dans le gréco-italique même les données sont d'une pauvreté qui contraste avec l'importance qu'il y aurait à être fixé sur ce point. Ici se présentent en première ligne les parfaits KéKOva de Kaiviu et \é\0YX« de XaYxâvuu avec les substantifs kovy\ et Xôyxh (Hes.). Ces formes ne décident rien, parce que la racine contient une nasale. C'est ce que fait toucher au doigt un troisième exemple: PoXn en regard de pdXXuu. La racine de pdXXuj est peX: cela est prouvé par péXoç, péXejuvov, peXôvr), PeXrôç, eKarri-peXérriç. Ainsi l'a de pdXXtu est dû à une liquide sonante et n'a nullement qualité de voyelle radicale. Or qui nous dit que les racines de KéKOva, XéXoYXa, ne sont pas Kev et Xcyx? Si d'aventure les deux ou trois formes où survit la racine peX ne nous étaient pas parvenues, le mot PoXri semblerait venir d'une racine PaX, et cependant nous savons qu'il n'en est rien^. C'est le même échange apparent que celui que nous savons rencontré plus haut, seulement celui-ci joue l'ablaut avec un certain semblant de vérité. Il se trouve encore dans les couples crirapYduu: anopfai (Hes.), dcTxaXdiu : (TxoXri, iTTaipuj : iTTÔpiiioç et TTTÔpoç (ces mots du reste sont éoliques), dpxoi : ôpxa|Lioç, pdTTTUU : poincpeuç.

Mais voici des cas plus graves, parce que dans la racine dont on les fait venir la présence réelle de a n'est pas douteuse: ôy|lioç «sillon, rangée» qu'on rattache à d'YUJ; KÔirpoç «fumier», mais aussi «boue», qui serait parent de Kairùuj {Grdz. 141); (Joq)ôç en regard de aaq)riç; ôZioç Aprioç, doZoç, qui rappellent dZ;o|Liar, ôXpoç, rac.

L -

1. Le iréiTooxa de Syracuse (Curtius l. c.) ne prouve pas davantage V ablaut en question: 1" parce que cette formation est toute secondaire, 2" parce que Vo peut n'être qu'une variante dialectale de l'a. — Un présent Koivuj pour Knyxu venant de kcv est une forme claire; quant à XaYXCtvuu, sa première nasale n'est point, comme l'est celle de XéXoYxa» la nasale radicale de X€yx: de Xcyx on forme régulièrement *Xmxvuj lequel devient d'abord *Xaxvuj, puis par épenthèse

  • XaYXvu^, XaYxôvuj. V. le mot au registre.

de Saussure, Oeuvres. 7

�� � 98 CHANGÉ EN a.

àX(p(?); TTOôri, TTÔdoç «deuil, regret, désir» liés peut-être à Tradeîv (v. p. 58; pour le sens cf. Trévôoç); vôa* Trr|tT|. AdKuuveç (Hes.) en regard de vaûuj; ôx^éuj «s'indigner, s'emporter» rapproché parfois de dx^O)aai; dpoupa si on le ramène à àpop-/a. Puis le lat. doceo placé en regard de bibaSai (v. p. 101), et le gréco-ital. onkos (ôykoç, uncus) de la rac. nnlc (aYKUJV, ancus).

Voilà les pièces du procès, et les seules données en réalité qui nous restent pour élucider cette question capitale: y a-t-il un àblaut de A semblable à Yahlaut a^'.a^'? — \}n examen quelque peu attentif des cas énumérés convaincra, je crois, chacun que ces éléments sont insuffisants pour faire admettre un tel ablaut, lequel s'accorderait mal avec les faits exposés au § 11. Il y a principalement trois choses à considérer: 1^ la plupart des étymologies en question sont sujettes à caution; 2^ \'o peut n'être qu'une altération toute mécanique de l'a; 3" il n'est pas inconcevable que sur le modèle de l'ancien ablaut e:o, le grec, postérieurement, ait admis parfois l'o lors même que la voyelle radicale était a.

4. (= o) changé en a. C'est là une altération peu commune en grec, même dans les dialectes. On connaît la glose à|Lié(Tuj * ibiuoTrXdTai, singulière variante du thème gréco-italique omso-. Pour TTapaûa en regard de ouç v. page 107. Les Cretois disent dvap pour ôvap, Hérodote dppujbeîv pour ôppuubeîv. On trouve chez Hésychius : dq)e\|na * tô KdXXuvtpov (= ôqpeX|Lia), KaTKuXaç * KriKÎbaç. AîoXeîç = KOYXÛXm * KTiKÎbeç. Cf. Ahrens II 119 seq.

Un exemple beaucoup plus important, en tant qu'appartenant à tous les dialectes, serait le mot amôXoç, si l'on approuve M. G. Meyer qui identifie la syllabe aï avec le thème ô/i, lat. ovi (Stud. VIII 120 seq.)^ Cette conjecture, qui a des côtés séduisants, laisse cependant prise à bien des doutes.

Le même mot ovis est accompagné en latin de avilla, conservé chez Festus. M. Frôhde croit que cette forme se rattache à agmis : mais après les travaux de M. Ascoli, la réduction de gv à v en latin, à l'intérieur du nrot, est à peine admissible. Du reste le Prodromus C. Gl. Lat. de M. Lôwe a révélé un mot aububulats (ovium pastor) — ou aubtdcus suivant la correction de M. Bâhrens,

��1. M. Meyer propose une étymologie semblable pour aÎTUTriôç (cf. p. 82). Auparavant déjà, Pictet avait expliqué l'un et l'autre mot par avi «mouton». Origines Indo-européennes V 460 seq.

�� � «2 CHANGÉ EN rt. 99

Jen. Literaturz. 1877, p. 156 — qui décidément atteste l'a. Cela ne corrobore point l'opinion de M. G. Meyer relativement à aÎTTÔXoç, car Vo latin devant v a une tendance marquée vers l'a, spéciale à cette langue. En dehors du groupe ov, on peut dire que a sorti de est en latin chose moins insolite qu'en grec, et cependant extrêmement rare. L'exemple le plus sûr est ignârus, narrare (en regard de nosco, ignorare, gr. fvuj) où l'o transformé est une voyelle longue. Batumena porta, suivant M. Curtius, est parent de rota. Pour ce qui concerne Cardea, rapproché de cor (Curtius, Grdz. 143), il faut se souvenir que l'o de ce dernier mot est anaptyctique. Le cas de l'ombr. kumaltu (lat. molo) n'est pas très différent. C'est une question difficile que de savoir si dans datus, catus, nates, en regard de donum, cas, vujtov, l'a est ancien ou sorti secondairement de 0. Mais ce point-là trouvera au chapitre V une place plus ap- propriée.

5. Si, dans le grec, il n'y a pas de raison positive de croire que le phonème o^ soit jamais devenu a par transformation secon- daire^, il est presque indubitable en revanche que certains a ita- liques remontent à cette origine^. L'a de canis en particulier ne peut représenter que a^; dire en effet que l'o de kuujv est un g n'aurait aucune vraisemblance; ce phonème parait être étranger aux suffixes. On peut citer ensuite l'osque tanginom, parent du lat. tongeo. A ce dernier répond le verbe faible got. pagkjan. Si nous avions en même temps un verbe fort *pigkan^ , tous les doutes seraient levés: l'a de pagkjan serait nécessairement a^, l'o de tongeo serait donc aussi Og, et il serait prouvé que l'a de tanginom sort d'un qui était a^. Ce verbe «pigkan» n'existe pas, mais le un du verbe parent pugkjan permet d'affirmer avec une certitude à peine moindre que la racine est bien teng. Peut-être l'a de caveo est-il également pour o = a2; la question, vu ëKOjLiev, est difficile.. Dans Parca même phénomène, si l'on ramène ce mot à la racine de pledo et du gr. rrôpKOç (nasse). On compare palleo au gr. iroXiôç: or l'o de ce dernier mot est Og, vu ueXiôç. Cf. pullus. — Dans ces exemples, l'a, nous le répétons, n'est pas la continuation directe de ag, mais une altération hystérogène de Vo.

��1. M. Mor. Schmidt met un point de doute à la glose d'Hésychius éaaqpôpoç" éujo<pôpoç, qui serait sans cela un exemple très remarquable.

2. On devait s'y attendre, car depuis bien longtemps sans doute le son des deux o s'était confondu.

��7*

�� � 100

��ITALIQUE a, GREC O 0, ET AUTRES COMBINAISONS.

��Jusqu'ici il a été question des voyelles o et a alternant dans une même langue. Il reste à voir comment elles se correspondent, lorsqu'on compare le grec et l'italique. Pour cela il est bon de se prémunir plus encore qu'ailleurs contre les pièges déjà plusieurs fois mentionnés que tendent certains phénomènes liés aux liquides et, dans une mesure moindre, aux nasales. Nous avons éliminé complètement ce qui tient aux liquides sonantes du § 1 — ainsi Kapbia: cor, skr. hfd — ; mais il y a une seconde série d'exemples — ainsi ôpôôç: arduus, skr. ûrdhvâ (v. chap. VI) — que nous n'avons pas osé passer de même sous silence et que nous nous sommes borné à mettre entre crochets. Ces exemples doivent être comptés pour nuls, et ce qui reste est si peu de chose, que la non-concordance des deux langues sœurs dans la voyelle o prend indubitablement le caractère d'un fait anormal. — Pour les recueils d'exemples ci-dessous, la grammaire de M. Léo Meyer offrait les matériaux les plus importants.

6. Coexistence rf'o et d'à. dans une des deux langues ou dans les deux langues à la fois. Lorsqu'une des deux formes est de beaucoup la plus commune comme dans le cas de avis : avilla (p. 98), nous ne mettons pas l'exemple dans cette liste.

��}

��ôppiov KÔX-aPpoç KaOaE ^ KÔPâXoç (jàoç ' » (Tôuj, crôoçl

[ipaTTriH )

[TpÔTTlÇ /

[qxiXKnç I [cpoXKÔç /

��\ aper (?)^

��\ longui

��cavilla.

��sanus.

��irahs.^ faix. C]

��XaYTaZuj

\ monile. inavvoç I

^r" ! o^«(?),

aqpevoç | ^^ ^ ^

��C.

��7Td(J^)iç \ papâver

7To(/')îa ' pômum, pover (inscr.)

/ cous cavité daiis le joug

KOOl {

{ cavus.

��1. Curtius, Sfud. la. 260, Grdz. 373. — 2. KaûaH' -iravoOpYoç (Suidas). — 3. La racine, bien que le béot. ZauKpdreioç ne décide rien, paraît être sait. Le latin montrerait o dans sôspes, si la parenté du mot avec notre racine était mieux assurée, mais il a toutes les apparences d'un composé contenant la par- ticule se-, cf. seispes; par un hasard singulier il existe un mot védique vispitâ «danger». — Sur anJc- onk- et autres cas v. p. 107.

�� � O GREC ET ITALIQUE. 101

7. a grec et o italique.

a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale. (?)baK, bi-bd(JKUj, è-bî-baK-aa, bi-bax-n doc, doc-eo, doc-tus.^

XttK, ë-XttK-ov, XdcTKiJU, Xé-XâK-a loqu, loqu-or, locutm.

(àTiaqpôç (ënoMi) upupa.f | bâpôç durus{?)^

1. II n'y a pas d'autre raison de ramener bibdOKiu, bibcîHai, à une rac. boK que l'existence du lat. doceo. Autrement on les rapporterait sans un instant d'hésitation à la racine qui se trouve dans bé-ba((T)-e, ba((ï)-ri|LHJUv. Mais rien n'empêche, dira-t-on, de réunir tout de même baa et doc, comme ayant tous deux pour base la racine dâ «savoir». A cela il faut répondre que baa n'est une racine qu'en apparence: c'est beva qui est la forme pleine, ainsi que l'in- diquent l'indien dams et le gr. bnvoç pour *bévaoç (= skr. dâmsas). bëb(a)a€ (aoriste), beba(aJ')iijç, ébâ(o)riv, ont, régulièrement, la nasale sonante (pages 21 où bébae a été oublié, 22 et 44); dans bibdaKU), si on le joint à cette racine, elle n'est pas moins régulière (v. p. 23). Il faut répondre en second lieu que la racine da qu'on a cru trouver dans le zend n'a, suivant M. le prof. Hûbsch- mann, aucun fondement réel. Cette question difficile se complique du latin disco, du sanskrit dtks et du zend dayt^sh. — 2. ëwovji sera né par étymologie populaire : ëtron» éuÔTTTriç tûjv oùtoO KaKiûv, dit Eschyle. Ainsi s'explique son €. D'autre part M. Curtius, partant du thème epop, explique le premier o («) de upupa par assimilation. C'est pourquoi l'exemple est placé entre crochets. — 3. bâpôç (diuturnus) est pour *baj'pô<; = skr. dû-rd «éloigné». La glose baôv TToXuxpôviov Hes. (bdov?) est bien probablement un comparatif neutre sorti de

  • bdFyov, skr. dàvlyas. br[v et bodv sont autre chose. Si dûrus est égal au

grec bâpôç, il est pour *dourus, mais ce dernier rapprochement est boiteux: on peut dire seulement que durare {edurare, perduraré) signifie parfois durer — cf. bâpôç — et qu'il rappelle dura dans des expressions comme durant colles «les collines s'étendent> Tacite, Germ. .30.

b. La racine contient une liquide ou une nasale non initiale. On ne pourrait, je crois, démontrer pour aucun exemple de cette sorte que la voyelle variable {ao) a été de tout temps une voyelle pleine: tous ces mots au contraire paraissent liés aux phénomènes spéciaux auxquels nous faisions allusion ci-dessus. Ce sont principalement PdXXuu: volare; bdXXiu, bâXéo|Liai: doleo; ba\xâlM: domare; bapddvo): dormio; TaX: tollo; 9apôuj: forare. Puis KdXa)aoç: culmus; Kpdvoç «cornouiller» (aussi Kupvoç) et cornus; Tappéuu: torvus{?); irapd: por- (p. 105). M. Fick rapproche fûaXov de vola. TTpKvrjç et Trpâvdç (Hes.) diffèrent peut-être du latin pronus, et, dans l'hypothèse contraire, les contractions qui ont pu avoir lieu, si par exemple le thème est le même que dans le skr. pravand, auront troublé le véritable rapport des voyelles.

c. Les phonèmes sont placés à la fin de la racine. Dans cette position on ne trouve pas d'o latin opposé à un a grec.

�� � 102

��o GREC ET a ITALIQUE.

��8. grec et a., italique.

a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale.

��ôpoXoç agolum. F.(?).

dicTTOç arista. F. (?).

ô\oq)\jpo)iai lâmentumC?).^

ôHùç acd-piter (?). *

ôvoç asinus(?).

��Kd(T|iioç castns (§11 fin).

KÙXiH calix.

ILioxXdç malus.

ToHov taxus{?).^

TpuJTXri trâgula{?).J. Schmidt.

��1. Cf. p. 57. — 2. Si l'on peut douter de l'identité d'acci- avec ôHu-, il serait en revanche bien plus incertain de le comparer directement à ibtcu-, qui est déjà tout attelé avec ôcior. aqui- dans aquifolius ne s'éloigne pas trop d'ôEûç. — 3. Pictet comparait ces deux mots à cause du grand emploi du bois d'if pour la fabrication des arcs (Origines V 229). Mais tôEov peut se ramener, et avec plus de vraisemblance, soit à la racine t€k soit à la racine reS; son o est alors «,.

��Devant v:

� � � � �Ko(./^éuj caveo. C.

� �ÔTbooç

�octâvusC?).

�KÔ(./')oi cavus. C. cf. p.

�100.

�TTTOéUJ

�paveo (?).

�Xoûuj lavo.

� �xXoTi

�flâvus(9).

�v6(/)oç

�navare.

� �i|iu)ïz:oç

�paedor de *pav-id. F

�d-YVo(/")ia

�gnâvus.

� � � �Dans la diphtongue:

� � � �oîb|ia aemidus.

� �ouara

�auris

�OlKTpÔÇ t

�leger.

� �où, oûbé

�k-au-d(?).

��b. La racine contient une liquide ou une nasale non initiale.

��ôXodç salvus. C.

[ôp&dç arduus.^

[iropeîv parentes.]

puubioç ardea.

[xoXàç haru-spex.]

qpopî far, g. farris (?).

1. Canicae furfures de farre a cibo canum vocatae. Paul. Ep. 46 M. mot est parent de kôviç, il l'est aussi de cinis (p. 94).

��k6XXoi|; callus.

[KoXoKÔtvoç cracentes.]

Koviç canicae (y)}

KpoKÔXri calculus.

XoYXn lancea.

��Si le

��c. Les phonèmes sont placés à la fin de la racine. Ici se range- raient datus, dare (cf. dônum) en regard du gr. buj bo, catiis (cf. côs) en regard de kuùvoç, nates en regard de vûjtov. Sur ces mots v. plus haut p. 105. Le cas de siravi, stratus, auxquels le grec oppose (TTpiu rentre dans la classe arduus: ôp&dç (p. 99).

�� � GREC ET ITALIQUE.

��103

��Voici maintenant la correspondance régulière qui exige Vo dans les deux langues. Ce tableau, nous le répétons, n'est pas exclusive- ment un catalogue des g gréco-italiques; il doit servir surtout à s'orienter, à évaluer approximativement l'extension de Vo autre que Og en gréco-italique; aussi y a-t-il encore beaucoup à trier, en de- hors des exemples désignés comme suspects. Par le signe f, nous posons la question de savoir si Vo n'est pas 02-

a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale. od: olw, ôbiub-a ol-eo, od-or.

��olcc

��Ô7TUJTr-a, ôacje, ÔK-T-aX\oç

��(?)bhodh^: pôô-poç, pdd-uvoç ÔKpiç ocris, ombr. okar.

��fÔKTub

�octo.

�ôEîva

�occa.

�ôffxéov

�os, osseus.

�à(r)x<;

�ovis.

�ÔTri(-Ôev)

�0&(?).« 

�tÔTTdç

�SÛCUS.

��oc-ulus

�.

�fod-io,

�fossa.

�KÔKKUH

�coxa.

�KOKKUH

�cuculus.

�KUKeubv

�cocetum.

�HÔKpUUV

�mucro.^

�vuH

�nox.

�TToaiç, TrÔTVia potis, potiri etc.

�TTpd

�prô-.

�ôîràuuv

�sodus}

��1. V. Curtius, Grdz. 467. — 2. Pour le sens, oh va bien avec éiti, mais comment accorder leurs voyelles? Si ôiri- est vraiment une particule et non simplement un rejeton de la rac. éir «suivre», on peut à peine douter de son identité avec oh. Le p est conservé dans op-âcus; -âcus est parent de aquilus, gr. àxXûç etc. — 3. nÔKpujva- tôv ÔEûv. 'Epudpaîoi. Hes. V. Fick II» 198. — 4. socius et ôirduuv se placent à côté de l'indien sâkhi (v. Fick IP 259). L'a bref du mot indien montre que l'o n'est pas o^, que par conséquent il faut sé- parer ces mots de sek^ «suivre». On pourra les comparer à ôiriç «secours, justice, vengeance des dieux» et à àocoriTrip, ôaarjTi'ip (Hes.) «défenseur». Ceci rappelle le skr. çak (çagdhl, çaktâm etc.) «aider» que Bôhtlingk-Roth séparent de çaknôti «pouvoir». Ç serait pour s, comme dans çâkrt; et peut-être le zd. hax'na «ami» est-il identique au skr. çagmâ (= *çakmâ) «secourable». Il y aurait identité entre çâcî «secours divin» et ôniç. L'italique reflète, semble-t-il, la même racine dans sancio, sanctus, Sancus, Sanqualis porta, sacer (cf. çakrâ).

Il y a encore bos: poûç et bovare: poàoi où la valeur de l'o latin est annulée par le v qui suit (pour ovis le cas est un peu différent); irôaôn qu'on a identifié à pubes; TTÔ)LiaTOç qu'on a com- paré à l'osque posmos ainsi que ttuvôç " ô TrpujKTdç en regard de pône. En outre il faut mentionner l'opinion qui réunit fôveo à qpujTUj (Corssen II* 1004), bien qu'elle suppose la réduction de gv à v^.

��1. Le skr. dâhati «brûler» vient d'une rac. dha^gh^ (Hûbschmann, K. Z.

�� � 104

��GREC ET ITALIQUE.

��Dans la diphtongue:

foivri KXd(/')viç

��oxnvorsei. clûnis.

��[ol:

[or:

[giOr:

[mor:

[mol:

��La racine contient une liquide ou une nasale non initiale.

ôXujX-a, ôX-écTôai abol-eo.^

ôpujp-a, ôp-ao or-ior, or-tus.^

ë-Ppui-v [pdp-)Lioç, Pop-d] vor-are, -vor-us, vorri edaces.]^

��jnop-TOç, Ppo-t6ç )ihjX-Xuj, |nùX-r| [stor: axdp-vuiLii, (TTpuù-na

tÔYK(ïO)Liai tmcare (si

ôfKOÇ «croc» MWCMS, V. p. 98, 107 iî)|Lioç (*Ô|lI(Toç) umerus.

��mor-ior, mor-fuus, morsJ]

mol-o, mol-a. cf. ombr. ku ni al tu.]

stor-ea, tor-us^ (sterno).^

jqncq).

��ôiLicpaXôç 6vo)Lia

ÔVOTOÇ

ôvuH tôpq)avdç poXpoç TpO|ii(pdç bôvaS (/')pôbov

fKÔTXn KÔ|iri Kopujvôç

��umhilicus.

nomen.

nota.

unguis.

orbus (armén. orh).

bulbus (emprunté?),

scrôfa.

juncus.

(v)rosa.

congius.

coma (emprunté ?).

corofia.

��KopaS et Kopûjvn

MÔXiç

^ôp^oç

)iOp|LlLipiU

ôXoç

ttoXtoç

Euv

tîTÔpKOÇ

[îTÔpauj atpÔTToç [(pûXXov [xôpiov

��corvus et

cornix.

imolestus.

[môles.

formido.

murmur.

formica.

sollus.

puis.

com-.

perçus.

porro.^^

fungus.

folium.^

corium.^

��1. Popd et pôpjioç («avoine», Hes.) ont ici peu ou point de valeur, parce que leurs thèmes sont de ceux qui réclament o^ (p. 70 et 78 seq.). En principe il y aurait les mêmes précautions à prendre vis-à-vis des mots latins; mais Oj n'est pas si fréquent dans l'italique qu'on ne puisse regarder Va de vorare comme

��XXIII 391) qui donne aussi le lit. degù et le got. dags «jour». C'est peut- être à cette racine qu'appartient foveo. On devrait alors le ramener à *fohveo ou *fehveo\ cf. nivem = *nihvem. Mais le sens de foveo laisse place à quel- ques doutes, qui seraient levés, il est vrai, par fômes «bois sec, matières in- flammables» si la parenté de ce mot avec le premier était assurée. Il est sin- gulier toutefois que defomitattis signifie ébranché (Paul. Diac. 75 M. Cf. germ. bauma- «arbre»?). La rac. dha^g\ se retrouve en grec dans T^qp-pa «cendre» et dans le mot tuf, tofus (souvent formé de iflatières volcaniques) dont le Toqpiibv des tables d'Héraclée rend l'origine grecque probable, tôçoç est iden- tique au got. dag(a)8, au skr. -dàgha.

�� � GREC KT ITALIQUE.

105

l'équivalent de Vo de Ppiûvai, PpOJiaa (sur rorri v. Corssen, Beiir. z. it. Spr. 237). Nous ferons la même remarque relativement à storea, torus en regard du OTop hellénique. — 2. M. Fick (11* 145) place porro et irôpouj sous un primitif porsôt (mieux: porsôd), et sépare irpôaauj (= •upoT//uj) de irôpoiu, irôppu). Bien que la distinction que veut établir Passow entre l'usage des deux formes ne paraisse pas se justifier, on peut dire en faveur de cette combinaison: 1° que la méta- tlièse d'un irpôaiu en uôpauj serait d'une espèce assez rare; 2" que dans -irôppui pour TTÔpauj il y aurait assimilation d'un a né de xy, ce qui n'est pas tout à fait dans l'ordre, bien qu'il s'agisse de a et non de aa, et qu'on puisse citer, même pour le dernier cas, certaines formes dialectales comme le lacon. xdppujv; 3" que porsôd lui-même s'explique fort bien comme amplification de l'adverbe skr. purâs, gr. udpoç irôpouj {porro): purds udpoç = KÔpori: ciras Kdpr\.

N'ont pas été mentionnés: poù\o|aai — volo dont la parenté est douteuse (v. chap. VI), et irpori auquel Corssen compare le lat. por- dans por-rigo, por-tendo etc. La position de la liquide décon- seille cette étymologie, malgré le crétois TToprî, et rien n'empêche de placer por- à côté du got. faur, grec, irapd.

Mots se rapportant aux tableaux a et b, mais qui contiennent un long:

fÙjKÙÇ

ocior. Ovum.

kqujZiu

1 crodo. \ crôcito.

[ibXévn

[pXuj|nôç

kXuûZ^uj

�MÎwa.] glômus.^ ^ glocio.

�liuJpoç mûpov liôpov

�morosus 1 môrum.

� � �tvôiï

�nos.

��1. pXuj^ôç" HJUJ|aôç Hes. Le niot se trouve dans un fragment de Galli- maque. glomus in sacris crustulum, cymbi figura, ex oleo coctum appellatur. Paul. Diac. 98 M. Si l'on tient compte de glomerare et de globus, on sera porté à comparer le sVv. gulma «bouquet de bois; troupe de soldats; tumeur». — Mentionnons aussi la désinence de l'impératif, lat. legi-tô, gr. Xcfé-TU).

��c. O termine la racine, ko: KÛJ-voç gnô: I-tvuj-v, tiTViû-C7kuu^

TVÛJ-pifioç do: ë-buj-Ka, boi-pov,

è-6ô-)Linv, bo-TÔç po: éol. TTUJ-vuj, àV-'TT^-Tiç,

7T0-TÔÇ, TTÔ-Ha

(?)r^: ^(i)-vvu)ni, ë-ppuj-aa

��cot)s, cù-neus (cf. càtus). gnO-sco, gnOtus, i-gnô-ro

(cf. gnâ-rus, nârrare). do-num, do-(t)s (cf. dà-ins, dà-re).

po-tus, po-culum, po-sca.

rohur.

Les exemples où l'on peut admettre avec le plus de confiance que Vo est un o sont: 106 AGE DU PHONÈME 0.

Dans le gréco-italique: les racines Qd «olere», Qh <étre aigu», ok^ «voir»; dô «donner», pô c boire», gnô «connaître». Dans ces racines en effet la voyelle o règne à toutes les formes. — Parmi les thèmes détachés: okri « colline > et Qk^i «œil» qui appartiennent aux racines mentionnées, puis çwi «mouton», à cause de l'a bref du skr. âvi; pQti «maître», skr. ^a^i; moni «joyau», skr. màni; sçk^i «compagnon», skr. sâkhi. D'après cette analogie, on devra ajouter: osti «os», kÏQuni «clunis»(?), kQni «poussière», 'woA;<i «nuit». Plus incertains sont omso «épaule», ohto, nom de nombre, ei g^ou «bos».

Le latin apporte les racines de fodio^ rôdo, onus^ opus etc., les thèmes hosti, rota (skr, râtha).

Entre autres exemples limités au grec, il faut citer les racines des verbes ôôo)iai, ôto)aai, KXujduu, qpuJYUi, kôtttuj, db&éuj, Z!ujvvu|lii, 6)ivu)Lii, ôvîvrilLii. Nous trouvons Q finissant la racine dans Pu) «nourrir», (p^u) «dépérir» (qp&ômç, q)ôôr|). Dans un grand nombre de cas il est difficile de déterminer si l'on n'a pas affaire à une ra- cine terminée par u (^) ou i {y). Ainsi ëK0|Liev, KéKOKe semblent bien appartenir à ko^^, non à *kuj; (Tkoiôç, comparé à (Tkô-to, contient o et appartient à une racine 0"ku) (cf. aussi p. llSg), mais ramené à CTKei (cf. aKipov) il contient o^ et peut alors s'identifier au skr. éhâyd. Inutile de multiplier ces exemples dou- teux. — Le mot Koînç' îepeùç Kapeipouv, ô KaôaîpuDV q)ovéa (oî bè KÔnç ; cf. KOiârai ' lepâiai) peut se comparer au skr. kàvî, à moins qu'on ne le tienne pour étranger. Prépositions: tipoTÎ = prâti, TTOTÎ = zend pâiti.

Quel est l'âge et l'origine du phonème o ? Nous nous sommes précédemment convaincus que le second o gréco-italique (a^), que e («i), que a (i), ont leur existence distincte depuis les périodes les plus reculées. Mais quelles données avons-nous sur l'histoire du phonème p? On peut dire qu'il n'en existe absolument aucune. Ce qui permet d'affirmer que V02 du sud a eu son équivalent dans le nord, c'est que l'a qui lui correspond en slavo-germanique a des fonctions spéciales et des rapports réguliers avec e qui le séparent nettement de a. Au contraire le rôle grammatical de Q ne diffère pas essentiellement de celui de a. et si, dans de telles conditions, nous trouvons que les langues du nord répondent à Q absolument comme elles font à i, nous sommes naturellement privés de tout

1. Voy. Curtius, Stud. VII 39-2 seq. Ce qui lève les doutes, c'est le parfait vévoTai que rapporte Hérodien, appartenant à volw dont le f est assuré par une inscription [Grdz. 178).

�� � AGE DU PHONÈME O. 107

moyen de contrôle relativement à l'ancienneté du phonème en question. Si l'on admet que g est ancien, l'a des langues du nord contient, non plus deux voyelles seulement («g + ^)i mais trois: <*2 "4" ^ "4" 9- Si au contraire on y voit un produit secondaire du gréco-italique, le seul phonème dont il puisse être issu, c'est a. — J'ai hésité bien longtemps, je l'avoue, entre les deux possibilités; de là vient qu'au commencement de ce mémoire (p. 6) o n'est pas compté au nombre des a primitifs. Le fait qui me semblait mi- liter en faveur de la seconde hypothèse, c'est que l'arménien, qui distingue de a le phonème «g» "® parait point en distinguer le phonème o (p. 91). Mais nous ne savons pas s'il en a été ainsi de tout temps, et d'autre part la supposition d'un scindement est tou- jours entourée de grosses difficultés. Ce qui paraît décisif, c'est le fait frappant que presque tous les thèmes nominaux détachés qui contiennent la voyelle o se trouvent être de très vieux mots, connus dans les langues les plus diverses, et de plus des thèmes en -i, voire même des thèmes en -i de flexion toute particulière. Cette coïncidence ne peut pas être due au hasard ; elle nous indique que le phonème q s'était fixé là de vieille date, et dès lors il sera diflScile de lui refuser ses lettres de noblesse indo-européene.

Les cas qui pourraient servir de base à l'hypothèse où o serait une simple altération gréco-italique de a, sont onko venant de ank, déjà mentionné p. 98, oi-no «un» à côté de ai-ko aequus, la rac. ok, d'où le thème okri, à côté de ak, socius — ôîràujv comparé à sak dans sacer, et le lat. scobs de scabo. On pourrait attacher une certaine importance au fait que okri et soki (socius), à côté de ak et sak, se trouvent être deux thèmes en -i (v. ci-dessus). Mais cela est trop problématique, et l'étymologie donnée de soki n'est qu'une conjecture. Pour irpôpaTOV de puu v. le registre.

Beaucoup plus remarquable est le cas de ouç «oreille». L'homérique îrapriïov nous apprend que, en dehors de toutes les questions de dialecte qu'on pourrait élever au sujet de l'éol. Trapaùa ou de davda* eîboç èvuuTiou, l'o de oOç a comme équivalent, d3,n8 certaines formes, un a. Ce qui donne à la chose un certain poids, c'est que ouç appartient à cette catégorie de thèmes de flexion singulière qui est le siège le plus habituel du phonème o et dont nous aurons à reparler. On aurait donc un ?, assuré comme tel, accompagné de a. Malheureusement le lat. auris est embarrassant: son au peut à la rigueur venir de ou, mais il pourrait aussi être la diphtongue primordiale.

�� � 108

��LE PHONEME Q DANS LES LANGUES DU NORD.

��Les exemples réunis ci-dessous permettent de constater d'un coup d'œil que les phonèmes par lesquels les langues du nord ren- dent Q sont exactement les mêmes que pour a (p. 59) et pour a^ (p. 67). Dans les trois cas nous trouvons ce que nous avons dé- signé, pour abréger, par a du nord (p. 48).

��Latin et

�Grec

�Lituanien

�Paléoslave

�Germanique

�oculus,

�ô(J(Te:

�akîs

�oko

�germ. augen- == *agven

�i'?)octo,

�ÔKTIÛ:

�asztûni

�osmî

�got. ahtau

�ovis,

�ôïç:

�avis

�ovica

�vieux h^-all. awi

�hostis,

�— :

�—

�gostï

�got. gasti-

�nox

�(vuH):

�naktls

�nostï

�got. naht-

�potis,

�TTÔaiç:

�vësz pati-

�- —

�got. -fadi-

�—

�TTpOTÎ:

�—

�proti

�—

�monile,

�ILiôwoç :

�—

�hnonisto^

�germ. manja-

�rota

�— :

�ratas

�—

�vieux h^-all. rad.

��Racines: gr. ôk, ôtt, lit. {at-)a-n-kû', gr. çujt, anglo-saxon hacan, hoc, lat. fod, si. hodq (le lituanien a la forme incompréhen- sible hedu).

Dans les mots qui suivent, on peut douter si Vo gréco-italique n'est pas o^, ou même, dans un ou deux cas, une voyelle anaptycti- que: ôCoç, got. asts\ ôppoç, v. h'^-all. ars {G-rdz. 350); ôttôç, v. h*-all. saf, si. sokû; ôpviç, v. h*-all. ami-, si. orUû; gréco-it. orphos, got. arbi; gréco-it. omsos, got. amsa; collum, got. hais; coxa, v. h'-all. hahsa; KÔpaH, lit. szârka «pie» (?); xÔM90Ç) si. zqbû; gréco-it. porkos, v. h'-all. farah, si. prasç pour *porse, lit. pàrszas; osq. posmos, lat. post, lit. pàskui; longus, got. laggs. L'o de xoXrj (v. h*-all. galla) doit être o.^, à cause de Ve du lat. fel. — Dans la diphtongue: gréco-it. oinos, germ. et boruss. aina-; gréco-it. klouni, norr. hlaun (lit. szlaums).

J'ai fait plus haut la remarque que les idiomes du nord, en opposant au phonème g les mêmes voyelles qu'au phonème a, nous frustraient de la preuve positive que ce dernier phonème est aussi ancien que les autres espèces d'à. Il existe cependant deux séries de faits qui changeraient du tout au tout l'état de nos connais- sances sur ce point, selon qu'on leur attribuera ou non une connexion avec l'apparition de g dans le gréco-italique.

��1. Miklosich {Vergl. Gramm. II 161) pense que ce mot est d'origine étrangère.

�� � LE PHONÈME Q DANS LES LANGUES DU NORD. 109

1. Trois des plus importantes racines qui contiennent o en grec: ôb ou ibb «olerç», 2uj(T «ceindre», buj «donner», présentent en lituanien la voyelle « : ùàtû,, jûsmi, dûmi. De plus, le lat. jocus, dont \'o pourrait fort bien être o, est en lituanien jûkas; ûga ré- pond au lat. uva, nûgas à nudus^ (= noguidusf). Au grec Puu/", Po/", dont l'o selon nous est o, répond le lette gûws. En revanche kûlas, par exemple, est en grec kôXov (bois). Le slave ne possède rien qui corresponde à n (jas-, da- = lit. /»°s-, dû-) ; bien plus, le borussien même ne connaît point cette voyelle {dafwei = dûti), et le passage de à û est une modification familière aux dialectes lituaniens. Il faut donc convenir que si réellement le phonème Q se cache dans \'û lituano-lette, c'est par un accident presque invraisemblable.

2. Je n'ai parlé qu'occasionnellement du vocalisme celtique, et je ne le fais encore ici que par nécessité, mes connaissances sur ce terrain étant très insuffisantes. Le vocalisme irlandais concorde avec celui du slavo-germanique dans le traitement de a et ag; les deux phonèmes sont confondus. Exemple de A: ato-m-aig de la rac. ag agere; agathar, cf. à'xeTai; asiî, cf. axilla; athir, cf. pater; altram, no-t-aiî, cî.alo; aile, cî.alms. Voy. Windisch dans les Grundzuge de Curtius aux numéros correspondants. D'autre part a2 devient aussi a. Nous l'avons constaté plus haut (p. 68 et 82) dans les formes du parfait singulier et dans le mot dmir = bôpu. En outre, d'après le vocalisme des syllabes radicales, la voyelle suffixale disparue qui correspondait à l'og gréco -italique était a. Mais voici que dans nocht «nuit», roth «roue», ôi^ «mouton», ocht «huit», orx «porc», ro = gr. Trpô etc., c'est o et non plus a qui répond à l'o des langues du sud. Précisément dans ces mots, la présence de g est assurée ou probable. — Comment se fait-il que dans le vieux gaulois l'ttg suffixal soit o: tarvos trigaranos, y/e^Ltyrov etc.?

��1. Il faut aussi tenir compte de Xu|liv6ç* yu^vôç (Hes.). Cette forme semble être sortie de *vu|iv6ç par dissimilation. *vu|uiv6ç est pour *vupvôç, *voy"^v6ç = skr. nagnâ.

2. L'o est allougé par le w qui suivait.

�� � 110

��Chapitre IV.

§ 9. Indices de la pluralité des a dans la langue mère indo-européenne.

Dans le système d'Amelung, Vo gréco-italique et l'a gréco- italique (notre a) remontent à une même voyelle primordiale; tous deux sont la gradation de Ye. S'il était constaté que dans les lan- gues ariennes la voyelle qui correspond à l'a gréco-italique en syllabe ouverte est un a long, comme pour o, cette opinion aurait trouvé un point d'appui assez solide. A la vérité, le nombre des exemples qui se prêtent à cette épreuve est extraordinairement faible. Je ne. trouve parmi les mots détachés que ciTrô — ah, skr. âpa', dKUUV^ skr. âçayi (au cas faibles, comme açwâ, syllabe fermée); aï5, skr. àgâ; à^r\ç>, véd. àthan(?). Mais du moins les thèmes verbaux de âga-ti, europ. Ag; bhâga-ti, europ. bkAg; mâda-ti, gréco-it. ■mAd; yâga-ti, gr. àf, vâta-ti, europ. tvAt (irland. fàith, lat. vates) nous donnent une sécurité suffisante. Si l'on recherche au contraire les cas possibles d'un â arien correspondant, en syllabe ouverte, à un a (a) gréco-italique, on en trouvera un exemple, en effet assez im- portant : skr. (îgas, en regard du gr. âxoç qu'on s'accorde à séparer de âtoç, cÎTioç etc^. Le cas est entièrement isolé, et dans notre propre système il n'est point inexplicable (v. le registre). Faire de ce cas unique la clef de voûte d'une théorie sur l'ensemble du vocalisme serait s'affranchir de toute espèce de méthode^.

On pourra donc sans crainte établir la règle que, lorsque les langues européennes ont a, en syllabe ouverte comme en syllabe fermée l'arien montre a bref. Mais ceci veut dire simplement que l'a n'est pas un a long: il arrive en effet que dans certaines

��1. he T de àKOvT- est ajouté postérieurement; cf. Xeov-T, fém. Xéaiva.

2. Pour des raisons exposées plus loin, nous serons amené à la conclusion que, si une racine contient a, le présent a normalement â long et que les thèmes comme à^a-, hhàga- etc. n'ont pu appartenir primitivement qu'à l'aoriste. Mais comme, en même temps, c'est précisément l'aoriste, selon nous, qui laisse apparaître a à l'état pur, il ne saurait y avoir d'inconséquence à faire ici de ces thèmes un argument.

3. Le skr. vyàla (aussi vyàda) «serpent» est bien probablement proche parent du gr. ûdXri • OKiûXriE, mais il serait illusoire de chercher à établir entre les deux mots l'identité absolue: cf. €ÙXri, ïouXoç.

�� � CORRESPONDANTS ARIENS DU PHONÈME A. 111

positions, par exemple à la fin des racines, ce n'est plus du tout un a, mais bien i ou ï, au moins en sanskrit, qui se trouve placé en regard du phonème a des langues d'Europe. Voy. ci-dessous.

Comment l'arien se comporte-til vis-à-vis de Ve européen? Il lui oppose aussi Va bref. Ce fait est si connu qu'il est inutile de l'appuyer d'une liste d'exemples. Le seul point à faire ressortir, celui qu'avait relevé d'abord Amelung, celui sur lequel M. Brugmann a assis en grande partie l'hypothèse de «2» c'est le fait négatif que, lorsqu'on trouve e en Europe, jamais l'arien ne présente d'à long.

Si maintenant l'on posait cette question-ci : Y a-t-il dans Tindo- iranien l'indice certain d'une espèce d'à gui ne peut être ni a^ ni 82? nous répondrions: Oui, cet indice existe. Vi ou i pour a n'apparaît que dans un genre de racines sanskrites tout particulier et ne peut avoir ni la valeur % ni la valeur «2 (§ H ^^)-

Mais si, précisant davantage la question, on demandait s'il y a dans l'arien des traces incontestables du dualisme a^ : a tel quil existe en Europe, la" réponse, je crois, ne pourrait être que négative. Le rôle de Vt dans ce problème est assez compliqué, et nous ne pourrons aborder la question de plus près qu'au chapitre V.

Deux autres points méritent particulièrement d'être examinés à ce point de vue :

1" Les â longs tels que celui de svàdate == gr. dbexai. Voy. § 11 fin.

2^ Le traitement de fcg, g^ et gh^ dans les langues ariennes. Dans l'article cité des Mémoires de la Société de Linguistique^ j'ai cherché à établir que la palatalisation des gutturales vélaires est due à l'influence d'un a^ venant après la gutturale. Je confrontais la série indienne vàkd, vàcas, vô6a-t avec la série grecque yovo-, feveo"-, YÊvé-(aôai) et concluais que la diversité des consonnes dans la première avait le rapport le plus intime avec la diversité des voyelles suffixales observable dans la seconde. Je crois encore à l'heure qu'il est que cela est juste. Seulement il était faux, comme j'en ai fait plus haut la remarque (p. 85i), de donner à l'o du suffixe, dans yàvo, la valeur ou i (0 étant considéré comme une variété de a): cet 0, nous l'avons vu, est a2. Voilà donc la signification du fait notablement changée. Il prouve bien encore que l'indo-iranien distingue entre a^ et 02, mais non plus, comme j'avais pensé, qu'il distingue entre a^ et a. La thèse, conçue sous cette forme, devant être soutenue, à ce que nous apprenons, par

�� � 112 LES LANGUES ARIENNES DISTINGUENT-ELLES X DE «j ?

une plume beaucoup plus autorisée que la nôtre, nous laisserons ce sujet intact: aussi bien l'existence de Va^ arien est déjà suffisam- ment assurée par l'allongement régulier constaté au § 7^.

Le traitement des gutturales vélaires au commencement des mots porte la trace très claire de la permutation a^ : 02 dans la syllabe radicale. Mais laisse-t-il apercevoir une différence entre a^ et a? C'est là le fait qui serait important pour nous. Il serait difficile de répondre par oui et non. A tout prendre, les phénomènes n'excluent pas cette possibilité, et semblent plutôt parler en sa fa- veur. Mais rien de net et d'évident; point de résultat qui s'impose et auquel on puisse se fier définitivement. Nous supprimons donc comme inutile le volumineux dossier de ce débat, qui roule la plupart du temps sur des exemples d'ordre tout à fait subalterne, et nous résumons:

Quand l'européen a fegC, 92^, 9^2^, l'arien montre presque régu- lièrement c'a, ga, gha. Exemples: gr. Técraapeç, skr. éatvdras; lit, gèsti, skr. gâsati; gr. ôépoç, skr. Jidras. Ceci rentre dans ce que nous disions précédemment. La règle souffre des exceptions: ainsi halayati en regard de KéXrjç, celer (Curtius, Grdz. 146), gâmati en regard du got. qiman^. Au groupe européen ^2^ l'arien répond assez généralement par ka. Seulement, bien souvent, on se demande si l'a européen qui suit la gutturale est véritablement a, ou bien un phonème hystérogène. D'autres fois le rapprochement est douteux. Exemples: gr. KaXôç, skr. kalya; lat. cacumen, ekr. kakûbh; lat. calix, skr. kaîàça; \aX. cadaver, Bkv. kaîevara? (Bopp); KdvbaXor KOiXdi|LiaTa,

��1. Pour bien préciser ce que nous entendions à la page 8-5, il faut dire quelques mots sur les formes zendes cahyâ et cahmâi. Justi les met sous un pronom indéfini c'a, tandis que Spiegel rattache c'ahmài directement à Jca {Gramm. 19.3). En tous cas le fait que, d'une façon ou d'une autre, ces formes appartiennent au pronom ka ne peut faire l'objet d'un doute. La palatale du génitif s'explique par l'ai que nous avons supposé. Pour le datif, il ne serait pas impossible que l'analogue grec nous fût conservé. Hésychius a une glose Tin\im' Te(vei. M. Mor. Schmidt corrige xeivei en TÎvei. Mais qu'est-ce alors que Tëmaai? Si nous lisons xivi, nous avons dans xéiainai le pendant de cahmâi (cf. crét. xeîoç pour iroîoç)- Cependant les deux formes ne sont pas identiques; la forme grecque provient d'un thème consonantique kasm- (cf. skr. kasm-in), a\ étant désinence (v. p. 87); au contraire cahmâi vient de kasma.

2. Peut-être que le g du dernier exemple a été restitué postérieurement à la place de ^, sur le modèle des formes telles que ga-gmûs où la gutturale n'avait point été attaquée. L'état de choses ancien serait donc celui que présente le zend où nous trouvons ^amyâf à côté de ga-fmaf.

�� � NÉCESSITÉ d'admettre QUE l'iNDO-EUR. DISTINGUAIT A DE «,. 113

pàdpa, skr, kandard; gr. Ka|uctpa, zd. kamara\ gr. Kd|LiTrr|, skr. kampand; gr. Kttivôç, skr. hanyà (Fick); dans la diphtongue, lat. caesaries, skr. késara; lat. caelebs, skr. kévala; gr. Kaidbaç, Kaiara" ôpOx|iiaTa, skr. kévata etc.^ Pour gr et gh, les cas sont rares. — ■ Nous trouvons la palatale dans candrà, -çéandra (groupe primitif sk^) en regard du lat. candeo. A la page 81 nous comparions got. skadus au skr. éat «se cacher». Or l'irlandais scâth prouve que la racine est skAt, non sket^, et nous aurions ainsi un exemple bien clair de éa répondant à kà; il est vrai que la gutturale fait partie du groupe primitif sk. Un cas semblable, où c'est la sonore qui est en jeu, est le zd. gad «demander», irland. gad. gr. pdîuj (malgré pàHo»); ici le sanskrit a g : gâduti.

Bref, il n'y a rien de décisif à tirer de ce genre de phéno- mènes, et nous devrons, pour établir la primordialité du dualisme tti : 1, recourir à une démonstration a priori, basée essentiellement sur la certitude que nous avons de la primordialité de «g- ^^ linguistique, ce genre de démonstration n'est jamais qu'un pis aller; on aurait tort toutefois de vouloir l'exclure complètement.

1. Pour simplifier, nous écarterons du débat le phonème o; son caractère presque exceptionnel, son rôle très voisin de celui de a, lui assignent une espèce de position neutre et permettent de le négliger sans crainte d'erreur. En outre Vë long des langues d'Europe, phonème que nous rencontrerons plus loin et qui n'est peut-être qu'une variété d'à, pourra rester également en dehors de la discussion. Voy. au sujet d'é le § 11.

2. Nous posons comme un point démontré dans les chapitres précédents et comme la base d*où il faut partir le fait que le vocalisme des a de toutes les langues européennes plus l'arménien repo.se sur les quatre a suivants: a^ ou e; a^ ou o; a on a; À ou â.

��1. Il est remarquable que les langues classiques évitent, devant a, de la- hiîiliser la gutturale vélaire, au moins la ténue. Dans {c)vapor, le groupe kw est primilif, ainsi que l'indique le lituanien, et dans Ttâç il en est probablement de même; irdoiaai est discuté. Il ne semble pas non plus qu'on trouve de hv germanique devant a; toutefois ce dernier fait ne s'accuse pas d'une manière assez saillante pour pouvoir servir à démontrer la différence originaire de a et a, au nord de l'Europe.

2. Grassmann décompose le véd. mâmçdatâ en mâs ou màms «lune» et ciitû «faisant disparaître». Cette dernière forme répond au got. skadus. — Si l'on place dans la même famille le gr. aKÔxoç, on obtient une racine skot et non plus skAt. Comparez aKOTO|nr|vioç et mdmçcatû.

de Saussure, Oeuvres. 8

�� � 114 NÉCESSITÉ d'admettre QUE l'iNDO-EUR. DISTINGUAIT A DE Oj.

En outre il est établi que o alterne régulièrement avec e, jamais avec a; et semblablement que a alterne exclusivement avec a. Ce dernier point n'a pu être encore bien mis en lumière, mais au chapitre V nous le constatons d'une manière positive.

3. L'apparition régulière, dans certaines conditions, d'un a long arien en regard de Yo européen (§ 7), phénomène qui ne se présente jamais lorsque la voyelle est en Europe e ou a, s'oppose absolument à ce qu'on fasse remonter à un même phonème de la langue mère l'e (ou l'a) et Vo européens.

4. D'autre part il est impossible de faire remonter \'o européen au même phonème primordial qui a donné â. En efifet, les langues ariennes n'abrègent point a devant les groupes de deux consonnes (çdsnii etc.). On ne comprendrait donc pas comment l'o européen suivi de deux consonnes est représenté en^rien par a bref (ôp-|nr| = sarma, non <isârma», (pipovTi = bharanti, non ^hharânti»).

5. Relativement à o et â, trois points sont acquis: a) Ce qui est en Europe o ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe e ou a (v. ci-dessus, n" 3). P) Ce qui est en Europe o ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe a (v. ci-dessus, n" 4). y) De tout temps il a été reconnu que ce qui est en Europe a ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe e ou a. Ceci établit qm Vo et Z'â euro- péens ont été dans la langue mère distincts l'un de l'autre et distincts de tous autres phonèmes. — Que savons-nous sur la portion du vo- calisme de la langue mère qui répond à la somme e -\- a dans les langues d'Occident? Deux choses: cette portion du vocalisme différait de o et de â; et en second lieu elle ne contenait pas de voyelle longue. Réduites à une forme schématique, nos données sont donc les suivantes:

Indo-européen Européen

X, bref. - — —

a a a

Essayons à présent de donner à x la valeur d'un a unique. Voici les hypothèses qu'entraîne nécessairement avec elle cette première supposition: 1° Scindement de l'a en e-a, à son entrée en Europe. La question de la possibilité de cette sorte de scindements est une question à part qui, tranchée négativement, rendrait la présente discussion superflue. Nous ne fondons donc point d'objection sur

�� � NÉCESSITÉ d'admettre QUE l'iNDO-EUR. DISTINGUAIT A HE O^. 115

ce point-là. 2** Merveilleuse répartition des richesses vocaliques obtenues par le scindement. Nul désordre au milieu de cette multiplication des a. Il se trouve que e est toujours avec o, et a toujours avec a. Un tel fait est inimaginable. 3*^ Les trois espèces d'à supposées pour la langue mère (a o à) n'étaient pas, évidem- ment, sans une certaine relation entre elles : mais cette relation ne peut avoir rien de commun avec celle que nous leur trouvons en Europe, puisque dans la langue mère e et a, par hypothèse, étaient encore un seul phonème. Ainsi les langues européennes ne se seraient pas contentées de créer un ablaut qui leur est propre; elles en auraient encore aboli un plus ancien. Et pour organiser le nouvel ablaut, il leur fallait disloquer les éléments du précédent, bouleverser les fonctions respectives des différents phonèmes. Nous croyons que cet échafaudage fantastique a la valeur d'une dé- monstration par absurde. La quantité inconnue désignée par x ne peut pas avoir été une et homogène.

Cette possibilité écartée, il n'y a plus qu'une solution plau- sible au problème: transporter tel quel dans la langue mère le schéma obtenu pour l'européen, sauf, bien entendu, ce qui est de la détermination exacte du son que devaient avoir les diflférents phonèmes.

��Quand on considère le procès de réduction des a deux fois répété dans le domaine indo-européen : dans le celto-slavo-germa- nique à un moindre degré, puis sur une plus grande échelle^ dans les langues ariennes, et cela en tenant compte de la position géo- graphique des peuples, il semble à première vue très naturel de croire que c'est là un seul grand mouvement qui aurait couru de l'ouest à l'est, atteignant dans les langues orientales sa plus grande intensité. Cette supposition serait erronée: les deux événements, il est aisé de le reconnaître, ne sauraient être liés historiquement. Le vocalisme des a, tel que l'offre le slavo-germanique, ne peut en aucune façon former le substratum des phénomènes ariens. L'arien distingue ag de a et confond a avec a^. L'Europe septentrionale confond ag avec a.

Il est un cas sans doute où l'aa arien est confondu lui aussi avec A (et %), c'est lorsqu'il se trouve dans la syllabe fermée. Mais, à l'époque où, dans d'autres conditions, se produisit l'allongement

��1. Sur une plus grande échelle, en ce sens qu'outre la confusion de a^ et ^, il y a eu aussi plus tard coloration de a^ en a. Voyez la suite.

8*

�� � 116

��GROUPEMENT DES DIFFERENTS IDIOMES D APRES LE TRAITEMENT DES O.

��de ag, il est à peine douteux que, devant deux consonnes, ce phonème conservât comme ailleurs son individualité. On peut donc dire que l'arien postérieur confond a^, a et a^ en syllabe fermée, mais que le plus ancien arien que nous puissions atteindre confond seulement % et a.

La figure suivante représente la division du territoire indo- européen qu'on obtient, en prenant pour base le traitement des trois a brefs dont nous venons de parler. Il est fort possible qu'elle traduise fidèlement le véritable groupement des différentes langues ; mais, pour le moment, nous ne voulons pas attacher à cette répartition d'autre valeur que celle qu'elle peut avoir dans la question de l'a. Les Celtes, par exemple, s'ils appartiennent au groupe du nord pour le traitement des voyelles (p. 109), sont unis par d'autres attaches à leurs voisins du sud.

��Région où A, c, et a^

se maintiennent tous trois distincts.

��� ��Celtes Germains Letto-Slaves

��Iraniens ^ / Hindous

��Région où a et a^ sont confondus.

Région où a et a, sont confondus.

��Chapitre V. Rôle grammatical des différentes espèces à'a.

��§ 10. La racine à l'état normal.

Si le sujet de cet opuscule avait pu être circonscrit au thème du présent chapitre, le plan général y aurait gagné sans doute. Mais nous avions à nous assurer de l'existence de plusieurs phonèmes avant de définir leur rôle dans l'organisme grammatical, et dans ces conditions il était bien difficile de ne pas sacrifier quelque chose de l'ordonnance rationnelle des matières. C'est ainsi que le chapitre sur les liquides et nasales sonantes devra tenir lieu plus ou moins d'une étude de la racine à l'état réduit, et que nous nous référerons au paragraphe 7 pour ce qui concerne cet autre état de la racine où a^ se change en Og.

�� � LE GOUNA. 117

Les racines se présentent à nous sous deux formes principales: la forme pleine et la forme affaiblie. A son tour la forme pleine comporte deux états différents, celui où l'a radical est a^ et celui où il est a^. C'est ce dernier état de la racine qu'il reste à envisager; c'est celui qu'on peut appeler, pour les raisons exposées plus loin, l'état normal de la racine.

Voici d'abord les motifs que nous avions de dire, au com- mencement de ce travail, qu'une racine contenant i ou u ne possède sa forme pleine et inaltérée que lorsqu'elle montre la diphtongue. Cette idée a été émise déjà à plusieurs reprises ^ Ceux de qui elle émanait ont paru dire parfois que c'est après tout affaire de con- vention de partir de la forme forte ou de la forme faible. On reconnaîtra, je crois, l'inexactitude de cette opinion en pesant les trois faits suivants.

1. Dès qu'on admet l'existence de liquides et de nasales so- nantes indo-européennes, on voit aussi le parallélisme de i, m, avec r, n, m. Mais ceci, dira-t-on, ne prouve rien ; je puis admettre avec les grammairiens hindous que ar est gouna de r, et sembla- blement an, am, gouna de »î, rp,. En effet; aussi ce n'est point là- dessus que nous nous fondons, mais bien sur les racines terminées par une consonne (par opposition à sonante). Pour pouvoir parler d'une racine Ihudh il faudrait dire aussi qu'il y a une racine pt. Car partout où hhudh apparaîtra, on verra aussi apparaître pt, à condition seulement que la forme se puisse prononcer: hu-budh-ûs, pa-pt-ûs; è-TTud-ômiv, è-7TT-ô|Lir|V. Sitôt qu'on trouve bhaudh, on trouve aussi pat: bôdhati, TreûôeTai; pâtati, TréTeiai. Dira-t-on que at est gouna de f?

2. Si, pour la production de la diphtongue, il était besoin d'une opération préalable de renforcement, on concevrait difficile-

1. Sans poser de règle absolue, M. Léo Meyer dans sa Grammaire Comparée (I 341, 343) fait expressément ses réserves sur la véritable forme des racines finissant par i et u, disant qu'il est plus rationnel de poser pour racine srav (jue sru. Dans un article du Journal de Kuhn cité précédemment (XXI 343) il s'exprime dans le même sens. On sait que M. AscoU admet une double série, l'une ascendante (i ai, u au), l'autre descendante {ait, au u); cela est en relation avec d'autres théories de l'auteur. M. Paul, dans une note de son travail sur les voyelles des syllabes de flexion (Beitr. IV 439), dit, en ayant plus particu- lièrement en vue les phénomènes du sanskrit : «lorsqu'on trouve parallèlement i, u (y, v) et ê, ô (ai, ay, ây; du, av, âv), la voyelle simple peut souvent ou peut- être toujours être considérée comme un aflaiblissement avec autant de raison qu'on en a eu jusqu'ici de regarder la diphtongue comme un renforcement».

�� � 118 LE GOUNA. — LA VRIDDHI.

ment comment l'a^ du «gouna» devient a^ ^ absolument comme tous les autres a^. Au paragraphe 7 nous sommes constamment partis du degré à diphtongue, et nous n'avons pas éprouvé une seule fois qu'en procédant de la sorte on se heurtât à quelque difficulté.

3. L'absence de racines en iw, un; im, um ; ir, ur (les dernières, quand elles existent, sont toujours d'anciennes racines en ar faciles à reconnaître) est un fait si frappant qu'avant de connaître la nasale sonante de M. Brugmann il nous semblait déjà qu'il créât entre les rôles de i, u, et de n, m, r, une remarquable similitude. En effet cela suffirait à établir que la fonction de a et la fonction de i ou u sont totalement dififérentes. Si i, u étaient, au même titre que a, voyelles fondamentales de leurs racines, on ne comprendrait pas pourquoi celles-ci ne finissent jamais par des phonèmes qui, à la suite de a, sont fort communs. Dans notre conception, cela s'explique simplement par le fait que a ne prend qu'un seul coefficient sonantique après lui.

En vertu du même principe, il n'existe point de racine conte- nant le groupe : i, u -\- nasale {ou liquidé) -f- consonne. Quand on parle par exemple d'une racine sanskrite sine, c'est par abus: il est facile de s'assurer, en formant le parfait ou le futur, que la nasale n'est point radicale. Au contraire dans handh la nasale est radicale, et elle persistera au parfait.

Dans l'échange de la diphtongue et de la voyelle, il n'y a donc pas à chercher avec Schleicher de renforcement dynamique ou avec Benfey et Grein de renforcement mécanique; il n'y a qu'un afiaiblissement, et c'est lorsque la diphtongue cesse d'exister qu'un phénomène se produit.

Quant à la vriddhi qui, d'après ce qui précède, ne peut plus être mise, même de loin, en parallèle avec le «gouna», nous n'en avons trouvé aucune explication satisfaisante. Il y en a évidem- ment deux espèces: celle qui sert à la dérivation secondaire, — vriddhi dynamique ou psychologique, si on veut lui donner ce nom — et celle qu'on trouve dans quelques formes primaires comme yaû-mi, â-gai-sam où on ne peut lui supposer qu'une cause mécanique (v. plus bas). La vriddhi de la première espèce est indo- iranienne; on en a signalé des traces douteuses dans l'indo-européen. La vriddhi de la seconde espèce paraît être née plus tard.

1. Nous ne voulons point dire par là que a, soit une gradation.

�� � FORMATIONS QCI CONTIENNENT C,. 119

Partout où il y a permutation de ai, au, avec i, u. Va de la diphtongue est dans les langues européennes un e (%) ou son remplaçant o (ag), mais jamais i. Nous verrons au § 11 que les combinaisons Ai, au sont d'un ordre diflFérent et ne peuvent pas perdre leur a. Ce fait doit être rangé parmi les preuves de la pri- mordialité du vocalisme européen.

Passons maintenant en revue les formations où la racine présente %, soit que ce phonème fasse partie d'une diphtongue, soit qu'il se trouve dans toute autre position. La catégorie de racines que nous considérons embrasse toutes celles qui ne renferment point A OU t>, à l'exception des racines terminées par a^, et de quelques autres qui leur sont semblables. La question est toujours comprise entre ces limites-ci: est-ce ag, absence de a, ou bien a^ qui apparaît t

a. FORMATIONS VERBALES.

Présents thématiques de la 1" classe verbale. Ils ont in- variablement a^.

Grec: Xétuj; xeiu), ^é(/')uj, luévu), cpépuj; (Tieixuj, q)eÙTUJ, cnrévèui, ëpiruj etc. Curtius, Verh. 1^ 210 seq., 223 seq.

Latin: lego; tero, tremo ; fïdo pour *feido^, (dûco pour *deuco), -fendo, serpo etc.

Gotique: giba; sniva, nima, baira; steiga, biuda, binda, filha etc.

Paléoslave: nesq; èenq^ berq; mçtq, vlékq pour *veïkq etc. L'e s'est fréquemment affaibli en î, sous des influences spéciales au slave. Les formes comme éïvq sont les équivalents des formes grecques comme ^iJyxi. Sur la diphtongue eu en letto-slave, cf. p. 63 seq.

Lituanien : degû ; vejù, genù ; lè'kû, senkà, kertù etc.

L'irlandais montre régulièrement e.

Langues ariennes. L'a, sauf quelques cas spéciaux, est bref; par conséquent c'est bien a^ et non a^ que prend la syllabe radi- cale. Sanskrit vâhati; gàyati, sràvati, stânati, bhàrati; éétati, rôhati, vdndate, sârpati etc.

Subjonctif du présent non-thématique et du parfait. Pour former le subjonctif, les présents de la 2* et de la 3® classe ajoutent un Oj thématique à la racine non affaiblie, c'est-à-dire telle qu'elle se trouve au singulier de l'actif. Si le verbe n'est pas redoublé,

1. mêjo est peut-être pour *meiho.

�� � 120 FORMATIONS QUI CONTIENNENT Oj.

on obtient de la sorte un thème absolument semblable aux présents de la V^ classe. Sanskrit Mna-t, âya-t, yuyâva-t, de hàn-ti, é-ti, yuyô-ti. Il nous a été conservé en grec: eïuj subjonctif de eî|ii (Ahrens II 340). Le pluriel eût été sans doute *eïo|H€v (cf. hom. îojiev)^

Il est extrêmement curieux que le parfait, qui prend a^ dans les formes non affaiblies, sauf peut-être à la première personne (p. 69), restitue a^ au subjonctif. Voyez les exemples chez Delbriick, Altind. Verb. 194. De gabhàr-a, gabhâra-t; de tatân-a, tatâna-t etc. Ici le grec offre un magnifique parallèle dans eï6o)Liev, eï6e-T€, sub- jonctif courant chez Homère du parf. oîb-a. Une autre forme, TteTTOiôoiLiev, s'est soumise à l'analogie de l'indicatif.

Présents non-thématiques (5* et 3^ classe verbale). Nous re- cherchons si c'est ai ou «2 ^[^i apparaît aux trois personnes de l'indicatif singulier (présent et imparfait). Aux autres personnes, l'a radical est expulsé.

La syllabe étant toujours fermée, nous ne pouvons nous ren- seigner qu'auprès des langues de l'Occident. L'exemple le plus im- portant est celui dea^s «être». Aux trois personnes en question, les langues européennes ont unanimement e. Puis vient la racine a^i «aller» : grec eîjui, lit. eimï. Si cieu est le skr. sto «laudare», il est probable que areûrai appartient bien à la 2* classe, comme staûti (cf. Curtius, Verb. P 154). Naturellement, il faudrait régu- lièrement *aTUTai; la diphtongue est empruntée à l'actif disparu^.

Ces exemples montrent a^, et c'est a^ que nous retrouvons dans les aoristes comme Ix^ua, ëacreua qui ne sont en dernière analyse que des imparfaits de la 2* classe. V. plus haut p. 21.

La diphtongue au du skr. staûti, yaûU etc., est tout à fait énigmatique. Rien, en tous cas, n'autoriserait à y voir l'indice de la présence de aj. Les diphtongues de «2, suivies d'une consonne, ne se comportent pas autrement que les diphtongues de a^. Il semble tout au contraire que ce soit de préférence a^i et aiU qui subissent en sanskrit des perturbations de ce genre. L'aoriste sig- matique nous en offrira tout à l'heure un nouvel exemple.

��î. On a voulu voir dans les futurs Peioinai, irloiam, ë&0|uai, Keûu etc. d'an- ciens subjonctifs. Les deux derniers, appartenant à des verbes de la 2® classe, s'y prêtent très bien.

2. Très obscur est aoûTai, à côté de oeûTci. V. Curtius l. c.

�� � FORMATIONS QUI CONTIENNENT a,. 121

Le présent de la 3* classe se dérobe davantage à l'investigation. On a identifié, non sans vraisemblance, le lat. fert au skr. bibhdrti.

Le grec n'a plus d'autres présents redoublés que ceux dont le thème finit en r| ou â. Sans doute on peut se demander si miiTTXrmi n'est pas la métathèse de 7Ti|aTreX)iii (v. p. 14 et le chap. VI). Cependant la certitude que nous avons que la voyelle est a^ ne dépend pas, heureusement, de cette hypothèse. Même si 7TÎ|i7TXri|iii vient d'une racine TrXr|, cet x], comme aussi ceux de Tidruiii, ïr||Lii etc., prouve que la formation ne prend pas ag ; autrement on aurait «Tiduj|ii, ïuiiai». C'est ce que nous reconnaîtrons au § 11.

Aoriste sigmatique non-thématique. L'identité de l'aoriste grec en -(Ta avec l'aoriste sigmatique non-thématique connu dans le sanskrit et le slave est un fait que M. Brugmann a définitivement acquis à la science (v. Stud. IX 313). La racine est au degré % au moyen comme à l'actif. Exemples: ^(Jxpevjja, hii.\i\^a, ëbeiaa, ëîrXeuaa, ëieuHa etc. Le slave a également e: pçchù, nésû etc.^

En sanskrit cet aoriste allonge l'a radical dans les formes de l'actif, mais nous avons vu plus haut que cette sorte de phéno- mènes, en syllabe fermée, ne se peut ramener jusqu'à présent à aucun principe ancien, et qu'il est impossible d'en tenir compte. L'allongement disparaît au moyen. Le vocalisme de ce temps soulève néanmoins différents problèmes que nous toucherons au § 12. — Sur certaines traces de «2 ^ l'aoriste v. p. 69.

Le subjonctif pdrsa-t, gésa-t etc. se reflète en grec dans les formes homériques comme Trapa-XéHo-|iai, àiaeinie-xai etc. V. Curtius, Verb. II 259 seq. L'a radical est a^ comme à l'indicatif.

Futur en -sya. Par l'addition de -ya^ au thème de l'aoriste se forme le thème du futur. Le vocalisme ne subit pas de changement.

Exemples grecs: aipéipiu, eï(TO|Liai, TTXeuaoû)iiai, èXeùcro)aai. La nécessité de l'e se voit bien par la forme KXeu(TÔ|U6da, futur de kXûuj rapporté par Hésychius.

Le futur lituanien ne contredit pas à la règle.

Le futur indien a, lui aussi, la forme pleine de la racine: vaksyà-li, gesyâ-ti^ bhotsyd-ti.

��1. Tout autre est le vocalisme de l'aoriste en -sa (â-diksa-t).

�� � 122 FORMATIONS QUI CONTIENNENT a^.

b. FORMATIONS NOMINALES.

Thèmes en -as. Neutres grecs: péXoç, pévdoç\ pXéTTOç, Ppécpoç, Yévoç, Itxoç, eîpoç, ëXerxoç, êXKOç, è'Xoç, êttoç, êpepoç, é'pKOç, ëToç, dépoç, Képboç, Xéxoç, IxèKoç, |uévoç, |U€poç, vé)Lioç, véqpoç, TtéKOç, irév^oç', iréoç, pé&oç, (Jôévoç, aKéXoç, arétpcç, xéTOç, tékcç, réXoç, q)éTTOç; — bé(î/)oç, eîboç, Teîxoç; T^eÛKOç, Ipeudoç, Zieûfoç, KeOdoç, KXé(/')oç, pé(/";oç, aKeOoç, TeOxoç, vt;eûboç etc. D'autres encore chez Ludwig, Entstehung der a-Decl. 10.

Souvent le thème en -ecT n'est conservé que dans un composé: à^q)i-ppeTrriç, cf. pomi; io-bveqprîç, cf. 6vôqpo-ç; à-)Liepqpéç" dffxpôv Hes. cf. liopqpr). 'AXi-dépcrriç^ dans Homère n'est point éolique: dépcoç, en effet conservé chez les Eoliens, est le thème en -ecT régulier de la rac. ôepcT, et ôdpcroç, dpdcoç, sont formés postérieurement sur dpacTÙç, dapcTuç (dans ^apcrOvuj).

Pour les adjectifs (oxytons) en -ecr, sur l'ancienneté desquels, différentes opinions sont possibles, nieubrjç atteste le même degré %.

L'o du neutre ôxoç est dû à ce que exuj «veho», en grec, a abdiqué en faveur de ôxéuj. Du reste Hésychius donne ëxeffqpiv* âpjuacriv. ctkôt-oç vient d'une racine skot et non sket. Si Homère a dit bucTiTOvriç (au gén. buCTTOvéoç), c'est que ttôvoç, dans sa signifi- cation, s'était émancipé de la racine Trev.

Exemples latins: demis, genus, nemus, pectus, scelus^temptis, Venus, vêtus (sur ces deux mots v. Brugmann, A'. Z. XXIV 38, 43). Le neutre vïrus (gén. viri) indique un primitif waiis-as. Sur foedus, pondus, holus, X. p. 76. En composition: de-gener.

Le gotique donne riqiz-a- = ëpe^oç, rimis-a-^ sigisa-, J>eihs-a-, veihs-a- (v. Paul, Beitr. IV 413 seq.); ga-digis viole la règle. Paléo- slave nebo, slovo pour '^slevo (v. p. 64) tego «courroie», cf. vûs-tqga; lituanien debes-l-s, deges-i-s^; irlandais nem «ciel», tech léyoç; ar- ménien erek ëpepoç {K. Z. XXIH 22).

Les langues ariennes sont en harmonie av-ec celles d'Europe, car elles ont: 1*^ la racine pleine; 2^^ a bref en syllabe ouverte, c'est-à-dire a^, Skr. vddas, râgas, menas, grdyas, çràvas; vAréas, tégas, rôhas.

��1. pddoç et irddoç sont des formes postérieures faites sur padûç (p. 24) et sur TTaOeîv (p. 20).

2. Ce nom a passé dans la déclinaison des thèmes en -â.

3. Le maso, vêidas peut fort bien continuer un ancien neutre en -es (€lboç).

�� � FORMATIONS QUI CONTIENNENT O^. 123

Les adjectifs se comportent de même: yaçàs, tavâs, toçds^.

Thèmes en -yas. En ajoutant -yas (dans certains cas ias) à la racine normale, on obtient le comparatif de cette racine fonctionnant comme adjectif. Le thème du superlatif est dérivé du premier au moyen d'un suff. ta, dont l'addition a nécessité l'affaiblissement du suffixe précédent, mais non pas celui de la racine. Il convient donc de réunir les deux classes de thèmes.

Sanskrit sdhyas, sâhistha; ksépïyas, ksépistha, cf. ksiprâ; râgïyas, râgiétha, cf. rgû. Zend darezista, cf. dërëzra.

Les cas où le grec a conservé cette formation ancienne, indé- pendante de l'adjectif, sont précieux pour la détermination de la qualité de l'a. La rac. qpep donne cpépiaioç, Kepb KépbicTTOç; |lii-vù-ç a pour comparatif ne{-(y)uuv, xpaxOç (= *KrTuç) RpeicTCiuv*. Le vieux comparatif attique de ôXîyoç est ôXeiZujv, v. Cauer, Stud. VIII 254. Ainsi l'a est bien a^.

Si l'on adopte l'étymologie de M. Benfey, le lat. pêjor est au skr. pjyû ce que jaeiuuv est à inivùç. — En gotique il faut remarquer Ve de vairsizd.

Thèmes en -man. a) Les neutres:

Exemples grecs: pXé|Li)Lia, Opé|U)ua, Treîaïaa pour *Ttévd|Lia, cré\|ua, (TnépiLia, TéX|Lia, cpdéTua; beî|Lia, \<â\ia\ peû|aa, 2eÛY|ua. Comparez ces deux séries-ci: Képina, TtXéYlua, Tépina, qpXéYiua, (TTéX|Lia (Hes.); — Kop^ôç, ttXoxmôç, TÔpiiioç, qpXoYIiôç, aToX|Li6ç (p. 71), en outre é'piaa «boucles d'oreilles» à ôpiioç «collier», é'p|Lia «appui pour les vaisseaux» à ôpiLioç «rade», é'p^i' ôbuvàuuv à ôp|Lir|; q)ép|Liiov, diminutif de *cpép)Lia, à qpopiLiôç, xtO|iia à x^MÔç pour *xO|liôç, *xou|u6ç (cf. ityi^ pour *Z;ou|Liri, lacon. Z;uj|Liôç).

L'homérique oî|aa de ei «aller» a dû être formé sur l'analogie de oî^oç. L'o de bÔY|ia parait être un Q. On n'est pas au clair sur ^â)^a; en tous cas rien ne justifierait un primitif bômua. ôxiua {= ëxna), que donne Hésychius, ne peut qu'être moderne.

En latin: germen, segmen, tegmen, termen (Varron). L'm de culmen est dû à la consonne qui suit.

Paléoslave brémç «fardeau» pour *berme, slême «culmen tecti»: pour *selme, vrémç «temps» pour *verme. Miklosich, Vergl. Gramni. II 236.

��1. Le nom uëâs affaiblit la racine, mais le suffixe est différent; ûras «poitrine» et çh-as «lête> ne peuvent pas non plus être mis en parallèle direct avec les mots comme vàéaa.

2. Le superlatif, cédant à l'analogie de Kpaxûç etc. fait KpriTicrroç.

�� � 124 FORMATIONS QUI CONTIENNENT Oj.

Sanskrit âhdrman, vàrtman, éman, hôman, véçman etc. (Lindner 91seq.). Zend zaëman, fraobman etc.; mais aussi pishman.

P) Les masculins et les adjectifs:

Grec K€u^|iuûv -ûJvoç, Xei|iujv -ôivoç, TeXa|iujv -ûivoç, x^^M^v -â)VOç; 7TXeiJ)uu)V -ovoç, TépjLiiuv -ovoç; l'adjectif Tepàiniuv -ovoç. Dérivés: (TTeX|novîai, qpXcYiJOvri, péXe|iv-o-v. Mots en •\iy\v: àvT}Xï]v, Xifariv, Tru9|inv et ()|Lir|v^ Ce dernier, d'après une étymologie reprise récemment, — il a échappé à l'auteur qu'elle avait été faite par Pott, Wurzehvôrterh. I 612 — coïncide avec l'ind. syûman (neut.); il y a là un u long qui nous engage à suspendre notre jugement. Mais dans duT|nriv, Xï^nv et T:u&|ar|V l'afifaiblissement de la racine est manifeste^. Dans ces trois mots précisément le suffixe n'admet point ag. Parmi les masculins ce ne sont donc que les thèmes en -ma2n qui offrent la racine au degré 1; cf. §13. — Les infinitifs en -|aev^ -|i€vai n'offrent pas les garanties nécessaires relativement au voca- lisme de la syllabe radicale.

Le latin a sermo, termo (Ennius), têmo = *t€cmo.

Le gotique a hliuma -ins, hiuhma -ins, milhma -ins, skeima -ins. Anglo-sax. filmen = gr. ixeKpLa (Fick III^ 181).

Quelques-uns des mots lituaniens seront sans doute d'anciens neutres, mais cela est indifférent. Schleicher donne êelmti «verdure», teszmû «mamelle», szèrmens (plur. tant.) «repas funèbre», de la ra- cine qui se retrouve en latin dans cêna, sili-cernium.

Sanskrit varsmân, hemdn; darmân, somdn etc.^; Lindner p. 93. Paroxytons: géman, klôman «le poumon droit» (v. B. R.). Ce dernier

��'"^ 1. iroiikiriv, qui paraît contenir o, ne nous intéresse pas ici.

2. La racine d'àuT-iariv se trouve sous sa forme pleine dans â(J-)eT-|Lia. Fondé sur les formes celtiques, M. Fick établit que le t de ces mots n'est point suffixal (Beitr. de Rezzenb. I 66). — Il n'y a pas de motif pour mettre ùapifvr] parmi les thèmes en -man. Le mot peut venir d'un ancien fém. ûainT, à peu près comme biuTÎvri de bûinç.

3. Un seul exemple védique enfreint la règle: vidmân «savoir, habileté». Remarquons bien que le grec de son côté a l'adj. ïbjiujv. Cet adjectif n'apparaît pas avant les Alexandrins. Il peut être plus ancien; pourquoi en tous cas n'a- t-on pas fait «eibnuiv»? La chose est très claire: parce que c'est presque exclu- sivement fb et oib, et presque jamais (Xh, qui contiennent l'idée de savoir (eibdjç = /c/ibiOç). Même explication pour le mot ïarwp qui devrait faire normalement «eïOTUup». On pourrait, sur cette analogie, songer à tirer de la forme vidmân une preuve de l'aj arien en syllabe fermée. L'arien, en effet, ne devait guère posséder wa^id que dans le subjonctif du parfait. Le Rig-Véda n'a que âvedam où l'on puisse supposer Oj (car védas paraît appartenir partout à ved

�� � FORMATIONS QUI CONTIENNENT O,. 125

mot est le gr. TiXeûiniJUV^. — Le zend a raçman, maê^man, mais aussi

Thèmes en -tar. Nous ne considérerons ici que la classe des noms d'agent.

Grec é'aTUjp, KévTuup; "EKTtup, MévTuup, Néaioup, ZTévioip; — pcKTrip (Hésiode), ireiaTrip «câble» (Théocrite) et 7Tei(JTr|p de TreiOui (Suidas), veuxrip* Ko\u|iPnTnÇ (Hes.), levKTr\p, TeuKTrip (id.). Il y a de nombreux dérivés comme àXemTnpiov, dpeiriripioç, ireuairipioç, depiripia " éopTri iiç. Nous constatons dans àopirip un o irrégulier, emprunté sans doute à doptr]. Cf. p. 73i.

Latin emptor, rector, vedor, textor etc.

Paléoslave hljusteljï, zçteljî.

Sanskrit vakiâr, yantâr, éetdr, sotàr, bhettâr, gostdr; bhârtar, hétar etc. — Zend gantar, mantar, çraotar etc. Quelques exceptions comme bërëtar à côté de fraharetar. Cf. § 13.

Le suffixe -tr-a demande aussi la racine non affaiblie. Elle a en général a,, comme dans le gr. béprpov, Kévrpov, (péprpov, mais on peut citer pour «2' pÔTTipov de peir et le norr. lattra-^*lahtra- « couche», gr. XéKipov.

Thèmes en -au. La flexion des thèmes qui suivent devait être distincte de celles des autres thèmes finissant par u. La plupart sont féminins. Gr. véKUÇ masc, zend naçu fém. Gr. T^vuç, got. kinnus, skr. hânu, tous trois féminins. Got, hairus masc, skr. çâru fém. Skr. dhànu fém., gr. *dévuç masc. (gén. Oïvôç pour *ôevil3ç; cf. OeivÛJV" aÎYictXujv Hes.). Ici se placent encore skr. pàrçu fém., gr. X^^^Ç (russ. zelvï venant de *zïlûvî. J. Schinidt, Foc. II 23), got. qipus, germ. lemu- «branche» (Fick III^ 267), lat. penus. Puis avec une accentuation différente, gr. beXqpûç, skr. paraçû = gr. TtéXeKuç. — Cf. § 12.

Neutres: indo-européen md^dhu et pàikiU.

��Des trois formes que chaque racine (voy. p. 127) est susceptible de prendre, nous avons vu que celle qui est dépourvue d'à ne peut

��«obtenir»); mais âvedam n'est pas nécessairement ancien. On conçoit donc qu'à l'époque où l'oj de wa^ida subsistait comme tel wa^idman ait pu paraître étrange et impropre à rendre l'idée de savoir. Le choix restait entre tca^idman elmdman; ce dernier prévalut.

1. Par étymologie populaire: -rrveûinujv. Le lat. pulmo est emprunté au grec. TrXeupd parait être le vieux sax. hlior «joue» (primit. «côté»?).

�� � 126 RELATION DES PHONKMES rtj ET Oj.

pas prétendre à la priorité. Le litige n'est plus qu'entre les deux formes caractérisées par les deux variétés de l'a, a^ et «2- Ce qui nous semble décider sans conteste en faveur de a^, c'est la fréquence de ce phonème, et cela dans les paradigmes les plus importants. Par exemple dans toute la flexion verbale, ag ne fait son apparition qu'à deux ou trois personnes du parfait. Quelle raison avons-nous de croire que des gisements entiers de a^, tels que nous les aper- cevons dans les différents présents, n'aient pu naître que par l'alté- ration du phonème 02? Au contraire, dans un cas du moins, nous prenons sur le fait le développement de a^: c'est lors(iu'il sort de Ya^ thématique devant les consonnes sonores des .désinences verbales (p. 83). Si ailleurs sa genèse se dérobe encore à notre regard, on entrevoit cependant la possibilité d'une explication; le phonème n'apparaît en effet qu'à certaines places très déterminées.

Un phénomène digne de remarque, mais qui, dans cette question, peut s'interpréter de deux façons opposées, c'est l'apparition de a^, à l'exclusion de ag, dans les cas où le rejet de l'a est prescrit, mais en même temps empêché par une cause extérieure (p. 46). Ainsi, au temps où le pluriel de bébopKa faisait 6€brK(a)^ev, le pluriel de TéTOKtt, avons-nous conclu p. 682, faisait TeTeK(a)|Liev. M. Brug- mann montre comment le thème pad, accusatif pa^dm (rrôba), empêché qu'il est de faire au génitif: pdds, s'arrête à la forme pa^dds (pedis). Voilà, pourrait-on dire, qui prouve que a^ est une dégradation de ag. Mais celui qui part d'un thème pa^d aura une réponse tout aussi plausible: pa2d est une modification extraordinaire qu'il n'y a aucune raison d'attendre dans les formes exposées aux affaiblisse- ments; si l'affaiblissement est paralysé, c'est forcément le thème pur pa^d qui apparaît.

Seconde question. Sans vouloir se prononcer sur la priorité de l'un ou de l'autre phonème, M. Brugmann tient que a^, par rapport à a^, est un renforcement; que a^, par rapport à a^, est un affai- blissement {Stud. SI 1,Z84). Nous-méme, à la page 7, appelions a^ une voyelle renforcée. Ces désignations prennent un corps si on admet que l'échange de a^ et a^ est en rapport avec les déplace- ments du ton; c'est là l'opinion de M. Brugmann. Si on pense, et c'est notre cas, que l'échange des deux phonèmes est indépendant de l'accent, il vaut mieux s'abstenir d'attribuer à l'un d'eux une supériorité qui ne se justifie guère.

Si ag est une transformation mécanique de a^, cette trans- formation en tous cas était consommée à la fin de la période pro-

�� � LE VOCALISME DES RACINES GRAVITE AUTOUR DE Oj ET Oj.

��127

��ethnique, et les langues filles n'ont plus le pouvoir de la produire. Il est fort possible par exemple que ttXoxmôç n'ait été tiré de TtXéKiu qu'à une époque qu'on peut appeler moderne. Mais il va bien sans dire que l'o de tt\ox|iIÔç n'est pas sorti de Ve de TrXéKuu. La langue a simplement moulé cette forme sur les substantifs en -\xo-ç qu'elle possédait auparavant.

��§ 11. Rôle grammatical des phonèmes a et o. Système complet des voyelles primordiales.

Quand on considère les cas suivants de la permutation a^ «g- got. hlifa hlaf, gr. KXéîTTUJ KÈKXoqpa, gr. ïtcttoç mire, et qu'on leur compare les cas suivants de la permutation a a: got. saka sôk, gr. XctaKUJ XéXâKa, gr. vu|n<pâ vu|Liqpâ, la tentation est forte, assurément, de poser la proportion a:a= ag-^i- Mais ce serait s'engager dans une voie sans issue et méconnaître le véritable caractère des phéno- mènes. Nous allons, pour plus de clarté, construire tout de suite le système des voyelles tel que nous le comprenons. Il n'est question provisoirement que des syllabes radicales.

Le phonème a^ est la voyelle radicale de toutes les racines. Il peut être seul à former le vocalisme de la racine ou bien être suivi d'une se- conde sonante que nous avons appelée coefficient sonantique (p. 9).

Dans de certaines conditions qui ne sont pas connues, a^ est remplacé par a^; dans d'autres, mieux connues, il est expulsé.

% étant expulsé, la racine demeurera sans voyelle dans le cas où elle ne contient point de coefficient sonantique. Dans le cas contraire, le coefficient sonantique se montre à nu, soit à l'état autophtongue (j). 9), et fournit une voyelle à la racine.

Les phonèmes a et o sont des coefficients sonantiques. Ils ne pourront apparaître à nu que dans l'état réduit de la racine. A l'état normal de la racine, il faut qu'ils soient précédés de a^, et c'est des combinaisons

��aj-j-A, a^ -|- o, que naissent les longues a, ô. s'effectue devant a et o comme ailleurs.

��La permutation a^ : a^

��Vocalisme des racines dans l'indo-européen.

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�Racine i-éduite

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Désignations utiles

Pour a1A et a1o après la contraction: A1 et ô^. » a2A » a2o » » » A2 * Q^.

La théorie résumée dans ce tableau a été appliquée plus haut à toutes les espèces de racines excepté celles qui contiennent a et Q. Ce sont elles que nous allons étudier maintenant.

Pour distinguer l’une d’avec l’autre les deux formes que peut prendre la racine pleine selon que l’a radical est a^ ou a^, il n’y a pas d’inconvénient à appeler la première le degré 1 (état normal), la seconde le degré 2. Nous ne voulons pas dire par là qu’une des deux formes soit le renforcement de l’autre (v. p. 126).


I. Racines finissant par à.


a. RACINE PLEINE AU DEGRÉ 1.

Ce qui parle bien haut pour que ^ et ^ soient autre chose que des voyelles simples, c’est que partout où d’autres racines sont au degré 1, les racines en a ont une longue. Pourquoi, du fait qu’il finit la racine, l’a se serait-il allongé? Si au contraire ’Â est assimilable à une diphtongue, cTTajuujv en regard de CTTaxôç s’explique exactement de même que l’indien geman (ê = a^i monophtongué) en regard de gità1. Toute racine en à est identique dans son organisme avec les racines comme hai, nau^, et aussi tan, bhar (type A, p. 9).

Nous avons à faire la revue des principales formations du degré 1 énumérées au § 10. Il faut pour que la théorie se vérifie que nous trouvions dans ces formations ^^ et ç^. Le nombre des exemples est restreint. Ils n’ont de valeur que si l’échange entre la racine pleine et la racine faible subsiste2.


1. Pour le grec, la soudure de l’augment avec un .,* ou un o initial, soudure qui s’est accomplie à une époque préhistorique, est un parallèle très remarquable aux contractions radicales que nous supposons. Dans Syov, iliqpeXov, ïà vient de a, -|- ^ et l’ô de a, -|- p absolument comme dans otû- et buj-. On sait que M. Gurtius (Verb. 1’ i30 seq.) se sert, pour expliquer la soudure en question, de l’hypothèse de l’unité originaire de l’a. Nous ne pouvons donc ni partager ni combattre sa théorie.

2. Pour plus de clarté, quand il est constaté que l’ri d’une racine n’est pas Vr\ panhellène, nous écrivons toutes les formes par a.

3. Cette conception ne diffère pas essentiellement de celle qui a assez généralement cours depuis Schleicher. Seulement comme kai en regard de ki est pour nous non une gradation, mais la forme normale, nous devons aussi partir LES FORMES RADICALES TELLES QUE OTÔ- ET &UJ-. 129

Sur les PRÉSENTS DE LA 2® ET DE LA 3® CLASSE, V. p. 137. La

racine, dans les formes pleines, est du degré 1.

Aoriste sigmatique (v.p. 121). Le grec fait ë-aiâ-cra, ë-pâ-ffa, wvâ-Oa. Une forme comme l-arâ-cra, c'est-à-dire e-stea-sa de stea (stOiA) est le parallèle parfait de e-bei-Ca. Sanskrit â-hâ-sam, à-dâ- sam; zd. çtâo-nh-a-t (subj.).

Futur (v.p. 121). Grec pœ-aojLiai, (Jid-auj, cpa-auj, q)^â-(To|aai, iiO-(Tuj; cf. irXeu-croûiuai etc. Sanskrit dâ-sydti, gâ-syàti.

Thèmes neutres en -man (v.p. 123). Cï.Jjoheck, Par alipomena 425 seq. Grec pâ-|ua, (Td-|aa, au-(JTâ-|Lia, cpâ-)iia. Les présents bpàou et TTdoiiai diminuent la valeur de bpâ-|ia et 7Tâ-|Lia. Dans Trô-|aa, nous assistons à un empiétement de la forme faible, mais en même temps TTUJ-|Lia subsiste.

Latin gra-men (moy. h'^-all. griie-jen «virescere»), stâmen, ef-fd- men, lâ-min-a.

Sanskrit dd-man,. sd-man, sthd-man.

Thèmes masculins en -man (v.p. 124). Gr. axà-^vjv, [tX^-^ijuv]. Got. sto-ma -ins, blo-ma -ins. Skr. dâ-mdn.

Thèmes en -tar (v.p. 125). ^Vv.dâ-tdr^ pd-tar «buveur», pâtdr «protecteur», sthd-tar etc. La langue hellénique n'a pas su main- tenir cette formation dans toute sa pureté. La perturbation a été causée par les adjectifs verbaux en -rô qui de plus en plus com- muniquent la forme faible aux noms d'agent. Homère emploie «ncore parallèlement bo-irip, buj-xuup et 5uu-Tr|p; po-Tr|p, pdb-Tuup et (Tu-Pub-Triç (dans Sophocle puj-rrip). A côté de Pa-Tr|p on peut citer €|iiTrupi-pr|-Triç, car il est bien probable que la formation en -Tôt s'est dirigée sur les anciens thèmes en -tar. Pour expliquer le mot obscur àqpriTUjp {Iliade IX 404), le scholiaste se sert de iroXu-qpri-TUjp. On a aussi ôvi-icjup, mais l'adj. verbal fait lui-même ôvœiôç. Dans . I

du degré stà et non de sta. Voici, en dehors de cette différence de principe, ce qui est modifié: 1° Modification liée d'un côté à la pluralité des a, consti- tuant de l'autre une hypothèse à part: différents a peuvent former le second terme de la combinaison a -\- a, mais le premier a est toujours a^. 2° Modi- fication découlant de celle qui précède jointe à la théorie de a^: il s'effectue, au sein de la combinaison, un uhlaut (a, : a^. Par là même la reconstruction a -\- a cesse d'être théorie pure. — La différence de principe mentionnée, com- binée toutefois avec la modification 1, s'accuse le plus nettement dans ce point- ci, c'est que l'a long se place au même rang que l'a bref (quand cet à est a^, ainsi |af|Koç = meakos n'est plus considéré comme renforcé^ en comparaison de

TëKOÇ.

de Saussure, Oeuvres. - 9

�� � 130 LES FORMES RADICALES TELLES QUE CTU)- EN REGARD DE aTÔ-.

aia-Trip et iro-iripiov la forme faible est installée. Hésychius a ^a-Tr|p * èpeuvriiriç, inaTripeùeiv ' luacTieOeiv, de |Liaîo)Liai.

Latin mâ-ter-ies (cf. skr.md-trâ) et mâ-turns auquel on compare le si. ma-torû «senex»^ pô-tor, po-culum = ekr. pd-tram (il faut dire que pô- n'existe pas). Les formations irrégulières ne manquent pas, ainsi dâ-tor, Stà-tor.

Le sanskrit, dont le témoignage est le premier en importance, ne connaît que la forme pleine; le grec a plus généralement la forme réduite, mais aussi la forme pleine; le latin ne décide rien. On peut donc affirmer sans témérité que la formation régulière demande les longues^, ô, c'est-à-dire le double son a^A, a^Q^ soit l'état normal, comme pour toutes les racines. Cf. du reste le § 13,

b. RACINE PLEINE AU DEGRÉ 2.

Voici où se manifeste la réalité de la reconstruction ea comme forme première de â. Dans les formations où \e radical est rem- placé par (ag), le grec laisse apparaître à la place de l'a long final, un lu^. Ces cas, disons-le tout de suite, ne sont pas fort nombreux; mais ils se répètent dans les racines où a. est médial (^âY : KU)LiaT- mYTl), et nous croyons ne pas être trop hardi en mettant Xau des parfaits sanskrits comme dadhaû en rapport direct avec eux. Pour éviter de séparer les différentes formes du parfait, nous ferons la justification de ce dernier point sous la lettre c.

Racine pa: ^à]X(x mais puj-|uôç; cf. Kép-|na, Kop-|Liôç (p. 123et70).

Racine i|)â (ipdiu, vpri-pôç): ipiu-uôç. qjuuuj est un verbe forgé.

Le mot 0"TUJ-|aiH «solive» permet de rétablir *aTiu-|Lio ((TTôt).

Racine qpâ: fut. (p2^-auj mais qpuj-vri^; cf. xei-auj, ttoi-vh (p-121 et 73). Néanmoins on a (p^-)Liâ et non *(pii)-|Liâ.

La racine TPâ «ronger» donne TPiAJ-vn «excavation». Ici encore: (T)Liuu-VTi «tumeur», si le mot vient de (J)aàiu; cf. (T|Liuùbi2.

Devant le suff. -ra, \â. fait x^: x6d-p(x. Comme exemple ser- vant à établir que cette formation prend a^, je n'ai point d'autre mot à citer que (Jcpo5-pô-ç en regard de (J(peb-avôç. De même ipdui fait ijiui-pa^.

��1. Cf. le dat. ÏTTiTt|j = l'iiTCO-ai (p. 86).

2. Le dor, TroXûtpflvoç est très douteux. Alirens II 182.

3. Voici des cas plifs problématiques. 'A côté de atTaTÎXri et de ofaTTciTii: o(-oiTUJTyi. L'homérique |LieTa|idjvioç vient peut-être de laaionai, mais le prés. liûiToi, lui-même très obscur, compromet la valeur de l'iu. A l'ai de DbreiXri et de PiuTdZciv pdWciv est opposé un a dans YOTdXm, mais oÙTduj embrouille tout.

�� � LES FORMES RADICALES TELLES QUE OTUJ- EN REGARD DE OTÔ-. 131

Si fi, lu, ne sont pas des combinaisons de Ye, ces faits nous apparaissent comme une énigme, h'ablaut qui s'effectue au moyen de Yo est par son essence même lié à l'existence d'un e^. Sans a^, point de a^. D'où un a aurait-il reçu le pouvoir de permuter avec le son 0? Il me semble que tout s'éclaircit au contraire si, â étant pour ea et comparable à la diphtongue ei, on ramène ô k oa en l'assimilant à oi.

Il faut supposer de même l'existence d'une ancienne combinaison OgO; seulement elle n'est plus observable pour nous. Par exemple dans biîj-pov, si nous jugeons d'après x^'P*^ de xôi» la syllabe dô se décompose en dog?, tandis que le dô de bi-5uj-|ni représente deç. — Ces différentes combinaisons sont incorporées au schéma donné plus haut. V. aussi p. 137.

Ce n'est que le plus grand hasard qui nous permet de sur- prendre encore les vestiges si significatifs de la permutation â : o. La langue des Hellènes est à cet égard presque l'unique lumière qui nous guide. Et même pour elle, ces précieux monuments ap- partiennent au passé. L'échange vivant entre les deux voyelles a évidemment cessé depuis longtemps.

Le latin n'a point d'exemple assuré de Vahlaut A^:A^. Il n'y a pas lieu de s'en étonner: c'est tout juste si cette langue a gardé quelques débris du grand échange a^ : a^. Mais on peut dire sans crainte de se tromper que Â^ en Italie serait distinct de A^ aussi bien qu'en Grèce.

En germanique au contraire la différence n'est plus possible: A^, comme nous savons, devient ô; A^ de même. L'anglo-saxon grôve^ parf. greôv, serait, restitué sous une forme plus ancienne, grô-ja, ge- gro. Des deux o de ce verbe, le premier répond à l'a du lat. gra- men {A^), l'autre est de même nature que l'uj de Puj-|liôç {A^). Tout ce qui est vrai de Yo germanique l'est aussi de l'a slave et de Yo lituanien. Ces phonèmes — qu'on peut réunir sous le nom d'à du nord, par opposition à Yê de la même région — contiennent encore vi 6t ôgî lesquels, étant confondus même en grec, ne sont donc distingués nulle part l'un de l'autre. Exemple: si. da-jq, da-rûy cf. gr. bi-5uj-|Lii, bûj-pov (5>i et % v. ci-dessus).

Avant de passer au degré affaibli des racines en a nous ouvrons une parenthèse, afin d'envisager sans plus tarder la question des

��1. Sur les cas comme û^uu ôfMoç v. page 97.

9*

�� � 132 parenthèse: racines finissant par e.

racines qui en Europe finissent par e. Ces racines, en grec, font alterner la brève et la longue exactement comme les racines en a et en o (p). Laissant de côté préalablement le problème de l'origine et de la composition de Vë long, nous citons quelques exemples des formations du degré 1. Singulier actif du présent de la 8® classe (v. p: 138): TÎ-ôri"l^i» î-l-^iî 6i-bri-|ai. Pour le singulier de l'aoriste actif, la formation en -Ka de ê&TiKa, êrjKa, nous enlève des exemples; il y a l-(S^r\v si la racine est a^x]. Aoriste en -(Sa: l-br]-(Ta, ë-vr|-CTa(?). Futur: ^r|-(Tiu, fi-aui, bn-criu. Mots en -|Lia: àva-dri-M". H^^ct» bid-bri-iLia, vn-|iia, (Txfj-iLia (rac. Ox-x]). Mots en -|liujv: ^r|"l^iÂJV, fî-|aujv. Les mots en -Tr|p, nous l'avons vu, ont suivi l'analogie des adjectifs terbaux en -TÔ.

Dans les formations du degré 2, on trouve u».

Le véritable parfait de ïrijui est ê-uj-Ka; otqp-éujKa est rapporté par Hérodien et par d'autres grammairiens. 11 y a eu addition de -Ka sans modification de la syllabe radicale, v. p. 140. Les tables d'Héraclée ont dvéujffdai^. Le verbe tti-ttt-uu forme son parfait sur une racine apparentée Trxri dont nous n'avons pas à rechercber ici la formation; îTTn donne régulièrement Tré-Trruj-Ka^. Le participe Tre-7TTTi-(/")iIjç n'a pas et ne doit pas avoir uu. Le prés. biojKO) permet de conclure presque à coup sûr à un ancien parfait *be-bîuu-Ka de 5ir| (bîe-|Liai) duquel il est né lui-même à peu près comme dvuJT^JU de âvuJYtt. Le parf. bebiuixa (Curtius, Fer6. II 191) est refait sur biubKUi.

La racine br\ fait dr|-|Liujv mais &uj-|aôç; cf. répinuiv, TÔp)ioç.

duu-TOV vient probablement de àr]-[n; cf. vôcJtoç de ved (p. 72).

L'accord des langues européennes pour Vê long est un fait connu^. Dans les idiomes germaniques, à l'exception du gotique, ce phonème prend la forme de â, mais la priorité de Vë a été reconnue de plus

��1. Au moyen l'iu n'est pas primitif. Il n'existait d'abord qu'au singulier de l'actif. Mais la valeur de cette forme comme témoin de l'ui n'en est pas amoindrie.

2. Sur le itto» ainsi obtenu se développent des formes fautives, grammati- calement parlant, comme UTÔiiao et TZTÛJaiq.

3. Durant l'impression de ce mémoire, M. Fick a publié dans les Beitràge de Bezzenberger (II 204 seq.) d'importantes collections d'exemples relatives ii 1'^ européen. Il est un point sur lequel peu de linguistes sans doute seront dis- posés à suivre l'auteur: c'est lorsqu'il place l'ê du prétérit pluriel germanique gëbum (pour gegbum) sur le même pied relativement à e que l'ô de for relative- ment art. — Le savant qui le premier attira l'attention sur l'ê long européen est, si nous ne nous trompons, M. J. Schmidt, Vocalismus I 14.

�� � parenthèse: racines finissant par e. 133

en plus depuis Jacobi (Bevtr. zur deutschen Ghramm.). A la fin des racines, e se montre principalement dans gh^ê «aller», (7^ê «allaiter», ■ne «coudre», mê «mesurer», wê ânvai, se «jeter, semer». Exemples du degré normal: gr, KÎ-xn-M»» v, h^-all. gâ-m (cf. skr. gikiie^ lat. flo pour *jiho)\ gr. fi-|na, lat. së-men, v. h*-all. sâ-mo, si. sé-mç, lit. sè'-men-s.

A Vablaut grec r\ : iw (ir]}ii : êuuKa) répond exactement Vablaut du nord ê:a (germ. lit. 5). C'est celui qu'on observe dans les prétérits gotiques sai-so, vai-vo, lai-îo, venant de racines .se, vë, lé. Le germ. dô-ma-, employé comme suffixe, ne diflfère pas du gr. Ouj-|liô; ë ap- paraît dans dê-di- « action ^. En lituanien on a pa-dô-na-s «sujet», lequel vient très probablement de la même racine dhë.

Le latin ici ne reste pas absolument muet: de la racine në-dh (vr|-ô-iw), amplification de né, il forme nodus.

L'ê long, dans notre théorie, ne doit pas être un phonème simple. Il faut qu'il se décompose en deux éléments. Lesquels? Le premier ne peut être que a^ (e). Le second, le coefficient sonantique, doit apparaître à nu dans la forme réduite (p. 127). La forme réduite de dri, c'est Oe. En conséquence on dira que ë est fait de e-\-e. L'o de duu)Liôç alors représenterait 02~h^-

Cette combinaison OgC, nous la connaissons depuis longtemps. C'est celle qui se trouvait dans le nom. pi. got. vulfos, osq. AbellanOSy et à laquelle nous avons donné le nom de âg (p. 86).

Cependant — et ici nous abordons la partie la plus difficile et la plus obscure peut-être de notre sujet — on s'aperçoit en y regar- dant de plus près que le témoignage du grec est sujet à caution et que l'origine de Vë long est un problème extraordinairement complexe.

1® Une combinaison Uia^ parallèle aux combinaisons a^A, a^i, a^n etc. fait l'effet d'un contre-sens. S'il y a une raison pour que a^, avec son substitut «g» possède des attributions qu'aucune autre sonante ne possède, pour que toutes n'apparaissent que comme les satellites de ce phonème, comment admettre que ce même a^ puisse à son tour se transformer en coefficient?

2^ Le grec paraît être le seul idiome où les formes faibles des racines en ë présentent e. Les principaux cas sont: de-TÔç, Tide-)uiev; é-TÔç, ïe-|Li€v; be-TÔç; bie-^al; jLié-xpov; è-pp€-dr|v, d-axe-Toç, â-irXe-TOç. En Italie que trouve-t-on? La rabine européenne se fait au participe sà-tus. A côté de rë-ri on a rà-tus, à côté de fê-lix et fê-ius, af-fà-tim.

�� � 134 parenthèse: racines finissant par e.

suivant l'étymologie de M. Fick. De la racine dhë «faire» vient fà-c-io^ (Curtius),' de la rac. wê (dans vê-lum, e-vê-lare) va-nnus.

Les langues du nord ont renoncé le plus souvent aux formes faibles des racines en a et en ê. Il y a donc peu de renseignements à espérer de ce côté-là, mais ce qui reste confirme le témoigagne du latin. M. Fick rapporte en effet à blë «souffler» (anglo-s. ôiâmn) le germ. blà-da- «feuille» et à mé «metere» (anglo-s. mâvan) mà-pa- «ver». Suivant quelques-uns le got. gatvo «rue» appartient à gê «aller». En lituanien mê donne rnatûti «mesurer». Peut-être est-il permis aussi de nommer si. dojq = got. da[dd]ja de dhë tallaiter». Quant au got. vinds, lat. ventus, c'est une forme qui peut s'interpréter dp plusieurs manières et qui n'établit nullement que wë fasse au degré réduit ive.

Dans le grec même on peut citer à la rigueur Kidoiuai et xpâo|uai de Kxri et XPI (Ahrens II 131), Ti-da-crôç de ôr) {Grdz. 258), iLiaxîov qui aurait signifié petite mesure (v. le Thésaurus d'Etienne) et qui dans ce cas ne peut venir que de mê «mesurer», aira-viç en regard du lat. pê-nuria.

On pourrait invoquer, pour établir que les formes faibles ont eu e dès l'origine, les racines secondaires, ou passant pour telles, comme med de më. Mais il s'agirait alors de démontrer dans chaque cas que la racine est bien réellement secondaire. Si elle remonte à la langue mère, nous considérons le type me-d et le type më (= me -|- a) comme deux rejetons également anciens du tronc *m«-. La racine germanique stel «dérober» est censée sortir de stâ (p. 62). Or cette dernière racine n'apparaît nulle part sous la forme siè. On voit par là quel fond l'on peut faire sur ces racines secondaires, pour déterminer le vocalisme de nos racines en ê.

Il ressort de ce qui précède que la voyelle des formes réduites de nos racines diffère en tous cas de ce qu'on appelle 1'^ européen. D'autre part nous ne voudrions pas identifier Va de satiis directement au phonème a. Ce n'en est, croyons-nous, qu'une modification (v. p. 167 seq.).

3° On observe entre l'ê et l'a longs des langues d'Europe des variations surprenantes, inconnues pour les voyelles brèves corres- pondantes.

��1. Con-di-tus de la même racine peut se ramener ii *con-da-tus.

�� � parenthèse: racines finissant par e. 135

a en grec et en germanique: ê en latin et en letto-slave. Gr. l-tpdû-v, q)dd-ao|Liai; v. h^-all, spuon: lat. spes, si. spè-jq.

â en gréco-italique et en letto-slave: ê en germanique. Lat. stâ-men; gr. ï-0"T!X-|ai; si. stati: v. h*-all. stê-ni, sta-m (mais aussi stoma, -ins, en gotique).

Lat. ta-bes; si. ta-jq: anglo-saxon ^â-van (= *pë-jan). A rinté'ieur du mot: gr. jli^kujv, si. makii: v. h^-all. wâg^o.

ê en grec et en letto-slave: â en germanique, etc. Gr. Ti-d)"i-|Lii, si. déti: v. h*-all. tuo-m (mais aussi tâ-t). Gr. MH-Tiç: got. mo-da-.

Lat. cêra; gr. Kripôç: lit. Tcôris (F. 1^523). Il faut mentionner encore le v. h*-all. int-chnâan en regard du gréco- it. gnô et du si. zna- («connaître»).

Entre le grec et le latin la même instabilité de Va long s'ob- serve dans plusieurs cas:

Gr. ôpâ-voç, lat. frê-tus, frê-num. Gr. pâ-|iev, lat. bê-t-ere. Dans l'intérieur de la racine: gr. r\}xi, lat. âjo; gr. i^juai, lat. anus (Grdz. 381). A Vy\ panhellène des noms de nombre TrevTrjKOVia, éErjKOVTa (Schrader, Stud. X292), est opposé en latin un a: quinquâginta, sexâginta.

Les cas que nous venons de voir amènent à cette conclusion, qu'il est quasi impossible de tirer une limite fixe entre l'a et Yé européens. Dès une époque reculée la répartition des deux voyelles était accomplie très certainement pour un nombre de cas détermine, et ce sont ces cas qu'on a en vue quand on parle de l'ê, de l'a européen. Mais, je le répète, rien n'indique entre ê et h une différence foncière et primordiale. — Qu'on se rappelle maintenant les faits relatifs à la forme réduite des racines en ë, le participe latin sa-fus de se etc., qu'on pèse aussi les considérations théoriques développées en commençant, et l'on ne sera pas éloigné peut-être d'admettre la supposition suivante: les éléments de l'ë seraient les mentes que ceux de l'a, lexir formule commune étant a^ -j- a.

Nous ne sommes pas en état de donner les règles suivant les- quelles la soudure des deux phonèmes a engendré tantôt ê tantôt a. Nous faisons seulement remarquer qu'une telle hypothèse ne lèse point le principe de phonétique en vertu duquel le même son, placé dans les mêmes conditions, ne peut donner dans un même dialecte deux produits différents. Il s'agit en effet de voyelles consécutives (aj-f^) qui ont subi une contraction. Qui voudrait nier que bien

�� � 136 CONTRACTIONS DE LA COMBINAISON ea.

des facteurs dont nous ne savons rien, telle nuance d'accent dont la plus imperceptible suffisait pour modifier le phénomène^, ont pu être en jeu dans cette contraction?

Il découle de l'hypothèse que l'uu de puj)Li6ç et l'uj de duj|aôç sont identiques.

Quant à l'époque de la contraction, c'est une question que nous avons déjà rencontrée à propos du nom. pi. vulfos et autres cas de ce genre p. 86. Toutes les fois qu'on observe une variation entre l'ê et Va comme pour le si. spé- en regard du germ. spô-, ce sera pour nous l'indice que la contraction est relativerhent récente^. Mais l'histoire du phénomène se décompose très probablement en une série d'époques successives dont la perspective nous échappe. Rien n'empêcherait d'admettre par exemple que la rac. icê «souffler» ou le mot hhràter «frère» aient opéré la contraction avant la fin de la période proethnique.

Pour ce qui concerne l'e des formes grecques comme de-TÔç, il sera plus facile de nous faire une opinion à son sujet, lorsque nous en viendrons à l'I indien comme représentant d'un a bref. Il suffit pour ce qui suit de remarquer que cet ï est la voyelle qu'il

��1. La prononciation des diphtongues lituaniennes ai et an diffère du tout au tout, d'après la description qu'en fait Schieicher, selon que le premier élé- ment est accentué ou non. Et cependant ai et ai, au et au, sont entièrement identiques par l'étymologie.

  • 2. L'échange assez fréquent de l'a et de l'ê dans la même langue s'ex-

plique si l'on admet que les deux produits divergents de la contraction ea con- tinuèrent de vivre l'un à côté de l'autre. Ainsi le v. ht-all. tà-t à côté de tuo-m, le grec Ki-xri-|Lii et Ki-xâ-vuj, iTfî-|Lia et trâ-d (p. 143), ^r|-Tu;p et eipdl-va; le lat. më-t-ior et mâ-teries. — Un phénomène plus inattendu est celui de la variation ë-â dans le même mot entre dialectes très voisins. 11 va sans dire que ce fait-là ne saurait avoir de rapport direct avec l'existence du groupe ori- ginaire ea. Ainsi les mots r\^a, r\\x\-, f^auxoç, t^iuepoç, prennent â dans certains dialectes éoliques et doriques, t] dans d'autres. V. Schrader, S^wrf. X 313 seq. La racine pâ donne en plein dialecte d'Héraclée Pou-pfiTiç. En Italie on a l'incom- préhensihle divergence de l'optatif ombr. porta-ia avec s-ië-m (= gr. eïriv). Le paléoslave a rèpa en regard du lit. ropé lequel concorde avec le lat. râpa etc. M. Fick compare à ce cas celui du si. rêka «fleuve» opposé au lit. roké tpluie fine» (II' 640). Ici l'hypothèse d'une métaphonie produite par Vi suffixal qui se trouve dans l'e lituanien aurait un certain degré de vraisemblance. — Enfin un troisième genre de phénomènes, c'est la coloration germanique et élé- enne de l'ê en â qui est un souvenir de l'ancien groupe ea, en ce sens qu'elle indique que l'ê européen était en réalité un a fort peu différent de l'a. En la- tin même on a vu dans Vae de saeclum, Saeturnus (cf. Sàturnus) l'essai ortho- graphique d'exprimer un ë très ouvert.

�� � KTAT REDUIT DES RACINES EN a.

��137

��faut attendre en sanskrit dans toute forme réduite d'une racine en â. Abordons maintenant, en y faisant rentrer les formes des racines en t", Tétude du degré réduite

C. ÉTAT RÉDUIT.

Dans les deux premières formations verbales que nous aurons h considérer il y a alternance de la racine réduite et de la racine pleine. La forme pleine (qui n'apparaît qu'au singulier de l'actif) est au degré 1 pour le présent (2® et 3® classe), au degré 2 pour le parfait.

Comparez

(pa-|ui ■= phea-ini qpa-c = phea-si qpâTÎ = phea-ti (p&}xéc = plia- m es

��Présent de la 2* classe,

skr. às-mi eî-jni

àss)i eî-ç

ds-ti el-ai smds ï-^ieç

��On le voit, la racine phea ou pha^A ne se comporte pas autre- ment que la racine a^i, la racine a^s ou n'importe quelle autre racine. èTTi-(TTa-)iiai, verbe déponent, présente l'a bref régulier. Curtius, Verb. V 148.

��1. Il sera bon peut-être de résumer dans un tableau les différentes espèces d'rt brefs et d'à longs (c.-à-d. doubles) que nous avons reconnues. Voici les a du gréco-italique et du germanique groupés d'abord uniquement d'après les caractères extérieurs :

��Gréco-italique

� �Gei

�e

ë

�a

â j

!

�e : ë

��Germanique

��En marquant la relation des différents a entre eux on obtient:

��Etat primordial

� �a

�9

�e

�ea (il)

�P9 (9i)

�o.

�Oja ûî)

�O3Ç (92)

���Germanique

� �a

�e a

�ë

��Cf. le tableau de la page 127.

�� � 138 ÉTAT RÉDUIT DES RACINES EN rt.

Le sanskrit a presque complètement perdu la forme faible; voy. plus bas.

Pour l'aoriste non-thématique, qui est un imparfait de la 2* classe, M. J. Schmidt (-ST. Z.XXIII282) nous semble avoir prouvé surabondamment ceci: toutes les formes grecques qui n'appartiennent pas au singulier de l'actif et qui ont une longue, ainsi ë-(JTâ-)Liev, sont des formes secondaires faites sur le modèle de ce singulier, à moins qu'il ne s'agisse d'un genre de racines spécial, les racines à métathèse comme 7TXr|. Va bref est conservé entre autres dans pâ-inv de ë-pà-v, q)dd-|aevoç de ë-q)9â-v, dans ë-bo-|Liev, ë-ôe-|nev, eî-|nev^. En même temps M. Schmidt affirme le parallélisme si important de l'a, long du singulier avec la «-gradation» telle qu'elle se trouve dans eî|ni en regard de ïiaev. Dans l'aoriste même, nous connaissons maintenant des formes grecques à gradation; ce sont celles qu'a découvertes M. Brugmann (v, Beitràge de Bezzenberger 11 245 seq. et ci-des8us p. 21), ainsi ë-x€u-a en regard de ë-xu-TO.

Schleicher, dans son Compendium, reconnaît la quantité variable de l'a. M. Curtius, tout en l'admettant pour le présent et l'im- parfait, est d'avis que l'aoriste ne connaissait originairement que la voyelle longue. Mais pouvons-nous mettre en doute l'identité for- melle de l'aoriste avec l'imparfait? Pour ce qui est de l'a long per- sistant des formes ariennes, l'aor. d~patâm n'est, bien entendu, un argument à faire valoir contre la primordialité de Pa-Tr|v qu'à la condition de regarder aussi le présent q)â|ui qpâ|aév comme vne innovation par rapport à pâmi pâmas. Il existe du reste en sanskrit des restes de la forme faible restreints, il est vrai, au moyen: dhâ a-dhî-mahi et peut-être dhî-mahi (Delbrùck p. 30), de sa {sâ-t, sâ-hi) sï-mahi, de ma, au présent, mi-mahe (v. Bohtl.-Roth). Puis les formes incorporées dans le paradigme de l'aoriste en s comme cisthita et ddhita que cite M. Curtius^.

Présent de la 3® classe, La flexion grecque de 'i-ajâ-\ii, i-csâ-[ii (cf . act-fAtt), bi-buj-)Lii, Ti-&ri-|Lii, 'î-r|-m, est toute pareille à celle de q)â-)Lii. Le lat. dà-mus, dà-te etc. reflète la forme faible. La 2* pers. dâs paraît avoir suivi la V conjugaison. L'équivalent de bibiuç serait *dos.

1. Il semblerait, si ëOTOTo chez Hésychius n'est pas corrompu de ïaTaro, que éOTûv ait eu un moyen éoTâ|ar|v.

2. Pour écarter les doutes qui pourraient encore surgir relativement à l'extension de la forme forte telle qu'on la doit supposer ici pour le sanskrit, il faut mentionner qu'à l'optatif en-i/d, le pluriel et le duel de l'actif (rft;/s.i/a»'ff, dvièyâca etc.) sont manifestement créés postérieurement sur le modèle du sin- gulier. V. § 12.

�� � ÉTAT RÉDUIT DES RACINES EN à. — J'ARFAIT. 139

Ici le paradigme indien n'a point perdu les formes réduites : gd-hâ-mi, gd-hâsi, gd-hâti; pluriel ga-hi-mds etc.; duel ga-hï-vds. Au moyen on a, de l'autre racine hâ (s'en aller), gi-hi-se, gi-hite, gi-hi- mahe etc. Ainsi se fléchissent encore ma «mesurer» et dans leVéda les racines çà «aiguiser», çâ «donner», râ (rirïhi) id. La rac. gâ «aller» conserve partout la forme pleine, uniformité qui, d'après tout- ce que nous pouvons observer, doit être hystérogène. C'est ainsi que dans le dialecte védique hâ «abandonner» a perdu lui-même la forme faible. — Sur dadînds et dadhmds, v. p. 167.

Parfait, h'au du sanskrit dadhaû (3® pers. sing.) nous semble fournir un nouvel indice de la variété primitive des a ariens. Si l'on met en regard dadhaû et é'uj[-Ke], âçvau et '(ttttuj (dvaû et bvuj, nau et vdb), astati et ôktuj, on se persuadera qu'il y a une espèce d a qui en sanskrit se change en*au à la fin du mot, et que cette espèce d'à résulte d'une combinaison où se trouvait ag. Les formes védiques qui sont écrites par â comme paprâ, àçvd, indiquent sim- plement une prononciation moins marquée dans le sens de Van (peut- être à"). Partout ailleurs qu'à la fin du mot la voyelle en question est devenue a: dvàdaça en regard de dvaû, dadhàtha en regard de dadhaû. Dans uksà, hâta, sdkha (v. § 12) la non apparition à' au peut s'expliquer 1° par le fait que n, r, i, ont persisté, très probablement, à la suite de l'a jusqu'à une époque relativement peu reculée — on a même prétendu trouver dans le Véda des traces de Vn et de Vr — , 1^ par la considération que Va de ces formes est un a^ allongé et non une cotnbinaison de a^. — Pour les premières personnes du sub- jonctif telles que dy-a (= gr. eï-uj, v. p. 119), la seconde des deux raisons précitées serait peut-être valable. Du reste ces formes ne sont connues que dans un nombre restreint d'exemples védiques et il se pourrait que l'a y fût de même nature que dans paprd, âçvâ.

Déterminer les formes primitives est du reste une tâche malaisée. L'hypothèse que la désinence de la 1® personne du parfait actif est -m (v. p. 69, 40) repose sur une invraisemblance: il faut admettre, nous l'avons vu, que deux personnes distinguées l'une de l'autre par leur forme, le germ.*vaitun et vait, se sont réunies par analogie dans une seule. Si incompréhensible que soit ce phénomène, la nasale est indispensable pour expliquer les formes vaivo, saiso, dont nous nous occupons. Sans elle le gotique ferait *vaiva, *saisa, et ce sont en effet ces formes qu'il faut rétablir pour la 3* personne. L'identité de la l** et de la 3® pers. consacrée dans les autres prétérits amena une réaction qui cette fois tit triompher la première. En sanskrit

�� � 140 ÉTAT RÉDUIT DES RACINES EN à. — PARFAIT.

  • dadhdm a cédé au contraire à dadhaû : dadhaû lui-même remonte à

dhadhd^A-ai. — Les Grecs ont dû dire d'abord *ëiuv et *ëuj. Nous soupçonnons dans iréqpiT ècpàvr) (Hes.), de la rac. qpà qui se retrouve dans TrecpricreTai, àiiqpabôv, un dernier reste de ces formes antiques'. Il est visible que le sing. *péPnv *(péPn^a) *péPn, *^'uuv *(é'ujda) *^uj, doit sa perte à la trop grande ressemblance de sa flexion avec celles des aoristes et des imparfaits, et c'est là aussi ce qui a produit le premier germe des innombrables formations en -Ka. Jusqu'au temps d'Homère (Curtius, Verb. II 203, 210) on peut dire que les formes en -Ktt n'ont pas d'autre emploi que d'éluder la flexion *pépriv *Pé- Pïi^a *pëpri: elles n'apparaissent que si la racine est vocalique, et,^ dans le verbe fini, presque uniquement au singulier. A aucune époque le moyen ne les admet. — Dans les 3®^ personnes comme pépôt-Ke, ëuj-Ke on obtient en retraftchant l'appendice -Ke le type pur du grec très ancien. — Pour les conjectures qu'on peut faire sur la substitution d'n et d'à à uu dans rédriKa, pépâKa etc. nous pouvons renvoyer à la page 145.

Le moyen grec è'-OTâ-Tai, bé-bo-iai, Tré-iro-Tai etc. conserve la forme faible pure. A l'actif (pluriel, duel, participe) on a un certain nombre de formes comme é'-arâ-^iev etc., Pe-Pa-|Liev (inf.), Té-TXa-|iev. Curtius, Fer6. II 169 seq. Comparez beî-bi-|Liev bei&oi-Ka et è'-aïa-iuiev ^-(TTri-Ka (pour *iGTW-Ka).

Les formes faibles du sanskrit présentent un état de choses singulier. L'i qui précède les désinences et qui apparaît aussi devant le V du suffixe participial {tasthimd, dadhisé, yayivàn) est constamment un i bref. On a par exemple impimâ^ papivdn en regard de pî-td, pi-ii, pipï-sati^. LH serait-il la même voyelle de liaison que dans pa-pt-imâ etc., et l'a radical a-t-il été élidé devant elle? Tant qu'on ne connaîtra pas la cause d'où dépend la quantité de Vi final de nos racines, il sera difficile de trancher cette question.

Présent en -ska (v. p. 23). Grec Pô-ctkuj, cpà-CK^u.

Thèmes nominaux en -ta (cf. p. 15, 23). Formes indiennes offrant un i bref: éhi-tâ «fendu» (aussi dhâtd), di-tà «attaché» de dâ

��1. Les exemples de parfaits glosés dans Hésychius par des aoristes ne sont point rares, ainsi que l'a fait voir M. Curtius, Stud. IX 465. — Il faut considérer avant tout que le grec ne connaît de l'aoriste non -thématique redoublé que quelques formes d'impératif (k^kXutc etc.).

2. On a, il est vrai, l'optatif' du parfait védique papîi/dt, mais, outre que cette forme n'est pas concluante pour la flexion du thème de l'indicatif, Vl peut y résulter d'un allongement produit par i/. Cf. (jaHîyât.

�� � ÉTAT RÉDUIT DES RACINES EN à. — THÈMES NOMINAUX. 141

dans ddman etc., di-td «coupé» de da ddti (on trouve aussi dind, data et en composition -tta), mi-td «mesuré» de ma màti, çi-td (aussi gâta) «aiguisé» de çâ çiçâti (f. fble çiçî-), sthi-tâ de sthâ «se tenir debout». Le part, si-td «attaché» vient de se (d'où entre autres siset) plutôt que de sa (dans sâhi). — Formes offrant un î long: gi-td «chanté» de gâ gàyati, dhî-td de dhâ dhàyatl (inf. dhd-tave), pî-tâ «bu» de jni pâti, sphi-td de sphâ sphdyate «croître». La formation en -tvd étant parallèle aux thèmes en -td, nous mentionnons hï-tvd (aussi hi-ivd) de M gdhâti «abandonner» dont le participe fa.\t hïnd; ci. gahita et ugghita. — L'a s'est introduit dans quelques exemples comme râtà de rà rdii, malgré rirïhi et autres formes contenant Yi. Sur dhmâtd, irâtd etc., v, le chap.VI.

Formes grecques: axa-xôç, cpâ-TÔç, eu-po-TOç, bo-iôç, tto-tôç, <TÛv-î)e-TOç, cruv-e-TÔç, de-iôç. J. Schmidt, l. c. 280.

Formes latines: cà-tus = skr. çitd, stà-tus, dà-tus, rà-tus, sâ-tus. Cf. fàteor de *fà-to, nàtare de *na~fo.

En gotique sta-da- «lieu».

Thèmes nominaux en -ti (cf. p. 16, 23). Sanskrit sthî-ti, pï-ti <action de boire», pl-ti <protection» dans nf-ptti, sphî-tî à côté de spha-ti, etc. — Grec aid-criç, qpa-iiç, x^fiç (Hes.) d'où xaTÎÎuj, pô-CTiç, ôô-aiç, TTÔ-Œiç, mais aussi &d)-Tiç (inscr.) et d|n-TTUj-Tiç, bé-(Jiç, dcp-e(Jiç, {^€-(Jiç. — Latin stà-tio, rà-tio, af-fà-tim (p. 133).

Thèmes nominaux en -ra (cf. p. 147). Sanskrit sthi-rd (corn- par. sthéyas) de sthâ, sphi-râ de sp^â, ni-râ «eau», v. p. 96.

L'f est comme on voit h seul représentant indien de l'a. bref finis- sant une racine, sauf, à ce qu'il semble, devant les semi-voyelles y et V, où l'a peut persister comme dans ddyate qu'on compare à baio)Liai, dans gd-v-âm = po-/'-(£»v (v. § 12). L'a de dddamâna n'est pas le continuateur d'un a indo-européen: il indique simplement que la forme a passé dans la flexion thématique. Sur l'a de madhu-pâ-s V. p. 166. — Le zend a tellement favorisé les formes fortes des racines en a (ex. : data, -çtâiti, en regard du skr. hitd, sthiti) que c'est à peine si l'on peut encore constater que l'i dont nous parlons est indo-iranien. On a cependant vî-mita, zaçtô-miii de ma, «mesurer» et pitar «père»^ L'i existe aussi dans l'anc. perse pita. Il est à croire que les formes comme /raorewa/a et pairibarenanuha que M.Justi

��1. Patar est, paraft-il, une fausse leçon. V. Hûbschmann dans le diction- naire de Fick IP 799.

�� � 142 FORME VÉRITABLE DE CERTAINES RACINES GRECQUES.

place dans la 9* classe verbale sont en réalité thématiques. Leur a ne correspond donc pas à ïi sanskrit.

II. Racines contenant un â médial.

Les phonème.s a et <>, suivis d'une consonne, ne se comportent pas autrement que lorsqu'ils terminent la racine. Le rapport de XctO à CTâ est à cet égard celui de ireuS à irXeu ou de bepK k (pep.

C'était donc une inconséquence de notre part que de dire, au chap. IV: les racines dhAhh, kAp, tout en disant: la racine stl\ c'est dhlhh, kip (=dhaiAbh, ka^Ap) qui sont les vraies racines. Mais cette notation, avant d'être motivée, n'aurait pu que nuire à la clarté.

C'est en grec que le vocalisme des racines contenant un a médial s'est conservé le plus fidèlement. Celles de ces racines qui finissent par une sonante, ainsi boK, bâv, ne seront pas comprises dans l'étude qui suit. Elles trouveront une mention à la fin du paragraphe. — Tout d'abord nous devrons déterminer la forme exacte des princi- pales racines à considérer. Il est fréquent que des phénomènes secondaires la rendent à peu près méconnaissable.

Nous posons en principe que dans tout présent du type Mavôdviu on a le droit de tenir la nasale de la syllabe radicale pour un élément étranger à la racine, introduit probablement par épenthèse. Bien que la chose ne soit point contestée, il est bon de faire lemarquer que les présents comme XijLiirdvuj, nuvddvo|iai, dans lesquels la nasale, d'après ce qui est dit p. 118, ne petit pas être radicale, rendent à cet égard le doule impossible.

I. 1. Rac. cjâb. La nasale n'apparaît que dans àvbdvuj pour *àbvuj. 11 n'est donc pas question d'une racine afavb. 2. Rac. \â9, prés, \avddvuj. Même remarque. Cf. p. 61. .3. Rac. Xâqp. Le prés. Xaiapdvuj se ramène a

  • Xaq)vuj '. La thèse de M. J. Schmidt (Voc. I 118) est: 1** que la nasale de

Xa^pdvlu est radicale; 2** que Xrm;o|aai, Xriirrôç, sont sortis des formes nasalisées que possède le dialecte ionien: Xdfii|)0|uai, Xo^iittôç etc. On pourrait demander^ pour ce qui est du second point, pourquoi la même transformation ne s'est pas accomplie dans Xdjuvpuu (de XdfJiTuu), dans Kd}j.\\nu, yvaiairTÔç, KXdYHiu, irXaYKTÔç etc. Mais ce serait peut-être trancher, à propos d'un cas particulier, une question extrêmement vaste. Nous devons donc nous contenter ici d'avancer que toutes les formes du veibe en question peuvent se rapporter à Xâqp, que plusieurs en revanche ne peuvent pas être sorties de Xaïaqp. De l'avis de M. Curtius, les formes ioniennes tirent leur nasale du présent par voie d'analo},'ie. 4. Racine e-îq). De quelque façon qu'on doive expliquer ôd|apoç (= *ôaq)voç?)T' l'aor. ëTâq)ov et le parf. T^ôâita indiquent que la nasale n'est pas radicale. Le rap- prochement du skr. stamhh est douteux, vu les phénomènes d'aspiration des mots grecs.

��1. Devant n, ph devient f, v, b; puis ëXa^ov prend h par analogie. Cf. diTfdvu), ?diYOv en regard de t€îxoç.

�� � FORME VÉRITABLE DE CERTAINES RACINES GRECQUES. 14$

II. Racines qu'il faut écarter. 1. A la page 97 nous avons ramené Xa^xâvu) à une racine Xefx- t)n s'explique facilement la formation de e'îXrixa à côté de l'ancien X^Xotxo par le parallélisme de Xa^xcivuj, ëXaxov (= Xnxvu), Anxov) avec XauPdvuj ëXapov (= XApvuu ^XaPov). 2. xavbdviu pour xabviu {= xy^vuu) vient de X€vb, comme le prouve le fut. xeioojuai. Le parfait n'est pas si bien conservé que pour Xcyx: il s'est dirigé sur le présent et fait Kéxavba au lieu de *Kéxovba. — Les formes grecques se rattachant à bdKvuj conduiraient à une racine bâK; mais les formes indiennes sont nasalisées. Or nous ne pouvons pas admettre de racine dAnk (v. p. 170). Il faut donc supposer que la racine est damk. Alors bdKvuj, IbaKov, sont pour bn kvuj ébnKOv, et toutes les autres formes grecques^ comme br)Ho|uai, bf|Y|na, sont engendrées par voie d'analogie. Mais par là même on est autorisé à s'en servir, en les faisant dériver d'une racine fictive bâK. L'a du v. ht-all. zanga, d'après ce qui précède, est uu a^, non un a.

III. Il y a des couples de racines dont l'une a n ou m, l'autre a pour coefficient sonantique, ex.: g^dim çXg^a^A «venir». Les seules qui nous intéressent ici sont celles du type B (p. 9). 1. Le grec possède à la fois neve, prouvé par lievOfipai, et \xâQ, prouvé par éTn-|Liâdi'|ç. Les formes faibles comme |uia&eîv, jLiavOdvuj ('iLiadvu)) peuvent, vu le vocalisme grec, se rapporter aux deux racines, 2. peve (P^vdoç) et PâG (Pfioaa); Padûç peut appartenir à pevG aussi bien qu'à PûG (v. p. 24). .3. irevG et irâG (cf. p. 58). Quoique les formes irriaoïnai = -rreiaouai et irriaaç = iraOubv ne reposent que sur de fausses leçons, l'existence de irôG est probable pour deux raisons; 1" irev-G suivant l'opinion très vraisemblable de M. Curtius, est une amplification de irev. Or, à côté de irev, nous avons un. ou ira dans Trfi-ina'. 2** Si les a de irdaxiu, -rra&eîv etc. peuvent s'expliquer par une rac. irev-G, en revanche l'rt du lat. pat-ior suppose nécessairement une base pà et non pen^.

IV. Parmi les racines mal déterminées dont nous parlions à la p. 56,. celle de TrriYvum n'est peut-être pas un cas désespéré. Il n'est pas trop hardi de s'affranchir de la nasale du parfait gotique *fefanh {faifâh) et de la rapporter comme celle du lat. panxi (cf. pepigi) à la formation du présent que présente le grec urifvuiuii. Ainsi nous posons la racine pÂg (ou p2k). En outre, pour ce qui regarde le grec, nous disons qu'il n'y a pas eu infection de la racine par la nasale du suffixe, que irfîEai par exemple n'est pas pour «iroYSai». Ceci revient à contester que tttiyvuihi soit pour *'n:aYvu|Lii, *TrûYTvum, comme le veut M. J. Schmidt (Voc. I 145). Voici les raisons à faire valoir: 1" Bien que la règle doive faire en effet attendre *'iTdYvu|ii, les cas comme beiKvum, JleÛYvum,

��1. Pour le fait de l'amplification cf. |i€v-d et |Jâ-d qui viennent de men et ma (nnTiç), pevô et pâ& qui viennent de g^em et g^à etc. Curtius, Grdz. 65 seq. Dans plusieurs cas l'addition du déterminatif date de la langue mère; ainsi Pev-d, Pâ-ô, pa-qp (pdiiTiu), ont des corrélatifs dans le skr. çam-bh, gâdh, gâ-h. D'autres fois elle n'a eu lieu évidemment que fort tard comme dans le gr. bap-9 «dormir» ou dans itev-d. Ces derniers cas, considérés au point de vue de l'histoire de la langue, ne laissent pas que d'être embarrassants. On ne voit guère par où l'addition du nouvel élément a pu commencer.

2. Nous nous en tenons à l'ancienne étymologie de iraOeîv. Dans tous les cas celle de Grassmann et de M. J. Schmidt ne nous semble admissible qu'à la condition d'identifier bâdh non à ircvô, mais à ti&b.

�� � 144 LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN GREC.

montrent de la manière la plus évidente qu'il y a eu devant -vu, introduction secondaire de la forme forte. M. Schmidt, il est vrai, tient que ei, eu, sont eux-mêmes pour iv, uv, mais sur ce point l'adhésion de la plupart des linguistes lui a toujours fait défaut. S** D'après la même théorie, f)riYvu|Lii serait pour

  • ^âYvu|Lii (cf. éppâyriv). Donc les Doriens devraient dire ^d^vuini, mais ils disent,

au présent (Ahrens II 132), ^riYvuui. Cela établit l'introduction pure et simple de la forme forte.

La loi qui préside à Tapparition de l'a long ne se vérifiera pas pour toutes les racines. Certains verbes, comme ^(xtttiju ou XdtTTTUi, ont complètement renoncé à l'a long. Nous reviendrons sur ces cas anormaux (v. p. 147 seq.).

Nous passons à l'examen des principales formations verbales. Sauf une légère inégalité au parfait actif, le verbe Xadui conserve le paradigme dans sa régularité idéale. Comparez

q)eÛYUJ ëcpuTov irécpeuYa ireqpuTMévoç qpeûHoiaai cpuKiôç Xddu)^ ëXôt^ov XiXâba XeXacriaévoç Xa(J0|nai -Xâffroç {leathô elafhon leleatha lelasmenos lea{tli)somai lastos)

Présent de la 1® classe (cf. p. 119). Outre Xdduu, on a ^ayu), Kabuj, TaKuu, âbo|Liai, puis arjTruj et rinriTUJ dont Tr), vu èadirriv et Tjaàfev, représente a, et sans doute aussi br|UJ. Avec o: KXubôuu, TpOuYUj, (pd)Yiu; de plus puj(a")o|Liai, x^(^)oM«i (P-162). Curtius, 7er&. I^ 228 seq. Sur le prés. br|KUD v. ibid.

Aoriste thématique (cf. p. 10,20). En regard des présents Xdôo), aboyai, *T|LidYUj (riiiriYiAJ) on a: ë-Xâ&o-v, e-v&bo-v, bi-é-T|LiaY0-v. Il ■est permis de restituer à tttSkujv un présent *TTTdKUJ. La longue de TTTncTauu est incompatible en principe avec la formation en -yuj. L'origine récente de ce présent est donc aussi transparente que pour <pdjZ!uj à côté de qpuJYUi. La longue des présents fait défaut pour l-Xapo-v, ë-XSKO-v, simplement parce que ces présents ne suivent point la V classe; au parfait l'a long reparaîtra. De 2ujc vient Zoucr&iju pour locfi-cs^^ii (Grdz.611). Sur les aoristes isolés tels que IqpaYOv v, p. 151.

L'aoriste thématique redoublé (cf. p. 10,21) a le même voca- lisme radical que l'aoriste simple: Xé-XSdo-v, Xe-XSpé-adai, Xe-XaKO-vxo,

��1. La rac. Xflô est sortie de là (p. 58) comme irXri-e de v:\r\, mais le para- digme qui lui a été imposé était ancien. — Il va sans dire que leathô est une transcription schématique, destinée seulement à mettre en évidence la composition de ï& long; à l'époque où les éléments de cet à étaient encore distincts, l'as- pirée eût été probablement dh.

�� � LKS RACINES CONTENANT UN A HÉDIAL, EN GREC. 145

TTe-7TSY0-ir|V (Curtius, Verb. II 29). Au contraire è-jné-iuiÇKO-v est un plus-que-parfait (ibid. 23).

Même affaiblissement à l'aoriste du passif en -n (cf.p.44 i.n.): de cdTT è-aànn-v, de tûk è-TaKr|-v, de t^ôy T|aâYe-v. De ^âY, Ho- mère emploie à la fois âYTl et è dYr|.

A l'aoriste non-thématique (cf. p. 21, 138) a(T-|uevoç est à cFâb ce que x^-^evoç est à x^^-

Parfait. Aux principaux présents à voyelle longue cités ci- dessus correspondent les parfaits Xé-Xâô-a, Ké-Ka6-a, xé-TâK-a, 'é-âb-a (lié par le sens à àvbdvuj), cfé-cfr]TX-a, soit *cré-0"dTT-a. — Répondant à des présents de diverses formations qui contiennent une voyelle longue: |ue-|iir|K-ujç (juriKaoïiiai), ë-irrrix-a (7TTr|(T(Tuj), l-â^-a (ctYVum), Tré-TTTiY-a (tttiyvuihi) etc. — Répondant à des présents de diverses formations qui contiennent une voyelle brève: \é-\riK-a (XddKUj), eï- Xr|(p-a (Xa)iipdvuu), KÉKriqpe Hes. (KaTrOuj) et d'autres, comme Tréqpnva, qui se trouvent appartenir au genre de racines dont nous faisons abstraction provisoirement (v. p. 142). Le parf. Té-ôrif^'Ci n'a point de présent proprement dit.

Soit à Taoriste, soit ailleurs, les racines de tous les parfaits précités présentent quelque part un a bref. La longue au parfait singulier est normale, puisque cette formation veut la racine pleine. Mais nous avons I^, et la règle demande îg: on devrait trouver «XéXiwda» etc. de même que pour les racines finissant par I on attendrait «pé^iuKa, eoTujKa» etc. (p. 140). C'est là un des cas assez fréquents où le phonème Ig manque à l'appel et où il est difficile de décider comment au juste il a dû disparaître. Est-ce que, avant la contraction, ea s'est substitué k oa? Nous voyons de même la diphtongue ou, sur le point de périr, se faire remplacer par eu. Y a-t-il eu au contraire une réaction du présent sur le parfait postérieure à la contraction? On pourrait recourir à une troisième conjecture: la présence de ag à la première personne n'étant garantie par aucun fait décisif (p. 69), la flexion primitive a peut-être été: l®p. XéXâda, 3® p. *XéXujôe ; plus tard l'd se serait généralisé. Quoi qu'il en soit, nous possédons encore des vestiges de l'uu du parfait qui ne semblent point douteux: ce sont les formes doriques reôuJYMévoi' |Li€|Lieôu(J|Liévoi, rédaïKiar reduimuTai (Hes.) de daYUj^. L'ui s'est communiqué à l'aoriste dans diùHai et OuixOeiç (Ahrens H 182). Du reste, même

��1. Pour la signification v. Ahrens II 343. de Saussure, Oeuvres. 10

�� � 146 LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN GREC.

dans xéôujKTai et leduJYlLiévoi, il ne peut être qu'emprunté au singulier de l'actif qui, par hasard, ne nous est pas conservé. De plus, à .côté de /avaH, on a le parf. dvwfa. Cette fornoe sans doute pour- rait être plus probante si l'on en connaissait mieux la racine.

Au pluriel, au duel, au participe, et dans tout le moyen l'a long ne peut pas être ancien. La flexion primitive était: jé^âfa ou TéOiwYCt, léôuJYaç, Tédiuxe, *Té&fiY)Liev, *TéO(SYÛJç; moy. *TéOâYMai. Les témoins de la forme faible sont les participes féminins homériques Xe\5Kuîa, )Lie)iifiKuîai ; on peut citer aussi xeôSXuîa, aecrSpuîa et àpapuîa (Curtius, 7er6. II 193). Le masculin a toujours r|, peut-être en raison des exigences du vers. En tous cas cette différence n'est pas ori- ginaire. — A côté de KéKriqpe, on a K6Ka<pr|iJuç, et le moyen de XéXride est dans Homère XéXciaTai, part. XeXaainévoç.

Aoriste sigmatique et futur (cf.p. 121seq.). Les formes sont régulières: Xd(TO|aai de Xdôuu; TaHui de raKiw; fîcraTO (Hom.) de abo- |Liai; TrdSuj, Inaèa de TTa^vuiiu; Imâ^a de TTTaaauu; — bdSojaai, èbr|Hâ|unv (dans Hippocrate d'après Veitch) de bànvou; XâqiO|Liai de Xajupdvuj.

Parmi les formations nominales, nous considérons d'abord celles où se montre Â^. Cf. p. 170.

Thèmes en -o et en -r|. De Ja.-^ «briser», KUMat-tuTn. Mal- heureusement on pourrait supposer une contraction de KU)LiaTo(J^)aYri; mais la même racine donne encore ivjfx] {Grdz.5^1). La racine qui est dans le lat. capio forme KiÛTrri. AujPri en regard de lâbes (les deux mots ne peuvent guère être identiques). De jiâK, dans )uiâKoâu> (et non |LiaKKoduj, v. Pauli, ^.Z. XVIII14, 24), vient |liûjkoç; de TTTâK^ îTTuuxôç. De dadcTCJu), dôuuKOç. Sous le rapport du vocalisme radical, le gr. ijb)iôç est au lat. âmarus ce que -Xoixoç par exemple est à Xixavôç. A vpnx^ appartient vjiUJXOÇ" TH v|^cx)Li|Liujbriç; l'a se trouve dans v|iâKTr|p etc.^ Si l'on rattache u)kùç à la rac. aK, il a Â^. L'uu de àyvôfàç et dKUJKri aurait une plus grande valeur sans la réduplication.

Thèmes sans suffixe. De même que qpXet donne cpXôH, de même TTTâK donne tttujH. De ôâTr ou ôacp «admirer» vient ôubi^j «le flat- teur» comme cela ressort de ôriTTiuv * éEaTraTiJùv, KoXaKeûujv, Oau|udZ;(juv et d'autre part de cette définition de dubvi^: ô iiexà dau)aaa|Lioû èYKuuiiiacnfiç (Hes.). Le verbe ôûiiTTUJ ne peut être qu'un dérivé de ôuiip comme TCTÔidGiu l'est de tttujH.

��1. Il est vrai qu'il y a aussi un verbe \^\hxiu dont le rapport avec H"'|Xu* n'est pas bien clair.

�� � LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN GREC. • 147

Thèmes de diverses formations. A côté de dxXûç: ibxpôç; cf.xiwpa (p. 130). A côté de Xdtvoç: XouTâç" Trôpvri; cf. ôXkccç, vo|Lia'ç, cTîTopàç, TOKdç etc. M. Bugge (5^m£Î. IV 337) rapporte viÛYaXov «friandise) à un verbe qui a dû être en germanique *swafca, '^sndk. On a réuni KViwbaXov (et Kveubiuv) à KvaôdXXeTai ' Kvndexai ; toutefois kvujii;, kvuj- TTeûç, en sont bien voisins. TTpiuTeùç vient peut-être de la rac. prkt qui est dans le got. frapjan.

Les exemples de â pour tu ne manquent pas: 0âY donne Oîiyôç, ôâTT ôn^fTÔV ^auiLiaaTÔv; Tây Tâyôç (cf. èiaYriv); ^«y forme, en même temps que KU|LiaT-ujTr|, vau-âyôç et r|YÔv " KaxeaYÔç.

De même, qpep donnant q)opéu), XâK devrait donner «XiUKéuj». La forme réelle est (èirOXTiKéui : elle est régulière pour la quantité de la voyelle, irrégulière pour sa qualité. Même remarque pour aY€0|Liai, dSXéu) etc.

Les FORMATIONS DU DEGRÉ 1 auront dans nos racines \.

Thèmes en man (cf. p. 123 seq.): èm-XdaiLiiJUV ; Xfi)ii|ia, briY^cx, TrfÎYTia (Eschyle).

Thèmes en -as (cf. p. 122): dôoç, KÔboç, |LiâK0ç, d-Xâdriç, eù-(/')âxr|ç (cf. îaxn). Les suivants, plus isolés, ne sont pas accompagnés de formes ayant l'a bref: ladxoç, diroç («fatigue», dans Euripide); à-tr\)iy\c„ à-(JKr|^riç, KfJTOç, Tfjdoç. Exemple contenant Q: vuuOriç en regard de vôôoç.

La meilleure preuve de la postériorité de formations comme ôdXoç, iLidôoç (Eschyle), ce sont les composés veodriXriç, èTTijuriôriç, où subsiste la longue. C'est ainsi encore que l'homérique eÛTrriYilÇ est remplacé plus tard par eiiTrdYnç. Peut-être la brève de d'YOç = skr. dgas (p. 110) comporte-t-elle une explication analogue malgré l'isolement de ce mot.

Thèmes en -yas (cf. p. 123). On a le superl. iLiaKiaxoç qui est à littKpôç, ce que le skr. ksépistha est à ksiprâ. Quant à l'a long qui se manifeste dans l'accentuation des comparatifs neutres lidcraov, ddcraov, lidXXov, il est prudent de ne rien décider à son égard, d'autant plus que le dialecte homérique n'admet pas Vr] dans ces formes. M. Ascoli, d'accord en cela avec d'autres savants, les ex- plique par la même infection qu'on observe dans ^eilujv {Kritisch^ Stîidien, p. 129). M. Harder {De alpha vocali apud Hom. producta^ p. 104) cite des témoignages pour l'accentuation ladcrcov et fidXXov.

Les THÈMES QUI REJETTENT u^ auront À autophtongue:

Thèmes en -m. Certains d'entre eux comme acpobpôç, Obxpôç (p. 147) prennent Og. Une seconde série affaiblit la racine, par

10*

�� � 148 LES RACINES CONTENANT UN A MKDIAL, EN GREC.

exemple XiPpôç, mKpôç, crxiqppôç, de Xeip, ttcik, (TTeiqp; Xutpôç, lyubpôç, de Xeuf, ij^eub; è\aq)pôç de *XeYX; sanskrit ksiprâ, éhidrd de ksep, éhed; çukrd, çubhrd do çoé, çobh; grdhrd, srprd de gardh, sarp\ ger- manique digra- «épais» de deig; indo-européen rudhrd «rouge» de raïudh. De même, (TâTT, soit sa^Ap, fait crâTrpôç; )UâK fait luaKpôç; Xâ6 donne Xctdpa. On peut placer ici TâKcpôç de TâK et irâTepôç de TTfiY, si l'e y est anaptyctique ; aKpoç de aK est régulier aussi, sauf l'accentuation.

Thème en -u (cf. p. 15, 24): raxOç.

Thèmes en -ta (cf. p. 14,23,140). La forme faible est devenue très rare, mais d-Xadroç de Xâ6 et le verbe TtaKiôuj à côté de irâKiôç en sont de sûra témoins. Il n'y a pas à s'étonner des formes comme TâKTÔç, XâTTTÔç, TTâKTÔç, plus quc de celles comme cpeuKiôç qui, elles aussi, remplacent peu à peu le type q)VJKTÔç.

Revenant aux formations verbales, nous examinons le vocalisme des racines dont le présent se fait en -yuj ou en -toi.

En sanskrit la 4® classe verbale affaiblit la racine. En grec les formes comme viZiuj, aTÎÎuu, kXùZIuj, pdXXiu de PeX, Kaivuu de Kev (p. 97) et beaucoup d'autres attestent la même réglée Rien de plus normal par conséquent que l'S bref de âlopiax, ^âluj, (TaTTUJ, (Jcpàluj, x^l^ etc. Les formes comme 7rTri(J0"iu, qpubZiiw (cf. q)UJYUj) sont aussi peu primitives que leipuj (v. p. 148 i.n). 'T'riTTiJU paraît ne s'être formé qu'en pleine époque historique (Curtius, Verh. 1^ 166).

Les présents en -tuj sont analogues: ârrro), pdiTTUJ, bàTTXuu, Mtttu), XdTTTUJ, aKaiTTUj ctc. montrent l'a bref. Seul ffKriTrTUJ enfreint la règle, car pour ôujtttuj (p. 146) et aKUiTTxuj, on peut sans crainte y voir des dénominatifs; cf. iraîîuj, iraÎTina, TraÎTViov venant de naiç.

Dans les temps autres que le présent, les verbes en -yuj et en _-TUJ restent en général sans gradation (nous adoptons pour un instant cette désignation des formes pleines de la racine). C'est la solidarité qui existe entre les différentes formes du verbe à cet égard que fait ressortir M. Uhle dans son travail sur le parfait grec (Sprachmssen- schaftl. Abhandlungen, hervorgegg. aus G. Curtius' Gramm. Ges., p. 61 seq.).

��1. Il est naturel que cette formation, une fois qu'elle eut pris l'immense extension qu'on sait, ne se soit pas maintenue dans toute sa rigueur. Evi- demment un grand nombre de verbes de la Ire classe ont, sans rien clianger à leur vocalisme, passé dans la quatrième. Ainsi xelpu), cf. lat. tero, beipuu a côté de b^puj (quelques manuscrits d'Aristophane portent baipiu qui serait régu- lier), q>9e(pw (dor. q)ôaîpu») etc.

�� � LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN DEHORS DU GREC. 149

Mais, au lieu d'attribuer à certaines racines et de refuser à d'autres une faculté inhérente de gradation, ainsi que le fait l'auteur, il faut dire au contraire que lorsque la gradation fait défaut, c'est qu'elle s'est perdue. Qu'est-ce qui a occasionné sa perte? C'est précisément, si nous ne noui? trompons, l'existence d'un présent sans gradation, comme ceux en -t/uj et en -tuj.

Ainsi l'analogie de Ocpéluj, pdTTTUJ, ôdiTTU), XdTTTUJ, (TKdTTiuj etc. a peu à peu étouffé les formes fortes comme *\âTr ou •■•crKâTr. Les parfaits font XéXdqpa, ëaKâqpa, les futurs Xdvjiuu, CKoupUi) etc. Les verbes contenant i et u, comme CtiZiuu, TriiCTCTiu, viimu, klitttuu, tûtttuu, se comportent de même, c'est-à-dire qu'ils n'admettent nulle part la diphtongue^. Ces anomalies ne font donc pas péricliter la théorie du phonème ^i. D'ailleurs il y a 'des exceptions: KdîTTuu (Hes.): xéKricpa; rdcrauj (TéTdxa): tûyôç; àmw. r|Trdo|Liai (Curtius); KaxXdîiu: KéxXâba.

Les présents à nasale comme Xaiapdvuj, dvbdvtu^ bdKVUJ, n'exercent pas la même influence destructive sur le vocalisme de leurs racines. Cela tient au parallélisme presque constant de ces formations avec les présents à «gradation» (Xi)i7Tdvuj, XeiTTUu; Xavôdvuj, Xr|du)), grâce auquel il s'établit une sorte d'équivalence entre les deux formes. Pareillement le prés. XdaKiu laisse subsister le parf. XéXrjKa.

Nous passons à l'examen des principales formations verbales dans les langues européennes autres que le grec.

Parfait. Le germanique nous présente ô: got. sok, hof. Vo doit être du degré 2 et correspondre à l'uj régulier de xe-ôuuY-, non à l'a hystérogène de lé-iâK-e. Par la même unification que nous avons vue en grec, l'ô du singulier s'est répandu sur le pluriel et le duel, et l'on a sokum, soku, au lieu de *sakum, *saku. De même l'optatif devrait faire *sakjau. Le participe passif, dont le vocalisme est en général celui du parfait pluriel, fait encore sakans. Il y a une proportion rigoureuse entre sok : sakans et hait : hitans. Un autre reste de la forme faible, c'est magum dont nous avons parlé à la p. 61.

Le latin a scâbi, ôdi, fôdi; l'irlandais ro-gcid (prés, guidiu).

Présent de la 1* classe (v. p. 144). Latin làbor (cf. lâbare)^ râdo, vâdo (cf. vàdum), rôdo.

��1. 11 est vrai qu'au parfait l'i et l'u subissent ordinairement un allonge- ment (K^Kû<pa), mais cela est tout différent de la diphtonguaison, et l'a long ne se peut jamais mettre en parallèle qu'avec la diphtonguaison.

�� � 150 LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN DEHORS DU GREC.

Got. hlota et hvopa. Ici ô est du degré 1. — Le parf. hvaihvop {*baiblot ne nous a pas été conservé) a gardé la réduplication, afin de se distinguer du présent. Si le germanique faisait encore la différence entre Âg et Âi, cela n'eût pas été nécessaire.

Paléoslave padq, pasq. — Lituanien môku, szôku, et aussi sans doute plusieurs verbes qui suivent à présent d'autres formations, comme kôsiu «tousser» (cf. skr. kdsaté), osziù, kôsziu, drôiiii, glôbiu, vôkiu; hôstu, stokstù. Schleicher, Lit. Gr. 235 seq.

Présent en -ya. Got. frapja, hafja, hlahja, skapja etc. ; lat. ca- pio, facio, gradior, jaeio, lacio, quatio, patior, rapio, sapio, fodio. Ces formes sont régulières (v. p. 148).

Il faut mentionner en lituanien vagiù «dérober» et smagiù «lancer», dont les infinitifs sont vôgti, smôgti.

Présents du type oIyu). Plus haut nous avons omis à dessein de parler de cette classe de présents grecs, parce qu'il convient de les traiter conjointement avec ceux des langues congénères.

En germanique c'est la formation la plus commune: got. draga, Ma^a, skaba, pvaha etc. — Le latin la préfère aux présents à voyelle longue comme vâdo, mais l'emploie moins volontiers que la forme en -io. Il a ago, cado, scabo, loquor; puis des exemples où la con- sonne finale est une sonante, alo, cano; enfin les présents rares tago, pago; olo, scato (Neue Formenl. IV 423). Les deux derniers, bien qu'ils appartiennent à la langue archaïque, sont probablement secon- daires^. — Le grec n'a que à-foj, xXdcpuj, ypàcpuj, |Liàxo)Liai, ô^O|iai, et les formes très rares dxo|uai, p\àpo|iai^. — On trouve dans les verbes lituaniens énumérés dans la grammaire de Schleicher: badù, kasù, lakù^, plakù. Enfin le paléoslave, si nous ne nous trompons, a seulement bodq et mogq.

Nous n'hésitons pas à dire que ces présents ont subi un afiai- blissement dans leur racine.

11 n'y a aucun motif pour s'effrayer de cette conséquence forcée des observations précédentes. Il est indubitable que kXùuj, XiTOfiai, et d'autres présents grecs sont des formes faibles. D'ailleurs si, plutôt que d'admettre cet affaiblissement, on renonçait au parallélisme de \r|ôuu avec Tréioiiai, Xeiiru), on arriverait, contre toute vraisemblance, à faire ou de Xriôiu ou de |udxo)iai un type à part ne rentrant dans aucune catégorie connue.

��1. On ne connatt pas le présent de rabere; celui de apere parait avoir été apio.

2. Il est douteux que Ypduu et Xduj soient pour fpaa-vj et Xao-u».

3. Dans son glossaire Schleicher donne lakiù.

�� � LES PRÉSENTS DU TYPE âyUU. 151

A cela s'ajoutent les considérations suivantes.

L'indo-européen a eu évidemment deux espèces de thèmes ver- baux en -a: les premiers possédant la racine pleine et paroxytons, les seconds réduisant la racine et oxytons. Rien ne permet de sup- poser que l'un des deux caractères pût exister dans un même thème sans l'autre.

En sanskrit et en zend, les oxytons de la langue mère donnent des aoristes et des présents (6* classe). En grec il n'y a point de présents oxytons, et un thème ne peut être oxytoh qu'à la condition d'être aoriste. Nous devons donc nous attendre, sans décider d'ailleurs si la 6® classe est primitive ou non, à ce que les thèmes faibles, lors même qu'ils ne seraient pas attachés à un second thème ser- vant de présent, aient une certaine tendance à se fléchir à l'aoriste. Et les thèmes du type Xme-, où nous pouvons contrôler l'affaiblisse- ment de la racine, vérifient entièrement cette prévision. A côté des présents yXôcpeiv, KXûeiv, XiTccTôai, (TTi'xeiv S tukêiv (fies.), ils donnent les aoristes biKeîv, èX(u)deîv, ^UKeîv, axuTeîv, Ppaxeîv (= ^rxe\v).

De ce qui précède il ressort que les différents présents grecs, pour être vus sous leur vrai jour, doivent être jugés conjointement aux aoristes isolés de même forme radicale, lorsque ces aoristes existent.

Or pour le type |Liaxe ils existent. A côté des présents âyeiv, d'xeaôai, pXdpeff^ai, Y^d'peiv, Tpa^pciv, iiiàxecrôai, ôôecxdai, on a les aoristes isolés juaKeîv, raqpeîv «être étonné», (pafeîv, (pXabeîv «se déchirer». Et si cette propension à se fléchir à l'aoriste était chez le type Xiie un signe de l'affaiblissement radical, n'avons-nous pas le droit de tirer la même conclusion pour le type inaxe?^

��1. 0t{xouoi donné par Hésychius a été restitué dans le texte de Sophocle, Antigène v. 1129. — Le nombre des présents de cette espèce est difficile à dé- terminer, certains d'entre eux étant très rares, comme Xî^ei, Xîpujv pour Xeîpei, d'autres, comme yXîxoMciI; tue plusieurs ramènent à *T\i0KO|iai, étant de struc- ture peu claire, d'autres encore comme Xùu) devant être écartés à cause de I'm long du sanskrit.

2. Pour saisir dans son principe le fait employé ici comme argument, il faut en réalité une analyse un peu plus minutieuse.

Tout d'abord, il semble qu'on doive faire une contre-épreuve, voir si les thèmes contenant e ne se trouvent pas dans le même cas que ceux contenant a. Cette contre-épreuve est impossible a priori, vu qu'un thème contenant € est fort, et qu'un aoriste fort ne peut qu'être hystérogène. L'aoriste régulier des racines contenant e a toujours la forme itt-€.

En revanche le soupçon d'une origine récente ne saurait atteindre les ao- ristes tels que qpateîv, vu leur ressemblance avec le type Xadcîv de Xi'idu). Le

�� � 152 LES PRÉSENTS DU TYPE àfU).

Tout parle donc pour que |aàxo|Liai soit un présent exactement semblable à XiTO|aai. Depuis quelle époque ces thèmes faibles se trouvent-ils au présent? C'est là en définitive une question secondaire. Si l'on admet dans la langue mère une 6^ classe des présents, \ÎTO|aai, |aàxo|nai, pourraient être fort anciens et n'avoir fait qu'abandonner leur accentuation première. Nous croyons cependant, comme nous y faisions allusion plus haut, que dans la première phase du grec, tous les anciens oxytons, quel qu'ait été l'état de choses primitif, ont dû passer d'abord par l'aoriste, que par conséquent les présents du type XiT0|aai sont en tous cas de seconde génération. F^es cas comme celui de èX(u)9eîv qui a mieux aimé rester dépourvu de présent que de changer d'accentuation recommandent cette manière de voir. Mais en même temps il est probable que dès une époque plus ancienne que la langue grecque certains thèmes du type |Liaxe- {âge- par exemple), cessant d'être oxytons, s'étaient ralliés aux présents comme hhére-.

Passons aux verbes latins. Pour deux d'entre eux, tago et pago, M. Curtius a victorieusement étîibli qu'ils ne sont rien autre chose que d'anciens aoristes. Voy. notamment Stud. V, p. 434. Il est vrai que ce sont les seuls exemples qui soient accompagnés d'une seconde formation {tango, pango). Mais sur ce précédent nous pouvons avec quelque sécurité juger cado, scato, cano, loquor; ce dernier du reste est en grec XaKeîv, non «XétKeiv». Il reste seulement ago, scaho et alo qui, ayant leur pendant dans les idiomes congénères, paraissent appartenir au présent depuis plus longtemps.

En abordant le germanique, la question de savoir si l'indo- européen a eu des présents de la 6* formation prend plus d'impor-

��fait se résume donc à ceci: au temps où l'aoriste était pur de formes fortes, où il ne contenait que des formes faibles ou des formes dont on ne sait rien, les différentes espèces de thèmes dont il s'agit se répartissaient de la manière suivante entre l'aoriste et le présent:

Pi'ésent TiéTe Xîxe ndxe Aoriste — biKe 90^6

Pour que les thèmes du type i^axe- pussent comme ceux du type \\Te- et à l’encontre de ceux du type Trexe- se fléchir comme oxytons (soit à l'aoriste), ils devaient être des thèmes faibles.

Du reste nous ne demanderions pas mieux que de donner pour un instant droit de cité aux aoristes isolés contenant €, et de faire le simulacre de la contre-épreuve. On n'en trouverait qu'un seul: éXeîv (eûpeîv = /eup-eîv), en revanche le présent est peuplé littéralement de ces formes. Mais cette confron- tation, qui a l'air très concluante, n'aurait à notre point de vue qu'une valeur relative.

�� � r.A PERMUTATION a : d. 153

tance que pour le grec et le latin. Si l'on répond affirmativement, il n'est besoin de longs commentaires: saka est un présent de la 6® classe, et la seule chose à faire admettre c'est que le ton, cédant à l'attraction des autres présents, s'est porté de bonne heure sur la racine {hlàpa, skdpa etc.). Dans tous les cas le germanique a reçu des périodes antécédentes quelques présents de cette espèce, ainsi que Ifi font conclure got. skaha = lat. scabo, graba = gr. fpâcpuJ» norr. aka = gréco-it. ago. Mais il n'en est pas moins vraisemblable que la majorité soit issue de l'aoriste. C'est même la seule hypo- thèse possible pour got. pvaha, cf. TiiKUJ (p. 60); norr. vada, cf. lat. vâdo; anglo-s. bace, cf. qpiuYU). Les formes comme pvaha nous re- portent donc à une époque où l'aoriste germanique existait encore, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi, tandis que le thème heuge- (biuga) se conservait à l'exclusion de buge-, l'inverse avait lieu pour pvahe-. Depuis la confusion des phonèmes Â^^ et Â2, Vô du prés. *pvôha (tS^kuj) ne différait plus de Vô du Tpuri.pvoh (ou pvepvôh). Au contraire le thème pvahe- offrait un excellent ablaui, qui devait s'établir d'autant plus facilement que les verbes en -ya comme hafja hôf en donnaient déjà l'exemple.

Je ne pense pas que les formes, peu nombreuses du reste, du letto-slave fassent quelque difficulté sérieuse.

Tout cela pourra paraître suggéré par les besoins du système. Quelle nécessité y a-t-il après tout de soutenir que saka, djuj, doivent appartenir à une autre formation que qpépu»? C'est cette nécessité, urgente à nos yeux, que nous voudrions accentuer d'une manière bien précise. Le présent n'est qu'un cas particulier. Qu'on considère l'ensemble des formations, et l'on verra apparaître un trait caracté- ristique des racines contenant ^, trait inconnu à la grande classe des racines dont la voyelle est e, la faculté d'allonger la voyelle^. On peut avoir sur saka et dxuJ telle opinion qu'il plaira. Seulement quand leurs racines font sok et ayéciLiai dans le même temps que bher fait bàr et cpopéuj, il y a là un phénomène tellement extra- ordinaire qu'il s'agit avant tout et à tout prix de s'en rendre compte. Or l'hypothèse proposée pour saka n'est que l'explication indirecte de sok. La tentative peut n'être pas réussie; en tous cas elle est motivée.

��1. Sans doute il y a aussi des ê longs, mais dans un nombre de racines extrêmement limité et qu'il serait injustifiable lie vouloir confondre avec le type bhe?-. Nous abordons ces racines à la p. l-ôôseq.

�� � 154 LA PERMUTATION a : Ô EN GERMANIQUE.

Notre hypothèse sur cette faculté d'allonger la voyelle est connue par ce qui précède. Il sera permis de renvoyer le lecteur qui voudra apprécier jusqu'à quel point la propriété de l'allongement est in- hérente aux racines contenant ^ ou o au travail déjà cité de M. Fick qui traite de l'a long européen (Beitr. de Bezzenb. II 193 seq.)- Du reste nous ne nous sentons point en état de dire dans chaque cas pourquoi l'on trouve une brève on une longue, comme nous avons cru en effet pouvoir le faire pour les formations relativement très transparentes qui ont été analysées plus haut. Les remarques qu'il nous reste à faire ne porteront donc point sur le détail.

Les matériaux relatifs à la permutation a : a et ô : o dans le latin se trouvent réunis chez Corssen, Ausspr. V 391 seq. En voici quelques exemples: com-pâges:pago; âceriades; ind-âgare : ago; sâgio: sagax; con-tâgio :tagax\ lâbor ilabare. L'o de prae-co venant de cano serait-il un exemple de Â2'?

En grec on peut ajouter à la liste de M. Fick et aux exemples donnés plus haut: axoçriâxH; ibôéiu reiv-ocrî-cpuXXoç; Kujqpôç: kôtttuj; pubduuv : pôôoç; qpoÛYuu : (poHôç (Curtius).

Pour les idiomes du nord l'échange â: a est devenu une sorte d'àblaut quantitatif qui a succédé à Vablaut qualitatif J^ : a^. Uàblaut qualitatif était détruit par la confusion phonique des deux i (p. 131) comme aussi par la perte partielle des formations contenant J^, dont la plus importante est le présent de la 1® classe. En germanique particulièrement l'élimination de ce dernier au profit des formes comme saka a fait naître entre la série a\o et la série e : a {a^ un parallélisme absolument hystérogène. La langue sent la même relation entre sok, sokjan; groha, et les présents correspondants saka; graba, qu'entre vrak, vrakjan, vraka et vrïkan. Mais le vrai rapport serait rendu assez exactement par la fiction suivante: se représenter les racines comme beug ayant perdu le degré de l'e et ne possédant plus que les formes bug et baug^. — Comme le présent n'était pas le seul thème du degré 1, on s'attendrait cependant à trouver la voyelle longue ailleurs que dans les formations qui demandent «2» par exemple- dans les neutres en -as et les comparatifs en -yas. Il n'en est rien: hatis, skapis, batiza, montrent l'a bref. Ces formes paraissent s'être

��1. A la page 11.5 nous nous sommes montré incrédule vis-à-vis des trans- formations d'ablaiit d'une certaine espèce et avec raison, croyons-nous. Mais ici de quoi s'agit-il? Simplement de la suppression d'un des trois termes de Vablaut, suppression provoquée principalement par la perte du présent.

�� � LA PERMUTATION rt : à EN LETTO-SLAVE. 155

dirigées sur le nouveau présent. Nous n'avons pu découvrir qu'un seul exemple qui, sur ce point, répondit à la théorie: c'est le féminin got, sokni-. Les thèmes en -ni demandent en effet le degré 1, ainsi que le prouve siuni- de la rac. sehv (cf. skr. hà-ni, gyâ-ni, en regard de hinâ, gï-7id). Donc «sahii-* eût été irrégulier au même chef que hatis. Le norr. dœgr pour *dôgis serait un second cas de ce genre si Ve du lit. degù ne rendait tout fort incertain. Cf. la note.

La permutation en question est fort commune en letto-slave. Lituanien pra-n-tù:prôtas, èadù:t6dis etc. — En slave on a les verbes comme po-magajq, badajq, en regard de mogq, bodq etc. De même qu'en germanique, Va, dans les cas où l'a bref est conservé paral- lèlement, devient pour la langue une espèce de gradation.

Ici nous devons faire mention d'une innovation très étendue qui donne au vocalisme letto-slave une physionomie à part. Tandis qu'en germanique la confusion de a avec «2 ^'^ amené presque aucun trouble dans le système des voyelles, le letto-slave au contraire a mélangé deux séries vocaliques, et nous voyons l'a (ou d, p. 65) issu de ag permuter avec â (a) comme s'il était a. De là l'échelle slave e.o.a dans les nombreux exemples comme tekq, tociti, takati, l'échelle lituanienne e : a : o, comme dans êeliù, éàlias, èolë^. Voir Schleicher, Lit. Gr. 35 seq. — Il faut avouer que d'autres allonge- ments de ce genre restent inexpliqués, je veux dire particulièrement l'ê des fréquentatifs slaves comme plétajq de pletq. Il serait à sou- haiter aussi qu'on sût à quoi s'en tenir sur l'ê long germanique des formes comme nëmja- (rac. nem). Amelung, remarquant que l'ê est suivi le plus souvent d'une syllabe contenant i ou y, supposait une •épen thèse et ramenait nëmja- à *namja-, *naimja-.

Il reste à considérer les racines qui ont un ë médial, type ab- solument parallèle à \â9, Xem, bepK. On a la proportion : . /pHT '

e^ = xde : cxd.

1. Le germanique n'est pas sans offrir un ou deux exemples analogues. Ainsi le got. dags (dont la racine est âeg si l'on peut se fier au lit. degii) est accompagné de fidur-dogs, ahtau-dogs. Sans dœgr (cf. ci-dessus), on pourrait songer à voir dans -dogs le même allongement singulier que présente le second terme des composés indiens çatâ-çâ.rada, prlhu-ffâghanà, dvi-j&ni^ et qui, en grec, se reflète peut-être dans les composés comme eù-rjvujp, q)i\-rip€T|Lioç, où l'allongement n'était pas commandé par une succession de syllabes brèves. — L'allongement du lat. sêdare (v. p. 1.58) et du gr. xpujiroiuj (v. ce mot au registre) n'a rien de commun, croyons-nous, avec les phénomènes slaves dont nous parlons.

�� � 156 RACINES CONTENANT UN ê MÉDIAL.

Pour ne point éparpiller cette famille de racines, nous citerons aussi les exemples comme krèm où l'ê est suivi d'une sonante, quoique ce caractère constitue un cas particulier traité à la fin du paragraphe.

Le degré 2 apparaîtra naturellement sous la même forme que pour les racines finissant par ê: il aura ô dans le gréco-italique^, a (germ. lit. ô) dans les langues du nord. V. p. 132 seq.

Il sera intéressant d'observer le vocalisme du degré réduit, parce qu'il pourra apporter de nouvelles données dans la question de la composition de Vë qui nous a occupés plus haut p. 133 seq.

Première série: le degré réduit présente a.

1. Rac. kèd. Au lat. cêdo on a souvent joint, et à bon droit, ce nous semble, les formes homériques KCKabiJbv, KeKabtiaei, On a la proportion : KeKabubv : cêdo = saius : sêmen.

2. Rac. rég «teindre». Gr. ^fiYOç; les quatre synonymes priyeuç, peyeuç, pOTeûç, ^ayeûç, sont irréguliers: il faudrait «puuYeûç». Néan- moins l'a contenu dans payeûç, ainsi que dans xpvaopaféç (Curtius, Grdz. 185), est pour nous très remarquable. Ici en effet pa ne saurait représenter la liquide sonante: p étant initial, elle n'aurait pu donner que ap. Donc, à moins que cette racine n'ait suivi l'ana- logie de quelque autre, l'a de ^ay doit être assimilé à l'a de satus. Dans péZuj toutefois la forme faible a e.

3. Rac. rêm. Gr. ëprmoç, lit. ronms. Formes faibles: gr. riP^l^ci, lit. rimti, mais aussi gr. dpaïuév' i^éveiv, Y]avxàl€\y (infinitif dorique en -ev). — Cette racine n'est pas identique avec rem d'où lpa|Liai (p- 22).

4. Rac. Xr|T. gi'- Xiît'JU (I'h est panhellène, Schrader, /S<m<?.X316). M. Curtius indique que XaTÔcJcrai ' àcpeîvai pourrait donner la forme à voyelle brève. Verh. P 229.

5. Rac. léd. Au got. leta, lailot^, on joint lats et le lat. hssus. Le lituanien a léidmi (= *lëdmi).

��1. M. Brugmann, Sf«rf. IX 386 dit quelques mots sur ^rifvuini : êppiuYOt. 11 considère l'iu de ëppiuTO comme une imitation postérieuie du vocalisme de KëKXccpa.

2. Nous ne saurions adopter la théorie qui ramène l'ê des verbes ^oti- (jues de cette classe à « -f nasale, théorie que défend en particulier M. J. Schmidt, Voc. I 44 seq. M. J. Schmidt accorde lui-même que pour leta et greta les ar- guments manquent et que dans blesa rien ne peut faire supposer une nasale. En outre l'auteur part du point de vue que Va germanique est antérieur à l'ê. Dès qu'on cesse de considérer ë comme une modification de l'ô, a -+- nasale ne doit faire attendre que à comme dans hâhan. Lô du parfait, dans la même

�� � RACINES CONTENANT UN ê MÉDIAL. 157

6. Rac. bhrêg. Gr. ^r|YVU|ii, (ir\iuj etc. Degré 2: ^ujxiuôç, àîro- ppiûH, ëppujTa^ Le parfait moyen ëppr|Y|Liai et le partie, èpprixeiaç des tables d'Héraclée sont réguliers en ce sens qu'ils n'ont pas u>, mais on attendrait -paY- plutôt que -pHT"- C'est ce que présente l'aor. pass. èppayriv, où le groupe pa représente p -\- a, non pas r. /pttY : ^PHT = sa : se. En latin le degré réduit s'est propagé: fracfus, frango pour *frag-no. Le got. hrikan est un verbe de l'espèce ordi- naire. Sur le rapport de -ru' dans brukans au -ra- gréco-italique v. p. 169. Le slave a h-égù «rive».

7. Rac. sêk. Paléosl. sëkq <caedere», lit. sykis «une fois, un coup», l&t.sïca pour *sëca. Degré 2: v. h^-all. suoha «herse». Degré réduit: lat. saxum = germ. sahsa- «pointe, couteau, etc.» (Fick IIl^ 314); mais aussi secare-.

Deuxième série: le degré réduit n'est pas connu.

1. Gr. àpriYUJ, dpriTÛJV. Degré 2: dpuJYÔç, dpaiYri.

2. Rac. dhrën. Gr. d'pfivo-ç, àv-^pr|vn (= *dvdo-dpriV)i), lev- dprivn ; dpuûvaE " Kiiqpnv. AotKUJveç (pour la formation cf. ôpiniH de épir, TtôpiraH de perk.2, Kpub.uaH de Kprm, cTKUiXriH de CKâX, lat. procax de prec, podex de perd).

3. Rac. rëp. liât, rëpo, lit. replôti. Troisième série: le degré réduit présente e.

\. Rac. éd. Lit. edu, è'sii; si. émï ou jamï = *jèmï (Leskien, Handb. d. altb. Spr. § 26), 3® p. éstï ou jastî; medv-édî. Lat. ésurio, êsus (?). En grec, la longue de èbnèoKa, èbrj^iA'Ç, Kdxriba * KatapePpiW' fiéva, èbri^iÂJV ' cpaYébaiva, ne prouve pas grand chose ; mais celle de djin-ncTTriç et dv-ncTTiç paraît garantir l'ri radical. On trouve le degré 2 dans èbujbri; malheureusement cet uj est équivoque comme l'ri de èbriboKa. Ce ne serait pas le cas pour l'eu de d)5(ç, si, en se fon- dant sur l'éol. è6ùvr|=ôbuvr|, on voulait le rattacher à notre racine. Peut-être n'est-il point indifférent de trouver en gotique uz-eta «crèche». — Le degré réduit a engendré le gr. êb^ievai, ëbiw, èadiou, le lat.erfo, edax, le got. ita.

��hypothèse, s'explique encore bien moins: cf. haihah. Enfin celui qui soutient que redan est pour *randan ne doit pas oublier que par là il s'engage à approuver toute la théorie des & longs sanskrits sortis de an, vu qu'à reda correspond rddhati.

1. Dans pwYotXéoç l'u) est irrégulier, si l'on compare \euYa\éoç, eibciXijuoç, ireuKctXiiaoç; mais Hésychius a ùpeiYoXëov, v. Curlius, Grdz. 551.

2. A la p. 79, le germ. saga est rangé parmi les formations qui ont o.^. Cela est admissible si on prend soin de déclarer saga hystérogène. Mais peut- être l'a de ce mot répond-il à l'o de aaxum.

�� � 158 RACINES CONTENANT UN è MÉDIAL.

2. Rac. krëm. Elle donne en grec Kprmvôç, Kpniavrmi, et, au degré 2, KpiwiaaH (aussi KXiû)LiaH). Le got. hramjan pour lequel on attendrait *hromjan s'est dirigé sur les racines à e bref. Le gr. Kpé- |Lia|Liai donne la forme faible.

3. Rac. têm. Lat. têmëtum, têmulentus. Miklosich (Lexicon palaeo- slavé) compare à ces mots le sl.timica «boue» dont le premier i re- présente donc un ê long. La forme faible se trouve dans tenebrae et le si. tïma. La comparaison des mots sanskrits (p. 161) montre que le rac. fëm ou stëm réunissait en elle les idées à'htimidité, d'oh- samté^ de silence^ âHmmôbiUté. Au figuré elle rend aussi celle de tristesse.

4. RsiC. dhën. h&t.fënus; gr. ev-bY]via k côté d'ev-bevia {skr. dhâna).

5. Rac. sëd. Lat. sédes (ancien neutre en -as), sëdulus, sédare. Lit. sëdéu, sédëti. Je ne sais comment on explique le présent slave sfdq; l'infinitif fait sesti. Au degré 2 séd donne sôstas «siège» et non «sastas^. Semblablement on a en slave saditi «planter» et non ^soditi-». Le grec et le germanique ont toujours \'e bref. Il ne peut appartenir primitivement qu'à la forme faible. Got. sitan, gr. êZ!o|iai, ëbpa, ëboç icî.sëdes). Sur l'i de îbpùuj qui est important cf. p. 169.

6. Rac. stêg. Lat. têgula. Lit. stegiu et stôgas, non «stagas>. Il faut que CTtéTiu, tego^ tétoç etc., soient sortis secondairement, bien qu'à une époque très reculée, de la forme faible. De même tôga est nécessairement hystérogène.

7. Rac. sîvédh. Gr. »iôoç, parf. eïuiôa^ En latin, peut-être suësco et probablement sodés (pour *svëdes) qu'on a rattaché à rjO-eîoç (*r|ôe(T-io). La forme faible se trouve dans le got. sidus, le lat. sô-

��1. Qn a reconstruit nijoba» en supposant une action progressive du di- gamma sur l'o (Brugmann, Stud. IV 170). Le seul bon exemple qu'on ffùl citer pour une modification de ce genre, c'étaient les participes comme TcOvriôiTO. Cet exemple tombe, si l'on admet que l'iu est emprunté au nominatif Teôvridiç, ce qui est à présent l'opinion de M. Brugmann lui-même (K. Z. XXIV 80). A ce propos nous ne pouvons nous empêcher de manifester quelque scepticisme à l'égard des innombrables allongements tant régressifs que progressifs qu'on attribue au digamma. Peut-être ne trouverait-On pas un cas sur dix qui soutînt l'examen. Ici la voyelle est longue dès l'origine, par exemple dans kXôÎç, vriôç, f|oç, iKr\a, driëo|uai, <p&ea etc.; là il s'agit de l'allongement des composés comme dans laerriopoç; ailleurs c'est une diphtongue qui se résout comme dans r\{ij(; pour *ausôs, *auôs, *auwôs, *âwôs (cf. dor. éEiupdbia, irXriiuv venant de

  • èîovdbia, irXeiujv). Et comment explique-t-on que les mots comme yXukOç,

sauf éOç éf\oç, ne fassent que f^vjKéoç quand TOKeùç fait TOKfioç':* — Nous re- connaissons bien que certaines formes, p. ex. neipe de eïpuj, ne comportent jusqu'à présent que l'explication par le digamma.

�� � RACINES CONTENANT UN ê MÉDIAL. 159

dalis {*$vedalis), le gr. eùédtuKa. ëôoiv, lôerai (Hes.) doivent être sortis de l'aoriste, et ëôoç est fait sur ëôuj.

Le parfait grec |Lié|Liri^e indique une racine mël dont la forme faible a donné |LiéXuu etc. Si le |Lie)Liâ\ÔTaç de Pindare est authen- tique, l'S de cette forme se place à côté des cas comme f]pa dont nous avons parlé p. ISôg.

On constate parfois une variation de la qualité de l'a telle qu'elle apparaissait dans le v. h^-all. sfêm, luom, en regard du gr. 'iaxâiui, TÎ&nMi (P» 135). Gr. puJO|Liai «danser» comparable au norr. ras «danse etc.», gr. KéxXâba (et KaxXdZ;ui) en regard du got. grefa (v. Fritzsche, Sprachw.Abh. 51). On pourra citer aussi le lat. robur si, tout en adoptant le rapprochement de Kuhn avec skr. ^ràdhas, on maintient celui de rddhati avec got. reda, rairop. Cette même racine donne, au degré 2, le si. radû «soin», au degré faible le gr. èTTi-ppoôoç. En regard du gréco-it. plag le gotique a fleka. Toute- fois M.Bezzenberger prétend que le présent fleka n'est conservé nulle part et que rien n'empêche de rétablir ftoka (A-Reihe, p. 56 i. n.).

La troisième série ainsi que plusieurs exemples de la première nous montrent Ve répandu dans la forme faible même dans d'autres idiomes que le grec. C'est là, comme on se le rappelle, un fait qui paraît ne jamais se présenter à la fin des racines (p. 134), et un fait qui, peu important en apparence, jette en réalité quelque trouble dans la reconstruction du vocalisme des â. Il laisse planer un cer tain doute sur l'unité de composition des différents â longs euro- péens, et nous sommes obligés d'entrer dans la terre inconnue des langues ariennes sans que l'européen où nous puisons nos lumières ait entièrement confirmé l'hypothèse dont nous avons besoin. N'étaient les racines comme sëd sed, tout â long sanskrit répondant à un â long européen serait une preuve directe du phonème a. Nous re- viendrons sur ce point à la p. 164.

Langues ariennes.

I. Existence, à l'iutériear de certaines racines, de la dégradation â a constatée plas liant dans les langues d'Europe.

Pendant longtemps toutes les racines ariennes ou peu s'en faut paraissaient posséder l'échelle â a. Grâce aux travaux de M. Brug- mann la complète disparité de l'a de tâna (= gr. tôvoç) avec Va européen est désormais mise en évidence. Comment peut-on s'assurer que Va des exemples relatifs à notre question est bien un à long et non pas ag? Dans certains cas, il faut le reconnaître, les critères font

��I

�� � 160 LA DÉGRADATION & a DANS l' ARIEN.

défaut purement et simplement. Qui décidera par exemple de la valeur de l'a de çdli ou de râhû? D'autres fois, et particulièrement dans les trois cas suivants, on peut prouver que la longue est originaire.

1. f^'â se trouve devant un groupe de deux consonnes comme dans çdsmi qui ferait i<çâsmi», si l'a était ag.

2. L'a se trouve dans une formation où le témoignage des langues européennes joint à celui d'une grande majorité d'à brefs ariens interdit d'admettre «2- Ex.: kdçate au présent de la 1^ classe; rddhas, thème en -as (p. 119 et 122).

3. Il y a identité avec une forme européenne où apparaît l'a long. Ex.: skr. ndsâ = lat. nâsus.

En jugeant d'après ces indices on se trouve du reste d'accord avec les grammairiens hindous qui posent les racines çâs, kâç, râdh, et non cas, kaç, radh.

a) Le degré réduit présente^ a.

âmâ (= gr. djjLiôç): ànila.

âçn : âçri ; cf. gr. ùjkOç, ÔKpiç.

krdtnati «marcher» : krâmati est apparemment l'ancien aoriste. Du reste krâniana etc. montre que la forme faible s'est généralisée.

gdhate «se plonger»: gàhvard «profond».

ndsâ «nez» parallèlement à nàs, nàsta (id.).

pàgas ne signifiant pas seulement lumière, mais aussi force, im- pétuosité (B. R.), il est probable que le mot est identique, malgré tout, avec le gr. *7T(Îyoç dans eii-Trr|Tr|ç : pàgrâ qu'on traduit par dru, compact, offre la forme faible de la racine.

mddyati «s'enivrer»; mâdati, comme j^lus haut krâmati, s'annonce comme un ancien aoriste. L'a de mddyati ne s'accorde guère avec le présent en -ya et paraît être emprunté à une forme perdue *mddati.

vdçati «mugir»: vàçd «vache». Dans vâvaçre, vavaçânâ Va bref est sans valeur, cf. la note.

svddate «goûter», svddman, svâttd pour *svatfa: svâdati représente l'ancien aoriste.

hrddate «résonner»; hràdâ «lac» (cf. gr. KaxXà^uu qui se dit du bruit des vagues).

P) Le degré réduit présente î.

pla-ç-i nom d'un viscère: plî-h-ân «foie». Pour k et gh alternant de la sorte à la fin d'une racine cf. mak et magh p. 61.

1. Nous ne comptons pas les formes redoublées comme éàkaçUi de kâç, asisadhat de sâdh, hadbadhânâ de bàdh. Les a brefs de cette espèce sont dus à la recherche du rythme plutôt qu'à autre chose.

�� � LA DÉGRADATION à a DANS l'arIEN. 161

cas «gouverner». Le vocalisme de cette racine est presque in- tact. Nous allons confronter çâs avec dves comme plus haut Xâd avec (peux:

çdsH çismâs çisât çaçàsa çistâ çâstdr â-çj,s dvésti dvismâs dvisâti didvésa dvistâ dvestâr pati-dvls

Cependant l'analogie a déjà commencé son œuvre: le pluriel du parfait fait çaçâsus au lieu de '^çaçisus et le passif çâsydte pour *çïs- ydte. Bohtlingk-Roth citent le participe épique çâsta, et on a dans le Rig-Véda des formes comme çâste, çâsmahe.

sadh «réussir». Les formes sidhyati, siddhâ, sidhmd, sidhrà, nih- sidh^ ont dû être primitivement à sddhati, sddhistha etc. ce que çis est à çâs. Par analogie on créa sédhati^ sisédha, ce qui amena une scission entre les deux moitiés de la racine.

y) Le degré réduit présente à la fois a et t.

tdmyati «être affligé» (cf. mddyati p. 160), tàmrd «de couleur sombre» : timird «obscur», tîmyati «être humide, silencieux, immobile». La forme stimyati fait supposer que la racine est en réalité sfam. On trouve l'a par exemple dans tâmisrâ.

vdsas «vêtement»: vaste «se vêtir» — non pas *uste» comme on aurait si la racine était vas — , mais aussi d-vis-t-ita «revêtu» R. F. X 51,1; vesa et vestayati dans le sanskrit classique paraissent être nés comme sédhati de quelque phénomène d'analogie.

çâktd «maître», çdkman «force» ctTraS eîpr||névov védique: çàknôii «pouvoir», mais en même temps çikvd, çikvan, çikvas «habile>.

sddana synonyme de sddana «demeure»^, sâddd-yoni (véd.): sîddti (aussi sîdati) «s'asseoir» n'est pas pour 'isizdati» comme nous le disions par erreur à la p. 12^, et cela 1° parce qu'il faudrait dans ce cas «sîdati*, 2" par la raison péreraptoire que le zend a hibaiti et non «■htzhdaiti». Les autres formes, fortes et faibles, n'ont ni sud ni sîd, mais sâd.

II. La répartition des racines qni ont la dégradation â a est-elle la même dans les langues ariennes qu'en Europe?

Comme tout a et tout g européen suppose, d'après ce que nous avons vu, un I et un ô, la quantité de ces phonèmes est indifférente pour la recherche qui suit.

��1. Il va^ sans dire que s&dana dans le sens d'action de poser {sàdayati) ne peut pas être cité.

de Saussure, Oeuvres. 11

�� � 162 l'ô long arien comparé à iM long européen.

Parmi les exemples ariens nous ne croyons pas devoir omettre les racines telles que âj) qui ont supprimé la dégradation en géné- ralisant la forme forte.

1. L'européen présente a (au degré réduit, a).

Skr. àp," âpnôti, âptâ: lat. apiscor, aptus. — Skr. âmd à côté de amla: gr. ibjuôç, lat. amarus. — Skr. âçû à côté de àçri: gr. duKÛç, ÔKpiç. — Skr. kâsate «tousser>: lit. kôsu^ v. h^'-all. huosto. — Skr. gâhate (cf. p. 160): gr. pfjŒcra. — Skr. pdgas: gr, eù-TTr|P1Ç, P- 160.

— Skr. nàsâ à côté de nâs: lat. nâsus, lit. tiôsis, si. nosù. — Skr. màâyati: lat.madeo, gr. |na5duj. — Zend yâçti: gr. ÎUJCT, lo<J (p. 144), si. jas, lit. jûs. — Skr. vdçati: lat. vacca. — Skr. çdsH: lat. casfus, cnstigare^, Casmenae; gr. kôo"|lioç; got. hazjan. — Skr. svddate: gr. cr/ab.

— Skr. hdsate «jouter à la course» (B. R.): gr. xiÂ^OjLiai (?).

2. L'européen présente é.

Skr. krdmati: gr. Kpri|n (p. 158). — Skr. tdmyati, tâmrâ: europ. têm (p. 158). — Skr. ddsati «poursuivre»: gr. br\{u. — Skr. rddhaii «faire réussir», rddhas «richesse»: got. redan «délibérer», peut-être aussi lat. rôbur (cf. p. 159). — Skr. râg rdgati «briller»: grec priT «teindre» (p, 156). — Zend râm dans ramôibwem «vous reposeriez»: europ. rëm (p. 156). — Skr. vd sas (p. 162): l'absence assez singulière du degré Jx)a dans les formes grecques fait soupçonner que la racine est /ii(J. — Skr. sddana etc. (p. 161): europ. sëd (p. 158). — Skr. hrddate: europ. ghred, ghrâd (p. 159).

A cette liste il faut ajouter skr. hcihû = gr. irdxuç, skr. sâm! = europ. sënii, skr. rdg = lat. rëx, got. reiks, irland. rt. Isolés et déjiourvus de formes faibles, ces mots sont difficiles lY classer.

La valeur des coïncidences énumérées est rehaussée par ce fait que la dégradation indienne a a, ou plus généralement l'a long, ne se présente jamais, que nous sachions, quand l'européen offre un type comme pet^.

��1. Frôhde, K. Z. XXIII 310. Ajoutons pro-ceres pour *pro-cases = skr. praçisas «les ordres», de même qu'en Crète kôomoi signifie les magistrats.

2. Le rapprochement du got. ntpan avec le skr. nàthitâ «inops» n'est rien moins que satisfaisant. Quant à hhrdyati en regard du gr. qpXéyuj, le lat. ftagrare aveitit par son a que la racine est bhlëg et que l'e de qjX^TUJ est de même nature que dans ëZ^Ofjai de séd. Pour le lat. decus en re^'ard du skr. dâçati, l'o des mots grecs bÔYiaa, béboKTOi (cf. p. 123) nous rend le même ser- vice. I^a racine est deok: béboKTai est à *dêcus (converti en decus) ce que im- ppoOoç est au got. reda (p. 159). — On trouve dans le Rig-Véda un mot hhârnian de la racine qui est en Europe bhet-. L'allongement aura été ja-ovo-

�� � I,'â LONG ARIEN COMPARÉ À l'<Î LONG EUROPÉEN. 163

La réciproque, comme on va le voir, serait moins vraie. Nous rappelons que toute racine européenne montrant quelque part a doit être considérée comme possédant la dégradation â a.

âgati cf. gr. dxuj, àYéo|aai; gâdati cf. gr. pdZiuj, irland. guidiu ro- gdd; hhâgafi cf. gr. cpayeiv; yâgafi cf. gr. dZiojuai; râdati cf. lat. rddo] labhati cf. gr. Xàqp Xa^eiv; vâtati cf. lat. vâtes; sthagati cf. europ. stèg (p. 158). Rien, ni dans la formation des temps ni dans celle des mots, ne trahit une différence quelconque entre ces verbes et les exemples comme pdtati = lat. peto.

Ce fait, s'il n'est pas précisément des plus favorables à l'hypo- "thèse du phonème a, est cependant bien loin de la menacer sérieu- sement. Reprenons le présent svddate cité précédemment. Ce pré- sent est accompagné d'une seconde forme, svâdati. Si l'on compare le grec d6o)aai, aoriste e-uabo-v, on conviendra qu'il y a neuf pro- babilités sur dix pour que svâdati représente sinon l'ancien aoriste, du moins un présent originairement oxyton swadâ-ti. L'accent, en sanskrit, a été attiré sur la racine par Va qui s'y trouvait, phéno- mène que nous constaterons encore plus d'une fois. Aucun présent indien en a n'a le ton sur le suffixe quand il y a un a dans la racine. V. Delbriick, Altind. Verh. 138 et 145 seq. S'appuyer ici sur l'accen- tuation serait donc récuser d'avance tous les autres arguments et supprimer la discussion^.

Qu'on se figure le présent svddate tombé en désuétude, svâdati survivant seul, et l'on aura à peu près l'état de choses qu'offrent actuellement âgati, gâdati etc. Les formes comme svddman n'auraient pas tardé en effet à suivre le présent dans sa ruine.

Cette explication est la même que celle que nous avons tentée (p. 151 seq.) pour les présents comme got. saka, gr. |Lidxo|Ltai. Seule- ment l'arien, n'étant plus comme les langues européennes retenu et guidé par la différence des sons e et a, pousse plus loin qu'elles l'assimilation de nos verbes à ceux du type paît. Au parfait par exemple la 1* pers. babhâga {à côté de babhdga) et la 2' babhàktha (à côté de bhegitha) ne sauraient se ramener à bhAg. Ces formes ont subi le métaplasme. La 3® pers. babhdga peut passer pour originaire et se comparer directement au grec TéôiWYC, au got. sok.

��que par le groupe consonantique qui suit, comme il faut l'admettre, je pense, pour hardi «cœur», pdrsni cf. Tttépva, mamsâ = got. mitnza-.

1. Les jirésents où nous restituons a ne sont pas les seuls où l'accent doit avoir subi ce déplacement: dàçati de la rac. daniç est forcément pour

  • <l(iÇ(Ui, *{inçâii (cf. baKeîv).

Il»

�� � 164 i/rt LONG ARIEN. — hH DE pitar.

Les coïncidences que nous avons vues entre les a longs ariens et européens permettent-elles de tirer quelque conséquence touchant les a proethniques? Si les malencontreuses racines européennes comme sëd sed ne venaient à la traverse, nous aurions dans les cas comme svâdate = âbo|Liai comparés à pdtati = peto la preuve pure et simple que la dégradation indo-européenne a a est liée au pho- nème A, et que ce phonème a de tout temps différé de a^. Dans l'état réel des choses, nous devons renoncer à cet argument.

Cependant c'est ici le lieu de faire remarquer que la coïncidence a lieu en grand pour toute la classe des racines finissant par à. La nécessité de l'^ long aux formes non affaiblies de ces racines (dont nous avons parlé p, 128 seq.) est la même pour V arien que x>our l'européen. 11 n'y a point de racine en à. Ce fait, si on le compare à tout ce que nous savons de l'organisme des racines, démontre que l'a indo- européen est une combinaison de % avec un second phonème. 11 ne contient cependant pas la preuve que ce second phonème fût telle et telle voyelle (a, o).

III. Le vocalisme des formes faibles, dans les exemples de la dé- gradation â a, et les données qu'il fournit sur les a indo-européens.

M. Brugmann a consacré quelques lignes auxquelles nous fai- sions allusion à la p. 6, à la question des a proethniques autres que «1 et «2- 11 cite comme exemple d'un de ces a la voyelle radicale de pitàr — irairip — pater et de sthitd — CTTaiôç — status. Car autrement, dit-il, ces formes comparées à padâs — *7Te5ôç — j^^^i^^ seraient absolument incompréhensibles. Il va sans dire, d'après tout ce qui précède, que nous nous joignons sans réserves, pour le fond de la question, à cette opinion du savant linguiste. Seulement nous ne comprenons pas bien le rôle que joue dans son raisonnement IV indien de pitâr, sthitd. 11 n'a pu entrer dans la pensée de l'auteur de dire que parce que Vi indien de pitdr, sthitd, diffère de l'a indien de padâs, ces phonèmes ont dû différer de tout temps. Ce qui est sous-entendu, c'est donc que Vi en question répond toujours à un a européen. On aurait attendu alors une explication, si courte et de quelque nature qu'elle fût, relativement aux cas comme ôeiôç — hitd^.

La véritable signification de Vi arien dont il s'agit ne se révèle, croyons-nous, que dans les formes énumérées plus haut (p. 160 seq.)

��1. M, Bragmann la donne peut-être indirectement en émettant la pré- somption que les phonèmes «, et Oj ne terminent jamais la racine.

�� � SIGNIFICATION DE I,'î ARIEN POUR a. 165

OÙ l'ï se trouve à Vintérieur de la racine. On peut joindre aux exemples donnés çikafe «tomber par gouttes», dont la forme forte est dans le grec KriKiui, et khiddti «presser», khidrd, khidvas, qui, ainsi que l'a reconnu Grassmann, sont parents du gr. Kabiu. L'e de khédâ «mar- teau» et de vikhéda n'est point originaire, puisqu'on a en même temps éakhdda, parfait védique donné par Pànini.

Tous ces exemples de Vî ont ceci de commun et de caracté- ristique qu'ils correspondent à un â long des formes fortes. Les racines sans dégradation, comme tap tâpati ou pac pâcati, placées dans les mêmes conditions d'accent, ne convertiront jamais leur a en i^. Si elles ne peuvent l'expulser, elles le garderont toujours tel quel: faptâ, pdkti etc.

Si l'on considère de plus que tout î placé à la fin d'une racine est accompagné d'un â dans la forme forte, qu'il en est de même, en dehors de la racine, dans lés formes de la 9* classe verbale comme ppmnds en regard de prnàti, on arrivera à cette notion, que l'I arien pour a suppose un a long dans les formes non af- faiblies AUSSI nécessairement que le véritable i suppose ai ou que r suppose ar.

Or la réduction de l'a long, pour désigner ainsi le phénomène en faisant abstraction de toute reconstruction théorique, ce fait qui est la condition même de l'î arien, ce fait appartient à l'histoire de la langue mère, non à l'histoire de la période indo-iranienne; la comparaison des langues d'Occident l'a suffisamment établi. Il est clair par conséquent que le germe de l'ï est indo-européen. Le vocalisme arien accuse une différence de qualité entre les a proethniques sortis de â, ou du moins certains d'entre eux, et les a proethniques non sortis de â.

Cette définition a sorti d'un â long convient admirablement aux phonèmes a et ^ des langues européennes. L'î arien serait-il donc purement et simplement le représentant de ces phonèmes? Nulle- ment. Cette thèse serait insoutenable. Dans la majorité des cas a et 9 sont rendus par a, comme nous l'avons vu au chapitre IV et tout à l'heure encore où il était question des formes bhàgati, râdati etc. opposées à (payeiv, râdo etc. Entre les cas même où le sans- krit conserve la dégradation, il en est bon nombre, nous l'avons cons-

��1. Ni les aoriste^ comme âji^at ni les désidératifs tels que pita de pat ne sauraient infirmer cette règle. La valeur de IV des aoristes est nulle puiscju'il apparaît même à la place d'un u {nubyigat), et les désidératifs doivent peut-être le leur à un ancien redoublement.

�� � - 166 a INDIEN = î DE pitàv ACCENTUÉ.

taté, dont la voyelle est a aux formes faibles, p. ex, svddate, svîvJati. Ce n'est pas qu'on ne doive présumer que le même phonème d'où, avec le concours de certains facteurs, résulte un ï n'ait pu prendre, sous d'autres influences, une route divergente. Nous ne doutons même pas que dans les formes où ce phonème a été placé dès l'origine sous la tonique il n'ait produit a au lieu de î. Voici les exemples qui paraissent le prouver. A côté des cas obliques comme niçâs «noctis» il existe une forme védique nâk {== *nâks, cf. drak- syâti de darç etc.) qui, ainsi que le fait remarquer M. Brugmann («Sf^rf. 1X395), est le propre nominatif de niçâs. Le phonème destiné à devenir i dans la syllabe non accentuée a donné a sous l'accent^. — Tout porte à croire que la seconde partie de catânras est iden- tique avec tisrâs, zd. tisaro^. Le prototype de Vi de tisrâs s'est donc épanoui en a sous l'accent. — Peut-être enfin que l'a de madhu-pà • (le type soma-pd est le plus commun, il est vrai, dans la langue védique) n'est dû ni à l'analogie de la déclinaison thématique ni à un suffixe -a, mais qu'il est tout simplement l'équivalent accentué de Vi de pï-tâ. La formation non védique ^ala-pî, faisant à l'in- strumental gala-py-â, est en tous cas hystérogène.

L'influence de l'accent qu'on remarque dans les cas précités ne doit cependant point faire espérer de résoudre le problème en disant que l'a radical de svâdati résulte de l'innovation qui a amené la tonique sur la racine (p. 163) et qu'autrement on aurait «svidâli^^ comme on a Ichiddti, çisât. On ne comprend en effet ce retrait de l'accent qu'en admettant que la racine possédait déjà un a bien caractérisé. Mais voulût-on même recourir à une hypothèse de ce genre, il resterait à rendre compte d'une infinité de formes accentuées sur le suffixfî. En expliquant bhdgati, mddati, âgati, on n'aurait point

��1. M. Brugmann cite nâk niçâs pour corroborer son opinion relative à la déclinaison de fc, pfc etc. où il pense qu'il y a eu autrefois des formes fortes. Mais tant qu'on n'en aura pas l'indice positif, nous nous autoriserons au contraire des nominatifs fk, pfk etc. pour dire que nâk est forme faible à l'égal de niç- âs. La forme non affaiblie de ce thème ne pourrait être que nàç-.

2. Les nominatifs anciens étaient *fisâras (zd. tisarô) et *c(itâsarns (forme que Grassmann croit pouvoir rétablir dans un passage du Rig-Véda), mais cela ne change rien .i l'accentuation. — Pour l'identité de la fin de *éatàsnras avec tisâras on peut remarquer que le premier élément de *catâsaras se retrouve h son tour dans la 2e moitié de 2>ânca.

3. Cette forme est doublement fictive, car le son qui a donné î se fond avec les sonantes qui précèdent en une voyelle longue (v. chap. VI). Nous de- vrions donc écrire, pour être exact, ««ûrfrftt».

�� � l'I arien provient d'une ancienne altération de a. 167

encore expliqué bhaktd, mculird, agi, ni d'autres formes plus isolées montrant également a dans les langues d'Europe, comme pagrd^ hhadrà (cf. got. batists, hotjan etc.), çaphâ (cf. norr. hôfr)^ maghd (v. p. 61), çdçadmahe = KeKâa}xç.^a etc.

On est donc amené h conclure à la diversité, sinon tout à fait originaire, du moins proethnique du phonème a et de la voyelle qui a donné 1'? indo-iranien. Nous croyons que cette voyelle était une espèce d'e imief, provenant de l'altération des phonèmes a et o. L'altération, à en juger par le sanskrit (p. 141), avait été générale à la fin des racines, partielle dans les racines finissant par une consonne. Ceci peut tenir à la manière dont les syllabes étaient séparées dans la prononciation.

Que cette voyelle indéterminée soit une dégénérescence des vo- yelles A et — nous ajoutons par hypothèse: seulement de ces vo- yelles — et non pas, comme on pourrait croire, un phonème distinct de tout autre dès l'origine, c'est ce qui ressort des considérations suivantes.

1" S'il y a une raison quelconque d'admettre à l'intérieur des rdcines un phonème a parallèle à i, n, r, etc., il serait invraisemblable et absolument arbitraire de prétendre que le même phonème n'ait jamais pu terminer la racine. Or le sanskrit montre que la voyelle dégradée existait dans toutes les formes faibles des racines en a. Il devient donc évident que dans certains cas, si ce n'est dans tous, elle est la transformation secondaire d'un a (ou d'un o).

2** Dire que la voyelle faible proethnique d'où dérive ïi de sthità, çistd, n'sk point été d'abord une voyelle pleine serait renoncer à expliquer l'a de sthàman, çdsti, dont elle forme la seconde partie.

Cette voyelle, disons-nous, devait être très faible. On aurait peine à comprendre autrement comment dans plusieurs langues différentes elle tend à être supprimée. On a en sanskrit les formes comme da-d-mds, da-dh-mds, d-ita, vâsu-tti, ava-tta (de dâ partager). Le paléosl. damû, da-s-te etc. s'explique de même (pour le redouble- ment V. § 13 fin). Le pluriel et le duel du prétérit gotique faible ■dedum etc., où la rac. dhê est fléchie, croyons-nous, à l'imparfait, rendent le même témoignage. En latin pestis est suivant Corssen pour *per d-tis. Nous rappelons aussi l'ombr, tedtu. Tout indique encore que \'i de sthifd, pitàr est identique avec \'i de duhitàr et d'autres formes du même genre (cf.le chap.VI). Or en slave et en germanique dûsti, dauhtar, montrent que la voyelle en question a disparu, absolument comme dans da-s-te, de-d-um. — Enfin la pro-

�� � 168 DIFFÉRKNTS PRODUITS DE LA VOYELLE INDÉTERMINÉE.

nonciation indéterminée de cette voyelle se manifeste encore par le fait qu'elle s'absorbe dans les sonantes qui la précèdent. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette particularité. Le participe de çra par exemple, donne, au lieu de «çritâ» (gî. sthitd de stha), çlrtâ = '"çffd.

Nous désignerons la voyelle indéterminée par un "^ placé au- dessus de la ligne.

En Europe cette voyelle incolore, quand elle n'a pas disparu, s'est confondue le plus souvent avec les phonèmes a et o dont elle était sortie. Nous sommes obligé de prendre plusieurs de nos exemples dans les cas mentionnés ci-dessus où une voyelle apparaît à la suite de la racine comme dans duhitâr. La valeur de cette voyelle ne diffère point de celle qui est dans sthitâ.

La continuation latine est en général: a dans la première syl- labe des mots, e ou i dans la seconde. Exemples: castus (= skr. çistâ), pater, status, satus, catus, datus^; — gen'ito)', genetrix, janitrices, umhilicus. Le mot lien = skr. pUhdn offre i dans la 1* syllabe. En revanche a7iàt- «canard» montre a dans la seconde.

En germanique on trouve a (parfois u) dans la V syllabe, et suppression de la voyelle dans la "2® syllabe. Exemples : /a(/ar, dauhtar. Le v. h*-all. anud «canard» retient la voyelle dans la 2" syllabe et lui donne la couleur u.

Le letto-slave offre un e dans le paléosl. slezena = skr. plîhdn, et le même e se retrouve dans la désinence du génitif: matere, gr. ILirirpôç. Voy. ci-dessous ce qui est relatif h pâtyus. Dans la seconde syllabe nous trouvons la voyelle supprimée: si. dûsti, lit. dukte; bI. qty, lit. antîs, GÎ. lat. anat-; lit. arWas «charrue» comparé à dpoipov, irklas «rame», cf. skr. arîtra.

En grec les formes comme èpe-T)iiôv, Képa-|Lioç, dpo-ipov, àpi- ô|uôç indiquent que la voyelle muette peut prendre quatre couleurs différentes, sans qu'on voie du reste ce qui détermine l'une d'elles plutôt que l'autre.

Il devient donc possible d'identifier l'e de éiôç avec Va du lat. satus. Dans éiôç de i^, ôôioç de 5ui et (TTaiôç de CTâ nous ad- mettrions que le souvenir des formes fortes imposa dans chaque cas la direction que devait prendre la voyelle indéterminée. Ainsi l'a et i'o de la fin des racines ne seraient point comme ailleurs les

1. 11 nous semble, d'après tout ce qui précède, qu'il faut expliquer datiis, catus en regard de dôs, côs (comme satus en regard de sêtnen) au moyen de la voyelle indéterminée. Le mot notes comporte la même supposition, si l'on juge I'o de vôaqpi de la même manière que I'o de boTÔç (v. plus bas).

�� � ANOMALIES. 169

représentants directs de a et Ç, Us seraient issus du son -^ affai- blissement proethnique de ces phonèmes. Libre de toute influence, la voyelle -' semble avoir incliné vers l'a. C'est ce qu'indiquent TraiTip, duTÛTrip, ô|ii(paX6ç = nobhilâ, airXdTXV-o-v cf. iMhàn, KÎpvajuev en regard de ijpnmàs, puis quelques formes isolées comme irpôpaTOV, TTpôpacJiç, PacriXeùç parallèlement à pôaKUu, PoTrjp de puj. L'i se trouve dans tti-vu), Trirrî-ffKUJ.

Plusieurs exemples, à l'intérieur des racines, rappellent les doublets de formes faibles indiennes comme çik et çak de çâfc, vis et vas de vas. En grec on a de kuutt (Kiucpôç) KàîTuuv et kôtttu). L'a de KaTTUJV paraît représenter la voyelle faible; l'o de kôtttuu est o. En gotique on a de slâh (parf. sloh) le partie, slauhans et le présent slaha.

On peut citer encore comme exemples de la voyelle faible médiale, grec ëxpaYOV de TpuuY, got. hrukans où le groupe ru répond au ra de fractus et de paxfivai {rac.hhrëg). V.p. 157. L'i représente la même voyelle dans îbpûu) (cf. skr. sïd), dans kîkuç «force» que M. Fick rapproche du skr. çak, çik.

Dans deux exemples seulement Vi indien semble être rendu directement par l'o grec : box^iôç qui correspond à gihmâ et kÔ(T|lioç en regard du skr. çis. Est-il permis de comparer kitavà «joueur» et KÔTTaPoç? Cf. ion. ÔTiaPoç. 11 serait possible aussi que la voyelle de VUKT-, noct- répondit exactement à celle de niç-.

Dans quelques cas le sanskrit offre un u à la place de l'i; gûdà «intestin», cf. YÔ6a ' ëvxepa. MaKebôveç; uâdra «ventre», cf. ôbepoç' YacTTrip; su-tûka «rapide» de tak (cf. xaxûç); vdruna, cf. oùpa-vôç. Le cas le plus important est celui de la désinence du génitif. Nous croyons que pdtyns est identique avec ttôcTioç; voy. p. 183.

Avant de finir, nous ne voulons pas omettre de mentionner différentes formes indo-européennes qui sont en désaccord avec la théorie proposée. Peut-être sont-ce des fruits de l'analogie proethnique. Indo-eur. swâdû en regard de prthû etc. (p. 15,24). Indo-eur. âstai (skr. dste, gr. rjcTiai) au lieu de Astai. Indo-eur. Ak^man «rocher» à la place de Aknian, Ayas «ses» et non Ayas (p. 147). Il est fort singulier aussi de trouver de la rac. sud skr. sâdas = gr. é'boç, de la rac. tâm skr. tâtnas = lat. *tetnus dans temere, de la rac. dak^ lat. decus = skr. *dâças dans daçasydti, toutes formations qu'il nous est impossible de regarder comme légitimes. Voici un cas bien frap- pant: en regard du v. h^-all. uoba on a, très régulièrement, en sans-

�� � 170 RACINES DU TYPE Ar ET FAUSSES RACINES DU TYPE SArp.

krit àpas «acte religieux», en zend hvâpanh (Fick 1^ 16), mais en même temps skr. âpas, lat. opus, inexplicables l'un et l'autre.

Pour que le phonème a remplît un rôle morphologique parfai- tement identique avec celui de i ou u, il faudrait, en vertu du même principe qui ne permet point de racines finissant par w, ir etc. (p. 118), qu'aucune racine ne montrât a suivi d'une sonante. Mais ici semble cesser le parallélisme de a avec les autres coefficients sonan- tiques, parallélisme qui du reste, considéré au point de vue physio- logique, est assez énigmatique.

Voici quelques-unes des racines où nous devons admettre, pro- visoirement du moins, le groupe a -\- sonante. Rac. Âr (soit a^^r) «labourer», ÂR àpapîaKUJ, Âl «nourrir» (got. ala ol), An «souffler» (got. ana on), llu «gagner» (àTro-Xaûuu, Xrjîç, si. lovii). Tve grec offre entre autres: 0âX ôaWuj, xé^âXa, ôâXéuu; — Hâv Haivuu, èiri-Hriyov; — TTâp TraOpoç, TTCtpoç, nripôç et avec Â^ (TaXaî-)TTUjpoç, cf. p, 57; — côtp (Jaîpiu, aécTâpa, ceaapuîa et (Tuipôç; — CKâX (JKaXXuu, (TKubXriH; — Yâu Y(ï(/')iuj, Yi^ûpoç, YéTn(^O^ci; — ^âu ba(/')îuj, bébr|(/')a, bebôcuîa (dans Nonnus d'après Veitch); — kœu Ka(^)îu), lKr]'f)a^; — kXôu kXûÎç et avec Â^ kXouPôç (Grdz. 572); — qpôiu (rac. secondaire) tti- qpSù(TKUJ, (p3é(/')ea; — XÇ>S.u xp&vvj, Zia-xPinÇ- A la p. 54 sont réunis plusieurs exemples gréço-italiques de ce genre. Une partie de ces racines sont indubitablement hystérogènes. Ainsi |uaivo|aai vient vraisemblablement de )aev comme Kaîviu de Kev (p. 97); plus tard l'a donna lieu à une méprise, et Ton forma |iié|Linva, )Linviç, |iiâvTiç. L'o du lat. doleo indique également que l'a de bàXXei" KttKOupYeî n'est point originaire (cf. p. 101), et cependant l'on a bâXéo|iai.

A cette famille de racines se joignent les exemples comme krëm, mèl (p. 156 seq.).

C'est une conséquence directe de la théorie et une conséquence pleinement confirmée par l'observation que l'a (a) des diphtongues Ai et AU ne puisse être expulsé. On pourrait objecter le lat. miser à côté de tnaereo, mais maereo est apparemment pour moereo de même que paenitet (Corssen P 327) est pour poenitef.

Les racines qu'on abstrait de forn>es comme le lat. sarpo ou taedet sont incompatibles avec notre théorie. La voyelle des racines

��1. Ucjiï à la p. l.*)Si nous avons eu l'occasion de contester que Vr] de ëKria vint du digumina: l-Kr\,f-a est à keati ce que l-oOiv-a est à seu. La flexion idéale serait ?Kria, *?Kâu|uiev, *?KctuTO, cf. laaeua, *laau\ii.v, Ioouto (p. 21, 1.38).

�� � FAUSSES BACIÎJES OU TYPE SAiy. 171

étant toujours e, jamais a, il faudrait poser pour racines sem-p teaid, soit sârp taid. Or on ne trouve pas d'à long dans les groupes radicaux de cette espèce.

Mais quelles garanties a-t-on de l'ancienneté de ces radicaux? Les racines telles que derk ou weid peuvent le plus souvent se suivre facilement jusque dans la période indo-européenne. Dès qu'il s'agit des types sarp et taidy c'est à peine si l'on recueille une ou deux coïncidences entre le grec et le latin, entre le slave et le germanique. Des 22 verbes gotiques qui suivent Vahlaut falpa faifaip^ ou Imita haihait, et dont la partie radicale finit par une consonne, 6 se re- trouvent dans une des langues congénères, mais sur ce nombre salta = lat. sallo est notoirement hystérogène; fâha, si on le compare à pango, ne doit sa nasale qu'au suffixe; hâha de même; il est com- paré à la p. 56 avec le lat. cancelli et le skr. hanéate, mais KttKaXov et le skr. kâi'ana «attache> ne connaissent point de nasale: auka enfin rentre dans un cas particulier dont il sera question ci-dessous. En réalité il n'existe donc que deux cas, valda = si. vladq^ skaida = , lat. caedo. On remarque bien que la coïncidence, dans ces deux cas, ne dépasse pas les idiomes des plus rapprochés*. Ces fausses racines pouvaient prendre naissance de manières très diverses: l*' Par l'ad- dition de déterminatifs à la forme faible des racines comme âl et gau. Ainsi le got. aipa est une continuation de ala, le lat. gaudeo est du consentement de tous une greffe tardive de gau. 2^ Par in- fection nasale venant du suffixe du présent. S^ Par propagation de la forme faible dans les racines contenant r, l, m, m. Ainsi naît le grec dapa (p. 122), ainsi \e ^técxi-ii. phark {farcio — q)pct(TcriJU, cî.fre- quens), car même en latin ar est dans plusieurs cas un affaiblisse- ment; V. le chap.VI. 4^ Par la combinaison des procès let3; ex.: spar-g-o de sper ((TTTeipu)). 5" Par la propagation de formes conte- nant fl2- S'il 63t vrai par exemple que le got. Manda soit parent

��1. Nous ne trouvons que 3 exemples qui puissent à la rigueur prétendre à un âge plus respectable: 1" Lat. laedo, cf. skr. srédhati. Comme toutes les formes parentes montrent e (v. p. 71), ce rapprochement ne peut être maintenu qu'à condition d admettre une perlurl)alion du vocalisme dans la forme latine, li" Gr. aauoapôç, cf. skr. çûsijciti. Nous n'attaquons pas ce j)arallèle; nous ne nous charj?eons pas non plus d'expli(juer l'a du grec, mais il faut tenir compte de \'e du v. ht-all. siurrn «gale», v. Fick IIF 327. L'a du lit. musas (cf. p. fi6) peut se ramener à volonté à e, o.^ ou a. 3" Lat. candeo, gr. Kctvbapoç, cf. skr. candrd. Ce dernier cas est un peu plus redoutable que le deux premiers. Cependant le groupe ati peut, ici encore, provenir d'un affaiblissement tel (|ue ceux dont nous parlerons au chap. VI.

�� � 172 TYPES TRINCIPAUX DES RACINES INDO-EUROPÉENNES.

de blinda- «aveugle», il faut qu'une confusion ait été occasionnée, à l'époque où la réduplication subsistait partout, par le parf. bebland du présent perdu '■'blinda. Cette forme s'associant à fefaip etc., était capable de produire Manda.

Les remarques qui précèdent ne s'appliquent pas aux racines où l'a est initial comme aidh, aiig, a^igh, arg, dont on ne saurait contester la haute antiquité. Mais ces racines n'en sont pas moins dues à des modifications secondaires. Comme nous essayons de l'établir au chap. VI, elles sont issues de racines contenant \'e. Par exemple le thème aus-os «aurore» et toute la racine ans procèdent de la racine wes, angh procède de negh etc.

��On ne trouve pas de racines terminées vocaliquement et dont le vocalisme consisterait uniquement dans a^, comme serait «s/a^» ou «■pa^'». A la rigueur les présents sanskrits comme ti-stha-ti, pi-ba-ti, pour- raient passer pour contenir de telles racines. Il faudrait attribuer à ces formes une antiquité énorme, car ce serait y voir la base, in- saisissable partout ailleurs, de racines comme sfa^-^, pa^-Q (gr. aiôt, TTUJ; skr. sthâ-târ, pâ-tdr). Mais il est bien plus admissible de dire tout simplement que ces formes sont dues à l'analogie des verbes thématiques, et que ï-(TTôi-Ti est plus vieux que tî-stha-ti.

Appelons Z tout phonème autre que a^ et a^. On pourra poser cette loi^: chaque racine contient le groupe % H- Z.

Seconde loi : sauf des cas isolés, si aj est suivi de deux élé- ments, le premier est toujours une sonante, le second toujours une consonne.

Exception. Les sonantes a et (? peuvent être suivies d'une se- conde sonante.

Pour donner des formules aux différents types de racines que permettent ces deux lois, appelons S les sonantes i, u, n, m, r(l), A, o, et désignons par C les consonnes par opposition à sonantes. Comme ce qui vient après a^ forme la partie la plus caractéristique de la racine, il est permis de négliger les différentes combinaisons aux- quelles les phonèmes qui précèdent a^ donneraient lieu. Ainsi a^i, ka^i, ska^i, rentreront pour nous dans le même type, et il suffira

��1, H faut avertir le lecteur que nous restituons «, par hypothèse à certaines racines telles que pu «pourrir» qui ne le montrent plus nulle part et que nous considérons de plus près au chap. VI.

�� � FORMES DES SUFFIXES, ETC. 173

d'indiquer par x Z placé entre crochets qu'il peut y avoir différents éléments avant Uy. Ces formules ne comprennent que le premier grand embranchement de racines, mais conservent leur raison d'être dans le second, dont nous parlerons au § 14.

V' type: [x Z +] a^ + Z.

2« type: [x Z +] a^ + S + C. Type résultant de l'exception à la seconde loi:

[x Z +] a, 4- A (o) + S.

§ 12. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées par la flexion.

REMARQUES PRÉLIMINAIRES.

1. Forme des suffixes.

Nous ne considérons qvie les suffixes primaires.

Tva loi fondamentale des racines était de renfermer le groupe a^ -\- Z. Une loi analogue, mais plus large, régit les syllabes suffi- xales: tout suffixe contient a^.

Exception. Le suffixe du participe présent actif -ni ne possède pas a^. Les formes dont l'analyse est douteuse cachent peut-être d'autres ex- ceptions, dont on ne peut tenir compte.

Les suffixes se divisent en deux grandes classes, selon que a^ est suivi ou non d'un phonème.

Dans le premier cas la formule coïncide avec celles des syllabes radicales. Les principaux suffixes de cette classe sont -«!«, -ma^n, -tcain, -aytri, -a^r, -ta^r, -a^s, -ya^s, -wa^s, -ayi, -ta^i^ -na^i, -n^a, -ta^u, -na^u, -ya^A etc. Un thème tel que sa^f-tna^n ou ma^A-ta^r est une combinaison de deux cellules parfaitement semblables l'une à l'autre. — Toutefois le parallélisme de ces suffixes avec les racines n'est pas absolu. Il est restreint par une loi qui exclut des suffixes presque tout autre phonème que <, s, et les sonantes.

La deuxième classe de suffixes est celle qui finit par a-^ (lequel alterne comme ailleurs avec ag)- ^^ ^^^^ entre autres les suffixes -«1, -ta^, -nai^i -wa,, -ya^, -wui, -rai.

2. Qu'est-ce qu'on peut appeler les variations vocaliques amenées par la

flexion ? Les deux seules modifications que puisse subir la racine, l'ex- pulsion de tti et son changement en «2, sont aussi les deux seules modifications dont les suffixes soient susceptibles.

�� � 174 DÉFINITION DU SUJET DU § 12.

Les variations proethniques du vocalisme, si l'on en fait le total, se composent donc: l** des cas d'expulsion et de transformation de l'ai radical; 2° des cas d'expulsion et de transformation de l'aj suf fixai.

Mais pour saisir les phénomènes dans leur lien intérieur, la classification des syllabes en syllabes radicales et syllabes suffixales ne convient pas. Il y faut substituer la division en syllabes ou cellules présuffixales et prédésinentielles.

Les syllabes présuffixales sont celles qui précèdent immédiate- ment un suffixe. Il s'entend de soi-même que, dans le mot pri- maire, ce ne peuvent jamais être que des racines.

Les syllabes prédésinentielles comprennent: 1" les racines sans suffixe; 2" les suffixes.

Si le terme de syllabe n'était ici plus ou moins consacré par l'usage, nous lui préférerions beaucoup celui de cellule ou d'unité mor- phologique, car un grand nombre de racines et de suffixes — p. ex. sta^A-, pa-jA- (§ 14), -ya^A, peut-être aussi ka^i-, -na^u etc. — sont disyllabiques. Définissons donc bien ce que nous entendons par «syllabe» ou cellule: groupe de phonèmes ayant, à l'état non affaibli, le même a^ pour centre naturel.

Nous nous proposons d'étudier les variations vocaliques du mot primaire (expulsions et transformations de l'a) qui sont en rapport avec la flexion. Ce sujet ne touche, sauf une exception douteuse (p. 207), à aucune des modifications que subissent les syllabes pré- suffixales; il embrasse en revanche la presque totalité de celles qui s'accomplissent dans les syllabes prédésinentielles.

Nous ne disons pas la totalité, parce que dans certains thèmes- racines tels que skr. mfdh ou {açva-)yûg on constate un affaiblisse- ment persistant à tous les cas de la déclinaison. Apparemment cet affaiblissement ne dépend pas de la flexion.

Le principe du changement de Va^ en ag étant presque aussi mal connu pour les syllabes prédésinentielles que pour d'autres, on ne saurait affirmer que ce changement dépend de la flexion avec une sécurité aussi grande que pour le second genre de modifications, l'expulsion de l'a. Néanmoins l'alternance (^u'on observe entre les deux a, alternance qui se dirige sur celle des désinences, nous a déterminé à ranger l'apparition de Va^ prédésinentiel parmi les phé- nomènes de flexion.

�� � FLEXION FORTE ET FLEXION FAIBLE. ACCENT DU VERBE. 175

Flexion verbale.

1. EXPULSION DE L'a.

De la conformation des racines et des suffixes (v. ci-dessus) il résulte, soit pour los noms soit pour les verbes, deux types princi- paux de thèmes. Dans le premier type ai finit' le thème, dans le second aj est suivi d'un ou de deux phonèmes.

Thèmes verbaux du premier type: râiikui- (Xeîire-), rikâ^- (Xmé-), raiiksya^- (Xeiqie-), spakya^ (paçya-), gmskd^- (PaaKe-).

Thèmes verbaux du second type:

a) Racine simple ou redoublée. Ex.: â\s- (io-), â^i- (eî-), hhâ^A- (q)fi-), râ^igh- (Jeh-), kd^As- (cas-), hhd^bhâ^r- Qjibhâr-).

b) Racine -f- suffixe. Nous pensons que les caractéristiques -nayU et -nttyA des classes 5 et 9 ne sont pas plus des suffixes proprement dits que -na^-g dans yunàgmi (v. chap.VI). Mais cela est indifférent pour la flexion, et nous pouvons réunir ici toutes ces formes: s tr n d^n-^ {strnô-), pr n à^A- (pr n -d), yund^g- (yunàg-), righyd^A- {lihyd-, optatif).

Les expulsions d'à, dans les syllabes prédésinentielles, se ramè- nent à deux principes très différents: \r qualité du phonème imtial des désinences et l'accentuation. Selon que l'un ou l'autre des deux prin- cipes règne, il naît deux modes de flexion auxquels on nous per- mettra d'appliquer les termes de flexion faible et de flexion forte indo-européeime. Dans la flexion forte, la seule qu'admette le verbe, l'expulsion de l'a se dirige d'après l'accent.

Tout le monde reconnaît aujourd'hui, après la belle découverte de M. Verner, que l'accentuation indienne peut passer, et cela par- ticulièrement dans les formes verbales, pour l'image presque abso- lument fidèle de l'accentuation proethnique. La contradiction où était l'accent verbal grec avec celui du sanskrit et du germanique se résout par la théorie de M. Wackernagel qui en fait, comme on sait, un cas particulier de Venclisis. Conformément à ce que fait

��1. 11 est beaucoup plus admissible de ramener l'ô du gr. be(KVû|Lii à la diphtongue eu que de supposer que Vo du skr. strnômi sorte de n. L'w des formes iraniennes n'a rien à faire avec l'ô grec; c'est un allongement de Vu des formes faibles. Peut-être la suppression de la diphtongue suffixale, en grec, fut-elle occasionnée par l'introduction secondaire de la diphtongue radicale, les formes comme "Zleu^veum, "beiKveum, étant d'une prononciation difiicile. Si le verbe Kivëuj, à côté de xivuTai, est pour *\nvij\u, nous aurions là un dernier reste de IV.

�� � 176 LOIS DE LA FLEXION FORTE. LEUR APPLICATION AU VERBE.

attendre cette théorie, les infinitifs et les participes grecs échappent à la loi du verbe fini et s'accordent dans leur accentuation avec les formes sanskrites.

Que l'accent à son tour soit la principale force en jeu dans les dégradations de la flexion, c'est un fait proclamé d'abord par M. Benfey, mis en lumière dans ces derniers temps par les travaux de M. Osthoff et de M. Brugmann et sur lequel la plupart des lin- guistes tombent d'accord dès à présent.

Nous allons essayer de réduire à des principes aussi simples que possible: l'aies résultats des déplacements d'accent, 2*^168 dé- placements d'accent eux-mêmes.

11 n'y a d'autres thèmes verbaux paroxytons que les formes comme rdiikni"^, où l'accent est indifférent, ainsi que cela ressort de la loi I (v. ci-dessous). On peut donc poser la règle comme si tous les thèmes étaient oxytons.

CegT règles sont celles de la flexion forte en général sans dis- tinction du nom et du verbe.

I. L'tt] QUI FINIT UN THÈME ET QUI PORTE LE TON NE PEUT s'EN DÉPARTIR EN AUCUN CAS.

II. Si la loi I n'y met obstacle, toute désinence susceptible d'accent (c'est-à-dire formant une syj.labe) s'empare du ton de la cellule prédésinentielle.

III. Aussitôt privé d'accent, l'^ de la cellule prédé-

SINENTIELLE SE PERD.

L'énoncé de la loi II renferme implicitement l'hypothèse à la- quelle nous recourons pour expliquer la variation de l'accent: c'est de poser les désinences dites secondaires comme étant en réalité les plus primitives. La forme indo-européenne de ces désinences n'est pas encore déterminée pour chaque personne avec la même sûreté; mais du moins il n'y a pas de doute possible touchant celles du singulier de l'actif, et c'est là le point principal pour ce que nous avons en vue.

Actif: -m -s -t; -mai -t&i -nt; -wa tam -taam.

Moyen^: -m a? -sa -tA; -ma^dha -dhwai -ntA; -wadha — — .

La combinaison de ces désinences avec les thèmes râ\ik-,

jjrnd^A-, rikd^ ces exemples suflSront — donnera d'après ce qui

est stipulé plus haut:

��1. Sur le skr. plparti etc. v.'p. 179.

^2. Sur le grec -ao, -to etc. v. p. 196 seq.

�� � LES FORMES A DESINENCE DITE PRIMAIRE.

��177

��Actif

�Moyen

�Actif

�Moyen

�Actif

�Moyen

�ràiik-m*

�rik-niÂ

�prnâj A-m

�prnA-mi.

�rikâi -m

�rikà, -mA

�ràjik-s

�rik-sÂ

�pj-nâ, A-s

�pj-nA-sÀ

�rikâi -s

�rikâi-sA

�râjik-t

�rik-tÂ

�prnâi A-t

�PJ-HA-tÂ

�rikâi -t

�rikâi -tA

�rik-mài

�rik-inâ,dha-

�pj-nA-mâj'

�prnA-mài dha

�rikâi-maj

�rikàj -majdha

�rik-tâ,

�rik-dhwâ.

�PÎTlA-td,

�prnA-dhwâj

�rikâ, -tai

�rikâj -dhwa

�rik-n't

�rik-ntÂ

�pr^i-ï? t

�prn-ntÂ

�rikâi-nt

�rikà, -ntA

�rik-wâ

�rik-wâdha^

�pruA-wâ

�pj-nA-wadha

�rikài -wa

�rikâ-wadha

�rik-tam

�—

�p|-nA-tâm

� �rika,-tam

�—

�rik-tâam

�—

�prnA-tâam

�—

�rikàj -taam

�—

��A l'impératif, la 2® et la 3® pers. sing. moy. {ekr.dviksvâ, prnïsvâ; dvisfdm, prnltdm etc.) répondent à la règle. La 3® pers. de l'actif, forme forte (skr. dvéstu, prndtu), paraît être en contradiction avec le principe des «désinences qui font une syllabe». Mais ici nous touchons à la question des désinences « primaires >.

La plupart des formes «primaires» peuvent se tirer des formes «secondaires» au moyen de l'élément i que suppose M. Fr. Millier: -m-i -mA-i (?), -s-i -SA-i, -t-i -tA-i, -nt-i -ntA-i, -mas-i -madha-i, -was-i -wadha-i (peut-être Vs de -mas-i et -was-i vient-il de l'ancien dh trans- formé en -s à la fin du mot, conservé au moyen par l'a qui sui- vait?). M. Bergaigne fait remarquer (Mém. Soc. Ling. III 105) que deux couples de désinences sanskrites du moyen, -dhvam -dhve et -rani -re présentent un rapport différent et il suppose que la nasale de dhvam et -ram a été ajoutée après coup. Comme le grec -crOe indique de son côté une forme -dhwa^, cette hypothèse est extrême- ment vraisemblable. La série s'augmente donc encore de 2 cas. Nous ne pouvons savoir si le -tu de dvéstu, prnâfu, n'a point été formé par l'addition d'un -m, comme -ti par l'addition d'un -i.

Maintenant pourquoi, l't ou l'u^ une fois ajoutés dans rdikmi et les formes du même genre, le ton n'a-t-il pas passé selon la règle sur la désinence? A cela on peut trouver deux réponses principales. A l'époque où Vi (u) fut ajouté, l'attraction que la désinence exerçait . sur l'accent, pouvait avoir cessé. En second lieu, il est très digne de remarque que la voyelle désinentielle soit dans les quatres formes en question (dvésmi, dvéksi, dvésti, dvéstu) un i ou un u, qui n'est

��1. Gomme nous l'avons dit p. 39 seq. nous supposons que raikm devant la voyelle initiale d'un mot venant après lui dans la phrase aurait été mono- syllabe; qu'en général Y m de la le personne ne faisait syllabe que dans les cas de nécessité absolue.

2. Ou riktna^dhâ, rikivadhâ?

.3. Par altération secondaire -tiA- est devenu -n-^-, v. p. 167 seq. de SaaHsure, Oeuvres. 12

�� � 178 IMPÉRATIF EN -dht.

suivi d'aucun autre phonème. Certains indices font croire que l'i et I'm, dans ces conditions, avaient une prononciation très faible qui les rendait incapables de porter l'accent^. C'est ce qui se vérifie dans la flexion nominale pour le locatif ulcsdni, dcUàri etc., peut-être aussi pour les nominatifs neutres comme pâçu (gén.paçvâs), v, p.208. On nous fera remarquer qu'une autre forme de l'impératif, la 2® per- sonne dviddhî, prnîhi etc., s'oppose à une hypothèse de ce genre. A cela on peut répondre premièrement que le thème fort fait de fréquentes apparitions dans ces impératifs. On a en sanskrit çâdhiy çaçâdhi, bodhî (de bodh), gahâhi que cite M. Benfey, Or. m. Ocr. 1303, grbhnâhi, prînâhi (Ludwig, Wiener Sitzungsber. LV 149); en grec Pn&i^ TXfîdi, au|Li-TTiJudi^ bîbujdi, i'\r|ôi (Curtius, 7erfe.II35). En second lieu, quand on considère le caractère presque facultatif de la désinence -dhî, on se demande si elle n'est pas dans l'origine une particule libre agglutinée plus tard au thème.

Il reste à considérer différents paradigmes off'rant une anomalie apparente ou réelle.

1. Les formes fortes de la 3® classe avaient, croyons-nous, deux accents dans la langue mère, l'un frappant la racine et l'autre le

��1. Si l'on admet cette explication, l'iiypothèse de la priorité des désinences secondaires n'est plus absolument nécessaire. Au reste certains faits ne seraient pas loin de nous faire croire que les sonantes /, m, r, n, suivies ou non d'un phonème, étaient incapables de prendre l'accent, et que la désinence pour at- tirer le ton devait contenir un a (a^, a^, a). C'est la 3e personne du pluriel qui est en question. En sanskrit le présent de la rac. çâs fait suivant Pânini çâs- mi, çâssi, çâsti, çisvàs, çiSmâs, çâsati (cf. mârganti). Les présents redoublés, sans montrer, il est vrai, la racine pleine, évitent cependant d'accentuer -nti et re- tirent le ton sur la réduplication: piparmi, piprmàs, piprati. Enfin devant la désinence -us ou -ur, bien qu'elle n'ait rien de commun avec la première (J. Darmesteter, Mém. Soc. Ling. III 95 seq.), on trouve réellement la racine pleine, vivyacus, amivyaéus en regard de viviktâs, viveçus, â<juhavus, açiçrayus etc. V. Delbruck, Altind. Verb. 65.

Tout cela semble témoigner d'une époque où la 3« personne du pluriel à l'actif était une forme forte. Et cependant d'autres indices y contredisent. Ne retrouvons-nous pas dans les langues les plus diverses le pendant du skr. s-ânti «ils sont» où l'or, radical est perdu? Oui, mais ici se présente une nou- velle complication. Ni le gr. évxl ni le lat. sunt ni le si. sntî ni le got. sind ne s'accordent avec un primitif snti à nasale sonante, et l'on se demande si l'affaiblissement radical incontestable pour cette forme ne tiendrait pas précisé- ment à la nature particulière de sa désinence. Nous ne voulons pas nous perdre dans ce problème très compliqué déjà effleuré p. 37^. Il nous semble qu'en somme la première théorie, basée sur les désinences secondaiies, satisfait davantage que celle-ci.

�� � AORISTE SIGMATIQUE. OPTATIF EN -Ifa. 179

redoublement (v. § 1 3 fin). Le saut de l'accent dans skr. pippnds en regard de plparti n'est donc qu'apparent.

2. Les aoristes sigmatiques comme âgaisam ont un vocalisme assez troublé. Les racines finissant par une consonne s'affaiblissent au moyen^; ex. dvikémahi, en regard de àcesniahi. Cela nous donne le droit de supposer que ce temps a possédé primitivement dans toute son extension l'alternance de formes fortes et de formes faibles que la structure du thème doit y faire attendre. Le pluriel et le duel de l'actif ainsi que le moyen pour certaines racines, ont donc subi un métaplasme. L'accentuation n'est pas moins corrompue que le vocalisme (Beniey, Vollst.Gramm., p. ^S9). En grec les formes fortes ont prévalu comme en sanskrit (p. 121).

3. La 2® et la 3® pers. sing. du parfait semblent se prêter assez mal à notre théorie, puisque -ta (skr. -tha) et -a pouvaient prendre l'accent. Mais aussi l'a radical n'est point %, il est a2. C'est là, je crois, une circonstance importante, bien qu'il soit difficile d'en déterminer au juste la portée. Le fait est que les règles qu'on peut établir pour les déplacements de l'accent et la chute de l'a sont sou- vent éludées quand cet a apparaît sous la forme de ag. Cf. §13 fin.

4. Optatif en -ydiA. Fléchi comme prru^A- ce temps devait faire au pluriel (*rikyA-ind) riky^-md, au moyen (*nkyA-tÂ\ riky^-tÂ, Mais le groupe y^ ne peut subsister. Il se change en i dès la pé- riode proethnique tout de même que r^ se change en f (v. p. 168 et le chap.VI). Toutes les formes qui n'appartiennent pas au singulier de l'actif avaient donc l dans la langue mère. Pour le moyen M. Benfey a établi ce fait dans son écrit TJeher die Entstehung etc. des indog. Optai} (Mémoires de l'Acad. de Gœttingue XVI 135 seq.).

1. Bopp, Kr. Gramm. der Sanskr.-Spr. § 349. Delbrûck, Altind. Verb. p. 178 seq.

2. Bopp considère que l'accentuation de biboÎTO, biboîade, doit faire ad- mettre que la contraction s'est accomplie dans le grec même. Mais qui sait si cette accentuation existait ailleurs que dans l'écriture où la théorie gramma- ticale ne pouvait manquer de l'amener. C'est ainsi que Tideîoi n'est propéris- pomène que grâce aux fausses conclusions tirées de xidéaai, v. Brugmann, Stud. IX 296. — On sait que M. Benfey pose t & comme caractéristique. Les arguments objectifs pour Vl long se bornent à ceci : 1 " On trouve une fois dans le Mahâ- bhârata hhunglyàm; 2" Rig-Véda X 148, 2, le mètre, dit l'auteur, demande sahîâs (ddsir viçah sdriena sahiâs). Il serait plaisant . que nous nous mêlions d'attaquer M. Benfey sur des points de métrique védique. Nous avouons seule- ment, comme impression toute personnelle, être peu satisfait d'une pareille

chute de tristubh et l'être bien davantage de sdrijena sahyâs ( — w ), quand

même on devrait faire deux syllabes de l'a de dàair, parce que du moins la

12*

�� � 180 OPTATIF EN -ya. OPTATIF DES VERBES THÉMATIQUES.

Au pluriel et au duel de l'actif le même ï apparaît dans toutes les langues européennes: lat. s-î-mws (sing. s-te-w), gr. e-î-|uev (sing. e-ïr|-v), si. jad-i-mû (sing. jazdî=*jadjï), got. ber-ei-ma (le sing. bereip s'est dirigé sur le pluriel). Nous renvoyons au travail déjà cité de M. Paul, Beitr. IV 381 seq., sans pouvoir toutefois nous associer à la con- ception de l'auteur qui voit dans Vï «une contraction de-yfi». En sanskrit nous trouvons au pluriel et au duel de l'actif lihyàma, lih- ydva etc. Ces formes sont dues à l'extension analogique du singulier. Qu'on considère: l'* que les langues d'Europe sont unanimes dans Vï; 2" que la théorie générale de la flexion veut î, non ya; 3° que les cas comme pâmi pâmas en regard du gr. (pâ}i\ cpajuév établissent un précédent pour la propagation de l'a long (p. 138); 4^ qu'en sanskrit même le moyen offre l'f et que toute divergence entre le moyen et le pluriel-duel de l'actif a un caractère anormal; 5" enfin que le zend montre l'i dans quelques formes actives: Justi donne daibîtem (3* p. du.), puis çâhit, fra-zahif, daidït, formes du singulier qui ont reçu l'f par analogie^.

Le précatif védique (Delbriick,^.c. 196) suit exactement dans sa flexion l'exemple de l'optatif. Actif: bJiu-yâs-am, kri-yâs-ma; moyen: mué-îs-fa etc.

5. Optatif de la conjugaison thématique. La caractéristique, ainsi que l'admet M. Benfey, est un -ï long^ que nous croyons sorti de -ya^A à peu près comme dans les formes faibles dont il vient d'être question. Mais il est fort difficile de dire d'après quel principe la réduction de -ya^A en -ï = *y^ a pu se faire ici, la tonique précédant la caractéristique. La flexion est unique en son genre. On attendrait que le thème skr. tudé (== Hudd-i) fît au pluriel <!^tudimd*, puisque l'a est suivi d'un phonème. Mais on remarque que cet a est a^ (p. 83), ce qui, nous l'avons vu, change beaucoup la question. L'a se maintient donc, et il en résulte ce

8» syllabe du pada se trouve ainsi être une longue, selon l'habitude. Quant à duhîyat, M. Benfey y voit une forme thématique. Nous sommes donc en droit d'y supposer le thème faible duht-. — Parmi les optatifs que donne Delbrûck {l. c. 196) on trouve gaksiyât. Outre que dans le texte cette forme est placée tout près de papîyàt, Vî peut s'expliquer comme voyelle de liaison (allongée par l'effet de y).

1. En sanskrit l'optatif de la 3e classe accentue au moyen la syllabe de réduplication. Rien n'indique que cette particularité soit primitive.

2. On sait que l'oi de la 3e pers. sing. de l'optatif grec (itaibeùoi) ne compte jamais pour brève, et en conséquence l'accent reste sur la pénultième. Il y a peut-être là, comme on l'a supposé, un indice de l'f long.

�� � «2 "ANS LE VERBE. 181

phénomène inconnu d'ailleurs d'une flexion sans dégradation se faisant sur un thème qui ne finit point par a^. — Par une coïn- cidence curieuse mais fortuite sans doute l'alternance des anciennes diphtongues slaves é et i dans l'impér. nesi, nesi, nesèmû, nesète, nesèvë, nesèta semble se refléter dans le zend barois, harôit, haraèma, baraêtem (raoy. baraësa, haraêta; au pluriel ôi reparaît). Nous avons cherché en vain ce qui pourrait Justifier une différence originaire entre la diphtongue du singulier et celle du pluriel ou du moyen^. Subjonctif des verbes thématiques. Nous ne sommes pas ar- rivé à nous faire une opinion sur la forme primitive d'un sub- jonctif comme le gr. (pépuu (pépr)ç etc. L'a du lat. ferât serait com- posé de % -|- «1, e-j-e? Ne serait-ce pas plutôt feram, feres le vrai subjonctif? Et a-t-on le droit de séparer moneat, audiat, de l'opta- tif ombrien portaia?

2. APPARITION DU PHONÈME «2.

La flexion verbale ne connaît la transformation de Va^ en «g que dans deux cas:

l*' Dans la conjugaison thématique, où le phénomène paraît pouvoir s'expliquer par la nature de la consonne qui suit l'a. Voy. p. 83.

2° Au singulier du parfait, où l'a transformé est un a radical. La P personne conservait peut-être a^. Voy. p. 68 seq.

Flexion nominale.

1. EXPULSION DE l'a.

A. L'expulsion se produit en vertu des lois de la flexion forte.

THÈMES OXYTONS.

IjCS thèmes finissant par a^ se comportent comme dans la flexion verbale. L'accent ne passe point sur les désinences, et Va persiste par conséquent à toutes les formes^.

��1. On pourrait supposer que primitivement le ton passait sur les désinences et qu'en même temps l'Wj du singulier était remplacé par «j : 8e sg. tudâiît, plur. tndayimâ. Ceci permettrait à la vérité d'établir entre nesi et nesému la même proportion qu'entre vluci (Xùkoi) et vlûcè (*\uKei, v. p. 86). Mais, outre qu'en général Yôi et ïaê du zend paraissent varier sans règle fixe, on ne voit pas en vertu de quelle loi l'a, au lieu de tomber au pluriel, se serait con- tenté de devenir a,.

2. L'accentuation du pronom skr. a dans les formes comme asyâ (à

�� � 182 DÉCLINAISON. PRINCIPE DES CAS FORT? ET DES CAS FAIBLES.

La première remarque à faire relativement aux thèmes où Va^ «st suivi d'un ou de deux phonèmes, c'est quils n'appartiennent à la flexion forte qu'au singulier. Le pluriel et le duel devront donc être traités sous la lettre b.

On sait que l'ancienneté de l'accentuation sanskrite est prou- vée ici par son accord avec celle des monosyllabes grecs.

Les cas faibles, c'est-à-dire accentués sur la désinence et dé- pourvus d'à dans la syllabe prédésinentielle, sont: l'instrumental, le datif, le génitif. Les désinences sont -a, -Ai (p. 87), ^5.

Les cas forts ou pourvus d'à sont: le nominatif, l'accusatif, le locatif, le vocatif. Les désinences sont -s, -m, -i et zéro.

On le voit, le principe posé plus haut se vérifie. Ce qui fait qu'il y a des cas forts, c'est uniquement l'incapacité de certaines désinences à recevoir le ton^ Au vocatif d'ailleurs l'accent fuit vers le commencement du mot.

Nous venons de ranger le locatif parmi les cas forts. Effecti- vement on sait qu'en sanskrit la forme forte y est permise, sinon obligatoire comme dans intâri, dâfâri^. Deux exemples particu- lièrement intéressants sont dydvi (cf. divé etc.) et ksàmi en regard de l'instr. ksamà. Sur l'aversion qu'a le ton pour Vi final v. p. 77 seq.

Les phénomènes spéciaux du nominatif, qui parfois se formait sans s, demandent à n'être pas séparés de la question de Va2. II nous faut donc renvoyer le lecteur à la page 199.

Dans l'application de la théorie qui vient d'être formulée, nous nous bornerons, le sujet étant immense, à relever les points saillants de la déclinaison de chaque espèce de thèmes. Nous adoptons complètement les principaux résultats de l'étude de M. Brugmann sur les thèmes à liquide (Stud. IX 363 seq.). Ce

��côté de âsya) sera née secondairement, quand le besoin de distinguer certaines nuances se sera fait sentir (voy. le dictionnaire de Grassmann, col. 207). Celle qu'accuse le got. pize, pizos, paraît être simplement proclitique: le sanskrit a tâsya, tésâin, tâsyâs.

1 . Nous devons nous content«r de citer la théorie différente et très complète que M. Bergaigne a présentée sur ce sujet Mém. Soc. Ling. II 371 seq. Comme cette théorie est liée intimement à la question de l'origine des désinences et de la flexion en général, la discussion qu'elle demanderait ne manquerait pas de nous entraîner fort loin.

2. Les thèmes qui ne finissent pas par une sonante font exception; le locatif y a été mêlé aux cas faibles: tudati, vidnèi etc. — De quelque manière qu'on doive expliquer les locatifs védiques sans / comme niût-dhon, ils ne peu- vent infirmer en rien la théorie.

�� � EXPULSION DE t'a DANS LES THÈMES EN -was ET EN -ar, -tar. 183

travail avait été précédé de la théorie de M. Osthoff sur la décli- naison des thèmes à nasale {Beitr. de P. et B. III 1 seq.), qui s'en approchait beaucoup pour le fond de la conception, mais sans pro- clamer encore l'expulsion totale de l'a aux cas faibles et sans opérer avec le phonème «2- ^^- Osthoff admettait une échelle d'à de for- ces différentes. — Nous mettrons encore à profit l'article de M. Brug- mann sur les suffixes -as, -yas, -was ÇK. Z. XXIV 1 seq.)- Les restes de la dégradation des suffixes en letto-slave sont recueillis par M. Leskien, Archiv fur slav. Philol. III 108 seq.

Comme type de la forme faible nous choisirons le datif.

Thèmes en -ivds. L'accent, en sanskrit, s'est retiré aux cas faibles sur le suffixe: vidûse, gagrhhûse pour *vidusé, gagrbhusé. La forme proethnique -us- des cas faibles, telle que l'admet M. Brug- mann, K. Z. XXIV 97, est assurée indirectement par le grec -ma. et ibuîoi (ibid. 81), par le got. berusjos et le si. -ûs-je-.

Thèmes à liquide. L'expulsion proethnique de Va aux cas faibles a été mise en pleine lumière par M. Brugmann. Le phéno- mène le plus singulier est celui du génitif indien en -ur. Nous essayons de l'expliquer de la manière suivante.

La désinence du génitif est -^s et non -as. Accentuée, comme dans padcis, elle a dû en sanskrit se développer en -ds (p. 166). Non accentuée, on la voit donner -us dans pàtyus, sàkhyus, gânyus (ici par conséquent il faut poser -us, non -ur). Peu à peu cepen- dant la forme -as parvient à éliminer sa rivale.

L'hypothèse de cette désinence -^s- est confirmée: 1" par le vocalisme du grec -oç et du slave -e; 2° par les génitifs comme yuktés, mrdôs, dont il sera question plus bas. Enfin elle éclaircit, jusqu'à un certain point, le génitif sanskrit mâtur.

Le prototype de matûr est mâtr-^'s. Le groupe r^ doit donner f, puis ar (§ 14). La qualité de la voyelle est donc expliquée, mais non sa quantité. En zend on a les génitifs nars, çâçtars, qui viennent de *nf-s, *çaçfts, Tr-voyelle s'étant développé en ar devant s comme dans arshan et autres cas. Dans uksnâs le son "^ ne s'est point fondu avec la nasale qui précède, ce qui s'explique fort bien, croyons-nous, par des raisons physiologiques. Nous reviendrons sur ce point au chap. VI.

�� � 184 EXPULSION DE L'a DANS LES THÈMES À NASALE.

D'ordinaire la contraction de r^ en f est proethnique. Dans le cas qui nous occupe, le gr. îrarpôç^, le got. fadrs, paraissent indiquer qu'elle n'est qu'indo-iranienne. Les conditions, aussi, sont assez particulières, l'accent reposant sur le phonème ^, ce qui ail- leurs n'est pas le cas.

Le paradigme indien des thèmes en -an est parfaitement régu- lier. Les langues européennes n'en ont conservé que des débris. On a en latin caro carnis, en grec kûuuv kuvôç^, ainsi que àpvôç. M. Osthoff {l. c. 76 seq.) pose comme thème de ce dernier mot varan- (waran-). Il nous semble que le skr. ûrana ne s'accorde bien qu'avec wrdn. Ceci donne la flexion grecque très ancienne: */p-r|V, gén. *Jj-v-6ç. Le nominatif subsiste dans iroXii-ppriv ; le génitif est devenu régulièrement */apv6ç, àpvôç^. L'arménien gar'^n dont parle M. Osthoff peut se ramener à la forme faible tvr-n-.

La déclinaison (ppr|v cppevôç, 7T0i|Liriv rroiinévoç, vient de la géné- ralisation de l'accusatif et aussi du locatif, car (ppévi, Troi)Liévi, ont été de tout temps des formes fortes.

L'explication du got. auhsin résulte du fait auquel nous venons de faire allusion: auhsin est identique avec le skr. uksâni. Au gé- nitif on attendrait *auhsns. Il parait évident que auhsms est une imitation du datif auhsin.

J'ai déjà cité l'article de M. Leskien, où il est montré entre autres que le si. dîne «diei> vient d'un thème diwan- ou dian-.

Pour les formes indiennes comme brahmane, il sera difficile de décider si l'a s'est maintenu dès l'origine pour empêcher le conflit des consonnes ou si brahmane représente un primitif Hrahmnné. La position de l'accent conseille peut-être la première solution.

Le thème en -am ghi-dm se décline comme les précédents. , V. Brugmann, Stud. IX 307 seq. Le zend a au nominatif zy-ao, au gén. zi-m-o.

��1. Est-ce que vÛKXUjp serait pour *vuKTopç, vukttç? Cf. f\]x^pac, Te koi vÛKTiup = i^iiépaç Te Kai vuktôç.

2. L'accent, dans kùujv, a été reculé; cf. .rkr. çvd.

3. Hésychius donne: ()dva* âpva. Tuj^iaîoi bè pûTpaxov. M. Moi'. Schmidt écrit f)âva, ce qui est nécessaire pour la seconde partie de la glose, mais peu probable pour la première. On ne pourrait attendre que ^fjva. Nous pensons que les gloses f)dva et ^âva se sont confondues et que ^dv- et âpv- remontent tous deux à Srv, comme hparôç et bapTÔç à bnrôç.

�� � EXPULSION DE L'a DANS LES THÈMES EN -a-Ut- ET EN -ai, -dU. 185

Le suffixe participial -nt, lui-même dépourvu d'à, peut em- prunter celui du thème quand ce dernier finit par a. Tout se passe alors comme si le suffixe était -ant. L'accent qui restait im- mobile tant que Va^ {a^ qui le supportait finissait le thème passe aux désinences aussitôt que cet «j est revêtu du groupe -nt (lois I et II, p. 176). La flexion est donc en sanskrit tudân, tudaté (= tudnté) etc. V. Brugmann, Stud. IX 329 seq.

Le grec Xa^iûv Xapôvxoç a généralisé la forme forte. En latin au contraire -ent continue la forme faible à nasale sonante, que M. Sievers a reconnue en germanique dans hulundi, pusundi et autres féminins.

Une petite minorité seulement parmi les thèmes qui finissent par î et u appartient à la flexion forte. L'exemple le plus impor- tant est di-âiU-^ «ciel».

nom. di-à^u-s Cf. (mûtdir) {uks-idn)

voc. di-a^u mCi-ta^r uks-a^n

ace. di-diU-m mâ-td^r-m uks-âin-m

loc. di-d^w-i mâ-id^r-i uks-àyti-i

dat. di-w-AÎ mâ-tr-AÏ uks-n-AÏ.

Nominatif: plutôt que de voir dans le skr. dyaus rallongement du nomi- natif il faut je crois, à cause du gr. Zeûç, assimiler \au de cette forme à celui de yaûmi etc. (p. 120). — Vocatif: gr. ZeO. — Accusatif: dià^um est la forme la plus ancienne, mais la coïncidence du gr. Zfjv avec skr. dyâm paraît établii- que dès une époque très reculée la diphtongue avait cessé d'exister. Cf. p. 40. L'a de la forme Aâv que rapporte un grammairien est assurément singulier, mais la forme éolo-dorique ordinaire montre r\, v. Schrader, Stud. X 319. — Locatif: véd. dyavi.

Nous allons étudier quelques autres mots du type di-au. Pour ne point les disperser à plusieurs endroits nous citerons les paro- xytons comme les oxytons; nous aurons aussi à faire la distinction de aj et a^ aux formes fortes.

Parmi les thèmes en -i, nous reconnaissons pour avoir appar- tenu à la déclinaison de di-au: ^u-âii «oiseau» qui dans le Véda fait vés au nominatif. Le reste de la flexion est dégénéré et même au nominatif, vis commence à prendre pied.

En latin on a encore les mots comme mfés, ace. vatëm.

C'est un échantillon analogue qui se cache dans le skr. kâvi, car en zend ce mot fait à l'ace, kavaèm. Seulement nous trouvons

1. M. L. Havet {Mém. Soc. Ling. II 177) a montré que ce thème vient d'une racine di (dat) et point de diw (dyau).

�� � 186 MOTS EN i ET EN U DE FLEXION FORTE.

pour nominatif zd. kava = '^havâ. Etant donné pitd(r) de pitâr-, le nom. *kavâ('î) de kavai- n'a rien de surprenant. Mais il faut provisoirement nous résigner à ignorer pourquoi les thèmes en u n'ont jamais de nominatif sans s et pourquoi les thèmes en i eux-mêmes ont la double formation ves et *kava. Cf. p. 199 seq.

Flexion de g&u «bœuf». Quelle est la forme exacte de ce thème? C'est, croyons-nous, ga-a^u et non ga^w. 1" parce que dans l'hypothèse /yaiM on devrait trouver aux cas faibles gu-', 2" parce que le v. hi-all. chno suppose un à long'. Les composés indiens comme sti-gû ne sont dus certainement qu'à un change- ment de déclinaison. La langue, partant de formes comme le gén. sugôs ou le dat. sugâve et se laissant guider par les adjectifs en -w {jn-fhi'i etc.), devait aboutir à sugtis. Du reste ga-OiU se décline régulièrement soit en sanskrit soit en zend. Cf. skr. gaus {ga-a^u-s) et dy-au-s, gâ-v-e et di-v é. Aux cas faibles, le ton s'est fixé sur Va de ga-v-. Cet a n'y avait évidemment aucun droit, mais en sans- krit l'attraction qu'exercent sur l'accent les a radicaux de toute provenance pa- raît avoir été presque irrésistible. Le locatif gavi au lieu de *gâvi est comme divi à côté de dyavi. Le gr. ^o-f-, pou = skr. ga-v-, go- indique que Va radi- cal est un 0. La forme forte s'est perdue: poOç a remplacé *puj(u)ç. Homère a bien encore l'ace, poùv^ := arien gdm, (zd. gàm) que nous ramènerons sans hésiter à go-â^u-m, mais en elle-même cette forme pourrait être sortie de gaûm comme Zf|v sort de dyàum. Le latin ne nous apprend rien de particulier.

Thèmes en u qui prennent a^. Le zend a les formes suivantes: ace. naçmim «cadavre» = *naçâvam (n. pi. naçâvo); ace. përëçaiim «côté», garemâum «chaleur». La flexion est complète pour l'ancien perse dahyâu-s, ace. dahyâu-m (nom. et ace. pi. âahyâv-a, gén. pi. dahyunam, loc. dahyusuvâ). Le même mot en zend donne l'ace. danhaom — on attendrait danhâum — (et le nom. pi. danhavo). On a en outre le nom. sg. hazms (bras) dont l'a s'explique, comme pour le perse dahyâus, par l'influence de l'accusatif ^ *{bâzâum) lequel ne nous est point parvenu. Il règne du reste, comme le montre dahyâom en regard de dahyàvô, une certaine confusion entre les thè- mes qui prennent «g ^t ceux qui ne le prennent pas. Justement en regard de *bâtâum le Véda nous offre hahâvâ, duel du même thème*. Cette flexion est d'autant moins suspecte d'origine récente qu'elle

��1. On pourrait dire qu'il y a ici le même allongement du nominatif que pour fôt- (p. 200). Mais Zeùç (v. ci-dessus) montre qu'un thème comme guiU n'eût point allongé le nominatif. — J'ai été rendu attentif a la forme chuo par M. le Dr Kogel qui du reste l'expliquait différemment.

2. Le dor. pOùç, piûv n'est que la transformation de PoOç, poOv.

.3. A moins d'admettre un allongement du nominatif coexistant avec 1'*. 4. 11 est inutile de forger un mot bàhava tout exprès pour expliquer cette forme.

�� � MOTS EN * ET EN U DE FLEXION FORTE. 187

apparaît de préférence au sein d'une petite famille de thèmes en u avec laquelle nous avons fait connaissance p. 124: ce sont des féminins^ qui ont a^ dans la racine. Il est possible, comme l'a conjecturé M. G. Meyer (Stammbildung, p. 74), que les noms grecs en -eu-ç aient quelque rapport avec cette déclinaison, seulement rapprocher l'a arien de l'ri de TOKfioç est, croyons-nous, inadmis- sible. Il ne faut pas oublier d'ailleurs l'absence de l'eu dans véKuç, Tifixuç, où on serait le plus en droit de l'attendre. — M. Meyer rappelle les nominatifs gotiques comme siinaus. On pourrait penser en effet que c'est là un dernier souvenir de la double flexion pri- mitive des thèmes en u.

Thèmes en i qui prennent a^. Le plus important est le thème skr. sdkhe-, ace. sdkhây-am (zd. hushaxàim), voc. sâkhe, dat. sâkhy-e (nom. pi. sdkhâyas). L'a long du nominatif sâkha est tout autre que l'ô (= ag) de sdkhayam: il suffit de rappeler *kavâ en regard de

  • kavàyam ikavaêm). C'est ici peut-être que se place le nom. pi.

çtaomâyô (Spiegel, Gramm. 133).

Depuis le travail de M. Ahrens sur les féminins grecs en uu K. Z. III 81 seq. il est constant que le thème de ces mots finit par i. Nous soupçonnons que ce sont là les correspondants du type skr. sdkhe. Si l'on a le droit de mettre en parallèle

data datâram datar dâtrâ

et buÛTwp ôûjTopa bujxop [èiwiopoç pour *biJUTpoç]

on a aussi celui de comparer

sàkha sakhâyam saJche sakhyâ

et Anxuj AriTÛJ C^Ar|TÔa) Ar|TOÎ [*AriTÔoç pour *Ar|Tioç]

A l'accusatif nous avons écrit AriTuù: c'est l'accentuation que pres- crit Dionysius Thrax (Ahrens, l. c. 93). Du reste il n'y aurait aucun témoignage en faveur du circonflexe que cela ne devrait pas arrêter, étant donnés les procédés des grammairiens, de voir dans uj la contraction de oa*, cf. Brugmann, Stud. IV 163. Sans doute

«

1. Au masculin perëçàum est opposé en sanskrit le féminin pârçu.

2. Parmi les nombreuses formes que cite M. Ahrens, il ne se trouve aucun accusatif qui ait Vi souscrit ou adscrit, preuve que l'ui n'y est point primitif comme au nominatif, et qu'il est bien sorti de -o(y)a. La terminaisoi) ■oya à son tour ne saurait être très ancienne. La forme pure serait -oiv. On a cru en effet avoir conservé des accusatifs comme Aaxoîv, mais M. Ahrens montre qu'ils proviennent d'une fausse leçon. Ils avaient donc péri dès avant l'époque historique. On peut comparer plus ou moins *At]TOi/a pour *AriToîv i^ i\béja. pour fibOv.

�� � 188 EXPULSION DE l/a DANS LES THÈMES EN -OS.

il y a les accusatifs ioniens comme 'loûv, et l'on sait que M. Cur- tius en a inféré que le thème finissait par -oJ\. Mais les obser- vations que fait à ce sujet M. Windisch, Stud. II 229 montrent bien que cette explication n'a pas satisfait tout le monde. De

  • lo/iv à 'loOv le chemin n'est guère facile. De toute manière cette

forme en -ouv est énigmatique et a l'air d'un emprunt fait à d'au- tres déclinaisons, peut-être à celle de Poûç. L'hypothèse des thèmes en -o/i ne permet pas du reste, ainsi que le reconnaît M. Curtius^, d'expliquer l'uj du nom. Ar|Tiu. — On pourrait s'étonner que les thèmes grecs en -a^i soient employés si exclusivement à former des féminins. Toutefois il y a des traces du masculin dans les noms propres TTarpiu, Mr|Tpuj, 'Hpib (Curt., Erl. 54).

Il est probable que bon nombre de mots analogues sont à tout jamais cachés pour nous parce qu'ils ont revêtu la flexion courante des thèmes finissant par i et u. En voyant par exemple que dans le Rig-Véda dvi «mouton» fait au gén. dvyas et jamais àves, absolument comme on a en grec o\ôç (pour *ô/ioç) et non «oecuç», il est naturel de croire que la flexion première a été: nom. awa^i-s ou awâ^i, dat. awy-AÎ, ace. aivayi-m etc. Peut-être que le gén. got. balgis des masculins en i, au lieu d'être ainsi que le dat. halga emprunté aux thèmes en -a, offre un vestige de la flexion dont nous parlons: balgis serait pour *balgi^s.

L'immobilité de l'accent dans le paradigme sanskrit apds apàse, usés usdse, n'a pas grande importance. Il est possible, il est même fort probable que le ton y subissait primitivement les mêmes dé- placements que partout ailleurs. C'est la persistance anormale de l'a suffixal qui est remarquable. Jusqu'ici les syllabes prédésinen- tielles ne nous offraient rien de semblable.

M. Brugmann (K. Z. XXIV 14 seq.) donne pour ce fait de très bonnes raisons: le désir d'éviter des formes trop disparates dans la même déclinaison, puis l'influence analogique des cas faibles du pluriel où Va^ ne pouvait tomber (ainsi apaiS-bhis).

Cependant à quoi se réduit après tout la classe des oxytons en -as? Au nom de l'aurore, skr. uéds, aux mots indiens bhiy-âs «peur», pû-mas pour *pumàs (p. 205), et aux mots comme tavâs, yagâSf ipeubnç. Or ces derniers, M. Brugmann l'a établi, ne sont

1. Le savant professeur conjecture seulement que l'analogie des formes comme bafnujv aurait, dans de certaine.s limites, agi sur les mots en -uj. V. Erlàuterungen^ 55 i. n.

�� � EXPULSION DE L'a DANS LKS THÈMES-RACINKS. 189

que des neutres revêtus de la déclinaison du masculin. Il serait possible même qu'ils fussent nés séparément dans les différentes langues qui les possèdent, la flexion s'étant dirigée sur celle des composés (paroxytons) comme su-mdnas. La forme pleine de leur syllabe radicale est très suspecte pour des oxytons. Quant à hhiy-às et pu-tnâs, ils font régulièrement bhi-s-d (instr. véd.), pu-ms-é. Le seul exemple dont on ait à commenter la déclinaison, c'est donc l'indo-eur. ^iiscïs, et l'on peut croire en effet que les formes faibles comme ^ussaï parurent trop inintelligibles^ L'a fut donc retenu: ^usasAi, skr. usâse. Pour Va^ de îisdse en regard de Ya^ de usdsam V. p. 201.

Les thèmes-racines, simples ou formant le second terme d'un composé, se présentent sous deux formes tout à fait différentes.

Dans le premier cas la racine est privée de son a^ par une cause inconnue, mais évidemment indépendante de la flexion. Ces thèmes, auxquels nous faisions allusion à la page 174, ne rentrent donc point dans le sujet de ce paragraphe. Ayant perdu leur a avant la flexion, ils sont désormais à l'abri de toute modification^. Quand ils finissent par i, u, r, n, tp, ils s'adjoignent un t dont les longues ï, û, f, n, m (chap. VI) se passent. Exemples: skr. dvis, mfdh, niç (p. 166), açva-yûg, mî-t, hrû-f, su-kf-t, aranyagat (= -gm-t); bhî, bhu, gir (= gf), -gd (= gn); zend dnig] gr. cxXk-i, "A-(/')ib-, (JÙ- Ivf-, dvT-ripîb-, êTr-r|\uç, -vboç (métaplasme pour -udoç); ]a.t, ju-dic-, etc.l

Dans le second groupe de thèmes-racines l'affaiblissement ré- sulte de la flexion et n'embrasse donc que les cas faibles. Les noms dont il s'agit font pendant aux verbes de la 2® classe. Toutes les racines n'affectionnent pas ce genre de déclinaison. A peine si

��1. Le Rig-Véda a un génitif sing. (et accusatif pi.) usas. On le tire, avec raison probablement, d'un thème ué. Y supposer la continuation de la forme faible us-s- serait invraisemblable à cause du double s qui serait représenté par «.

2. Les déplacements d'accent restent naturellement les mêmes, du moins dans le mot simple. En composition, où ils sont censés avoir lieu également (Benfey, Gramm. p. 319), l'usage védique contredit à la règle. Toutefois vi-mrdh- às R. V. X 152, ^, témoigne bien que la règle n'a pas tort.

3. Tout renforcement nasal et toute perte de nasale étant choses étran- gères à l'indo-européen, ils est évident cjue la flexion du skr. ijû^ qui fait yûny aux cas forts ne peut pas être ancienne. Du reste, dans le Rig-Véda, la forme yun^- est extrêmement rare.

�� � 190 EXPULSION DE L*a DANS LES THÈMES-RACINES.

celles qui finissent par r fournissent un ou deux exemples indiens comme dbhi-svâr.

Le vocalisme des différentes formes fortes ne peut être traité ici où il ne s'agit que de l'expulsion de l'rt; voy. p. 203 seq.

Parmi les composés sanskrits on remarque ceux de han: accus. vrtra-hdn am, dat. vrtra-ghn-é. De vah se forme anadvdh, accus, anad- vdh-am, dat. anad-ûh-e.

On entrevoit encore la déclinaison grecque primitive de Be\- Xepo-cpiûv (dont l'accentuation est incompréhensible): le nom TTepaé- cpaiTa, où -cpaxia répond au -ghnï sanskrit, indique que le génitif eût fait *Be\Xepo-q)aToç (cf. p. 27 seq.).

En *zend le thème vad «voix» fait à l'ace, vâéim^ vâcem (= gr. •/"ÔTta), au dat. vàéë, à l'instr, vàda etc. Cette flexion ne peut pas être primitive. Aucune loi à nous connue n'autoriserait dans les cas faibles d'autre forme que *ué- (à moins que l'a de vâéem ne fût un véritable à long indo-européen, ce qu'il n'est pas). La forme vàé- est due évidemment à des influences d'analogie. En sanskrit vâé- a envahi, comme on sait, toute la déclinaison.

Posant pour thème rbhu-ksé-, nous ramenons le nom. skr. rbhu-Tcsâ-s à *rbhu-Jcsâi-s (cf. râs == *rais). L'allongement de Va est comme pour dyaûs. L'instr. pi. rlhu-ksi-bhis s'explique de lui-même. Quant à l'accus. rbJiu-ksân-am (au lieu de *rbhu-ksdy-am), il est dû à quelque phénomène d'analogie. Cf. divâ-ksâ-s lequel fait à l'accus. divd-ksas-am. On a dans le Rig-Véda, mais seulement au pluriel, uru-grdy-as, pâri-gray-as, de gre. Le nom. sing. eût été, je pense, '^rds. Citons encore dhï-gdv-as R. V. V. IX 86, 1.

Quand la racine finit par â, le ^ des cas faibles s'élide devant la désinence: soma-pd, ace. soma-pd-m (-pâiA-m), dat. soma-^-é {-p^-é). C'est ainsi qu'on a, dans le verbe, gâ-h-ati = *gà-h-nti venant de gah^ + gti. V. p. 35 et le § 14.

Sur la signification qu'on attribuera à l'échange de a^ et Og dans les mots comme pad où l'a ne peut tomber, v. p. 201.

THÈMES PAROXYTONS.

Les thèmes paroxytons du sanskrit gardent, comme on sait, l'accent sur la syllabe radicale à tous les cas de la flexion^.

1. Il y a de rares exceptions qui ne sont qu'apparentes. Ainsi pûman (dat. pumsé) aura été d'abord oxyton, ainsi que le suppose le vocalisme de la racine. On peut en dire autant de svàr {siiar) qui donne un dat. védique sûre. Sur sdnu, gén. snôs, v. p. 207 seq.

�� � EXPULSION DE L'a DANS LES PAROXYTONS. 191

Admettrons-nous ce que M. Osthofif {l. c. 46 i. n.) indique comme un résultat probable des recherches ultérieures, que l'indo- européen n'ait point connu cette loi de l'accentuation indienne et que le comparatif ivdsyas par exemple ait fait au datif wasyasAÎ ^ ? Tout au contraire, nous disons que la loi des paroxytons a tou- jours existé :

1^ Il ressort de tout ce qui précède que l'accent, aux cas «forts», ne tend pas moins à gagner la désinence qu'au datif ou aux autres cas «faibles». Que signifieraient donc des déplacements d'accent tels que wâsyâs ivasyasÂi'^

2" Une pareille mobilité d'accent est difficilement conciliable avec la fixité du vocalisme radical, qui est très grande pour les paroxytons.

3" Il y a un contraste frappant entre les «cas faibles» des oxy- tons en -was et ceux des paroxytons en -yas. Toutes les conditions éta.nt égales d'ailleurs, nous trouvons, là vidûse (= *vidusé), ici vâs- yase. La non expulsion se vérifie aussi dans les infinitifs en -man-e, -|jev-ai, de thèmes paroxytons.

Donc dans les paroxytons normaux tous les cas seront forts.

Autre chose est de savoir si la dégradation du suffixe n'avait pas dès l'époque proethnique pénétré d'une manière ou d'une autre dans certains groupes de paroxytons.

Ce qui le fait supposer tout d'abord, c'est que la majorité des paradigmes du sanskrit ne distingue point à cet égard entre oxy- tons et paroxytons: bhrdtre, râgne, bhàrate, montrent le même aff'ai- blissement que mâtré, tiJcsné, tudaté.

On ne saurait attendre des langues européennes de données décisives pour cette question. Voici cependant un cas remarquable et qui confirmerait le témoignage du sanskrit: le t du germ. svester «sœur» n'a pu prendre naissance que sur une forme faible svesr- d'où il a gagné ensuite les cas forts (Brugmann, Stud. IX 394) ; preuve que la dégradation, dans ce mot, est bien ancienne. Or c'est un paroxyton : skr. svâsar.

D'autre part le féminin bhâranti (cf. tudatï) des participes in- diens paroxytons semble indiquer positivement que la flexion grec- que (pépujv qpépovTOç est plus primitive que le skr. hhâran bhâ- r&tas. C'est l'avis de M. Brugmann l. c. 329^.

��1. C'est ce qui parait être l'opinion de M. Brugmann {Stud. IX 38.3).

2. La langue védique semble faire quelque différence entre les thèmes en

�� � 19ΠLOI DE LA. FLEXION FAIBLE.

La portée de la question diminue du reste considérablement, si l'on songe qu'au pluriel et au duel, où règne la flexion faible, oxytons et paroxytons étaient soumis à une même loi.

B. L'expulsion se produit en vertu des lois de la flexion faible.

M. Paul a consacré une partie du travail précédemment cité à une %tude sur la déclinaison primitive des thèmes en i et en u, ou plus exactement sur l'espèce la plus commune de cette décli- naison. L'auteur montre que la dégradation du suffixe, h tous les nombres, dépend du phonème initial de la désinence : selon que ce phonème est une voyelle ou une consonne, Va suffixal apparaît ou disparaît^. Au vocatif, où la désinence est nulle, l'arien, le letto- slave, le germanique et le celtique prouvent que l'a existait {Beitr. IV 436).

C'est là ce que nous avons appelé plus haut la flexion faible (p. 175). Le principe de l'expulsion se résume pour elle dans cette loi unique: l'adjonction d'une désinence commençant par une

CONSONNE ENTRAÎNE LA PERTE DE La^ PRÉDÉSINENTIEL.

— Thèmes finissant par r et ii. —

Dans les cas où le suffixe a sa forme pleine, le ton, en sans- krit et en grec, se trouve sur Va. Il y a tout lieu de croire que c'est là l'accentuation primitive. Celle des cas faibles du pluriel sera traitée plus bas, p. 195 seq.

Nous pouvons parler tout de suite de la qualité de l'a. Les thèmes en i et en u de déclinaison faible semblent n'admettre que l'a^. Le grec présente €, le sanskrit un a bref. L'o du si. synove, Va du lit. sunaus sont des modifications secondaires de Ve (p. 64).

-man selon qu'ils sont oxytons ou paroxytons. De ces derniers on a par exemple ^émanâ, bhûmanâ, bhûmanas, yànmnas. Au contraire pretndn, prathimân, mahimân, donnent les instrumentaux prena, prathinâ, mahinà, où le rejet de l'm atteste la grande pression que subissait le suffixe. Mais hhûmanas, yâmanas, peuvent être une imitation de kàrmanas, vârtmanas, et d'autre part le paroxy- ton âçman fait en zend ashnô au génitif (Spiegel, Gramm. 156). — Les thèmes faibles yûn- et mahnon- de yiivan et maghâvan ne prouvent pas grand chose en faveur de la dégradation des paroxytons; nous avons trop peu de garanties relativement à l'ancienneté de leur accentuation. La même remarque s'appli- que aux mots comme sdMot- s<ffrfei-. Cf. saA:7i/6/»yas, Benfey, Vollst. (?rflmw. p.320. 1. On s'étonne que dans le même travail l'auteur s'efforce de tirer un parallèle entre les thèmes dont nous i)arlons et les thèmes à liquide et à nasale, parallèle que l'énoncé même de sa règle rend à notre sens chimérique.

�� � LA FLEXION FAIBLE DANS LES THÈMES EN t ET EN 11. l93

En gotique l'a de ansfais, ansfai; sunaus, sunau, est encore inexpliqué, il ne paraît point se retrouver dans les autres dialectes germaniques — au contraire le v. h'-all. a encore suniu — et de plus le plur. sunjus offre Ve.

Les thèmes vulctà^i et mj-dâ^u donneront conformément à la loi posée ci<lessus^.

��Singulier Pluriel

Nom. yuktis yuktâiy-a^s

Voc. yûkta^i yiîktaiy-a^s

Ace. yukti-m yukti-ns

Dat. yuktàjy-Ai yukti-bhyas

Loc. yuktà^y-i yukti-swa

��Singulier Pluriel

Nom. mfdù-s mj-dâiW-aiS

Voc. m^da^u mrdaiW-aiS

Ace. mj-dû-m mfdû-ns

Dat. mfdâiW-Ai mfdù-bhyas

Loc. mfdâiW-i m^dû-swa

��Différentes formes donnent lieu à des remarques particulières.

L Génitif du singulier. La forme indo-européenne paraît avoir été yukfâ^ïs, mrdd^us, vu l'accord du si. kosti, synu, avec le skr. yuktés, mrdôs (Leskien, Decl. 27). L'i et Vu devaient être longs, puisqu'ils provenaient de la contraction de y^ et iv-^, la désinence étant -^s (p. 183). Cette contraction du reste n'est pas absolument régulière: elle n'a lieu ordinairement, pour Vu du moins, que si la semi-voyelle est précédée d'une consonne comme dans dhutâ = *dhw^tâ (§14).

2. Les ablatifs du zend comme garôit, tanaot, n'infirment point la règle: ils sont probablement de création récente (Leskien, Decl. 35 seq.) et- d'ailleurs la désinence est -ad, non -d. Si garôit était ancien, il serait donc pour ^garayad».

3. L^instrumental sing. et le génitif plur. sont malheureusement difficiles à étudier, à cause de la formation nouvelle yuktînâm, mrdû- nâm. Il reste pourtant des instrumentaux védiques comme pavyâ, ûrmid, et en zend les génitifs plur. ra^rvâm, xra^wàm, vanhvâm (Spiegel, Gramm. p. 142). Les langues congénères ne sont pas d'accord entre elles.

1. Dans un article sur la gradation des voyelles (Académie de Vienne LXVI 217) M. Fr. Mûller attirait l'attention sur l'antithèse des déclinaisons de t/tikti, mrdii, et des thèmes consonantiques. 11 faisait remarquer que le premier genre de thèmes afTaiblit le suffi.xe précisément dans les formes qui pour les seconds sont fortes. Mais — outre que la «déclinaison consonantique» contient aussi, comme nous l'avons vu, des thèmes en t et en m — l'antithèse est pour ainsi dire fortuite: elle n'existe que dans la limite donnée par le principe des deux flexions et la nature des désinences. Au locatif et au vocatif les paradig- mes se rencontrent nécessairement: mfdo cf. ZeO, dàtar; sûndvi (véd.) cf. dyàvi, dâtàri.

de Sau.ssnre, Oeuvres. î"

�� � 194 LA FLEXION FAIBLE DANS LES THÈMES EN i ET EN U.

Les types pavyâ, vanhvâm, sont évidemment en contradiction complète avec la flexion faible ; nous devons les accepter tels qu'ils sont, comme un essai de déclinaison forte. L'anomalie paraît tenir à la nature des désinences.

4. Duel. Le dat.-abl. skr. yuktïbhyâm, mrdûbhyam, si. kostïma, synùma, ne présente rien de particulier. Pour le génitif -locatif, nous prions de voir à la page 196. La forme du nom. -ace. yulctî, mrdti, si. kosti, syny, n'est point encore bien éclaircie, et nous ne savons quoi en penser.

Les thèmes en i et u subissent dans la dérivation le même traitement que dans la flexion. Ils maintiennent leur a tant que l'élément ajouté ne commence pas par une consonne; y compte comme voyelle. C'est ainsi qu'on a en sans- krit imstavya de vâstu^, en '^rec àaTeîoç de âOTu\ bév-bpeov de bpu, en |,'olique triva-, kniva- de *tru, *knu. Que les adjectifs verbaux grecs en -Téo soient ap- parentés aux formes indiennes en -tavya c'est ce que les observations de M. Curlius (Verb. II 355 seq.) rendent douteux. Qu'ils soient sortis comme les adjectifs in- diens de thèmes en -tu, c'est l'opinion commune, qu'il n'y a pas lieu, croyons- nous, d'abandonner. Le mot éreôç dont le digamma apparaît dans 'ETe/b[vbpu> (inscr. cypriote, Revue archéologique 1877, p. 4) est accompagné encore de êru- |Lioç. Devant les consonnes nous trouvons i, u: skr. çucitvâ, bandhutâ, gr. ToxuTriç etc. — Au féminin, le gr. itXaTeîa est probablement plus primitif que le skr. prthvt; cf. toutefois ôpYum, "Apiruia etc.

La flexion faible ne paraît avoir été en usage, au singulier, que pour les thèmes finissant par i et u. Toutefois on en peut soupçonner la présence dans les mots comme skr. yantûr, aptm\ vandhûr. Un thème à liquide eût fait au nomin. yamtf-s, au dat. yamiâiT-Ai, à l'ace, yamtr-m. Or yamtfs a pu à la rigueur donner en sanskrit yantûr et par extension yantûram etc. En grec lidpTôp serait pour *|LidpTrç.

— Pluriel et duel des thèmes de flexion forte. —

Mieux que toute autre forme, l'accusatif du pluriel montre comme quoi le principe qui régit au singulier la déclinaison de thèmes comme pitâr, uksàn etc., ne se vérifie plus aux autres nombres.

La place de l'accent à ce cas est donnée, comme nous l'avons vu (p. 38 seq.), par la désinence arienne -as pour -ns qui serait devenue -ans, -an, si elle avait porté le ton. L'accentuation primi- tive s'est conservée du reste dans le grec (îTÔbaç, cf. noacTi) et, dans

��1. Nous devrions dire vàsto, àarev etc. Malheureusement en nommant les thèmes sous cette forme, on s'expose à plus d'un malentendu.

�� � LA FLEXION FAIBLE RÈGNE SEULE AU PLURIEL ET AU DUEL. 195

l'indien même, pour les thèmes sans dégradation qui, dans les Vé- das, accentuent rarement la désinence -as^.

Ayant reconnu que l'accent frappait originairement le thème, M. Brugmann crut être forcé d'aller plus loin et d'admettre — par hypothèse pure, car le témoignage du zend et de l'européen est ici tout à fait équivoque — que l'accusatif pluriel était anciennement un cas fort. A la p. 38 nous avons adopté cette manière de voir, parce que nous ne comprenions pas encore que le pluriel des thèmes dont il s'agit dût être jugé autrement que le singulier. Mais à quelles invraisemblances ne conduit-elle pas? Comment cet affaibUssement systématique de toutes les espèces de thèmes sanskrits à l'accusatif plur. serait-il dû au hasard d'un remaniement secondaire? Com- ment, en particulier, expliquer la forme des thèmes à liquides, pitm? Cette forme renverse toute l'hypothèse: elle ne se conçoit qu'en par- tant de l'indo-eur. pHr-ns (cf. got. fadruns). Dans la supposition de M. Brugmann ou ne pourrait attendre en sanskrit que «pitrâs» (pour

    • pitàras», ^*pitàrns-»). Ainsi les deux choses coexistaient. La syl-

labe prédésinentielle était affaiblie malgré l'accent. Or cela est la négation même de toute flexion forte.

En revanche la simple confrontation de *pitr-ns, *sâkhi-ns^ ^dyû-ns avec *mrdû-ns nous apprend que ces formes entrent sans la moindre difficulté dans le canon de la déclinaison faible.

La nasale de la désinence -ns a eu l'effet d'une consonne: de là mrdû-ns et pHf-ns, non mrdâw-ns, pHdr-ns. On ne doit donc pas s'étonner de trouver aussi bhàrnt-ns, tudnt-ns, widûs-ns, ^p-ns (bhâra- tas, tudatàs, vidûsas, apds).

Les thèmes à nasale ont dû faire uksns ou bien uksnnns. On pourrait, sans improbabilité trop grande, retrouver cette dernière forme dans le véd. uksàms, vfsanas. En tous cas uksnds n'est pas un type pur.

Au nominatif, le parallélisme de pitdras, ukédnas, sâkhayas, dydvas, avec yukfdyas, mrddvas, saute aux yeux.

Nous arrivons aux cas dont la désinence commence par bh et .S', p. ex. l'instr. p^tr-bhis, uksn-bhis, saki-bhis, dyu-bhis. Comme dans yukti-bkiSf mrdu-bhis, l'afiFaiblissement est causé par la consonne initiale

��1. Exemples: isas, ksâpas, giras, tûgas, diças, drûhas, dviëas, dhiyas, dhûras, pûras, pfkàas, psùras, bhidas, bhù^ns, hhûvas, mihas, nifdhas, yùdhas, ripas, vlpas,v{ça8, vftaa, vrlças, çrlyas, stûhhas, spâças, spfdhas, srd^as, sH- dhas, srûéas, hrûtaa. V. le dictionnaire de Grassmann.

13*

�� � 196 LA FLEXION FAIBLE RÈGNE SEULE AU PLURIEL ET AU DUEL.

de la désinence et point par l'accentuation. Etudions cependant cette accentuation. Ni en sanskrit ni en grec la désinence n'a le ton {pitfhUs, irarpàai etc.). M. Osthoff [Beitr. de P. et B. III 49) rétablit *pitrbhis, *TraTpaffî. Dès qu'on admet la flexion faible, cette correction est inutile^.

Mais il y a les mots-racines. Ici l'accent frappe les désinences -bhis, -bhyas, -swa: gr. iroffCTi, skr. adbhis, adbhyds, apsû. Nous de- vons croire que c'est là une imitation, proethnique mais hystérogène, de l'accentuation du singulier. En tous cas, lors même que cette supposition serait fausse, et que les désinences en question auraient eu partout le ton, comme le pense M. Osthoff, le fait que l'affai- blissement n'est dû qu'au contact de la consonne désinentielle ne nous en semblerait pas moins certain.

Cependant, en présence de l'accord des formes fortes {mrdâve, pitàras) avec les formes comme pitfbhis d'une part et l'accusatif pluriel de tous les thèmes de l'autre (v. ci-dessus), il nous semble qu'on a le droit de poser la non attraction du ton vers les désinences comme un des caractères distinctifs de la flexion faible.

I^e génitif plur. skr. uksndm (got. auhsne), zd. brâ^râm (gr. iraipôiv) etc. se place à côté de yukty-àm, mrdw-dm (zd. vanhvâm), v. p. 194.

Duel. Le nom.-acc. pitârau, uksdnau, sdkhâyau, bâhâvâ, est con- forme aux règles de la déclinaison faible, plus conforme même que la forme étrange yuktï et mrdû des thèmes qui sont si fidèles à cette flexion (p. 194). Au gén.-loc. yukti et mrdû font en sanskrit yuktyôs, mrdvôs. Il faudrait *yuktàyos, *mrdâvos, et pareillement pitàros etc. Or cette dernière forme précisément, d'après les recherches de Grass- mann, est exigée par le mètre dans les 20 passages du Rig-Véda où le texte porte pitrôs^; mâtaros apparaît dans trois passages sur quatre. Nous ignorons s'il y a un grand nombre de ces analogues. Ceux-là nous semblent déjà très significatifs. En zend on a le gén. duel çpentoxratavâo. En slave kostiju, synovu, sans être de nature à confirmer grandement notre conjecture, ne lui donnent pas de dé- menti. Les formes comme yuktyôs, pitrôs, se seront formées en ana- logie avec les génitifs du pluriel.

��1. En faveur de l'accentuation pitfbhis, on peut remarquer qu'elle est de règle pour les monosyllabes composés de racine -+- suffixe, comme n'-bhis, dyà- bhis, snû-bhis, stf-bhis. Si -bhis avait originairement possédé toujours le ton, on attendrait certes ^vibhis, dyubhis etc.».

2. Notons bien que l'instr. sg. pitrâ, le dat. pitri, ne donnent lieu à au- cune remarque semblable. — Pitaros avait à coup sûr le ton sur la 2* syllabe.

�� � AUTRES EXEMPLES DE FLEXION FAIBLE. NOMIN.-ACCUS. NEUTRE. 197

La dégradation des thèmes paroxytons au pluriel et au duel (bhârantas, bhdradbhis etc., bhdradbhyâm) doit être ancienne, puisqu'ici il n'est plus question d'accent. Les thèmes en ^yas ont l'anomalie de maintenir leur a, peut-être sous l'influence du singulier, dont nous avons parlé p. 191.

— Le nom de nombre quatre. —

Le got. fidvor montre que l'a du skr. éatvâras n'est point ag, mais un véritable à long (== a 4- a). On devra diviser ou: Tc^a^tw^-â^r-a^Sy ou: k^a^heâ^Ar-a^s. La première hypothèse est la plus naturelle, car où trouve-t-on des thèmes en -aAr'^ Dans l'un et l'autre cas les formes faibles comme l'instrumental devaient faire ^-k^a^tw^r-^ d'où le gr. *TeT/'âp-. Le si. cefyr-ije, le got. fidur-dogs supposent une autre forme faible ^k^a^tic^r-, k^a^tùr- qui s'accorde parfaitement avec la donnée du got. fidvor. En sanskrit on attendrait *éatur- et non éatur-. Il est remarquable cependant que l'accusatif fasse éatûras, non « éatvfn » .

— Nominatif-accusatif sing. du neutre. —

Tous les thèmes finissant par a^ -j- sortante prennent au nom.- acc. sing. du neutre leur forme réduite, quelle que soit d'ailleurs leur flexion. Pour les thèmes à nasale^ v. p. 26 seq. Les thèmes à liquide ont en sanskrit/-: dâlP; cf. gr. véKtap (thème *v6KTep-). Puis on a çMdi, mrdû, et des thèmes de flexion forte comme dyu, su-dyu.

Il est impossible que ce phénomène dépende de l'accentuation: elle varie en eiîet, et d'ailleurs les expulsions d'à ne sont jamais amenées par le ton que quand il vient après la syllabe attaquée.

L'affaiblissement tient donc ou à une cause purement dynamique ou à une influence pareille à celle qui crée la flexion faible, le conflit avec des phonèmes résistants. Nous préférons cette dernière explication.

Le thème nu étant supposé la forme première du nom.-acc. neutre, il se confondait primitivement avec le vocatif du masculin. Ainsi mrdaiU remplissait deux fonctions. Mais, tandis que le vo- catif, en sa qualité d'interjection, était placé en dehors de la phrase.

��1. Les formes grecques comme xépev, cuba» no v etc. sont hystérogènes.

2. 11 y a un neutre sthâtûr (l'opposé de yagat) dont je ne m'explique pas la syllabe finale.

�� � 198 RÉPARTITION DE Oj ET Oj.

le nom.-acc. neutre subissait un frottement qui eut l'effet d'une désinence commençant par une consonne. Il rejeta son a^.

Il paraît certain que le même phénomène s'est produit sur la particule nu, pour *naiU conservé dans nâiW-a (p. 78).

Les neutres hétéroclites, comme Icard (p. 210), et les neutres en -as, -yas, -was {mànas, vdsyas, dbàç) ne subissent point cette réduction. Citons comme exception rentrant dans la règle précédente le skr. dyus en regard du grec (masc.) aî/ba- qui a donné l'ace, aiû»; en outre yôs = lat. jus.

La forme stha, neutre védique de sthâ-s, doit être comptée parmi les anomalies.

2. APPARITION DU PHONÈME U^.

Nous étudierons d'abord la répartition de a^ et a^ dans les suf- fixes comme -an, -ar, -tar, -was etc. qui peuvent expulser l'a dès qu'il est sollicité de tomber et qui ne présentent point d'autre a que l'a légitime des cas forts.

Il faut remarquer premièrement que le même suffixe peut prendre ou ne pas prendre a^. Le suflf. -tar des noms d'agents prend a^; le suff. -tar des noms de parenté conserve partout a^. Le pre- mier cas seul nous intéresse ici; l'histoire du second rentre tout entière dans le chapitre de l'expulsion de l'a.

Les formes où l'on constate tout d'abord qu'un suffixe prend a2 sont l'accusatif sing. et le nominatif du pluriel et du duel. Quand l'une de ces formes présente le phonème a2, on est sûr qu'il existe aussi dans les deux autres^

Il reste à savoir, et c'est là la question que nous examinerons, si l'apparition de «2 ^^^^ les formes précitées entraine aussi sa présence aux trois autres cas forts, le nominatif, le locatif et le vocatif du singulier.

1. Nominatif. Pour ce qui concerne la quantité de l'a, v. ci- dessous p. 199. Considérons d'abord sa qualité. M. Brugmann a établi que le skr. datâram est rendu en grec par biÛTopa, nullement par bujTfipa. Après cela il n'y a point de motif pour croire que l'équivalent grec du skr. data soit ôiuirip plutôt que biÛToip. Le lat. dator nous parait même trancher la question. Bien que M. Brugmann

��1. Le pluriel indien âyâvas en regard de Zfjv = *Zeuv doit sûrement son à long au voisinage de dyaus et de dyàm (sur lesquels v. p. 185) ou à l'ana- logie de gavas.

�� � ALLONGEMENT DU NOMINATIF. 199

ne dise rien d'explicite à ce sujet, ce savant est loin de mettre en doute la primordialité de dator, puisqu'il s'en sert pour expliquer la longue de l'ace, datôrem (primit. ^datÔretn). Cela étant, la flexion de bujTrip n'apparaît plus que comme une variété de la flexion de ■facrrrip et Trairip, variété où l'ri du nominatif s'est communiqué à plusieurs autres cas^. On devra admettre une classe de noms d'agent sans «2 Q^i ^^ sanskrit n'existe plus que dans çâmstar (ace. çâm- stàram). — Dans les thèmes à nasale on trouve, en regard du gr. Xi-uûv, le lat. hi-em-s. Ne serait-ce pas l'indice d'une flexion qui, traduite en grec, donnerait au nom. «Xi^v», à l'ace, xiôva? C'est peu probable. Qui sait si l'e de Mems ne provient point d'une as- similation semblable à celle qu'on observe dans hene de bonus'? Elle pouvait se produire par exemple à l'ace. *hiomem, au plur. *hiomes. Telle est aussi la raison de l'e de juvenis, cf. skr. yûvânam. A côté de flamen, flamonium'^ pourrait faire conclure à l'ace. *flamonem, *Jia- mônem; mais cette forme s'explique suffisamment par l'analogie de matrimonium etc.^ — Pour les thèmes en -was, M. Brugmann admet avec raison que le gr. eibwç (accus, ancien *eiè6(Ja) est le continuateur direct de la forme primitive.

Ainsi rien ne peut faire admettre que la couleur vocal ique du nominatif différât jamais de celle de l'accusatif.

En ce qui concerne la quantité de l'a du nominatif, c'est, au- jourd'hui l'opinion dominante que pour les thèmes à liquide, à nasale et à sifflante, il était long dès la période proethnique. Le système vocalique s'augmente donc de deux phonèmes: l'âj et Vâ2 longs, phonèmes tout à fait sporadiques et restreints, autant qu'on en peut juger, à cette forme de la flexion, les autres à longs étant des com- binaisons de deux a brefs.

La question de savoir si, après la syllabe à voyelle longue, venait encore Vs du nominatif a été l'objet de vifs débats. Le premier M. Scherer avait ré- voqué la chose en doute et vu dans l'allongement une façon spéciale de mar- quer le nominatif. A leur tour ceux qui admettent Vs et qui attribuent l'allon- gement à l'effet mécanique de la sifflante ne sont pas d'accord sur l'époque où elle a dû disparaître.

��1 . L'ancien accusatif en -repa a laissé une trace dans ' les féminins en -Teipa. Ceux-ci en effet n'ont pu être créés que sur ce modèle, le type -Tpia étant le seul qui réponde au skr. -tri.

2. Usener, Fleckeisen's Jahrb. 1878, p. 51,

3. Rien n'est plus incertain que les étymologies qui tirent le lat. mulier et le gr. ûyii'iç des thèmes du comparatif en -ya^s.

�� � 200 RÉPARTITION DES PHONÈMES ttj ET Oj ENTRE LES DIFF. CAS.

Pour ce qui concerne ce dernier point, nous nous permettrons seulement d'allirer l'attention sur le parallèle sâkhà{i) — AriTib posé à la page 187, et qui nous détermine, avec les autres arguments bien connus, à admettre l'ab- sence de sifflante après an, am, âr et ai dans la det-nière phase de l'indo- européen.

Nous adoptons la théorie où l'allongement provient d'une cause (inconnue) autre que l'action de l's, sans croire toutefois que les deux caractères se soient toujours exclus l'un l'autre. Comment concevrait-on skr. vés, lat. vates, gr. Zeûç (à côté de zd. kava, skr. sàkhà, cf. p. 185 seq.), si Vs déterminait l'allongement? En outre il y a des cas où la voyelle longue se trouve devant une explosive. Ainsi le nom. sanskrit de /^agfi «pied» est j)àd, p. ex. dans a-pâd. Si cette forme est ancienne, elle suppose un <î long proethnique. Mais sans doute on peut alléguer l'analogie des formes comme pâdam (= -rtôba). Citons donc tout de suite le germ. fôt-^ dont l'ô, si l'on n'admet quelque part un â long dans la flexion primitive du mot, est purement et simplement inexplicable. Or où l'a long pouvait-il exister si ce n'est au nominatif singulier? Le dor. trObç con- firme ce qui précède; -uoç dans Tpîuoç etc., est refait sur les cas obliques, cf. TTôXu-poç de PoOç. Quant à iroOç, c'est une forme obscure de toute fai^on et que nous ne considérons pas comme la base de itûjç. — Si l'on admet que l'a ■ du skr. nâpàtam soit a^ (p. 212), l'ô du nom. nûpât = zd. napâo (pour *nupà[t]s), comme l'ô du lat. nepôt-, prouvent aussi l'allongement. — Le lat. lôx permet la même conclusion: cf. gr. 6\^ et vôcare, lequel est apparemment dénominatif de *v6c-. — Enfin tous les mots comme lat. fur, gr. q)ujp, kXiûvjj, ^lûv^, okûjvij, irapa-pXiûnj venant de racines contenant e ne s'expliquent qu'à l'aide de l'allon- gement du nominatif. Plus tard la longue pénétra dans toute la flexion et même dans des dénominatifs comme fûrari, cpujpduj, kXujttôiu, lesquels se pro- pagèrent de leur côté (cf. Ppuj|Lidu>, bpw|Lidu), bujuduj, voijadu), ttujTdoiaai, Tpujîrduj, Tpwxôiu, OTpwqpduj). — A côté d'oivo^j on trouve oîvûjv|j, à côté d'êiron; ëTTUJira (Hes.). Cette variation de la quantité paraît remonter à la même source.

2. Locatif. Ici la permutation est manifeste. En sanskrit on a âMdram et dâtâri, uksdnam et uksâni^ ksâml et ksdmas (= gr. x^ôveç). Le même échange se traduit en gotique par aiihsin = uksàni (p. 84) en regard de auhsan et auhsans = uksdnam, uksdnas. M. J. Schmidt a comparé à ce paradigme germanique le lat. homo hominis homonem (vieux lat.), parallèle qui s'est confirmé de plus en plus pour ce qui est du nominatif et de l'accusatif. Aux cas obliques il est difficile d'admettre que Vi (= é) de homin- réponde à Vi (= e) de auhsin. La voyelle latine paraît plutôt être purement anaptyctique, hominis se ramenant à *homnis (cf. p. 45 en bas, et l'ombr. nomne etc.). En grec aî/ei pourrait bien appartenir au thème axSoG- (ace. aiûi) plutôt (ju'à *ai/b = lat. aevum.

��1. Le norr. fôt- est encore consonan tique. Le got. fotu- est né de fot- comme tun^u- de tunp-. La langue a été induite en erreur par le dat. pi. fo- ium et l'ace, sg. fotu, lesquels provenaient du thème consoiiantique.

�� � RÉPARTITION DES PHONÈMES rt, ET ((^ ENTRE LES DIFF. CAS. 201

3. Vocatif. M. Brugmann Stud. IX B70 pose dâta^r comme prototype du skr. dâtar. Mais cette forme peut tout aussi bien sortir de dàta^r, et une fois qu'en grec le nom. buuTrip est séparé de 6dj- Topa (p. 198), le voc. aiûrep que fait valoir M. Brugmann n'a plus rien de conîmun avec les mots en -roup. M. Brugmann lui-même a reconnu plus tard (7t. Z. XXIV 92) que la qualité de l'a n'est pas déterminable — biJùrop pouvant de son côté être hystérogène pour

  • bû)Tep — , et en conséquence il écrit pour les thèmes en -wa-i: widwa^s

ou uidwaiS. L'incertitude est la même soit pour les thèmes à na- sale soit pour les thèmes en i et m de flexion forte (sàkhe, AriTOÎ, p. 187). Nous parlerons plus loin (p. 203) de la circonstance qui fait pencher les chances vers a^. Il n'en est pas moins vrai que l'apparition de a^ dans les thèmes dont nous parlons n'est démon- trable que pour une seule forme, le locatif.

Voilà pour la permutation «g : a^ dans les syllabes prédésinen- tielles qui ne gardent l'a qu'aux cas forts. Mais on comprend que celles de ces syllabes où la chute de l'a est impossible présentent encore une permutation d'un tout autre caractère, la permutation forcée si on peut l'appeler ainsi. La déclinaison du nom de l'aurore dans un grec très primitif serait (cf. Brugmann, K.Z.XX1Y21 seq.): nom. *ai)(Tujç (skr. usas), ace. *aùcrô(ya (skr. usdsatn), voc. *auffoç ou

  • aua€ç (skr. îiios), loc. *aiiaé(yi (skr. usâsi); gén. *aùaeaôç (skr. î<sd.sas

pour *usasds), v. p. 188 seq. Dans ce paradigme l'apparition de Ve au locatif — et au vocatif si *au(Jeç est juste — résulte de la per- mutation libre étudiée ci dessus. Au contraire Ve de *ai)(Te(TÔç = skr. iisâsas n'existe absolument que parce qu'une cause extérieure empêche l'expulsion de l'a suffixal, et dans ce cas nous avons vu que c'est toujours a^ qui apparaît (p. 126).

Dans les thèmes-racines, la permutation forcée est fréquente. Ainsi l'oi du lat. pedis, gr. Trebôç, skr. pâdds en regard de compodem, Txàba, pddam (Brugmann, Stud. IX 369) est tout à fait comparable à l'ci de *a\}(Sec6ç. Le locatif en revanche faisait à coup sûr pâ^di, avec permutation libre.

Considérons à présent la permutation a^'.a^ dans les thèmes où tous les cas sont forts, c'est-à-dire les paroxytons (p. 191). Les com- paratifs en -yas, qui ont a2 au nominatif (lat. suavior) et à l'accu- satif (skr. vâsyâmsam reflétant un ancien ^vàsya^sam, gr. f]b'nu =

  • f)bioa), présentent un a bref, soit a^, dans les cas obliques du sans-

�� � 202 RÉPARTITION DES PHONÈMES a, ET «j ENTRE LES DIFF. CAS.

krit: vâsyase, vdsyasas, vâsyasâ. Il est évident qu'ici il ne saurait être question de permutation forcée, et nous apprenons ainsi que le génitif, le datif et l'instrumental, quand l'accent leur permet d'être forts, ont le vocalisme du locatif^.

Ceci aide à comprendre la flexion des neutres paroxytons en -as, lesquels ont «2 ^^ nominatif -accusatif, a^ aux autres cas (Brug- mann ^.c. lôseq). Si l'on convertissait en masculin le neut. mâna^s^ dat. tndna^sAi, on obtiendrait au nom. mânâ^s, à l'ace, mâna^sm, au dat. mdna^sH, c.-à-d. la même flexion que pour les comparatifs. Le datif serait donc tout expliqué. IJa^ du nom. -ace. se justifie direc- tement par le fait que le neutre de ivâsyâ^s est icdsya^s (lat. siiavius), et le neutre de widwà^s, ividivâ^s (gr. €i6ôç). Ces trois types font exception à la règle qui demande l'expulsion de l'a au nom. -ace. neutre (p. 197).

Au pluriel et au duel (flexion faible) les thèmes, oxytons et paroxytons, qui ne peuvent rejeter l'a devant les consonnes initiales des désinences, prenaient, selon la règle, a^: les formes grecques |Liéve(J-ai, ôpea-qpi, en témoignent, aussi bien que les accusatifs in- dienc- pàdâs, usâsas (= padns, usasns), cf. pddas, usdsas.

En anticipant ce qui est dit plus bas sur le vocatif, le résultat de l'étude qui précède peut se formuler ainsi: Dans la flexion notni- nale les syllabes prédésinentielles où a^ est suivi d'un phonème et qui ad- mettent la modification en 82, présentent toujours cette modification 1'^ au nominatif des trois nombres, 2° à l'accusatif du singulier, 3^ au nom.-acc. sing. du neutre lorsqu'il conserve Va,. Partout ailleurs l'a., s'il n'est ex' puisé, ne peut avoir que la valeur a^.

L'échange des deux a dans les thèmes finissant par a est traité plus haut p. 85 seq. Dans les cas qui, pour les thèmes tels que uksàn, sont les cas forts on observe un parallélisme frappant entre les deux classes de suffixes:

Sing. nom. uks-d2n Cf. yuk-td^rs

ace. uks-â^n-m yuk-tâ^-m

loc. uks-â^n-i yuk-tâ^-i

Plur. nom. uks-L^n-a^s ytik-tâ^-a^s

1. La conjecture de M. Brugmann {l. c. 98 seq.) part du point de vue que la présence de Va aux cas faibles des noms en -yas est irrégulière, ce dont nous ne pouvons convenir (p. 191 seq.). — Ce qui précède fait voir que padâs,

  • u8asd8 auraient a, quand même la permutation n'y serait pas forcée. Néan-

moins nous avons cru qu'il était plus juste de présenter la chose comme on vient de la lire.

�� � l'échange tti — Cj EST INDÉPENDANT DE l'aCCENT. 203

Reste le vocatif sing. On a vu que la voyelle de ce cas ne peut pas se déterminer directement pour les thèmes comme uksan (p. 201). Seulement M, Brugmann tire du voc. yûkta^ une présomption en faveur de l'hypothèse ddtayr {ûhsa^n) et nous adoptons son opinion, non point toutefois pour les raisons qu'il donne et dont nous par- lerons tout à l'heure, mais uniquement parce que le locatif atteste la symétrie des deux paradigmes.

M, Brugmann est convaincu que l'échange de a^ et ag s'explique par l'accentuation, et en particulier que l'aj du voc. yûkta^, qu'il regarde comme un afifaiblissement, tient au recul du ton à ce cas. Or le locatif, qui n'a point cette particularité d'accent, montre exac- tement le même vocalisme. Ensuite où est-il prouvé que l'accen- tuation en question ait une influence quelconque sur l'ag? On compte autant de ag après le ton que sous le ton, et d'ailleurs les deux a se trouvent placés cent fois dans les mêmes conditions d'accent, montrant par là qu'ils sont indépendants de ce facteur pour autant que nous le connaissons. C'est ce qui apparaît clairement quand on parcourt par exemple la liste de suffixes donnée plus bas, le même suffixe pouvant avec la même accentuation prendre a^ dans certains mots et garder a^ dans d'autres. — Ainsi que nous l'avons dit p. 126 seq.. nous considérons % comme une voyelle primitive et nullement affaiblie, et ag comme une modification de cette voyelle. Autant il est vrai qu'on retrouve partout les trois termes ag, «i, a-zéro, autant, à notre avis, il serait erroné de croire qu'ils forment une échelle à trois degrés et que a^ est une étape entre a^ et zéro.

M. Brugmann dit {Stud.YX.Zll): «tous les doutes qui pourraient surgir relativement au droit que nous avons de tenir Ve du vocatif pour un affaiblissement sont levés par les thèmes en -â», et il cite alors le vocatif vù|Li(pâ, ëeno, ambà. C'est là cet incompréhensible parallélisme des thèmes en -Â avec les thèmes en -a^ (a^) qui se vérifie encore au locatif et dont nous avons déjà parlé p. 88. On ne pourra y attacher grande valeur, tant que l'énigme ne sera pas résolue.

Nous avons vu de quelle manière, étant donné qu'un thème prend a^, ce phonème alternera avec a^ aux différents cas de la dé- clinaison. Il reste à établir ou plutôt à enregistrer — car on n'aperçoit aucune loi dans cette répartition — quels sont ces thèmes, quels sont au contraire ceux qui maintiennent a^ partout.

Pour abréger nous écrivons, par exemple, suffixe -a^n, ce qui signifie: variété du suff. -a^n admettant \'a^.

�� � !204 ÉNUMÉRATION DES THÈMES QUI PRENNENT CTj.

1. La syllabe prédésinentielle prend a^: Thèmes-racines, Les plus importants sont pa2d «pied»: skr.

pââam, gr. Ttôba (Brugmann, <S<Mrf. IX 368); wa^k «voix»: skr. véiéam (cf. p. 190), gr. J'ôua. Sur le lat. vôcem v. p. 200. En grec xoûç (gén. xoôç), bôpS, cpXôH (ce mot est hystérogène, la racine étant qpXriT, V. p. 162g), tttujH, ôu)ip. On pourrait douter si Va du skr. ap «eau» représente a^-* ou a^. Nous nous décidons dans le premier sens pour 3 raisons: 1" si l'a de âp-am était a^ on devrait, rigou- reusement, avoir au datif p-é, 2° la parenté du gr. 'Atti- (p. 53) est probable, 3" dans les composés comme dvîpâ, anûpd, Va initial de ap s'est fondu avec Vi et Vu qui précèdent, ce que n'eût pas fait Oj. — En composition on a p. ex. gr. BeXXepoqpuJv, lo-qpujv, dont l'accusatif a dû faire primitivement -cpova. Une partie des com- posés indiens de vah, sah etc. ont à Tacc. -vâh-am, -sâh-am. La forme faible existe p. ex. pour anad-vdh-am qui fait anad-uh- (p. 189: sur le nominatif v. p.41i.n.). Pour -sah- (=sa^h) la forme faible devait être '■sâh-, le groupe sgh n'étant pas admissible. Or dans le Rig-Véda on ne trouve presque jamais que les cas forts, sauf pour anadvah. L'alternance de -vâh- et -uh-, de -sâh- et -sah- s'était donc perdue, sans qu'on osât cependant transporter dans les cas faibles la forme à voyelle longue. Il n'existe qu'un ou deux exemples tels que satrâ- sdh-e. — Les nominatifs ont l'a long (havya-vât etc.). Comme la syl- labe est fermée, la longue est due ou à une extension analogique ou à l'allongement du nominatif (p. 199).

Suffixes.

l.-a2n. Ce suffixe abonde dans toutes les langues de la famille.

2. -agin. On trouve le suff. -aim dans ghi-âm, gr. xiiwv (zd. zyâo, lat. hiems, cf. p. 184) et ghs-àm: gr. X^-i^JV, skr. nom. pi. ksàmas. Brugmann, Stvd. IX 308.

3. -agi*. Skr. dv-àr-as^ (nom. pi.). La forme forte reparaît dans le si. dvorii, le lit. dvAras, le lat. fores. Brugmann l. c. 395. — On peut mettre ici sivasa^r, skr. ace. svasdLram, lat. soror, lit. sesû, irl. siur (cf. athir), gr. lop-eç^.

��1. L'aspirée dh a subsisté, pen.sons-nous, dans ce mot jusqu'au jour où naquit la forme dhùr «timon, avant-train> venant de dhf. L'équivoque perpé- tuelle qui s'établit alors entre dhiir et les cas faibles de *clhvar (comme dhnrâm) poussa à dififérencier ces formes.

2. M. Léo Meyer a vu dans ôap le représentant grec de swa^sar, opinion à laquelle personne n'a adhéré. En revanche il n'y a aucune difficulté phonique a identifier avec skr. svàsûras ?opeç' ■trpooi'iKovTcç, ouTYCveîç; cf. ^op* dutdTrip,

�� � THÈMES QUI N ADMETTENT POINT ffj. zUO

4. -niagll. Suffixe connu en grec, en latin, en germanique et dans l'arien. Il serait intéressant de savoir pourquoi, en grec, l'accusatif ancien en -)aova et l'accusatif hystérogène en -juOùva se répartissent exactement entre paroxytons et oxytons.

5. -wa.^ll. Ce suffixe, fréquent en sanskrit, se retrouve avec plus ou moins de certitude dans le gr. ttTuuv, iréTroiv, dinqpiKTioveç, et îduTrriujv, bien qu'on ne puisse peut-être identifier purement et sim- plement -TTTiuuv avec skr. patvan, ainsi que le fait M. Fick.

6. -tagr. Noms d'agent.

7. -agS. Skr. nom. pi. uséis-as, zd. ushâonh-em^ gr. r|U)ç, lat. au- rôra; gr. aibujç. — Puis tous les neutres en -as. V. p. 202 seq.

8. -magS paraît exister dans l'ind. pumas, ace. pûmâmsam pour

  • pumàsam. Cf. p. 41 i. n., 190 i. n., 188.

9. -JS^Si suff. du comparatif. Brugmann K. Z. XXIV 54 seq. et 98.

10. -wagS, suff. du participe passé. Brugmann l. c. 69 seq.

A cette première série se rattachent, comme nous l'avons vu, les suffixes finissant par a (-a, -ta, -ma etc.), qui tous prennent a.^.

11. La syllabe prédésinentielle n'admet pas Og* Thèmes-racines. Kieiç KTevôç (primitivement le gén. devait

être *KT«vôç, *KTavôç), véKeç" veKpol, Kiépeç (id.), lat. nex etc. En composition: skr. vrtra-hmi{-am), rtï-sâh{- am) à côté de rtï-sdh{-am).

Quand un thème-racine se trouve en même temps ne pas prendre ttg et être hors d'état de rejeter l'a — ex.: skr. spaç, spâçam, spaçé, gr. èiri-TeH — il est naturellement impossible de dire à coup sûr s'il n'appartient pas au type dvls (p. 189).

Suffixes.

1. -a^n. Plusieurs thèmes sanskrits comme vfsan, ace. vfsânam. En grec on a dpcrev- (peut-être identique avec vrsan), xépev-, aùxév-, cppév-. Parfois ces mots généralisent l'ri du nominatif, ainsi Xeixriv -fjvoç, ireudriv -nvoç. Le suff. a^n sans a.^ manque au germanique.

2. -aiF. Skr. w âr, ace. waram = gr. àvépa. Cf. sabin. nero. On a en outre aîd-ép-, a/"-ép-, anivO-ép-, Xa-mu-rip ' aqpobpoùç tttvjujv Hes.

��àv€vj;iôç (probablement un vocatif), eùpéaq)i" YuvaiEiv. Un grand nombre d'autres formes voisines quoique assez hétérogènes ont été réunies par M. Ahrens, Philo- logus XXVII 264. La déviation du sens n'a pas été plus grande que pour çpciTrip.

�� � 206 TraiVip : cÙTTciTUip, Trfma : ànrmiuv.

3. -maiD. Gr. Troiinév-, nu&iaév-; Xi)Liév- etc. Le letto-slave {kamen-, ahnen-) a perdu -ma^n et ne connaît plus que -ma^^^i. C'est l'inverse qui a eu lieu soit pour le germanique soit pour le sanskrit^

4. -taiF. Noms de parenté* et noms d'agent (v. p. 198 seq.).

5. -waiF. C'est le suffixe qu'il faut admettre dans devâr, ace. devâram. En effet le gr. baép- montre a dans la racine; or celle-ci ne peut être dàiw (v.p. 170). Sur ce mot cf. Brugmann, Stud.lXZ9l.

6. -aiS. Nous avons vu p. 189 skr. bhiy-âs{-am). Les thèmes en -agS formant le second terme d'un composé renoncent à ïa^: skr. su-mânàs-am, gr. e\j-)aevr|ç, dv-ai5r|ç, lat. degener. Les adjectifs comme gr. ipeu5r|ç, skr. tavàs se comportent de même.

Le sanskrit ne possède rien d'équivalent à la règle grecque qui veut que Traiép-, àvép-, Taaxép- etc., donnent en composition eù- TTâTOp-, dv-r|vop-, KOiXo-TacTTOp-, phénomène qui est l'inverse de celui que nous venons de voir pour les thèmes en -as. La règle des neutres en -)iia, analogue en apparence, a peut-être une signification assez différente. 11 est évident tout d'abord que TrfJiLia n'a pu pro- duire à-Trri|Liov- qu'à une époque où ïn du premier mot existait encore, si ce n'est au nominatif -accusatif, du moins aux cas obliques^. Mais l'association de ces deux formes pourrait être même tout à fait pri- mitive. Si l'on admet que les neutres en question sont des thèmes en -wagW et non en -ma^n — question qui ne peut guère être tranchée — , -Trrmov- nous représente le propre masculin de Trnjia. Le sanskrit est favorable à cette hypothèse : dvi-gânmân-am : gânma = à-7rr|)Liov-a : irfiiaa^.

Il n'est pas besoin de faire ressortir la confirmation éclatante de la théorie du phonème ag que M. Brugmann a pu tirer de ces différents suffixes. Parmi les thèmes indiens en -ar ceux qui allon- gent l'a sont 1° des noms d'agent, 2° les mots dvàr et svdsar: dan.s

��1. La quantité de l'a varie en zend, comme dans tant d'autres cas. On ne saurait y attacher grande importance. En sanskrit aryamân fait aryamânam, mais c'est un composé de la rac. man.

2. Sur l'anomalie de ces noms en gotique, où ils présentent a dans le suffixe (fad&r etc.), anomalie que ne partagent point les autres dialectes germa- niques, V. Paul, Beitr. IV 418 seq.

3. Après que l'n se fut évanoui on forma des composés comme â(TTO|Lioç au lieu de *àaTÔ|LXiuv.

4. Le rapport de K^paç et xpuoô-Kepujç n'a évidemment rien de commun avec celui de iTf||na et imrwxiuy, -Kepujç étant une simple contraction de -Kcpaoç. Au contraire celui de ireîpap (-otoç) et à-iretpiuv serait intéressant à étudier.

�� � DÉCLINAISON DE daru, ganu, sanu. 207

le gréco-italique les thèmes en ar qui prennent o sont: 1° des noms d'agent, 2° les thèmes correspondant à dvâr et svâsar. L'arien offre usdsam en regard de sumdnàsam: nous trouvons en gréco- italique ausos- et eù)i€vé(T-, degener-.

��Nous nous abstiendrons de toute hypothèse relativement aux féminins en -â, à la nature de leur suffixe et de leur flexion^.

Pour terminer nous considérons deux genres de déclinaison où, contre la règle ordinaire, les phénomènes de la flexion s'entrecroisent avec ceux de la formation des mots.

1. Déclinaison de quelques thèmes en u.

En sanskrit ^nu (qui n'existe qu'en composition) et le neutre dru sont évidemment avec gdnu et ddru dans le même rapport que snu avec sdnu. h'â des formes fortes est ag, v. p. 82. En fait de formes faibles on trouve en grec fvûH, irpô-xvu, ÎTVÙç, bpu-; en go- tique hmssjan, kn-iv-a, tr-iv-a.

Or la règle de la grammaire hindoue relativement à snu est que cette forme se substitue à sdnu — lequel peut aussi se décliner en entier — aux cas obliques des trois nombres (plus l'ace, plur.). Benfey, Vollst. Gramm. p. 315.

La déclinaison primitive, d'après cet indice, a pu être: nom.- acc. dâ^r-u, dat. dr-ii^iv-Ai etc. Ce n'est guère plus qu'une possibilité; mais, à supposer que le fait se confirmât, il introduirait dans la flexion indo-européenne un paradigme tellement extraordinaire qu'il est nécessaire d'examiner le cas et de voir s'il est explicable.

Etant donnée la déclinaison dâ^r-u^ dr-â^iv-Ai, on ne pourrait sans invraisemblance supposer deux thèmes différents de fondation, hypothèse qui résoudrait la question de la manière la plus simple, mais qui n'expliquerait pas l'alternance fixe des deux formes.

Il s'agit de trouver le moyen de réunir da^ru- et dra^u- dans un seul type primitif sans avoir recours à d'autres modifications que celles qu'entraîne la flexion du mot. En partant d'un thème paro- xyton dâr-a^u cela est impossible: le ton qui frappe la racine ne passe jamais sur le suffixe (p. 191). Supposons au contraire un thème premier *dar-â^u: dr-â^w-Ai est pour *rfar-rfiW-ii (voy. p.221). Au nom. -ace. dà^r-u nous constatons que le ton s'est retiré sur la

1. Cf. p. 88, 203.

�� �

208 DÉCLINAISON DE dàru, ganii, sanu, pak^u.

racine, où il a protégé l'a. Toute la question est de savoir si l'on peut expliquer ce mouvement rétrograde de l'accent. Il nous semble que oui. En vertu de la règle que nous avons vue p. 197, le nom.- acc. du neutre *dar-du devait faire: *dar-û. Mais l'i et Vu finissant un mot refusent de porter l'accent (v. p. 178). Le ton était donc forcé de se rejeter sur la syllabe radicale.

Si l'on admet la déclinaison indo- européenne dâ^ru drâ^ioAi et l'explication de dâ^ru qui précède, il s'ensuit une rectification touchant la forme primitive du neutre d'un adjectif comme mrdiï-s qui a dû être mrâdu. Cette forme était trop exposée aux effets d'analogie pour pouvoir se maintenir.

Dans la même hypothèse on posera pour la déclinaison du neut. j;ayfcM (pecus): nom.-a.cc. pdiki-u, da-t pa^k^-w-Ai. Nous mettons pakwAÏ et non paMivAi, parce qu'il y a des indices que ce mot sui- vait la déclinaison forte. En regard de l'adj. skr. drdv-ya on a paçv- yà, et le génitif védique du masc. paçû-s est invariablement paçvAs (cf. drôs, snôs). Du reste la flexion forte ne change rien à la question de l'accent. Voici les raisons qui pourraient faire admettre la même variation du ton que pour les trois neutres précédents. L'ace, neutre skr. paçu se rencontre deux fois dans les textes (v. B. R.): la pre- mière fois il est paroxyton, en concordance avec le got. faihu, la seconde oxyton. Puis vient un fait que relevé M. Brugmann, Stud. IX 383, le parallélisme du masculin oxyton paçû-s avec drû-s, bpû-ç, et le masc. zd. zhnu. Cette circonstance resserre le lien du neutre paçu avec la famille dàru, gémi, sânu. — Le nom.-acc. pâ^k^u est paroxyton pour la même raison que dâ^ru^. Dans le dat. pa^kivÀi et le masc. pa^kû-s Va radical subsiste seulement, comme le dit M. Brugmann, parce que pkû- eût été imprononçable (le zd. fshu résulte d'altérations secondaires); cf. p. 46.

��1. La coloration divergente de l'a dans pà^hu et dâ^ru, gà^nu, sâ^nu, dé- pend de facteurs que nous ne connaissons pas. Supposer la même influence des sonanles que plus haut p. 83 serait une conjecture assez frêle. Peut-être le masculin pa^kû et les cas obliques oxytons où Va^ était forcé ont-ils influé par analogie sur le nomin. *iMizku. — Je ne sais comment il faut expliquer le datif védique (masculin) pâçve, si ce n'est par l'attraction qu'exerce Va radical (p. 163). — M. Brugmann {l. c.) montre qu'il a existé une forme ga^nu à côté de gnu et ga^nu; de même l'irland. derucc «gland» joint au lit. dervà, au si. drèvo (J. Schmidt, Voc. II 75) remonte à da^i-H. En tous cas il paraît inadmissible que cette troisième forme ait alterné dans la déclinaison avec les deux premières. Sur le lat. genu et le véd. sanuhhis cf. p. 45, 44.

�� � DÉCLINAISON HÉTÉROCLITE. â09

Le gérondif sVr. gatvâ, çrutvâ, en regard de l'inf. gântum, çrôtum, rentre, à première vue, dans la catégorie que nous venons de voir. En réalité il n'en est rien. L'explication proposée pour dâru, basée sur Vu final de cette forme, ne s'applicjuerait plus à gântum. D'ailleurs il faudrait que les infinitifs védiques en -tave eussent la racine réduite et l'accent sur le suffixe, mais on sait que c'est le contraire qui a lieu (gântavé). Il convient d'en rester à la conclusion de M. Barth (Mém. Soc. Ling. II 238) que le gérondif en -tvà ne sort pas du thème de l'infinitif. On trouverait même le moyen de réunir ces deux formes, qu'il resterait à expliquer les gérondifs védiques comme hrtvt.

2. Mots hétéroclites.

a. LES NEUTRES.

Il y a longtemps que M. Scherer a supposé que le paradigme indien des neutres comme àksi, où alternent les suffixes -i et -an, devait dater de la langue mère. Dans les idiomes congénères en effet on retrouve ces mots tantôt comme thèmes en -i tantôt comme thèmes en -an. M. Osthoff {l. c. 7) s'est joint à l'opinion de M. Scherer. Mais les mots en -i, -aw, ne sont qu'une branche d'une famille plus grande, dont l'étroite union est manifeste.

La déclinaison de ce qu'on peut appeler les neutres hétéroclites se fait sur deux thèmes différents^. Le premier est formé à l'aide du suff. -an', il est oxyton; la racine y est affaiblie.

Ce premier thème donne tous les cas dont la désinence com- mence par une voyelle. Il suit la flexion forte.

Le second thème a le ton sur la racine, laquelle offre sa forme pleine. Normalement ce thème semble devoir être dépourvu du suffixe. Quand il en possède un, c'est ou bien i ou bien un élé- ment contenant r, jamais u 7ii n. Ce suffixe du reste n'en est pro- bablement pas un; il est permis d'y voir une addition euphonique nécessitée à l'origine par la rencontre de plusieurs consonnes aux cas du pluriel (asth-i-bhis, etc.).

Les cas fournis par ce second thème sont ceux dont la dési- nence commence par une consonne, plus le nom. -ace. sing., lequel leur est assimilable (p. 197). En d'autres termes ce sont les cas moyens de la grammaire sanskrite ou encore les cas faibles de la flexion faible.

Les variations du vocalisme radical dont.nous venons de parler rentrent dans le chapitre de la formation des mots, puisqu'elles correspondent à l'alternance de deux suffixes. A ce titre la décli-

��1. Les nominatifs-accusatifs du pluriel et du duel devront rester en dehors de notre recherche, vu l'incertitude qui règne sur leur forme primitive, de Saussure, Oeuvres. 14

�� � âlO DÉCLINAISON HÉTÉROCLITE.

naisoQ hétéroclite aurait pu être placée au § 13. Mais l'alternance

des suffixes étant liée à son tour à celle des cas, il nous a paru

naturel de joindre cette déclinaison aux faits relatifs à la flexion.

Les neutres désignent presque tous des parties du corps.

1* série: le thème du nom. -ace. est dépourvu de suffixe.

1. Gr. o&ç = lat. atis dans aus-culto. Le thème des cas obliques est ouoT-, c.-à-d. *oùo-v- (p. 28). Il a donné le got. auso mmns. La double ac- centuation primitive explique le traitement divergent de \'s dans auso et le v. ht-all. ôrà. — Le nom.-acc. paraît hésiter entre deux formations, car, à côté de ous, le lat. auris, le lit. ausïs et le duel si. uSi font supposer o'usi. D'autre part le si. ucho remonterait à o'usas.

2. Lat. ôs = skr. as (et âsyà), dat. às-n-é (peut-être primit. àsné?).

3. Le skr. çtrë-n-é se ramène à *krAs-n-A'i, lequel suppose un nom.-acc. krâAs que le grec conserve peut-être dans KaxdKpâç et indubitablement dans Kpd(a)-aT-(oç): la syllabe Kpâa- est empruntée au nom.-acc, le correspondant exact de çîrs-n-âs ne pouvant guère être que *Kopaaroç.

4. Le mot pour cœur a dû être kâifd, dat. krd-n-Ai, ce qui rend assez bien compte du gr. Kfjp ou plutôt Krjp, v. Brugmann, Stud. IX 296, du got. hairto hairtins, du lat. cor etc. Cf. skr. hfdî et hardi.

5. Skr. dés, dat. dos-n-é «bras».

6. Lat. jûs «jus, brouet». Le sanskrit offre le thème yûs-ân, employé seulement aux cas obliques.

7. Skr. vâr «eau» à côté de vâri; le thème en -ati paraît être perdu.

2® série: le nom.-acc. se forme à l'aide d'un élément contenant r. Quand r est à l'état de voyelle, il se fait suivre de g2 ou plus ordinairement d'une dentale qui paraît être t (cf. p. 28). Ces addi- tions sont vraisemblablement les mêmes que dans -ksi-t, -Jert (p. 189) et -dhr-k (au nominatif des composés de dhar). Les dérivés asra (skr.) et udra (indo-eur.) indiquent bien que ce qui suit \'r n'est pas essentiel.

1. Skr. ds-r-g, dat. as-n-é. Gr. ëap, elap (Grrfe. 400). L'a du lat. s-an-gu-i-s, san-ies (cf. p. 28) paraît être anaptyctique (cf chap. VI). Nous devons poser pour l'indo-européen, nom.-acc. â^s-r-g^, dat. s-n-A'i. En sanskrit l'a des cas obliques a été restitué en analogie avec le nom.-acc. L'a du lette assins est sans doute hystérogène, cf. p. 88 i. n. — D'après ce qui précède nous regardons lat. assir, assaratum, comme étrangers à cette famille de mots. Olfr. Mûller (ad. Fest. s. V. assaratum) les croit d'ailleurs d'origine phénicienne.

2. Véd. âh-ar, disX.%àh-n-e (pour *ahné probablement).

3. Véd. udh-ar (plus tard udhas), dat. ûdh-n-e (primit. ùdhné'i); gr. oOd-ap, cOô-OT-oç; lat. ûb-er et Oufens; v. h^^-all. ùt-et- (neut.)._

4. Lat. fem-ur fem-in-is. M. Vaniëek dans son dictionnaire étymologique grec-latin cite ce passage important de Priscien (VI 52): dicitur tamen et hoc femen feminis, cnjus nominativus raro in usu est. — Peut-être y a-t-il commu- nauté de racine avec le skr. bhâmsas, bhasâd.

�� � DÉCLINAISON HÉTÉROCLITE. 211

5. Gr. fyn-ap rjn-aT-oç; zd. yâkare (gloss. zd.-pehlvi); skr. yàk-r-t yak'ué; lat. jec-ur jec-in-or-is, jocinoHs; lit. jekna. On peut conjecturer que les formes primitives sont: ya^Àk-r-t, dat. yÀk-n-Ai, ce qui rend compte de Va long du zend et du grec. Mais il est vrai que Ve du lituanien et du latin s'y prête mal: on attendrait a.

6. Gr. iJb-iup Ob-aT-oç (0); v. sax. watar, got. vato vatins', lat. u-n-da; lit. va-n-du; sl.voda; skr. tidân usité seulement aux cas obliques (nom. -ace. ûdaka). Conclusion: indo-eur. tcâ^d-ri-t), dat. ud-n-Ai. La nasale du latin et du litu- anien est évidemment épenthétique.

7. Gr. OK-iûp OK-dx-ôç; skr. çâk-r-t çak-n-é (lat. stercus). Ces formes ne s'expliquent que par une flexion primitive: sâ^k-r-t, dat. sk-n-Ai.

3' série: le thème du nom. -ace. se forme au moyen d'une finale i. — D'après ce que nous avons vu plus haut (p. 106, 107 en bas, 108) Vo des mots ôcrae, ôaréov, oOç, doit être o. Au point de vue de la dégradation du vocalisme radical, ces exemples ne sont pas des plus satisfaisants. La racine apparaît invariable.

1. Skr. âkë-i, dat. aks-n-é^. Le thème nu apparaît dans an-àks «aveugle», nomin. andk. La forme en -i donne le gr. dooe, le lit. akïs et le duel si. oéi^ l'autre le got. augo augins, où l'accentuation du thème en -cm est encore visible.

2. Skr. dsth-i, dat. asth-n-é^. Gr. ôan-voç, àaT-é{y)o-v (cf. hfd-aya), lat. os ossts (vieux lat. ossu). Les formes comme ÔOTpeov «huître» font supposer une finale r à côté de la finale -t. V. Curtius, Grdz. 209.

3. Skr. dddhi, dat. dadh-n-é. Le boruss. dadan est sans grande valeur ici: c'est un neutre en -a (Leskien, Decl. 64).

4. Skr. sâkth-i, dat. sakth-n-é. Galien rapporte un mot ÏKTop (tô tPiç TuvaiKÔç aîboîov) employé, dit-il, par Hippocrate, mais que la critique des textes paraît avoir eu des raisons d'extirper («jam diu evanuit» Lobeck, Paralip. 206). Cette forme s'accorderait cependant très bien avec sâkth-i. Doit-on comparer iivq, ia\iov, îoxi (Hes.)?

5. M. Benfey (Skr.-engl. Dict.) compare le skr. angi et le lat. inguen. Mais le mot latin, outre les autres explications proposées (v. J. Schmidt, Voc. I 81), se rapproche aussi du skr. gaghdna.

h. MASCULINS ET FÉMININS.

Nous retrouvons ici le thème en -an et le thème sans suffixe. Ce dernier peut prendre la finale i. Seulement c'est le thème en -an qui est paroxyton et qui montre la racine pleine, et c'est le thème court qui est affaibli. Ces deux thèmes se répartissent de telle manière que les cas «forts» du masculin correspondent aux cas

��1. Par une extension du thème nasal, le- dialecte védique forme akSâbhis^ Le duel akstbhyâm est encore plus singulier.

2. Le génitif consonanti([ue zend açtaçéa pourrait suggérer que le nomina- lif-accu.satif a été primitivement ast, et que asti- était réservé aux cas du pluriel. Cf. plus bas les 3 thèmes du masculin.

14*

�� � 212 DÉCLINAISON HÉTÉROCLITE.

«très faibles» (plus le locatif sing.) du neutre et que les cas «moyens» et «très faibles» du masculin font pendant aux cas «moyens» du neutre. Décliné au neutre, pdnthan, patliî, ferait certainement: nom. pànthi, dat. pathné (instr. pi. pànthibhis). — De plus les formes équi- valentes path et path -\- i, contrairement à ce qui a lieu pour les neutres, coexistent d'habitude dans le même mot, la première étant employée devant les voyelles, la seconde devant les consonnes.

Le paradigme est complet pour le skr. pdnthan: pânthân-as, paih-é, path-î-bhis. La forme pathin est une fiction des grammairiens^, voy. Bôhtl.-Roth; path, pathi sont pour pnth, pnthi, cf. p. 24. Le lat. ^ow^i-, le si. pqtî, reproduisent au sein de la forme en i le vocalisme du thème en -an et nous apprennent que l'a radical de pdnthan est a^. La même racine donne le got. finpa, fanp. Sur pdnthan se décline mànthan.

Les cas «très faibles» du skr. pus-àn (ici le thème en -an est oxyton) peuvent se former sur un thème pus. Vopadeva n'admet la forme pus que pour le locatif sing. Benfey, Vollst.Gramm., p. 316.

Les autres exemples ne peuvent plus que se deviner. C'est entre autres le gr. dfE-uuv qui est opposé au lat. ax-i-s.^ au si. osï; le skr. nàktan et nâkti (on attendrait au contraire *ndktan et *7iaktî, cf. lit. naktîs) avec le gr. vukt- et le got. naht-. La triple forme se manifeste aussi dans le gr. x^P- X^ip- (pour *X£pi-) et *x£pov (dans buffx^pciîvuj de *buax^pujv). En zend \shapan «nuit» donne au nom. Xshapa, à l'ace, xshapan-em, mais au gén. xshap-o (Spiegel, Gramm. 155); le sanskrit a éliminé *ksapan en généralisant ksap.

Peut-être pati «maître» n'est-il pas étranger à cette famille de mots, ce qui expliquerait patni, udivia. Le lit. pats offre une forme sans i, et le désaccord qui existe entre l'accent du skr. pâti et celui du got. -fadi- cache bien aussi quelque anguille sous roche. La dé- clinaison de ce mot est remplie de choses singulières. En zend il y a un nomin. paiti. Cf. aussi TToffeibàuuv.

C'est à titre de conjecture seulement que nous attribuerons la naissance du thème indien nâptar (qui dans le Rig-Véda n'apparaît point aux cas forts) à l'insertion d'un -r-, semblable à celui de ydk-r-t etc., dans les cas faibles du pluriel de ndpat^, ainsi ndpt-r-bhis au lieu de naptbhis.

��1. paripanthin contient le suffixe secondaire -in.

2. Le fém. naptt prouve que Va de ndpâfam est Oj, autrement il devrait rester une voyelle entre p et t. Le lat. nepôtem a pris, ainsi ([ue datôrem, son

�� � ACCENTUATION ET VOCALISMK RADICAL DES DIFF, THÈMES. 213

Il faut être prudent devant ce grand entrecroisement des suf- fixes. Nous sommes sur le terrain de prédilection d'une école qui s'est exercée à les faire rentrer tous les uns dans les autres. Nous croyons néanmoins que le choix d'exemples qui est donné plus haut ne laisse pas de doute sur le fait qu'un ordre parfaitement fixe présidait à l'échange des différents thèmes, et sur 1 equipollence de certains d'entre eux comme p. ex. aks et aks -\- i, en opposition à aks -\- an.

§ 13. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées par la formation des mots.

Au § 12 nous avons dressé l'état des modifications qui s'obser- vent dans les syllabes prédésinentielles. Ce qui suit aurait à en donner le complément naturel, l'histoire des modifications qui at- teignent les syllabes présuffixales. Nous devons dire d'emblée que cet aperçu sera nécessairement beaucoup plus incomplet encore que le précédent. Ni les phénomènes de vocalisme ni ceux de l'accen- tuation n'ont été sérieusement étudiés pour ce qui concerne la for- mation des mots. En dehors de cette circonstance fâcheuse, il est probable qu'on n'arrivera jamais sur cette matière à des résultats aussi précis que pour ce qui touche à la flexion. Les exceptions aux règles reconnues sont trop considérables.

Nous commençons par une revue très succincte des principales formations. A chaque suffixe nommé, nous enregistrons quelle ac- centuation et quel vocalisme radical il admet.

I. Thèmes nominaux.

Thèmes finissant par a^-a^.

Thèmes en -Eg. — 1* série: Oxytons (autant qu'on en peut juger, V. p. 78 seq.); racine au degré 2; v. p. 75 seq. 146, — 2" série: Oxytons; racine faible^

��ô au nominatif (v. p. 200). L'irl. niae, gén. niath ne décide rien quant à la quantité de Va (cf. hethàcl — Piôttitoç, Windisch, Beitr. de P. et B. IV 218), mais il s'accommode fort bien de a^. Cf. enfin véTtobeç(V). — La substitution de nâptr-bhis à "-naptbhis» aurait une certaine analogie avec une particularité de la déclinaison védique de kéip et de Map: ces mots font à l'instrumental plur. kSlp-â-bhis, ksap-à-bhis.

1. Voici quelques exemples: indo-eur. i/ugd, skr. usa, krçd, piçà, bhrça, vrdhà, vrâ, etc., zd. géreba «hurlant» de gared, berêfja «désir» de bareg; gr. <iTÔç, ôq)Xo( • ô<p€i\éTai, OTpafJôç de arpcq), Topaôç de xepa, et avec déplacement

�� � 214 ACCENTUATION ET VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES.

Thèmes en -ta^- — 1® série: Paroxytons (?); racine au degré 2; V. p. 72. — 2® série: Oxytons; racine faible (participes); cf. p. 14, 23, 140 seq., 148.

Thèmes en -nag. — V série: Paroxytons (?); racine au degré 2; V. p. 73 seq. — 2® série: Oxytons; racine faible^ (participes). Quelques traces du degré 1 ; v. p. 74.

Thèmes en -mag. — V série: Accentuation douteuse; racine au degré 2; v. p. 70 seq. en ajoutant puj)uôç, ôuj|a6ç, puuxMoç (p. 130, 132, 157). — 2® série: Oxytons; racine faible^.

Thèmes en -rag. — 1® série (peu nombreuse): Racine au de- gré 2; V. p. 130, 147. — 2® série: Oxytons; racine faible; v. Lindner p. 100 et ci-dessus p. 147.

Il est difficile d'apercevoir la règle des thèmes en -ya^ et -îva^. L'exemple a-Jiiva^ «cheval» ne permet point à lui seul de dire que les thèmes en wa^ ont a^ dans la racine; ce peut être une formation secondaire, comme l'est par exemple le skr. him-â, gr. -xi|li-o-ç, qu'on dirait contenir le suff. -ma, mais qui dérive du thème ghi-am.

Il semble qu'on puisse conclure ainsi: les diflférents suffixes finissant par ag admettent également la racine réduite et la racine au degré 2, mais n'admettent pas la racine au degré 1. Quant à l'accent, il repose toujours sur le suffixe lorsque la racine est réduite. La plus grande partie de la série qui est au degré 2 paraît avoir été composée aussi de thèmes oxytons; cependant la règle n'apparaît pas d'une manière nette.

Thèmes finissant par a^ -\- sonanfe ou s.

I. Le suffixe n'admet pas «2-

Thèmes en -a,ll. Oxytons; racine réduite: gr. (pp-r|V, */p-r|V (p. 184); skr. uksàn (ace. uksânam et uksdnam), plihdn (les langues européennes font supposer que le suff. est a^w). Dans le skr. vrsan

��du ton, ôtXoç, axipoç, axixoç, tùkoç; germ. tuga- «trait» (F. IIP- 123), fluga- cvol» (F. 19.Ô), hida «commandement» (F. 214), got. drusa «chute», quma «ar- rivée». En composition ces tlièraes ne sont pas rares: skr, tuvî-grâ, â-kra; gr. v€0-Yvô-ç, à-rapirô-ç, la-Ppô-v TtoXuqpdTOV, éXa-Opd" év éXaîuj i(pbd, bi-qppo-ç, f-iti-irXa, *Yvu-irTÔ dans YvuirTeîv (Hes.); lat. priri-gnu-s, prô-bnim (quoi qu'en dise Corssen, Sprachk. 145).

1. Got. fulls = *fîiln(is, gr. Xùxvoç, atrapvôç. Topvôv KoXopôv et tous les participes indiens en -nrf.

2. Skr. tigmâ, yugmâ, tjudhmâ, rukmà, sidhmà (p. 161) etc.; gr. àK|uiri, ^puTHÔç. iTUYm'l. anYMn-

�� � ACCENTUATION ET VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES. 215

(acc. vrsanam) et le gr. dpcTTiv il faut admettre que l'accentuation est hystérogène. Quelques exemples ont la racine au degré 1 : gr. lépnv, Xeixnv -fivoç, TTeuOriv -fivoç.

Thèmes en -ma^n. Oxytons; racine faible. Gr. àuT|iiriv, Xï|nr|Vj^ 7Tu&|ir|V. V. p. 124, Si l'on range ici les thèmes neutres en -nian, nous obtenons une seconde série composée de paroxytons où la ra- cine est au degré 1. L'accentuation est assurée par l'accord du grec et du sanskrit, le degré 1 par les exemples réunis p. 123 seq., cf, p. 129 et 147.

Thèmes en -a^r. Oxytons; racine faible. Skr. nâr, us-âr.

Thèmes en -taiF. 1® série: Oxytons; racine faible. Gr. (à)cr- xrip, zend ç-tàr-a, lat. s-tella (Brugmann, Stud. IX 388 seq.). Des noms de parenté comme duhitâr, pitâr^, yâtâr (yntàr). — 2® série: Paro- xytons; racine au degré 1. Skr. hliràtar^ gr. cppaTrip; skr. çâmstar. Le mot mcitdr et les noms d'agent grecs en -xrip soulèvent une question difficile que nous examinerons plus bas à propos du suff. ta^r.

Pour les thèmes en -aj, il serait important de savoir si la flexion primitive de chaque exemple était forte ou faible, ce que nous ignorons bien souvent. Ce qu'on peut affirmer, c'est qu'il y a des thèmes en Uii qui prennent a2 dans la racine (v. p. 81), que d'autres, comme l'indo-eur. nsâii (p. 24), et les infinitifs védiques tels que drçâye, yudhàye, affaiblissent la racine. Dans toutes les langues cette classe de mots est fortement mélangée de formes qui lui étaient étrangères à l'origine.

Thèmes en -ta^i (flexion faible). La racine est réduite, v. p. 16, 23,141; Lindner p. 76 seq., Amelung, Ztschr.f.deutschesAltert.XWlll, 206. On attend donc que le suffixe ait l'accent, mais les faits qui le prouvent n'abondent pas. En grec le ton repose au contraire sur la racine (mcTTiç, qpùSiç etc.). En germanique comme en sanskrit oxytons et paroxytons se balancent à peu près. On a en gotique ga-taurpi-, ga-kunpi- etc., à côté de ga-mundi-, ga-kundi-, dëdi- etc. M. Lindner compte 34 paroxytons védiques contre 41 oxytons (mas- culins et féminins). Les probabilités sont malgré tout pour que le ton frappât le suffixe. Nous pouvons suivre historiquement le retrait de l'accent pour mati, kirti (véd.), qui devinrent plus tard mâti, kirti. De plus gàti, yâti, rdti de gam, yam, ram, et sthiti, diti de sthâ, dû, ont dû être oxytons à l'origine, autrement la nasale sonante des

��1. La racine de pitâr peut être a^pA ou poiA; dans les deux cas il y a afTaiblissement.

�� � 216 ACCENTUATION ET VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES.

3 premiers aurait produit -aw-^ (p. 35) et l'i des seconds apparaîtrait sous la forme d'un a (p. 166), — Notons en sanskrit s-ti de as.

Thèmes en -a^u de flexion faible. — 1® série (fort nombreuse): Oxytons (Bezzenberger, Beitrage II 123 seq.^); racine faible; v. p. 16, 24, 148; Lindner p. 61. — 2* série: Oxytons; racine au degré 2, comme skr. çankû, si. sqhù; v. p. 81 seq.

Thèmes en -aiU de flexion forte. Oxytons; racine faible. Ex.: âi-àiU, go â^u (p. 187).

Thèmes en -taïU. — V série: Oxytons; racine faible. Skr. rtû, aktû (= got. uJitvo p. 24): zd. përëtu = lat. portus; got. kustus. — 2* série: Paroxytons; racine au degré 2. QfQxra. daupus (Verner, K.Z. XXIII 123), gr. oî-(Tu-a de la rac. wa^i (v. Fick 11^ 782), skr. tàntu, màntu, sôtu etc. C'est probablement à cette formation qu'appartiennent les infinitifs en -tu-m (cf. p. 209).

Thèmes en -a^S. Oxytons; racine faible. Skr. hhiy-as (v. p. 205). Sur les mots comme ipeubriç v. p. 188seq.

II. Le suffixe admet a^.

Thèmes en -agii. Oxytons; racine faible. Skr. çv-dn « chien > (ace. çvànam). Le gr. kùoiv a retiré le ton sur la racine, tandis qu'aux cas obliques on a inversement: gr. kuvôç, skr. çûnas. La loi géné- rale des thèmes germaniques en -a^n est d'affaiblir la racine, v. Ame- lung l. c. 208; sur l'accentuation de ces thèmes qui primitivement ont été tous oxytons, Osthoff", Beitr. de P. et B. III 15. — Quelques thèmes du degré 1 : gr. eÎKUJV, àn&ujy, àprifujv ; iuSkiov, (TKaTTiuv ; skr. snehan (gramm.), rdgan, et plusieurs neutres tels que gâmhhan, mamhân.

Thèmes en -magil. La racine est toujours au degré 1, v. p. 123, 129, 132, 147. On trouve en grec des paroxytons comme xépinujv; le sanskrit en possède un petit nombre, ainsi géman, bhàsman, klôman. Le got. hiuhma, milhma, accuse la même accentuation. Mais les deux premiers idiomes offrent en outre des thèmes en -ma^n oxytons où la racine n'est point affaiblie, ainsi x^iHi^v, premân, varsmàn, hemàv etc.

Thèmes en •agin. Oxytons; racine faible (p. 204).

��1. Ce fait défend de reconstruire un primitif paroxyton gmti tel que M. Brug- mann parait disposé à l'admettre sur la foi du got. gaqumpi-, du siir. gàti et du gr. pdaiç [Stud. IX 326). Au reste il est juste de dire qu'on a des formes indiennes comme tânti, hanti.

2. Il est regrettable que dans ce travail le point de vue du vocalisme ra- dical soit négligé, et que des formatiojis très diverses se trouvent ainsi confondues.

�� � ACCENTUATION ET VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES. 217

Thèmes en •a2r. — 1' série: Oxytons; racine faible (âhuâr). — 2* série: Paroxytons; racine au degré 1 (stvd^s-ar). V. p. 204.

Thèmes en -tagl'. L'accentuation et la conformation primitive des thèmes en -tar sont difficilement déterminables. A la p. 198seq. nous sommes arrivé à la conclusion que les noms d'agent grecs en -Trip et -Tujp formaient dès l'origine deux catégories distinctes. La flexion des premiers devait se confondre primitivement avec celle des noms de parenté. Or les noms d'agent en -irip sont oxytons. On attend donc d'après les règles générales et d'après l'analogie des noms de parenté (v.p. 216), que la syllabe radicale y soit affaiblie. Elle l'est dans les mots comme 6oTr|p, (TTaxrip etc. L'ancienneté de ces formes semble même évidente quand on compare èoirip bdjTiup, PoTTip PujTUJp, à TruO|ar|V Tr\eu)iijuv. Mais voici que l'affaiblissement en question ne s'étend pas au delà des racines en -â, car on a nexCTr\p, àXeiTTTTipiov etc. (p. 125). Voici de plus que le sanskrit ne possède aucun nom d'agent dont la racine soit affaiblie. On dira que les noms d'agent indiens ont pour suffixe -tagr, non -ta^r. Mais il en existe un de cette ^lernière espèce: çdmstar (ace. çâmstàram), et cet unique échantillon non seulement n'affaiblit pas la racine, mais encore lui donne le ton. Du reste en admettant même que les deux types boTrjp biÛTCup nous représentent l'état de choses primitif, on ne comprendra pas comment un grand nombre de noms d'agent indiens — lesquels, ayant tous «2, ne peuvent correspondre qu'au type biijTiJUp — mettent le ton sur -târ. Deux circonstances com- pliquent encore cette question que nous renonçons complètement à résoudre: l'accentuation variable des noms d'agent sanskrits selon leur fonction syntactique {data maghdnam, data maghdni), et le vieux mot mâtdr «mère» qui a la racine forte malgré le ton. — Il faut ajouter que le zend fournit quelques noms d'agent à racine réduite: kèrëtar, dërëtar, bërëtar etc.

Thèmes en -B.^S. — 1* série: Paroxytons; racine au degré 1. Ce sont les neutres comme |iévoç, v. p. 122. — 2® série: Oxytons; racine faible. Skr. usas. Les mots comme toçâs (duel ioçdsa) sont probabltrment hystérogènes, cf. p. 188.

Thèmes en -yagS. Paroxytons (Verner, K.Z. XXIII 126 seq.); racine au degré 1 ; v. p. 123, 147 seq.

Thèmes en -wa28. Oxytons; racine (redoublée) faible. Cf. p. 34, 682, 146. Skr. gagrbhvdn, gr. ibuîa, got. berusjos (= be-br-usjos).

�� � âl8 ACCENTUATION KT VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES.

Les participes de la 2® classe en -nt forment une catégorie par- ticulière, vu l'absence de tout a suffixal (p. 173). Ils ont le ton sur le suffixe, et la racine réduite. L'exemple typique est l'indo-eur. s-nt de a^s (Osthoff, iiT. Z. XXIII 579 seq.). En sanskrit: uçânt-, dvi- éânt- etc. Cf. p. 36 et § 15.

Il faut nommer encore les formes comme mrdh et {açva-)yûg dont nous avons parlé p. 189, et où l'afFaiblissement, quoique por- tant sur une syllabe prédésinentielle, n'est point causé par les dé- sinences. Nous notons sans pouvoir l'expliquer un phénomène curieux qui est en rapport avec ces thèmes. Après i, u, r, n, m, un t est inséré. Or les racines en â, on ne sait pourquoi, ne connaissent pas cette formation: «pari-sthi-t» de s<^â serait impossible; pari sthd seul existe^. Ainsi pari-sthâ, type coordonné à vrtra-han, se trouve enrôlé par l'usage dans un groupe de formes avec qui il n'a rien de com- mun: pari-sthâ, go-gî-t, su-kr-t etc. sont placés sur le même pied. Jusqu'ici rien de bien surprenant: mais comment se fait-il que ce parallélisme artificiel reparaisse devant ceux des suffixes commençant par y et w qui demandent l'insertion du ^? A côté de a-gi-t-ya, â-k'r-t-ya nous avons a-sthâ-ya\ à côté de gi-t-van, kj'-t-van, on trouve rd-van. Les mêmes formations ont encore ceci d'énigmatique que la racine y est accentuée malgré son affaiblissement.

Thèmes féminins en a (cf. p. 78). 1' série: Oxytons; racine faible. Skr. druhd, mudd, ruga etc.; gr. Paqprj, YPOt^Hi KOTtri, paqpn, xaqpn, Tpuq)ri, q)UYri, ô)Lio-K\ri, èm-pXaî'. 2® série: Paroxytons; racine au degré 1. Got. gairda, gïba, hairda, v. h'-all. speha; gr. éïkr], ei'pn, IpGï], èpeiKri, XeÙKn, ^éOri, irébri, îreÙKri, aKéirri, ciéYr), X^^^n. En sans- krit varsd, identique avec êpcrr), est anormal par son accentuation.

IL Thèmes verbaux. Plusieurs ont été dérivés d'autres thèmes verbaux. Ces formations ne rentrent pas dans le sujet que nous considérons, et il suffira de les indiquer sommairement : 1 ** Aoriste en -sa^ (skr. dik-M-t, gr. ÎEov) , dérivé de l'aoriste en -« (da^ik-s-). 2° Thèmes oxytons en -a tels que limpâ-, mnnéà-, krntâ-, dérivés, ainsi que l'admettait Bopp, de thèmes de la 7e classe: exemple trmhâ[ti] = tp}àh- (dans trnédhi) + d. 3" Le futur en -s-yà est probablement une continu-

��1. Disons toutefois que le type madhu-pa (v. p. 166) est peut-être ce qui correspond à goglt, sukf-t. Mais à quoi attribuer l'absence du /?

2. L'accent est déplacé dans pXdpri, bÎKTi, \i)m\, \idxr\, vdwr\, 6br\, ad-fr\, licoô-bian- — Dans certains cas l'expulsion de l'a est empêchée: indo-eur. 8a^bhd pour sbhâ (skr. sabhd, got. sibja, gr. éç-érai).

�� � ACCENTUATION ET VOCALISME RADICAL DES DIFF. THÈMES. 219

ation de l'aor. en s. 4° Les subjonctifs (p. 119). — Les optatifs tels que syd- (v. ci-dessous) sont à vrai dire dérivés, aussi bien que bharaî- (p. 181) et que les formes qui viennent d'être citées.

Thèmes en -a^. — 1* série: Paroxytons; racine au degré 1; v.p. 119,144, 149. — 2® série: Oxytons; racine (simple ou redoublée) faible; v.p. 10 seq., 20, 144 seq., 151 seq.

Thèmes en -ya^. Racine faible, soit en sanskrit soit dans les langues congénères (p. 148, 150). Contre l'opinion commune qui regarde l'accentuation indienne de la 4® classe comme hystérogène, M. Verner {l. c. 120) se fonde sur cette accentuation pour expliquer le traitement de la spirante dans le gerra. hlahjan etc. Dans ce cas le vocalisme des thèmes en -y a ne peut guère se concevoir que .si l'on en fait des dénominatifs: ainsi yûdh-ya-ti serait proprement un dérivé de yûdh «le combat», pâç-ya-ti se ramènerait à spàç (crKOTTÔç). La langue se serait habituée plus tard à former ces présents sans l'intermédiaire de thèmes nominaux^

Thèmes en -ska^. Oxytons; racine faible; v. p. 14, 23, 140. Dans le skr. gddchati, t/àdchati, l'a radical (sorti de m) s'est emparé du ton (cf. p. 163).

[Thèmes en -na^-u et -nai-A. Oxytons; racine faible; v. p. 22 et 175.]

Thèmes en -yaiA, Oxytons; racine (simple ou redoublée) faible. Indo-eur. s-yà^A-, optatif de a^s. Skr. dvisyd- de dv»s, vavrtyd- de vart, éaôéhadyd- de chand; got. berjau (= be-br-jau), hitjau (== *6t- bitjau). La formation est secondaire (cf. plus haut).

Mentionnons le thème de l'aoriste sigmatique comme dâ^ik-s- (p. 121,179) qui ne rentre ni dans la iormule racine simple ni dans la formule racine -f- suffixe.

Résumons brièvement ce qui ressort de cette énumération. 1. Les phénomènes qu'on constate dans la formation des mots ne peuvent être mis en relation qu'avec l'accent. On n'observe pas

��1. L'accentuation primitive de la caractéristique n'est pas malgré tout très improbable, car, outre le passif en yà, on a les formes comme d-yâ-ti, s-yâ-ti etc., qui paraissent venir de ad, as etc. De plus sldhyati, timyati (p. 161 seq.) ne se comprendraient pas davantage que sthiti (p. 215 seq.) si le ton n'avait frappé primitivement le suffixe. 11 faut ajouter que même dans l'hypothèse où yudhyati serait dénominatif, on attendrait l'accentuation *yudhyàH: cf. devayâti. — On trouve vraiment le ton sur -ija dans le véd. raiiyâti (Delbr. 163). Pour haryânt cf. Grassraann s. v. hary.

�� � 220 RÈGLES GÉNÉRALES QUI s'eN DÉGAGENT.

d'effets comparables à ceux qui se produisent dans les déclinaisons faibles (perte de Va^ du premier élément causée par une consonne initiale dans le second),

2. Qu'est-ce qui détermine la place de l'accent? Voilà le point qui nous échappe complètement. Le ton opte pour le suffixe ou pour la racine, nous devons nous borner à constater pour chaque formation le choix qu'il a fait^. Comme le même suffixe peut prendre et ne pas prendre l'accent {rikà^-, râ^ikui-), on prévoit que la règle sera extraordinairement difficile à trouver.

3. Relation du vocalisme avec l'accentuation.

Le ton repose-t-il sur la syllabe radicale, celle-ci apparait sous sa_ forme pleine, au degré 1 ou au degré 2.

Nous avons cherché à écarter les exceptions, dont la plus consi- dérable est le cas des thèmes verbaux en -ya. — L'affaiblissement des mots sans suffixe comme mfdh (v. ci-dessus p. 218) est d'un ca- ractère tout à fait singulier: on ne sait même à quoi le rattacher.

Le ton repose-t-il sur le suffixe, la racine est au degré réduit ou (plus rarement) au degré 2, jamais au degré 1.

Exceptions principales. Certains thèmes en -man tels que x^ijuduv, varsmdn (v. plus haut), et probablement une partie des thèmes en ■tar, puis des exemples isolés assez nombreux. Comme nous l'avons dit, les oxytons en -as tels que vj/eubriç ne constituent pas d'exception

formelle.

« 

Les oxytons du degré 2 auxquels la règle fait allusion ici sont presque uniquement des thèmes finissant par a (v. ci-dessus p. 214) ou des thèmes en u de flexion faible (p. 216), ainsi Xomôç, ttXoxmôç, ketû. C'est une chose curieuse que de voir les deux a se comporter différemment vis-à-vis de l'accent. Elle donnerait à penser que la naissance du phonème a^ est antérieure à la période d'expulsion. De fait, dans les syllabes prédésinentielles, il n'est jamais besoin de supposer l'expulsion d'un a2 (par l'accent), puisque, d'après ce qu'on a vu p. 201, les cas faibles des oxytons montrent a^ dans les paro-

��1. Sans cette alternative, le principe du dernier déterminant de M. Benfey et de M. Benlœw pourrait presque passer pour la loi générale de l'accent indo- européen. — M. Lindncr (Nominalbild. 17 seq.) propose pour les thèmes nomi- naux du sanskrit les deux lois suivantes (la seconde pouvant annuler l'effet de la première): 1" L'accent frappe la racine dans le nom abstrait (Verbalabstractum), et le suffixe dans le nom d'agent. 2" L'accentuation du nom répond à celle du verbe au présent. La latitude que laisseraient ces deux lois est singulièrement grande.

�� � SOMME DES a EXPULSÉS DANS CHAQUE FORME FLÉCHIE. 221

xytons, et que ces derniers nous représentent l'état de choses qui a précédé les phénomènes d'expulsion.

��Pourvu qu'on admette l'immobilité de l'accent dans les thèmes paroxytons (p. 190 seq.), les phénomènes d'accentuation et d'expulsion peuvent sans inconvénient pratique s'étudier séparément dans les deux sphères de la flexion et de la formation des mots. C'est ainsi que nous avons procédé.

Seulement ce que nous avons devant nous, ce sont des mots et non des thèmes. Quand on dit que l'affaiblissement de la racine, dans le thème uks-dn, est dû à l'accentuation du suffixe, il reste à chercher ce que représente cette phrase dans la réalité, et si vrai- ment les faits de ce genre nous introduisent de plain-pied dans l'époque paléontologique antérieure à la flexion, telle que M. Curtius la reconstruit par la pensée dans sa Chronologie des langues indo-euro- péennes. Doit-on penser au contraire que tous les phénomènes se sont accomplis dans le mot fléchi^? Nous ne savons, et nous nous garderons d'aborder ce problème. Nous voudrions seulement, en combinant la loi des expulsions prédésinentielles avec celle des ex- pulsions présuffixales, exprimer le plus simplement possible la somme des afl'aiblissements dus à l'accent, telle qu'elle nous apparaît dans son résultat final: 1^ tous les % placés dans la partie du mot

QUI PRÉCÈDE la SYLLABE ACCENTUÉE TOMBENT, à moius d'impOSSibilité

matérielle (p. 46); 2 aucune autre expulsion Da^ n'est causée

PAR l'accent.

tâ^ig -|- ya^s -|- Ai produit tâiigiaiSài (skr. tégïyase). ya^ug -|- tâii-f-aiS » yuMà^ya^s (skr. yuktâyas). waiid-j-wa^s-l-Âi » widusÂi (skr. vidûse).

Il resterait à obtenir une règle unique d'où découlerait la place de l'accent dans chaque forme. Quand la question se pose entre f^yllabe prédésinentielle et désinence, on est fixé, pourvu qu'on con- naisse le genre de flexion (forte ou faible). On a vu en revanche que le parti que prend l'accent devant la bifurcation entre racine et suffixe peut se constater pour des groupes considérables de thè- mes, mais non se prévoir. Nous nous contentons donc de dresser

��1. Les cas dont nous avons parlé où l'on entrevoit une rencontre des phénomènes de flexion avec ceux de la formation (dar-u, dr-aw-Ai, p. 207 seq.) seraient un argument à l'appui de cette seconde hypothèse.

�� � 222

��SOMME DES a EXPULSES DANS CHAQUE FORME FLECHIE.

��un tableau récapitulatif. Ce tableau devra justifier les a^ qui existent et qui naanquent dans n'importe quelle forme primaire répondant aux conditions normales.

��I. Racine -f- suffixe^. l*' cas. Le ton reste ! 2* cas. Le ton quitte

��sur la racine.

Aucune expulsion n'est possible du fait de l'ac- cent. Cf. ci-dessous.

��la racine.

��a. Le ton ne point aux désinences (flexion faible).

L'expulsion par le fait de l'accent atteindra tous les Oj présufBxaux et aucun autre. Cf. ci-des- sous.

��Dans la flexion faible les désinences commen- çant par une consonne produisent l'expulsion de l'flj prédésinentiel.

��II. Racine sans suffixe.

��b. Le ton est attiré vers les désinences (fle- xion forte)».

Il y aura expulsion: 1° de tout ttj présufBxal, 2° si l'oi ne finit le thème, de tout «1 prédésinentiel placé devant une dési- nence susceptible d'ac- cent.

��Nous ne nous sommes pas préoccupé jusqu'ici des syllabes de redoublement. Le peu de chose qu'on sait de leur forme primitive rend leur analyse tout à fait conjecturale. Il s^'agirait avant tout de déterminer si le redoublement doit être regardé comme une espèce d'onomatopée, ou s'il constitue une unité morphologique régulière, le caractère de l'unité morphologique étant de contenir, à l'état normal, a^.

Au parfait, rien n'empêche d'admettre cette dernière hypothèse. Comme le ton repose au singulier de l'actif sur la racine ' et par- tout ailleurs sur les désinences, la réduplication perd forcément son a^, mais elle ne le possède pas moins virtuellement. Ainsi l'on a: indo-eur. uwâ^ka, iikmâ (skr. twdda, uéimd) pour ^wa^wâglsa, *wai- wa^kmà. Dans les formes comme papdta, Va est forcé de rester. Quand l'aj radical est suivi d'une voyelle, on constate que celle-ci se répercute dans le redoublement: hhibhd^ida pour *bhaiibhâ2ida, etc.*

1. Il faudrait, rigoureusement, ajouter une troisième case: racine -\- infixe, à cause du type yu-na-g de la 7e classe (§ 14). En faisant de -nag un suffixe fictif, les phénomènes sont ceux de racine et suffixe.

2. Nous considérons la flexion thématique comme un cas spécial de la flexion forte (p. 176).

3. Le got. saizlep permet de contrôler l'accent indien.

4. Le véd. vavâca est ù coup sûr une innovation, car, en le supposant primitif, on ne pourrait plus expliquer uvdca. En grec befboïKa et cfoiKuîai sont, en conséquence^ hystérogènes.

�� � LES VERBES DE LA 7* CLASSE. 223

A l'aoriste en -a, il faut, pour expliquer à la fois l'affaiblisse- ment radical et l'état normal du redoublement dans vôéat, supposer un double ton primitif (wài-uk-d^-t), tel que le possèdent les infinitifs en -tavai et d'autres formes indiennes (Bohtlingk, Akzent im Sanskrity p. 3), Il concilie du reste l'accentuation du gr. eÎTreîv avec celle de vôdat. Les aoristes sanskrits comme atitvisanta ont modifié leur ré- duplication: il faudrait *atetvisanta.

Au présent, la plus grande incertitude règne. L'i de 'icrirmi et de piparti pose une énigme que nous n'abordons point. Toutefois la variabilité de l'accent dans la 3® classe sanskrite semble indiquer un double ton dans les formes fortes, ce qui permettrait de com- prendre nenekti, vevekti, vevesti (qui peuvent passer, il est vrai, pour des intensifs), zd. zaozaomi, daêdôvit, et en gr. beibiw. Au pluriel le ton, passant sur la désinence redevenait un, et en conséquence le redoublement perdait son a. De là les présents comme didésti. La flexion originaire serait: dédésti, didiçmâs^.

��Chapitre VI.

De différents phénomènes relatifs aux sonantes i, u, r, n, m.

��§ 14. Liquides et nasales sonantes longues.

Dans le 21® volume du Journal de Kuhn, pour la première fois peut-être depuis la fondation de la grammaire comparée, une voix autorisée a plaidé la primordialité des présents sanskrits de la 7* for- mation. Tout a été imaginé, on le sait, sous l'empire de l'idée théorique que l'indo-européen a horreur de l'infixé, pour expliquer comment ce groupe de présents avait pu sortir de la 5® et de la 9® classe. M. Windisch déclare qu'aucune hypothèse ne le satisfait, constate qu'aucune ne rend véritablement compte de l'organisme délicat des formes alternantes yunag- yung-, et trouve que ces pré- sents offrent au contraire tous les caractères d'une formation primi- tive. La 9* classe, dont personne ne met en doute l'origine pro- ethnique, a péri dans toutes les langues européennes, hors le grec.

��1. Dans cette hypothèse le redoublement dà- du slave damï, damu, vient du singulier, et le dà- du skr. dddâmi, du pluriel. Formes premières: dâ^Q-dâ^o- tni, plur. dç-dç-màs.

�� � 224 LA 9' CLASSE, CAS PARTICULIER DE LA 7*.

Quoi d'étonnant si la septième, flexion bizarre et insolite, ne s'est conservée qu'en sanskrit et en zend?

Le spectre de l'infixé se trouve d'ailleurs conjuré, si l'on admet avec le même savant que la 7® classe soit une manifestation du tra- vail d'élargissement des racines: dans yunag- par exemple, la racine serait proprement yu (yau) et g ne représenterait que le déterminatif. Pour peu cependant qu'on repousse cette théorie, qui n'a pas pour elle d'argument vraiment décisif, nous nous déclarons prêt à admettre l'infixé. Surtout M. Windisch accompagne sa supposition d'un co- rollaire dont nous ne saurions faire notre profit à aucune condition. Il conjecture dans la 7® classe une sorte de continuation de la 9®, et nous serons amené à voir dans la 9® un cas particulier de la 7".

Formulons la règle au moyen de laquelle on passe de la ra- cine, telle qu'elle apparaît dans les temps généraux, au thème de la 7® classe :

L'a^ radical tombe, et la syllabe -inài- est insérée entre les deux derniers éléments de la racine réduite.

hhdiyià. :bhi-nà^-d ysL^ug : yn-nd^-g v^A^âi : u-nà^-d ta^rgh : tr-ndy-gh bha^ng : blin-nâ^-g

La flexion est donnée par les lois de la p. 176. Elle amènera les formes faibles bhi-n-d, yu-n-g, tr-n-gh, bhn-ri-g^, u-n-d.

Maintenant plaçons en regard de cette formation le présent de la 9* classe analysé conformément à notre théorie de l'a long: punài-A, forme faible pu-n-A. Une parenté difficile à méconnaître se mani- feste, et nous posons:

j = puna^A : x bhina^d : bba^id \ = prna^A : x

y = grbhna^ A : x Les valeurs des x, c'est-à-dire les racines véritables de nos présents en -«â, seront évidemment: pa, wa, pa^rA, ga^rbhA (ou graibhA).

C'est la rigoureuse exactitude de cette règle de trois que nous allons tâcher de démontrer.

A part d'insignifiantes exceptions, toutes les racines sanskrites non terminées par -î qui appartiennent à la 9® classe prennent à l'infinitif en -tum, dans les thèmes en -tavya et en -tar, et au futur en -sya, Vi (long ou bref) dit de liaison. De plus elles n'admettent à l'aoriste sigmatique que la formation en isam.

1. Le s\ir. bhanâ^mi sort régulièrement de ft^nriti^mi, mais dans les formes faibles comme bhan^màs la nasale paraît avoir été restituée par analogie: bhnng devait en effet donner hhng, qui en sanskrit eût fait hhâ<J-.

�� � l7 des racines comme grahhl, pari. 225

punati: pavi-tiir, pavi-traS pavi-syâti, â-pâvi-âus.

lunâti: lâvi-tum, lavi-syâti, à-lâvi-sam.

grnâti g'ari-târ*.

grnàti: «dévorer» (v. B. R.): gâri-tum, gari-syàti, â-gâri-sam

ppiâti: pârî-tum, pâri-syâti {cf. pârï-man, pâri-nas).

mrndti: â-marï-tàr.

çpiÉti: qâri-tos, qàrî-syâti {cf. çârî-ra, a-çarï-ka).

stpiâti: stâri-lum, stâri-syâti {cf. stàri-man).

gr. bd|Livrifii : dami-târ.

çamnâti^: çami-târ.

grathnâti: grdnthi-tum, granthi-syâti,

mathnati: mânthi-tum, mânthi-syâti.

çrathnâti: â-çj-lhi-ta.

mrdnâti: màrdi-tum, mardi-syâti.,

gj-bhnati: grâbhl-tar, grâbhl-tum, a-grabhï-sma, etc.

skabhnati: skàtnbhi-tum, skabhi-tâ.

stabhnâli: stâmbhi-tum, stabhi-tâ, a-stambhi-sam.

açnati: pra-açi-tàr.

isnâti: ési-tum, esi-syâti.

kusnati: kôsi-tum, kosi-syâti.

musnati: inôsi-tum, mosi-syâti {cf. musi-vân).

Les exceptions sont, autant que j'ai pu m'en rendre compte: badhndti qui n'offre Vi qu'au futur bandhisydti; pusnàti qui fait postuni ou pôsitum. mais pusta, jamais *pusitd; et kliçndti où l'i est partout facultatif. De quelque manière qu'on ait à expliquer ces trois cas, ils sont tout à fait impuissants comparativement aux vingt et un précédents, et il est légitime de conclure: si l'on tient que la racine de pimsti est pes, celle de grbhidti ne doit point être nommée sous une autre forme que grahhl (soit gra^hhA). L'î de grbh-n-ï-mâs a un rapport tout aussi intime avec Vï de grdbhi-tar que le s de pi-m-s- mâs avec le s de pés-tar.

Pour juger complètement du rôle et de la valeur de Vt dont nous parlons, on aura à observer trois points principaux:

1. Dès qu'on. admet le lien qui unit le présent en -nâ avec Xî final, on reconnaît que cet i, loin d'être une insertion mécanique vide de sens, fait partie intégrante de la racine^.

1. Le dialecte védique offre aussi potâr et pâtra.

2. Tel est l'état de choses primitif; plus tard on forme le futur garitâ.

3. Voy. Delbruck, Altind. Verb., p. 216.

4. Voy. Grassmann s. v. Le r de ce participe indique que les formes à nasale çrânthi-tum, çranthi-éyâti, ne sont pas primitives. Le présent même devrait faire *çrthnâti.

5. A la juger même dans sa valeur intrinsèque, l'idée qu'on se fait par habitude de \'î de pavitâr et de grâbhîtar n'est pas moins arbitraire que si l'on comptait par exemple pour des quantités négligeables l't de sthitâ ou l'î de pità.

de Saussure, Oeuvres. 16

�� � 2^6 RACINES udâttàs et racines anudàttàs.

2. Quant à sa nature: il n'y a point de motif pour ne pas l'identifier arec 1'?- de sthiiâ, pîtâ. Nous avons reconnu dans ce der- nier le descendant d'une voyelle faible proethnique désignée par ^ (p. 167 seq.), voyelle qui n'est elle-même qu'une modification de l'espèce d'à, ou des espèces d'à autres que a^ et a^ {a, q). — Plus haut l'a long de sthâ-, pâ-, dont la moitié est formée par la voyelle mise à nu dans sthi-, pî-, nous a prouvé que celle-ci avait été une Toyelle pleine dans la période proethnique très ancienne. Ici l'a de punâ-, grbhnâ-, donne la même indication relativement hVî de pavi-, gràbhh.

3. D'autre part il y a entre \'t ou ^ de sthiiâ, pîtâ, et 1'/ ou ^ de pavi-, grabhî-, cette importante différence morphologique, que le premier résulte de la réduction d'un â (a^ji), tandis que le second paraît exister de fondation à l'état autophtongue. S'il se combine avec a^ dans le présent en -nâ, il n'en préexistait pas moins à ce présent.

En résumé nous avons devant nous comme types radicaux: pUiW^, pa-^r^^ gra^bh^ etc. Sous leur forme inaltérée — qui e'st la base du présent en -na^A — , ces types sont pa^wA, pa^rA, gra^bhA.

D'un côté, on vient de le voir, le rôle du phonème a dans pav-i punâ- est absolument parallèle à celui que remplissent d ou s dans hhe-d- bbinad-, pe-é- pinas-. D'un autre côté, si l'on prend les racines grabhî, mardi, mosi, il devient évident que notre phonème possède cependant des propriétés morphologiques toutes spéciales: aucune sonante, si ce n'est peut-être u (y. p. 228), et aucune consonne ne pourrait être mise à la place de Vï dans les trois exemples cités.

Si donc on s'en tient purement à la base de classification, plus ou moins extérieure, que nous avons adoptée à la page 172 seq. il convient d'établir deux grandes catégories de racines. Premièrement les différents tj'pes distingués à la page citée. Deuxièmement les mêmes types à chacun desquels serait venu s'ajouter a. On est ra- mené en un mot, sauf ce qui regarde la conception de Vî, à la division qu'établit la grammaire hindoue entre les racines vdattas, ou demandant Vi «de liaison», et les racines anudâttas, qui en sont dépourvues.

Revenons un instant à la 9* classe pour considérer un point laissé de côté jusqu'ici.

Aux présents ksindti, litidti, répondent les infinitifs ksétum, létum. On attendait ^kiâyitum, làyitum etc.» Il faut supposer que le groupe

�� � LES RACINES DE LA 7' CLASSÉ SONT miudûttaS A PRIORI. 227

-ày^- subit un autre traitement que -aw^-^ -ar^- etc. Comme l'op- tatif indo-eur. hharaît = "^hharayH (p. 180) fournit un parallèle à cette contraction, il y a lieu de la croire proethnique^. Que le pho- nème -^, en tous cas, existe réellement dans les racines précitées, c'est sur quoi Xï long des participes ksi-nâ, li-nà (v. plus bas), ne laisse aucune espèce de doute. Ajoutons . à ces deux exemples nndti : rî-ti. — Dans les présents krïndti, prïndti, bhrïndti, çrlndti, Vî long n'a certainement pénétré que sous l'influence analogique des formes comme krïta, prita. C'est ainsi que le védique mindti s'est changé plus tard en thindti. Les infinitifs krétum, prétum, çrétum, sont tout pareils à ksétum, létum.

On peut évaluer certainement le nombre des udâttâs à la moitié environ du chiffre total des racines. Plus bas nous augmenterons de quelques exemples la liste commencée p. 225. Mais auparavant on remarquera que la théorie de la 9® classe nous permet de pré- voir, au moins pour un groupe considérable de racines, la propriété d'être anudâttâs. Ce groupe, ce sont les racines de la 7® classe. Car autrement, d'après la loi {«l'insertion de -na- se fait entre les deux derniers éléments de la racine^) elles eussent donné évidemment des présents en -wâ*.

rinâkli: réktuin, reksyâti. chinâtti: chéttum, éhetsyâti.

bhanâkti: bhânktum, bhanksyâti. | bhinâtti: bhéttum, bhetsyâti. bhunâkli: bhôktum, bhoksyâti. | runâddhi: rôddhum.rotsyâti.

yunâkti: yôktum, yoksyâti. pinâsti: péstum, peksyâti.

vinàémi: véktum, veksyàti. j çinâsti: césium, çeksyàti.

zend éinaçti : véd. ééttar.

Pour andkti, tandkti, et trnédhi, ïi «de liaison» est facultatif. Les verbes trnâtti et chrnâtti forment le futur avec ou sans i, l'infinitif avec i. Les autres verbes contenant le groupe ar + consonne (ardh, parc, var<f, kart), ainsi que vindc^mi, ont toujours ïi dans les formes indiquées^. Dans tous ces exemples la voyelle de liaison, quand elle apparaît, a été introduite par analogie. La plupart du

��1. Les exemples çâyitum, çrdyitum, seraient alors des formations d'analogie. — Nous ne savons par quel moyen résoudre le problème que posent les formes telles que làsyàti de linâti (parallèlement à leêyâti), mâsyâti de minâti etc. M. Curtius (Grdz. 337) regarde mû comme la racine de ce dernier verbe. Dans ce cas \'i de minâti ne pourrait être qu'une voyelle de soutien: m-i-nâti pour mndti serait à ma^A ce que unàtti est à wa^d.

2. La racine vabh, contre toute règle, suit à la fois la 7e et 9e classe: véd. unap et ubhnds. Il y a là un fait d'analogie, à moins qu'à côté de vabh il n'existât une racine vabhi.

3. Voy. Benfey, Volht. Gramnu, § 156.

16*

�� � 228 LA 5* CLASSE.

temps on en avait besoin pour éviter le groupe incommode ar -{- consonne double (cf. draksyàti, de darç etc.). Ce qui prouve cette origine postérieure, ce sont les formes faibles en -ta et en -na: aktà, takta, trdhd, trnna, chrnna, rddhà, prktà, vrJctâ, vigna. Comparez les participes des verbes de la 9e classe açita (açnâfi), iéitâ {iëi}âti), kuéita [kusv^âti), grhttd {grhvidti), musifà {nmsnâti}, tnrditâ (mrdnàti), skabhitd (skabhnâti, stahhitd ^ {stabhnâti). Nous ne citons pas grathitd, mathitd, à-çrthita (de grathnâti, mathndti, çrathnâti); l'aspirée th y rendait peut-être l't nécessaire d'ailleurs. Dans l'exemple kliçita ou kliéfa de kliçnâtî, la forme contenant i tend à être remplacée, mais enfin elle existe, ce qui n'est jamais le cas pour les racines de la 7e classe.

Le principe de la formation en -na^u (5e classe) ne saurait être regardé comme différent de celui des autres présents à nasale. Les formes en -na^-u-ti supposent donc, à l'origine, des racines finissant par u. Dans plusieurs cas, la chose se vérifie: vanô-ti, sanô-ti (= wn-nâ^-u-ti, m-nd^-u-fi) sont accompagnés de vanutar, sânutar (= wa-^^nu-tar, saynu-tar^); t^rnô-ti, outre varûtdr, vdrûtha, a pour parents gr. ei\ù-uj, lat. volv-o, got. valv-jan; krnô-ti se base sur une racine karu d'où karôti^. Même type radical dans tatii-te (prés.) taru-târ, taru- tra, tdrû-ëas, tdru-santa, non accompagné toutefois d'un présent *trnôti (cf, Tpujvvûuj). La place de Va^ dans la racine ne change rien aux conditions d'existence de notre présent: çra^ti «écouter» pourra donc former çr-nd^-^i-ti, çrnôti*.

Mais dès l'époque proethnique, on ne le peut nier, la syllabe -nOiU a été employée à la manière d'une simple caractéristique verbale: ainsi k2i-nd^uti (skr. cinôti, gr. tIvutoi), tn-nd^uti (skr. tanôH, gr. Tavùui), ne seraient point ex- plicables comme formations organiques. — Toute cette question demanderait du reste un examen des plus délicats: il y a lieu en effet de se demander si I'm des exemples comme tarutdr, sanutdr (et comme sanôti par conséquent) est bien Vu ordinaire indo-européen. Sa contraction avec r dans les formes comme tûrti et cûrria de carvati (équivalent à taruti moins a, caruna moins a) rend ce point plus que douteux. Cf. aussi, en grec, le rapport de àii6-aaa\ ô|Livu-|Lit.

��1. Les formes skahdha et stahdha ne sont pas védiques. — Comme pus- Xiâti et hadhnnti se distinguent d'une manière générale par l'absence de 1'» (p. i22.5), les participes jm^td, baddhd, n'entrent pas en ligne de compte.

2. Cf. gr. àvùuu et 'EvudXioç.

3. Quelles que soient les difficultés que présentent à l'analyse les différentes formes de ce verbe, l'existence du groupe radical karu, à côté de kar, paraît absolument certaine. — Le présent karôti est fortement remanié par l'analogie. Un groupe comme karô- ne saurait être morphologiquement pur, car, si l'on en veut faire une racine, Va double ne se conçoit pas, et si c'est un thème à deux cellules, la première devait encore perdre son a. On arrive donc à sup- poser *kâru-mi, *kdru-si etc., c.-à-d. un présent de la 2e classe pareil à taru-te et à rôdi-mù L'influence de kr^ômi amena ensuite la diphtongue et réagit sans doute aussi sur le pluriel et le duel, sur lesquels on nous permettra de ne rien décider de plus précis.

4. En zend, r s'étant imbibé de I'm qui suivait, on trouve çurunu- au lieu de *çërënu-.

�� � ÉNDMÉRATION DE RACINES udUtt&S. 229

Aux racines udâttâs énumérées plus haut ajoutons quelques nou- veaux exemples qui ne possèdent point de présent de la 9® classe. Nous avons principalement en vue les cas où ^ est précédé d'une sonante ^.

ot't *assister^ : avi-tà (2e pi.), àvi-tave, avi-tàr, âvi-sam.

dhavi *agiteni: dhavi-tum, dhavi-syàti, à-dhâvisam.

savi «.mettre en mouvement*: savi-târ, sâvî-man, â-sâvi-sam.

havi tinvoquen: hàvT-tave, hàvi-man (mais aussi hôtrâ).

karî tverserii : karî-tum, à-kâri-sam.

kart *louer»: à-kâri-§am.

cari tallerri: 6âri-tum, éari-tra, â-câri-sam.

yarî *vieiUlr»: ^àrT-tum, garT-syâti, à-gâri-sam.

tarî ttraverser*: târf-tum, tari-tra, pra-tari-târ, â-târi-sam, târi-sa.

khani «.creusert : khâni-tum, khani-tra, à-khanisam.

yani * engendrera : gàni-sva (impér.), gani-târ, gani-tra, gâni-man (aussi

gànman), gâni-tva, gani-syàte, â-gani-sta. vani «.aimer»: vàni-tar, vani-tâ (forme forte introduite par analogie dans

les thèmes en -ta), vani-sîsta. L'aoriste vâmsat, sans i, est difficile à

expliquer. sani «conquérir*: sani-târ, sani-tra, sâni-tva, sani-syâti, â-sâni-sam. ami -Lnuire-n: amî-si (2® sg.), ami-nâ, âmî-vâ (amitra?). bhrami «voyager-»: bhrâmi-tum, bhrami-syâti. vamî nvomir-»: vami-ti, a-vami-t (Delbr. 187).

çamï «se donner de la peine* : çamî-sva, çamî-dhvam (Delbr. l. c), çami-târ, çrami «se fatiguer f : çràmi-tum, çrami-syâti.

Comme on voit, les différents suffixes commençant par < et s sont favorables à la conservation de Vî. Il n'en est pas toujours de même quand c'est un m qui suit ce phonème. Devant le suffixe ma \'i n'apparaît jamais. Parmi les formations en -man., gdniman, dàrîtnan, pàriman, sdvïman, stdrîman, hàvïman, sont réguliers, mais on a en même temps gànman^ darmàn^ hôman, et d'autres formes de ce genre ^. Il est permis de supposer que Y m a exercé sur la voyelle faible une absorption toute semblable à celle qui a donné éinmâSy guhnids, pour cinumds, guhumds.

Un autre groupe de formes où l'extirpation de \'î peut se suivre clairement, ce sont les présents de la 2* et de la 3* classe. Certains verbes ont maintenu intégralement le paradigme: la rac. rodi {rôdi-

1. On trouve une partie des formes védiques réunies par M. DelbrOck, Ahind. Verb. 186 seq.

2. Inversement une minorité de thèmes en -i-man sont tirés, analogique- ment, de racines anudûttâs. Ce sont, dans les Sarnhitas, dMriman, bhâriman, aâriman.

�� � 230 DISPARITION ET EXTENSION DE l'Î..

tum, rodi-spâti, riidi-tvà, â-rodi-sam) possède encore le présent rôdi-ti, plur. rudi-màs. On connaît les autres exemples: âni-ti, cf. dni-la, atii-syâti; çvdsi-ti, cf. çvdsi-tum, çvasi-syâti; vdmi-ti (Pânini), cf. vdmi- tum, vami-syâti. Comment douter après cela, quand nous trouvons d'une part gani-tdr, gdni-trï, gdni-man, gani-tvî etc., de l'autre l'im- pératif gâni-sva et la 2* personne ga-gdni-si (Bopp, iTn (rrajmn., § 337).

— Westergaard ajoute pour le dialecte védique ganidhve, ganidhvam, ganise — , comment douter que ga-gam-si, ga-gmi-ti, ne soient hysté- rogènes? Chaque fois qu'un î apparaît dans quelque débris du pré- sent tel que aniï-si, çamï-sva, on constate que la racine montre l'î à l'infinitif et au futur^. Aussi nous n'hésitons pas un instant à dire que dans piparti de par?, dans éakarti de karî^ V? final de la racine a existé une fois, et que son absence n'est due qu'à une per- turbation dont nous ne pouvons encore nous rendre compte. Peut- être la ressemblance de *piparîti, *6akarîti, avec les intensifs est-elle ce qui a déterminé la modification.

Un autre fait qui ne doit point induire en erreur, c'est l'appa- rition fréquente de Vi en dehors de son domaine primitif.. Le nombre considérable des racines udâttas, l'oubli de la signification de 1'/, ex- pliquent amplement cette extension hystérogène. D'ailleurs elle est le plus souvent toute sporadique. La propagation systématique de Vi ne se constate, entre les formations importantes, que pour le futur en ~sya, qui a étendu cette voyelle à toutes les racines en -ar, et de plus aux racines han et gam. Devant les suffixes -tar, -tu et -tavya,

— les trois formations obéissent à cet égard aux mêmes règles (Benfey, Vollst. Gramm., § 917) — Vi, sauf des cas isolés, est en gé- néral primitif^. L'usage de l'aoriste en i-sam, malgré des empiéte- ments partiels considérables, coïncide dans les lignes principales avec Celui de l'infinitif en i-him (Benfey § 855 seq.). Parmi les exemples védiques (Delbruckl79 seq.) on en trouve peu qui ne viennent pas d'une racine en i^.

1. II y a une exception, c'est svâpiti svâptum.

2. Parmi les cas irréguliers on remarque les formes védiques sràvitave, srâvitavai, yâmitavaî. Inversement tarl-tum est accompagné de tar-tum pavitâr de potâr. La liste de ces variations ne serait jamais finie.

3. La forme agrahhléma offre un intérêt particulier. Dans son t long, évidemment le même que celui de gràbhî-tar, grbhl-tâ, est écrite toute l'histoire du soi-disant aoriste en -isam. L'existence distincte de cet aoriste à côté de l'aoriste en -s repose principalement sur l'innovation qui a fait diverger les deux paradigmes en transformant la 2e et la 3^ personne du dernier, àyais, (véd.) en â^aiëïs et â^aiëît. Ajoutons que cette innovation, comme le suppose M. Brug-

�� � i.Es MUTATIONS DU GROUPE sonante + ■^. ■ 23t

Une statistique spéciale que nous ne nous sentons pas en état d'entreprendre pourrait seule déterminer au juste dans quelle mesure la théorie proposée nécessite d'admettre l'extension et aussi la dispa- rition de Vî.

La conservation de Vi dans les mots-racines mérite d'être notée: vdni et sdni donnent les composés vrsti-vàni-s, upamâti-vâni-s, vasu- vâni-s; urga-sani-s, go-édni-s, pitu-sdni-s, vâga-sâni-s, hrdam-sàni-s. Ces formes -vani- et -sani-, évidemment très usuelles, ne sont pas de véri- tables thèmes en -i: l'accent, les racines dont elles dérivent, enfin le fait qu'on évite visiblement de former les cas à diphtongue — le Rig-Véda, sauf ûrgasane (voc.)i n'offre jamais que le nominatif et l'accusatif sing. — , tout y fait reconnaître le type vrtra-hàn. Le génitif de -sani n'a pu être primitivement que -san-as = -snn-as (cf. plus bas).

Devant les suffixes commençant par une voyelle, qu'observe-t-on? Les racines mardi, pavi, fart, gani, donnent mrd'û, pàv'ate, târ'ati, gdn'as. On pouvait le prévoir: le cas est le même que pour so- map'é = somap^-é, datif de sowm-j?â' (p. 190), et la voyelle élidée dans pdv'a- n'est autre, comme on a vu, que celle qui a dû subir le même sort dans la 3* pers. ipl. pun'ate ^ pun'-nté (p. 35).

Si maintenant nous prenons pour objet spécial de notre étude le groupe sonante -\- ^, il ressort premièrement de ce qui précède cette règle-ci:

Le groupe sonante + ^ précédé d'une voyelle rejette ^ s'il est suivi d'une seconde voyelle et demeure tel quel devant les consonnes.

Nous passons à la démonstration de la règle complémeritaire, qui forme le sujet proprement dit du présent paragraphe:

Le groupe sonante -|- ^, précédé d'une consonne où placé au com- mencementr du mot^ se change en sonante longue, quel que soit le pho- nème qui suit.

Ici plus qu'ailleurs il est indispensable de ne pas perdre de vue le principe que nous nous sommes efforcé d'illustrer dans les chapitres précédents. A part certains cas spéciaux, du reste douteux, tout affaiblissement proethnique, toute dégradation, toute alternance de formes fortes et faibles consiste invariablement, quelle que soit l'apparence qu'elle revête, dans l'expulsion d'ai. C'est ce principe

mann, Stud. IX 312, venait elle-même, par analogie, de l'aoriste en -isam, où ■îs et -it étaient nés de îs-s et -h-t.

�� � 232 PROPORTION TRÈS EXACTE ENTRE pûtâ : pàvitum ET muUtà : môsUum,

qui exigeait que nous prissions pour unité morphologique non la syl- labe, mais le groupe ou la cellule dépendant d'un même a^ (p. 174). Quand il y a déplacement d'accent, le ton passe non d'une syllabe à l'autre, mais d'une cellule à l'autre, plus exactement d'un % à l'autre. L'a^ est le procureur et le modérateur de toute la circon- scription dont il forme le centre. Celle-ci apparaît comme le cadre immuable des phénomènes; ils n'ont de prise que sur a^.

D'après la définition, ce qui est cellule prédésinentielle dans une forme comme l'indien rôditi, c'est rodi] dans hôdhati au contraire ce serait a. Aussi le pluriel de rôdi-ti est-il nécessairement rudi-mâs^ parce que rodi- tombe sous le coup des lois II et III (p. 176). Il en est de même dans la formation des mots. Ainsi grdbhî-tar, skdmbhi'tum, môéi-tum, thèmes à racine normale, sont accompagnés de grbhî-td, skabhi-td (= *shmbhitd\ musi-td. Quel son a été sacrifié dans le type réduit? Est-ce la voyelle faible ^ qui précède immédiatement la syllabe accentuée? Nullement, c'est forcément l'a plein, placé deux syllabes avant le ton.

Cela posé, lorsqu'à côté de pavi-tér nous trouverons pû-td, le phénomène ne peut pas se concevoir de deux manières difierentes: pu- ne sera pas «une contraction», «une forme condensée» de pavi-. Non: putd sera égal à pavitd moins a; Vu de jmtd contient le -vi- de pavi-, rien de moins, rien de plus.

Thèmes en -ta, -tî, etc.

1. Série de Yu. avi-târ: {indra-ûtd), û-ti; dhâvi-tum: dhû-tâ, dhu- ti; pâvi-tum: pu-td; savi-târ: sû-td; hâvï-tave: hi-fd, devd-hu-ti.

Comparez: cyô-tum: éyu-id, -éyn-ti; plô-tum: plu-td, plu-ti; çrô- tum: çru-td, çrû-ti; s6-tum «presser»: su-té, sôma-su-ti; srô-tum: sru-tâ, sruti; h6-tum: hu-td, d-hu-ti^.

2. Série de IV. câri-tum: éirtvâ^, éur-ti; gari-târ: gur-td, gùr- U; târi-tum: tïr-thd, a-tûr-ta, su-prd-tur-ti; pâri-tum: pur-tà, pur-ti; çâxi-tos: çûr-td (Grassmann s. v. çûr).

Comparez: dhâr-tum: dhr-td, dhf-ti; bhâr-tum: bkr-td, bhr-ti; sàr-tum: sr-td, sr-U'-, smâr-tum: smr-td, smr-ti; hâr-tum: hr-td, etc.

��1. Les racines des participes t'uta et stutâ ont des formes très entremêlées, dont plusieurs prennent 1% probablement par contagion analogique. Sur yuta v. plus bas.

2. Cette forme se rencontre Mahâbh. XIII 495, d'après l'indication de M. J. Schmidt (Voc. II 2U).

�� � pûtd : pâvitwn, pûrtà : pârîtum, 0tà : (jânitum, çàntâ : çàmitum. 233

3. Série de l'w. khâni-tum: khâ-td, khâfi; gâni-tum: gâ-td, gâ-ti; vâni-tar: vâ-td; sàni-tum: sâ-td, sâ-ti^.

Comparez: tân-tum: ta-td; mân-tum: ma-td; hân-tum: ha-td, -ha-ti.

4. Série de Vm. dami-târ: dân-td\ bhrâmi-tum : bhrân-td, bhràn-ti; vàmi-tum: vân-td; çâmi-tum: çân-tâ, çdn-ti: çrâmi-tum: çrân-td, etc.

Comparez: gân-tum: ya-td, gâ-ti\ nân-tum: na-id, d-na-ti; yân- tum: ya-td, yd'ti', rân-tum: ra-td, rd-ti.

Avant de passer à d'autres formations, arrêtons-nous pour fixer les données qu'on peut recueillir de ce qui précède.

1. Série de Vu. Les modifications secondaires étant nulles, cette série doit servir de point de départ et de norme pour l'étude des séries suivantes. Nous constatons que *pivHa, ou *pu^ta, qui est à pa^w^ ce que pluia est à pla^u, s'est transformé en pûta.

2. Série de IV. Il devient évident que ir et ûr ne sont que l'expression indienne d'un ancien r-voyelle long^. Dans les cas où il existe encore, comme pitfn et mfddti pour '^mréddtP, ce phonème ne s'est formé que très tard par le procès dit allongement compensatif. — Nous ajoutons tout de suite que îr et ûr ne sont en aucune façon des allongements secondaires de ir et ur. Partout où il existait un véri- table f (c'est-à-dire devant les consonnes), nous trouvons tout natu- rellement îr, ur, et c'est seulement quand f s'était dédoublé en rr (c'est-à-dire devant les voyelles), qu'on voit apparaître îr, ûr:

ïr, ûr : îr, ûr ^ û : uv.

C'est ce qui explique le fém. ûrvi de urû (rac. war) en regard de purvi = *pfwi de pur0.

��1. La forme sdniti est évidemment une création nouvelle imitée des formes fortes; Mn admettrait aussi, à ce qu'il paraît, sati pour sàti) inversement on indique tàti de tan. Benfey, Vollst. Gramm., p. 161 seq.

2. Ici par conséquent la formule de la grammaire hindoue se trouve être juste, abstraction faite de l'erreur fondamentale qui consiste à partir des formes faibles des racines comme de leur état normal. Il est aussi vrai et aussi faux de poser gf- comme racine de gûr-tâ que de dire que pu est la racine de pû- tâ. Le lien nécessaire des formes fortes en i avec les phonèmes û et ïr, tir, est constaté dans cette règle: «les racines en û et en r prennent \'i de liaison».

3. M. Benfey a montré que le verbe mrlàti, dans les Védas, a un r long, et M. Hflbschmann en a donné l'explication par la comparaison du zd. marezhd.

4. Nous admettons que dans sa^ûrbhis de sagus, âçlrda de àçis, la longue est due à un effet d'analogie dont le point de départ était fourni par les nomi- natifs du singulier sagûh, àçîh, cf. pûh, gîfi, de pur, gxr.

�� � 234 îr, ?7r = f; â et àm venant de nasales sonantes longues.

La raison qui, dans chaque cas, détermine la teinte i ou la teinte u est la plupart du temps cachée. Voy. sur ce sujet Joh. Schmidt, Voc. II 233 seq.

Parfois le groupe ur cache un w qui s'est fondu dans Vu: ainsi urnâ pour *wûrnâ = si. vlûna. L'existence du f long n'en est pas moins reconnaissable: r bref eût donné «■vrnâ>\ ou tout au moins «Mma». II serait à examiner pourquoi dans certains exemples comme hotr-vurya, v persiste devant ur.

Peut-être le groupe ûl -]- consonne est-il quelquefois l'équivalent, dans sa série, des groupes ïr et ur -f- consonne ; ul pourrait aussi être une modification du l bref déterminée, dans phulld par exemple, par une durative qui suit la liquide.

3. Séries de l'n et de Vm. L'entier parallélisme de l'a de gâta avec ï, û et îr == f, parle assez haut pour qu'on ne puisse sans invraisemblance donner à cet à aucune autre valeur préhistorique que celle d'une nasale sonante longue. Et cependant la mutation de n^ en n n'est pas peut-être sans offrir quelque difficulté. Je com- prends celle de r^ en f: c'est, à l'origine, une prolongation de l'r durant l'émission du ^. Pareil phénomène semble impossible quand c'est une nasale qui précède ^, l'occlusion de la cavité buccale, et par conséquent la nasale, cessant nécessairement au moment où le son ^ commence. De fait nous avons vu, à côté du gén. màfûr =

  • mat)^s, le groupe n^ subsister dans uksnâs. Le témoignage des

langues congénères n'est pas décisif, car la voyelle qui suit l'n dans lat. anàt-, v. h*-all. anud = skr. âtî, ainsi que dans janitrices, skr. yâtdr (sur ces mots cf. plus bas), pourrait être émanée de la nasale sonante longue, et n'avoir rien de commun avec le ^ proethnique qui détermine cette dernière. Il est concevable aussi, et c'est la solution qui nous paraît la plus plausible, que w"^ se soit changé en f^: il s'agirait donc, exactement, d'une nasale sonante longue suivie d'une voyelle très faible.

Nous ne faisons pas d'hypothèse sur la suite de phénomènes qui a transformé un tel groupe en â long. L'idée qu'une voyelle nasale aurait formé la transition est ce qui se présente le plus natu- rellement à l'esprit, mais je ne sais si la série de Vm, où c'est évi- demment âm {dântd = *dâmtd) qui fait pendant à l'a, est de nature à confirmer une telle supposition.

Remarque concernant certaines formes de la 9e classe. Le fait que le groupe n + -^ doit dans des cas donnés apparaître en sans- krit sous la forme d'un n long intéresse directement la flexion de la 9c classe,

�� � PRÉSENTS EN ayà-ti. 235

où ce groupe règne à travers toutes les formes faibles. Dans punithâ, prnîthâ, rien que de régulier: ainsi que dans (janitâr, n^ se trouve précédé d'une voyelle. Au contraire grbhntthâ, musnîthâ, offraient le groupe dans les conditions voulues pour qu'il produisît à. De fait, nous sommes persuadé que sans le frein puis- sant de l'analogie, on serait arrivé à conjuguer grbh^dti, *grbhathd. Je ne sais s'il est permis d'invoquer le zd. friyânmahi =; pr'nyimâsi; en tous cas le sans- krit lui-même fournit ici des arguments. Le verbe hrni-té «iratum esse» possède un thème dérivé hrnl-yâ- dans le partie, hr^î-yâ-mcina. Essayons de construire la même formation sur un présent du type gt-bh^à-; nous obtenons, en observant la loi phonétique, grbhâ-yâ-. Chacun sait que non seulement grbhàyâti existe, mais encore que tous les verbes en -âya qui ne sont point dénominatifs, mon- trent le rapport le plus étroit avec la 9e classe^. M. Delbrûck a cherché à ex- pliquer cette parenté en conjecturant des formes premières telles que *grbhanyd-, mais an ne se change jamais en à, et le thème de grbhndti n'est point grbhan^. Comme on le suppose d'après ce qui précède, -âyâ- devra toujours être précédé d'une consonne et jamais d'une sonante, mais m fait exception, on a p. ex. damûyâti. Cela tient apparemment à la nature du groupe -nm- qui se prononce en réalité comme -mmn-. En conséquence *dm{m)nAyâ- devint damâyâ- et non <datnntyâ-'».

Thèmes en -nUi Série de I'm. dhavi: dhu-nd; lavi: lû-nd.

Série de l'r. kari: kïr-nà; gari: gîr-nâ; cari: éir-nd; garî: gir-nd; tari: tïr-nd; parï: pûr-nd; marï: mur-nd; çari: çir-nd.

Thèmes verbaux en -ya.

Oa peut réunir la 4® classe et le passif. Ces formations diflfè- rent pour l'accentuation, mais non pour le vocalisme.

Les séries de l'i et de I'm n'offrent rien d'intéressant, car on constate un allongement général de ces voyelles devant y. Ainsi ge, çro, donnent giydte, çruydte pour *giydte, *çruydte.

Série de l'r: gari: gïr-yati; karî «verser» : kïr-ydte; gari «dévorer»: gïr-ydte; pari: pur-yate; çari: çîr-ydte, etc.

��1. Si l'on admet l'existence d'un y de liaison, les verbes comme hrnïy-â-te et grbhâ-y-d-ti peuvent se comparer directement aux dérivés de la 7© classe tels que trmhâ-ti (p. 218):

hrnî.yà: ^f^^*" = trmh-â-'. t'"^^/^'-, ' ■ rac. ha, rA " • rac. ta, rh.

2. M. Kuhn a mis en parallèle avec les verbes en -àyâti le présent sta- bhûyâti qui accompagne stabhnôti, de même, en apparence, que stabhâyâti accom- pagne stabhnâti. Cette remarque est certes bien digne d'attention; cependant nous avons cru devoir passer outre, vu l'impossibilité absolue qu'il y aurait à expliquer stabhàyd- par stabhî f yâ-

�� � 236 LES SONANTES Ù, f, n, m, DANS DIFFÉRENTES FORMATIONS.

Comparez: kar: kr-iyàte; dhar: dhr-iyâte; bhar: bhr-iyàte; mar: mr-iydte^.

Même divergence des racines en -ari et des racines en -ar de- vant le -yâ de l'optatif et du précatif: kir-yat, tîr-yât, pupûr-yas etc.; cf. kr-iyâma, sr-iyât, hr-iyât etc.

Série de ïn. Une confusion partielle s'est glissée entre les ra- cines en -an et les racines en -ani: khani, sani, donnent khâ-ydte ou khan-ydte, sâ-yâte ou san-ydte; à son tour tan fait tan-ydte et ta-ydte. Il ne saurait régner de doute sur ce qui est primitif dans chaque cas, dès qu'on considère que ^axxi forme invariablement gâ-yate et que man, han, n'admettent que mdn-yate, han-ydte. Le groupe an, dans hanydte etc., est le représentant régulier de n devant y (p. 34), — A l'optatif, gani fait gaga-ydt ou gagan-yât (Benfey, Vollst. Gramm. §801). ^

Série pe \'m: dami: âdm-yati; bhrami: bhrdm-yati; çami: çdm- yati; çrami: çrdni-yati etc.

Comparez: nam: nam-ydte; ram: ram-ydte.

Formes faibles des présents de la 2e et de la 3e classe.

Série de Vu: hâvï: hû-mdhe, gu-h,û-mdsi\ bravi: brû-mds, brû-té (3* sg. act. brdvî-ti).

Série de Vr: gari «louer»: gûr-ta (Z^Bg.moy.)', parî: pipur-mds, pipûr-thd etc. ; véd. pûrdhi. La forme védique pipr-tdm pourrait, vu le gr, m^itiM; être sortie d'une racine plus courte qui expliquerait du même coup le thème fort pipar-^.

Série de l'w: gani: gaga-thd, gagâ-tds. Il n'est pas facile, faute d'exemples décisifs, de dire si n, placé devant w et m devient â comme devant les consonnes ou an comme devant les voyelles. Le

��1. Apparemment kriyâte équivaut à kr-yâte: r et i ont échangé leurs rôles. M. J. Schmidt, qui traite de ces formes Vocal. II 244 seq., ramène kriyate à

  • kiryate (pour *karyate) et ne reconnaît pas de différence foncière entre ce type

et çlryâte. Tout ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut nous défend d'accepter cette opinion. Dans les formes iraniennes que cite l'auteur, kiryêtê et mîryëitë (= kriyâte, mriyâté), îr n'est probablement qu'un ërè (= f) coloré par y. Ce qui correspond en zend au groupe indien tr, c'est généralement ai-e. Nous regrettons de ne pas être en état d'apprécier les arguments que M. Schmidt tire des dialectes populaires de l'Inde.

2. L'hypothèse de M. Kuhn qui fait de trte le moyen de (yarti parait si vraisemblable qu'on ose à peine la mettre en question. Et cependant, si l'on compare irmâ «rapide», irya «violent» et le gr. ôp- (ôpoo : irëva = KÔpon: çirsâ), ce présent fait tout l'effet d'être à ari ce que pûrdhl est à pari. L'ac- cent aurait subi un recul.

�� � LES S0NANTB3 M, f, ft, m, DANS DIFFÉRENTES F0RMAW0N3. 237

traitement qu'il subit devant y parlerait pour la première alternative,

et dans ce cas gaganvds, gaganmds devront passer pour des métaplasraes.

Nous avons obtenu cette proportion:

qaàâ-thàs : àaàdni-si 1 j- -i. ' .j- ^.

, , , , ,. = rmi-thas
rodtsi.

brû-fhas : bravi si J

Formes faibles de l'aoriste sigmatique.

Le Rig-Véda offre l'aor. du moyen a-dhus-afa (3* p. pi.), de la racine dhavi. Cette forme passe pour un «aoriste en -s-aw>; en re- vanche a-dkâvis-am est classé dans les «aoristes en -is-am». Nous avons vu que ces deux formations n'en forment qu'une dans le principe, et qu'en général la différence apparente réside uniquement dans le phonème final des racines (p. 230 8eq.,231 i. n.)- Ici elle a une autre cause: c'est bien la même racine qui donne dhâvis- et dhûs-, seulement dhûs- contient Vi de dhâvis- à l'état latent; l'un est la forme faible de l'autre.

Voilà qui explique une règle que consigne le § 355 de la gram- maire sanskrite de Bopp: au parasmaipadam, les racines en f sui- vent la formation en -isani; à l'âtmanepadam elles admettent aussi la formation en -sam et changent alors f en ir, ûr. La chose est transparente: on a conjugué d'abord d-stâris-am, â-stîrs-i, comme d-Tcsaips-am, d-ksips-i (cf. p. 179); le moyen â-starîsi n'est qu'une imitation analogique de l'actif.

Thèmes nominaux du type dviS.

Nous n'envisageons ici que les formes où la désinence commence par une consonne, représentées par le nominatif du singulier.

Série de Yu: pavi: ghrta-pû-s; havï: deva-hé-s.

Série de IV: gari «louer»: gir{-s); gari «vieillir»: amâ-gûr(-s); tarî: pra-tûr{-s); parî: piir{-s); mari: â-7nér{-s); starî: upa-sUr{-s). — Dans le premier membre d'un composé : pur bMd etc.

Série de l'w: khani: hisa-khd-s; gant: rte-gd-s', sani: go-sd-s.

Série de \'m: çami: pra-çdn(-s), instr. ipl. pra-çdm-hhis.

Remarque sur quelques désidératifs. On ne doit point être surpris de trouver yihlréati de har, hubh\ixsatî de lihar etc., puisque l'on a aussi ^igisati, çuçmëati etc. de racines anttdâttâs comme ^e et çro.

�� � 238 LES SOMANTES i, M, f, «,- ■ffl, NE PEUVENT ÊTRE PRIMORDIALES.

Avant d'entamer la seconde partie de ce sujet, il est bon de se mettre en garde contre une idée très naturelle et plus vraisemblable en apparence que la théorie proposée ci-dessus. Elle consisterait à dire: au lieu d'admettre que u, f etc., dans bina, ^pfta etc., sont des modifications de w + ^, >• + "*, pourquoi ne pas poser des racines telles que la^û, P0'\f'^ Les formes fortes skr. lavi-, pari-, en peuvent fort bien dériver, et l'explication des formes faibles serait simplifiée. C'est à quoi nous opposons les remarques suivantes:

1. L'hypothèse à laquelle il vient d'être fait allusion est inadmissible:

a) Supposons pour un instant que les racines de lavitdr lûnâ et de parîtâr pûrtâ soient réellement lau, par. Quel avantage en ré- sulte? Aucun, car on ne saurait sans pousser l'invraisemblance au dernier degré, prétendre que Vï de gràbhîtar et de môsitum n'a pas existé après les sonantes comme ailleurs au moins dans un nombre limiié de cas. Or toutes les racines finissant par sonante-\- t donnent sonante longue dans les formes faibles. On en reviendrait donc à reconnaître pour un nombre d'exemples grand ou petit la règle qu'on aurait voulu supprimer, et au lieu de simplifier on aurait compliqué.

h) En partant des racines lail, par etc., on renonce à expliquer la 9' classe comme un cas particulier de la 7*. Dès lors on ne comprend ni la prédilection des racines «à sonante longue», ni l'aversion des racines «à sonante brève > pour le présent en -na.

c) Accordons, s'il le faut, qu'il n'y a aucun lien nécessaire entre la sonante longue et le présent en -nâ\ assimilons la syllabe -nâ aux suffixes tels que -î/a ou -ska. Comment expliquera-t-on, au moyen de racines lau, par, les présents lûnàti et pfndti? Comment, en règle générale, est-il concevable que laû puisse donner lu et que par puisse donner pf? — Ce point ne réfute pas seulement l'hypothèse de ra- cines à sonante longue, c'est en même temps celui sur lequel nous croyons pouvoir ancrer en toute confiance la théorie de la 9" classe et partant la théorie des racines comme lawA, parA. Car ceci est évident a priori: toute théorie fondée sur l'idée que -na est un simple suffixe se trouvera dans l'impossibilité d'expliquer la diffé- rence typique et radicale du vocalisme de la formation hindti, prndti, et.de la formation lûnâ, pûrnâ.

2. L'autre hypothèse, bien loin d'offrir des difiicultés, est dictée par l'observation des cas analogues:

Dans les racines qui présentent successivement 5onan/c-|-ai-j->, par exemple gyâ, va, çrâ, nous sommes bien sûrs que à fait partie

�� � LES SONAÎiTES t, Û, f, Tl, ffl, NE VEUVEXT ÊTRE PRIMORDIALES. 239

intégrante de la racine. Si donc notre hypothèse est juste et si ksi-tid, lû-nd, -pûr-nà etc. viennent de racines toutes pareilles à gya^A, où il n'y a de changé que la place de Va^, il faudra que les deux types radicaux se rencontrent dans les formes où % tombe. C'est ce qui a lieu. Série de l'i:

gyâ (g^ya^A) «vieillir»: gya-sydti, gî-m. gyâ {g{ya^Ay- «triompher de»: gyâ-yas, gï-tà. pyâ «s'engraisser» : pyâ-yaii, pî-nd. çyâ «faire congeler»: çyd-yati, çï-nd et çl-td. La série de 1'?^ offre u-H «tissu» de va, vâsyati. Série de l'r:

krâ «blesser, tuer» dans Icrd-tha, d'où krâihayati^; forme faible: kîr-nà.

çrâ «cuire, mélanger»: T^rés. çrd-ti, çrd-tum, çïr-tâ, â-çïr^. La série de Vn offre gandti de gna: c'est là une formation qui permet de rétablir *gâtd == ^zfdd (cf. gâtdvedas'?) comme participe perdu de gnâ. Le présent gândti ne saurait être absolument primitif. La forme organique serait gandti pour é^ndti: cf. gindti de gya. L'in- troduction secondaire de Vn long est comparable à celle de Vï long dans prïndti (p. 227).

Ces exemples forment la minorité: la plupart des racines sanskrites qui finissent par -râ, -là, -na, -ma, apparaissent dépourvues de formes faibles*: trâtâ, prânà, glânâ, ml&tâ, ynâtà, mnâtâ, snâtâ, dhmàtâ etc. La raison n'en est pas difficile à trouver. Entre trdtuni et *tlrtâ, entre gnâtum et ^yàtâf dhmdtum et *dhântâ, la disparate était excessive, et l'unification inévitable. Ne

1. Cette dernière racine, comme l'a montré M. Hûbschmann, se retrouve dans le zd. zinât et l'anc. perse adhià (skr. aginât): elle a donc g^ et n'est ap- parentée ni au gr. pia ni au skr. (jâyati, ^igdya.

2. krathana est apparemment une formation savante tirée de la soi-disant racine krath.

3. Cf. aussi pur-va en regard de prâ-tdr.

4. M. J. Schmidt, qui dans un article du Journal de Kuhn, a attiré l'atten- tion sur cette particularité, en présente une explication purement phonétique, fondée essentiellement sur la supposition d'une métathèse. Mais notre principe même nous empêche de discuter son ingénieuse théorie, car elle répond en définitive à la question que voici : pourquoi est-ce qu'en sanskrit dhmâ ne fait point *dhmità quand sthâ fait sthitâ? Si l'on admet ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut, cette question cesse d'en être une, et l'on ne peut plus demander que ceci: pourqtwi dhma ne fait-il pas dhântâ quand stha fait sthitâ? — En outre l'hypothèse *dhamtâ, *dhamatâ (comme primitif de dhmûtâ) est incompatible avec la loi d'expulsion proethnique de l'a. La métathèse, si elle existe en sans- krit, ne paraît admissible que pour un nombre d'exemples insignifiant.

�� � 240 LECR ORIGINE SECONDAIRE EST CONFIRMÉE.

voyons-nous pas le même phénomène en train de s'accomplir sur les racines en -yâ, où çlna, çlta, plna, sont accompagnés de çi/àna, çyàta, pyâna, et où

  • khita de khyà a déjà fait place à khyâta?

A ces exemples empruntés à des syllabes radicales s'ajoute le cas remarquablement limpide de Vï de l'optatif formé également de i + ^ (p. 179 seq.).

Ce qui achève de marquer l'identité de composition des ra- cines qui ont produit pûtâ, pûrnd etc., avec les types gya^A, kra^A, ce sont les présents gindti, zd. zinât de Çiyâ; gindti, zd. ginâiti (gloss.) de g2yâ; krndti de hrâ «blesser»; *ganâti (v. ci-dessus) de gnâ. On retrouve là ces présents de la 9® classe, qui constituent un caractère si remarquable de notre groupe de racines. Il n'est pas besoin d'en faire encore une fois l'anatomie:

Type A: rac. gya^-A: gi-né^-A-ti; *gi-^-tâ (gï-ta).

Type B: rac. puiW-'^: pu-m^-A-ti; *pu-^-fd (pu-tà).

(Type A: rac. çra^-u: çr-nâ^-u-ti; çr-u-td.)

(Type B: rac. pa^r-k: pr-nd^-k-ti', pr-k-td.)

��Nous avons vu (p. 231) la règle en vertu de laquelle la ra- cine ta^r^ élidera le phonème final dans un thème comme tarati. Les conditions sont tout autres s'il s'agit d'une formation telle que celle de la 6® classe: ici 1'% radical tombe, et l'on obtient le pri- mitif tr^ -f~ <*^*' Se trouvant appuyé d'une consonne, IV ne laisse point échapper le son ^: selon la règle il se l'assimile. Il en ré- sulte tf -f- dti, et enfin, par dédoublement de f, trr-dti. Si la racine était tar, la même opération eût produit tr-dti (cf. gr. TrX-ë(Tôai etc., p. 11).

Ce procès doime naissance, dans les diâerentes séries, aux groupes -iy-, -uw-, -nn-, ip,m-, -rr-. Le sanskrit garde les deux pre- miers intacts et change les trois autres en -an-, -am-, -ir-'^ (-ûr-).

Thèmes verbaux en -a. Série de Vu. dhavi: dhuv-dti; savi «exciter»: suv-âti.

��1. La théorie de M. J. Schmidt (Voc. II 217) tend à faire de ir, ur, des modifications de ar. L'auteur dit, incontestablement avec raison, que kirâti ne saurait équivaloir à. kr ■ âti: cela eût donné ^krâtù. Mais la formule kar 4- àti sur laquelle se rabat M. Schmidt se heurte, elle, au principe de l'expulsion des a, principe qui ne permet pas d'admettre qu'à aucune époque l'indien ait possédé des présents comme <i*karâtU.

�� � FORME SCINDÉE DES SONANTES LONGUES l Û f Û fh. ^241

Série de IV. karf «verser»: kir-âti; gari «dévorer»: gir-âti, gil- àti; gari «approuver»: â-gur-âte; tari: Hr-dti, fur-âti; sphari (aor, véd. spharjs): sphur-àti.

Série de 1'?*. vani : véd. van-éma, van-dti; sani: véd. san-éyam, san-éma. La place de l'accent ne laisse aucune espèce de doute sur la valeur du groupe -an, qui est pour -nn. C'est une accentuation très remarquable, car d'habitude les a radicaux hystérogènes se sont hâtés de prendre le ton et de se confondre avec les anciens. Dans nos verbes même, il est probable que vdnafi, sânati n'ont de la 1' classe que l'apparence : ce sont les égaux de vanàii, sandti, après le retrait de l'accent.

Série de l'm. On ne peut décider si un présent tel que hhrd- maii vient de *hhrd^mati ou de *bhrmmdti^.

Parfait.

On trouve, en conformité avec dudhuvûs, duâhuvé de dhavi, des formes comme taturûsas, titirûs de tari, tistire, tistirând de starî (Delbriick p. 125), gugurûëas de gari^.

En dehors de ces cas, on sait que les racines «en f» ne sont pas traitées, dans les formes faibles du parfait, de .la même ma- nière que les racines «en r». Le maintien de l'a y est facultatif et pour certains verbes obligatoire: ainsi start fait tastariva (Benfey p. 375). La raison de cette particularité nous échappe: on atten- drait «tastirva^.

La série nasale offre de nombreuses modifications analogiques. Les formes telles que gaganus (véd.) pour *gagnnus de gani, vava- mus = *vavmmus de vami sont les seules régulières. Elles sont accompagnées de gagnns, vemus^ etc.

Thèmes nominaux du type dviê. On a, devant les désinences commençant par une voyelle: De manogâ-: mano-gàv-. De gir- {*gf): gir- {*grr-).

1. Il est à croire que hhrâmaii a suivi l'analogie de bhrdmyati, car on ne concevrait point que le groupe -mm- produisît -àm-.

2. La brève de gugûrvân parait être due à la réaction du thème faible
  • ^u(Jurus-. Il faudrait *^ugûrvàn. La racine tari, onire titïrvân, offre l'optatif

turya- pour *tûryâ: Vu bref peut avoir été communiqué par le thème du moyen turt-.

3. Notons cependant cette remarque d'un grammairien cité par Wester- ^aard: vemufi, tadbhâsy&diëu éirantanagrantheéu kuirâpi na dréfam.

de Saussure, Oeuvres. 16

�� � â4â. FORME SCINDÉE DES SONANTES LONGUES î Û T fl ffl.

O o .->

De go-sd {*go-sii-): go-sàn-as {*go-snn-as). E. V. IV 32, 22. D'ordinaire le type go-sd a cédé à l'attraction de la déclinaison de soma-pd.

Dans la série de l'wi, pra-çam-, grâce sans doute à une uni- fication postérieure, conserve Va long devant les voyelles.

Les racines en «iA présentent des exemples remarquables : prà (comparatif prd-yas, zd. frâ-yanh) donne piir-û, soit '■prr-û (fém. pûrvi soit *pf-vî); çra donne â-çir-as. Dans la série nasale, il est fort possible que niânati et âhdmati viennent vraiment de mnâ et dhma, comme l'enseigne la grammaire hindoue. Ces formes se ra- mèneraient alors à *mmidti, *dhi^imdti.

En terminant mentionnons deux faits que nous sommes obligé de tenir pour des perturbations de l'ordre primitif:

1. Certaines formes nominales à racine faible offrent la sonante brève. 1° Devant les voyelles: tuvi-grâ (à côté de sam-girâ qui est normal) de garï; pàpri (à côté de pâpuri) de parï; sàsni, sist,m de sani. 2" Devant les consonnes: mrkrti de kari «louer»; sâtvan, satvanâ de sani, etc.

2. l!à résultant de la nasale sonante longue donne lieu à des méprises: ainsi sa, forme faible de sani, est traité comme racine, et on en tire p. ex. çata-séya. D'un autre côté les racines anudâttâs han et man présentent ghâta et matàvak La création de ces formes ne paraît explicable qu'en ad- mettant une idée confuse de la langue de la légitimité de l'échange -an- : -&- puisée dans les couples sânitum : sâtâ, et appliquée parfois à faux.

��Un petit nombre d'exemples offrent û et f à Vintérieur d'une racine finissant par une consonne. Il est rare malheureusement que la forme forte nous ait été conservée: ainsi mûrdlidn, sphur- gati, kûrdati, et beaucoup d'autres en sont privés. Nous avons cru retrouver celle de çirsdn dans le gr. Kpaa (p. 210). L'exemple capital est: dlrghd «long» comparé à drRghïyas, dr&ghmdn, zd. dr&ganh.

dTrghâ (= dfghâ, *drAghâ) : drâghTyas = prlliû : prâthTyas

= çTr-tâ : çrd-ti = par-tâ : parï- târ, etc.

Plusieurs racines paraissent être à la fois udâttâs et anudâttâs. Dans la série de I'm, on trouve, h côté du participe yu-td, les mots ya-t{ et yu-thd dont Va long s'accorde bien avec le fut. yavi-tâ, l'aor. a-yâvi-sam, et le prés, yundti (gramm.). On peut suivre dis- tinctement les deux racines var et varf, signifiant toutes deux élire: la première donne vdrati, vavrus, vriyât (préc), dvrta, vrtd; la

�� � REMARQUES DIVERSES SUR LES RACINES tldâttâs, 243

seconde vpiité, vavarus, varyùt, vurita (opt.), vurnâ, hotrvérya, varï- tum. A côté de dari {dpidti, darîtum, dîrydte, dîrnd, gr, ôépa-ç), une forme dar se manifeste dans dfti, zd, dèréta, gr. bpaiôç. Au double infinitif stdrtum et stdrîtum correspond le double participe strtd et stirnd, et le grec continue ce dualisme dans (TTpdtTOÇ : (JTpiu- Toç (= *(JT/TOç, *aTfTÔç). On pourrait facilement augmenter le nombre de ces exemples.

D'une manière générale, la racine udâttâ peut n'être qu'un élargissement entre beaucoup d'autres de la racine anudatta. Qu'on observe par exemple toutes les combinaisons radicales qui tournent autour des bases -u- «tisser», kj-u- «s'accroître», gh^-u- «appeler».

1. -a,u. 6-tiim, vy-bman (Grassm.); vy-ùta, u-ma.

— â-çv-a-t.

hôtrâ, hô-man; â-hv-a-t.

•1. -ajWA. —

(udâttâ) çâvi-ra

hâvï-tave, hdvî-man ;

3. -WSL^A vd-tum, va-vaiï, gr. f|-Tpiov

çvà-trâ (?)

hvâ-tum etc., zd. zbà-tar

4. -wa,! vûy-ati, uvâya.

çvây-ati, çvciyitum. hvây-ati.

Les racines citées généralement sous la forme bhû et su «gi- gnere» offrent deux caractères singuliers: 1** Aux formes fortes, ap- parition anormale de -ûv- çt -u- au lieu de -au'- et -avî-, lesquels toutefois sont maintenus dans une partie des cas; ainsi la première des racines mentionnées donne babhéva^ bhûvana, dbhût (P p. dbhû- vam), bh^man, et en même temps bhdvati, bhavitra, bhdvitva, bhâ- vîyas^; la seconde fait saséva (véd.), su-sûma, et en même temps sdvati. 2" Plusieurs formes faibles ont un u bref: çam-bhû, mayo- bhû, dd-bhuta; su-td.

Ces anomalies se reproduisent plus ou moins fidèlement en grec pour qpu = bha et pour 6ô. On sait que dans ces racines la quantité de l'u ne varie pas autrement que celle de l'a dans Pa ou axa, ce qu'on peut exprimer en disant que l'O long y tient la place de la diphtongue eu. L'obscurité des phénomènes indiens eux-mêmes nous prive des données qui pourraient éclaircir cette

��û-ti, ûvûs.

çû-ra.

hù-td etc., huv-â-te.

��1. bhiiyas est fait probablement à rimitalion du positif bhûri. Le zd. baêvare paraît avoir pour base le comparatif qui est en sanskrit bhdvîyaa.

16*

�� � 244 DATE DE LA MUTATION QUI PRODUISIT LES SONANTES LONGUES.

singularité. On classera parmi ces racines pu « pourrir > qui ne possède d'à dans aucun idiome et qui, en revanche, offre un u bref dans le lat. pû-tris. Il serait bien incertain de poser sur de tels indices une série u : u, parallèle par exemple à a^w : u. Qu'on ne perde pas de vue l'a du skr. bhâvati, bhdvîtva.

��Ce n'est point notre intention de poursuivre dans le grec ou dans d'autres langues d'Europe l'histoire fort vaste et souvent ex- trêmement troublée des racines udâtiâs. Nous bornerons notre tâche à démontrer, si possible, que les phénomènes phoniques étudiés plus haut sur le sanskrit et d'où sont résultées les longues î, u, f, n, m, ont dû s'accomplir dès la période indo-européenne.

Pour la série de l'i, cette certitude résulte de l'f paneuropéen des formes faibles de l'optatif (p. 179 seq.).

Dans la série de Vu, on peut citer l'indo-eur. dhu-mâ de la racine qui est en sanskrit dhavi, le si. ty-ti «s'engraisser» en regard du skr. tâvï-ti, tavi-sd, tuvi, tti-ya; le lat. pu-rus en regard de pavi- târ, pû-tà. Ce qui est à remarquer dans les verbes grecs ôùuj et Xuuj (skr. dhavi dkû, lavi lu^), ce n'est pas tant peut-être la fré- quence de l'u long que l'absence du degré à diphtongue. Qu'on compare kXcu k\u = skr. çro crû, irXeu rrXu = skr. plo plu, peu pu = skr. sro srù, x^u x^ = skr. ho hû^. Cette perte marque nette- ment la divergence qui existait entre les organismes des deux séries.

Passons à la série des liquides.

A. Devant les consonnes.

Quiconque reconnaît pour le sanskrit l'identité parnâ = '"pr'^nâ devra forcément, en tenant compte de la position de la liquide dans le lituanien pWnas, placer du même coup Vépoque de la mu- tation dans la période proethnique. Et quant à la valeur exacte jiu produit de cette mutation, nous avons vu que, sans sortir du sanskrit, on est conduit à 5' voir un r-voyelle (long), non point par exemple un groupe tel que ar ou ^r. Entre les idiomes euro-

��1. Ko^po-XÛTTiç • paXavTio-TÔ|ioç Hes. est intéressant au point de vue de l'étymologie de Xûai.

2. Dans le latin, où rùtus et inclutus sont les seuls participes du passif en -û-to, la longue ne prouve pas grand chose. Elle se montre même dans 8ecûttis et locûtus. Les exemples qui, sans cela, nous intéresseraient sont so-lûtus et peut-être argûtus, si l'on divise arguo en ar -f- guo = huvâti.

�� � péens, le germanique apporte une confirmation positive de ce résultat : le son qui, chez lui, apparaît devant la liquide est ordinairement u comme pour l'r voyelle bref.

En LITUANIEN f est rendu par ir, il, plus rarement par ar, al.

gïrtas «laudatus» = gf^rfâ; èirnis, cf. gïrnâ-, tiltas = tîrtJiâ; tlgas = dirghà{?); pilnas = pûrnd; vîlna = ûrnâ; — êarnà «boyau», cf. plu8 bas gr. XoP^Hî szâltas = zd. çareta, lequel serait certainement en sanskrit *çirto, vu le mot parent çiçird; spragù = spkérgati.

Le PALÉOSLAVE présente rï, rû, lu.

krûnû = hlrnâ «mutilé»; zrïno = gïrnd; prîvù = pûrva; dlûgû = dirghd; plûnû = pûrnd; vlûna = lirnâ. Nous trouvons lo dans slota = lit. szâltas.

Exception: lit. lerêas, si. bréza «bouleau» = skr. hhurga.

Le GERMANIQUE hésite entre ur, ul et ar, al.

Gotique kaurn = gïrnd ; fulls = pûrnd ; vulla = urnâ ; — arms = îrmd; {untila-)nialsks = murkhd; hais = çïrsdC?), cf. Koppri* ipd- XnXoç Hes. L’a suit la liquide dans frauja = ptirvyd.

Le GREC répond très régulièrement par op, oXS ou puj, Xu).

ôpYT)^) argâ. 5oX-i-xôç^) dirghd.

ôpdôç^) urdhvâ. irôpTiç*) pûrti.

KÔÇKSx] çlrsd. oiiXoç^) érnâ.

��Ttpujioç pûrvya. Tpd)Ui turvatiCi). ppuuTÔç cf. gïrnd. axpuJTÔç cf. stirnd.

Au lieu de ρω on aurait ρο dans βρότος «sang coagulé», si M. Bugge a raison d’en rapprocher le skr. murta «coagulé», K. Z. XIX 446. Cf. dppoiaoç (Hes.) = dppuJiaoç.

1) D’après ce qui est dit p. 234, il est indifférent que la racine commence ou non par w. — 2) La remarque précédente s’appliquerait à ôpOôç — urdhvâ ;

1. Nous ne décidons pas si dans certains cas op et o\ ne représentent point les brèves r et l. Les principaux exemples à examiner seraient: ôpxiç, zd. èrëzi; ôpx^oiaai, skr. rghdyâte; ’OpçÊÛç, skr. rbhû; ôpoo- (dans ôpooôùpa, ôpaoTpiaivrjç, ôpameTriç), skr. rsvd ; jaopTÔç, skr. mrtâ (cf. toutefois véd. murlya) ; xoîpoç (cf. x^oûvriç); skr. ghfsvi; xôpYoç, germ. sforka- (Fick P 825). L’omicron suit la liquide dans: Tpôvoç, skr. tfna; pXooupôç, got. vul^us (Fick); f||LiPpoTOv = fjuapTOv; ôXol = atiXaE (p. 18); KpÔKoç (Hes.), cf. skr. krkavâku, lat. corcus. On pourrait même citer pour puj et \uj: ypuj&ûXoç, skr. grhâ (J. Schmidt, Voc. II 318), pXujôpôç à côté de pXaOTÔç. On ne doit pas comparer irpujKTÔç et /Jrif^Aa, vu le zd. parçta. — De même en latin r paraît pouvoir donner ar et ra: fa(r)- stigiutn, skr. bhrsti (gr. ûqpXaOTOv) ; classis est sûrement le skr. krm (cf. quinque classes et pânéa krètdyas?); fastus, comme M. Bréal l’a montré, contient dans sa première syllabe l’équivalent du gr. bapa (p. 122). 246 ÉQUIVALENTS GRECS ET LATINS DU SON T.

seulement le zd. ërëbwa montre que la racine de nrdhrâ n'a point de w initial. Si donc, en se fondant sur piupôia' ôpôia et contre l'opinion d'Ahrens (II 48), on attribue à ôpdôç le digamma, le parallèle ôpdôç — ûrdhrâ tombe. — 3) L'i de boXix6ç n'est pas organique. A une époque où le second e de la forme forte *béXexoç (évbeXexriç) était encore la voyelle indéterminée a, cette voyelle a pu être adoptée analogiquement par *&o\x6ç; le traitement divergea ensuite dans les deux formes. — 4) Cf. p. 248, note 1. — 5) oOXoç «crépu» est égal à

  • ^o\voç. Cf. oOXti XeuKri* dplE X€UKr|.

En L^iN ar, al, et râ, Ici, équivalent aux groupes grecs op, oX, pu), Xuu.

��ardmis

�iirdhvâ.

�grâtus

�gûrtà.

�armus

�îrmà.

�grânum

�glrnâ.

�largus ^)

�dïrghd.

�{?)plânus

�piirnâ *).

�pars

�parti.

�stratus

�atpujTÔç.

�cardo cf.

�kérdati.

� � ��1) Pour *darguSf malgré le l le boXixoç, l'échange entre / et r étant assez fréquent précisément dans les racines dont nous parlons'. On pourrait aussi partir de *dalgus, admettre une assimilation : *lalgus, puis une dissimilation. — 2) Cf. comiilanare lacum «combler un lac», dans Suétone; plënus est tiré par analogie de la forme forte. — Sans Xdxvri, lâna pourrait se ramener ;i

  • vlâna = urrtà.

Au groupe al est opposé ul en sanskrit (p. 234) clans calvus = knlva et alvus = tilva, ûlba.

On trouve -ra- dans fraxinus, cf. skr. hhûrga. D'autre part M. Budenz, approuvé par M. J. Schmidt {Voc. I 107), réunit prô- vincia au skr. purva. Ce mot se retrouve aussi dans jyrïvi-gnus qui sera pour *prôvi-gnus (cf. convimim)^ .

Exemples qui se présentent entre différentes langues euro- péennes :

Lat. crûtes, got. haurdi-. — Lat. ardea, gr. puubiôç (par pro- thèse, èpmbidç). — Lat. cracentes et gracilis, gr. koX-o-kûvoç, KoX-e- Kàvoç, KoX-o-aadç. — (?) Lat. radius, gr. ôp-ô-5a)iivoç — Gr. xoP^Hi norr. garnir, lit. iarnà.

��1. Exemples: xopî>l et xo^«Ç (P- 247); bépaq et dolare; KoXoKdvoç et cracentes; xdXaZa ei grando; gr. OTop-, s\. steljq; gr. xpuaôç, goL gulp (p. 247); gr. KÔparj, got. hais; la.1. marceo, got. -malsks; \ii. g ir'éti, s\. glagolati, etc.

2. Doit-on admettre lat. er = f dans hernia (cf. haruspex) en regard du lit. zarnà et verbum = got. vatird (lit. vardas)? On se rapellera à ce propos cerebrum opposé au skr. ciras, termes vaiiant avec tarmes (racine udâtlû fere), ainsi que Ver de terra qui é(iuivaut à or dans extorris.

�� �

B. Devant les voyelles.

Nous venons de voir les représentents européens du f proprement dit. Il reste à le considérer sous sa forme scindée qui donne le groupe rr (skr. î>, ur), et ici les phénomènes du grec prennent une signification particulière. Il semblerait naturel que cette langue, où r et / deviennent ap et a\, rendît également par ap et aX les groupes rr et //. L’observation montre cependant que op et oX sont au moins aussi fréquents et peut-être plus normaux que ap, aX, en sorte par exemple que ttôXiç répond au skr. purî tout de même que KÔpdr) répond à çirëà. De ce fait on doit inférer que le phonème ^, en se fondant dans la liquide, lui avait communiqué, dès la période proethnique, une couleur vocalique particulière dont le r bref est naturellement exempt.

��(?) t|)opujveûç bhuranyû (Kuhn] XoXdç, xôXiH 1 j^.^_

(cf. xop^n) f

��XÔpiov^ cira’

��Bopéaç j . .

’Y-rrep-popeioi j ^ .* TTÔXiç puri.

TToXOç purû, pulû.

(?)TTO|Li-qpôXuT- bJmràgate (Joh. Schmidt, Voc. II 4).

En regard du skr. htranya et hiri- on a l’éol. xpoi^ôç (forme ancienne de xpwdôç), lequel paraît égal à *Xo*Tyô, cf. got. gul/ja-^. Formes verbales:

pdXerai skr. -gurà-te* «approuver».

Topeîv skr. tird-ti, turâ-ti.

jiioXeîv skr. milâ-ti^ «convenire».

��1. xpyix^ est apparemment un nom tel que ^îr, ^^rtr en sanskrit, c’est-à-dire qu’il remonte à x/Ç- Les génitifs xpo<^Ç et xpi^fôç sont iiystérogènes pour

  • Xopôç. Le verbe xpaîvuj paraît être un souvenir du présent *xpavri|uii, *xrvri|uii,

qui est à XP^Ç ce que grnâti, prnàti sont à glr, pur. — XP^M^ n’est pas absolument identique à éârman: le groupe puj y a pénétré après coup comme dans

2. Dans un petit nombre de formes indiennes, ?r, «r, par un phénomène surprenant, apparaissent même devant les voyelles; en d’autres termes ;• ne s’est pas dédoublé.

3. On a comparé àyopâ et a<Jir<i «cour» (Savelsberg, K. Z. XXI 148). M. Osthoff (Forsc/i. I 177) combat cette étymologie en se fondant: 1" sur Vo du grec, 2" sur la solidarité de àyopd avec à.’^iipyu. La seconde raison seule est bonne, mais elle suffit.

4. Je tiens de M. Brugmann ce rapprochement, (jue le sens de pouXii, PouXeûuj, rend plausible et qui ferait de poû\o|Liai un parent du lat. gràtus. Toutefois son auteur n’y avait songé que parce que le p panhellène rend, à 248 TRAITEMENT DU GROUPE rr EN GREC.

Même coïncidence dans les racines suivantes pour lesquelles le thème en -à fait défaut dans l'une des deux langues:

ôp-é(7ôai, [ôp-ao] cf. skr. ir-te, ir-sva (p. 236 i. n.).

Pop-d, [Ppuu-TÔç] cf. skr. gir-àti, gîr-nd.

TTOp-eîv, [-upuj-TOç] cf. skr. purayati etc.^

(Trop-, [cTTpuj-TÔç] cf. skr. stir-ati, stîr-nd.

aî)iia-KOupîai cf. skr. kir-âti.

Les formes qui viennent d'être nommées ne représentent jamais qu'un des degrés vocaliques de leur racine, bien qu'en fait ce degré ait presque toujours usurpé la plus large place. La restitution du vocalisme primitif des différentes formes appartiendrait à l'histoire générale de notre classe de racines dans la langue grecque, histoire que nous ne faisons point. Voici très brièvement les différentes évolutions normales d'une racine comme celle qui donne OTÔpvujii :

1. CTcpa. 2. CTOp, CTpuu. 3. CTOp-

1. CTcpa, ou cxepe. C'est la racine pleine et normale, répondant au skr. starî. Dans le cas particulier choisi, le grec n'a conservé qu'une forme de ce degré: Tépa-|ivov ou Tépe-juvov* pour *OTépa-|avov (Grdz. 215). C'est la conti- nuation d'un thème en -tnan, où la racine pleine est de règle (p. 123), cf. skr. stdri-man. — Autres exemples: irepâ-aai, irepâ-aui; — xepct-inujv, Tépe-Tpov, xépe-oaev (ëxpujaev Hes.); — xe\a-|aiûv, xeXd-ooai (Hes.). Comme le font voir déjà ces quelques formes,- le degré en question est resté confiné très régulièrement dans les thèmes qui veulent la racine non affaiblie.

2. cxop, cxpu), degré réduit dont nous nous sommes occupé spécialement ci-dessus, et qui répond au skr. stîr. En regard de xépa-juvov on a axpui-xôç, en regard de uepâ-aai, tiôp-vri, en regard de xepd-jnujv : xop-eîv, xop-ôç, xi- xpiIi-OKUj etc.

3. cxdp-, ou cxpà- = str. Cette forme, dans le principe, appartient uni- quement au présent en -vri|ii ou aux autres formations nasales que le grec lui a souvent substituées. La théorie de ce présent a été suffisamment développée

��première vue, inadmissible pour le linguiste rigoureux la liaison avec le lat. volo, le si. veljq etc. Comme nous venons de reconnaître que pôXexai sort de ^Ikerai, il devient possible d'expliquer p pour f par le voisinage de la liquide (cf. pXaoxôç = vrddhâ). Si, en conséquence, on retourne à l'étymologie ancienne, il faut comparer le -o\- de pôXexai au -ur- du skr. vur-îta (cf. vrnlté, vQr^d, hotr-vûrya etc.).

5. Le parfait mimela est naturellement hystérogène.

1. Ainsi que l'admet M. Fick, la racine sanskrite pari semble correspondre à la fois au gr. ireXe (dans TréXeôpov'?) et au gr. nopeîv, iréttpujxai etc. Les mots indiens signifient en effet non seulement remplir, mais aussi donner, accorder, combler de biens (cf. Curtius, Grdz. 283).

2. La variabilité de la voyelle sortie de a est fort remaniuable. Il y a d'autres exemples pareils, ainsi x^pe-xpov et xepd-|jiujv, xé^e-voç et x^jua-xoç.

�� � DIFFÉRENTES MANIFESTATIONS DES RACINES GRECQUES EN -r^. 249

plus haut p. 25i4 seq. — Exemples: |idpva|aai, corcyr. pdpva|iai' = skr. mrnâti de la rac. mari; xe-Tpaivuu de xepa.

Les trois formes précitées se mélangent continuellement par extension analogique. La troisième est de ce fait presque complètement supprimée. Exemples: Parallèlement à |udpvafiai, Hésychius rapporte laôpva^ai dont l'o est sans doute emprunté à une forme perdue, du même genre que ëtopov. Paral- lèlement à irépvriiui — qui est lui-même pour *Trapvri|ui, grâce à l'influence de irepdaui — , le même lexicographe offre iropvdiuev (cf. irôpvri). L'aoriste ëôopov fait soupçonner dans Oôpvu|iai le remplaçant d'un présent en -vrijui, -vaiiiar, en tous cas l'o, dans ce présent à nasale, est hystérogène, et en effet Hésychius donne ddpvuxm et dapveûuj (ôdpvuToi : ëôopov = stpiâti : stirâti). L'omicron est illégitime aussi dans ôpvujui, aTÔpvu|Lii, poû\o|aai = *po\vo|Liai etc. — Le degré qui contient op, pu), empiète d'autre part sur le degré non affaibli: de là p. ex. axpuJiLivri, Ppû>|Lia, êppujv^. — On peut croire en revanche que ëpaXov de la rac. peXe ne doit son a qu'au prés. pdXXuj = *paXvu). Régulièrement il faudrait *ë3oXov.

L'o résultant des groupes phoniques dont nous parlons a une certaine propension à se colorer en u (cf. p. 93). Ainsi TTÙXr) est égal à -pura dans le skr. yopura (Benfey), jLiû\r| a une parenté avec marna «écrasé»^, çupiu et TTopqpùpuj rendent bhuràti et gar- bhurïti^, ILiùpKOç est l'ind. nmrkhd. Il serait facile de multiplier les exemples en se servant de la liste que donne M. J. Schmidt, Voc. II 333 seq. — Le groupe up (u\) paraît même sortir quel- quefois du r bref.

Voici les exemples peu nombreux où le grec a développé a devant la liquide:

^apùç gurû. {'?)fa\ér\ giri «souris».

��Tiapa pur cl.

��Trapoç puras. ijidXuY-ÊÇ sphulinga. (?)(pdpuTH bhiirig (Bugge).

��(*?)KCxXld kuldya (plus probablement, composé de Jcûla).

Ajoutons: l-^aK-ov de la rac. peXe (éKain-PeXé-Tiiç, péXe-|Livov), TÔp-ov de la même souche que Pop-à, cpap-ôuj" (zd. barenenti, 9* classe).

��1. Le p de cette forme me paraît une preuve directe, entre beaucoup d'autres, de iV-voyelle grec.

2. La flexion pure d'un aoriste de cette espèce serait: *ë-p€pa-v, plur, ë-Ppuj-|a€v.

3. La même souche a produit [lâpva^ai (jui répond directement à mrnâti.

4. La racine de ces formes sanskrites est, autant qu'on peut le présumer,

  • bhari ou *bhrù. Elle paraît être la même qui se cache dans le i)résent bhrnâti

«rôtir» (gramm).

h. Le rapport de çtras avec Kdpri est obscurci par Tr) final de la dernière forme.

�� � 250 TRAITEMENT DU GROUPE ?T EN LATIN.

A propos des cas énumérés ci-dessus, il faut remarquer qu'entre autres formes plus ou moins certaines que prend en grec le phonème f, outre op, oX, il semble représenté parfois par aXa, apa. Exemples: ToXa- (forme forte dans TeXa-); TiaXotiLiri = germ. folma, lat. pa.lma (forme forte dans ireXeiuîCu» V) ; KdXaôoç, qui serait à KXiûdu) ce que dîrghâ est à drdghîyas; OfpapaféiX) = skr.sjihioyôi/ati; ^dpa9pov à côté de pop-, ppuj-.

Le LATIN présente tantôt ar, aï, tantôt or, ol: 1. ar, al (ra, la, lorsqu'une sonante- voyelle qui suivait s'est changée en consonne):

trans tiras ^(?).

parentes gr. iropôvxeç (Curtius).

caries got. hauri.

��gravis

�gurû

� �haru-spex

�hir.a.

� �mare

�mira

� �2. or,

�ol:

� �onor

�gr. ôp- (p. 248).

�corimn

�skr.

�cira.

�vorare

�skr.

�gir-.

��molo, mola gr. inûXri (p. 249). iorus, storea skr. stir- (cf. p. 104

et 105).

Quand le grec montre a au lieu d'o, le latin semble éviter les groupes ar, al, et donner décidément la préférence à or, ol: gravis = papuç fait exception. Les exemples sont consignés à la p. 101: volare, gr. PaX-^; tolerare'^ gr. raX-; dolare, dolabra, gr. bah; par-, gr. irapd; forare, gr. (papôai.

Il est douteux que le latin puisse réduire le groupe rr ou ]l à un simple r ou Z, quoique plusieurs formes offrent l'appa- rence de ce phénomène. Ce sont en particulier glos, {g)lac, (jrando, prae, comparés à y^Xôcuç, ydiXa, x^^ct^^i, Ttapai. Les parallèles in- diens font malheureusement défaut précisément à ces exemples. Mais pour glos, le paléosl. zlûva appuie le latin et donne à l'a du grec T«Xôujç une date peu ancienne; TaXaKT- est accompagné de YXaKT0-q)âT0i, tXcxyoç etc. Quant à x«^«2;a — grando, c'est un mot en tous cas difficile, mais où le grec -aXa-, vu le skr. hrâdimi, doit évidemment compter pour un tout indivisible*, et adéquat

��1. L'identité en est douteuse: trans et tiras se concilieraient tous deux avec un primitif trms, si le mot sanskrit n'avait le ton sur la dernière. En conséquence -as n'y peut facilement représenter -ns. Peut-être trans est-il le neutre d'un adjectif ({ui répondrait au gr. Tpâvriç (lequel n'a qu'un rapport indirect avec tiras, comme irpâvriç avec puràs).

2. Il est vrai de dire que l'a de paXeîv semble plutôt emprunté au présent PdXXu), v. ci-dessus.

3. Cependant le son a apparaît dans làtus.

4-. On le peut ramener peut-être à *-Xa-: ou bien, si c'est une forme faible

�� � au lat. -ra-. Le rapprochement de prae et irapaî est fort incertain. Il reste glans en regard du paléosl. éelqdt et du gr. pdXavoç. En lituanien on a gile, et M. Fick en rapproche, non sans vraisemblance, skr. gula « glans penis »1. Mais cet exemple même prouve peu de chose : le groupe initial du mot italique, slave et grec a pu être gh.

Lituanien, giré « forêt », skr. girî; gile « gland », skr. gula (v. ci-dessus); pilis, skr. puri; skurà, skr. cira; — mares, skr. mira; malù = lat. molo (v. plus haut).

Paléoslave, gora, skr. giri (la divergence du vocalisme de ce mot dans le lituanien et le slave, coïncidant avec le groupe ir du sanskrit, est des plus remarquables); skora, skr. cira; morje, skr. mira.

Gotique, kaurs ou kaurus, skr. gurû; faura, skr. pur d (Kuhn); germ. gora, skr. hirà (Fick 111^ 102); got. pulan, gr. ταλ- ; V. h*-all. poran, gr. qpapôuj; — got. marei, skr. mira; mala = lat. molo.

filn = skr. imrû est une exception des plus extraordinaires, qui rappelle norr. hjassi (= hersan-) en regard du skr. çïrsdn.

Abordons la série des nasales. Elle demande à être éclairée par la précédente, plutôt qu’elle ne répand elle-même beaucoup de lumière autour d’elle.

A. Devant les consonnes.

Les phénomènes grecs paraissent liés à la question si compliquée de la métathèse. C’est assez dire sur quel terrain scabreux et incertain nos hypothèses auront à se mouvoir.

Remarques sur les phénomènes grecs compris généralement sous le nom de métathèse.

Nous écartons tout d’abord le groupe ρω (λω) permutant avec ορ (ολ): l’un et l’autre ne sont que des produits de f (p. 245).

I. La transformation d’un groupe comme πελ- en πλη- est inadmissible, ainsi qu’on en convient généralement.

II. La théorie représentée en particulier par M. J. Schmidt suppose que TicX- s’est changé par svarabhakti en ireXe-; c’est ce dernier qui a produit uXti-. — Nous y opposerons les trois thèses suivantes:

liée au skr. hr&d de la même façon que dirghà l’est à drâgh, on tirera -aXa- de f, cf. p. 250, 1. 1 seq.

1. Si l’on n’avait que les formes du latin et du slave, on penserait au skr. granthî. 252 REMARQUES SUR LA MÉTATHKSE.

1. Dans la règle, le groupe -neXe- sera originaire, et on n'a point à re- monter de ireXe- à iteX-. ircXe est une racine udâttû.

2. Si vraiment ueXe- a produit parfois irXr|-, c'est ù coup sûr la moins fré- quente de toutes les causes qui ont pu amener les groupes radicaux de la dernière espèce.

3. Toujours en admettant le passage de treXe- à uXr]-, on devra placer le phénomène dans une époque où le second e (= À) de ireXe était fort différent et beaucoup moins plein que le premier, qui est a^.

III. Avant tout rappelons-nous que chaque racine possède une forme pleine et une forme privée d'fl,. Il faut toujours spécifier avec lacjuelle des deux on entend opérer. La différence des voyelles qui existe par exemple entre Yev (plus exactement ï€ve) et xan n'a rien de nécessaire ni de caractéristique pour les deux racines. Elle est au contraire purement accidentelle, la première racine ayant fait prévaloir les formes non affaiblies, tandis que la seconde les perdait. Si les deux degrés subsistent dans xaiieîv : xéfiaxoç, paXeîv : péXoç, c'est encore, à vrai dire, un accident. Donc il est arbitraire, quand on explique Yvri-, K|iTi-, TjUTi-, pXn-, de partir, ici de yev, là de koili, et ainsi de suite, au hasard de la forme la plus répandue.

Il y a plus. Quand on aura acquis la conviction que le type «à métathèse» a régulièrement pour base la même forme radicale, la forme faible par exemple, encore faudra-t-il se reporter à l'ordre de choses préhistorique, où l'a des formes telles que TOjneîv n'existait point encore; en sorte que TjuâTÔç peut fort bien — le fait est même probable — n'être venu ni de xaiiTÔç ni de tchtôç ni de TejuaTÔç.

IV. Le type où la voyelle suit la consonne mobile ne procède pas né- cessairement de Taulre en toute occasion. Au contraire, il est admissible par exemple que la racine de Gaveîv (= ^nveîv) soit ôvâ. On aurait alors:

ôav-eîv : dvâ = skr. dhâm-ati (*dhmm-dti) : dhmâ = skr. pur-â: prâ-yas, etc.

Un exemple très sûr, en dehors du gi-ec, nous est offert dans le lit. éin-aû, pa-zin-tis, got. kun-fs (p. 256 seq.). Ces rejetons de gnà «connaître» ont pour base la forme faible gn- (devant les voyelles: gnn), qui est pour gnA-,

Dans le cas dont nous parlons, le type ôaveîv est forcément faible, et la voyelle y est donc toujours anaptyctique.

V. Enfin les deux types peuvent être différents de fondation. Il y aura à distinguer deux cas:

à) Racine udâttà et racine en -ô (ne différant que par la position de IV/,, cf. p. 243). En grec on peut citer peut-être leXa (TeXa|nibv) et tXû (TXâmuv), ireXe (iréXeôpov) et irXri (TrXripriç etc.), cf. skr. pari et prâ.

h) Racine anudâttâ et racine en -à. La seconde est un élargissement (proethnique) de la première. Exemple: inev, luëvoç, jn^iuova, |i^|Lia|nev et nv-â, livrmr), miavriOKUU (skr. man et ntnâ).

C'est proprement à ce dernier schéma que M. Brugmann, dans un travail récemment publié, voudrait ramener la presque totalité des cas de «métathèse». Il admet un élément -à s'ajoutant à la forme la plus faible — nous dirions la forme faible — des racines, et qui échapperait à toute dégradation. Le fait de l'élargissement au moyen de -<î {-a^A) est certainement fort commun; nous le mettons exactement sur la même ligne que l'élargissement par -a, t ou par -«,«,

�� � REMARQUES SUR LA MÉTATHÈSE. THÉORIE DE BRUGMANN. 253

qu'on observe entre autres dans fc, r-ai» (skr. çré) «incliner», cf. ^•, a, r (skr. çârman); sr-a^u (skr. sro) «couler», cf. sa^r. Mais çre et sro ont leurs formes faibles çri et sru. Aussi ne pouvons-nous croire à cette propriété extraordinaire de l'élément «, que M. Brugmann dit exempt d'affaiblissement. Cette hypothèse hardie repose, si nous ne nous trompons, sur le concours de plusieurs faits accidentels qui, en effet, font illusion, mais, considérés de près, se réduisent à peu de chose.

Premièrement certains présents grecs comme à.ï\n\ gardent partout la longue, ce qui s'explique facilement par l'extension analogique. En sanskrit tous les présents en à de la 2e classe offrent la même anomalie (p. 138). Il est clair dès lors que des comparaisons telles que âr]|Li€ç : vâmâs ne prouvent rien.

En second lieu les racines sanskrites en -rd,, -nâ, -ma, gardent Va long dans les temps généraux faibles. Ainsi on a sthitâ, mais snâtâ. Nous avons cru pouvoir donner à la p. 239 la raison de ce fait, qui est de date récente.

Restent les formes grecques comme xpqTÔç, TiaqTÔç. Mais ici la présence de l'élément à étant elle-même à démontrer, on n'en saurait rien conclure à l'égard des propriétés de cet -â.

En ce qui concerne plus spécialement le grec, nous devons présenter les objections suivantes.

1. Les formes helléniques demandent à être soigneusement distinguées, dans leur analyse, des formes indiennes telles que trâtà, snâtâ. Pour ces der- nières la théorie de la métathèse peut être considérée comme réfutée. Elles sont accompagnées dans la règle de toute une famille de mots qui met en évi- dence la véritable forme de leur racine: ainsi t^'àtâ se joint à trâti, trâyati, tfàtâr etc.; nulle part on ne voit tar^. Au contraire, en grec, les groupes comme Tpti-, Tiarj-, sont inséparables des groupes xep-, xe^- (xepe-, xeiua-), et c'est visiblement dans les formes faibles qu'ils s'y substituent.

2. On n'attribuera pas au hasard le fait que les groupes comme xpr)-, T|nri-, Tvri-, lorsqu'ils ne forment jms des racines indépendantes du genre de pLvx], viennent régulièrement de racines appartenant à la classe que nous nommons ud&ttâs.

3. Que l'on passe même sur celte coïncidence, je dis que, étant donnée par exemple la racine udâflà ga^n^ et l'élément â, leur somme pourrait produire ffnn-à (gr. «yavri»), mais jamais ^n-ô (gr. ^vri)*. Il suffit de renvoyer aux pages 240 seq.

Nous reconnaissons aux groupes «métathétiques» trois carac- tères principaux:

1° lis montrent une préférence très marquée pour les formations qui veulent la racine faible,

2" Ils n'apparaissent que dans les racines iidattâs.

3° La couleur de leur voyelle est donnée par celle que choisit le ^ final de la racine udatta:

��1. Sur manati et dhamati à côté de mnâ et dhmâ v. p. 242.

2. Grassmann commet la même erreur, quand il voit dans les racines prâ et çrà des «amplifications de pur et çir». On aurait alors, non prâ, çrâ, mais purâ, çirà.

�� � 254 TRAITEMENT DES NASALES SONANTES LONGUE? EN GREC.

-Tvn-Toç : Yeve-Tnp K)nâ-TÔç:Kd)iia-Toç

-KXri-TOç : KaXé-ffuj T)aâ-TÔç : Té|ua-xoç

pXn-TÔç : -peXe-TTiÇ 1 5)iiâ-TÔç: 6a)Lid-TUjp

Tpn-TÔç : Tépe-Tpov 2 5^â-TÔç:bé|aa-ç

aKXripôç : aKeXe-TÔç Kpôt-Tr|p:Kepd-(jaai

TtXâ-TÎov: TreXd-aaai TTpâ-TÔç: Trepa-ffcrai.

Dans la série nasale, ces trois faits se prêtent ù merveille à une comparaison directe avec les groupes faibles indiens tels que gâ- de gani, dam- de dami. En effet leurs primitifs sont, selon ce que nous avons cru établir plus haut (p. 234): gn"^-, dm'*-. Le son '^ étant supposé subir le même traitement dans les deux degrés de la racine, on obtient la filière suivante:

[Forme forte: *Tev^-Trip, Y^veirip.]

Forme faible: *tw^-tôç, -YvrjToç.

[Forme forte: *Té|Li"-xoç, Té)iiaxoç.]

Forme faible: *Tm"-T6ç, T)LiâTÔç.

La variabilité de la voyelle étant ainsi expliquée et la règle d'équivalence générale confirmée par l'exemple

vfiacra (dor. vdffcra) = skr. âtP, nous identifions -yvriTOç, KjLiâTÔç, 6)iâTÔç, avec skr. gâté, çântà, dântâ^. Tout le monde accorde que Yvn(Tioç correspond au skr. gatya.

Nous ne pouvons, il est vrai, rendre compte de ce qui se passe dans la série des liquides. Là, toute forme faible primitive devait avoir un f pur et simple — et non point r^ — ; ce f , nous

��1. M. Fick met en regard de hàncana, Kvr]KÔç, qui serait alors pour

  • K|ar|'«iç; autrement il faudrait «kâcana>\ Le rapprochement est des plus

douteux. — Dans eîvdTrip = yûtâr (type premier yfiMâr) on peut conjecturer que l'e grec est prothétique, et qu'ensuite le y devenant i fit prendre à la nasale la fonction de consonne: *eynMér, eînMér, etvdxep. — Dans cette hypothèse, Yn ayant été éludé, etvdTTip ne peut nous fournir aucune lumière.

2. Il est intéressant de confronter les deux séries:

tatâ: TCTÔç; mata: -|uaTOç; hatà: -qpaTOç; gatâ: Patôç.

()àtà: YvriTÔç; çàntâ: K|uriTÔç; dântâ: b}ir]TÔ<;. Les formes telles que Y€T<iTriv de ytvc sont imitées de la première série, et intéres- santes comme telles, mais aussi peu primitives que Yf-TV-o|aai, ou que le skr. sà-sn-i (p. 242); YifvoMai est très certainement une modification analogique de l'ancien présent de la 3e classe qui vit dans le sVr.yayûnti.

�� � TRAITEMENT DES NASALFS SONANTES LONGUES EN LATIN. 255

l'avons retrouvé en effet dans les groupes op, oX, et puu, Xuu. Où classer maintenant les formes comme irpâiôç, pXr|TÔç? Par quel phénomène le degré faible corre8i)ondant à Ttepa-ffai nous ofFre-t-il parallèlement à irôp-vri, type normal, cette formation singulière: upâTÔç ? C'est à quoi nous n'entrevoyons jusqu'à présent aucune solution satisfaisante.

Observations.

I. Le grec, si l'hypothèse proposée est juste, confond nécessairement le degré normal et le degré faible des racines en -nâ et en -ma. Qu'on prenne par exemple la racine yvuj «connaitre>: la forme réduite est *gn", lequel produit fvuj. Il est donc fort possible que la syllabe fviu-, dans fvûJMiuv et fvwaiç, réponde la première fois au v. ht-all. chnâ- (skr. (/nâ-), la seconde au got. kun- (skr. gâ-), cf. plus bas. — Une conséquence de cette observation, c'est que l'a bref de Téôvâ|j€v doit s'expliquer par l'analogie: la loi phonétique ne permet point de formes radicales faibles en -va (-ve, -vo) ou en -|uà (-|uie, -|ao). M. J. Schmidt, partant d'un autre point de vue, arrive à la même proposition.

II. On connaît le parallélisme des groupes ava- et -vt]-, -aiaa- et -ixr\-, p. ex. dans àdâvaroç : ôvriTÔç; — àbdiaaç : àbfjriç; — àKCt|aaToç : Kiurixôç. Deux hypothèses se présentent: ou bien -ava-, -a|aa- sont des variantes de -vri-, -|ur|-, qui ont leur raison d'être dans quelque circonstance cachée; ou bien ils proviennent de -eva-, -e.ua- — formes fortes — grâce au même mélange du vocalisme qui a produit TaXoioaai à la place de TeXdaaaO. Ainsi itav-bainct-TUip serait pour *nav-î)€|nd-TUjp et n'aurait pris Va que sous l'influence de bcî|avrmi et de fbauov.

��Les exemples latins sont: ai) ta skr. a/â*.

anàt- âti.

janitrices yâtdr.

��gnâ-tus | skr. ga-td. nûtio 1 gâ-ti

cf. genitor 3= ganitdr.

��C'est encore -an- que présente man-sio, qui est au gr. jueve daevexôç) ce que gnâtus est à geni-: puis sta(n)g-num, contenant la racine ré- duite de lévaY-oç, Il est possible que gnâ- dans gnârus soit la forme faible de giio-. Il répondrait alors au second des deux yviaj- helléniques dont nous parlions plus haut. Quant à co-gnUus, il ap- pelle le même jugement que Tédvâ)iev.

Ainsi -an-, -ani- ou -na-, voilà les équivalents italiques du pho- nème nasal que nous étudions. Qu'on ne s'étonne pas de l'a de gnâtus en regard de l'ri de -Yvr|T0ç. Rien n'est au contraire plus normal. On a vu qu'à l'e grec sorti de ^, le latin répond réguliè- rement par a, au moins vers le commencement des mots: gnâtus {*gn'^tos) : tvhtoç (*Tn*^TOç) = sâtus : éxôç.

1. Celte forme se trouve dans Hésychius.

2. Osthoff, K. Z. XXIII 84.

�� � 256 TRAITEMENT DES CROUPES tltl ET mm ES EUROPE.

Dans les idiomes du nord nous trouvons en général les mêmes sons que pour la nasale sonante brève. Le phonème ^ dont n, selon nous, était suivi, n'a pas laissé de trace. Il a été supprimé pour la même raison que dans dûsti, got. dauhtar = dufdTrip, etc. (p. 167 seq.).

Lituanien: gimûs, cî. skr. ^afi; pa-Hntis «connaissance» de gna. Cette dernière forme est des plus intéressantes. Elle nous montre ce degré faible gn"^ que les langues ariennes n'ont conservé que dans le prés, ^â-nâti^ et qui est à gnâ ce que Bkr. çïr- est à çrâ, v. p. 239 et 242. — Au skr. âti répond àydis. — Paléoslave : jçtry, cf. skr. yâtâr.

Germanique: got. (qina-)kunda- = skr. gâta; kunpja-^, cf. lit. -iintis «connaissance»; anglo-s. thunor «tonnerre» = skr. tara «re- tentissant» (évidemment de stani ou tani «retentir, tonner»); anglo-s. sundea «péché», comparé par M. Fick au skr. sâti; v. h*-all. wunskan, cf. skr. vanéhati^; — v. h*-all. anut = skr. âti.

B. Devant les voyelles (groupes -nn- et -mm-). Le grec change, comme on s'y attend, nn et mm en av et o.\x. Les aoristes Ixaiiov, ëbajLiov, ëKajuov, ë&avov, font pendant aux formes sanskrites vanâti, sanâti pour *t;wwa<i, *snwah" (p. 241), et sup- posent comme elles des racines udâttâs. On a en effet en regard de ëxaiLiov: Té|Lie-voç, Té|iia-xoç, T|Liri-TÔç.

— ëba|Liov: skr. dami-târ, irav-baiLid-TUjp, Aao-bd:-|ia-ç,

b|LlTl-TÔÇ.

— eKttiaov: skr. çami-tdr, Kd|aa-T0ç, à-Kaina-ç, K|iir|-TÔç.

— ëdavov*: ôdva-TOç, ôvn-TÔç.

Dans ëKiavov en regard de Kiarôç (p. 44) le groupe av ne se justifie que par la consonne double kt.

��1. Le zend a les formes très curieuses ^«tY»-2;a/Wa, â-zaiMi. Il nous semble impossible d'y reconnaître des formations organiques, car celles-ci seraient

  • pâiti-zâta, *â-zàiti. Mais, devant les voyelles, zan- (= znn-) est effectivement

le degré faible régulier de znà; en sorte que -zaflta, -zaiMi ont pu être formés sur l'analogie de mots perdus, où la condition indiquée se trouvait réalisée.

2. C'est un autre un qui est dans kunnum = skr. (Ranimas, car nous avons vu que cette dernière forme est un mélaplasme de ^gànîmds, *(jnnimâs <p. 239).

3. La racine ne peut être que vami; elle paraît se retrouver dans vâm-a.

4. La racine est peut-être non deva mais dvô (v. p. 270). Pour la théorie ^u -av-, cela est indifférent.

�� � TRAITEMENT DES GROUPES lin ET mm EN EUROPB. 257

Comme on aurait grand peine à retrouver les formations de ce genre dans d'autres langues d'Occident que le grec, nous nous bor- nerons à consigner quelques exemples paneuropéens remarquables, dont l'analyse morphologique est du reste douteuse. Il s'en trouve même un, tnn-û, qui vient certainement d'une racine anudatta {tan). A la rigueur on pourrait écarter cette anomalie en divisant le mot ainsi: tn -\- nû. Cependant il est plus naturel de penser que le suffixe est -m, que la forme organique devait effectivement produire tnû, seulement que le groupe -nn- naquit du désir d'éviter un groupe initial aussi dur que tn-.

Skr. tanû, gr. xavu-, lat. tennis, v. h*^-all. dunni. Skr. sama «quelqu'un», gr. d|Li6ç, got. suma- (cf. p. 90 i. n.). Got. giima, lat. homo, hemonem {hûmanus est énigmatique), lit. émû. Gr. Kà|Liapoç, norr. humara- (Fick).

[Il est probable que si. iena = got. qino est un autre thème que le gr. Pavd, Y^vri (p. 93). Ce dernier étant égal au skr. gnd (et non tgand*), paraît n'avoir changé n en nn que dans la période grecque. — Le mot signifiant «terre»: gr. xa|Liaî, \a.t. humus, s\. zemja, lit. ieme, skr. ksamâ, a contenu évidemment le groupe mm, mais il était rendu nécessaire par la double consonne qui précédait.] Les syllabes suffixales offrent : le skr. -tana (aussi -tna) = gr. -xavo dans èîT-rie-Tavô-ç, lat. -ti7io; skr. -tama = got. -tuma dans aftuma etc., lat. -tumo.

A la page 29 nous avons parlé des adjectifs numéraux comme skr. daçamâ = lat. decunms. Dans la langue mère on disait à coup sûr dayk^vpmà, et point da^k^amâ. Le got. -uma, l'accentuation, la formation elle-même {da^km-\-d) concourent à le faire supposer. Le grec a consers'é un seul des adjectifs en question: êpôoiaoç. M. Cur- tius a déjà conjecturé, afin d'expliquer l'adoucissement de itt en P&, que l'o qui suit ce groupe est anaptyctique. Sans doute on attendrait plutôt: «é'Pba)Lioç», mais l'anomalie est la même que pour eÏKOffi, biaKÔaioi et d'autres noms de nombre (§15). A Héraclée on a êp6e)ioç.

§ 15. Phénomènes spéciaux.

I.

Le groupe indien ra comme représentant d'un groupe faible, dont la composition est du reste diflBcile à déterminer.

de Saussure, Oeuvres. 17

�� � 258 TYPE raifatâ — argentum et type usas — aOwç.

1. Dans l'identité: skr. ragatâ = lat. argentum, deux circons- tances font supposer que le groupe initial était de nature parti- culière: la position divergente dans les deux langues de la liquide^ et le fait que la voyelle latine est a (cf. largus — dîrghâ etc.)- Ces indices sont confirmés par le zend, qui a ërëzata et non *razata*.

2. lie rapport de ërëzata avec ragatâ se retrouve dans tërëçaiti — appuyé par l'anc. perse iarçatiy, et non ^braçatiy» — en regard du skr. trâsati. On ne peut donc guère douter que la syllabe Iras- dans trasati n'offre, en dépit des apparences, le degré faible de la racine. Il serait naturel de chercher le degré fort correspondant dans le véd. tards-antî, si le même échange de ra et ara ne nous apparaissait dans l'exemple 3, où on aurait quelque peine à l'inter- préter de la sorte,

3. Le troisième exemple est un cas moins limpide, à cause de la forme excessivement changeante du mot dans les diflférents idiomes. Skr. aratni et ratm, zd. ar-e-^nâo nom. pi. (gloss. zend-p.) et râ^na; gr. ibXévri, ibXé-Kpâvov et ôXé-Kpdvov, lat. ulna; got. alehm. Peut- être le lit. alkûné est-il pour *altné et identique avec le skr. ratni. Le groupe initial est probablement le même dans une formation parente: gr. d\aH' Trnxuç. ^Ada|Liàvu)V, lat. lacertus, lit. olektis, si. la- Utï. V. Curtius {Grdz. 377).

IL

Dans une série de cas où elles se trouvent placées au commen- cement du mot, on observe que les sonantes ariennes i, u, r, n, m, sont rendues dans l'européen d'une manière particulière et inattendue : une voyelle qui est en général a y apparaît accolée à la sonante^ qu'elle précède. Nous enfermons entre parenthèses les formes dont le témoignage est indécis.

Série de Vi:

1. Skr. id-e pour *iM-e: got. aistan (cf. allem. nest= skr. mdâ)..

2. Skr. ind «puissant»: gr. aîvôç (?).

Série de Vu:

3. Skr. u et uta: gr. au et aure, got. au-k.

4. Skr. vi: lat. avis, gr. aîexôç.

5. Skr. uksâti: gr. auHuj (vâksati étant àé£uj).

6. Skr. usas: lat. aurora, éol. autuç.

�� � TYPE usas — aOiJUç. 259

7. Skr. usrâ: lit. amzrà.

8. Skr. uvé «appeler>: gr. aùu)^ (?). Série de IV:

9. Skr. fça: lat. alces (gr. dXKr|, v. ht-all. elaho). Série des nasales:

10. Skr. a- (négat.): osq. ombr. an- (lat. iw-, gr. à-, germ. un-).

11. Skr. âgra: lat. anguhis, si. (^îfifZtl

12. Skr. dhi, zd. a^^Ai: lat. anguis, lit. aw^ïs, si. ai?, gr. ôqpiç^

(v. li*-all. une).

13. Skr. âhati (pour *ahâti): lat. aw^ro, gr. dTX^ (^1- v-ezq).

14. Skr. a/îM, parallèlement à amhû, dans paro'hvî (v. B. R.):

got. aggvus, si. qziikû, cf. gr. èYïOç.

15. Skr. a6^^: lat. am6-, gr. à|U(pi, si. obù (v. h*-all. nmbi).

16. (Skr. ubhaû: lat. am6o, gr. d|U(piAJ, si. o&a, lit. abù, got. 6ai).

17. Skr. abhrd: osq. anafriss (lat. imber), gr. ô^Ppoç^.

La 'dernière série présente une grande variété de traitements. Il n'est évidemment pas un seul des exemples cités, auquel on soit en droit d'attribuer, en rétablissant la forme proethnique, la nasale sonante brève ou la nasale sonante longue ou le groupe plein an. Mais cela n'empêche pas les différents idiomes d'effacer parfois les différences. En germanique, le son que nous avons devant nous se confond d'ordinaire avec la nasale sonante (un); cependant aggvus montre an. Le letto-slave offre tantôt an, tantôt a, et une fois, dans v-ezq, le groupe qui équivaut à l'un germanique. En latin, même incertitude: à côté de an qui est la forme normale, nous trouvons in, représentant habituel de n, et il est curieux surtout de constater dans deux cas un in latin opposé à un an de l'osque ou de l'ombrien*.

1. L'hiatus, dans àOaaç, rend ce rapprochement douteux. Cf. cependant d/uToO (Corp. Inscr. 10) = aÙToO.

2. La parenté de ôqpiç avec âhi a été défendue avec beaucoup de force par M. AscoH [Vorlesungen p. I.ô8). Le vocalisme est examiné plus bas. Quant au q) grec = yh^, vefqpei en est un exemple parfaitement sûr, et l'on peut ajouter xécppa (rac. dha^gh^, p. 103 i. n.), iT€q)veîv, q)aTÔç = skr. hatà, Tpuqpr) = skr. druhd, peut-être aussi àXqpr) (Hes.) et âXqpoi, cf. skr. arghâ, ârhati (Frôhde, Bezz. Beitr. III 12). Sur ëxK v. p. 261, note 2.

3. Faut-il ajouter: skr. agni, si. ognt, lat. {(ti^gnis?

4. Ce fait se présente encore pour inter, ombr. anfer; aussi est-il sur- prenant qu'en sanskrit nous trouvions antâr et non *atàrj>. 11 faut observer cependant que l'adjectif ântara, dont la parenté avec antâr est probable, se trouve rendu en slave par v-ûtorû. Or le nom de nombre sûto nous montrera ci-dessous que l'apparition de I'm slave, en tel cas, est un fait digne de remarque.

17.

�� � 260 VARIÉTÉS DE NASALE SONANTE.

Le grec a presque toujours av, a|Li, une fois seulement a. Dans ô|iPpoç la voyelle a pris une teinte plus obscure, enfin ôqpiç a changé om en o par l'intermédiaire de la voyelle nasale longue o. Homère, Hipponax etAntimaque emploient encore ôqpiç {dphis) comme trochée; pour les références V. Roscher, <SfMrf. l 124. Il n'est pas absolument impossible qu'une variante de ôqpi- se cache dans à)ii(pîcr|Liaiva et à|Liqpi(yô|Liaiva (Etym. Magn.), formation qu'on pourrait assimiler à (TKÛbiiiaivoç (Hes.), èpibjuaîvuj, ctXua&jLiaîviu. — àiacpîapaiva (Eschyle) serait né par étymologie populaire.

En raison des difficultés morphologiques que présente le type usas — auujç, abhi — à|Liqp(, etc. (v. p. 261 seq.), il n'est guère possible de déterminer la nature du son que pouvaient avoir dans la langue mère les phonèmes initiaux de ces formes. On peut supposer à tout hasard que la voyelle faible ^ (p. 167 seq.) précédait la sonante, et qu'il faut reconstruire ^usas, ^mhhi, etc.

Les formes comme à|acpi, ô|Lippoç et ôqpiç nous amènent à des cas analogues qu'on observe sur certains groupes à nasale médiaux. Avant tout: gr. eÏK0(Ji et iKàvTiv (Hes.) = skr. vimçàti. Cf. ô(piç et anguis = skr. âhi. Le second élément de eÏKOcri prend la forme -kov- dans TpiaKOvra^ (skr. trimçdt) — cf. 6}i^poç: abhrâ — ; il n'accuse dans éKttTÔv qu'une nasale sonante ordinaire, et reprend la couleur dans biaKÔCioi. Si d'une part certains dialectes ont des formes comme fÎKaTi, en revanche beKÔiav et éKOTÔ)iipoia (p. 96) renforcent le contingent des o^. Enfin le slave n'a point «sefo» (cf. lit. szimtas), mais sûto. — Un second cas relativement sûr est celui du préfixe ô- alternant avec à-^ (cf. eKarôv : biaKÔO'ioi), dans ôirarpoç, olvE etc., en regard de àbeXqpeiôç etc. En lituanien on trouve sq-, en paléo- slave sq- (sqlogû : dXoxoç); l'équivalence est donc comme pour ôqpiç : qzî^.

Ces faits engagent pour le moins à juger prudemment certains participes qu'on s'est peut-être trop pressé de classer parmi les formes d'analogie, en particulier ôvt-, îovt- et ôbovT-. La singularité de

��1. Nous ne décidons rien quant à l'analyse de TptoKoaTÔç (trimçattamâ).

2. Cf. p. 96.

3. Non pas à-, lequel est forme faible de év- (p. 34).

4. Autres exemples possibles d'un o de cette nature: Ppôxoç, cf. got. vruggo; OTÔxoç, comparé par M. Fick au got. slaggan; Koxibvri, cf. skr. gaghâna de (}amh (d'où jàhghâ «gamba»); irôdoç à côté de iradeîv (cf. p. 98); àpjLiôZuu de âpfia, etc. *

�� � VARIÉTÉS DE NASALE SONANTE. , 261

ces formes se traduit encore dans d'autres idiomes que le grec, comme on le voit par le v.h'-all. ^anr?, parallèlement au got. ^Mn/w*, le lat. euntem et sons à côté de -iens et -sens. Ces trois exemples sont des participes de thèmes consonantiques. Il est facile de re- courir, pour les expliquer, à l'hypothèse de réactions d'analogie. Mais quelle probabilité ont-elles pour un mot qui signifie «dent», et dont l'anomalie se manifeste dans deux régions linguistiques différentes? Elles sont encore moins admissibles pour le lat. euntem et sons, les participes thématiques (tels que ferens) étant dépourvus de Vo (p. 185). Remarquons de plus que ôo"ioç est très probable- ment identique avec skr. safyà (Kern, K. Z. VIII 400).

Le groupe grec ev-, dans certains mots tout analogues, méri- terait aussi un sérieux examen. Ainsi dans èvTi, ëviaffcn, si ces formes sont pour *(J-evTi, *(T-evTa(y(Ti. C'est comme groupe initial surtout qu'il peut prendre de l'importance. Nous avons cité déjà èxTuç, en regard du got. aggvus ^, du skr. ahu. On a ensuite Iy* XeXuç^ = lat. anguilla (lit. ungurys); enfin âjUTTiç^ l'équivalent du latin apis^ dont la forme germanique, v. h* ail. bïa-, rappelle vive- ment d|iiqpuj == got. bai^ (p. 259). '

Dans la série des formes énumérées p. 258 seq. le propre des langues ariennes est de ne refléter le phonème initial en question que comme une sonante de l'espèce commune. Mais, ce qui est plus étrange, la même famille de langues nous montre encore ce phonème encastré dans un système morphologique pareil à celui de

��1. Cf. lYXOuaa, variante de àfxovoa.

2. De même qu'il y a échange entre ov et o (TpictKOVTa : eÏKom), de même e équivaut à tv dans ?xiÇ comparé i\ ^yX^^^ç. Le parallélisme de ce dernier mot avec anguilla semble compromettre le rapprochement de ô'q)iç avec ang-Ais et àhi (p. 259), et on se résoudra difficilement en effet à séparer èxK de ces formes. Mais peut-être une différence de ton, destinée à marquer celle des significations et plus tard effacée, est-elle la seule cause qui ait fait diverger êxiç et ôqpiç; ils seraient identiques dans le fond. Peut-être aussi doit-on partir d'un double prototype, l'un contenant gh^ (ôqpiç) et l'autre g\ (IxiÇ)- La trace s'en est conservée dans l'arménien (Hiibschmann, K. Z. XXIIi 36). Quoi qu'il en soit, le fait (jue l'e de ?x'Ç rentre dans la classe de voyelles qui nous occupe est évident par le grec même, puisque la nasale existe dans IfXe^uÇ- — L'e de ^Tepoç, en regard de dxepoç (dor.) et de ôcxTepov, n'est dû qu'à l'assimi- lation analogique telle qu'elle a agi dans les féminins en -Jf.aaa (p. 34).

3. Cette forme a probablement passé par le degré intermédiaire ûpis, ce qui ferait pendant aux évolutions qu'a parcourues en grec ôqpiç.

4. Cf. aussi ëvda = .skr. âdhai^i).

�� � 262 LE TYPE usas — aOu)Ç CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE.

toutes les autres racines et obéissant, au moins en apparence, au mécanisme habituel.

Premier cas. Dans la forme forte l'a précède la sonante. — A côté de àhati (pour *ahâti) ■= lat. ango, on a le thème en -as kvçûias^ et à côté de abhrâ, âmbhas. L'identité de uJcsâti et aûHuu fait sup- poser que l'w. de ugrà, dont la racine est peu différente, serait au dans les langues d'Europe, et qu'on doit lui comparer lat. augeo, got. auka; or il est accompagné des formes fortes ôgas, ôglyas. Semblablement usas (= auuuç) est lié au verbe ôsati.

Deuxième cas. Dans la forme forte Va suit la sonante. — Au présent de la 6* classe uksâti (= auEiu) correspond dans la 1* classe vdksati. Au skr. ud- (p. ex. dans uditâ «dit, prononcé») répond le gr. aù5- dans aùbVî mais le sanskrit a en outre la formation non affaiblie vddati.

C'est la question de la représentation des deux séries de formes fortes dans les langues européennes qui fait apparaître les difficultés.

Reprenons le premier cas et considérons cet échange qui a lieu entre us-às et ôs-ati, ug-rd et ôg-as, abh-rd et dnibh-as, dh-ati et drnh-as. Il est difficile d'imaginer que l'a des formes fortes puisse représenter autre chose que a^. Mais, cela étant, nous devrions trouver en Europe, parallèlement à une forme faible telle que angh par exemple, une forme forte contenant e: engh. De fait nous avons en grec euiw (lat. ûro) = ôsati à côté de auui «allumer», aùaXéoç, aiiffxripôç (mots où aù((T) équivaut au skr, us, comme l'enseigne auuuç — usds). D'autre part la valeur de cet indice isolé est di- minuée par certains faits, entre lesquels l'identité du skr. dndhas avec le gr. dv&oç nous paraît particulièrement digne d'attention. Il est remarquable que l'a de cette forme soit un a initial et suivi d'une sonante, précisément comme dans àmbhas, drnhas. L'analogie

��1. aùbri ne se dit que de la voix humaine et renferme toujours accessoire- ment l'idée du sens qu'expriment les paroles. Cela est vrai aussi dans une certaine mesure du skr. vad, et cette coïncidence des significations donne une garantie de plus de la justesse du rapprochement. — Remarquons ici que l'a prothétique ne s'étend pas toujours à la totalité des formes congénères. Ainsi l'on a ûbuj parallèlement à ai)br\; i)y\r\<; en regard de augeo; ùtOôv (Curtius, Stud. IV 202) à côté de aOu), ai)aTt]p6ç. Sans doute àtro-ûpaç et àTr-aupduj offrent un spécimen du même genre. A la p. 258 nous avons omis à dessein le V. ht-all. eiacôn en regard du skr. icc'hàti, parce que le lit. j-ëskôti accuse la prothèse d'un e et non d'un a. Si l'on passe sur cette anomalie, le gr. (-ôttiç comparé à eiscôn (skr. «s-) reproduit le rapport de (Jbuj avec abbr\ (skr. ud-).

�� � LE TYPE îtSff.s" — aOuiÇ CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE.

��263

��s'étend plus loin encore, et ce sera ici l'occasion d'enregistrer une particularité intéressante des types radicaux d'où dérivent les formes comme -^usas. Ils sont régulièrement accompagnés d'une racine sœur où la place de Ta est changée^, et dans cette seconde racine l'a accuse toujours nettement sa qualité d'aj.

��1* RACINE

��Forme faible

��vsas — auujç

��ugrâ ahati

��augeo

ango

��abhr⠗ anafriss skr. a-, osq. an-

��Forme forte, ob- servable dans l'arien seulement, et où la qualité de l'a est à dé- terminer

âsati

��ôgas àmhas

dmbhas

��2® RACINE

(Forme forte)

��îcais: skr. vâsara, vasanta, gr.

(/•)é((j)ap. waig: lat. vegeo, zd. vazyant^. noigh: lat. necto, gr. véHaç *

arpuJiuaTa. na^hh: skr. nâbhas, gr. véqpoç, etc.

��«a,

��skr. na, lat. ne.

��(nég.)

Revenons au mot dndhas. Pour nous il n'est pas douteux que la nasale qui s'y trouve n'ait été primitivement m et que la souche de ce mot ne soit la même que dans mâdhu «le miel». Nous écrivons donc:

— I dndhas j ma^dh: skr. mâdhu, gr. |Liédu.

Mais comme dndhas est en grec dv^oç, il s'ensuivrait que dmbhas représente *d)i(poç, non iëjucpoç», et que le lat. *angos dans angustus doit se comparer directement à àmhas. En un mot les a radicaux de la seconde colonne ne seraient pas des a^. Ce résultat, qui paraît s'imposer, nous met en présence d'une énigme morphologique qu'il est sans doute impossible de résoudre à présent.

Nous passons à l'examen du deuxième cas. Ici les langues occi- dentales permettent encore de distinguer la forme forte. Si uksàti est rendu en grec par aûHuj, vâksati l'est par d(/')éHu). Autre exemple

1. Nous ne parlons, bien entendu, que des exemples qui rentraient dans le premier cas. Le type radical du second cas est précisément (au moins en ce qui touche la place de l'a) celui de la racine sœur en question.

i2. Le zend prouve que la gutturale est g^, tandis que la première racine montre g^. Nous pensons néanmoins, vu d'autres cas analogues, qu'il n'y a pas lieu d'abandonner le rapprochement.

�� � 264 LE TYPE usas — aûiuç considéré au point de vue morphologique.

analogue: la rac. skr. vas «demeurer» se retrouve dans le gr. a(/")e((T)-aa, d(/')écr-(cr)KOVTO, dont la forme faible (en sanskrit né) apparaît dans aùXri, îaùiu ^

A première vue la clef de toutes les perturbations que nous observons semble enfin trouvée dans la nature de la sonante initiale (pour les cas précités, u, w). On n'aurait à admettre qu'une pro- nonciation plus épaisse de cette sonante, effacée secondairement dans l'arien, traduite dans l'européen par la prothèse d'un a, et s'étendant aussi Men à la forme forte qu'à la forme faible. Rien de plus clair dès lors que notre diagramme:

a-ùH == uks à-JeH == vaJcë.

Cet espoir d'explication tombe devant une nouvelle et fort étrange particularité des mêmes groupes radicaux. On observe en effet parallèlement aux types tels que à/eH ou àfec une sorte de type équivalent JhZ, /ac. Ce dernier apparaîtra soit dans les langues congénères, soit dans le grec même.,

d/eH-uj: got. vaJis-ja (parf. vohs, peut-être secondaire).

à/éa-((j)K0VT0 : /dcr-ru. Voici d'autres exemples fournis par des racines qui se trouvent être restreintes aux idiomes occidentaux:

d^ed-Xov: lat. vas, va.d-is; got. va,d-i.

' ApeîT-mai ^ : lat. rap-io.

àXef-eivôç^ (et dXéT-iw?): XaT-eivd" beivd (Hes.). Cette inconstance de la voyelle révélerait, dans d'autres circons- tances, la présence du phonème ^; mais si telle est la valeur de l'e dans d/eHm, la relation de cette forme avec vâksati, uksdti, auHou, aussi bien que sa structure considérée en elle-même cessent d'être compréhensibles pour nous.

1. Sous l'influence de Vu (cf. p. 95), l'a de ce groupe radical aùa- se colore en dans différentes formes rassemblées par M. Curtius, Grdz. 273. Ainsi oùai" 9u\a{, et lùpd, traduction stricte de oùr] en dialecte laconien (p. 158 i.n.). Puis ùnep-iûïov, formation de tout point comparable au skr. antar-usya «cachette». L'uj n'est dans ce mot qu'un allongement d'o exigé par les lois de la composition grecque. On remonte donc à ÙTtep-oïov (cf. o\r\ = KdJinr]), ùirep-ouïov ijTrep-au(a)-iov. — Le verbe à(./)e(bu» serait-il à avbr\ ce que à(/)éSuj est à aûEw? De toute manière la diphtongue en est inexpliquée. Cf. àribdbv. — àXéEuu répond h ràksnii comme àuféiu) à vâksati, mais la forme réduite manque aux idiomes. 11 est vrai que celle-ci peut se suppléer en recourant à la racine plus courte qui donne r\K- a\K-ov et lat. arc-eo.

2. ùpir- est à àpeir- ce que aùE est à à/eE. C'est la forme réduite. Il en est de même de àX^ dans son rapport avec àXcT. àXeYCivôç prouve qu'on a dit d'abord *ûXeToç; ûXtoç est dû à l'influence des formes faibles.

�� � 265

��Additions et Corrections.

p. 8. La présence de l'r-voyelle en ancien perse paraît se trahir dans le fait suivant. Au véd. mârtia correspond martiya (ou plus simplement peut-être martya); au véd. mrtyii est opposé (uva-)marshiyu, soit (uvâ-) marshyu. Indu- bitablement la différence des traitements qu'a subis le t tient à ce que 1'/, dans martia, était voyelle et dans mrtyû consonne. Mais cette différence n'est déter- minée à son tour que par la quantité de la syllabe radicale, et il faut, d'après la règle de M. Sievers, que la syllabe radicale de -marshyu ait été brève, en d'autres termes que Vv y ait fonctionné comme voyelle. Peut-être le r existait-il encore à l'époque où l'inscription fut gravée, en sorte qu'on devrait lire nvâmrshyu.

P. 11, note. M. Curtius admet une déviation semblable d'imparfaits deve- nant aoristes pour les formes énumérées Verb. V 196 seq.

P. 11, lignes 15 seq. On peut citer en zend çc-a-ntu de çac et en sanskrit r-a-nte, r-a-nta de ar.

P. 11, note 1. Biff'er stdati (cf. p. 161).

P. 16. L'hypothèse proposée (en note) pour idWuj est, comme je m'en aper- çois, fort ancienne. V. Aufrecht, K. Z. XIV 273 et contre son opinion A. Kuhn, ibid. 319.

P. 17. L'étymologie présentée pour got. haurn est insoutenable. La forme runique horna (ace.) suffit à la réfuter.

P. 20. A Tiadeîv de irevd se joignent \axeîv de Xeyx. X<*^êîv de x^^b, boKeîv de *beTK; v. le registre. — Pour l'aoriste redoublé, cf. p. 101, 1. 13.

P. 21, lignes 17 seq. Depuis l'impression de ces lignes M. Brugmann a publié sa théorie dans les Beitrage de Bezzenberger II 245 seq. Signalons une forme intéressante omise dans ce travail: àiT-éq)aTO* àTtéôavev (Hes.) de qpev. Contre la reconstruction de formes comme *ëKU)aev de kou (Brugmann p. 253) cf. ci-dessus p. 170 i. n.

P. 30, ligne 25. Ajouter: «lorsqu'il ne le supprime pas.» Il n'est pas besoin de rappeler l'ace, pan-a et les formes semblables.

P. 31, note 4. La vue du travail en question, réimprimé à présent dans le second volume des Studj Critici, nous eût épargné de parler de plusieurs points (p. 29 se(i.) qui s'y trouvaient déjà traités, et de main de maître, par M. Ascoli.

P. 32, ligne 16. Vérification faite, il faut joindre à açmâsyà le composé uJcéànna de uksân et anna.

P. 36. La note 1 devait être ainsi conçue: Le moyen punnte (= punnte), où l'absence d'à suffixal est manifeste, ne permet pas d'hésiter sur la valeur du groupe an dans 2^^^^<-i^^i^-

P. 40, ligne 23. «L'g ne termine le mot que dans ce cas-là.» Cela est erroné. Nous aurions dû prendre garde à kore et aux pronoms me, tç, se, formes où ç final est notoirement sorti de ê long -f nasale. Néanmoins l'opinion mise en avant relativement à ime ne nous paraît pas de ce fait improbable.

P. 40, note. Comme, dans le travail cité, M. Osthoff" ne vise qu'un cas particulier de l'r-voyelle, il est juste de rappeler que l'existence de ce phonème n'a été affirmé d'une manière générale que dans l'écrit de M. Brugmann sur les nasales sonantes. Ce qui revient exclusivement au premier savant, c'est d'avoir

�� � 266 ADDITIONS ET CORRECTIONS.

posé or comme représentant latin de l'r-voyelle. Cette dernière règle, dont nous devions la connaissance à une communication verbale de M. le prof. Osthoff, avait été publiée avec son autorisation dans les Mémoires de la Soc. de Linguisti- que (III 282), et il ne pouvait y avoir indiscrétion à la reproduire ici. — On sait que l'existence de l'r-voyelle dans la langue mère a toujours été défendue en principe soit par M. Hovelacque, soit par M. Miklosich. Seulement ces savants n'indiquaient pas quels étaient les groupes spéciaux qui correspondaient dans les langues d'Europe au r indien.

P. 43, note 1. Le skr. amd ne saurait représenter nmà, car cette forme eût produit «anmà».

P. 44, ligne 1 2. Une forme semblable à }x-ia se cache peut-être dans |Li-û)vuE, si on le ramène à *a\xî)vvZ. En outre |uôvoç est pour *a|n-6voç et identique sans doute au skr. samânâ, équivalent de eka (pour *sm-ânâ par svarabhakti). Toutefois la forme ^oOvoç ne s'explique pas.

P. 49. Pendant l'impression du présent mémoire a paru le premier cahier des Morphologische Untersuchungen de MM. Osthoff et Brugmann. Dans une note à la p. 2.38 (cf. p. 267), M. Osthoff reconnaît, à ce que nous voyons, l'existence de la voyelle que nous avons appelée a et pour laquelle il adopte du reste la même désignation que nous. L'idée que M. Osthoff se fait du rôle morphologique de cette voyelle ainsi que de sa relation avec l'a long n'est autre que celle contre laquelle nous avons cru devoir mettre le lecteur en garde, p. 127 seq. Nous ne pouvons que renvoyer au § 11 pour faire apprécier les raisons, à nos yeux péremptoires, qui militent contre cette manière de voir.

P. 50, ligne 31. L'étymologie proposée à présent par M. Fick et qui réunit Ke9aXri au got. gibla [Beitr. de Bezzenb. 11 26.5) contribuera à faiie séparer définitivemeut caput de KeqpaXr]. — Ligne 34. Sur quattuor cf. L. Havet, Mém. Soc. Ling. III 370.

P. 53. On joindra peut-être à la liste ptak (ptâk): gr. iTTOKeiv, lat. taceo (cf. got. pahan).

P. 55, ligne 14. Le mot ^oiaqpeûç «alêne» est fait pour inspirer des doutes sur la justesse du rapprochement de M. Bugge. 11 indiquerait que la racine de ^ciiTTU) est f)e|Liq) et que l'a y représente la nasale sonante.

P. 57. Le nom latin Stator est placé parmi les formes de la rac. stà qui ont un â long. C'est une erreur; Va est bref. — Le suff. lat. -tât = dor. -tût (Ahrens II 135) aurait pu être mentionné.

P. 67, lignes 1 seq. Cf. plus bas la note relative à la p. 1 14.

P. 74, ligne 18. Ajouter got. hlai-na- «colline», de k^la^i «incliner».

P. 77, hgne 12. Ajouter: X^|aq)o-ç «morve», q)eibô-ç «parcimonieux».

P. 79, note 4. Il nous semble probable d'admettre pour des cas spora- diques une seconde espèce d's indo-européen, d'un son plus rude que celui de l'espèce ordinaire. En effet l'apparition de ç pour s en sanskrit coïncide dans plusieurs cas avec des exceptions aux lois phonétiques qui frappent cette sifflante en grec, en latin ou en slave. Skr. qiiska, qiisyati: gr. oauKÔç, aauaapôç. Skr. qevala «matière visqueuse»: gr. oiaXov «salive». Skr. két^ara: lat. caesaries. L'ancienne identification de îaoç avec skr. viçva, bien que désapprouvée par M. Curtius, nous paraît des plus convaincantes ^ or le slave a de son côté vtst

1. Sans doute viêu, base de viçva, n'a pas le ç. Mais c'est là une oscil- lation fort explicable.

�� � ADDITIONS ET CORRECTIONS. 267

(et non vîsï). Le cas de t^iiii-ou ne diffère point, comme on va le voir, du cas de laoç. M. Ascoli a reconnu dans -ou l'élément formatif du zd. ^ri-shva «le tiers»'. Or n'est-il pas évident que la seconde moitié de wi-s^u (skr. visu), et de u)i-s.jwa (Taoç) qui n'en est qu'une continuation, offre cette même syllabe -s^u composée avec tvi- pour dtvi-^ «deux»? — Notons delph. t^iniaaov =: i\^x-afo-v.

P. 96, lignes 27 et 28. Ajouter frustra, lûstrum, en regard de fraus, lavare. — Ligne 32. Ce qui est dit sur le rapport de incolumis à calamitas est faux, le vieux latin possédant un mot columis synonyme de incolumis.

P. 97, ligne 7 d'en bas. Après la correction apportée plus haut à la page 55, l'exemple ^ditTUj — {jojiiqpeûç doit disparaître.

P. 102, liste b. Ajouter: [boXixôç — largus], v. p. 245.

P. 112, ligne 25. La forme KdvbaXoç n'est évidemment qu'une variante de OKdvbaXov et ne doit point être comparée à kandarâ.

P. 114, lignes 10 seq. Il convient de remarquer que la séparation de «j et Cj est consacrée à peu près partout dans le système de Schleicher. Son tort consistait seulement à confondre a^ avec G,. On a peine à concevoir à présent comment les yeux du grand linguiste ne se dessillèrent point sur une pareille erreur, qui, en elle-même, a quelque chose de choquant, puisqu'elle conduit à identifier l'o et l'a grecs. Les faits propres à la révéler ne faisaient cependant pas défaut. Ainsi Schleicher affirme très bien, contrairement à l'opinion d'autres autorités, que Va thématique de qpépoineç — hhârâmas diffère de celui de qpépere

— bhâràtha; en revanche il le confond aussitôt avec la voyelle longue de bd|Livâ|ai

— punàmi. Or, considérons l'imparfait, qui offre une syllabe fermée. Le sanskrit lui-même prend soin d'y marquer et d'y souligner la divergence, puis- qu'à l'o d'êq)epov répond ïà d'âbharàm, tandis que âpunâm, en regard de ébâ}iv&v, maintient la longueur de l'a.

P. 117 seq. Les vues que nous exposions sur le gouna paraissent avoir surgi simultanément dans l'esprit de plusieurs linguistes. Tout dernièrement M. Fick a proposé dans les Beitrâge de Bezzenberger (IV 167 seq.) la théorie défendue ci-dessus.

P. 132, ligne 5 d'en bas. Le mot dwrj «punition» va, semble-t-il, avec ôuj|nôç, rac. Qr\. Cf. Oujrjv éîn-dr|<Jo|Liev, Odyss. II 192.

P. 139. M. Brugmann indique dans les Morphologische Untersuchungen qu'il publie en collaboration de M. Osthoff et dont le premier cahier a paru pendant l'impression du présent mémoire une autre explication de Vau, de dadhaû, âçvan etc. Ce savant croit y voir le signe distinclif des à longs finaux du sanskrit qui contenaient a^ dans leur seconde moitié (loc. cit. 161). — A la page 226, M. Osthoff l'approuve et présente en outre sur le type dadhaû des observations qui s'accordent en partie avec les nôtres.

1. Signalons cependant ce qui pourrait venir troubler cette analyse. M. Justi propose de voir dans brishva, cabrushva, des dérivés de bris «ter», ca^i'us «quateri. Cette opinion i)rendrait de la consistance, si l'existence de l'élément -va, employé de la sorte, se confirmait d'ailleurs. Or le sanskrit offre en effet éâtur-vatja (-ya comme dans dva-yâ, uhhâya). D'autre part M. Ascoli mentionne comme inséparables de brishva: haptanhu, ashtanhu, ce qui changerait la question. Studj Crit. II 412.

2. On sait que la chute proelhnique du d est constatée dans le nom de nombre «vingt».

�� � 268 ADDITIONS ET CORRECTIONS.

P. 140. Nous sommes heureux de voir exprimer sur irécpri par M. G. Mahlow une opinion toute semblable à la nôtre. V. K. Z. XXIV 295.

P. 141, lignes 25 seq. ■ Nous aurions dû mentionner l'exception que font les causatifs tels que snapayati de snâ, exception du reste sans portée, vu le caractère moderne de ces formes.

P. 151 seq. Le mot Ypo|uiq5dç, que M. Curtius [Grdz. 57) ne peut se décider à séparer de '^pà.cp\u, prouverait que cette dernière forme est pour *•^pm(ç^b (rac. Ypejucp); TPC^9iJ^ ^'^ donc rien à faire dans la question du phonème a et ne doit pas être identifié au got. graba.

P. 156. biûpov «largeur d'une main, écartementi> pourrait se ramener, avec bf|piç «division, discorde», à une rac. dêr.

P. 160, ligne 20. Ajouter dur-gàha. — Ligne 5 d'en bas. Ajouter hlddate: prahlàtti (Benf., Vollst. Gramm., p. 161).

P. 161, ligne 13 d'en bas. Ajouter çâkvarâ «puissant».

P. 163, ligne 18. Nous citons ailleurs (p. 241) deux exceptions des plus intéressantes, vanâti et sanâti. Trop isolées pour infirmer la règle, elles viennent à point pour témoigner de son caractère tout à fait hystérogène dans la teneur absolue qu'elle a prise dans la suite.

P. 168, ligne 15. Ajouter: nactus et rsitis, de racines a^nA^k^^ et a^rA, D'après les lois exposées au § 14, le phonème A aurait dû, dans ces formes, donner naissance à des sonantes longues, et on attendrait *anctus ou *anactîis et *artis. Il serait trop long de rechercher ici pourquoi le phénomène n'a point eu lieu. Mentionnons le got. -nauths, qui coïncide entièrement avec nactus.

P. 171, note. Ajouter i^oivbpa «étable» en regard du skr. mandirâ. Ce rapprochement est douteux.

P. 179 seq. Dans le moment où nous corrigions l'épreuve de ce feuillet, le Journal de Kuhn (XXIV 295 seq.) nous apportait une savante dissertation de M. Johannes Schmidt traitant des optatifs. Il y a entre les résultats auxquels il arrive et les nôtres une conformité flatteuse pour nous. — Ce que nous cherchons vainement dans le travail de l'éminent linguiste, c'est une explication du fait que les formes faibles ont converti ia en l.

P. 184, ligne 14. L'r-voyelle devient en effet ar dans l'arménien: artsiv = skr. r^ipyâ; ary = skr. fksa; gail = skr. vfka, etc.

P. 186, ligne 9. L'adjectif ind. gau-râ apporte quelque confirmation à l'hypothèse ga-au, car autrement la diphtongue au n'aurait pas de raison d'être daiLs ce dérivé.

P. 192, 1. 11 d'en bas. Ajouter dânâ de dâmân.

P. 206, lignes 16 seq. Nous aurions dû prendre en considération les composés de qpprjv, tels que âqppwv. Nos conclusions en auraient été modifiées.

P. 242 en bas. La racine du mot ûrdh-vâ pourrait être râdh, rddhati. En ce cas, ce serait un exemple à joindre a dlrghâ: drâghlyas.

P. 245, ligne 21. Noter le dor. Koppa = KÔpan. Il semble indiquer que le son qui précédait p ne s'est fixé que fort tard.

1, Skr. anaç dans anaçâmahai, gr. éveK (pour èv^K, bien que plus tard ce soit le second e qui alterne avec o^: éviîvoxa); — skr. «n, gr. épe. Les formes germaniques nôh et rô ont accompli, comme d'autres racines de cette espèce (ainsi knô = skr. gant, hrô «glorifier» = skr. fcart) une évolution métathétique.

^

�� �


DE L’EMPLOI

DU

GÉNITIF ABSOLU

EN

SANSCRIT

1881.

270

��ABRÉVIATIONS.

��Les textes dont le titre est précédé d'un astérisque ont été dépouillés en entier.

R. V. Rig-Vêda.

MBh. Mahâbhârata de Calcutta.

Hariv. Harivamça.

Rârn. * Ràmâyana. Les 2 premiers livres sur l'édition de Schlegel, les 4 der-

niers sur celle de Gorresio. On a laissé de côté YUttarakâi^^a. Râm. Cale. Râmàyana édité par Hêmacandra-Bhatta. Calcutta. Mark. Pur. * Mârkan4êya-Puràna, éd. Banerjea. Bhâg. Pur. Bhâgavata-Purâna, éd. Burnouf. Kath. * Kathàsaritsàgara, éd. H. Brockhaus.

Pttr. Cale. * Pariéatantra, Calcutta 1872. i Le 1" chiffre indique la page, le 2'"» Pttr. Kos. Paiîéatantra, Kosegarten. / la ligne.

Hitôp. * Hitôpadêça, éd. Schlegel et Lassen.

Chrest. Benf. Sanskrit-Chrestomathie von Th. Benfey. Chrest. Bôhtl. Sanskrit-Chrestomathie von 0. Bôhtlingk, 2« éd. Ind. Spr. Indische Spriiche herausgeg. von 0. Bôhtlingk, 2« éd.

��TRANSCRIPTION.

��Voyelles et diphtongues: a ô i î u û r f l é ai ô au.

Gutturales: k kh g gh û.

Palatales : c ch j jh n.

Cérébrales: f fh d çlh ^.

Dentales: t ih d dh n.

Labiales: p ph b bh m.

Semi-voyelles: y r l v.

Sifflantes: ç s s.

Aspiration, visarga et anusvâra: h h ih.

�� � 271

��Section I. Extension et emploi du génitif absolu.

��L'emploi des locatifs absolus est un chapitre de la syntaxe sans- crite suffisamment éclairci et facile à étudier, grâce à l'abondance des exemples.

Il n'en est pas de même du génitif absolu de la même langue. On peut dire que cette construction n'est connue que par ouï-dire et par la mention, du reste fort laconique, des grammairiens de l'Inde, tant il est difficile de trouver quelque indication précise à son égard dans les travaux européens. Une monographie de ce sujet peut donc être de quelque utilité.

��Note Bibliographique.

Ce qui a été dit jusqu'ici sur notre matière se réduit aux remarques éparses que voici:

La première, à ma connaissance, est celle de M. Stenzler, dans son édition du Kumâra-sambhava. Le çlôka II 46 est ainsi conçu:

yajvabhih saihhhrtaih havyam vitatêsv adhvarêsu sap, jâtavêdômukhân mâyî misatàm àchinatti nah.

M. Stenzler présente à ce propos les observations suivantes: «mi^atdm nah, nobis adspicientibus. Notum est in lingua sanscrita et locativos absolutos usurpari et genetivos. Attamen utrique sensu differre dicuntur. . . » L'auteur établit ensuite que le locatif absolu contient d'habitude une donnée de temps, tandis que, d'après Pânini, c'est lorsqu'il s'agit d'exprimer un certain manque d'égards (anâdara i. e. despectus aliquis) qu'on peut y substituer le génitif. Et il con- clut en disant: «Nostro igitur loco verba misatâm nah «nobis adspi- cientibus» haud significabunt: dum nos adspiciebamus, sed: quan- quara nos adspiciebamus; atque Nal. VII 8, verba Vaidarbhydh prêk- ^amânâyâh vertenda erunt: quanquam Vaidarbhis spectabat, i. e. ne uxoris quidem prœsentia Nalus detinebatur a ludo. Hoc Pâninis

�� � ^72 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

prseceptum num apud omnes omnium temporum scriptores valuerit, accuratius erit examinandum.»

La note de M. Stenzler se trouve reproduite dans la dissertation de M. Siecke, De Geneiivi in lingua sanscrita usu, p. 67. L'auteur se borne au surplus à signaler le vers I 63, 16 du Râmâyana, où Schlegel est censé avoir aperçu un génitif absolu, dont M. Siecke lui laisse la responsabilité. Aussi bien, M. Pischel, dans l'article que nous allons citer, a fait justice de cet exemple prétendu.

Le petit travail de M. Pischel a pour titre: Genetivus absolutus im Pâli {KuhiisZeitschr.^XniA2bsQ(\.). On y trouve quelques mots dits en passant sur le génitif absolu sanscrit. L'auteur discute la doctrine de Pânini concernant Vanâdara et croit pouvoir l'illustrer par un passage du Btusamhâra, au sujet duquel nous conservons, malgré tout, quelques doutes (v. § 7). Il constate, en pâli comme en sanscrit, une certaine prédilection du génitif absolu pour le verbe paçyati, et ajoute avec raison que Vanâdara n'est nullement de ri- gueur, ainsi que le ferait croire la règle des grammairiens.

M. A. Weber, dans une courte annotation au passage que nous citons sous le n° 19, dit que la construction en question est assez commune en pâli, mais rare en sanscrit. Il rappelle le texte de Pânini sans vouloir en trouver à tout prix l'application dans la phrase qu'il commente.

Enfin la grammaire sanscrite de M.Whitney consacre quelques lignes à ce point de syntaxe (§ 300).

��§ 1. Extension du génitif absolu.

Un premier fait, constaté depuis longtemps, c'est l'absence du génitif absolu dans les monuments de la période védique. En pré- sence des assurances renouvelées de connaisseurs éminents, j'ai cru inutile, pour ma part, de contrôler l'exactitude de ce fait par des recherches spéciales.

Je dois noter toutefois que le lexique de Saint-Pétersbourg donne 8. v, 1 miV un génitif absolu tiré de la Maitrâyanôpanisad (v. ci-des- sous, n'^407). Le texte de cet écrit, dont la langue se rapproche du sanscrit épique, est regardé comme relativement moderne.

Sans aborder ici le terrain de la syntaxe comparée, l'usage d'un idiome aussi rapproché du sanscrit que le zend mérite à tout hasard d'être consulté, M. Hiibschmann {Zur Kasmlehre, p. 280) mentionne trois cas de génitif absolu tirés de cette langue, sans répondre toute-

�� � SECTION I. 273

fois de leur véritable interprétation. Lors même qu'ils seraient moins douteux, ces exemples n'ont aucun des caractères essentiels du gé- nitif absolu indien. Les citations en partie différentes de Spiegel {Gramm. derAltbaktr.Spr.,^2n) donnent lieu à la même remarque^. Au reste, la confusion très grande qui règne en zend dans l'emploi des cas, jointe à l'absence surprenante des locatifs absolus, serait de nature déjà à recommander une extrême prudence.

Dans le sanscrit classique, il n'est guère de texte de quelque étendue qui n'offre des exemples de génitif absolu, pourvu que le genre littéraire y prête. Ce sont les ouvrages du genre narratif, principalement les épopées et les Purânas, mais aussi la prose du Pancatantra, qui en admettent le plus facilement l'usage. — Le drame paraît éviter les génitifs absolus. Il est vrai que nous n'avons pas poussé très loin nos recherches sur ce point.

Quant aux écrits de la basse époque, leur langue étudiée et artificielle ne sait plus, autant que nous avons pu l'observer, se servir d'un tour qui n'avait jamais été bien usuel. Ceci ne con- cerne pourtant que le sanscrit des puristes, car on rencontre des génitifs absolus dans des textes écrits plus librement, tels que le Panéadandaéhattraprabandha, postérieur au XV® siècle. I^e fait tient sans doute à ce que dans le parler populaire, comme on en peut juger par le pâli, cette construction demeurait encore vivante.

Le génitif absolu en sanscrit passe pour une rareté syntaxique. Il serait plus exact de dire qu'on le rencontre rarement en dehors d'un certain nombre de formules, dont quelques-unes sont au con- traire assez répandues. Telle d'entre elles, dans quelques parties du Mahâbhârata, n'est plus qu'un refrain banal et une des chevilles de versification dont le poète abuse le plus.

Dans ce qui suit, nous parlons de sujet et de prédicat (ou attri- but^) du génitif absolu, plutôt que de les appeler substantif et par- ticipe. Ces expressions ne peuvent prêter à aucune équivoque. Elles ne sont pas moins légitimes que le terme proposition-participe appliqué au tour absolu.

��1. A l'exception peut-être du passage Yt. 3, 13, qui en revanche se trouve, après vérification, avoir dans le texte une forme très différente de celle sous laquelle il est cité par Spiegel.

2. Le terme prédicat a été introduit par M. Bergaigne. Il nous semble offrir des avantages sur celui ^'attribut qui, dans les terminologies étrangères et dans Vusage franr-ais même, représente des idées diverses.

de Saussure, Oeuvres. 18

�� � 274 DE l’emploi du génitif absolu en sanscrit.

��§ 2. Le sujet du génitif absolu.

Première et importante règle à noter:

Le sujet du génitif absolu est toujours une personne, dans le sens grammatical du mot, c’est-à-dire un être animé et intelligent, ou censé tel.

On ne pourrait donc convertir en génitifs absolus des locatifs tels que: divasêsu gaééhatsu, barhi^ stîryamdnê, utsavê pravartamâtiê.

Toutefois le sujet peut être un collectif de personnes.

Il y a parfois, comme dans la proposition à verbe fini, ellipse du sujet lui: ainsi au n*^ 64, et dans l’exemple que donne le scho- liaste de Pânini, rudatah prâvrâjît (v. § 6). — Le génitif var§atah «uovTOç» que nous avons cru reconnaître dans les n°^ 80 et 81, doit être considéré comme un cas particulier où le sujet reste innommé. Il faut sous -entendre dêvasya ou Parjanyasya, car le verbe var§ati n’est point impersonnel comme le grec uei. Aussi, au point de vue syntaxique, ce n’est pas uovtoç, mais bien les locutions telles que Tra\\o)néviJUV «en tirant au sort» (II. 15, 191) qui fourniraient ici le meilleur parallèle^.

Le pronom relatif, comme sujet d’un génitif absolu, se trouve aux n°« 50, 84.

On ne doit qu’à des négligences de style certains génitifs ab- solus dont le sujet répète un des termes de la phrase, comme dans le grec àcrdevricravTOç aùroû, oùbéiroTe àiréXiTre tôv TrdTtTrov, Xénophon Cyr. I 4, 2. Ainsi MBh. XIII 4002:

iti têsàm kaihayatâm, bhagavân Gôvrsadhvajah «.êvam astVT iti dêvâms tân, viprarsê, pratyabhâsata.

Cf. les no« 2, 6, 9, 32, 43, 45, 47.

§ 3. Le prédicat du génitif absolu.

Le génitif absolu n’est point, comme le locatif dans les fonctions correspondantes, une construction employée librement et dans une grande variété de combinaisons. On y retrouve presque constamment les participes des mêmes verbes. C’est donc en somme une série de formules, consacrées par l’usage, que nous avons devant nous.

��1. Au surplus varsafa^ signifie peut-être plus exactement: le pluvieux pleuvant, varmtô varmtah, de même que le vrai sens de iraXXoiaéviwv est: ■rraXXonëviuv Tiùv TuoXXonëvujv. Le sujet est omis parce qu’il n’est autre que le prédicat sous-entendu à l’état de substantif.

�� � SECTION I. 275

Le verbe qui, par sa fréquence, y tient, sans comparaison aucune, la première place, est paçyati «voir», et cela non seulement en sanscrit, mais aussi, semble-t-il, dans le pâli. Deux verbes de signi- fication voisine, prêksati et mi§ati, viennent en seconde ligne avec çrnôti «entendre».

Il n'est pas rare que le prédicat soit un adjectif, et sous le terme d'adjectif on doit comprendre aussi les participes passés, qui, nous le verrons à l'instant, ne peuvent entrer qu'en cette qualité dans un génitif absolu. L'adjonction du participe sant- «étant», qu'on peut toujours suppléer par la pensée, n'est point nécessaire et semble même inusitée.

Nous n'avons pas recueilli d'exemple où le prédicat soit un substantif, comme dans le type latin dictatore Fabio, et dans les lo- catifs absolus indiens tasmin mahîpatau, tvayi yantari, etc.

§ 4. Rapport dans le temps avec l'action principale.

Vaction principale, par rapport à celle du génitif absolu, est contenue presque toujours dans le prédicat de la proposition.

Néanmoins il est bon de noter le cas, qu'on conçoit sans peine, où le membre de phrase absolu se rattache par le sens à un autre terme quelconque de la proposition, ce terme étant supposé un participe ou un adjectif exprimant une action.

Ce fait, qui est rare, se présente dans le passage ci-après du Mârkariçlêya- PurAna (14, 84):

paçyatô bhrtyavargasya tnitrâriâm atithês tathâ

êkô mistânnahhug hhunktê jealada'Agârasaméayam.

«L'homme qui (dans le cours de sa vie) a goûté seul des friandises «en présence de ses serviteurs, de ses amis ou de son hôte, [subit ici le supplice] de manger un amas de charbons ardents.»

On voit que le génitif absolu porte uniquement sur l'adjectif à sens participial mistânnabhuk, qui, dans la phrase, a le rôle de sujet. Un exemple analogue se trouve dans le Râmâyana de Gorresio V, 91, 11^:

vinasfah paçyatas tasya raksituh çaranâgatah

âdâya sukrtam tasmât sarvam gacchaty araksitah.

L'action du génitif absolu accompagne dans le temps l'action prin- cipale] la première n'est jamais donnée comme close au monaent où la seconde s'accomplit.

C'est là, en regard de l'emploi du locatif absolu, qui se prête indifîëremment à exprimer la concomitance ou l'antécédence, une nouvelle particularité caractéristique.

1. Cf. Ind. Spr. no 6131, où Bôhtlingk donne le texte de Bombay.

18*

�� � 276 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

La conséquence en est que le participe du génitif absolu est invariablement un participe présent, — ou un adjectif, avec lequel on est libre de sous-entendre le participe présent du verbe substantif.

Il ne s'ensuit pas toutefois que les participes passés ne puissent figurer dans un génitif absolu. C'est à condition seulement qu'ils dépouillent entièrement leur nature verbale: ils marquent alors un état prolongé et encore présent, et sont réduits de la sorte à la valeur de purs adjectifs.

On ne rencontrera jamais au génitif absolu que des participes passés susceptibles d'être interprétés comme nous venons de le dire. Ce sont surtout les participes passés de verbes neutres.

Ainsi un passage du Panéatantra nous offre les mots: nâyaih pâpâtmâ marna gatâyâ utthitalb?

Il ne s'agit pas là de deux faits consécutifs. Il serait simple- ment impossible, dans un génitif absolu, de prendre gâta au sens participial, et de traduire postquam ahii. Notre participe signifie parti dans le sens d'absent. Il est devenu adjectif, et la phrase se tra- duira: le coquin ne s'est-il point levé pendant mon absence? On voit qu'il y a simultanéité: l'action subordonnée embrasse toute la pé- riode de l'action principale, et ne la précède pas.

Le contexte, dans le cas précité, confirme parfaitement la justesse de la règle. La femme de l'ivrogne, qui revient chez elle en grand danger d'être battue, s'enquiert seulement de ce qui s'est passé pen- dant son absence. Elle ne dit point: <une fois que je fus partie ne s'est-il point levé?», ce qui ferait supposer que le mari se doutait de son départ ou qu'il le guettait^.

��l. D'après ce qui vient d'être dit, c'est une énormité que l'auteur du Ksittçavaihçâvalîcarita (éd. Pertsch, Berlin, 1852) a commise dans le génitif absolu suivant, le seul que présente cet écrit de la fin du X Ville siècle:

êvam vimçativarsam suçâsitarâjyasya Majamudârasya prâpfaparalôkasya, Çrîkrsnah svârjitarâjyam taditarau bhrâtarau ca vibhajya prâptam paitrkam râjyam çaçâsuli.

Pertsch : When ihe Majmuat-dâr, after having thus ruled happily for twenty years, passed atvay to the other world, Crîkrsi}a reigned over the kingdom he had gained for himself, and his two hrothers over the divided realtn of their father.

Il ne faut voir là probablement qu'une confusion de cas ou une des incroyables anacoluthes que se permet l'auteur de cette chronique (voy. l'Intro- duction de Pertsch, p. vill).

Un cas plus extraordinaire encore nous est offert dans le Bhâgavata-Purârta, VIII 6, 21:

�� � SECTION I. 277

Le locatif absolu est moins précis: mayi gaiâyâm peut avoir l'un et l'autre des deux sens envisagés.

L'exemple n" 64, où mrfê (loc.) est opposé à jîvata]^ (gén.), est une illustration intéressante aux remarques qui précèdent.

§ 5. Rapport logique avec l'action principale.

Nous avons tour à tour considéré dans le génitif absolu le sujei, le verbe, le temps, et sur chacun de ces différents points nous l'avons trouvé assujetti à certaines limites étroites, où l'usage n'a jamais enfermé le locatif absolu.

Ces deux formes syntaxiques n'ont pas non plus des attributions égales en ce qui concerne le rapport logique avec l'action principale, rapport qui, dans la phrase normale, aurait son expression dans les conjonctions de subordination. Le locatif absolu offre plus de lati- tude que le génitif construit de la même manière. Il remplace des propositions subordonnées de nature plus diverse. Il est vrai que ce dernier tour gagne peut-être en relief et en netteté ce qui lui manque en étendue.

Remarquons à ce propos que la construction que nous étudions n'est jamais absolument obligatoire, car il n'est aucun des emplois qui lui sont donnés qui ne soit également du ressort du locatif ab- solu. Toutefois les participes de certains verbes ont une préférence marquée pour le génitif. Il faut citer: misant-, à peu près introu- vable au locatif absolu^, paçyant- et çrnvant-, rares aussi au locatif absolu, du moins dans la langue de l'épopée^.

Le caractère facultatif du génitif absolu est expressément relevé par le scholiaste de Pânini (voy. § 6). Jayamaùgala, un des com- mentateurs du Bhattikâvya, croit devoir en parler également, et cela, chose assez singulière, à propos d'un locatif absolu.

��amrtôtpâdanê yatnalf. kriyatâm avilamhitam

yasya pîtasya vai jantw mrtyugrasiô'marô hhavêt. Cet exemple viole les règles les mieux établies. Il contient un participe passé qui n'est pas adjectif, et le sujet représente une chose, au lieu d'être une personne.

1. Nous n'en connaissons qu'un exemple : misatsv animisêsu, Bhàg. Pur.III 15, 31.

2. Nous avons noté: paçyatsu sarvarâjasu MBH. VII 5800, paçyatsu Kuru- pâmlum, ibid. 9!245; çrneatsu têgu, MBH. III 1997. Dans le Knthâsaritsâgara, ces locatifs sont beaucoup plus fréquents.

�� � 278 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Hanumân explique à Sîtâ pourquoi, du fond de sa cachette, il a assisté sans la défendre aux violences de Râvana: tasmia vadali, rnsfô 'pi nâkârsam, dêvi, vikramant avinâçâija kâryasya, viéinvânah parâparam.

Bhatf.yni 113.

Jayamaiigala aperçoit dans cette phrase un anâclara (v. § 6), et se souvenant de la prescription de Pânini: çasfM éânâdarê, il se met en campagne pour justifier la présence du locatif tasmin vadati. L'anâdara est évident en effet, seulement il porte tout entier sur ru$tô 'pi, «quoique irrité», et il est inadmissible de voir dans tasmin vadati l'idée: «quoiqu'il parlât ainsi». Encore faut-il noter que le commentateur tire de son propre fonds le mut ainsi qui n'existe nullement dans le texte. Ceci pour constater le peu d'à-propos de sa glose, qui en elle-même ne manque pas d'intérêt^:

«yady âdâv êva pravistô 'si, tarhi kim iti svakarma na darçitavàii asî» 'ty âha: tasmin ityâdi | hê dêvi, tasmin vadati rustô 'pi vikraniam nâkàrsam | tarh tathà vadantam anâdrtya vikrarnam nàkàrsani, ity arthah | «sasthî cànàdara» iti ca-kârât saptamî. |

Pour l'étude des modes d'emploi de notre construction, nous établissons deux grandes classes d'exemples.

Dans le groupe A, le génitif absolu marque une situation au sein de laquelle se déroule l'action principale, et il ne modifie pas sensiblement l'idée.

Le groupe B est composé simplement de tous les autres cas, c'est-à-dire d'éléments assez disparates.

Si nous avons rassemblé ces cas en un groupe unique opposé au groupe A, c'est qu'ils présentent un trait commun — plus ou moins accusé et ne constituant pas un caractère distinctif rigoureux, — à savoir que les mots au génitif modifient d'une façon directe l'action principale, contrairement à ce qui a lieu dans l'autre groupe.

Groupe A.

11 y a peu d'observations à faire sur le groupe A. Le génitif absolu répond aux conjonctions pendant que, comme, au moment où. Il forme une sorte d'arrière-plan, sur lequel le fait principal se dé- tache. C'est précisément l'inverse qu'on observe dans le second groupe,

��1. Le commentateur tenait probablement à retrouver à tout prix, vers par vers, l'application des sûtras, mettant ^u besoin dans le texte ce qui ne s'y trouvait pas.

�� � SECTION I. 279

où le point saillant de l'idée est contenu le plus souvent dans le génitif absolu.

Vu l'uniformité de ce genre d'exemples, une seule citation suffira:

iti éintayatas tasya, tatra tôyârtham âyayuh grhttakâncanaghatâ bhavyâh subaharah^ striyah.

Kath. 18, 356. «Pendant qu'il se livrait à ces réflexions, des femmes nombreuses et de noble apparence vinrent puiser de l'eau dans des vases d'or qu'elles avaient apportés.»

Groupe B.

Dans l'application la plus simple, on trouve le sens de pendant que: en d'autres termes, la donnée de temps dépouillée de toute idée accessoire de mode, — et de la seule espèce possible dans ces con- ditions, le sens d'après que étant exclu, comme on l'a vu (p. 275).

Je n'indique pas à nouveau le caractère qui sépare les exemples en question du groupe traité plus haut, dans lequel, tout en mar- quant un rapport analogue, le génitif absolu ne renfermait pas une circonstance essentielle de l'action.

Kath. 29, 79:

Dêvasênas tadâ gatvâ mâtaram prartatô 'bravît: tKirtisênâdhunâ hasté tavâmba prasthitasya mê; «nâsyâ nthsnêhatâ kâryâ, kultnatanayâ hy asau.T>

Ibid. 42, 68 (nM86):

suptasya mê tad apy açnât sapatnî tê éhalât. Comparez encore les exemples 482, 487, 495.

Bien que l'emploi «anâdarê», consacré par le code de la gram- maire hindoue, ne soit ni exclusif, ni même prédominant, on serait embarrassé de signaler dans le groupe B une autre application sail- lante et tant soit peu constante du génitif absolu. C'est donc prin- cipalement ce genre d'emploi que nous avons à décrire.

Dans le cas en question, le génitif absolu équivaut à une pro- position subordonnée introduite par quoique ou quand même, soit de l'espèce que nous nommons concessive en faisant intervenir le point de vue du narrateur, et qu'il serait plus juste d'appeler adversative en se plaçant à celui du sujet de la subordonnée. Le terme anâdarê dont se sert Pânini est emprunté enfin à une troisième donnée: l'attitude de Vagent principal vis-à-vis de l'action subordonnée. Le

1. On a semblablement au vers 35, 23: patnîm bahusu.

�� � 280 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit. ^

sens de ce terme peut se rendre par: «quand il n'est pas tenu compte, quand il y a indifférence, absence d'égards, acte de passer outre. »

On aurait tort toutefois de croire que le génitif absolu jouisse d'une faculté propre pour exprimer l'idée de quoique. 11 faut que cette idée se dégage plus ou moins clairement des mots eux-mêmes, et dans ces conditions le locatif absolu indien, comme l'ablatif ab- solu latin, comme le génitif absolu grec, se charge parfaitement de la même fonction. Le cas absolu marque une circonstance conco- mitante. Dès que le rôle de cette circonstance dans l'action prin- cipale ne donne lieu à aucune équivoque, l'esprit supplée de lui- même la conjonction voulue. En un mot, Vanâdara est indépendant du génitif. Ce qui est exact, c'est que, étant donné Yanâdara^ l'usage incline pour le génitif.

Ce caractère purement subsidiaire du génitif absolu me paraît avoir été méconnu par M. Stenzler dans le passage cité plus haut (p. 271) où il dit: «verba misatâm nak, «nobis adspicientibus» haud significabunt: dum nos adspiciebamus, sed: quanquam nos adspi- ciebamus.» L'observation, sans être précisément fautive, dépasse la mesure. Il semblerait que le génitif ait%u le pouvoir de transformer la phrase, d'y introduire une idée qu'on n'apercevrait point si les mêmes mots étaient mis au locatif. La vérité est que l'anâdara ré- sulte du contexte, et qu'il n'en résulterait pas moins sûrement si nous avions le locatif au lieu du génitif. — J'ajoute que par une conséquence directe de cette première erreur, M. Stenzler commet celle d'admettre le sens tranché de quanquam dans une phrase où on ne peut trouver qu'un quanquam atténué, de l'espèce considérée ci-après sous le chef IL

Si nous faisons une classification, c'est uniquement pour in- troduire un ordre dans nos exemples. Ce qui précède montre en effet qu'il n'y a pas différentes valeurs propres du génitif absolu. Nous ne pouvons qu'inscrire des catégories logiques, en mettant en regard de chacune d'elles des exemples qui en dépendent.

Il convient de reconnaître, en terminant, que quelques cas peu nombreux militent contre le principe développé ci-dessus et tendent à indiquer que le génitif absolu n'est pas toujours inexpressif par lui-même sous le rapport de Vanâdara. On le trouve dans des phrases où, pour rendre l'idée de quoique, le locatif absolu serait sinon in- suffisant, du moins beaucoup plus ambigu. Ainsi, à force d'être affectée aux cas d'anddara, notre construction arrive à porter ce

�� � SECTION I. 281

sens en elle-même. Nous ouvrons, pour tenir compte de ce fait, la subdivision ip.

1. Anâdara prononcé.

La circonstance énoncée dans le génitif absolu constitue une entrave directe à l'action principale. L'idée est donc celle d'un quoique caractérisé.

a. Cette circonstance étant expressément désignée comme entra- vante, le sens de quoique naît spontanément et ne saurait être con- sidéré comme déterminé en quoi que ce soit par le génitif,

Bhâgavata-Purâna VIII 21, 14: tê sarvê vâtuanam hantum çûlapaffiçapânaya^ aniéchatô Balê i-âjan, prâdravan jâtamanyavajjb.

Mahâbhârata II 2478: akâraânàm ca sarvêsàm suh^Jâm arthadarçinâra akarôt Pândavâhvânam Dhrtarâstrah sutapriyah.

Qu'on mette des locatifs à la place de ces génitifs, et tout sera dans le même état.

Les exemples où cette signification est obtenue à l'aide de la particule api rentrent naturellement dans la même catégorie: Bhâg. Pur. VIII 12, 25:

tayâpahrtavijnânas tatkrtasmaravihvalah Bhavànyà api paçyantyà gatahrU tatpadam yayau.

Cf. encore le n'^ 66.

p. La circonstance entravante est décrite, mais non expressé- ment caractérisée comme telle. C'est le cas intéressant et rare au- quel nous faisions allusion plus haut, le seul où l'idée de quoique existe, jusqu'à un certain point, de par le génitif. MBh. 14143: Viéitravîryas tarunô yaksmariâ samagrhyata. suhfdàm yatamânànâm ûptaih saha cikitsakaih jagâmâstam ioâdityah Kauravyô Yamasâdanam.

«ses amis faisant leurs efforts», ce qui, à cause du génitif, signifie: ^quoique ses amis fissent leurs efforts (pour le sauver)»^.

��\. A vrai dire, la présence des mots astam irâdityal), jette une certaine incertitude sur ce génitif absolu. Vicitravîrya quittant le monde terrestre est comparé au soleil qui se couche. Or nous venons dans la section III ([ue le sanscrit dit couramment: têsâm âdityô 'stmn jagâma, «le soleil se coucha pour eux,» et c'est peut-être de cette façon qu'on doit interpréter le génitif ci-dessus.

�� � 282 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

MBh. X197:

Bhûriçravâ màhêsvAsas tathâ prâyagatô ranê krôçatâm blmmipâlànàm Yuyudhânêna pâtitah.

«les princes poussant des cris», c'est-à-dire, et en vertu du génitif: <i-malgré les cris que poussaient les princes» ^

II. Anâdara mitigé.

Indiquons par un exemple le degré exact que nous avons ici en vue. C'est ce àemianâdara qui fait qu'en français on se contente de dire: en présence de, pour: malgré la présence de^, ou bien: de son vivant, pour: quoiqu'il vécût encore.

La circonstance rapportée dans le génitif absolu n'est pas conçue directement comme un obstacle. Il n'y a qu'une nuance discrète. De façon qu'on éviterait la conjonction même hors du cas absolu, dont le propre est de la supprimer.

MBh. V 374: Ahalyà dharçità pûrvam rsipatnî yaçasvinî jîvatô bharlur Indrèna, sa vaji hiih na nivâritah?

Pttr. 193. Le roi des corbeaux s'excuse auprès de Sthirajîvin,

le doyen de ses conseillers, de ne le consulter qu'après les autres:

tâta! yad été maya prstôili sacivâs tâvad, atra sthitasya lava, tat

parîksârtham yêna tvam sakalam çrutvâ, yad ucitam tan mê samâdiçasi^.

C'est dans cette classe que se placent naturellement presque tous les exemples où le participe au génitif est paçyatah «voyant», ou un synonyme, le fait d'être vu n'étant pas un empêchement proprement dit.

Kath. 61, 159: hhuktvâ ca, paqyatas tasya, râtrau tadbhâryayâ saha satnam âsêvya stiratam, sukhath susvâpa tadyutaji.

MBh. VII 6406:

hantâsmi Vrsasênam tê prêksamânasya sarhyugê.

��1. Le locatif absolu krôçamânê Vjunê, MBh. VII 8875, contient, il faut l'avouer, la même idée de malgré. On voit combien il est malaisé de trouver un exemple où Vanâdara résiderait essentiellement dans le génitif.

2. L'intention perce plus ouvertement dans les locutions populaires équi- valentes: sous le nez de, à la barbe de.

3. Je n'accorde pas le génitif sthitasya tara avec saéivâh, parce que je crois que ce dernier mot désigne, dans son véritable emploi, les courtisans, les familiers (d'un prince), et non les camarades ou les collègues d'une personne quelconque.

�� � SECTION I. 283

On peut faire la remarque que les génitifs absolus fournis par paçyafi se prêtent, grâce à la signification de ce verbe, à deux sortes distinctes d'anâdara: l'une où l'acte principal a lieu malgré la pré- sence d'un agent hostile — c'est celle dont nous venons de donner des exemples — l'autre où il s'accomplit malgré la présence d'un agent qui devrait se montrer hostile, mais qui consent, comme dans les phrases suivantes.

MBh. XIII 7429. Kfsna raconte comment un brahmane, s'étant installé chez lui, avait fini, entre autres insolences, par maltraiter, sous ses yeux, son épouse Rukminî. Kfsna supporte ces humiliations avec joie:

agnivarnô jvalan dhtmân sa dvijô rathadhûryavat pratùdénâtudad bâlâih Rukminim marna paçyatah.

Mark. Pur. 114, 30. Le roi Sudêva, par une coupable complai- sance, laisse son favori Nala offenser la femme d'un richi:

sakhâ tasya Nalô matto jagrhê tâih en durmatih paçyatas tasya ràjnaç éa i.trâta-trâtê* 'tivâdinîm.

MBh. m 11799:

tnâm avajnâya dusfâtmâ yasmâd êsa sakhâ tava dharsanâm krtavân êtâm paçyatas tê Dhanêçvara, tasmât, etc.

III. Extrême dégradation de l'anâdara.

D ne reste plus rien de l'idée de malgré.

Le sujet principal passe outre, non sur un acte d'opposition, mais sur un acte quelconque du second sujet.

C'est un anâdara qui est moins dans le fait que dans l'idée. Par cela même, il se concentre nécessairement davantage sur le gé- nitif en tant que génitif, et cette extrême nuance, si on voulait l'exprimer dans un locatif absolu, courrait plus de risque de se perdre que Yanâdara bien accusé des cas précédents.

Notre construction servira, par exemple, à faire ressortir la sé- rénité impassible d'un personnage, que le fait incident ne saurait émouvoir.

Ainsi Râm. 11116,26, dans la fable connue d'Agastya mangeant l'Asura Vâtâpi:

tatas tu kalpitarh bhaksyam Vâtâpiih mêsarûpiriam bhaksayâm âsa bhagavân Ilvalasya sa paçyatah.

�� � 284 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Le richi, confiant dans la puissance de sa digestion, mange Vâtâpi sans s'inquiéter de l'attitude d'Ilvala, qui l'observe et qui va donner à son frère le signal convenu. Ilvalam paçyantam anâdrtya en style de commentateur. Au vers I 67, 16, c'est la calme assu- rance de Râma que le poète veut mettre en relief:

paçyatàm nrsahasrànàm bahûnâm, Raghunandanah ârôpayat sa dharmâtmâ salilam iva tad âhanu^.

Le commentaire de Râmânuja dit, avec raison, je crois, à cet endroit: paçyatàm, anâdarê saçtM.

D'autres fois c'est une indifférence affectée:

Indra, se proposant d'éclairer un muni sur ses véritables devoirs, prend la forme d'un brahmane et se met, en sa présence, à jeter des cailloux dans le Gange (Kath. 40, 16).

âgatya ca sa Gangâyâs tatâc éiksêpa vârini uddhrtyoddhrtya sikatâli paçyatas tasya sôrntini. tad drstvâ miiktamaunas taiîi Tapôdattah sa prstavân: «açrântah kiin idaih, brahman, karôsi?T> 'ti sakautukah.

Le génitif absolu peint l'apparente indifférence d'Indra, qui feint d'ignorer la présence du muni, alors qu'il n'a d'autre but que d'éveiller sa curiosité.

Semblablement Kath. 16, 33, l'exclamation du vratifi veut paraître spontanée:

pravistô jâtu bhiksârtham êkasya banijô grhê

sa dadarça çubhâih kanyâih bhiksâm âdâya nirgatâm.

drstvâ câdbhutarûpâih tâih sa kâniavaçagah çathah

<ihâ hâ kastamh iti smâha, banijas tasya çrnvata^i,

grhîtabhiksaç éa tatô jagâma nilayaih nijam.

tatas tain sa banig gatvâ rahajf, papracéha vismayât:

<ikitn adyaitad akasmât tvam maunaffi tyaktvôktuvân?» iti.

Certains cas que je vais citer offrent un point d'attache avec les exemples — dépourvus de tout anddara — dont se compose le groupe A (p. 278). Si ce rapprochement est légitime, comme je le crois, la distinction d'un groupe A n'aurait de raison d'être qu'au point de vue pratique.

On va voir, en effet, que le génitif absolu d'anâdara sert fré- quemment à l'expression d'un contraste, ce qui s'explique fort aisé- ment. Le fait énoncé dans le génitif absolu est frappé d'anâdara, c'est-à-dire qu'il est écarté, infirmé, démonti par le fait suivant, avec lequel il fait antithèse. Or, de cet emploi à celui que nous présente le groupe A, il n'y a qu'une question de degré.

�� � SECTION I. 285

Voici des exemples. MBh. VII 4860:

«. . . dâram ijâtaç ca Sâtyakih.-» talhaivam vadatas tasya bhâraâvâjasya, mârisa\ j)ratyadrçyata Çainêyô nighnan bahuvidhân rathân.

On sait que Çainêya est un autre nom de Sâtyaki. Râm.VISO, 36:

tâm nnuvyâharac chaktim âpatantlm sa Râghavah

  • svasty astu Laksmanasyêti, tnôghâ hhava hatôdyamâ!»

ity êvam dhyâyatas tasya Ràghavasya mahàtmanah,

nyapatat sa mahâvêgâ Laksmariasya mahôrasi.

De même, dans l'exemple n^'lO {iti lokânâm jalpatâm), les pré- somptions de la foule se trouvent soudain confondues.

Râm.IV9,91. Le singe Sugrî va doute que Râma soit de taille à se mesurer avec Bâlin. Il le conduit près du squelette du géant Dundubhi tué par ce dernier et lui demande comment il espère triompher de l'auteur d'un pareil exploit:

athaivam vadatas tasya Sugrîvasya mahàtmanah, Râghavô Dundubhêh kâyam pâdângusthêna tôlayan lUayaiva tadâ Râmaç ciksêpa çatayôjanam.

Râma, sans plus s'inquiéter des objections de Sugrîva, lui ré- pond par un fait tangible, et c'est ce qu'exprime le génitif.

MBh. I 7049: êvam têsàm vilapatâm viprânâm vividhâ giiah, Arjunô dhanusô 'bhyâçê tasthau girir ivâcalaJi.

Les brahmanes disputent, au svayamvara de Kfsnâ, pour savoir si l'on doit permettre au jeune Arjuna de tenter l'épreuve de l'arc. Le génitif absolu marque le contraste entre leur agitation et la tranquille fierté du héros.

Evidemment il suffira d'une légère extension pour que ce genre de phrases aboutisse aux exemples du groupe A, où personne, au premier abord, n'aurait soupçonné Vanâdara.

Nous avons encore à mentionner deux cas particuliers de Vanâdara:

P Celui où l'on insiste sur le génitif absolu à'anâdara au moyen de la particule êva. Dans ces conditions, l'idée de malgré s'effaçant à cause de son évidence même, l'obstacle dont il s'agit devient, au contraire, une circonstance qui rehausse la portée de l'action.

\. Le contexte montre qu'il faut ou changer mûrira en sûratêh, ou prendre Bhâraâvâjasya comme régime de vadatas tasya. De toute façon il y a génitif absolu.

�� � 286 DE l'emploi do génitif absolu en sanscrit.

Hariv. 7464 : dardarça tatra bhagavân dêvai/ôdhân durâsadân nânâyudhadharân vtrân Nandanasihân Adliôi' k§ajah. têsàih sampa<5yatàm êva Pârijâtam mahâbalah utpâfyârôpayâmâsa Pârijâtam satârh gatih Garudaih paksirâjânarh aijatnènaiva Bhârata. «sous les yeux mêmes des gardiens. . .»

Kath. 46, 76: iti Vidyâdharâh Sûryaprabham tê jahasus tadâ. têsâm prahasatàm êva, gatvâ Sûryaprabhêria sah stimitâsyô grhîtaç ca kr§taç câjagarô bilât.

MBh. XV 483: prêksalàm êva vô, lihîma, vêpantîm kadulim iva strîdharminîm aristâugîm tathâ dyûtâparajitâin Duhçâsanô yadâ maurkhyâd dâsivat paryakarsata, tadaiva viditam mahyam parâbhûtam idam kulam.

2° Le génitif absolu marque souvent les conditions où une chose ne saurait avoir lieu.

Bhâg. Pur. III 18, 3: na svasti yâsyasy anayâ mamêksatah, surâdhama!

Râm. 11101, 3: na ht tvam jîvatas vanam âgantum arhasi.

Ibid. 11156,31: na çaktas tvam halâd dhartum Vaîdêhîm marna paçyatah.

Hariv. 14 461: êka êva mahâdvârô gamanâgamanê sadâ. mudrayâ saha gacchantu râjnô, yê gantum ipsaeali; na câmudrali pravéstavyô^ dvàrapàlasya paçyalah.

L'aflSnité de ce genre de phrases avec l'emploi «anâdarê» est manifeste. En isolant la négation, on obtient en efifet le type de V anâdar a pur. On peut admettre que la pensée: na-yâsyasiyC^mamêk- §atah a été conçue d'abord sous la forme : na X yâsyasi-mamêksatah.

Ici se placent aussi certaines interrogations qui équivalent pour le sens à des propositions négatives de même nature que celles qu'on vient de voir. Kath. 31, 84:

katham hy êtad, dêvi, syân marna jîvata^?

��1. Apparemment' pour : na dâmudrêna pravêsfavyatn. Car il serait trop hardi de donner à pravêstavya le sens de pravêçayitavya.

�� � SECTION I. 287

MBh. VII 6572. Duryôdhana soupçonne Drôna d'être de con- nivence avec l'ennemi.

katham niyaéchamànasya Drônasya yudhi Phâlgunaji pratijnâyâ gatah pâram hatrâ Saindhavam Arjunah ?

«Comment, si Drôna s'y était opposé effectivement, Arjuna eût-il pu accomplir le vœu qu'il avait fait de tuer Jayaclratha?>

Hors des cas que nous venons d'indiquer, le génitif absolu ex- primant une condition est extrêmement rare.

Signalons le passage où Draupadî supplie Kfsna de ne point laisser Arjuna et Bhîma réaliser leurs projets de paix avec les Kurus. Elle rappelle l'outrage sanglant de Duhçâsana, la saisissant aux cheveux devant la foule assemblée. MBh. V 2906:

ayain, (se. kèçapaksah) tê, Pundarîkâk^a, DuhçâsanakarôddhrtaTjb smartavyah sarvakâryêsu, parésam samdhim icchatàm.

Cet exemple pourrait s'entendre aussi comme un génitif absolu «anâdarê».

Les deux cas qu'il nous reste à mentionner sont assez curieux, car ils contiennent une condition d'un genre tout particulier. C'est l'idée de si quidem, si modo. Le fait principal «tient à peu de chose» :

a. En tant que précaire.

MBh. II 1549 seq. Çiçupâla reproche à Bhisma de ressembler dans sa conduite à l'oiseau bhûlingaçakuni , dont le cri est: ma sâ- hasam, «pas de témérité!» et qui vit néanmoins des menus morceaux qu'il vient ravir dans la gueule du lion. Il poursuit ainsi: «iééhatah sa M simhasya, Bhîsmn, jttaty asaihçayam! tadvat tvam apy adharmistha sadâ vâdaJi prabhâsasê, icéhatàm bhûmipàlànàm, Bhisma, jtvasy asaihçayam! lôkavidvisfakarmâ ht nânyô 'sti bhavatâ samaJi.* € pourvu que le lion y consente; autant que c'est son bon plaisir.)»

Citons encore la réponse de Bhîsma: tataç Cêdipatêfi çrutvâ Bhismah sakafukam vacah utâéêdam vaéô, râjamç, Cêdirâjasya çrnvataJ^ : «iééhatârh kila nâmâham jîvâmy êsàm mahîksitâm?

  • 8Ù 'ham na ganayâmy êtâms trnênâpi narâdhipân .h

p. En tant qu'aisé. Râm. VI31, 11:

dravatàm vânarêndrânâîh, Râmah Saumitrinâ sàha

avaçaa tê nirâlambah, Prahasta, vaçam êsyati.

Ces mots de Râvana à son lieutenant Prahasta ne doivent pas être pris dans un sens où les deux faits en question seraient en-

�� � zoo DE L EMPLOI DU GENITIF ABSOLU EN SANSCRIT.

visages comme des réalités prochaines. Une telle Interprétation ferait de dravatâih vânaréndrânâm ou un génitif absolu descriptif (au milieu de la déroute) ou un génitif absolu causal (à la suite de la déroute), deux emplois qui paraissent étrangers en principe à notre construction. Le génitif n'est vraiment explicable que si l'on voit dans cette phrase une conception toute théorique: <^pour peu que les singes se mettent en déroute..., qu'ils se mettent en déroute, et R. sera en ton pouvoir^. »

On peut découvrir une intention analogue dans l'étrange génitif absolu du Bhâgavata-Purâna cité p. 277 i. n. {yasya pîtasya).

Quelques mots encore sur des applications du génitif absolu que nous tenons pour abusives.

La circonstance qu'énoncent les mots au génitif ne doit point se trouver dans un rapport de causalité avec le fait principal.

Au vers VI 100, 10 du Râmâyana,

ity êvam bruvatas tasya Sîtâ Ràmasya tad vacah mrgîvôtphullanayanâ babhûvâçrupariplutâ,

il semble que ce principe soit violé, et l'on est tenté de traduire: «soMS l'impression des paroles de Râma . . ». Mais il vaut mieux admettre le sens pur et simple de pendant que, que nous avons établi plus haut (p. 279). — Le cas se présente d'une façon identique au vers V 25, 54: '

tathâ tâsâm vadantînâm parusam dârunam bahu râksasînâm asaumyânàm, rurôda Janakâtmajû^.

D'autres exemples où le même tour marque, à n'en plus douter, la circonstance déterminante de l'action trouveront leur place dans la Section III, parce qu'il y a des raisons de croire que leur génitif n'est pas, à proprement parler, le génitif absolu.

Nous regardons aussi comme anormal le génitif absolu servant uniquement à faire image et n'ajoutant rien au fond de l'idée. Du moins, un tel génitif semble déplacé venant au milieu d'un apho- risme, comme dans les passages ci-après. Il le serait peut-être moins dans un récit.

��1. Voici un locatif absolu d'une nuance absolument pareille : MsîYctw hy upaçrnvânê Drônê sarvmn vighaffitam «que D. vienne à entendre un hennisse- ment, et tout est découvert.» MBh. IV 1494.

2. Ce çlôka semble, du reste, interpolé. Il n'est que la paraphrase du vers qui le précède dans le texte.

�� � SECTION I. 289

Mark. Pur. 22, 42 (= Ind. Spr. n" 6531): çôéatâm bândhavànâm yê niJiçrosuntô Hiduhkhitâh tnriyantê vyâdhinâ klisfâs, têsâm mâtâ vrthâprajâ; samgrâmê yudhyamânâ yê 'bhîtâ gôdvijaraksm}é k^unnâh çastrair vipadyantê., ta êva bhuvi mânavâ^.

MBh. XIII 3095:

hrôçantyô yasya vai râ^trâd dhriyantê tarasâ striyah krôçatàm patiputrànàm, mrtô ^sau na ca jtvati.

Au reste, dans ce dernier exemple, la construction absolue n'est pas forcée^ le génitif pouvant dépendre de hriyanté^.

§ 6. La règle de Pânini.

Le sûtra ^astht éânâdarê (II 3, 38), dans lequel Pânini vise la construction absolue du génitif, fait suite au sûtra relatif au locatif absolu: yasya ca hhdvêna hhâvalakçanam (tatah saptamîti).

Textuellement: «(37) Le terme dont l'action sert à déterminer l'action principale se met au locatif, — (38) ou au génitif, s'il y a acte de passer outre^».

Le scholiaste illustre le sûtra par un exemple et constate qu'en vertu du mot da, l'emploi du génitif n'est que facultatif (cf. p. 11 et 12):

auàdarâdhikê bhâvalaksanê bhâvavatah sasthî syât | ca-kàrât saptamî éa bhavati | rudatafi prâvrâjît \ rudati prâvrâjît | rudantam putrâdikam anàdrtya pravrajita, ity arthah | .

La kâçikâ n'ajoute aucune remarque essentielle. L'exemple krôçatak prâvrâjît qui s'y trouve cité est intéressant, en ce que les textes confirment l'emploi relativement fréquent de krôçant- au gé- nitif absolu, tandis qu'ils ne nous ont fourni qu'un exemple isolé pour rudant- (n^ 78):

pûrvêna saplamyàm prâptàyâm sasthî vidhîyatê | ca-kârât sâpi bhavati | anâdarâdhikê bhâvalaksanê bhâvavatah sasthîsaptamyau vibhaktî bhavata^ I rtidatafi, prâvrâjît | rudati prâvrâjît \ krôçatali prâvrâjît \ krôçati prâvrâjît I krôçantam anàdftya pravrajita, ity arthah | .

��1. Dans aucun des deux passages il ne serait permis d'introduire une idée d'atiâdara, sous peine d'en dénaturer le sens.

2. Ainsi que le fait remarquer M. Pischel dans l'article déjà cité (p. 272), Kaécâyana pose pour le pâli une règle toute semblable: anâdare chafthî vibhatti hoti sattamî éa (ni 35), et l'exemple qui l'accompagne concorde à la lettre avec celui du scholiaste de Pânini: rudato dârakassa pabbaji, riidantasmim dâ- rake pabbaji.

de Saussure, Oeuvres. 19

�� � 290 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

L'édition du Mahâhhâsya qu'a entreprise M. Kielhorn n'est mal- heureusement pas encore parvenue jusqu'au sûtra en question.

On est forcé de trouver le précepte de Pânini d'une part trop exclusif, de l'autre trop indéterminé. Trop exclusif, car Vanâdara n'est pas la seule application permise, quoique ce soit la plus caracté- ristique et celle qui s'affirme avec le plus de conséquence. Trop indéterminé, puisque les restrictions concernant la nature du sujet et le temps du verbe (voy. §§ 2 et 3) sont passées sous silence.

Quant au choix du terme anâdara, il est d'une justesse irré- prochable. On a pu s'en convaincre, je l'espère, en suivant l'ana- lyse à laquelle nous nous sommes livré plus haut (p. 279 seq.)^.

Les commentateurs répètent fidèlement la règle du maître par- tout où l'occasion s'en présente. Voici quelques exemples:

Râm. Cale. III 18, 16: adyêmém hhah§ayi^yâmi paçyatas tava tnânu$tm^.

Commentaire de Râmânuja: paçyatas tava, paçyantam tvâm anâdrfya. Quelques vers plus bas se trouve tasya Râmasya paçyatah, mais cette fois sans aucune trace à'anâdara. Le scholiaste ne souffle mot. Au vers I 60, 15 (voy. n^ 107), l'anâdara est également nul, et le commentaire se contente de dire: munînâm paçyatâm, munisu paçyatsu. En revanche, nous avons vu plus haut (p. 286) un cas très peu différent, où Râmânuja met la note anâdarê ?a$thî.

La phrase: na çaktas tvam halâd dhartum Vaidêhîih marna paçyatajf,

qui n'offre pas le pur anâdara (v. p. 286) est accompagnée également de la remarque: mâm paçyantam anâdrtyêty arthah. Çiçupâlavadha 18, 64 (cf. 15, 34)°: kaçcic chastrapâlamûflhô 'parôijhur'

l.Il y a peut-être quelque intérêt à noter les vers suivants, où l'expression du poète rencontre celle du grammairien:

bhunjânam annam tam dfstvâ Bhîmasênam sa râksasah vivj-tya nayanê kruddha idaih vacanam, abravit :

  • kô ^yam annam idam hhunktê madartham upakalpitam

«paçyatô mama durbuddhir yiyâsur Yamasâdanatn? Bhtmasênas tatalf, çrutrâ prahasann iva, Bhârata, râksasam tam anâdjiya bhunkta êva parâAntukhafi.

MBh. I 6277.

2. L'édition de Gorresio (m 24, 17) porte : ^«fya^as tê Himâninah.

3. La signification active donnée à ce mot paraît suspecte. Doit-on lire : apavô^hur ?

�� � SECTION II. 291

làbdhvâ^ piinaç dêtanâm, âhavâya \ vyâvartista krôçatali sakhyur uééaih.

«Tel guerrier que le coup d'une arme avait étourdi, reprenant «connaissance, retourne au combat maljjré les cris de l'ami qui voulait l'emporter (loin du champ de bataille)».

Commentaire de Mallinâtha:

kaçéid iti | çaslrapàtamûcjhah prahâramûrdéhitah kaçcid vîraç éêtanâm samjnâm labdhvà* aparôdhur mûréchâsamayê yuddhabhûmêr apanêtuh sakhyur mitrasyôécaih krôçatah «àgaéchê» 'ty'* âkrôçati sati | «sasthî éânàdarê» iti sas^hî I krôçantam anâdrtyêty arthah | etc.

��Section II. Recueil d'exemples.

��§ 7. Observations critiques.

Le caractère à part du génitif absolu, sa rareté relative, rendent désirable une collection de passages, cités in extenso, que nous don- nons plus bas. Ces exemples ont dû subir un triage préalable dont il est indispensable de dire quelques mots.

L'extrême liberté qui règne dans la syntaxe des cas en sanscrit donne naissance à des constructions ambiguës, souvent tellement voisines du tour absolu que ce dernier flotte entre des limites assez incertaines. Un sanscritiste éminent, Hermann Brockhaus, ne craignait point, semble-t-il, de faire la part large aux génitifs absolus. Nous en jugeons d'après la seule indication qu'il ait laissée à cet égard, la ponctuation adoptée dans le texte de Sômadêva. A voir la dis- tribution des virgules dans son Kathâsaritsâgara, il faut croire que Brockhaus regardait ce tour comme d'un usage tout à fait courant, ce qui est certainement une exagération. Voici, entre autres, copié tel qu'il se trouve dans son édition, le çlôka 59, 92 dn Kathâsaritsâgara:

tatô, marna 'upavistâyâh, sakM jnâtôbhayâçayâ

  • ka8 tvaih? brûhi mahâbhâga!» 'Uy aprééhat tad-vayasyàkam.

��1. imprimé lahdhâ.

2. Imprimé âgacéhaty.

19*

�� � 292 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

N'est-il pas singulier, étant données les habitudes du sanscrit, de séparer marna 'upavistâyâh de sakhî pour introduire presque vio- lemment le tour absolu dans la phrase?^

Nous nous sommes efforcé surtout, en ce qui nous concerne, de réunir des matériaux purs et concluants. Ce qui n'était que douteux a été rejeté, et, en règle générale, nous avons, devant chaque cas particulier, douté systématiquement du génitif absolu dès qu'il ne s'imposait pas avec évidence.

Néanmoins il faut indiquer brièvement quelques-uns des cas où il est permis d'hésiter. Plusieurs ressemblances trompeuses mé- ritent à tout le moins d'être signalées; certains exemples pourront même donner lieu à discussion. L'examen de ces différents spéci- mens servira en tous cas à bien marquer la limite que nous ne croyons pas devoir franchir.

Une première série d'exemples, qui peuvent en effet justifier d'une affinité éloignée avec le génitif absolu, seront envisagés à ce dernier point de vue dans la Section III. Nous nous bornons pré- sentement aux cas où le dilemme se pose entre deux constructions radicalement dififérentes.

A la page 272 il a été fait allusion à un génitif absolu relevé par M. Pischel dans le Btusamhâra (2, 10):

sutîksnain uééai rasatâiîi payômuéâm ghanândhakârâvrtaçarvartsv api taditprabhâdarçitamârgabhûmayali prayânti râgâd abhisârikâli striyalb.

Pischel: «Die frauen, denen durch den glanz des blitzes der weg gezeigt ist, gehen in folge ihrer leidenschaft zum stelldicliein selbst in den von dichtein dunkel eingehûllten nàchten (und) obwohl die wolken stark (und) laut donnern.>

Sans vouloir contester absolument cet exemple, nous croyons qu'il eût été bon d'établir que le génitif rasatchh paybmuéâm ne sau-

1. Je citerai encore les passages suivants oix, si j'interprète bien sa ponctua- tion, B. paraît avoir admis cette construction sans raisons suffisantes:

29, 48. Le génitif dépend de tad vacal),, que B. lit tad-vacah. — 35, 130. Dépend de tair vaéanaih. — 37, 34. Dépend de milanti. — 37, 238. Dépend de nikatam. — 43, 163. Dépend de jyuratah. — 46, 207. Dépend de snprakâçâ . . . abhût. — 48, 103. Dépend de prajighâya, ou de rathân. — 53, 16. Dépend de agratah. — 53, 191. Dépend de babandha paftam. — 74, 97. Dépend de tau turaga'u. — Semblablement: 74, 189; — 90, 153; — 104, 152; — 111, 3; - 119, 61; — 123, 127. — Ajoutez 101, 175; 104, 202; 120, 110; qui offrent le génitif duel.

�� � SECTION II. 293

rait dépendre ni de ghatiândhakâra- ni de taditprabhâ-^. Cette possi- bilité mérite pour le moins d'être prise en considération, car le sujet du génitif absolu étant toujours un être animé (p. 273), l'inter- prétation de M. Pischel ne serait correcte de toute façon qu'à con- dition de personnifier le nuage.

Au nombre des tours usuels qu'on pourrait être tenté à tort de prendre pour des génitifs absolus, il faut citer particulièrement:

a. Certains génitifs partitifs qui ne sont pas le complément nécessaire du mot auquel ils se rapportent. MBh, III 17240 (Cf. 12366):

têsâm samupavistânâm Nakuïô duhkhitas tadâ abravîd bhrâtaram ji/êsfham ^ amarsât Kurunandanam.

Râm. IV ;L3, 12 (Cf. VI 110, 45):

têsâiîi tu gaééhatâm tatra tvaritaih sumanôharam drumasandam athô drsfvâ Râmah Sugrwam ahravtt.

p. Les constructions hardies de génitifs de substance ou autres,

comme dans l'exemple suivant (MBh. VI 3957):

vadhyatâm tava sainyânâm anyô'nyêna mahâranê pt-âvartata nadî ghôrâ rudhiraughapravâhinî.

f. Les génitifs régis par un terme sous-entendu. MBh. XV 439:

tanniryânê duhkhitaJi patiravargô Gajâhvayê caiva babhûva, râjan, | yathâ pûrvaih gaééhatâm Pàndavânâm dyûtê, ràjan, Kauravânâih sahhâyâh. \

Les mots gaééhatâm Pàndavânâm se rapportent à nîryânè qu'il faut suppléer d'après tanniryânê («comme lors du départ des Pândus pour l'exib).

Râm. Cale. I 73, 28:

ity uktvâ prâksijyad râjâ mantrapûtam jalavi tadâ

  • sâdhu sâdhv» iti dêvànâm fsînâiîi vadatâiîi tadâ

dêvadunduhhinirghôsah puspavarsô mahân abhût.

Le génitif dépend de -nirghôçah, ainsi que l'indique le com- mentaire (vadatâm, çabda âsùî, iti çêsali).

1. Les constructions de ce genre sont, comme on sait, fort communes {patytir vaéanakôpitâ, aréâvyayrô DMirjafêJi, — hastabhrastô raksinâm, — hhrâtuh, patnyavamantâ, Bharatasya sainyarêimli, balajnô Râmasya, Agautya- syâçramasamlpê, etc.).

2. çrêntham, que donne le texte, est certainement fautif.

�� � 294 ' DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

b. Parfois un génitif, possessif ou autre, se trouve résumé à nouveau dans le pronom tad- qui entre en composition avec le mot régissant. C'est là, le plus souvent, une simple superfétation qui n'autorise pas en elle-même à conclure au génitif absolu.

Ind. Spr. n'^OéSi;

âdêyasya pradêyasya katiavyasya ca karmai}a^ ksipram. akriyamânasya Tcâlah pibati tadrasam.

Chrest. Benf. p. 120, 1.2:

êvaih tasya râjakriyâyâm vartamânasya tê simhâdayô mrgân vyâpâdya tsApurataJi ptaksipanti.

Cf. Kath. 60, 124. Bhâg. Pur. V 10, 1. VII 13, 18.

e. Quelques cas obliques de différents substantifs sont employés continuellement à la manière d'adverbes jetés incidemment dans la phrase: ainsi pathi «en route», yudhi «dans la bataille», vêgàt «im- pétueusement». On pourra se demander, le cas échéant, s'il faut restituer à ces mots la valeur de substantifs proprement dits pour avoir un terme auquel rattacher le génitif, — ou considérer ce dernier comme absolu.

Pttr. 127, 5:

athâdhvani têsârîi panéânâm api pallîpuramadhyê vrajatâm dhvâhksâh kathayitum âf-abdhâli: ifêrê Kirâtâ, dhâvata-dhâvata! sapâdalaksadhaninô yânti; étân nihatya dhanam nayatah

Ici le génitif est probablement indépendant de adhvani, et par conséquent absolu. En revanche, dans les deux exemples ci-après, où la question se pose en somme dans les mêmes termes, le génitif est sûrement régi par mahâhavé et par végéna. MBh. IX 530:

tasmin vilulitê sainyê vadhyamânê parasparani,

dravamânêsu yôdhêsu, ninadatsu ca dantisu,

kûjatâm stanatâjà éaiva padâtînâiîi mahâhavé,

vidrutêsu, maharaja, hayêsu bahudhâ tadâ . . .

. . . Pândavâs tâvakam sainyam vyadhamanta çitaili çaraih.

«dans la mêlée des fantassins bruissants».

MBh. 15886 (Cf. III 16342):

gaééhatas tasya vêgêna Târksyamârutararîihasah Bhîmasya Pânduputrânâm mûréchêva samajâyata. «par suite de la vitesse de Bhima>.

��1. Cf. la note de BOhtlingk au n» 5370.

�� � SECTION II. 295

Z. Autre tour de phrase qui prête à l'équivoque. H peut se définir ainsi: le mot duquel dépend le participe au génitif se trouve sous-entendu (à l'accusatif) comme régime de ce participe. Hariv.786:

açvam pracârayâm âsa vâjimêdhâya dîksitah.

fasya càrayatah sô 'çvah samudrê pûrvadaksinê

vêlâsamîpê 'pahrtô bhûmim caiva pravêçitaJi.

«equus illius circumagentis (scil. equum) raptus est.»

Mark. Pur. 7,60:

hruvann êvam yayan çîghratn âkarsan dayitâm karê. karsatas iâm tatô bhâryâtn sukumârtm çramâlurâm sahasâ dandakâsthêna tâdayâm âsa Kaiiçikah.

MBh. VI4536:

ias^&tha kurvatah karma mahat samkhyê mahibhrtaji, pûjayâm cakrirê hrstâ]^ pfaçaçamsuç ca Phâlgunim.

Bhâg; Pur. I 10, 31 :

êvamvidhâ gadantînâm sa girafi purayôsitâm

nirîksanênâbhinandan sasmitêna yayau Harih. Cf. encore MBh. I 8233; Ràm. VI 113, 12; Bhâg. Pur. III 16, 1; IV 11, 3; VII 1.5, 34. Sans confusion possible avec le génitif absolu: MBh. III 10723; Bhâg. Pur. Vil 13, 2.5.

Il est à noter que le terme auquel se rapporte le participe au génitif est le plus souvent parfaitement déterminé et connu, ainsi sô 'çvah, le cheval dont il vient d'être question, tâm hhâryâm, sa femme, etc. Aussi l'addition du génitif semble-t-elle superflue, et la dureté de la construction s'accroît-elle d'autant.

Pourtant on devine sans peine d'où vient que l'usage réserve cette formule précisément pour cette sorte de cas. Elle n'est autre chose qu'un artifice de syntaxe assez maladroit pour arriver à énoncer un fait accessoire ou un supplément de désignation sans le secours de la proposition relative. La proposition relative, en efiet, contient toujours en sanscrit une donnée importante, et modifie foncièrement la portée de la proposition principale. Le cheval sacré qu'il promenait, sa femme qu'il entraînait, pourront rarement se rendre au moyen du pronom ya. La langue dispose en revanche de deux constructions participiales: celle que fournit l'emploi du passif et celle qui nous occupe en ce moment:

��têna éâryamanah \ . , „ , , . ,

JA / 7 ■ \ ^^ Ç^o pahrtah.

tasya càrayatah J » -^ o .

» • ^ • 1 tâih hhâryâm atâdauat.

tasya karsatas J • -^

�� � 296 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Ces deux tours paraissent être entrés dans un rapport mutuel d'équivalence qui aboutit à certaines applications fort bizarres, témoin les exemples ci-dessous. On y voit la première construction remplacée par la seconde, bien que le génitif ne s'y puisse justifier par aucune relation de dépendance, si ce n'est celle, toute fictive, qui s'établit, du fait même de l'action, entre un sujet et un objet quelconques. Kath. 69, 153:

ksaiiâd ca nadyâh Tcasyâçdit hhagau tau ttram â2)atuh tnuninâdhyâsitam kênâpy arcâvyagrêna Dhûrjafêh. tatra vyâdhêna kênâpi yântau tau saha danipatî hatâv êkêna yugapac charêija bhuvi pètatuh. âtapatrâmhujam tac ca tadîyam apatat tadâ munêr arcayatas tasya Çivalingasya mûrdhani.

«et le lotus qui leur servait de parasol (çl. 150) vint tomber à l'extrémité du lingam de Çiva qu'adorait le muni.* (= muninârdyamânasya ÇivaliAgasya),

Chrest. Bôhtl. p. 64, v. 118:

yasminn êva phalê Nâgas, tam êvâbhaksayat svayam. tatô bhaksayatas tasya phalât krmir abhûd anuh.

bhaksayatas lasya phalfit = phalât têna bhaksyamânât.

Tous les exemples équivoques précités se sont résolus après examen en génitifs dépendants d'un nom. Les génitifs qui se rat- tachent au verbe peuvent engendrer aussi des ambiguïtés pareilles.

Pour prononcer sur ces cas en connaissance de cause, il faudrait savoir exactement quels sont les verbes qui comportent un régime direct ou indirect au génitif, ou encore jusqu'à quelle nuance pré- cise ils l'admettent. C'est ainsi que tout un groupe d'exemples, et l'un des plus nombreux, pour être classé avec certitude, demanderait une étude spéciale des constructions permises avec le verbe âyâti et ses synonymes. Les phrases dont il s'agit répondent en général au modèle: tê§âm samjalpatâm âyaijau Dêvadatiah. La difficulté est de savoir si l'on a le droit de considérer un tel génitif comme une sorte de régime indirect du verbe âyâii. On devra tenir compte de la nature particulière de chaque cas. Aussi une partie des types de ce genre ont-ils été incorporés à la liste des génitifs absolus, tandis que la plupart sont relégués dans la section III comme ren- fermant une autre espèce de génitif.

Dans le même ordre, il est bon de constater, pour ne s'y point méprendre, certain abus de la langue qui consiste à s'emparer d'une

�� � SECTION II. 297

construction commode, propre à un verbe donné, pour l'étendre à

ses synonymes^.

Ainsi, en analogie de nméyatê «éqhapper à, se débarrasser de»

qui prend assez fréquemment le génitif, on trouve Râm. V79, 3:

na hi nô jîvatâiïi gaéchêj jivan sa vanagôcarajjt,.

(Cf. MBh. VII 1790: na mê jîvan jîvatô yudhi môksyasê.)

hrsyatê, s'assimilant à tusyati, est accompagné du génitif:

êvam tu bruvatâiâ têsâm Ahgadah samahrsyata.

Râm. V 64, 23.

A l'exemple de prâdur asti, âvir hhavati, etc., les verbes drçyatê, pratidrçyatê «apparaître» peuvent, à l'occasion, régir le génitif. J'ai néanmoins considéré ce dernier comme absolu dans plusieurs phrases qu'on trouvera plus loin, parce qu'il ressort du contexte que l'ap- jmrition en question ne concerne pas uniquement et directement la personne au génitif.

Il faut être attentif enfin aux corruptions fréquentes du texte. Grâce à la structure particulière de la phrase indienne et au style lâche de l'épopée, la perte d'un hémistiche peut à tout bout de champ transformer en génitif absolu le premier génitif venu. On lit dans le Râmâyana de Gorresio (III 7, 24):

tasyaivam bruvatô dhrsfa)7t Virâdhasya manasvint Sitâ prâvêpata trusta pravâtê kadalî yathâ.

Or, entre ces deux hémistiches, l'édition de Calcutta (III 2,15) en possède un troisième, lequel écarte péremptoirement toute con- struction absolue:

, . çrutvâ sagarvitaih vàkyani sainbhrântâ Janahâtmajâ . .

Ajoutons que, dans l'espèce, le génitif, même en suivant la leçon de Gorresio, dépendait presque sûrement de prâ-vêpata.

Une dernière remarque. Le duel confondant dans une même forme le génitif et le locatif, ce nombre se trouve placé d'emblée en dehors de notre recherche. La distinction des deux cas ne serait possible que si l'on se trouvait avoir affaire aux pronoms nau et vâm, ou à un participe au duel s'accordant avec deux substantifs différents au singulier.

1. Ce fait d'analogie syntaxique n'est étranger à aucun idiome. Il suffit de rappeler le français populaire se rappeler de, provoqué ])ar le synonyme se souvenir de; le parisianisme partir à Londres, calqué sur aller à Londres.

�� � 298 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

§ 8. Enumération des exemples.

Les citations sont classées, suivant un ordre lexicographique, d'après le verbe du génitif absolu. Les verbes sont autant que possible groupés par synonymes.

Cet ordre aura, entre autres avantages, celui de mettre en évidence le for- mulisme assez développé signalé au § 3. En outre, c'est forcément du verbe et de sa signification que dépend, en une certaine mesure, le genre d'emploi syn- taxique du cas absolu: les génitifs absolus renfermant tel verbe auront habituel- lement tel rôle logique dans la phrase. Ainsi toute la première série [penser, dire, séjourner, etc.) qui finit à l'article hrôçati, se compose en majeure partie d'exemples du groupe A (voy. p. 278). A partir de là, au contraire, on ne ren- contre plus guère que des représentants du groupe B.

I. IiO prédicat est un participe présent. Verbe Cintayati.

1. - Pttr. Koseg. 34, 16 (40, 3. Cale):

ity êvaiîi éintayatas tasya [Asâdhabhûtêh], Dêvaçarmanô 'pi çisya- putra^ kaçéid grâmâd âmantranârtharh samâyâtah.

2. — (?). Chrest. Benf. p. 116, 1. 5 (Pttr.):

êvaiTi éintayatas ta.sya, çaçdkô mandam-mandmn gatvâ pranamya ta- syâgrê sthitah.

3. — MBh. VI 2580. Kfsna pense qu'il est temps d'arrêter l'assaut victorieux de Bhisma.

tathâ éintayatas tasya, hhûya êva pitâmahah

prêsayâm âsa samkruddhah çarân Pârtharatham prati.

4. — Kath. 118, 168:

iti éintayatas tasya râjnah, sa Daityàkanyàkâ jyêsthârcayitvâ Trailôkyaprahhâ Vahnim vyajijnapat.

5. — Ibid. 121, 135:

êvam ïhinthâkarâlasya tasya éintayatô hfdi,

nrttântê châgabhandasya Çakrah sthânam nyavartata.

6. — Mark. Pur. 70, 27:

êvam éintayatas tasya, punar apy âha râksasah pranâmanamrô râjânam baddhânjalipiifô, munê. (tasya — râjnal)). 11 serait peu plausible de faire dépendre le génitif de -namvah.

7. — Bhâg. Pur. VI 7, 16:

êvarâ éintayatas tasya Maghônô, bhagavàn grhât Brhaspatir gatô 'drçyâw gatim adhyâfmamâyayâ. g^hât, comme l'indique le contexte, équivaut à svagrhât, et ne régit donc nullement les mots au génitif.

�� � SECTION II. 299

8. — Kath. 18, 356. Cité p. 279.

On ose à peine ranger au nombre des génitifs absolus les phrases informes dont voici quelques échantillons. Les compositeurs de Purânas éprouvent une grande satisfaction, notamment dans les morceaux de spéculation métaphysique, à répéter à tort et à travers la formule êvam éintayafas tasya, sans savoir eux-mêmes comment la phrase se terminera. De là des monstruosités:

Mark. Pur. 47, 14:

hhûrâdyâiîiç cattirô lôkân pûrvavat samaTcalpayat. srstiiîi cintayatas tasya, kalpâdisu yathù purâ, ahuddhipûrvakas lasmât prâdur bhûtas tamômayah etc.

Hariv. 11428:

tatô mahâtmâtihalô niatim lôkasya sarjanê nwhatâm pancahhùtânâm liçvabhûtô vyacintayat. tasya éintayatas latra tapasâ bhâvitâtmanah nirâkâçê tôyaninyê sûhsmê jagati gahvarê îsat sainksôbhayihn usa sô 'rnavam salilê sthitah.

Cf. Mark. Pur. 49, 3 (avec srjati pour verbe):

Brahinanah sfjatah pûrvam satyàbhidhyàyinas tathâ mithunânâfh sahasram tu mukhât sô 'thâsrjan, munê.

Yerbe Tarkayatl.

9. - MBh. Iir 1723:

tasmin rathé sthitam sûtam taptahêmavibhûsitam d^sfvâ Pârthô mahâbâhur dêvam êvânvatarkayat. talhâ taïkayatas lasya Phâlgunasyâ^/îo Mâtalih samnatah praçritô bhûtrâ vâkyam Arjunam abravit^.

Verbe Dhyâyati.

10. — Râm. VI 80, 36. Cité p. 285.

àbhi-dhyâyati.

On ne peut mentionner que sous toutes réserves Mark. Pur. 47,25, d'abord à cause du caractère général de tout ce passage, ensuite à cause du voisinage de prâdur babhati qui, selon le sens cpi'on lui donnera, pourrait régir le participe.

��1. Il est difficile de décider si le génitif ne dépend point de samnatah, ou de praçritah. — Dans son écrit De genetivi in Ungua sanscrita . . . usu, p. 53, M. Siecke mentionne ce passage à propos des verbes qui régissent le génitif. A notre étonnement, il fait de tasya le régime de tarhayatas, en le rapportant, comme on voit, à Mâtali (tcogitare de-»). Cette interprétation n'atteint en rien la construction absolue, mais de toute façon elle nous semble inadmissible.

�� � 300 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Verbe Mîmâmsati.

11. - Bhâg. Pur. m 13, 23:

iti mîmâmsatas tasya Brahmanah saha sûnubhili, bhagavân yajnapurusô jagarjâgêndrasamnihhah.

Verbe Kathayati.

12. — MBh. XIV 2880:

lathâ kathayatâm têsâm, dêvarâjaT), Puramdarah vavarsa sumahâtêjâ drsfvâ tasija tapôbalam.

13. — Râm. III 23, 4:

kathàh kathayatas tasya saha bhrâlrâ mahâtmanah, grdhrarûjalj, samâgamya Râghavam vâkyam ahravU.

14. — MBh. XIII 4002. Cité p. 274.

Verbe Jalpati.

15. — Pttr. 175:

athaivaiîi jalpatâm têsâiîi, Citrângô nâma harinô lubdhakatrâsitas tas- minn êva sarasi pravisfah.

16. - (Génitif possessif?). MBh. VIII 3251:

abhavad vyâkulam bhîtam putrânâm tê mahad baîam, «tistha-tisfhê» 'ti ca tatah Sûtaputrasya jalpatah, nâvatisfliati sa sênâ vadhyamânâ mahâtmabhih.

17. — Kath. 26, 19. Un brahmane fait un voyage sur mer avec Satyavrata, roi d'une tribu de Dâças. A la vue d'un figuier merveilleux qui émerge de la surface des eaux, celui-ci reconnaît que la barque court vers un tourbillon où elle ne tardera pas à s'engloutir. Il fait part à son compagnon du dernier moyen de salut qui lui reste:

itad yâvad dhârayâmy êtad ahaih pravahanam manâk, tâvad asyâvalambêthâfi çâkhâm vafatarôr drutam . . .» ... iti Satyavratasyâsya dhîrasatlvasya jalpatah, babhûva nikafê tasya tarôh pravahanam tatah.

18. — Ibid. 26, 231. Au moment où Jâlapâda et son disciple Dêvadatta se préparent à un repas mystérieux qui les transformera en Vidyâdharas, le premier trouve un prétexte pour éloigner son associé et le frustrer de sa part.

. . . tâvan mâmsam açêsam tad vratinâ têna bhaksitam. tkatham sarvam tvayâ bhuktam?-» iti éàtrâsya jalpatah, jihmô, Vidyâdharô bhûtvû, Jâlapâdah khatn tidyayau.

�� � SECTION II. 301

/

19. — Parîdadandaéhattraprabandha, p. 46 {Ahhandlungen der Kgl. Akad. der Wissenscliaften zu Berlin, 1877): Le roi-sorcier Vikra- mâditya s'est métamorphosé en habitant de Gauda contrefait et misérable. Sous cette forme il épouse la fille d'une bayadère. Ceux qui assistent à la cérémonie plaignent le sort de cette malheureuse, lorsque^ à la voix de son grand trésorier, le roi se révèle sous son véritable aspect.

lôkaiç cintitam: •s.êsâ varâkî kini karhim uâyatâ, athâhhâginyâli putrî êsâpy ahhâginy êvâ?» iti lôkànàm jalpatàm, vyayakaranakêna Gaudika uktah: *dêva Vikramdditya ! nijarûpam vrakâçaya!»

��sam-jaîpati.

20. — Râm. VI 72, 42:

têsàrîi samjalpatàm êvam, açôkavanikâgatâm abhidtidrâva Vaidêhîm Râvanah krôdhamûrcchitah.

21. — MBh. VII660: Yudhisthira est sur le point de tomber au pouvoir de Drôna victorieux. Les Kurus se félicitent entre eux, quand arrive Arjuna. SafiEijaya, racontant la scène à Dhftarâstra, dit:

êvam samjalpalàm têsâm tâvakânâm, mahârathah àyâj javêna Kauntéyô rathaghôsêna nâdayan, çô^itôdâm rathâvartâm krtvâ viçasanê nadîm.

��Verbe Bravîti.

22. — MBh. II 1580:

«... kruddhâd vâpi prasannâd va km mê tvattô bhavisyati ^» ' tathâ bruvata êvâsya, bhagavân Madhusûdanah manasâcintayac cakram dai'yagarvanisûdanam.

23. — Ibid. III 373:

<i. . .kuru mê vacanaifi, râjan, ma manyuvaçam anvagâh.» êvarn tu bruvalî^s tasya Maitrêyasya, viçâmpatê, ûrum gajakarâkâram karêrkâbhijaghâna sajf, Duryôdhanalf,, smitam krtvâ, éaranênôlUkhan mahîm.

24. — Ibid. m 12562:

tathaiva bruvatas tasya, pratyadrçyata Kêçavah Çaivyasiigrïvayuktêna rathêna rathinâm varah. tasya désigne un brahmane qui annonçait aux Pàn<Jus la venue prochaine de Kj-sna.

25. — Râm. VI 100, 10. Cité p. 288.

�� � 302 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

brûtê.

26. — Râm. I 32, 9:

Râmasyaivarîi bruvànasya tvaritasya yuyutsayâ, prajajvâla tadâ vêdih sôpâdhyâyapurôhitâ. Commentaire (éd. Gale. I 30, 8): idaiîi jvalanam ràksasâgamanasûéaka utpâta, ily âhuh.

27. — Râm. Cale. III 68, 17 (Cf. III 73, 22 Gorr.):

  • putrô Viçravasah sâksâd, bhrâtâ Vaiçravariasya éa . . .»

iti uktvâ durlabhân prânân mumôca patagêçvarah. «■hrûhi-hrûhîh 'ti Ràmasya bruvànasya kj-tùnjalêh tyaktvâ çariram grdhrasya prânâ jagmur vihâyasam.

Verbe Sam-Bliâsatê.

28. — MBh. m 16731:

êvam sambhâsamânâyâh Sâvitryâ bhôjanam prati, skandhê paraçum âdâya Satyavân prasthitô vanam.

29. — Râm. V 89, 52:

têsâiî! saiîibhâsamânânâm anyô'nyaiîi, sa Vibhîsai^ah, uttaram tiram âsâdya jaladhêh, khê vyavasthita^.

Verbe Vi-Lapati.

30. — Bhâg. Pur. IX 9, 33:

êvairi karunabhâsinyâ vilapantyâ anâthavat, vyâghrah paçum ivâkhâdat Saudâsah çâpamôhitah. Le régime, savoir brâhmariam, est sous-entendu.

31. — MBh. I 7049. Cité p. 285. -

lâlapyati.

32. — MBh. T 968 (Chrest. Bôhtl. p. 48): êvam lâlapyatas tasya bhâryârthê duhkhitasya ha, dêvadûtas tadâbhyêtya vâkyam âha Rurum vanê.

Verbe Vadatl.

33. — Pttr. 131:

êvam vadatas tasya, sa lubdhakas tatra vaiatala âgatya, jâlaiti pra- sârya, sinduvârasadrçâms ta^çlulân praksipya, nâtidûraih gatvâ nibhrtah sthitah.

34. — MBh. III 15434:

ity êvaiîi vadatas tasya tadâ Durvâsasô munêh, dêvadûtô vimânêna Mugdalaih pratyupasthitah.

�� � SECTION II. 303

35. — Râm. Cale. I 56, 25 (ibid. Schleg.). Il s'agit des disciples de Vasistha, des gazelles et des oiseaux de son ermitage, que les armes divines de Viçvâmitra ont mis en fuite:

vidravanti hhayâd hhitâ nânâdighhyah sahasraçah. Vasisthasyâçramapadam çûnyam âsîn muhâtmanah ; muhûrtam iva nihçahdam âsîd îrmasamnibhnm vadatô vai Vasisthasya «ma bhair!» iti mtthurmuhuh tnâçayâtny adya Gâdhêyam nîhâram iva hhâskarahi . êram uktvâ etc. . . . Commentaire: vadatô vai, vadatô 'pîly aithah | tâdfçasyâpi Vasisthasya vaéauam anàdj-lya dudiuvur, ity arlhah.

36. - Bhâg. Pur. IV 2, 33:

tasyaivam vadatah çâpam Bhfgôh, sa bhagavân Bhavah niçcakrâma tatah himcid vimanà iva sânugaJjj,.

37 - 39. — Râm. IV 9, 91 (cité p. 285). Râm. V 25, 54 (p. 288). MBh. VII 4860 (p. 285).

40. — Pttr. Koseg. 242, 9 (303 Cale, avec la leçon pra-vadatah):

tatô drutataram gatvâ tant avôcata: «.bhô ko bhavân? kim êvaiti çirasi bkramatâ cakrêna tisthasi ?...-» êvam tasya Vdi-àaidiS taé éakraih tatksanâd êva tanmastakâd brâhmanaçirasi samârurôha.

tasya et brâhmana- dans brâhmanaçirasi se rapportent à une même per- sonne. La construction est bizarre, mais elle le serait plus encore, si l'on n'ad- mettait pas le génitif absolu.

pra-vadati.

41. — Pttr. 180:

êvarri tasya pravadata, âkarnapûritaçarâsanô lubâhakô 'py upâgatah. Ce génitif ne dépend point de upâgatafi, car tasya désigne la tortue, et c'est la gazelle que le chasseur poursuit.

Yerbe Tisthati.

42. — MBh. 1X3051:

tathâ tu tisthatâm tésâm, Nnradô bhagavân rsih âjagâmâiha tam dêçam yatra Râmô vyavasthitajji.

Yerbe Yasati.

43. - Râm. I 1, 42:

vasatas lasya Râmasya vanê vanaéaraih saha, rsayô 'bhyâgaman sarvê vadhâyâsurarukmsâm Râmam kamalapatrâksam çarat}yaih çarartaiginah.

�� � 304 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

44. — Hariv. 7000. Douteux; cf. p. 296, vasatas tasya Krsnasya sadârasyâmitaujasah sukhâsînasya Rukminyâ, Nâradô 'bhyâgamat tata^.

— MBh. IX 2796:

asmin khalu, mahâbhâgé, çuhhê tîrthavarê, 'naghê, tyaktvâ saptarsayô jagmur Himavantam Arundhatim. tatas tè vai mahâhhâgâ gatvâ tatra susamçitâh rrUyartharn phalamûlâni samâhariiiih yayuh kila. têsârh vj-ltyarthinâm tatra vasalâm Himavadvanê anâvisfir anuprâptâ tadâ dvâdaçavârsikî. tê krtvâ câçfamam tatra nyavasanta tapasvinah. ^

loi le génitif dépend, comme dans d'autres exemples réservés pour la section III, des mots anâvrçtir anuprâptâ. Aussi ce passage n'aurait-il pas été mentionné, si divers indices ne semblaient établir que l'ordre des hémistiches y est interverti. Je ne puis entrer ici dans une discussion détaillée; je me contente de suggérer la trans- position suivante, par laquelle nous obtiendrions un véritable génitif absolu :

(1 çlôka perdu.)

tê krtvâ câçramaih tatra nyavasanta tapasvinah. asmin khalu, mahâbhâgê, çuhhê tîrthavarê, 'naghê, anâvrsfir anuprâptâ tadâ dvâdaçavârsikî. tatas tê vai mahâhhâgâ, gatvâ, tatra susamçitâh tyaktvâ saptarsayô jagmur Himavantam Arundhatim. vrttyartharh phalamûlâni samâharturn yayuh kiîa. têsâm vfttyarthinârii tatra vasatârfi Himavadvanê, Arundhaty api kalyâni tapônityâbhavat tadâ.

ni-vasati.

45. — MBh. 13731:

tatrâvasan hahûn kâlân Bhâratâ durgam âçritâh. têsârîi nivasatâm tatra sahasraiîi parivatsarân, athâbhyagaééhad Bhâratân Vasisfhô, bhagavân rsih.

Verbe Karôti.

46. — Mark. Pur. 21, 48:

kurvatô marna raksâiîi ca munînâm dharmaéârinâm, vighnârtham âgatah ko 'pi saukaram rûpam âsthitah. maya sa viddhô bânêna, etc. Comme vighna marque spécialement le fait de troubler les cérémonies du

culte, le génitif kurvatô marna ne saurait être régi ni par vighnârtham ni par

âgaialt,.

�� � SECTION II. . 305

47. — Ibid. l30, 19:

tasyaivam kurvatô râjyam samyak pâlayatah prajâ]^, tapasvî haçcid ahhyêtya tam âha, munisattama: €pitur tnâtâ tavâhêdam, etc. . . »

48. — MBh. m 10934:

piirâ Krtayugê, tâta, vartamânê bhayamTcarê,

Yamatvam kârayâm âsa Adîdêvah purâtanah.

Yamatvarîi kurvatas tasya Dêvadêvasya dhîinatah,

na tatra mriyatê Jcaçcij jâyatê va tathâcyuta.

vardhantê paksisamghâç ca, taihâ paçugavêdakam,

gavâçvarn ca mrgâç caiva, sarvê tê piçitâçanâli,

tathâ, purusaçârdûla, mânusâç 6a, paramtapa,

sahasraçô hy ayutaçô vardhantê salilam yathâ. On ne comprend pas bien cette prodigieuse multiplication des espèces, puisqu'il est dit que la mort et la reproduction avaient également cessé. Sans que pour cela le génitif absolu soit douteux, il semble que les mots dont il est suivi aient subi quelque altération '.

49. — Pancadandachattraprabandha, p. 52:

ariuvarô 'pi tasminn avasarê tésâm kalaham kurvatâiîi çûnyagrhê sar- vaih rasavatyâdi bJiuktm râjnali samipam âgatyôpavisfah. Weber: «Bei der Gelegenheit, wàhrend sie so zankten und das Haus leer war, verzehrte auch der Bràutigamsfiihrer (?) die ganze Kûche, etc., ging dann wieder zum Kônig und setzte sich.»

Verbe Fâlayati.

50. — Bhâg. Pur. I, 17, 45:

itthambhûtânubhâvô 'yam Abhimanyusutô nrpah, yasya pâlayatah kçaunîm yûyam sattrâya dîksitâ]^.

Cf. le n^ 47.

Yerbe Gaccliati.

51. — Hitôp. p. 46, 1. 17:

tatô gaééhatas tasya Sudurganâmni parvatê mahâranyê Samjivakô hhagnajânur nipatitah.

On lit dans le récit correspondant du Katbâsaritsâgara (60, 12—13):

tasyaikadâ banijyârtham gaééhatô Mathurâm purim bhâravô^hâ dhuram karsan bharêm yugabhangatalt,

��1. Lire par exemple: jâyatê éa tathâpy uta, jâyatê éa prajâpy uta? — Plus loin, peut-être pannagaçârdûld(h) au lieu de purusaçârdûla.

de Saussure, Oeuvres. 20

�� � 306 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

giriprasravanôdbhûtakardamê skhalitafi pathi Samjîvakâkhyô vrsahhaJi papâtângair viéûrnitaih.

Ici le génitif s'accorde sans difficulté avec vrsabhah.

Verbe' Caratl.

52. — Hariv. 1221:

têsâm tatra vihaiîigânâm éaratâih sahacârinâm, Nipânâm içvarô râjâ Vibhrâjali Pauravânvayah . . . . çrîmân antajjtpuravrtô vanain tat pravivêça ha.

vi-éarati.

53. — MBh. I 5248:

atha Drônâbhi/anujnâtâfi kadâcit Kurupâ^davâh rathair viniryayuh sarvê mrgayâm, arimardana. tatrôpakaramm grhya naraljb kaçcid yadrcéhayâ râjann, anujagâtnai'cah çvânatn âdâya Pân^avân; têsàm viéaratàm tatra tattatkarmaéikîrsayâ, çvâ caran sa vanê gûdhô Nai^âdim prati jagmivân. Le Naisâdi Êkalavya est un personnage qui vit retiré dans la forêt et dont il a été question précédemment.

(Verbe Pra-Viçati.)

Kath. 38, 137 et 142. Le roi Vikramâditya, de Pâtaliputra, a juré qu'il vaincrait et abaisserait à ce point Narasimha, roi de Pratisthâna, que ce dernier lui serait annoncé en humble serviteur à sa porte (yathâ sa vandimâgadhair dvâri sêvakô me nivêdyatê). Dés- espérant bientôt d'y réussir par la force des armes, et voulant ce- pendant s'acquitter de son vœu, il se rend incognito à Pratisthâna, se met dans les bonnes grâces de la courtisane Madanamâlâ, et con- certe avec elle la ruse indiquée dans ce qu'on va lire:

. . . ganikâiha svân âhûyôvâca vandinah:

  • Narasinihô yadâ râjâ grham êsyati mê, tadâ

dvârasamnihitair bhâvyam bhavadbhir dattadrstibhih: tdêva! bhaktô 'nuraktaç éa Narasimhanrpas tvayil-» iti vâcyam éa yusmâbhis tasya praviçatô muhtifi . .»

Au vers 142:

Narasimhanrpô hitvâpy^ âgâd drastwh sa tadgrham.

pratîhài'ânisiddhasya tasya praviçatô 'tra éa

â vahirdvâratas tarant ûéuh sarvê 'pi vandinajjt,:

€ Narasimha nrpô, dêva, pramtô, bhaktimâm> iti.

taé éa çrnvan sa sâmarsah saçaitkaç câbhavan nrpaji, etc.

1. hitvâpi, parce que Narasirnha avait interrompu ses relations avec Mada- namâlâ.

�� � SECTION H. 307

Le tour absolu semble si certain dans les deux exemples, pré- cités que nous ne pouvions nous dispenser de les mentionner à cette place, quitte à présenter ensuite nos observations.

Le génitif, inutile de le dire, n'est point régime de vaé, mais on peut supposer qu'il a été amené indirectement par la présence de ce verbe. Un autre cas tout semblable est consigné ci-après sous vrajati.

Il arrive en effet parfois, quand l'action verbale est de celles qui appellent deux compléments différents, de voir donner à l'un la construction propre à l'autre; véritable quiproquo, qui n'est guère possible, du reste, qu'au cas où le second complément est absent de la phrase. Ainsi on trouve: prâninâm hanyamânânâm . . . Jcôpitê§u mahâtmasu (Bhâg. Pur. III 14, 39), littéralement «irrités contre les êtres tués» pour «irrités au sujet ou à la vue des êtres tués». Par réminiscence de amitrâd bhêtuni, maranâd bhêtum, «avoir peur de l'en- nemi, de la mort», on a dit jîviiâd bhêtum, «avoir peur pour sa vie» (Râm. VI 1, 28). C'est peut-être au même phénomène, dont nous verrons encore un exemple intéressant dans la section III, qu'il faut attribuer RV. VIII 1,5: para çuïkâya dêyâm na sahasrdya (pour çul- kêna, par attraction de putrâya dadâmif-.

Dans la phrase qui nous occupe, il est bien vraisemblable qu'une inadvertance de même genre a fait employer le génitif, c'est-à-dire la construction la plus courante avec le verbe vaô, quand même l'idée à exprimer n'était pas «dire à quelqu'un», mais «dire devant quelqu'un (à un tiers) »^.

(Verbe Vrajati.)

Pttr. 127,5. En citant ce passage à la page 294, après avoir écarté la possibilité d'un lien avec adhvani, nous avons considéré le génitif tê$âm vrajatâm comme absolu, afin de ne point compliquer la question. Mais il suffit de se reporter à la page indiquée pour voir que le cas est de tous points semblable à celui qui vient d'être traité sous praviçati, et qu'il suggère les mêmes remarques.

��1. Il y a quelque analogie entre ces faits et la confusion populaire des expressions françaises commencer par, commencer à.

2. Dire de quelqu'un se trouve même rendu par le génitif, grâce sans doute au même lapsus syntaxique (Râm. IV 58, 13. Kath. 49, 221. Bhâg. Pur. V U, 41. V 15, 7. V 26, 3).

20*

�� � 308 DE l'emploi do génitif absolu en sanscrit. *

Verbe Jnhôti.

Râm. VI 19, 40 et 52, 21. Douteux.

(19, 40) juhvatas tasya tatrâgnau raktôsnisâmharasraja^ âjahrus tatra saihhhrântâ râksasâ yatra Râvanih çastrâtii çitadhârâni samidhô Hha vibhîtakân, etc.

(52, 21) juhvatas tasya tatrâgniih raktôsnîsadharâs trayah âjagmur atha sambhrântâ râksasâ yatra Râvanih çastrârii, etc.

Il faut lire probablement aux deux endroits:

juhvatas tasya tatrâgniih raktôsnîsâmbarasrajah âjahrus tatra sambhârân râksasâ yatra liâvanih, çastrâi[ii, etc.

Vu les mots yatra Râvanih, le génitif est peut-être absolu.

Yerbe Tapasyati.

54. — Kath. 28, 27:

âsît ko 'pi purâ kânté kutrâpy upavanê yatih anujâhnavi * vairâgyanihçêsanikasêédhayâ. tapasyataç ca ko 'py asya râjâ tatraiva daivatah vihartum âgatah sâkam avarôdhavadhûjanaih.

Verbe Tajati.

On pourrait facilement réunir dans cet article des exemples nombreux, mais qui n'inspirent qu'une confiance limitée. Différentes formules, appartenant notamment au cycle des gâthâs, renfermaient yajatafy ou yajamânasya. Ces tours de phrase, insérés ensuite avec plus ou moins de bonheur dans un texte, donnent naissance çà et là à des génitifs absolus d'un genre douteux. MBh. III 8390 :

api éâtra, maharaja, svayam Viçvâvasur jagau imam çlôkam tadâ, vîra, prêksya dïksâm mahâtmanah: «yajamânasya val dêvân Jamadagnêr mahâtmanah, âgamya saritô viprân madhunâ samatarpayan.»

Ibid. IX 2192:

yajatas tasya sattrêna sarvakâmasamfddhinâ, manasâ cintitâ hy arthâ dharmârthakuçalais tadâ upatisthantî, râjêndra, dvijâtîms tatra tatra ha.

Ibid. XII 928:

Angasya yajamânasya tadâ Visnupadô girau, amâdyad Indrah sôména, daksinâbhir dvijâtayah-

1, Si cette leçon est la vraie, anujâhnavi ne peut être qu'un adverbe tiré de Jâhnavî et formé comme anuvêdi, pratiyâmini.

�� � SECTION II. 309

Ce dernier refrain est très fréquent, et dans d'autres variantes

il ne contient plus trace de tour absolu. MBh. III 8331:

Nrgasya yajamânasya pratyaksam, iti na]^ çrutam, amâdyad Indrah sômêna, daksii}âbhir dvijâtayafi.

Une série de ces constructions mal déterminées se trouve MBh. IX 2205—2211.

Yerbe âstê.

55. — Râm. Cale. III 17, 5: tathâsînasya Ràmasya kathâsaiîisaktaéêtasah, taiïi dêçath râksasî kâcid âjagâma yadrcchayâ.

Verbe Vi-Çrâmyati.

56. — Râm. I 62, 2:

tasya viçrâmyatas taira, Çunahçêphô mahâdyutih ptiskaram Jyêsfham âgamya Viçvâmitraih dadarça ha. Variante: tasya viçramamâmsya dans l'édition de Calcutta, et dans la Chrestomathie de Bôhtlingk p. 90 (texte de Bombay).

Verbe Krôçati.

57. - MBh. m 15214:

pratyaksam tava, Gândhârê, sasainyasya, viçâmpatê, Sûtaputrô ^pâyâd bhîtô Gandharvânâm tadâ ranât, krôçatas tava, râjêndra, sasainyasya, nrpâtmaja.

58. — Ibid. VIII 2392:

tân abhidravatô drsfvâ Pândavâms tâvakam balam Duryôdhanô, maharaja, vârayâm âsa sarvaçah. yôdhâç ca svabalam caiva sanmntâd, Bharatarsabha, krôçatas tava putrasya na sma, râjan, nyavartata.

59. — MBh. XII 5630. Paroles d'Indrôta Çaunaka au roi Janaméjaya, coupable de brahmahatyâ, avant d'accueillir sa demande d'expiation.

na bhayân na 6a kârpanyân na lôbhât tvâm upâhvayê; tâih tnê daivîtn giram satyâm çrnu tvam brâhmanailji saha. 8Ô ^haih na kênaéié cârihi tvâm éa dharmâd upâhvayê krôçatàm sarvabhûtânâm «hâ-hâ dhig» iti jalpatàm. vaksyanti tnâm adharmajnath, tyaksyanti suhrdô janâ^, etc.

— MBh. VII 3747 mérite d'être noté, quoique le génitif y soit probablement apposition de naJi:

sarvakmttrasya misatô rathênaikêna damçitau bâlakrîçUinakênêva kadarihîkrtya nô balam

�� � 310 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

krôçatàm yatamânànâm asamsahtau paratntapau darçayitvâtmanô vtryam prayâtau sarvarâjasu.

60. — Bhâg. Pur. IIE 19, 35:

yô gajêndraih jhasagrastam dhyâyantaîîi caranâmbujam krôçantînàm karênûnâm krcchratô 'môcayad drutam, tain . . .ko na sêvêta ?

61-62. -MBh.X197, cité p. 282. Çiçupâlavadha 18, 64, cité p. 290. Cf. MBh. XIII 3095 (p. 289).

��vi'krôçati.

63. - MBh. Vil 6005:

vâryamânah sa Krsnêna Pârthêna 6a mahâtmanâ, . . Karnêna, Vrmsênêna, Saindhavêna tathaiva ca, vîkrôçatàm éa sainyànâm, avadhît tarh yatavratam.

Verbe Jirati.

64. — MBh. XIII 2455. Pour la question proposée cf. Manu

1X97:

^kanyâyâh prâpta^ulkâyâh çulkadah praçamam gatah, «pânigrahîtâ éânyah syâd: atra nô dharmasamçayah . . .» tân êvam bruvatah sarvân Satyavân vâkyam ahravît:

  • yatrêstatn tatra dêyâ syân, nâtra kâryâ vicâranâ;

ikurvatê jîvatô ^py êvain, mrtê naivâsti samçayah . .»

65. — Ibid. VII 4809:

katham éa mama putrânâm jîvatâm tatra, Saihjaya, Çainêyô ^hhiyayau yuddhê, tan mamâéaksva Samjaya.

66. — Râm. V 19, 29: Râghavasyâpramêyasya Laksmanasya éa jîvatah yadi Sîtâpi duljikhârttâ, kâlah sa duratikramah.

api appartient par le sens au premier hémistiche. A la place qui lui est donnée on attendrait plutôt tathâpi.

67. — Ibid. V 69, 12:

yathâhaih tasya vîrasya balâd upadhinâ hrtâ,

jîvatâm raksasâm êva, tathâ nûrhati Râghavah. Littéralement: Celte situation qui fait que je me trouve arrachée à ce héros par force et par ruse, alors que les Raksas vivent encore, Ràma ne la mérite point (ou peut-être: cette situation n'est pas digne de Ràma).

68—70. - MBh. V 374, cité p. 282. Râm. II 101, 3 (p. 286). Kath. 31, 84 (p. 286).

�� � SECTION II. 311

— (?). Kath. 113, 40:

aprâptakâtnô hy arthi mê katham yâsyati jîvatah?

Terbe Icchati.

71— 72. — MBh. II 1549, 1550, 1552; cités p. 287. MBh. V 2906 (p. 287).

aniééhatah, aniééhatâm.

73. — MBh. XIII 1056:

aniééhatas tava, vibhô, janma mrtyur anêkaçah.

74. — Bhâg. Pur. IV 30, 43:

iti Pracêtôbhir abhistutô Harili pritas taihêty âha çaranyavatsalal^. anicéhatàm yânam atrptaéaksusâm yayau svadhâmânapavargavîryaj),.

75. - Ibid. VIII 21, 14; cité p. 281.

Yerte Hasati.

76. — Kath. 61, 43 (dans les mûrkhakathâs):

tac cûrnaih tasya durbuddhêr ôsfhau çmaçrûni éâlipat; hasatas tu janasya, asya mukham dhavalatâih yayau.

Nous avons reproduit la ponctuation de Brockhaus. Ce texte nous inspire quelques doutes. L'aspect général de la phrase rappelle le vers 61, 13, où on lit:

. . . tasyâbhavan mukham tâdrg êva, sahâsasya lôkasyâsît puna}i smitam (se. mukham).

Cette ressemblance suggère la correction hasanam tu à la place de hasatas iu^. On aurait de la sorte:

hasanam tu janasya, asya mukham dhavalatâm yayau.

Littéralement: «la bouche des gens passa au rire, la sienne à la blancheur.» Quoi qu'on pense de cette conjecture, le génitif ab- solu en question est d'un genre insolite et suspect.

pra-hasati.

77. — Kath. 46, 76. Cité p. 286.

��1. Les manuscrits mettent continuellement les nasales au lieu de l'anus- vâra, et hasanantu pouvait très facilement se lire hasatastu.

�� � 312 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Yerbe Rôditi.

78. — Bhâg. Pur. III 30, 19:

êvairi Jcufumbabharanê vyâprtâtmâjitêndriya}}, mriyaU rudatâm svânâm uruvêdanayâstadhîh.

C'est le seul passage que nous ayons recueilli pour ce participe que les scholiastes de Pânini aiment à placer dans leurs exemples de génitif absolu. Notons toutefois Mark. Pur. 135, 14, où le locatif ne tient qu'au point d'anusvâra:

ihâ-hêt) Ht cêndrasênàyâm rudantyâm bâspagadgadam éakarsa kôpât^ hhadgam éa vâkyaih dêdam uvâca ha.

Verbe Çôcati.

79. — Mark. Pur. 22, 42. Cité p. 289.

anu-çôéati. — Bhâg. Pur. VI 16, l:

atha dêvarsî, râjan, saihparêtam nrpâtmajam

darçayitvèti hôvâéa jnâtînâm anuçôéatâm :

<s.jîvâtmanf paçya, bhadram tê, mâtaram pitararh éa tê, etc.»

Quoique le richi soit censé parler au mort, il est évident qu'il s'adresse en réalité à la famille qui l'entoure, de sorte que jnâtînâm anuçôéatâm dépend probablement de uvâéa.

Verbe Varsati.

80. — MBh. III 10299:

sikatâ va yathâ lôkê, yaihâ va divt târakâ^, yaihâ va varsatô dhârâ asamkhyêyâjjt, sma kênaéit: tathaiva tad asamkhyêyam dhanam yat pradadau Gayah.

Passage parallèle, Mark. Pur. 15, 71:

abbindavô yathâmbhôdhau, yaihâ va divi târakâh, yathâ va varsatô dhârâ, GaAyâyâm sikatâ yathâ.

81. — MBh. XIII 5340:

yâvadvarsasahasraih vai Jambudvîpê pravarsati, tâvatsamvatsarâ prôktâ brahmalôkê 'sya dhîmatah. îfiprmaç éaiva yâvantyô nipatanti nabhastalât varsâsu varsatas, tâvan nivasaty amaraprabhal),.

1. Lire: kôsâi.

�� � SECTION II. 313

Sur ces génitifs absolus, que je ne donne pas pour indiscutables, le lecteur voudra bien voir les remarques présentées à la page 273. — Un locatif absolu varçati se rencontre Bhâg. Pur. IX 2, 4: êkadâ prâviçad gôstham çârdûlà niçi varsati.

Verbe iksati.

82. — Bhâg; Pur. III 18, 3. Cité p. 286.

{apèksati.) — Bhâg. Pur. I 15, 50:

Draupadî éa tadâjnâya patînâm anapêksatâm Vâsudêvé hhagavati hy êkântamatir âpa tam.

Burnouf fait de patînâm anapêksatâm un génitif absolu. Voici sa traduction: «Draupadî, que ses époux avaient abandonnée, ap- prenant ces nouvelles {tad âjnâya) et fixant sa méditation sur Bha- gavat, fils de Vasudêva, obtint de même de se réunir à lui.»

C'est peut-être pécher par excès de prudence, mais la netteté même avec laquelle ce génitif absolu coupe la phrase, n'étant pas justifiée par un usage fréquent de apéksant- en de telles formules, nous paraît quelque peu suspecte. Il n'est pas ordinaire non plus que le génitif absolu marque îe motif de l'action (v. p. 288 seq.). C'est pourquoi nous voudrions voir dans anapêksatâm un substantif, sy- nonyme de anapêkçâm, dérivé de l'adjectif anapêksa: «Draupadî, reconnaissant alors l'indififérence de ses époux, etc. . .»

nir-îk?ati.

83. — Bhâg. Pur. m 21, 34: nirîksatas tasya yayau.

84. — Mark. Pur. 125, 26:

nâham ètâm grahîsyâmî na éânyâm yôsitam, nrpa, parair yasyà nirîksantyâh samgrâmê ^ham parâjitalj,.

prêksati.

85. — MBh. I 5968:

àham ênaih hanisyâmi prêksanlyâs tê, sumadhyamê.

86. — Ibid. VII 3318:

vyasuç éâpy apatad bhûmau prêksatâm sarvadhanvinâm.

�� � 314 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

87--93: MBh. I 148 : prêksatâm sarvarâjnâmf

III 581 : pancânâm Pânçtuputrâttâin prêksatâm. III 14390 : mâtriiâih prêksatînâm. VIII S5399 : prêksatô marna. IX 3266 : prêksatô Bhtmasênasya.

XV 483. Cité p. 286.

XVI 239 : prêksatah . . . Pârthasija.

prêksatê. 94. — MBh. V 4659:

yac ca, vah prêksamânànâm sarvadharmôpaéârinàm, Pânéâli parusâny uktâ, ko nu tat ksantum arhati?

95—97:

MBh. II 2391 : Draupadyâh prêksamânâyâh (dépend peut-être du verbe adarçayat). III 2261 : Vaidarbhyâh prêksamânâyâ^. VII 6406. Cité p. 282. ' ' " "

sam-prêk§atê. 98—99: MBh. VIII 4298 : samprêksamâmsya Dhanamjayasya. IX 973 : nah samprêksamânânâm.

Verbe Paçyati.

100. — Chrest. Benf. p. 133, 1. 18 (Pttr.): paçyatô bakamûrkhasya nakulêna hatâ bakûli.

Autre texte et autre construction Hitôp. IV, 7: paçyatô bakamûrkhasya nakulair bhaksUâ^ prajâh.

101. - Pttr. 248:

atha, tasya paçyatô, grhîtvâ tat sakalam dêvâyatanâbhimukhâ pratasthê.

102. — MBh. V 2685:

pitàmahasya, Drônasya, Vidurasya 6a dhîmatah, brâhmanânâm éa sâdhûnâih ràjûaç ca nagarasya éa paçyatàm Kurumukhyànâm sarvêsHm êva tattvatah, dânaçilaih mrduih dântam dharmaçilam anuvratam yat tvâm upadhinâ, râjan, dyûtê vai}éitavâms tadâ, na dâpatrapatê têna, etc. . .

103. — MBh. V 7386 (Ambôpâkhyâna 49, 17): tatah sa, paçyatàm tésâm maharsînàm, aninditâ aaniâhjrtya vanât tasmût kâ.sfhâni varavarnini

�� � SECTION II. 315

éitâm krtvâ sumaJiaÛm pradâya * éa hutâçanatn, pradîplê 'gnau, maharaja, rôsadîptêna dêtasâ uktvâ: iBhîmavadhâyê* 'ti pravivêça hutâçanatn.

104. — MBh. VIII 3318:

hatavâhas tataç éâsmi Yuyudhànasya paçyatah, Dhrstadyumnasya, yamayôr, vîrasya éa Çikhan^inah, paçyatàm Draupadêyànâm Pànéàlànâm éa sarvaçah.

105. — MBh. VIII 3001:

paçyatôr yamayôr, Pârtha, Sâtyakêç éa Çikhan4inah, Dhrstadyumnasya, Bhîmasya, Çatànîkasya va, vibhô, Pànéàlànâm éa sarvêsâm Cêdînâm éaiva, Bhârata, êsa Karnô rattê, Pârtha, Pânçlavânâm anîkinîm çarair vidhvaihsayati mi nalinîm iva kunjarali.

106. - MBh. IX 112:

yaih yam sênâpranêtâraih yudhi kurvanti mâmakâjib, aéirêmiva kâlêna tam tain nighnanti Pândavâh. rammûrdhni hatô Bhîstnafi paçyatâm vah Kirtfinâ: êvam êva hatô Drômh sarvêsâm êva paçyatàm; êvam êva hatafi Karnah Sûtaputrah pratâpavân, sarâjakânàm sarvêsâm paçyatàm vah, Kirîfinâ.

107. — Râm. I 60, 15:

uktavâkyê munau tasmtn, saçarîrô narèçvarajjt, divam jagâma, Kâkutstha, munînâm paçyatàm tadâ.

108. — Kath. 17, 125:

gatvâ sa, tasyâh paçyantyâh, kayâpi varayôsUâ saha éakrê samâlâpaiti racitudâramançlanah.

109. -- Bhâg. Pur. IV 5, 9:

ûcur: vipâkô vrjinasyaiva tasya yat paçyatînâm duhitrnâm Prajêçah sutâm Satîm avadadhyâv anâgâm.

110—163:

MBh. I 2941 : paçyatas tatra tatrarsêli.

5528 : jnâtigrâmasya paçyata}),.

6600 : tasya manujêndrasya paçyatah. ni 951 : tapasvinâm paçyatàm.

1663 : purmavarasya paçyatafi,. rV 701 : paçyatô râjnah.

1. BOlitUngk-Roth n'éclaircissent pas cet emploi insolite du verbe pra-dâ. Je signale, pour le cas où on pourrait tirer parti de cette coïncidence, le terme aranipradûnam qui apparaît dans les Grhyasùtras de Pàraskara à propos des prescriptions relatives au feu domestique. Le sens précis de ce terme est d'ail- leurs incertain.

�� � 316

��DE L EMPLOI DU GENITIF ABSOLU EN SANSCRIT.

��MBh. V 4458

VI 2481

a622

VII 1847

5648

5909

6582

7199

7715

8002

8333

VIII 4176

VI 113

307

2604

3201

3241

3249

VIII 3337

4016

X742

XI 587

XII 13586

XVI 60

61

270

Râm. II 96, 47

m 24, 22

VI 17, 6

89, 15

92,34

Hariv. 9317

14360

14545

15302

15918

Kath. 20, 171

26, 208

36, 110

52, 130

69, 136

71, 56

Mark. Pur. 109,11

125, 12

Bhâg. Pur.II9,37

III 18, 8

IV 9, 26 VIII 11, 28

1X10,5

��: Kwûnâm paçyatâm.

Drômsya paçijataJi . . . Gângêyasya ca.
yôdhânâm tava paçyatâm.
■paçyatâm bândhavânâm.
Râdhêyasyaiva paçyatah.
hrsiânâm Dhâriarâsfrâtiâm paçyatâm.
paçyatâm nô dwâtmanâm.
Drupadaputrasya Phâlgmiasya éa paçyatah.
Saubalasyaiva paçyatafi.
paçyatas tasya raksasah.

\ paçyatah Savyasâéinah.

Karmsya paçyatah.
sabhâmadhyê Pân^vânâih éa paçyatâm (?).
paçyatâm tatra vîrânâm.
sarvêsâih nô 'dya paçyatâm.
paçyatâm tâvakânâm.
paçyatâm tê putrânâm éitrayôdhinâm.
paçyatâm siihrdâm.
paçyatâm naïf,.
têsâm sarvêsâih paçyatâm.
Pây}davêyânâm Pânéâlânâm éa paçyatâm.
Brahmamli paçyataili.
VrsnînâTh paçyatâm.
paçyatô Dârukasya.
paçyatô . . . marna.
Sitâyâs tatra paçyantyâh,.
tasya Râmasya paçyatah.
paçyatô râksasêndrasya.
çatrôr vikhyâtavîryasya . . . paçyatajf,.
dêvadânavayaksânâih . . . paçyatâm.
paçyatâm râjnâih sarvêsâm sainikasya vai.
Brahmariah paçyatah.
dêvasya paçyataTj,.
paçyatah Kêçavasya.
paçyatas tu Çaéîpatêh-
asya paçyatah.
paçyatas tasya.
paurârtâih sâçru paçyatâm.
râjnalj, paçyataTj,.

I tasya paçyatah.

paçyatô râjalôkasya.
bhûpânâm paçyatâm atimâninâm.
paçyatas tasya.
paçyatô 'rêh- ^
bâlasya paçyatah,.
jnâtînâm paçyatâm. Très douteux.
paçyatô LaksmarMsyaiva.

�� � SECTION II. 317

sarvalôkasya paçyatah.

164. — MBh. m 8807 :

êtâvad uktvâ vacanam Maitrâvarunir aéyutajj, samttdram apibat kruddhah sarvalôkasya paçyatah.

165—178. — Même formule:

MBh. VT 1859. 1931. 2814. 5258. 5454. 5471. 5784 (Cf. 2505 cité sous misatî). VII 7490. IX 255. Hariv. 15929. 15934. 16029. 16301.

Ajouter: Sadguruçisya cité par Max Mûller, a Hist. of ancient sscr. lit. \Sô9, p. 236, et par Pischel, Kùhn's Zeitschr. XXIII 427.

179 — 187. — Formules analogues:

MBh. VII 7452 : paçyatah sarvalôkasya^.

Mark. Pur. 75, 21 : » » vismayâvisfadêtasal^.

Bhâg. Pur. VI 12, .35 1 _ ,., . .

VIT 1 19 I P^y^^'>'^ sarvalokanam.

VIII 4, 5 ]

MBh. V 2392 ,.,

Râm. VI 73, 5 1 ^^^^^V^ paçyatah.

Kath.2 36, 131 )

MBh. V 2394 : jagataTj, paçyataji.

sarvaksattrasya paçyatah. 188—198:

MBh. IX .344. 741.

Hariv. 15161. 15202. 15241. 15310. 15334. 15337. 15643. 15970. 15973.

��sarvasainyasya paçyatah. 199-214:

MBh. VI 3182. 32.34. 3710. 3728. 3909. 4753. 5321. VII 749. 1683. 5585. 6115. VIII 608. 3568. IX 478. 642. 1145.

��paçyatâm sarvadhanvinâm. 215-221:

MBh. VI 3268.

VII 3984. 5800. 7444. 9385. IX 1163. 1420.

��1. Ce génitif pourrait toutefois ne pas être absolu.

2. Dans ce dernier passage lôka est pHs dans le sens de homi'nes, les gens.

�� � 318 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

222:

Semblablement Ràm. VI 25, 35 : paçyatâm sarvarakmsâm.

paçyatâm sarvasainyânâm.

223. — MBh. VII 8075:

paçya Bhîmaih, mahâbâhô, raksasâ grastam âhavê paçyatâm sarvasainyânâm tava caiva, mahâdyutê.

224—229:

MBh. VII 4649. 5588. 5917. 6401. 8987. IX 509.

paçyatâm sarvabhûtânâm. 230-232:

Hariv. 8533. 119.33. Bhàg. Pur. VIII 10, 2.

233—237. — Formules analogues:

��MBh, VII 6127

7640

Hariv. 8995

Mark. Pur. 90, 6

Ibid. annexe, p. 656

��238—244;

��paçyatârn sarvayôdhânâm. » sarvavîrânâm.

» sarvanâgânâm.

> sarvadêvânâm asurânâih da.

» sarvadêvânâm siddhagandharvaraksasâtn.

paçyatâm bhûmipâlânâm, etc.

��MBh. II 2391

Mark. Pur. VII 298

XIV 1802

��MBh. X 198 1 ,A- I.I.' ■ "j^ ^

Mark. Fur. 69, 15 I P^^y^^^^ hhumtpalanâm.

134 9 1 1^4. oq [ » sarvabhûpânâm^.

» vô mdhtksitâm.

» purusêndrânâm.

» prthivîksitâm.

245 — 263. — On peut réunir, en raison de leur même type métrique, les exemples suivants: MBh. I 4104 : paçyatâm lôkavîrâ'fiâm. III 404 1 TX 682 I * Tâ^çluputrânàm.

VI 4914 I VH 2816 } » Dhârtarâsfrâi^âm.

��Vm 16

V4666

VIII 1949

��Kwuvîrânâm'.

��1. Imprimé par erreur sarvabhûiânâm dans le premier passage.

2. Au vers VIII 1949 le tour absolu n'est pas certain.

�� � SECTION II. 319

��MBh. VI 5635 : paçi/atâiTi Kuruvîrânâm sarvêsâm.

VIII 2468 : » Kauravêyânâm.

Hariv. 6827 : » YadusimMnâm.

10780 : » dêvadaityânâm.

Bhâg. Pur. VIII 9, 27 : paçyatâm asurêndrâ^âm.

MBh. VI 3408 )

VII 6964

nai- ( paçyatô Bhimasênasya . . etc.

7754 ) VIII 4266 : paçyatah Sûtaputrasya. XVI 12 : paçyatô Vâsudêvasya.

paçyatâm tridivaukasâm.

264. — Hariv. 15956:

atipravrttam samgrâmam dêvâsuraranôpamam vidadhâtê mahârangê paçyatâm tridivaukasâm.

265-266. — Hariv. 15959. 16060.

sarvêsâm paçyatâm. 267: MBh. VI 4041 : sarvêsâm tatra paçyatâm.

268: Hariv. 9326: sarvêsâm êva paçyatâm.

Bhîmasênasya paçyatah, etc. 269-300:

MBh. I 6687 : Viçvâmitrasya paçyatah.

III 14890 I

14913 1^ Dhârtarâsfrasya- paçyatah ^'^.

IV 2013 i V5678 1X541

VI 2353 I

VII 679 I DhfHfadyumnasya paçyatah. VIII 2728 I

VII 1620 1645 1665 4558 7259

6879 : râksasêndrasya paçyatah. VIII 2945 : Sûtaputrasya paçyatah-

1. Au vers III 14913 le tour absolu est contestable.

��I Dharmarâjasya paçyatah.

��Bhâradvâjasya paçyatah-

�� � 320

��DE l'emploi du génitif ABSOLU EN SANSCRIT.

��MBh. VIII 2693

3931

3946

IX 835

1714

VII 3442

IX 3661

XI 378

XII 138

Hariv. 15192

15303

16044

Hariv. 2940

Râm. VI 16, 90

86, 18

MBh. III 16501

301—313. -

��Bhîmasênasya paçyata^.

��Vâsudêvasya paçyatah.

Mârkaridêyasya paçyatah. Daçagrîvasya paçyatah.

Au cours du récit de Samjaya à Dhftarâstra, on voit souvent revenir les mots:

��MBh. VI 3462

VII 4940.

IX 1258.

VI 5098

5654

VIII 2464

VII 7733

8800

VI 3637

VIII 2835

��tava putrasya paçyatah.

6137. 6362 \ tava putrasya paçyatah.

1340 I

putrasya tava paçyata^.

I putrâ'^âm tava paçyatâm.

paçyatas tava putrasya.

çyâlasya tê. . . tava putrasya paçyata}i. paçyatas tasya vîrasya tava putrasya.

��314.

��paçyatô mê. Pttr. 152 en bas (122, 9 Koseg.):

��asamkhyayûihaparivrtah paçyatô mê parihhramann itas tatali, svajanêna sahâgadéhati yâti éa (sujet: âkhuh).

315. — Pttr. 124 en bas:

paçyatô mê nadîtafâc éhyénênâpahrtah çiçuh.

316. — Kath. 72, 143.

��paçyatas tê. 317. — MBh.l 891. Exemple remarquable en ce que paçyatas tê, loin de renfermer une nuance d'anarfam, y signifie: en te prenant à témoin.

�� � SECTION II. 321

tvam, Agnê, sarvabhûtânâm antaç éarasi nityadd sâksivat punyapâpêsu : sati/aTÎi brâhi, kavê, vacah. matpûrvâpahriâ hhâryâ Bhrgunânrtakârinâ. sêyam yadi, tathâ mê team satyam âJchyâticm arhasi. çrutvâ tvattô, Bhrgôr bhâryâm harisyâmy âçramâd imâm, Jâtavêdah, paçyatas tê : vada satyâih giraih marna.

318—332:

MBh. I 1767. 1773. III 421. 2822. VI 2822. VII 6390. 8227. XII 10137. XIV 1723.

Ràm. II 12, 44 Schleg. III 35, 34 Gorr. VII 17, 30 Bomb.

Bhâg. Pur. 1 VII 10, 37.

Cités plus haut: MBh. III 11799 (v. p. 283).

Râm. III 2i, 17 (v. p. 290, note 2).

paçyatô marna, etc. 333:

MBh. I 6276, cité p. 290 n. : paçyatô marna.

334—335: MBh. m 15048

��1 p'xçyatas tava^

��Hariv. 7112

336—337: MBh. XIII 7429. cité p. 283 \ Râm. III 56, 31, cité p. 2861 '"«'^^ pc^Çyatah

338: MBh. I 8394: marna paçyantyâft.

339: Kath. 58, 75: mê paçyatali^. '

��1. Nous pourrions ajouter Bhâg. Pur. VIII 21, 31:

padaikêna maya krântô hhûrlôlcah kham diças tanôh, svarlôkas tu dvitîyêna paçyatas tê svam âtmanâ.

Burnouf: «Du premier pas j'ai franchi la terre, en rempHssant de mon corps l'atmosphère et tous les points de l'espace; du second j'ai occupé le ciel, m'emparant de ton empire, sous tes propres yeux.»

Si l'on admet le texte précité, paçyatas tê dépend forcément de svam. Mais ce texte doit être corrompu, car il est permis de dire que la traduction de Burnouf ne réussit pas à le rendre limpide d'un bout à l'autre. Il est probable que si nous avions la vraie leçon, jiaçyatas tê serait absolu. Nous suggérons la correction suivante, en la donnant pour ce qu'elle vaut:

padaikêna mamâkrântô bhûrlôkah khamdiçastanô^,

svarlôkas tu dvitîyêna, 2MÇyatas te, svamâyayâ.

2. Ajouter Râm. Cale, III 18, 16 (cité p. 290).

3. Peut-être possessif.

de Saussure, Oeuvres. 21

�� � 322 DE l'emploi du GÉNrTIF ABSOLU EN SANSCRIT.

340-341:

Ràm. VI 60, 22 1 , , ,

Hariv. 4200 } ^"' ^"^y"*^^-

342—350. — Passages cités dans la section I:

Râm. I 67, 16 (p. 284); III 16, 26 (p. 283); V 91, 1 1 (p. 275).

Hariv. 14461 (p. 286).

Kath. 40, 16 (p. 284); 61, 159 (p. 282).

Mark. Pur. 14, 84 (p. 27.5); 114, .30 (p. 283).

Bhâg. Pur. VIII 12, 25 (p. 281).

apaçyatah.

351. ~ (?) Kath. 69, 142. Le sujet est hamsx:

tatah snâtum pravrttêna kênâpy atra sarastafé pttmsâ vastrôpari nyastâm apaçyad ratnakanthikâm, gatvâ éàpaçyatas tasya tâm grhitvaiva kanthikâm dâçâya^ darcayanti sa tasmai, vyômnâ çanair yayau.

La ponctuation de Brockhaus indique qu'il a vu ici un génitif absolu.

paçyatê. 352.

MBh. VII 6543: naJi paçyamânânâm.

anu-paçyati.

353. — Hariv. 8907:

Vajranâbhasya tat kâyâd uccakarta ciras tadâ Nârâya(Msutônmuktam^, daityânâm anupaçyatâm. tat = cakram.

354. - Bhâg. Pur. VIII 12, 23:

. . . striyâh vâsah sasûtraih laghu mârutô 'hat-ad, Bhavasya dêvasya kilânupaçyatah.

abhi-paçyati.

355. — Bhâg. Pur. III 13, 19: tasyâbhipaçyatah khasthah ksai}êna kila, Bhârata, gajamâtrah pravavrdhê (sujet: varâhatôkah).

pra-paçyati. 356:

MBh. VIII 4772: Râdhêyasya prapaçyatah.

1. Imprimé: dâsâya. Or il s'agit du personnage appelé plus haut dhîvamfi.

2. Et non pas ■sûlônmuktam, que porte le texte.

�� � SECTION II. 323

357: Râm. VI 75,43: Râvamsya prapaçyatah.

sam-prapaçyati.

358. — MBh. V5613:

aham àdau nihatya tvâm Çakunêh samprapaçyatah talô 'smi Çahinim hantâ.

sam-paçyati.

359. — Bhâg. Pur. VIII 3, 33:

gajéndraih sampaçyatàm Harir amûmuéad ucchriyânâni.

360: MBh, VIII 4338: sampaçyatah . . . tava.

361. — Hariv. 7464. Cité p. 286.

Verbe Misati.

362. — MBh. m 10369:

tasmâd yuvâiti karisyâmi prttyâJmm sômapithinati misatô dêvarâjasya, satyam êtad hravtmi vâm.

363. — Ibid. VII 6720:

tatas tu Durmadaç caiva Duskarmç ca tavâtmajau ratham êkam samâruhya Bhîmani hânair avidhyatâm. tntah Karnasya niisatô, Draunêr, Duryôdhanasya ca, Kfpasya, Sôinadattasya Vâhlîkasya éa, Pândavah Durmadasya ca vîrasya Duskarnasya c'a tam ratham pâda'pràhârê'^a dharâih prâvêçayad arimdamah.

364. — Ibid. VII 6947 :

tatô Yudhisfhirop, kruddhas tavânUcam açâiayat misatah Kumbhayônêç ca putrânâm tava éànagha.

365. — Hariv. 753 :

misatâm dêvatânâm da Vasisthasya ca, Kauçikah saçartram tadâ tain tu divam ârôpayat pràbhujf,.

366. — Bhâg. Pur. IV 22, 48:

ta âtmayôgapataya âdirâjêna pûjitâft,

çîlam tadiyam çamsantah khé 'bhûvan misatâm nrnâra.

misatâm sarvàdhanvinâm.

367. — MBh. VIII 3784:

çiraç chétsyâmi Karnasya misatâm sarvàdhanvinâm.

21*

�� � 324 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

368—379. — Même formule:

MBh. I 545. II 2535.

V 5614. 5650. 5687. VI 5512. VII 3431. 3749. 5061. VIII 1687. 3777. 1X1121.

380-402: .

MBh. I 7179 : pârthivânâm misatâm.

7483 : mimtah sarvalôTcasya.

8159 : misatô 'sya ÇacipatéJi.

III 10464 : misatô Vajrapâninah.

14227 : misatâm sarvabhûtânâm. *

V 5957 : misatâm vah.

VI 2473 : misatâm sarvasainyânâm,.

VII 1553 1 ^\

2681 I -^^'^l^^^y^ misatah\

3746 : sarvaksattrasya misatah (v. p. 309).

6115 ] . ,' , . . fiSQ8 f '***?*^" Bhtmasenasya.

3739 : misatâm sarvasainyânâm tvadîyânâm. VIII 2685 : misatas tê. XII 499 (= XiV 322) : misatâm Pân^uputrâfiâm. XVI 235 : viisatâm sat-vayôdhânâm. Hariv. 2134 : yajnârtham samavêtânâm misatâm dvijanmanâm. 11011 : Mahâdêoasya misatô Ouhyasya ca. Râm. V 38, 33 VI 72, 3

Bhàg. Pur. III 19, 9 : misatajjb çatrôh. Çiçupâlavadha 15, 34 : mrgavidvisâm iva .. .misatâm.

403 — 406. — Exemples cités ailleurs:

Kumàrasambhava II 46 (page 271).

MBh. VI 2505; très douteux (p. 327). VII 1667 (p. 327). VII 6573 (v.n<'477).

407. — Exemple védique. Maitrâyanyupanisad 1, 4:

misatô bandhuvargasya mahathh çriyam fyaktvâsmâl lôkâd amum lôkam prayâtâh.

Appendice aux articles iksati, paçyati, mi.sati. I.

En parcourant les exemples énumérés sous les trois verbes signifiant «voir», on sera frappé de la fréquence de ceux qui ren- ferment un anàdara. Néanmoins, nous le répétons*, ce sens est in-

��\ misatâm sarvaraksasâm.

��1. Peut-être possessif dans le premier passage.

2. Voyez p. 280.

�� � SECTION II. 325

dépendant de la construction syntaxique, c'est-à-dire du génitif ab- solu. Autrement le génitif cesserait évidemment d'être absolu: il serait le cas répondant à la question «malgré qui?» de même que l'instrumental, par exemple, est l'exposant de l'idée «avec qui».

En effet, si nous trouvons le génitif absolu du type tasya paçyaiah pris si souvent dans le sens indiqué, on en peut dire au- tant des locutions de toute nature usitées dans les langues les plus diverses et signifiant: sous les yeux de, en présence de. Dès que l'action principale va contre le gré de celui qui en est témoin (et le cas se présente à tout instant), l'expression sous les yeux de prend de ce fait une nuance d'atiâdara.

Cela est si vrai qu'on peut imaginer et citer cent phrases où la même idée latente s'attachera aux participes sanscrits en question, sans qu'il y ait construction absolue. Kath. 44, 56: jahâra tatra tanayâm râjiiô Rambhasya paçyatah.

Ibid. 62, 216:

êbhir mê mahisô hatvâ bhaksitah paçyatô jadaih.

MBh. V 5655:

ahaitt hi vah paçyatàm dvîpam ênam Bhîsmam rathât pâtayisyâmi

[bânaili,. Ibid. VII 8065 :

hayàmç ciiva çitair bât}aih sàrathim éa mahâbalah jaghâna misatab samkhyê Bhîmasênasya, Bhârata.

Ram. Cale. I 54, 19:

nâçayanti balam sarvam Viçvàmitrasya paçyatah.

Le commentateur fait suivre ce dernier vers de la note anâdarê $asthî, comme s'il avait devant lui un génitif absolu. S'il écrivait avec l'opinion arrêtée que le génitif n'est pas régi par balam, il n'y a rien à remarquer. Plus probablement le sûtra de Pânini lui vint machinalement à l'esprit, parce que la phrase contenait d'une part un anddara, et de l'autre la forme paçyatah si fréquente au génitif absolu.

Cette inadvertance du commentateur suggère naturellement la question suivante: Pourquoi, lorsque le participe n'est pas absolu, n'en voyons-nous pas moins apparaître toujours, en cas d'anâdara, le génitif paçyaiah, paçyatâm, et non le datif, l'accusatif, l'instru- mental? La solution est des plus simples. Le type de phrase dont il s'agit offre ceci de particulier que paçyant- y a pour régime sous-

�� � 326 DE l’emploi du génitif absolu en sanscrit.

entendu l’ensemble de l’action verbale. Or ce n’est qu’au génitif, et au génitif dépendant d’un nom, qu’on a l’occasion d’appliquer paçyanl- de cette façon. Les autres cas, en effet, sont réservés aux objets, sujets et compléments de l’action verbale, et ceux-ci voient trop évidemment l’action qu’ils subissent ou qu’ils accomplissent pour qu’on ait jamais à le dire.

II.

Nous devons constater cependant que les auteurs hindous prennent parfois cette peine inutile, et mettent leurs lecteurs en présence de phrases qui, au moins à première vue, sont tout le contraire de spirituelles. MBh. IX 218:

sarvân vihramya misatô, làhaih éâkramya mûrdhani, Jayadraihô hatô râjâ: kim nu çêsam upâsmàhê?[72]

Bhâg. Pur. IV 8, 14 (sujet: Dhruvô hâlàkah):

mâtui), sapatnyâlb sudwicktividdhah çvasan rusa dandahatô yathâhih hitvâ misantam pitaram sannavâcam jagâma tnâtufi prarudan sakâçam.

Il y a naturellement tels cas où, quoique ajouté à un génitif possessif, ce mot voyant ne choque pas moins le sens que dans les exemples précités. Bhâg. Pur. III 3, 3:

êsâm . . misâtâm . . padam mûrdhni dadhat.

De telles singularités sont au nombre des raisons qui peuvent faire douter de la signification de misant-. Il importe, avant de continuer, d’éclaircir ce point spécial.

III.

Il est beaucoup moins facile qu’on ne croirait de fixer le véritable sens de misant-.

Premièrement, si l’on fait abstraction de nos génitifs absolus, le verbe misati au simple est fort rare, tant dans le dialecte des Védas que dans le sanscrit classique. A ne considérer que l’usage qui en est fait au génitif absolu, la traduction qui se présente naturellement dans la plupart des cas n’est point «voir», mais «résister, être opposé à, se dépiter». Par exemple misatô *sya Çaéîpatêk, MBh. I 8159, forme un pendant exact aux mots akâmasya Çatakratôh du SECTION II. 327

vers 8166. Aussi Westergaard, Bopp, Emile Burnouf, donnent-ils dans leurs lexiques le sens de résister. Eugène Burnouf adopte la même interprétation pour certains passages, ainsi Bhùg. Pur. IV 1, 32 (cf. aussi V 14, 29):

êvaiTi kâtnat^araùi dattvâ pratijagmuh surêçvarâ^ sabhâjitâs tai/ôh samyag dampatyôr niisatôs tatah.

B. : «Après avoir ainsi accordé au solitaire la faveur qui était l'objet de ses désirs, les chefs des Suras, traités avec respect par les deux époux qui vou- laient les retenir, quittèrent l'ermitage d'Atri.»

Il va plus loin et traduit mi§atâm par rivaux dans l'exemple précité, Bhâg. Pur. III 3, 3.

La manière dont mi§atâm et paçyatâm sont juxtaposés MBh. VII 1667 semble particulièrement probante contre la signification voir de misati.

aham ênom hanisyâmi, maharaja, bravinti tê, misatàm Pân^uputrânâm Pâùéàlànàm ca paçyatâm.

Comment traduire autrement que: invitis Panduis filiis . . . ad- spedurisf Et de même VI 2505:

adya Pâ)}çlns»tân sarvân sasainyân saha bandhuhhih misatô vârayisyâmi sarvalôkasya paçyatah.

Toutefois, et ici nous indiquons le point de vue où nous nous plaçons, l'argument qu'on pourrait tirer des deux dernières citations dépend absolument de la manière dont on groupe les termes de la phrase. Dans le premier passage, il suffit de diviser ainsi: mi^atâm Fânduimlrânâm, Pâncâlânâm éa paçyatâm, pour conserver à mi§ le sens de voir. Quant au second, mi§atô n'est probablement pas un génitif, mais un accusatif pluriel s'accordant avec Pdndusutân, et ceci nous ramène au cas difficile qui a été le point de départ de la discussion (p. 326 II).

Examinons ce cas. Il s'agit de rendre le sens de voir admissible pour les exemples bizarres dont je ne rappelle que le plus caracté- ristique: ê.?dm mi^atâih padam mûrdhni dadfiat. Il semble pour le coup qu'on ne puisse traduire: «posant son pied sur la tête de ceux- ci, qui en étaient témoins.-»

Je crois, en dépit des apparences, qu'on ne doit point s'effrayer de ce sens. Il ne manque pas d'exemples presque semblables ayant pour participe, non plus misant-, maïs paçyant-. MBh. VI 1697:

Yudhisthirah svayam râjâ Madrarâjânam abhyayât. tasya Madrapatiç câpam dvidhâ cicéhêda paçyatalt.

�� � 328 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

Ibid. m 1269:

râjyaiîi nah paçyatâm hrtani.

Ibid. XIV 2365:

hâ-hâ dhik Kuruvirasya sawnâham kâncanam bhuvi apaviddham hatasyêha maya putrêna paçyatâ.

Ces exemples permettent de répondre à la fois à la question spéciale du sens de misant-, et à la question de syntaxe qui con- cerne paçyant- comme misant-. Le mot misant- n'a jamais signifié que voyant ou regardant. Toute autre explication se trouverait d'ailleurs en désaccord avec l'étymologie et avec la tradition. On ne doit pas oublier que, dans nombre de génitifs absolus, il ne règne aucune équivoque à l'égard de cette signification. En considérant les emplois plus vivants du même participe, on reconnaît que, jus- que dans le Bhâgavata-Purâna, alors que le verbe fini mi§ati était tombé en pleine désuétude, il garda constamment son acception pri- mitive. Exemple: jano 'yam misan na paçyati (V 18, 3),

Il était si commun — soit au génitif absolu, soit dans les con- structions mentionnées p. 325 — d'appliquer les participes paçyant- et misant- «voyant» au spectateur impuissant d'une scène, qu'on avait fini par s'en servir en toute situation analogue, en parlant, non plus du spectateur de l'action^ mais de l'objet ou même de l'agent. De là les phrases précitées, où l'addition plus qu'oiseuse de ces parti- cipes n'est évidemment qu'un moyen d'accentuer fortement Vanâdara.

C'est surtout misant-, il faut en convenir, qui a subi cette ex- tension d'usage. Même au cas absolu, misatas tasya «illo spectante» devient souvent une locution pour dire «illo invito». Jamais ce- pendant l'idée de voir ne disparaît entièrement^.

IV. Le verbe antardhîyaiê «disparaître» est accompagné, dans des cas qui ne sont pas douteux, d'un génitif de personne. Ainsi Bhâg. Pur.VIlI6,26: tê§âm anfardadhê «il devint invisible à leurs yeux»*.

1. On a vu p. 327 un passage que Burnouf traduit «les chefs des Suras quittèrent les deux époux qui voulaient les retenir (misatôh)». Interprétation peu plausible, précisément parce qu'elle ne fait aucune part à l'idée de spectans qui resta toujours au fond du mot misant-, et qui est cause qu'on ne l'emploie pas pour exprimer toute espèce d'opposition. Il faut qu'il y ait étonnement, dépit, consternation. — Le passage en question est tout au contraire un de ceux où apparaît le sens pur de spectans, sans aucun mélange d'anâdara.

2. Si ce génitif est de ceux qui ont remplacé un datif, il rentre par aiiti-

�� � SECTION II.

��329

��La plupart du temps cependant on trouve: iê^âih paçyatâm {prêk?aiâm, misaiâm) antardadhê. Il est bien difficile alors de dire si l'on est, ou non, en présence de la construction absolue. Stricte- ment, on n'a jamais besoin de l'admettre^.

MBh. I 5060:

iê éàntardadhirê nâgâh Pânçlavasyaiva paçyatah.

Ibid. III 11991:

prêksataç caiva mê dêoas tatraivântaradhiyata.

Bhâg. Pur. I 12, 11:

misatô daçamâsyasya tatraivântardadhê Harih.

De même avec tirôbhavati. Kath. 42, 39:

Hy uktvâ rûpinî Vidyâ tirô'bhût sâsya paçyatah.

Cf. MBh. III 11975. XIII 2753. 2767. 2777. 3877. XIV 2900. Ambôpâkhyâna 17, 16. Hariv. 10866. Mark. Pur. 92, 29. Bhâg. Pur. IV 12, 9. IV 25, 1. VI 2, 23. VI 4, 54. VI 10, 1. VI 16, 65.

Avec antardhânam ou adarçanam yâti^:

��cipation dans le sujet de notre section III. On peut invoquer dans ce sens Bhàg. Pur. IV 19, 17: sô 'çvam rûpâm ca tad dhitvâ tasmâ antarhitah svarâf (à supposer que tasmai ne se rapporte point à hitvâ). — Selon Pânini I 4, 28, avec les verbes signifiant se cacher, la personne dont on cherche à ne pas être vu est apâdânam et doit donc se mettre à l'ablatif. Ceci indiquerait, contraire- ment à ce qui précède, que le génitif en question procède de l'ablatif, ainsi qu'il est arrivé fréquemment. Mais antardhîyatê, au passif, ne signifie pas précisé- ment se cacher; il signifie disparaître.

1. Il est probable qu'il y a eu fusion de deux constructions différentes (cf. sur ce sujet K. Brugmann, Jenaer lÂteraturzeitung, 22 mars 1879). C'est un fait semblable qui a donné: samal'Ham tasya dhûrtasya paçyatalt (MBh. IV •527), pnratas tasya patyuh .. paçyatah (Kath. 43, 163).

2. Dans ce cas encore on trouve des génitifs sans participe, qui montrent que le tour absolu n'a rien de nécessaire. MBh. XIV 2806: jagâmâdarçanam têsâm, viprâs tê tu yayur grhân. La preuve directe que le génitif n'était pas ressenti davantage comme absolu lorsqu'il y avait un participe, semble fournie par les mots lôkasyêva au vers III 1664:

tasya sampaçyatas tv êva Pinâkî Vrsabhadhvajah

jagâmâdarçanani , bhânur lôkasyêvâstam îyivân. Le génitif, du reste, peut s'expliquer d'une double façon, soit qu'on le rap- porte exclusivement à adarçanam, soit que l'expression adarçanam yâti ait été dotée par analogie de la construction usitée avec son synonyme antardhîyatê (v. p. 297 note).

�� � 330 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

MBh. m 16576:

tatas tê prêksamânânâm têsâm aklisfakarmm^âm antarâhânam yayur décâh.

Cf. MBh. XIII 1770. XIV 366. Hariv. 3695. -

Avec adrçyô Ihavati^. Mark. Pur. 95, 26:

ity nktvâ pitaras tasya paçyatô, munisattama, babhûvuh sahasâdrçyâh.

Cf. Mark. Pur. 100° 29. Kath. 101, 269.

Le verbe naçyati se construit avec le génitif dans le sens de «être perdu pour quelqu'un»^. L'exemple suivant ne peut donc passer plus que les précédents pour contenir le génitif absolu. Mark. Pur. 49, 63:

tatas tâh [2yrajâJi] paryagrhnanta nadîksêtrâni, parvatân, vrksagulmausadhîç caivam âtmanyâyâd yathâbalam. têna dôsêna ta nêçur ô.sadhyô misatâiîi, dvija ^ : agrasad hhûr yugapat tâs tadavsadhyô, mahâmatê.

Inutile de dire qu'avec certains verbes, par exemple harati «en- lever», il n'y a aucun motif quelconque pour admettre le tour ab- solu. Ainsi Bhâg. Pur. V 14, 3 : aniééhatô 'pi ... huimnbina uram- kavatsam rnisatô 'paharanti. Le mot misatah frappe comme étant superflu, mais cela rentre dans le cas traité ci-dessus, p. 326 II et p. 327 seq.

Verbe Çynôti.

408. — MBh. V5599:

tan mê kathayatô, manda, çpiu vâkyam durâsadam sai-vaksattrasya madhyê tvaffi yad vaksyasi Suyôdhanam ' Çfnvatah Sûtaputrasya Çakunêq ca durâtmanah.

409. — Hariv. 14993:

tatah sa bhagavân Rudrah, sarvân vismâpayann ira, stutyâ pracahramê stôtum Visnutîi viçcêçvaram Harim arthyâbhi]^* çrutiyuktâbhir munînâiîi çrnvatàm tadà.

��1. Ici comme plus haut on peut, si l'on ne considère pas le génitif comme absolu, le faire dépendre soit du mot adrçya seul, soit de la locution prise dans son ensemble.

2. MBh, IX 21)66: tésâm kmdhâparîtânâm nasfâ vêdâh. Nala 24, 17: marna râjyam pranastam. Kath. 33, 8!2: naçyêt sarvam idam marna; etc.

3. Imprimé: dvijalji.

4. Lire: arcâbhih.

�� � SECTION il.

��331

��410. -— Râm. VI 7, 40:

tata}i paramasonihrstô Râvanô râksasâdhipah Sîtâyâs tatra çj-nvantyà râkHasîm idam ahravU: irâicsasftùi krûrakartnâitam Vidyujjihvam pravêçaya, yêna tad Râghavaçirah samgrâmât svayam âhrtam.y

411. — Ibid. VI 106, 15:

êvam nktas tntô Râmah pratyuvâca Vibhîsanam raksasâm vànarânàm ca sarvêsâm êva çj'nvatàm: <ipûjitô 'smi tvai/â, vira, etc.»

412. — Bhâg. Pur. VI 17, 5:

Hvâcit ilêvyàh çfnvantyà, jahâsôccais tadantikê: «êsa lôkaguruh sâksâd dharmam vaktâ çarîrinâm âniê mukhyah sabhâyâm val miihunïbhûya bhâryayâ.y>

413. — Anthol. Lassen, 2'°« éd., p. 92, v. 62 (fragment du

SamJcsêpaçankarajaya) :

atha prôvâca divyâ vâk samrâjam açarîrinî nudantî saniçayam tasya, sarvêsàrn api çfnvatàm: «satyam êva, maharaja, brâhmanâ yad babhâsirê, etc.»

��çrnvatâth bhûmipâlânâm^.

çrnvatajjb Kêçavasya. ' çrnfatâm câpi têsâni. çrnvatâm Kuruvîrârtâm.

��414—452

�MBh. I 4049

�4058

�V1810

�1813

�5540

�5413

�5487

�III 2001

�VI 2064

�VII 4248

�1679

�2255

�2954

�5551

�5657

�5797

�8451

�VIII 3394

�3719

�4249

�IX 1769

�XII 13443

��Vâsudêvasya çrnvatah.

��râjnù Dhrtarâsfrasya çrnvatap,.

pitrdêvamanusyânâni çrnvatâm.

têsâtïi çrnvatâm.

Kurûnûm çrnvatâm.

çrnvatas tara Kauravânâm ca.

sarvêsâm çrnvatâm.

Dhrtarâsfrasya çrnvataJi.

tapasvinâm çrnvatâm.

çrnvatas tava.

çrnvatâm lôkavîrânâm.

sarvalôkasya çrnvatah.

^sîriâin Pândavânâth ca ç^tivatôh Krsnabhîsmayô^.

��1. Dans le second passage le tour absolu n'est que probable.

�� � 332 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

MBh. XIV 1862 : Dharmarâjasya çrnvata^.

Hariv. 5139 : Ugrasênasycr çryyvataly,.

Ràni. V 66, 23 : Sugrtvasyaiva çrnvatah.

Kath. 15, 33 : Cil'é p. 284.

43, 115 : Arthalôbhasya çrnvaiaji.

45, 406 : çrnvatô Mahêndrasya.

Mark. Pur. 14, 1 : çrnvatâm nah.

109, 17 : çrnvatûm sarvahhûbhrtâm paurâfiâm ca.

Bhâg. Pur. I 7, 38 : çrnvatô marna.

13, 6 : têsâih . . çrnvatâm.

IV 6, 37 : çrupatâm satâm.

8, 10 : çrnvatô râjnah.

VI 17, 26 : dêvarsidaityasiddhânâm pârsadânâm ca çrnvatâm.

VII 1, 14 : mtmînâm çrnvatâm. î, 21 : çrrivantyâs tatsadah^.

VIII 1, 33 : munînâm sadasi sma çrnvatâm"^.

çrnvatâm sarvabhûtânâm. 453. — MBh. I 4793:

jâtamâtrê kumârê tu, vâg uvâcâçarîrinî mahâgamhhîranirghôsâ nabhô nâdayatî tadâ. «• çrnvatâm sarvabhûtânâm têsâm éàçramavàsinâm,

Kuntîm âbhâsya vispasfam uvâcêdam çucismitâm: «■Kârtavîryasamah, Kunti, etc.»

454-456. — Même formule: MBh. VII 700. Bhâg. Pur. VIII 4, 16. IX. 20, 20.

457. — MBh. VII 1458: çrnvatâm sarvàyôdhânâm.

458. — Hariv. 14906: çrnvatâm sarvadêvânâm munînâm hhâvi-

tâtmanâm.

anu-çjnôti.

459. — Bhâg. Pur. VIII 22, 20: '

tasyànuçfnvatô, râjan, Prahrâdasya kj'tànjalêh, Hiranyagarbhô bhagavân uvâca Madhusûdanam.

460. — Ibid. I 9, 25: r^înâm ajiuçrnvatâm.

abhi-çj-nôti.

461. — Bhâg. Pur. IV 4, 10: jagatô 'bkiçmvatah.

��1. Faut-il lire: sathsadah? Burnouf traduit par assemblée.

2. Exemple douteux.

�� � SECTION II. 333

â-çrnôti.

462. — Bhâg. Pur. III 4, 10:

tasyànuraktasya niuiiêr Mukundali pramôdabhâvânatakandhnrasya âçfnvatô viâm annrâgahâsasamîksayâ viçramayann tivâca.

upa-çrnôti.

463. - MBh. Xir 2043. Le poète dépeint la licence et l'in- subordination qui régnent parmi les serviteurs d'un' prince trop débonnaire:

alamkârê ca bhôji/ê ca tathâ snânânulêpanê hriyamânê, naravijâghra, scasthâs, tasyôpaçfnvalah, nindantê svân adhîkârân samtyajantê ca, Bhârata.

464. — Hariv. 9608: Kêçavasyôpaçrnvatak.

Dans le Râmâyana, upaçrnôti s'emploie ordinairement quand il est question d'un personnage secondaire, placé aux côtés de celui qui écoute ou de celui qui parle, et que le discours de ce dernier ne concerne pas directement:

465. -- Râm. II 3, 3:

iti pratyarcya tân rûjâ brâhmanân idam abravU Vasistharn Vâmadêvarn ca, têsâm êvôpaçfnvatàm.

466. — Ibid. VI 107, 2 :

tam ahravîn mahâtêjâ, Laksmanasyôpaçrnvatah, vimrçya Râghavô vâkyam idam snêhapiiraskrtam.

467. — Ibid. III 75, 36: Laksmanasyôpaçrnvatah} .

468. — Ibid. V 70, 15: harmâm îçvarasyaiva Sugrîvasyôpaçrnvatah.

sam-çrnôti.

469. — MBh. V 1812:

avôcan mâm yôtsyamânah Kirîfî: amadhyê brûyâ Dhârlarâsfram

Kurûi}âm, samçrnvatas tasya durbhâsinô val duràtraanah Sûtaputrasya, ,siî<a, etc.»

Terbe Ni-Çâmayati.

470. — Bhâg. Pur. V 4, 18:

sa kadâéid afamânô bhagavân Rsabhô Brahmâvaiiagatô brahmarsi- pravarasabhâyâm, prajânâiîi niçàmayantînâm, âtmajân avahitâtmanah . . upaçiksayann iti hôvâéa.-

(,

1. Laksmai^asya éa çr^vatajjt dans l'édition de Calcutta (III 71, 21).

�� � 334 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

471. — Ibid. V 3, 39:

iti niçâmayantyâ Mêrudêvyâh pafim abhidhûyântardadhê hhagavân.

Il serait moins naturel de rapporter ce génitif à patim que de le regarder comme cas absolu.

Verbe Çamsiiti.

472. — Bhâg. Pur. VIII 12, 42:

. . tâm mâyâm Bhavâmm bhagaeân Bhavah çamsatâm j'simukhyânàm prUyàcastâtha, Bhâraia: i^api ryapaçyas tvam Ajasya mâyâm? .. eic.»

Verbe Dravati.

473. — Râm. VI31, 11. Cité p. 287. '

Verbe Pibati.

474. — Mark, Pur. 69, 11:

avamênê srajam dattûm çubhâny âbharariâni ca, uttasthâv angaptdêva pibatô 'sya varàsavam, hhunjatâ ca narêndrêna Tcsanamâtram harê dhrtam ^ bubhujê svalpakam bhaksyam, dvija, nâtimudâvatt.

Ces lignes, oii il est question de la reine Bahulà et de sa secrète aversion pour son époux, ne sont pas sans offrir quelque obscurité. Il me paraît difficile en tous cas d'interpréter pibatô 'sya autrement que par le tour absolu. Le mol angai)îdâ semble être mis pour angapiditâ, à moins qu'on ne sous-entende asyâh.

Verbe Tatatê et synonymes.

475. — MBh. XII 419, Draupadî et les Pândus cherchent à

détourner Yudhisthira de son projet d'abdication:

sâham sarvâdhamâ lôkê strînâm, Bharatasattama, tathâ vinâkrtâ putrair yâham icchâmi jivitum. êtêsàm yatamânànâm {na mê 'dya racanaiti mrsâ) tvaih tu sarvâm mahîm tyaktvâ, kurusê stmyain âpadam.

476. — MBh. I 4143, cité p. 281 (suhrdâih yatamânànâm).

— Comparer MBh. VII 3747, cité p. 309 {krôçatâiïi yatamânànâm).

— MBh. III 17238:

nâvidhyan Pân{lavâs tatra paçyantô mrgcnn antikât. têsâm prayatamânànàm nâdrçyata mahâmrgajf,. apaçyantô mrgam, çrântâlt, etc.

��1. Texte: dhrtâ.

�� � SECTION II. 335

Le tour absolu esl ici d'autant moins probable que, d'après le contexte, nâdrçyata équivaut à antardhânam yai/au (de même que na bhavati se dit quel- quefois pour mriyatê). Cette circonstance exclut justement le sens auquel le génitif absolu serait le mieux approprié, savoir: «malgré leurs efforts, ils ne purent parvenir à apercevoir la gazelle».

477. — MBh. VII 6572 seq. Duryôdhana attribue la défaite des Kurus à une trahison de Drôna. Dans cette série de participes au génitif, les uns sont certainement absolus, et les autres le sont probablement, à cause de leur parallélisme avec les premiers. Le vers 6575 a déjà été cité p. 287.

abravîc ca tadâ Karnam putrô Duryôdhanas tava: « . . tava vyàyacchamànasya Drônasya ca mahâtmanah * misatâm yôdhamukhyânâm, Saindhavô vinipâtita^. ..marna vyàyacchumànasya Drônasya ca mahâtmanah^, alpâvaçêsam sainyam mê krtam Çakrâtmajêna hi. katham niyaccbamànasya Drônasya yudhi Phâlgunah pratijnâyâ gatah pâram hatvâ Saindhavam Arjunah? anicchatah katham, vira, Drônasya^ yudhi Pândavah hhindyât sudurbhidam vyûham yatamânasya samyugê?. . »

Verbe Yudhyatê.

478. — MBh. VII 6591. Karna, répondant à Duryôdhana (v.

ci-dessus n° 477), prend la défense de Drôna:

daivâd îsfô^ 'nyathâbhâvô na, manyê, vidyatê kvacit ; yatô nô yudhyamànânàm paraih çaktyà, Suyôdhana, Saindhavô nihatô yuddhê, daivamâtram paratn smrtam.

479. — Râm. VI 62, 8:

prayatnâd yudhyamànânàm asinâ paçyatâm éa nah jaghâna rudatim Sitâm Râva)}ô, Raghunandana.

— MBh. VII 4975:

katham ca yudhyamànânàm apakrântô mahâtmanâm êkô bahûnâm Çainêyas, tan mamâcaksva, Samjaya.

Ici le génitif dépend, sans aucun doute, de apnkrântah. C'est le cas traité p. 297, 1. 3 seq.

��1. Vu la présence de misatâm à l'hémistiche suivant, il n'est pas sûr que vyâyaééhamânasya soit attribut principal.

2. L'addition de mê à l'hémistiche suivant confirme le tour absolu.

3. Ce dernier génitif pourrait bien être possessif, car peu de vers plus haut nous lisons: âdâiyavihitam vyûham. Vâcârya est, comme on sait, Drônn.

4. Ou •daivâdisfô'??

�� � 336 DE l'emploi du gknitif absolu en sanscrit.

II. Le prédicat est un adjectif. Akâma.

480. — MBh. I 8166:

tac éhrutiâ vacanam tv Agnêr, Bibhntsur Jâtavêdasam ahravtn, nrpaçûrdûla, tatkâlasadrçam vacah didhakmm Khândavam dâvam akâmasya Çatakratôh.

481. - Ibid. II 2478. Cité p. 281.

Gâta, Prasthîta.

482. — Pttr. 43 (38, 7 Koseg.; Chrest. Benf. 103, 19): marna

gatâyâh. Cf. ci-dessus p. 276.

483. - Kath. 29, 79: prasthitasya mê. V. p. 279.

Sthita.

484. — Pttr. 193. Cité p. 282.

Upayista.

485. — Pttr. 279:

atha prabhâtasamai/ê, sabhôpaviçtasya râjriô, Vararucir âyâtah.

Supta et synonymes.

486. — Kath. 42, 64 et 68:

suptasyàsya nfpasyâ^/ia râjM sâdhikasamgamâ utthâyâtmana êva dvâv icchanti sadrçau sutau çirsântâd bhaksayâm usa dvittyam api tat phalam,

La reine Adhikasamgamâ s'empare du fruit magique placé sous l'oreUler du prince. Il est possible que le génitif dépende de çîrsântât; mais celte ex- plication ne s'applique plus au vers 68 que voici:

tatra tat phalam êkaiîi tam yâcamânâm ca sô bravit: «suptasya mê, tad apy âç.nât sapatnî tê chalâd* iti.

487. - Ibid. 124, 117:

pathiçramâé éa suptasya tasya, nirgatya sa vahih caurasyôpapatêh çûlaviddhasyâpy antikain yayau.

488. — Ibid. 61, 91: suptasyâtra éa tasya.

489. — Ibid. 112, 14: âryapnfrasya -wpfasya.

490. — Pttr. 156: tasya nidrâvaçam gatasya^.

��1. Ces trois derniers génitifs sont moins certainement absolus.

�� � siCTioî» II. 337

Le participe svapani au génitif absolu n'apparaît que dans un exemple douteux du Râmâyana, II 31, 27:-

âharisyâmi tê nityaih mûlâni ca phalâni éa,

. . hhavâms tu saha Vaidêhyâ girisânum ramsyatê.

aîiam sarvam karisyâmi jàgratah svapataç ca tê.

Le génitif peut être régime indirect de karisyâmi. Tout dépend de la nuance exacte qu'on veut y mettre.

Vyagra et synonymes.

491. — (?) Pttr. 151 (121, 14 Koseg.):

atrântarê tasyâ grhakarmavyagrâyàs tilânâm madhyê kaçéit sâramêyô mûtt ôtsargam cakâra.

Les tilas en question sont amplement connus par les lignes précédentes; il est donc permis d'en détacher le génitif souligné.

492. — Mark. Pur. 85, 37 (Dêvimâhâtm. 5, 39):

êvam stavâdiyuktânâm dêvânâm, tatra Pârvatî snâtum ahhyâyayau tôyê Jâhnavyâ, nrpanandana.

493. — Pttr. 309 :

atha kadâéit têsam gôsthîgatânâm, jâlahastadMvarâh prabhûtair matsyair vyâpâditair mastakê vidhrtair astamanavêlAyâni tasmin jalâçayê samâyâtâh.

têsâm désigne les poissons qui se trouvent dans l'étang.

Dirers.

494. — Pttr. 183 en bas: •

Citrûngô ^py, apràptasyàpi tasya, tàla utihâya, vâyasêna saha palâyitah. «avant que le chasseur fût arrivé; le chasseur n'étant pas encore arrivé.»

495. — (?) Râm. IV 20, 14. Paroles de Tara, veuve de Bâlin,

à Râma:

tvMi tu çaptum samarthâsmi pativratasamâçrayât ; Vaidêhyâs tv abhibhûtàyâ, na tâvac éhâpam arhasi, acirêna tu kâlêna tava bâriair upûrjitâ na Sitâ marna çâpêna éiram tvayi bhavisyati.

Les mots soulignés pourraient s'entendre comme ablatifs (= Vaidêhyâs tv abhibhavât, àbhibhûtatvât^), et indiqueraient alors la raison de l'action. Il est

1. Le sanscrit connaît en effet le tour reges exacti = exactio regum. Râm. VI 112,26:

rsisamghais tadâkâçê dêvaîç éa samarudgarkaij), stûyamânasya Râmasya çuçruvê madhuradhvanift. (lette construction est fréquente surtout à V instrumental, et il vaut la peine de Sauasure, Oeuvres. 23

�� � 338 DE l'emploi du génitif absolu «n sanscrit.

préférable d'en faire un génitif absolu, portant sur le temps de l'action (yâvad abhibhûyatê Vaîdêhî) ; et en conséquence na tâvat, au lieu de signifier pas en- core, répond au yâvat virtuellement contenu dans le génitif absolu V

496. — (?) Râm.V63, 25. Exemple qui doit peut-être s'inter- préter comme ceux dont il a été question à l'article praviçaU (p. 306).

prahystasya tu Ràmasya Laksmanasya ca dhîmatah idairi Dadhimuhham vâkyaih Sugrîvô muditô ^bramt:

  • prîtô ^smi, ma bhûn manyus tê, etc.»

��d'ajouter, vu le sujet de notre travail, qu'elle a été bien près d'engendrer un troisième cas absolu sanscrit. Voyez à ce point de vue: Râm. II 12, 100. 11 50, 32. II 64, 17. Kath. 55,213. 60,52. 71,273. 101,30. Mark. Pur. 27,16. 49, 9. 84, 17. 108, 2. Bhàg. Pur. IV 11, 15. Ind. Spr. n« 427 (en prenant pour points de comparaison dans les locatifs absolus MBh. III 529 = Mûrk. Pur. 69, 35. Hitôp. II 35. Prabôdhaéandrôdaya Brockh. p. 74: nâryâm jitâyâm).

1. Cf. Bhâg. Pur. V 8, 1: tayâ pêpîyatnâna udakê, tavad êva . . mrgapatêr unnâdah . . udapatat.

�� � LE SUFFIXE -T-.

{Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 197. — 1877.)

M. Bréal dans l'analyse qu'il a faite du suff. ant au tome II de ces Mémoires (p. 188), l'a ramené au suff. ta du part. parf. pass. en montrant l'antériorité de la forme at sur ant ^ Telle était aussi notre conjecture, en ce sens que le f nous semblait être le seul élé- ment essentiel du suffixe et sa parenté avec ta extrêmement probable.

Mais c'est dans /, non pas dans ta, que nous avions cru recon- naître la forme la plus primitive. Cette hypothèse — qui sans doute préjuge en une certaine mesure la nature des suffixes — a été mise en avant déjà par M. Ebel {Journal de Kuhn, IV 325).

Etant donné ce / qui apparaît encore clairement dans des mots tels que karma-kf-t, \i|ao-0vri-T, on s'expliquera en premier lieu les formes du part. prés, a-t et a-nt: la forme forte, comme le dit M. Bréal, est le résultat d'un simple renforcement nasal ; quant à la voyelle, elle appartenait, avant de s'agglutiner au suffixe, aux thè- mes verbaux de la première conjugaison principale.

En d'autres termes, pour le suff. t comme pour nt on peut distinguer deux modes d'emploi principaux : celui où ils s'ajoutent directement à la racine [sarva-gi-t, Ti9e-VT), et celui où ils s'ajoutent à un thème terminé primitivement en a. Ce dernier cas est si fréquent que la voyelle du thème a fini par faire corps avec le suf- fixe; mais en théorie il n'y a ni suff. at ni suff. ant : il y a seu- lement / et nt. Sur ce point nous pouvons invoquer l'autorité do Bopp {Gramm. Comp. Trad. IV, § 782 et § 804). — Les termes de primaire, secondaire ne pouvant s'appliquer ici, on nous permet- tra d'appeler suffixe immédiat le t ou nt joint à la racine, suffixe médiat le t ou nt joint à un thème en a. — Quant à la fonction, elle est active ou passive; nous réunissons ici les principales formes à considérer.

1. M. Bergaigne se joint à cette opinion dans son article sur le rôle de la dérivation dans la déclinaison.

22*

�� � 340

��LK SUFFIXE -T-.

��Sens actif, immédiat: viçva-êi-t

ÛJ)iO-PpiU-T

��Sens passif.

��t médiat:

��7it médiat

��à-Ppuj-T

indi-ge-t

drç-ja-t^ aux cas faibles

K€Xri-T*

��terë-t «usé, drç-ja-nt^ à-ba)Lia-VT' anima-nt.

��arrondi»

��com-i-t

çâsa-t

àpTe-T, èa-(Tcra', irevri-T',

par-ie-t^, tudi-t

bhara-nt oîi immédiat: a-VT (imm.), qpepo-VT

fere-nt

Dans la même supposition le suff. ta apparaîtra comme une forme élargie des suff. t et nt. On sait la tendance générale que manifestent les thèmes consonantiquee d'un fréquent emploi h pas- ser dans la déclinaison vocalique:

Sens actif. t immédiat-}- a: çak-t-a

TXn-T-o Hom. II. 24, 49. pô-t-o, ho8-pi-t-a t médiat -t- a: paca-t-a

baKe-T-o, èpxa-T-o vegë-t-o, tacï-t-o nandaja-nt-a TaXa-VTO (balance) flue-nt-o, oriu-nd-o

��nt médiat ou immédiat + a

��Sens passif. gi-t-a

PpUU-T-O COC-t-0

darça-t-a part. pass. fut.

à-Tie-T-o

genï-t-o

TaXa-VT-o (quantité pesée) coque-nd-o*^.

��1. Voy. Bopp, Gramm. sanscrite, 4^ éd., § 532.

2. ëaaoa = ouaa. Ahrens, Dial. Dor., p. 325, exemple intéress-int du part, faible en grec. Ici évidemment, comme dans éovT, fovx la voyelle a été apportée par le suffixe, puisque les verbes sont é(a), i. Mais i^oinnie nous l'avons dit plus haut, le suffixe avait commencé par l'emprunter à des verbes thématiques.

3. Voy. plus bas p. 207.

4. Pott reconnaît à ce mot le sens passif. — Nous n'avons pas compris pourquoi le même savant cite indistinctement comme exemples du suff. €t des formes telles que TOTrriT, éui^Xr^x, obfjioPpujT, Et. Forsch., V^ éd., II, 561.

5. L'étymologie ordinaire, telle qu'elle a été proposée par Poli (pari-i-t allant autour) a été légèrement modifiée par M. Ebel qui pense que la préposition y est réduite, suivant l'habitude du latin, à par d'où il suit que iet est une forme faible de participe dont la forme forte est îovt. On y pourrait voir aussi le participe de *pario = ireipuj, «traverser, séparer»; cela est indifférent pour notre sujet. >

6. Cette dérivation du gérondif latin a pour elle de bonnes autorités. Benfey, Grrnmmnire sanscrite, p. 144; Ebel, Journal de Kuhn, IV, .S24. On peut en rapprocher la transformation de avTO en av0o dans le grec, transformation qui dans certains exemples du moins n'est pas douteuse (<paXavTO, q)aXav0o).

�� � LE SUFFIXE -T-. 341

La nature du part. pass. latin en ito que nous avons introduit dans ce paradigme demande pour être bien fixée quelques déve- loppements.

Pour se rendre compte des participes grecs tels que éXero, eùpeTO, (XTieio, dpibeiKexo, àîreuxeio il est superflu de recourir à la «voyelle euphonique de liaison», car la forme en to, comme Lo- beck le faisait remarquer \ existe souvent parallèlement à la forme en €T0. Nous avons bien plutôt affaire à la même voyelle théma- tique dont nous observions tout-à-l'heure la présence dans le suff. at. Les deux suffixes sont formés symétriquement: at == a verbal -|- suff. /, eTO ou ata = a verbal -f- suff . ta. D'autre part nous avons décomposé le suff. ta en t -\- a. Tout ceci revient donc à dire que le suff. a-ta, grec e-TO est un élargissement du suff. a-t lequel a donné le part. prés, et que nous désignons sous le nom de t mé- diat^. Rien d'étonnant dès lors à ce qu'on trouve à côté de ei»X6T0, Tiexo des participes comme (TKeXero, (TKaireTO, etc., lors même que les thèmes verbaux cTKeXe, CKaTre n'existent pas: nous avons con- staté le même phénomène d'analogie dans l'emploi du suff. a-t.

Il n'y a aucune raison pour croire que les participes latins en question soient faits dans un autre moule; ito répond régulière- ment au grec eio, et le même affaiblissement de e en i a eu lieu en particulier dans la forme consonantique du même suffixe {tudit)^.

Enfin nous réunissons ici les part, sanscrits en ita qui eux aussi ont affaibli l'a primitif ^. Le gouna que prennent certaines racines devant ita (marshita) rappelle beaucoup le part, en at dont dérive celui qui nous occupe. Du reste qu'on veuille bien y prendre garde : admettre, comme on l'a fait, dans le sanscrit patifa, et dans le lat. geniio une voyelle de liaison i, c'est ne pas tenir compte des formes grecques parfaitement conformes (ievero, -|uaxeT0, etc. Car leur e ne saurait représenter un i primitif.

La 10^ classe des verbes sanscrits fait son part. parf. pass. en ita. Nous trouvons semblablement en latin domito du causatif do- mâre, monito de monêre, etc. L'i de ces formes latines et indien-

1. Paralipomena, p. 4.36 et passim.

2 Cette opinion qui fait de 1'» du lat. ito une voyelle thématique est par exemple celle de M. Corssen (Ûber Aussprache, etc., II, 291). — La persi.stance du thème du présent au part. parf. pass. est évidente dans des formes comme pec-li-to, bu-va-To; de même dans la majorité des verbes dérivés latins et grecs: arà-to, Ôpâ-To c.-à-d. araja-to, ôpaJe-TO.

3. La raison d'eupjionie n'a guère plus de poids en sanscrit et en latin qu'en grec, puisque les deux formes se rencontrent dans certains verbes.

�� � 342 LK SUFFIXE -T-.

nés a été expliqué comme un reste de aja. La contraction est un peu bien forte, surtout si l'on compare Vi long de sopîto, audîto. Il existe en grec un certain nombre de verbes dérivés qui peuvent donner, je crois, la solution du problème. Au lieu de joindre, sui- vant le procédé habituel, le suff. ta au thème en ja, ils ont rejeté la syllabe ja et ajouté le suffixe directement au thème nominal ou verbal dont ils dérivent. Ainsi aîvéuu donne aîve-TO au lieu de aîveje-TO, aîvn-To; cp. le thème nominal aîvo. èjuéou donne è)Lie-TO et non è|ieje-TO, è)Liri-TO ; cp. le thème verbal sanscrit vama, lat. vômë (d'où vômï-to = è)Lie-To); on a de même èpa[je]-TO, àpo[je]-TO^

Nous avons là apparemment le modèle de ce qui s'est passé en sanscrit et en latin. Dans pâti-ta (pâtâjâmi), Vi est un affaiblisse- ment de l'a qui dans pata-U et dans le part, paiat forme la ca- ractéristique ; il est identique à Xi du primitif pati-ta : la syllabe ja a été abandonnée. — De même dans le lat. sonî-to (sonâre) ja est expulsé et nous avons dans sont le thème nominal d'où dérive sonâre (sonus) ou peut-être le thème verbal de l'ancien sonëre. Dans terrï-to, terrî est le thème sanscrit trasa (trasâmi)^.

Des mots comme vegëto, comme l'ancien merë-to (avec e bref, Corpus I, 1012, cp. 32, 183, 1166, etc.) militent en faveur de l'ex- plication que nous proposons. M. Corssen (loc. cit.) dit que dans de tels participes l'é a dû s'abréger. La coexistence de monê-to, quiê-to déconseille cette solution assez peu satisfaisante en elle-même.

Voilà, si l'on admet ce qui précède, les part. parf. pass. en ta du sanscrit et des langues classiques ramenés à ces deux formules- ci : t immédiat -\~ a, t médiat + a. La proportion suivante rendra ceci plus clair:

-git : gajat = çruta : patita = eÙKTO : eùxexo = capto : genito.

Mais ce que nous voulons encore spécifier, c'est que -nta, élar- gissement du suffixe nasalisé -nt, bien que son emploi n'ait pris son grand développement qu'en latin, doit être considéré comme une formation sœur et parallèle de celle qui a produit ta par

L Le thème du nom ou du verbe primitif jouant à peu près le rôle d'une racine vis-à-vis du dérivé, il y a la même différence entre aîvc-TO et qpi\ri-TO qu'entre eÙK-TO et -eùxe-TO. — Chose curieuse, le ^rec ne montre cet allégement du part, en to que lorsque la racine se termine par une liquide ou une nasale, sauf dans les verbes béw (bexo) et àpKéo) (àpKCTo).

2. Souvent le suffixe s'adapte à la racine même: doc-to de doceo, kXji-to de KoXëui.

�� � LE SUFFIXE -T-. 343

l'élargissement de -t. Entre -ta et -nta la distance n'est pas plus grande dans le principe qu'entre le thème faible et le thème fort de bham-ni ^.

Nous ne ferons presque que nous répéter hn émettant notre présomption sur l'origine du suff. tar qui sert à former des noms d'agent et des participes fut. act. Suivant toutes les apparences tar résulte de l'addition du suff. ar au suff. participial t ou nt soit médiat soit immédiat ^. Ici encore nous sommes heureux de consta- ter que M. Ebel portait sur cette matière le même jugement quand il disait (loc. cit.): «Peut-être même faut-il voir ce t (le t de àpXriT) dans le suffixe tar, puisque nous avons dêvr, àvrip, ànp.» A ces mots qu'il citait comme preuve de l'existence d'un suff. ar on pour- rait ajouter aî9-eç, amvG-ep, peut-être ioxeaipa (îoxe./^-ap-ja), et skr. ushar = èap (voy. Mém. Soc. Ling., Il 73).

Voyons d'abord le suff. masc. t-ï] particulier au grec, dont le sens est celui de T-rip et dont la formation est calquée sur celle de t-o: T immédiat -|- r] : Ppuj-T-r| cp. dj|Lio-Ppuj-T T médiat -\- ï] : èx-CT-ri^ cp. èx-riT T nasalisé -\- y\ : èôe\-0VT-ri* cp. èôe\-ovT.

Un schème tout pareil serait celui du suff. t-ar. 1^° série : bhar- t-ar (cp. dharma-bhr-t), 5|ir|-T-rip (cp. à-b|Ltri-T), da-t-or cp. do-t. 2® série: ^an-it-ar, T^v-ex-rip, gen-it-or. De la troisième il n'a sub-

1. Mentionnons comme complément de ce qui précède les adverbes grecs en Ti que nous tenons pour des locatifs de participes : à-bnr|-T{ de à-b|uri-T; ^kï]- Ti de éKTi-T, forme faible de éKOVT (l'a a été conservé dans la glose d'Hésychius : T€Kâ(Ta — cod. X€kq9cI — éKoOffa), éGeXo-vTÎ de é9e\o-vT. — Il y a une autre classe d'adverbes en xi, ceux-là dérivés de participes en to et contractés pro- bablement de Tel qui est la forme régulière conservée parallèlement. Ce n'est point sans doute par hasard que l'i de é'KriTi, à^Krixi est bref dans Homère, tandis que àvuiiaTÎ, àvai|aujT{ (atinôiu), àvibpiurC (l&pôu)), àvourriTi, éypriTopTl l'allongent; |LieXeï(JT( fait exception.

2. Le rapprochement de Bopp avec la racine tar «transgredi» est peu con- vaincant. M. Benfey après avoir eu la même idée a réuni les suffixes tar et tan; mais ici nous tombons dans une théorie où tout le monde ne voudra pas suivre le savant professeur.

3. Jusqu'ici nous avons divisé les mots où apparaît le suffixe médiat d'après le modèle suivant: àpxe-T, |aeve-TO, jnevo-vT, attribuant la voyelle au thème. Mais puisque, à la longue, cette voyelle a positivement passé dans le suffixe, il est permis également de diviser comme ci-dessus, et nous adoptons dès ce moment cette manière d'écrire qui servira mieux notre but.

4. Outre éOeXovTii j'avoue n'avoir à citer que éKovTr). Le fleuve 'OpovTri a probablement un nom étranger. En revanche le féni. GepoTTOVTib semble sup- poser un masc. eepairovTri (cp. éSeXovTib).

�� � sisté que ἐθελ-οντ-ηρ (Odyssée II 292), lequel jette une lumière très vive sur cette formation en général, le suffixe participial s’y montrant d’une manière irrécusable.

La classe de ces noms d’agent qui s’est formée sur le t médiat donnerait lieu aux mêmes remarques que nous avons présentées plus haut sur les part. pass. correspondants. Encore ici le sanscrit et le latin ont affaibli devant le t Va primitif que le grec s’est contenté de changer en e^. Le grec a surtout maintenu dans une très-belle intégrité les antiques noms de parenté de cette formation : θυγ-ατ-ερ, sanscrit duh-it-ar ; εἰν-ατ-ερ, lat. jan-it-rîc. Le sanscrit a ^âmâtar, mais l’étymologie en est obscure^.

Donc la formule des noms en tar est : Racine + t (nasalisé ou non, médiat ou immédiat) + ar.

Noms en H. Ici plus qu’ailleurs nous touchons à une question de principe. Une partie des linguistes voit dans le t de formes comme parisrut, ἀγνωτ, une mutilation de ta, les autres une mutilation de ti. A peine si l’on a hasardé l’idée que ta et ti pourraient au contraire être des élargissements de t. C’est qu’il y a là sur l’origine pronominale ou verbale des suffixes une opinion reçue que nous nous garderons d’attaquer, mais qui ne doit pas non plus influencer l’étude des faits par un jugement a priori.

Nous ramenons donc ti h t —\— i, sans décider si le second élément est un suffixe ou, ce qui est plus probable, une simple voyelle d’élargissement. Le suff. ti s’est développé sur le t immédiat et sur le t médiat ; dans ce dernier cas le sanscrit a conservé l’a qu’il affaiblissait en i devant le suflF. ta ; ex. : ram-at-i, vah-at-i. L’adjonction de l’i se fait cependant avec une prédilection marquée pour le t immédiat : en latin c’est là le seul mode de formation qu’on rencontre ; en sanscrit les mêmes racines qui font le part, fut. en it-ar, le part. pass. en it-a, prennent le suff. t-i sans interposer de voyelle thématique : bhav-it-ar, mais hhû-t-i, ush-it-a, mais ush-t-i.

Le suff. t-i donne principalement des noms d’agent et des noms d’action. Nous trouvons aussi deux emplois analogues du suffixe t {sarva^it, sacerdbt ; — baiT, dot^) et des différents rejetons qui en

1. Le latÎQ a encore les traces d’un e : genetric, moletrina.

2. Ici non plus on ne saurait alléguer l’euphonie. Cp.kramîtar ei Jcrantav ; hharitar, φερετρον et hhartar, φερτρον ; ὑψιβρεμετη et βροντη, ce dernier, par parenthèse, formé exactement de βρεμ comme sanscrit vanta de vam, kânta de kam.

3. De tels substantifs ne sont pas tout à fait étrangers au sanscrit : ni-jut tattelage » (A. Régnier, Etudes sur l’idiome des Védas, p. 113). LE SUFFIXK -T-. 345

sont eortis. Il existait certainement un suft". ti avant la séparation des langues, mais le travail de formation d'où il est né a continué dans les différentes branches de la famille; c'est là qu'on peut en- core le surprendre.

Nous allons essayer de justifier notre manière de voir par quel- ques exemples. Et d'abord ne s'est-on pas un peu trop hâté de ranger beaucoup de mots latins dans les formations du suff. ti sans en posséder la preuve directe? M. Corssen est-il sur un ter- rain solide quand il y met en bloc tous les noms en es, -itis, es, -etis {liber Aussprache, II, 209)? Nous ne voyons pas qu'il produise aucun argument à l'appui. Souvent aussi l'on croit devoir admettre la chute d'un i dans des mots comme compot, sacerdot, praestit, locnplet: on ne saurait apporter trop de prudence dans ces restitu- tions de thèmes.

Pourquoi le thème pô-t dans compot, impôt ne pourrait-il avoir existé^? Sous sa forme simple il est devenu pô-t-i: juveni de *juven, ienui de *teyiu montrent le même phénomène. Les formes du verbe possum gagneraient beaucoup en clarté à l'hypothèse de ce thème pot^ que n'infirme pas la coexistence de fotis sum. Du reste un thème identique à pot dans l'origine est, d'un consentement assez général, reconnaissable en latin dans hos-pi-t, sos-pi-t^.

C'est ce thème primitif pa-t^, qui, à notre point de vue, donne naissance d'une part à pat-i, pôt-i, ttocJ-i; de l'autre à èecT-iroT-ii, à pat-er.

Nous avons vainement cherché ailleurs une explication satisfai santé de pat-nî, TtOT-va, irox-via, becr-TTO-iva c.-à-d. ^beff-iroT-via qui est le propre féminin de be(J-7T0T-r|, enfin de hospit-a, sos-pifa et de Pota Vica (un nom de la Victoire): tous ces mots supposent un masc. pat sans i.

Sans quitter la racine j)a je citerai le zend napt-i «parenté», parce qu'il met en lumière l'arrivée successive des deux éléments

1. Cp. la remarque de M. Bréal (article cité) sur les archaïsmes sauvés par les mots composés.

2. Surtout potero, poieram. Le verbe possum serait alors composé à la manière de ^>M<rg/îo pour putris fio. Cp. aussi les verbes sanscrits tels que cakrî-kar «rendre circulaire».

3. Nous croyons que propit-îo ist formé sur un thème perdu pro-pi-t de la même racine (Pott rapproche propitio de prope ou de upoireTriç. Et. Forsch., 2e éd., l, 5.0.Ô). Pro abrégé comme dans profano, profiteor.

4. Ce thème nominal fait penser tout naturellement au \erhe pat «dominer». Ici s'ouvre une question qu'a touchée M. Bréal quand il compare tn-dju-t et le verbe djut.

�� � 346 LE SUFFIXE -T-,

du suffixe. Na-pt-i et le sanscrit na-pt-ar ont perdu un a, qui s'est conservé dans le zend na-pa-t, le sanscrit na-pâ-t, le lat. ne-pô-f. Suivant M. Kuhn le sens primitif de nepot est à peu près celui d'impôt^. S'il y a eu dans na-p(a)H adjonction d'un sufï. ti à la racine, le sens du mot devrait être quelque chose comme «impuis- sance»; la difficulté disparaît au contraire dès qu'on considère ti comme l'élargissement du sufF. t qui est dans na-pa-t, et napti comme une sorte de nom dérivé.

Le grec montre un thème vukti dans des composés comme vuKTiqpopo; on trouve dans la langue védique et en gotique un thème correspondant en ti. Est-ce à dire que vukt soit un thème mutilé? En aucune façon, et ce serait renoncer à comprendre le dat. plur. got. naht-ani, le sanscrit uakt-a, le lat. noct-u, noct-ua, qui sont autant d'amplifications différentes d'un thème nak-t.

A côté du thème lat. os-si (pour osti^ sanscrit asthi) on trouve les formes archaïques ossum, ossu. M. Corssen les explique par une voyelle hystérogène survenue après que la chute de l'i eut laissé la place libre à cette formation nouvelle (Aiissprache, II, 597). Selon nous le thème primitif était as-t\ de là sont partis différents élar- gissements, parmi lesquels il faut nommer encore le sanscrit as-th-an et le grec ôcr-x-o dans ôffioboxeio.

Quelques mots sur le gérondif sanscrit en tja. Ce gérondif est reconnu pour appartenir au suff. ti dont il est probablement un instrumental abrégé^. Il se forme sur les racines terminées par une voyelle brève, précisément celles qui montrent encore le suff. / immédiat. Cp. ni-kr-t-ja, vi-gi-t-ja avec karma-kr-t, sarva-gi-t. La langue ancienne connaît encore des gérondifs en tja formés sur des racines consonantiques : c'est là la trace d'un emploi bien plus général du suff. t qui plus tard s'est restreint à une classe de ra- cines. Peut-être même les gérondifs en ja sont-ils pour tja et c'est là l'opinion de Schleicher {Gompend. 2® éd., p. 451). Ainsi se ré- soudrait la difficulté que rencontre Bopp {Ausfiihrl. Lehrgeb., § 638): à savoir comment, ja étant l'instrumental de t, il a pu se déve- lopper sur des racines vocaliques: adhi-bhû-ja, â-dd-ja. Le fait que dans les verbes dérivés la syllabe ja s'ajoute directement à la racine s'accorde aussi très bien avec le mode ordinaire de forraatioh* du suffixe t-i^.

1. Il faut peut-être rapprocher de ces mots le grec wr\mo (vr|-m.;o) et wr\- nu-T-io où l'a se serait affaibli en i et en u.

2. Il en est à peu près du suff. tvara comme du sufï. ti au gérondif; il

�� � LE SUFFIXE -T-. 347

Suff. t-u. — Son principal emploi se trouve en skr. dans l'inf. en t-um et it-îim ; le gérondif en tvâ appartient au thème élargi tva ^ Le même sufl&xe donne des noms d'agent comme jâ-t-u, gan-t-u. En grec nous trouvons presque uniquement des noms d'action fémi- nins : Ppuj-T-u, buu-T-u ; èb-r|T-u^. En latin le supin en t-û, it-û, les noms en t-u, it-u: par-t-u, frem-it-u.

On voit que t-u se développe soit sur le t immédiat soit sur le t médiat. Cette dernière formation est bien nette dans èTU-|Lio qui vient d'un subst. *èTU comme baiTU)iiov de baiTu; *èT-u, ainsi que le montre èi-eo = sat-ja, est formé sur le part. prés, du verbe substantif, s-at. Le sanscrit sat-tva est une formatioii secondaire.

Nous ne pouvons poursuivre cette exposition dans toutes les ramifications du sujet. Une dernière question que nous proposons est celle-ci : le suff. tvana, grec auvr| (adj. auvo) serait-il à l'origine un suffixe primaire appartenant à la même formation que tuf C'est ce que semblent indiquer des formes comme becr-TTO-ff-uvo (forme première : i^a-t-vana) ^, tti-ct-uvo pour irid-a-uvo (bhidh-t-vana), eù-qppo- (T-uvri pour eu-cppov-ff-uvti {-bhran-t-vana). Peu nous importe ici que tvana doive se décomposer en tva — na ou tva — ana (ou même en tu — ana, puisque nous y voyons un suffixe primaire). M. Aufrecht qui est dé la seconde opinion rapproche les inf. sanscrits en tvânam comme pîtvânam (Journal de Kuhn, I, 483), ce qui s'accorderait avec notre point de vue. Peut-être faudrait-il alors comparer le lat. t-ûno dans Nep-t-ûno, For-t-ûna (à côté de For-t). Porfûno dérive probable- ment directement de portii.

Nous croyons aussi devoir assigner une origine primaire au suff. tât, grec TriT, qui dans le Vêda s'est ordinairement élargi en tâti^.

perd son t après une consonne. De même d'un élargissement du suff. ti: tju dans mr-t-ju, cp. çundh-ju, et de quelques autres.

1. Voy. l'article de M. Barth, Mém. de la Soc. de Lingu., II, p. 238. — Le gouna facultatif et quelquefois obligatoire qui frappe les racines devant U-và, tandis que t-vâ demande au contraire la forme faible, s'accorde bien avec notre théorie où it-va n'est qu'une amplification de at (part. prés, parasm.).

2. Pour l'allongement de la voy. cp. sanscrit gtv-ât-u et aussi les mots grecs en tit mentionnés plus bas.

3. Qu'on renonce en tous cas à identifier le sanscrit patitvana: quand b€(JiToauvo serait une forme syncopée, il le serait de beairoToauvo et non de bcaiTOTiauvo. — auvri en passant dans les suff. secondaires n'a fait que suivre l'exemple de plusieurs proches parents, entre autres du suff. Tr|; lîrnoauvri : beOTToauvri = l-rr-troTri : beoTroTr].

i. Nous croyons avec Bopp que l'accord du grec, du zend et du latin (outre les formes védiques dêvaidt, vrkatât) permet de regarder la forme sans i comme

�� � 3iJ< LK SUFFIXE -T-.

Tât serait alors composé du participe fém. en ta (cp. TTivuTr) qui a le mênaè sens que irivuTriT), plus un redoublement du / qui l'a formé.

Voici les formes sur lesquelles nous nous appuyons. Ce sont, en grec, tto-tti-t (cp. tto-to); TTivu-Tr|-T (cp. Ttivu-rri), rac ttvu; èa-^rj-T (pour ècr-Tr|-T; l'aspiration est déterminée par le sigma) que M. Léo Meyer range sous le suff. TriT. Puis Pio-Tr|-T pour lequel il est d'autant moins nécessaire de forger un adj. pio «vivant» ^ que les mots Pio-TO et Pio-iri ne sauraient appartenir qu'au verbe piôuu *. io-iriT dérive peut-être aussi d'un verbe perdu iôuu. Ajoutons dp- eiTi-T que Bekker a fait admettre dans le texte d'Homère à la place de dvbxoxriT. Le latin a aes-<a-# et peut-être volup-tâ-t; ae-tât a plus probablement passé par l'intermédiaire de aevitât ; en revanche nous surprenons la naissance de tât sur le t nasalisé dans le mot vol- untâ-t et dans l'osque Her-enta-t.

On dira que ces exemples sont bien clairsemés au milieu de la masse énorme des formations secondaires. Ne perdons pas de vue que les époques postérieures se sont emparées des suffixes de ce genre pour créer, sur les adjectifs existants, .une légion de termes abstraits qui n'entrent pas en ligne de compte. Dans les poèmes homériques je n'ai relevé que onze mots en ix\ï parmi lesquels se trouvent précisément tous ceux que j'ai cités, sauf 7TivuTr|T^.

Voilà, si nos conjectures ne sont pas illusoires, la marche qu'a pu suivre la langue dans la formation de quelques-uns de ses suf- fixes les plus usités. On voit que ce n'est là qu'une exposition sommaire où nous négligeons plusieurs faces de la question, entre autres l'accentuation, le renforcement vocalique, deux pliénomènes étroitement liés, et l'insertion d'une sifflante que M. Osthoff a cru récemment pouvoir expliquer, au moins dans le suff. stra, par une extension de fausse analogie (J. de Kuhi, 23, 316).

��la plus ancienne. — Un certain nombre de gén. plur. latins en -tatium ne prouve pas grand chose, vu l'extension qu'a prise la déclinaison des thèmes en i. En revanche il faut noter le dat. Tempestatebus sur un des tombeaux des Scipions, forme qui milite en faveur de notre opinion, car navébos sur la col. Rostrata doit également se rapporter à un thème sans i [nav-). \. Journal de Kuhn, l, 160.

2. En effet le suff. to, fém. Tri, "'est secondaire en grec que sous la forme u)To où iTO. pioTO, pioTri ne peuvent donc pas venir de cet adj. hypothétique. Us dérivent de Piôuj comme àpoxo de àpôu).

3. Il faut peut-être remarquer le sens assez concret de quelques-uns de ces mots: noTriT, bn'ioTriT, KOKOTriT, qpiXoTriT et surtout de éoGiit. Ce dernior a peut-être le sens d'un nom d'agent.

�� � LE SUFFIXK -T-. 349

Quant au suffixe t, qui est notre point de départ, on pourrait se demander à première vue si ce n'est pas là un simple ren- forcement phonique dont ne sont susceptibles que les racines voca- liques ou celles qui ont été rendues vocaliques par métathèse ou affaiblissement. Mais en examinant ces dernières on remarque bien vite l'accord que présentent le sanscrit et le grec quant aux con- sonnes qui les terminaient dans l'origine. Dans l'une et l'autre langue ce sont r (l), m et w, bien que chacune d'elles ait suivi sa voie propre dans la modification euphonique des mots ainsi formés: le sanscrit vocalise la syllabe ar en r et renonce aux lettres m et n; le grec emploie partout la métathèse. Exemples: Rac. kar {kar- makrt), star (cpuXXodTpujT) ; — gam (aranjagdt)^ tam (iGuTjuriT) ; — tan (parîtat), dhan (àv5po0vr|T). Cette concordance ne permet pas de supposer que les formes en question aient été faites postérieurement dans chacune des deux langues sur l'analogie des véritables racines vocaliques : elle conduit au contraire à des formes indo-européennes où t devait se placer encore à la suite d'une consonne {gamt, tant, kart) \ tout en indiquant que les groupes plus durs tels que pi, kt, tt étaient en désuétude dès avant la séparation des langues (excepté bien entendu dans leurs élargissements pfa, kfa, tta). Mais la preuve que ceux-là aussi ont existé nous est offerte dans le grec àiTTUJ-T où notre suffixe a été imposé à une racine en t (pat), dans àvaK-T de la rac. ^a^K (vinco) ^, dans Ta^CK-T, lac-t où nous tenons glag pour la racine, dans vuk-t, voy. plus haut.

C'est sans doute le même t qui apparaît dans des formations secondaires telles que sanscrit jakrt à côté de lat. jecor, dans 5a|uap-T et tant d'autres mots où M. Curtius l'a appelé «suffixe individuali- sant». Journal de Kuhn, IV, 214 ; De nominum gr. form. p. 10.

��P.S. — J'ai cité plus haut des mots en -riT comme TrevriT. Ces formes sont peut-être à l'origine identiques aux participes en -vt, la

��1. Le latin a conservé la forme première, sans métathèse, par exemple dans par-t (l'ancien gén. part-us, Corpus 197, 12, montre qu'il n'y a pas là de suflF. ti}. On a au contraire avec métathèse inter-pret d'une racine parente {ff^pvTiiLii, pretium).

1. Le digamma est assuré par les inscriptions cypriotes. V. Deecke et Siegismund dans les .S'^«rfïVn de Curtius VII, 237.

�� � 350 LE SUFFIXE -T-.

longueur de la voyelle compensant la perte de la nasale. Cep'endant le véritable rapport entre les voyelles longues et les voyelles nasa- lisées est encore si confus qu'il vaut mieux ne pas préciser ce point.

Les mots en avx tels que àKa)i-avT forment aussi une classe intéressante de mots grecs qui ne sont autre chose que d'anciens participes prés, ou aor. où l'a s'est conservé comme par oubli, et parce que la signification qu'ils avaient prise les avaient peu à peu détachés du verbe. Outre un grand nombre de noms propres dont Pott a traité (Journ. de Kuhn, VII, 244) nous avons àbaju-avi, àv5po5a|a- avT, àKa|u-avT, uTrepKub-avr, dXip-avx, èXe(p-avT, YiT-avi. Je ne cite pas î-|aavT où le suffixe est ^avi, ni ÔKpiPa-VT, KiWi^a-vr, XuRa^a-VT dont l'a est radical et n'offre donc pas d'intérêt particulier. De même TreXeKâ-VT ne possède l'a que comme dérivé de TTeXeKauu, sans doute grâce à un mode de contraction qui doit remonter à une période reculée (V. Curtius, Studien, VII, 432).

Tout le monde n'accordera pas que l'a soit thématique dans les mots èXé(pa(vT)ç, àXîpa(vT)ç, YiTa(vT)ç que nous venons de mention- ner. C'est ce que nous allons essayer de justifier :

EAE0AZ. — On a donné vingt explications de ce mot, tou- jours en partant de l'idée que le nom du pachyderme indien devait être emprunté à une langue asiatique. Il est évident cependant que le premier sens de èXéqpaç a été ivoire. Homère connaît fort bien l'ivoire, mais point l'éléphant, ainsi que le rappelait déjà Pausanias (I, 12, 4), lequel ajoute avec assez d'à propos: Geacrdjuevoç bè Kai 7TeTTU(J|névoç ["OïLiripoç toû 0ripîou] è)uvrmôveuo"ev âv ttoXù ye Trpôiepov, i\xo\ boKeîv, fi TTUYiuaiaiv le àvbpûjv Kai Y^pavoiv |iiâxriÇ-

Rien n'oblige dès lors à croire que le mot soit étranger, et nous pouvons le rapprocher de: dXqpoùç* XeuKOuç (Hesych.), àXcpôç «dartre blanche», lat. aïbus (Curtius, Qrdz. n^ 399). L'ivoire serait donc nommé d'après sa blancheur, comme la farine (dXqpiTOv).

Pour ce qui est de la forme du mot, èXéqpaç est à dXcpôç à peu près comme èpécpuj à ôpqpvn, comme àXeyeivôç à dXyoç. Dans la même racine àXuucpôç' XeuKOç montre aussi l'insertion d'une voyelle.

Cela étant, èXéqp-a(vT)ç s'explique comme part. prés, du verbe "■••èXécpuj qui a dû signifier «être blanc» comme p. ex sanscrit çvrtâmi^.

��1. Je m'aperçois que cette étyinologie est déjà indiquée dans le Journ. de Kuhn, X, 267, où M. Fr. Mûller, après avoir réfuté plusieurs rapprochements de mots asiatiques, émet l'opinion qu'une racine àXqp est peut-être la source du mot éXéqpaç et laisse au lecteur le soin de poursuivre cette idée.

�� � LE SUFFIXE -T-. 351

Nous voyons souvent qp alterner avec p à la fin des racines (TTpéqpuj, (TipôpiXoç, etc.); dans la racine àXqp en particulier nous avons àXdpri «cendre» et, si le mot est grec, àXàpacripoç «albâtre» (Benfey, Gr. Wurzell. I, 52; II, 127). Il n'est donc pas impossible que àXipavTeç «les morts» qu'on lit dans Platon, Rep. III, 387 C et dans les glossaires, et qui est attesté en outre par aKxaXîpap (V. Curtius, Grunâz., p. 131), signifie proprement «pâles». Cp. le latin paîlentia régna, et les expressions allemandes er-blassen «mourir», ver-blichen «défunt».

àXip-a(vT)ç dans cette hypothèse ne serait qu'une autre forme de èXé(p-a(vT)ç, quelque étrange que cela paraisse à première vue^

riTAZ. — L'étymologie qu'adoptent Lobeck et Preller et qui fait de fi-Yavreç un synonyme de Y^-teveîç est peu soutenable, non- seulement parce que yîÇ' TH 6st une glose douteuse, mais surtout par ce que ^av-i sans métathèse pour Tvr|-T serait une forme sans exemple. — Pott a voulu identifier fiyavieç et gignentes en supposant une forme première *YiYvavTeç, mais il est difficile d'admettre la disparition du v.

Il faut réunir selon nous fÎYavTeç et le lat. vigeo à la racine giv d'où sont sortis en skr. gtvâmi «vivre», en grec pî^oç et tàixi == *Yiauj, en lat. vivo = *guîvo.

Le sens de vigeo ne s'oppose point à cette combinaison. On sent percer dans ce mot l'idée de plénitude des forces vitales et quand Virgile dit (Aen. VI, 730): Igneus est ollis (hominibus, pe- cudibus) vigor et caelestis origo, nous sommes en plein dans le sens du skr. giva: «das Lebensprinzip, die individuelle Seele» Dict. de Pétersb. Le sanscrit ginvâmi «être animé, remuer», dans le sens actif

��1. La même racine àXqp, àXip donne peut-être la clef de la glose: ftXiZa' i\ XeÙKTi Tiûv bëv&puiV MoKcbôveç. Le sens du mot f] \€i)KY\ n'est pas très-clair; il s'agit probablement d'une maladie de l'écorce des arbres. M. Fick (Journ. de Kuhn, XXII, 197) tire a.\\Z.(x de la rac. U dans linere, àXîvai et place âXiZa à côté de àXiZuj" àXeîqpeoOai. Mais tant ({u'on ne citera pas un second exemple d'un subst. en -Zo -ta. en regard d'un verbe en -Zw, il sera permis de douter de la justesse de ce rapprochement. Pour ramener dXiZa à àXiP qui est dans àXîpaç, il n'est pas besoin d'admettre une forme première àXi^ia et un cas de zétacisme labial comme on en trouve un dans XdZojLiai = XaPi/o|Liai, car le macédonien montre Z pour p (voy. Fick, loc. cit., p. 207). — Quelle que soit la signification exacte de n XeÛKrj chez Hésychius, il est évident que ûXiZa lui étant synonyme dans le sens général de Hanc pourra se prêter aussi bien que lui i\ l'emploi spécial qui lui est donné.

�� � 352 11 SUFFIXE -T-.

«restaurer, ranimer» ne se rapproche pas moins. L'allemand erquicken de la même racine pourrait se traduire «vigentem reddere».

Phoniquement vigeo ne présente pas de difficulté si l'on considère que vivo montre aussi une gutturale dans vic-si, vic-tus (vig-si, vig-tus). C'est même g et non v la consonne primitive, si nous en croyons Schleicher (Com2). 2® éd., p. 243 et 344). — M. Corssen rattache vigeo à vinco, ce qui est difficile à justifier.

Dans T'YCtç le t initial est primitif; l'autre t peut se concevoir soit comme représentant de J^ (cp. àrpÛYCTOç = àipu/etoç et autres ex. Cnrtius, Grundz., p. 584) soit comme primitif aussi, puisqu'il y a doute sur la véritable consonne terminale de la racine.

YÎT-«(vt)ç serait ainsi part, de *yîyiw, identique pour la forme à vîvo sauf le renforcement, et pour le sens à vigeo .

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -EO.

{Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 279. — 1877.)

L'opinion a déjà été émise par M. Grassmann (Kuhns Ztschr. 11, 48 seq.) qu'une partie des verbes latins en -eo appartiennent par leur origine à ceux qui forment le thème du présent au moyen de la caractéristique -ja et qui constituent la 4® classe verbale du sanscrit. Cette idée ne paraît pas avoir fait fortune, et cependant elle mériterait en tout cas d'être examinée, bien que nous recon- naissions qu'un certain nombre des verbes dont il s'agit aient pu être comparés, non sans vraisemblance, aux aoristes forts du passif en grec (Froehde, K. Z., XXII, 259. Curtius, Verbum, II, 334), deux rapprochements qui sont naturellement incompatibles.

En admettant provisoirement qu'une partie des verbes en -eo sont bien des verbes primitifs en -ja, d'après quelle loi le latin nous montrerait-il tantôt -io {capio, cupio, etc.), tantôt -eo, comme nous venons de supposer? M. Grassmann, dans l'article que nous venons de citer et qui traitait des différentes transformations du jod, pen- sait que cette diversité tenait à la quantité de la syllabe radicale: -eo, dans les exemples qu'il donnait, venait généralement à la suite d'une racine longue (ainsi torqueo), io à la suite d'une brève (ainsi capio).

Ce principe ne semble cependant pas se vérifier. Premièrement, même en faisant parmi les verbes en -eo les mêmes choix que M. Grassmann, on rencontre des exceptions qu'il indique lui-même. Les exceptions s'augmenteraient aussi du côté des verbes en -io, si l'on ajoutait à sa liste les verbes de la 4® conjugaison (tels que farcio) qui rentrent dans la classe en -ja. — En second lieu, quel a été le critérium observé dans ce départ des vrais et des faux verbes en -eo? La formation du parfait et du supin, selon qu'ils se font en -ui ou en -i, -si, en -itum ou en -tum. L'auteur n'a pas dressé le tableau des verbes correspondants dans les langues parentes et, en réalité, son principe tombe dès qu'on les prend en considération. Le grec TpaTréuj, par exemple, montre que torqueo n'est pas un

de Saussure, Oeuvres. 83

�� � 354 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -CO.

verbe en -?'a, malgré le parfait torsi et le supin tortum; et d'autre part |Lieîpo|Liai indique que mereo est un verbe en -ja, malgré merui et meritnm.

La raison de cette diversité des verbes en -ja en latin demeure donc cachée. S'il fallait néanmoins émettre une présomption quel- conque à ce sujet, nous hasarderions l'idée que l'accent a pu jouer un rôle dans cette circonstance comme en beaucoup d'autres. Nous voulons ajouter toutefois que cette supposition est née pour ainsi dire du désir de faire de l'ordre et que partout où les faits pa- raîtront en désaccord avec elle, nous omettrons de chercher longue- ment l'explication d'une telle anomalie. C'est, avant tout, le fait lui-même et non sa cause que nous devons chercher à démontrer. Voici l'hypothèse d'où -il faudrait partir: les verbes de la classe en ■ja dont le sens était neutre avaient primitivement l'accent sur la caractéristique. Les verbes à sens actif de la même classe accen- tuaient soit la racine, soit la caractéristique, sans règle fixe.

Par verbes à sens neutre, nous entendons non-seulement les verbes intransitifs, mais encore ceux des verbes transitifs qui renferment une idée de passivité ou qui indiquent un état de l'âme', p. ex. patior, ^ cupio.

Examinons d'abord la 4* classe verbale du skr., qui forme les temps spéciaux à l'aide de la syllabe -ja et dans laquelle l'accent repose comme on sait sur la racine. On est bien fondé à regarder, au moins dans le plus grand nombre des cas, cette accentuation comme postérieure: la 4* classe présente ordinairement les racines sous leur forme la plus faible; on a par ex. hrsh-ja-ti et non harsh' ia-ti, et ce fait serait inexplicable si l'accent avait dès l'origine frappé la syllabe radicale. On admet donc qu'il se trouvait pri- mitivement sur la caractéristique, ce qui, dans notre hypothèse, ne s'étend cependant pas aux verbes actifs ^ Si ces derniers montrent comme les verbes neutres la racine affaiblie, c'est apparemment par un effet de l'analogie.

L'accentuation du passif, où la tonique repose constamment sur la syllabe ja, a ici son importance. Le passif n'est en effet qu'une extension du moyen de la 4* classe (Delbriick, Altind. Verb., p. 168), et naturellement seulement des verbes neutres de la 4* classe. Nous trouvons là à la fois un dernier ténooin de l'accentuation des

��1. Les verbes actifs accentuaient foit la racine, soit la caractéristique: V. jilus haut.

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -CO. 355

verbes neutres en ja et une des raisons qui ont déterminé le dé- placement de l'accent dans ces verbes: une fois le passif créé, il fallut en effet s'en différencier, et ceci ne put avoir lieu qu'en abandonnant l'antique accentuation. D'autre part la fraction des verbes transitifs en -ja qui avait porté de tout temps l'accent sur la racine exerçait sur les autres l'attraction de l'analogie. Grâce à ce double facteur toute la 4* classe prit enfin un accent hystérogène uniforme.

Le grec, ayant profondément modifié tout l'accent du verbe, ne nous laisse guère que les traces qu'a pu garder la racine de l'état de choses ancien, pour nous diriger dans la restitution de l'ac- cent à sa place primitive. La racine présente-t-elle sa forme la plus forte, l'accent reposait sur elle dès l'origine. Montre-t-elle une dé- gradation, l'accent a dû frapper autrefois le suffixe. Il n'est plus douteux par exemple que l'inev = imâs en regard de eî|ai = émi n'ait été d'abord oxyton comme la forme sanscrite correspondante. Malheu- reusement le vocalisme de la racine est souvent trop peu sensible à l'accent pour en avoir reçu et conservé l'empreinte. Ainsi, dans la classe qui nous occupe, viLkm, qui probablement s'est toujours accentué ainsi, n'est cependant pas devenu veiZiuj. Sous ce rapport Xeu(T(Tuj «voir> (pour *XeÙK-juu) est une exception remarquable. — Les données sont cependant un peu moins maigres quand il s'agit des racines en ar ou en an. Si nous adoptons les résultats des recherches sur les liquides et nasales sonantes indo-européennes pour- suivies en particulier par MM. Brugman et Osthoff [Nasalis sonans in der Indog. Griindsprache von K. Brugman dans les Studien de Curtius IX, 287 sq.), nous aurons dans l'alpha d'un grand nombre de formes l'indice d'une dégradation de la racine: a et dans cer- tains cas av apparaissent comme les représentants d'un n- voyelle indo-européen qui en sanscrit aussi bien qu'en grec a développé un a derrière lequel il a souvent disparu (xaTÔç, skr. taiâs == indo-eur. twtâs). De nr>ême le r- voyelle primitif prend en grec la forme pa ou ap (\a ou aX), mais les phénomènes relatifs au r- voyelle mis en lumière par M. Osthoff n'ont été jusqu'à présent qu'indiqués par l'auteur dans les Beitr. zur Gesch. der dentschen Spr. n. Litt. (de Paul et Braune), III, p. 51, et par M. Brugman {Studien, IX, 375). Malheureusement les cas les plus importants pour notre sujet ont été à peine effleurés (loc. cit., p. 327 et 376). Ce sont ceux où une liquide sonante s'est trouvée non entre deux consonnes, mais entre une consonne et une voyelle ou entre une consonne et jod.

23*

�� � 356 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eO.

Elle s'est alors développée en av, ap, au lieu de se réduire comme on l'attendrait à la consonne simple^. Ce n'est donc pas une dif- férence fortuite que celle qui existe entre (TTreîpuj «semer, agiter > et (JTTaipuj «s'agiter»; tous deux appartiennent à la même racine (Curtius, Grdz.*, n° 889. Cf. Grassmann, Worterb. zum RVeda s. v. phar), mais le premier descend de la forme forte spâr-ja^-ini\ le second en qualité de verbe neutre de la forme faible spr-jâ^-mi. C'est ainsi qu'on a Teipo), Treipo), (pGeipai, àeipiw, eeîvu), Teivuu, Kxeîvuj et autres verbes transitifs en regard de X«'P^> (JKaipuj, paivuj, craivui, Xaîvuu, etc., verbes intransitifs ^ Un assez grand nombre de verbes transitifs se rangent dans le dernier groupe; aussi n'avons-nous pas, dans l'énoncé de l'hypothèse, posé de règle absolue à leur égard. On ne trouve pas en revanche, autant que nous sachions, de verbe neutre dans le l*"" groupe.

Après cette digression qui était nécessaire pour fixer les idées sur la possibilité d'un double accent des verbes en -;«, revenons aux verbes latins en -eo et passons tout d'abord en revue ceux d'entre eux que nous étudions. Deux choses frappent quand on considère l'ensemble de la conjugaison en -eo: la grande quantité de verbes à sens neutre ou passif qui s'y trouvent, et (ce qui est singulier pour des verbes dérivés) le petit nombre de ceux qu'on peut rat- tacher à un thème nominal. Qu'on compare le tableau de la con- jugaison en -are dans la Grammaire comparée de Léo Meyer (II, p. 5 seq.), et l'on verra dans quelle proportion tout autrement considérable on retrouve à côté de ces derniers verbes les thèmes nominaux qui sont à leur base. Ces deux particularités apparaîtront sous un tout autre jour après la confrontation des verbes grecs et skr. corres- pondants. Il nous reste auparavant à dire un mot sur le représen- tant de skr. /• (et de grec pa, ap) qui est en latin or^ ol. Je dois la connaissance de cette observation à un entretien avec M. le pro-

1. Ceci fait bien voir qu'on a tort de parler d'un r ou jd'un n voyelle. II ne s'agit, croyons-nous, dans tous ces cas que d'une sorte d'e muet représentant l'a réduit à son minimum et qui plus tard, en grec par exemple, est redevenu une voyelle distincte. Sans doute ce son accompagne de préférence les nasales et les liquides, mais on le trouve même dans l'entourage de consonnes sourdes.

2. Dans les présents redoublés où la racine était aussi primitivement sans accent, la tonique tombant sur la syllabe de redoublement, nous devons nous attendre à voir la racine affaiblie. La chose est évidente dans les verbes comme TTÎ-UT-UJ, ^{-nv-uj, ï-ox-u), ^{-^M-o\iO\. Mais cet affaiblissement existe tout aussi bien dans ti-toIvu) = t(-t«-juj (cp. xeivuj = liv-jw) dans ua-TtTafvw, T6-Tpa(vuj, |Liap-jxa(puj, Kap-Koipu), i-dXXuj, uai-TidXXuj etc.

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eu. 367

fesseur Osthofif, qui en est l'auteur. Il va sans dire que je prends les quelques exemples qui suivent sous ma propre responsabilité, M. Osthoff n'ayant rien publié jusqu'à présent sur cette question.

Po(r)sco = prcchati. mort{i) = mrti. cortex^ cf. krtti. mollis (pour molâvin) = mrdu = Ppabûç (cf. aussi àpXabéuuç * fibéuuç. Hes.). cord- = hrd. Cf. Kpabiri, Kapbia. TrXaTÙç = ])rthit. pXacTTÔç = vrddha. bpaxôç -.= drta. Trarpad = piirsJm. dpKTOÇ = rhsha. àXKï] = rça. |Lidpva|iai, cf. mrncdi. porrum == 7TpdO"ov. torqueo = TpaTréuu.

Nous arrivons maintenant à l'énumération des verbes:

1. horr-eo = ]irsh-ja-ti= xaipuj (xap-jub pour Xî'd-jih). Nous nous proposons de revenir à l'occasion d'un autre phénomène phoné- tique sur la justesse du rapprochement de x«îpuJ avec hrshjati. — D'après ce que nous avons cherché à établir plus haut, l'accentua- tion primitive du verbe skr, était hrshjati^ et de même dans les exemples suivants. ;

2. torr-eo = tfsh-jati. Le verbe actif torreo, qui est plus usité, est peut-être d'une formation différente. L'ancienneté de torreo comme verbe neutre est en tous cas assurée par le subst. torrens.

3. Ôl-eo pour ôd-eo = ôZ!ai pour ô5-juj.

4. màd-eo = mdd-ja-ti. L'idée d'ivresse qu'exprime entre autres le mot skr. sort souvent de l'idée d'être mouillé; d'ailleurs madidus signifie ivre; aussi ce rapprocheqiient est-il généralement admis (Curtius, Grdz.^y n" 456. Studien, II, 441). Il faut noter cependant le grec fjabdoj de la même racine, lequel peut faire penser que madeo est un verbe dérivé.

5. *crâc-eo = Tcfç-ja-ti. Le verbe *craceo peut se conclure de cracentes = graciles chez Ennius (Curtius, Grdz., n^ 67); il n'est pas vraisemblable que le verbe en question ait été cracëre. — râ répond, semble-t-il quelquefois, au sanscrit r, ainsi dans gradior = grdhjati et dans ratus = rta.

6. marceo = |aaXK-iuj ()naXaKuJç xai àff&evujç ^xeiv. Hes.) Fick I^, p. 720.

7. *clêm-eo = çràm-ja-ti, Idâm-ja-ti. De là démens. Je regardais cet exemple comme douteux quand je me suis aperçu que le rap- prochement de çram et de démens était fait depuis longtemps par M. J. Schmidt qui l'a appuyé de parallèles germaniques (Journal de Kuhn, 21, 96. Vocalismus, II, 354); en effet, l'usage du mot est en désaccord complet avec l'étymologie de M. Léo Meyer: çrat, f\de8-\- mens (démens gradus, collis cleraenter assurgens, clementer

�� � 358 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -60.

requiescere, etc.)^. Il n'est pas impossible que la longueur de Ve soit due à l'ancien groupe mj qui suivait cette voyelle et qui en sanscrit aussi a produit l'allongement de l'a. Cf. plus bas *tetneo, et les phénomènes d'allongement opérés en latin par les groupes ns, nf.

8. àv-eo = aiuu, pour àf-juj. Curtius, n° 586. L'idée fondamen- tale de cette racine, qui a donné en skr. avati «favoriser», semble avoir été être sensible.

Les exemples qui suivent sont plus douteux:

9. cand-eo = çûdhja-ti. La racine est k^vandh, gr. Ka8-apôç. Sans doute on peut aussi rattacher candeo à une racine skand. Ce- pendant les sens de candidus s'accordent très bien avec l'étymologie que nous adoptons.

10. rîd-eo = Kpilvj. Ce verbe grec n'est conservé que dans la glose Kpibbé)aev ' yeXdv " BoiuuTÎa 6é }] XéHiç (Hes.). V. Curtius, Ver- himi, I, 318. Faut-il comparer le skr. krîd «jouer»?

11. tim-eo = t'im-ja-ti *■ être momWé»; limita, suivant le Dict. de Saint-Pétersbourg, signifie silencieux, immobile. Le rapprochement de ces deux mots est du reste très ancien (Kuhn, Ztschr., IV, 5). Cf. slimjali.

12. Hêm-eo = tdm-jati «être étourdi, troublé»; temeo est le verbe que suppose têmëtïim «vin, boisson enivrante», car les mots en -êto dérivent régulièrement de verbes en -eo dont ils sont participes. Deux choses cependant peuvent faire penser que *temeo était un verbe dérivé: d'abord précisément ce part. parf. pass. en êto qui ne se trouve pas ailleurs dans notre classe de verbes, puis le mot têmu- lentus qui indique un thème nominal *têmo- «vin»; or l'existence de

  • fémo- rend assez probable que tëmeo est un dénominatif.

Dans cette première série on observe un accord exact de la fonc- tion des verbes latins avec celle des verbes des langues parentes, c'est-à-dire jque, conjugués à la même voix, les deux verbes ont la

1. M. Biéal a proposé dernièrement une étymologie (Afé»J.S'oe./^»«pr. 111, 248) qui me parait plus vraisemblal;le, bien que la distance des sens entre çram et démens, qui est une des objections de l'auteur, ne me semble point infrancliissable. La racine serait k^av «appuyer, incliner», la même qui se trouve avec métathèse dans clivas, k\{vuj ctc:, et le suffixe serait composé de nten -\- ti. Qu'on com- pare KXîwaS «échelle, gradation», avec coUis clémente,)' assurgens, et pour ce qui est de l'idée morale de démens, le sanscrit çarman «protection» qu'on a depuis longtemps placé avec çri =^ k\{vu» et qui nous donne précisément ce thème en vtan dont démens est dérivé secondairement. — Nous laisserons donc aller

  • demeo à vau-l'eau.

�� � SUR UNE CLA3SE DK VERBES LATINS EN -60. 359

même signification. Dans la série qui suit, c'est le moyen ou le passif (existant ou supposé) du verbe étranger qui répond, pour le sens, au verbe latin conjugué à l'actif:

13. wer-eo (et mereor) «gagner sa part, prendre part à» = |LieîpO)aai pour |Li€p jo-|Liai «recevoir sa part». Curtius, n° 467. — *)neipuj, d'a- près ce qui a été développé plus haut, devait avoir un sens actif et signifier par conséquent «distribuer les parts»; ainsi mereo corres- pond bien à un moyen et seulement à un moyen.

14. càr-eo (et anc. careor) == Keîpo)Liai pour K€p-jo-|aai, pass. de Keîpuj «tondre, couper». Cette étymologie a été faite souvent. Voir en particulier Léo Meyer, Vergl. Gr., II, 29. Curtius, Verbimi, II, 334. L'ancienne tournure: te? quod amo careo, doit se comprendre comme les constructions grecques analogues. — On pourrait venir par un autre chemin à l'idée de comparer Keipiu et careo, je veux parier de la coutume de se raser la tête en signe de deuil, d'où sont sorties des expressions telles que celles-ci, d'un auteur inconnu chez Hésychius : becTiTÔTiiv KeKap|iiévoi (ïttttoi) avec l'explication : becTTTÔTnv TTevGoûvieç" èrreibr) Km toùç ïttttouç drréKeipov eiri toîç SavdtToiç TÛJV beaTTOTÛJv.

15. îic-et «il est permis» aurait son équivalent dans le passif du verbe grec que nous a conservé une glose d'Hésychius : Xi(T(Ttju|Liev ' èd(7uj)iev qui, il est vrai, n'est pas tout à fait sûre, se trouvant placée entre les mots XiCTcrri et \i(T(T0|uévr| en dehors de l'ordre alpha- bétique. M. Curtius place, à titre de conjecture, XicTcrujjuev sous la racine rik (XeiTruu, linquo, etc.) et licet également; XidCTui est de même formation que le védique ricjafi. On attendrait Hiquet, mais nous avons l'explication de l'anomalie dès que nous regardons licet com- me un verbe en ja. Le k labialisant ne peut subsister devant jod et devient k^. C'est ainsi qu'on a irécTCTiJU = *TTeKJa) en regard de TTéTTUJV, Xî(T(Juj)Liev = *XiK-juj-|iev en regard de Xmeîv. De même licet pour lic-jë-ti ne montre pas le qu de linquo. Cf. delicia à côté d'o&- liquns (Corssen, Ausapr., I^, 499). Liceor, poUiceor ne peuvent avoir rien de commun avec linquo, dit Corssen (1^, 501), et il nous semble avoir raison sur ce point; mais le même auteur va évidemment trop loin quand il en .dit autant de licet, dont la parenté d'idées avec linquo et skr. rie «laisser la place libre» est d'une simplicité lumineuse. — Nous séparons donc liceor et polliceor de licet.

16. *iër-eo = leipo^iai pour xép-jo-^ai, pass. de Tefpuu. De ce ▼erbe vient teres, -ëtis, comme hëbes de heheo. L'un et l'autre sont d'anciens participes passifs dont la forme pleine *tereius, *hebetus

�� � 360 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -60.

a son analogue dans merëtus de mereo. C'est à cause de Ve que je conclus à *tereo plutôt qu'à toute autre forme.

17. ^a^-eo= 7rà(Tcro)Liai, pass. de Trdcrcruj pour *7raT-jiJU «répandre». Le verbe latin a pour idée première «s'étendre, avoir une surface plus ou moins grande». Les exemples sont innombrables. Le sens est donc voisin de celui du grec «être répandu, joncher». La racine est span «étendre» (Curtius, n^354), d'où est sorti également spàiium^. Sur l'a grec et latin accompagnant an à la fin d'une racine, j'ai présenté une hypothèse à propos du mot KevTéuu. La nasale existe en latin dans pan-do dont le rapport vis-à-vis de pateo se reproduit dans TrévGoç en regard de patior, dans XavGàvuu en regard de lateo et dans d'autres exemples^.

Les exemples suivants ne rentrent qu'à moitié dans la présente catégorie. En effet, le verbe qui leur correspond dans une langue parente a ou a eu le sens neutre à l'actif aussi bien qu'au moyen. Ces exemples se joignent donc à la 1® série.

18. sëd-eo = ëZioiuai pour é5-jo-)Liai. Que *é'Z;uj, s'il a existé, ait signifié, comme ê2o)Liai, s'asseoir et non faire asseoir, c'est ce que ■rend probable la forme redoublée 'iZw qui exprime précisément le sens causatif. 'iZvj = *oi-oh-vj. Cf. quant à la forme tti-ttt-iju, ï-ctx-wj et quant au sens '(-a"Tri-|Lii «faire tenir debout» en regard de crinvai «se tenir debout».

19. lub-et, cf. skr. lûhhjati «désirer». Cet exemple aussi doit être classé dans la première série, bien qu'on puisse entendre: mihi lubet ire dans le sens de «l'action d'aller est désirée par moi». II est difficile en effet de fixer si nettement l'idée d'un verbe irn})er- sonnel. — Le got. lubaith, d'autre part, ferait croire que lubet est un verbe dérivé.

20. luc-eo, cf. Xeûffduj pour *XeuK-ja) «voir»; litceo se concevrait à la rigueur comme signifiant: je suis vu, j'apparais, videor. Mais il est plus simple d'admettre que Xeûcrcjuj signifiait d'abord «bril- ler», en parlant des yeux, ce qui ramène cet exemple au premier groupe.

��1. Je n'ai malheureusement que trois Ii{?nos imprimées dans le Bulletin de la Société de Linguistique sur le rapprochement de ^w/t'o et de spafium qu'a proposé M. Egger.

2. Cet n n'est pas le même que celui qui a pris la place d'une ancienne nasale et qui ne se trouve pas en lalin (gr. TaTÔç, skr. tntà). Son représentant sanscrit est au contraire un i. V. sous KevT^uu.

�� � 21. màn-eo répond quant à la forme au skr. niânjate «penser, juger bon» avec lequel il a dans tous les cas la racine en commun. M. Curtius pense que l’idée de tarder est née de l’idée de réfléchir. {Grdz.^, p. 101). Il est vrai que le skr. a un autre verbe (mamanti) dont le sens est beaucoup plus près de celui de maneo. — Le grec |aa{vo|iai s’écarte pour le sens et pour la forme de notre verbe maneo, enfin le parfait de |névu), |ue|uévriKa, semble indiquer que maneo est un verbe en -aja-.

Dans l’hypothèse où maneo = manjafe, la forme moyenne du verbe sanscrit n’étant pas essentielle pour le sens, il faudra placer cet exemple dans la 1" série.

22. ^fèneo = (paivo|Liai. On peut supposer ce verbe d’après fenesira qui serait pour fenent-tra. qpaivuu a le sens neutre comme le sens actif, et il est vraisemblable que ce dernier n’est pas le primitif.

La comparaison de fenesira avec x^iveiv aurait moins de probabilité.

Nous réservons pour la suite ce qu’il reste à énumérer. — Ce passage de verbes en -ja à la conjugaison en -eo doit venir de la vocalisation du jod en e, ainsi que l’admet M. Grassmann. On sait que ce phénomène est assez fréquent en grec. (Curtius, Grdz}, p. 592 seq.) Comme dans cette dernière langue, ce n’est sans doute que devant une voyelle qu’il aura pu s’accomplir. En outre le latin aura passé par l’intermédiaire de Vi voyelle pour arriver du jod à l’e, et ce n’est que devant a, o, u qu’en général le phénomène aura eu lieu. Mais lorsque la 1® pers. sing. et la 3® plur. du prés. ind. avec tout le subjonctif furent ainsi transformés, l’analogie eut bientôt fait le reste. Il existe peut-être un exemple où la transition peut se suivre historiquement, savoir le verbe fateor qui apparaît dans la loi des 12 Tables sous la forme fatiatur (ni testimonium fatiatur; c’est ainsi qu’on lit à la place de fariatur qui n’a pas de sens). — Ce changement phonétique est du reste assuré en latin par un assez grand nombre d’exemples. V. Corssen 11^ 338 seq. Ainsi on a eunt pour iunt ou jiint; et dans la langue populaire, même ancienne, toute une série de formes telles que fiîeai =flUai, percipeat = percipiat. Dans la langue littéraire on pourrait encore citer solea = vXioL, got. sulja. On peut comparer jusqu’à un certain point ohex pour *ohjex et benejîcentior pour %eneficientior.

La transformation aurait eu lieu, dans notre hypothèse, lorsque la syllabe -ja était accentuée, c’est-à-dire toutes les fois que le 362 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -60.

verbe était neutre et parfois aussi lorsqu'il avait le sens actif. Nous n'avons nommé jusqu'ici que les verbes qui rentrent dans le pre- mier de ces deux cas et qu'il nous faut maintenant étudier de plus près.

Un premier groupe comprend toute la première série, excepté torreo et candeo, plus les n°« 18 — 22. C'est lui, avec les verbes transitifs cités plus bas, qui a la principale force probante, en faveur de l'identité primitive des verbes en -ja, avec les verbes dont nous nous occupons. Les verbes dont il se compose n'ont pas à leur côté un verbe transitif comme c'est le cas dans les deux groupes suivants; quelques-uns sont accompagnés d'un verbe en -a (on a par exemple harshati à côté de hrshjati^ olëre chez Plaute à côté de oîëre, mais ce verbe est également intransitif).

Le second groupe, moins nombreux, est formé des n°* 13 — 17. La formule est: racine -|- jd avec sens neutre, répondant dans une autre langue à : racine accentuée + ja avec sens actif, par exemple: careo soit car-jô, en regard de Keiptu soit Kép-juj (p. 3).

Il en résulte que le verbe latin coïncide quant au sens, (mais point quant à la formation) avec le moyen ou le passif du verbe qu'on lui compare dans l'autre langue. Mais cette sorte de double verbe en -ja n'existe-t-elle nulle part dans le sein même de la langue latine? Deux cas, d'une certitude inégale, s'en présentent:

23. jâc-eo en regard de jac-io. Leur seule différence était à l'origine une différence d'accent. — jacio a été rapproché de îdiTTUi (Curtius, p. 455); il est donc pour *jaquio, et nous trouvons ici l'effet du jod sur le k labialisant. Comme nous avons également jaceô et non *jaqueo (cp. lacio mais laqueus), il y a là un nouvel indice que Ve de jaceo et de ses semblables n'est qu'un jod transformé. La parenté de idîTrcu se confirme par la glose: ia(T(Jeîv ' GuiioûaGai, bdKveiv (= îameiv ajoute M. Schmidt) Hesychius. C'est sans doute idffcreiv qu'il faut accentuer; le mot est identique à jacio.

24. pàv-eo en regard de pàv-io (= Traîiu, TTTaîuu). M. Froehde rappelle en faveur de cette étymologie de paveo, le grec èKTrXaTfjvai (K. Z., 22, 259). L'identification de paveo avec TTToéui (qui est, il est vrai, apparenté) telle qu'on la trouve dans le Wurzellexikon de Benfey est impossible à cause du sens transitif de ce verbe grec. — Sur pavio v. plus bas.

La valeur de ce groupe d'exemples pour la solution de notre question est à peu près nulle, ce qui apparaît principalement si l'on

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -60. 363

examine le 3' groupe; mais, une fois le passage de verbes en -ja dans la conjugaison en -eo admis, il offre de l'intérêt ^.

• Troisième groupe. C'est ici que l'élément -ja prend pour ainsi dire son maximum de signification. Le verbe en -jati est accom- pagné, comme dans le groupe précédent, d'un verbe transitif, mais ce verbe n'appartient plus à la classe en -ja. C'est-à-dire qu'un véritable passif se forme à l'aide de notre caractéristique. A cette classe appartient, abstraction faite des désinences du moyen, la grosse masse des passifs sanscrits.

Les exemples sont en majeure partie des coïncidences de ver- bes en eo avec des passifs sanscrits; coïncidences qui prouvent na- turellement fort peu de chose quant à l'origine des verbes en eo, puisque le passif sanscrit se forme sur tous les verbes. Seulement -ja s'étant trouvé propre à former dos passifs dans une autre langue, il y a présomption pour réunir à la même classe verbale la formation latine qui fonctionne de la même manière.

Dans deux cas cependant, le verbe latin en -eo répond, non à un passif proprement dit, mais à un verbe de la 4® classe qui est, il est vrai, littéralement sur le seuil du passif. Ceux-là ont natu- rellement la même valeur que les exemples du 1*"" groupe, puis- qu'ils permettent de conclure à une forme commune indo-européenne. Ce sont les n"» 2 et 9; ils nous font admettre déjà dans la langue mère l'antithèse suivante:

K^vandhafi «rendre brillant» K^vanâhjdti «être brillant»

(Skr. çundhati, lat. -cando dans (Skr. çûdhjati, lat. candeo)

nccendo etc.)

Tarsati «faire sécher» Trsjdti «être seo

(gr. Tépauu*.) (skr. trshjati, lat. lorreo.)

C'est évidemment là le premier germe du passif indo-iranien.

��1. Le rapport de careo à Keipiu, de jaceo à jacio se répète, si l'on en ôlo les rlésinences du inoyen, dans celui des passifs sanscrits tels que pncjdle t-ii rt-yard de pacjati «cuire» (Ved.).

2. Tépao|iai «se sécher» permet en effet de supposer un T^p<juj «sécher». On trouve du reste l'aoriste Tëpaai. — Je pose tarsati comme indo-européen, bien que ce thème verbal ne se montre, je crois, que dans le grec T^poui; jamais en eiïet, si cette forme n'avait été léguée dès les plus anciens temj)s, on n'iiurail pu former un verbe à voyelle forte et à sens actif tel que Tépaiu sur l:l.^inlple donnée de l'indo-europ. trsjati à voyelle faible et à sens passif, letiuel semil eu grec Tpaoï'u» et Taipuj.

�� � 364 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS: EN -CO.

Nommons maintenant les verbes qui viennent d'être mention- nés comme répondant à des passifs skr.

25. tëp-eo. Çp. skr. iap-jâte pass. de tapati «brûler».

26. (lol-eo «souffrir», cp. skr. dir-jâte «être déchiré» employé souvent au fig. dans le sens de dolere. Cette étymologie est, je crois, généralement adoptée. (Cp. dolare «dégrossir à la hache, en- lever l'écorce; et aussi probablement âôlium qui aura eu primitive- ment le sens de peau d'animal, outre, comme le skr. dfti.) — Comme on trouve en grec, mais rarement, un présent baipuu, beipou, cet exemple aurait pu être classé dans le 2^ groupe. — On dit aussi, impersonnellement, dolet me, mais on n'en saurait conclure avec certitude que le sens ait été primitivement transitif.

27. dîi-eo «passer pour». Cp. skr. çrû-ja-te, vi-çrûjate «être en renom», duo se rencontre aussi, et cela avec le même sens, ce qui est difficile à comprendre (même abstraction faite de dueo), puisque le gr. kXûuj signifie «entendre». Il serait risqué d'y voir la même tournure que dans les locutions bene, maie audire, avoir une bonne, une mauvaise renommée.

Il faut ajouter licet (n" 15) qui répond k ricjâte et qui appar- tient en réalité au 2^ groupe, vu Xicrcnu et ricjati. — decet équivaudrait au pass. de daç s'il existait. Sans quitter le latin nous avons pend-eo h, côté de pend-o. Fràgesco chez Attius permet de conclure à *frâg-eo; cp. frang-o.

Ainsi que nous l'avons montré plus haut, un exemple comme fepeo avec le parallèle du skr. tapjâte pèse juste autant dans la ba- lance pour la question que nous examinons qu'un exemple comme pendeo—pendo. Car, dans cette comparaison avec le passif indien, il importe peu que le mot coïncide ou non: il s'agit ici d'une for- mation qui est devenue aussi générale que celle d'un futur ou d'un participe. En outre, cette formation générale elle-même ne s'est très probablement si nettement dessinée que dans la branche arienne, ou n'existait du moins qu'en germe dans la langue mère ; nous en avons indiqué deux échantillons.

Ni grammaticalement, par conséquent, ni étymologiquement nous ne pouvons rattacher l'une à l'autre la formation latine en -eo et celle du passif en skr., étant supposé d'ailleurs que -eo est pour -io^ — Voici à quoi se borne le profit que nous tirons de leur

��1. Ramener signnm et skr. sam'/riâ à une forme indoeuVop. sanujna est une iflentification que nous appellerons étymologique; dire simplement qu'ils

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eO. 365

comparaison: la syllabe -ja étant de telle nature qu'elle ait été affectée au passif en sanscrit, certains verbes latins en -eo ayant d'autre part une grande analogie de sens avec ces passifs, il y a présomption pour que ce soit aussi la syllabe -ja qui ait formé ces verbes en latin. — Si maintenant nous tenons compte du premier groupe, cette présomption devient une probabilité.

J'ai hâte maintenant d'en venir à deux points jusqu'ici négligés: en premier lieu, d'après l'hypothèse exposée plus haut, il faut s'at- tendre à trouver partout dans ces verbes en -eo la racine sous une forme affaiblie. C'est ce qu'on peut vérifier en effet pour liceo, frâgeo, craceo, doleo, horreo, torreo; mais il en est autrement pour candeo, careo, mereo, îûceo. En ce qui concerne ce dernier verbe, on peut admettre qu'il remonte avec Xeu(Tcruu à un dénominatif laukjâii qui aurait conservé malgré l'accent le gouna du thème no- minal {lux, XeuKÔç dériveraient de ce thème nominal). Les autres, en particulier candeo à cause duquel j'ai admis la forme indo-eur/Op. k^vandhjâti au lieu de k^vadhjàti (cp. skr. çudhjati), sont des excep- tions qu'il faut renoncer à expliquer. Si elles sont de nature à infirmer notre supposition relative à l'accent, on ne peut regarder pour cela comme écartée, même en partie, la question plus simple de savoir si ces verbes sont des verbes en -ja. — D'ailleurs il reste toujours la possibilité que les exceptions dont il s'agit soient des verbes en -aja.

En second lieu, nous avons à tenir compte des verbes en -io^. Chez ces verbes, la limite entre ce qui suit la 3® et ce qui suit la 4^ conjugaison semble être assez flottante. Tantôt, comme dans potior, les deux flexions sont contemporaines; tantôt l'une des deux est sortie de l'usage et n'a laissé de traces que chez les vieux au- teurs. Les deux conjugaisons se touchaient de si près qu'on con- çoit facilement un passage insensible de l'une dans l'autre; ce phénomène n'a rien de commun avec le parallélisme de deux verbes tels que olo et oleo, scato et acafeo, chez lesquels les thèmes sont différents. Si nous cherchons dans quel sens a eu lieu ce changement de conjugaison, nous le voyons constamment s'effectuer de la 4® à la 3®; un seul exemple du mouvement inverse est offert dans imvire en regard duquel depuvit (parf.) est conservé, avec cita-

��s'équi valent comme formés tous deux de sam + gna sera une identification grammaticale.

1. Nous omettons fallo, pello et leuis pareils, qui n'appartiennent pio- bablement pas à la clas.se en -io.

�� � 366

��SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -00.

��lion de Lucilius, dans l'Epit. de Festus, p. 70 ^ Nous admettons donc que, là où une trace de. la 4® conj. apparaît, soit dans un monument ancien de la langue, soit dans une partie de la flexion (ctipivi à côté de cupëi'e), il faut tenir le verbe pour un intrus dans la 3® conjug. et le replacer par la pensée dans la 4*. En partant de ce principe nous obtenons le tableau suivant, qui se compose 1^ de tous les verbes en -io de la 3® conjug. (y compris ceux qui faisaient primitivement partie de la 4* ^) ; 2 de ceux des verbes de la 4® conjug. qui ont leur correspondant en grec ou en sanscrit:

��3® Conjugaison. capio facio

jacio = iàffcruj lacio

�4* Conjugaison. crocio cp. KpiûZo) cupio =^ hipjati farcio = cppdO'O'ai suf-fio = 9uîu}

�quatio

rapio

epecio = paçjati

patior

�fodio

f ugio (= cpvluj ?)

(?) fulcio = (puXdcTCTuj

glocio = KXubaauj

gradior = grdhiaii

haurio ==^ (à(p-)ù(Jcruu

� �morior = nirijâte

�•

�mugio = }xvl(x)

orior, cp. ôpéovTO. Ciirtius, p. 596

ordior = j-dhjnte

� �pario

� �[pavio = TTaîuj]

� �pinsio = "iTTÎcrcruj

� �potior = paijate rugio = puCuL) salio = d\\o)Liai

�'

�sapio

venio = Paivuu .^

��1. Dans tout ceci, il ne s'agit pas naturellement delà coexistence de doux formes comme veno (dans evenat) et venio, ou grado {praegradat) et gradior. Nous ne parlons que des doubles formes en ta.

2. Les références se trouvent chez Neue, Lot. Formenl., IP, 415.

3. Toutes ces étymologies sont anciennes, sauf celle de haurio que j'ai cherché ailleurs à réunir à àqpûaauj: mais tout en maintenant ce rapprochement, je me demande maintenant s'il ne faut pas diviser à-qpûaauj. — Sur le très incertain (pùZuj V. Curtius, Verhum, I, 321. — Mrijate a gardé l'ancienne

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eo. 367

Tout ce qui est intransitif, sauf patior (anc. patio), rentre dans la 4* conjug. Il est probable que ce verbe appartenait primitive- ment au&^si à la conjugaison en -ire. — Cela s'accorde avec notre hypothèse de l'accentuation de la caractéristique chez les verbes neutres ; mais il faut admettre que dans ces cas-là, c'était sur le premier des deux sons ia que portait la tonique. Nous n'essaierons pas de décider si la forme première de ce suffixe était ja ou in; des formes indiennes comme inrijate qu'on a expliquées par mr -\- ia-te parleraient pour la seconde alternative. Dans tous les cas, le grec nous offre les analogues parfaits des exemples latins en ques- tion. Ainsi ib-îuj montre le suff. ia avec accent sur i, en regard du ja ^ du skr. svid-jaH. Cet i persiste même à l'aor. èEîbiaa qui se trouve chez Aristophane, Oiseaux 791 (Curtius, Verbum, I, 296). Hésychius a également îbîcrai et Platon àvibiTi. La longueur de \'i n'existe pas encore chez Homère. Cp. ôiuu, KHKiui, ^laXKiuj, àîuu, et les transitifs kuXûw, àxîuu.

Quant au vocalisme de la racine, nous trouvons bien la forme faible dans morior, ordior, gradior, venio; mais nous avons aussi, comme plus haut, des formes fortes comme haurio que je ne tente pas d'expliquer. De même farcio a la forme forte, ce qui est d'au- tant plus surprenant que le grec a, comme il fallait s'y attendre, (ppàaauj avec l'affaiblissement régulier. C'est *forcio (ou *forceo) qui répondrait à 9pà(T(Ta) d'une manière complète, et peut-être le vieux mot fordus dont le sens était voisin de celui de /ortis (Cors- aen I^, 101) est-il un dernier reste de ce verbe conjectural. Ce mot est identique à qppaKTÔç. *frequeo de la même racine s'annonce par son qu comme étant un verbe en -aja.

Après avoir passé en revue ces verbes en -io, il ne nous reste qu'à voir les verbes en -eo à sens transitif, correspondant à des ver- bes en -ja du sanscrit ou du grec:

28. teneo = reivuj pour Tév-juu,

29. môv-eo =^ à)Li€Îôuj pour à.-}ieJ'-ju). Curtius, p. 575.

30. tong-eo «savoir» (osq. tanginom) a été comparé au gr. làCGm qui montre en elïet un y dans ses dérivés. L'a du verbe grec indique une ancienne nasale. Le second sens que donne Festus à

��accentuation des verbes neutres en -ja. — Dans orior il ne semble pas que or soit le représentant de f. — On pourrait ajouter glutio queM.Ascoli rapproche de tXûJ^uj. Vorlesungen, p. 79. 1. Primitivement ^a.

�� � 368 SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN -eO.

tongeo (p. 356) «significat et latius dominari» s'accorde bien avec ceux de TàcTcruj, èmTcccrcriw. — Nous avons placé cet exemple avec les verbes transitifs à cause de la signification du mot grec, qui a dû être la primitive.

31. in-video. Bien que ce verbe puisse être regardé comme un composé de video, il rappelle le skr. vidhjaii «blesser» (rac. vjadh) dont le sens a d'abord été simplement «frapper», ce qui nous permet d'y rattacher également di-vido (= bia-KÔTTTuu). — Invîsus «odieux» est sorti de la même idée que in-fensus (de fendo frapper).

32. indulgeo a été expliqué de bien des façons^.

Je le rattache directement à ^élw en remarquant que son sens propre est s'adonner à, cultiver, s'y prendre par la douceur p)Our obtenir qqch., mais avec une idée essentiellement active, dont on se rend bien compte par ce vers de Lucrèce (V, 1369):

inde aliam atque aliam culturain dulcis agelli templabant, fructusque feros mansuescere terra cernebant indulgendo blandeque colendo.

Avec cela, il est certain qn'indulgeo peut être un verbe dérivé (qui correspondrait plus ou moins à èvepYéuu),

Encore ici, il y a des contradictions à notre hypothèse. Si teneo avait à l'origine l'accent sur la caractéristique -ja, nous devrions trouver en grec une forme faible Taivuj au lieu de Tei'vuj. Le gouna de moveo — àjLieibuj en revanche ne signifie pas grand chose, la racine étant plutôt mav que mu.

On a peut-être remarqué que s'il y avait parmi tous les verbes que nous avons cités (en -ëre et en -ïre) un certain nombre de ver- bes latins en -jâ à sens passif, opposés à des verbes actifs en ja (non accentué) du grec ou du sanscrit (le 2* groupe pour les verbes en -ère), il n'y avait pas en revanche de verbes latins en -jd à sens actif auxquels correspondit un verbe neutre dans une autre langue. Et cela découle de notre hypothèse, car le verbe neutre en question devrait être également accentué sur la caractéristique; actifs et pas- sifs auraient donc eu à l'origine le même accent, ce qui est inad- missible. — A la vérité nous en avons vu un cas, c'est le lat. suf-fio (pour *fuio) de la 4* conjug. signifiant enfumer, en regard de Guiuj qui a le sens neutre. Ce 'verbe grec étant assez rare, il est permis de ne pas se préoccuper beaucoup de cet exemple.

��1. V. Mém. Soc. lAng. II, 382, et récemment Léo Meyer, Ztschr. 23.

�� � SUR UNE CLASSE DE VERBES LATINS EN eO. 369

Mais en voici une série d'autres qui seraient décisifs, si nous n'avions toute raison de croire qu'il s'agit ici de verbes en -aja et non de verbes en ja.

itoceo cp. skr. nâçjati «périr» (primitivement *naçjdt{).

terreo cp. trdsjati «trembler», gr. Tpeiu).

moneo cp. mdnjate.

torreo cp. trshjati, et le second forreo à sens neutre.

doreo cp. decet.

Déjà le sens plutôt causatif que proprement actif de ces verbes les classerait dans les formes en -aja; cela est confirmé par leur voyelle radicale qui montre une gradation. Cp. en particulier doceo en regard de decet^. h'o du causatif torreo coïncide par hasard avec Va du verbe neutre torreo, mais leur origine est absolument différente; dans ce dernier, or représente comme nous l'avons vu un r voyelle.

1. Ces deux verbes sont indubitablement sortis de la même racine; il serait trop long d'en faire ici la preuve. Le grec bôHa, le skr. dâçati et daçasjaii en sont proches parents. Qu'on compare les sens de skr. çàs, çatis, lit. ccuffo.

��do Sauiiure, Oeuvres. 24

�� � LA TRANSFORMATION LATINE DE *TT EN SS SUPPOSE-T-ELLE UN INTERMÉDIAIRE *ST^?

(Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 293. — 1877.)

Un phénomène bien connu de la phonétique latine est celui qui a transformé en sifflantes les dentales d et t, lorsqu’elles venaient à se rencontrer à l’intérieur du mot. On peut poser pour règle que les groupes tt, dt se sont changés partout en ss, et qu’à son tour ss est devenu simple s lorsqu’il était précédé d’une voyelle longue ou d’une consonne. Je fais suivre ici les exemples parce qu’ils permettront de vérifier commodément la loi^.

1. Après une voyelle brève:

fassus de fâteor grassor 1 , ^,.

passus de pâtior gressus j

quassus de quâtio sessum de sëdeo

fessus de fâtiscor fossus de fôdio

messus de mëto fissus de fi(n)do

missus de mitto scissus de sci(n)d()

auxquels il faut ajouter les formes qui ont allongé la voyelle et dédoublé la sifflante; ceci n’a lieu que lorsque le groupe primitif était dt^ :

��1. La même question est étudiée par M. Frôhde dans le 3e fascicule des Beitrâge zur Kunde der Indogermanischen Sprachen de Bezzenberger. Comme ce fascicule a paru le 11 ou 12 avril et que le travail de notre confrère nous a été envoyé le 13 mars, les points où les deux auteurs se rencontrent ne sau- raient être mis sur le compte d’un emprunt. (Note de la Rédaction.)

2. Une ample collection s’en trouve chez Pott, Wurzelworterh., IV, 35 seq. — Dans toute notre recherche nous avons laissé de côté ce qui était douteux, des mots comine caussa, lessus, restis ou même vicenstimus qu’on peut ramener soit à vicenttumus, soit à vicentu-mus (cp. mansum). — Sur un seul de ces mots nous voulons hasarder une conjecture: lanista, que M. Frôhde désigne comme «unklar», serait-il le grec baveiorriç et aurait-il par conséquent passé par les sens à’ usurier et marchand d’esclaves en général ? L’absence de tout autre point d’attache excusera ce que cette supposition a d’aventureux.

3. Nous savons par Aulu-Gelle (IX, 6) qu’une voyelle radicale brève devenait longue au participe passif si elle était suivie primitivement d’une consonne sonore; ainsi àctus de àgo en regard de dîctus de dico. Cette particularité exLA TRANSFORMATION LATINE DE tt ES SS. 371

casus de câdo êsus de ëdo

vîsus de video gavïsus de gaudeo

divisus de divïdo fûsus de fu(n)do

tûsus de tu(n)do fûsus parent de (Jqpevbôvri

2. Après une voyelle longue:

nïsus de nîtor lûsus de lûdo

ÛSU8 de ûtor trûsus de trûdo

râsus de râdo -cûsus de cûdo

-suâsus de suàdeo caesus de caedo

-vâsura de vâdo laesus de laedo

ôsus de ôdi taesum de taedet

rôsuB de rôdo ausus de audeo

fisus de fido clausus* de claudo-

rîsus de rîdeo plausus de plaudo^ En outre cesso de cedo.

3. Après une nasale:

sensus de sentio pransus de prandeo

mensus de *mentior scansus de scando

mansus de mando -census (incendo)

-fensus de fendo absconsus de abscondo

pensus de pendo tunsus de tundo

prehensus de prehendo pansus, passus de pando

sponsus de spondeo frësum, fressum^ de frendo tonsus de tondeo

4. Après une consonne quelconque:

flexus de flecto versus de verto

nexus de necto arsum de ardeo

pexus de pecto orsus de ordior

plexus de plecto morsus de mordeo nixus de ni[c]tor.

plique câsus, vîsus, etc. (= câttus, vUtttis) en regard de fassus, messus {== fattus, méilus). En revanche les formes gressus de grad, fossus de fod, etc., paraîtront singulières: on ne saurait supposer que leur voyelle se prononçait longue, car on aurait alors préféré écrire gresus, fosus. C’est seulement lorsque l’orthographe SS se borne à la période archaïque (ainsi essus chez Plaute, v. Ritschl, Opusc, II, 045) que la longueur est probable.

1. Dans plusieurs de ces verbes la voyelle longue n’appartient qu’au présent. Mais il n’y avait pas lieu de faire ici la distinction.

2. Passus et fressmn ne sont pas formés normalement. On a pensé à dériver le premier de pateo. Quant au second, il est peut-être pour *fremsum (cp. pressus = *premsus), car frendo est parent du grec xçif.\xvt{t\u. 372 LA TRANSFORMATION LATINE DE tf EN »».

Dans les quatre cas énuraérés nous voyons les deux dentales se transformer en double s, car versus est pour verssus, rosus pour rôssus, etc. Les exceptions seront examinées plus tard ; nous nous demandons dès à présent comment le fait a été expliqué.

On y voit le résultat d'une double opération phonique : la pre- mière des deux dentales qui se heurtaient se serait d'abord chan- gée en s; de là un premier degré st. La sifflante se serait ensuite assimilé le f, et aurait ainsi produit le dernier terme de l'altéra- tion, ss^.

On suppose donc le groupe st comme transition à ss. Nous ferons bien de nous enquérir du sort réservé en latin au groupe st dans les cas où son existence est non plus supposée, mais assurée par son origine et par la comparaison des autres langues. Ces cas sont naturellement ceux où un suffixe commençant par f s'ajoute à une racine ou à un thème en s. Nous trouvons que les suffixes ta, H, tar, etc., ont donné:

Avec la racine us (uro, skr. ush) ustus

— gus (skr. gush) gusfare

— ques (queror, skr. çvas?^) questus

— ges (gero) gestus

— haus (haurio, àqp-ûcrcTuj) haustus

— quaes (quaero) qiiuestor

— pis (skr, pish) pistor

— ves (skr. vas) vesHs

— ves (skr. vas habiter) Vesta

— tex textus.

11 faut ajouter Auster de la rac. us; maestus, cp. mis-er; hostis, got. gasts; estis de es; tristis de la rac. tars (J. Schmidt, Voc, II, 362); festus qu'on a rapproché du grec 6eç- dans QiaaaaQai; crusta, cp. KpùaTaXXbç; vastus, allem. wiist; la désinence -sti (pi. stis), grec cr9a ; mixtus, cp. skr. miksh ; dexter, pas{c)tus, mis(c)tns, repos{i)ius. — Les formations secondaires ne peuvent être considérées comme aussi probantes, mais elles montrent la même règle: venustus, scelestus et

1. Schleicher, Comp.*, p. 225. Corssen, Ausspr., V, 180. Léo Meyer, Vergl. Grammatlk, I, 243 et 265. Pott, Wurzelw., IV, p. 38 (ligne 24) et p. 40" (ligne iVi). Brugmann, Studicn, IV, 128. Bopp pose du moins la question de savoir si la sifflante appartient au suffixe ou à la racine, mais il se décide dans ce dernier sens. Gramm. Comp. Trad., I, p. 202.

2. Ce rapprochement est fait, mais en même temps rejeté, par M. Ascoli. Vorleaungen Uber Lautl., p. 57.

�� � tous leurs semblables; crastinus, kestemm, noster, sextus, iste, ostium, posfutnus, niajestas, pusttda, etc.

Il ressort de là que le groupe st n’a jamais été redouté de la langue latine. Partout où on peut dire à coup sûr qu’il a existé, il existe encore. Il devient par conséquent inexplicable que la trans- formation de tt^ ne se soit pas arrêtée à l’étage supposé st; et, pour choisir un exemple caractéristique, que *pastus de patior soit devenu passas quand pastiis de pascor demeurait tel quel.

Et pourquoi ne trouvet-on pas, dans les racines où la dentale est précédée de r, des formes comme vestus (de verto), mostus (de mordeo)? Ce serait logique puisqu’on admet les intermédiaires

  • verstns, *morstus, et que les formes toutes semblables mais chez

lesquelles la sifflante est assurée *torstus, *t€rsta, Herstis, *pors{c)tulo sont devenues tostus, testa, testis, postulo. — Les formes réellement existantes versus, morsus, orsus, arsus sont, on le voit, en contradiction avec l’hypothèse d’un degré intermédiaire st.

Des deux dentales qui se trouvaient en conflit ce n’est donc pas celle qui appartient à la racine qui a pu se transformer avant l’autre en sifflante. Il ne reste qu’une seule supposition à faire, c’est que ce doit être celle du suffixe.

Ainsi nous comprendrions le changement de dt, U en ss comme résultant d’une assimilation régressive et non progressive. Le groupe tt serait d’abord devenu ts, et de là ss, comme on a esse pour

  • etse, *edse^.

Il n’est pas étonnant que nous n’ayons conservé aucune trace du degré ts, cette combinaison consonantique étant des plus instables et n’ayant subsisté nulle part dans la langue.

Le changement du t suffixal en s a-t-il du moins des analogies en latin ? Il en a de très directes si l’on admet que le suffixe commençait primitivement par t dans des mots comme vec-so (vexo), cp. vecto ; fluc-sus, cp. fluc-tus, ce qui est fort possible en effet. Un cas certain est lapsus pour *labtus. Peut-être aussi ipse est-il pour *ipte.

Des analogies plus éloignées, en ce sens que le t s’y trouve précédé d’une liquide ou d’une nasale, sont en revanche très-nombreuses : cursus, vulsus, pulsus, celsus, mansum, etc. De même *formontus est devenu formonsus (et de là formosus, formossus). C’est

1. tt comprend aussi d-t, lequel est devenu d’abord tt.

2. Au tome 1" de ces Mémoires, p. 169, M. Bréal, partant de passus, établit, comme je vois, la série des formes *pand-tus, *pand-sus, pan-sus, passus. L’auteur admettait donc depuis longtemps l’explication que je propose ci-dessus. dans la même catégorie que se rangent sans doute niersus de mergo, parsum de parco, alsum de algeo, etc., où le t ne s’est apparemment changé en s que lorsqu’il arriva au contact immédiat de la liquide, c’est-à-dire après la disparition de la gutturale .(*merctus, *mertus, mersus). — Dans tous les cas, les difficultés de prononciation que présente le groupe tt suffiraient, même sans autre analogie, à rendre admissible le changement de la seconde dentale en s.

Il reste à voir les exceptions que soufifrent les règles que nous venons de reconnaître.

Celle qui a trait à la persistance de st n’est pas nécessairement enfreinte par la forme haesum. En effet, l’étymologie de ce mot est obscure et sa racine se termine peut-être par un r : haesum serait alors pour *haersum, *haertum (comme prosa pour prorsa, sua- sum pour ^suarsiim, *suardtum ^). — Il reste néanmoins plusieurs véritables exceptions : assis pour *ostis, les superlatifs en -issitmis pour -istimus, et le cas où une nasale précède Vs, ce qui arrive pour censor = *censtor et pinsus ■= *pinstus. Ce dernier cas s’explique plus ou moins par le poids considérable du groupe ëns, ïns; et on peut ranger sous la même rubrique hausiirus pour hausturus.

Quant à la règle suivant laquelle tt, dt deviennent ts (et de là ss), nous ferons observer tout d’abord que le groupe str, par exemple dans rastri de rado, tonstrix de tondeo, n’apporte aucune lumière au débat. On ne saurait en faire usage pour prouver la série tt, st, ss; car le t de ces formes peut tout aussi bien avoir été inséré par euphonie pour éviter la rencontre de sr; la série *tondtrix, *tontsrix, *tonsrix, tonstrix a donc la même probabilité. Et même en adoptant l’autre, les conclusions qu’on en pourrait tirer ne s’étendraient pas aux formes où le t du suffixe est suivi d’une voyelle, la double consonne tr ayant pu faire dévier le phénomène de sa marche ordinaire. Aussi n’avons-nous pas cité plus haut des formes telles que sinister, parce qu’elles ont dans la plus grande partie de leur flexion le groupe tr à la suite de s, et que par conséquent elles ne prouveraient rien.

��1. Curtius, Studien, V, 243. Une analogie plus directe serait cossus s’il appartenait véritablement à careo. Mais ce mot ayant avant tout le sens de vide (cassa nux) et le grec KÙTTopoç désignant tout espace vide et a-eux, nous avons sans doute à partir d’un thème *kvatto dont tous les deux dérivent, le mot latin ayant perdu v comme canis = *cvanis. Le racine paraît être la même que dans Keveôç (*k^€V€<5ç), skr. çùnja. LA TRANSFORMATION LATINE DE tt EN SS. 375

Nous laissons de côté également les cas où tt est resté inaltéré, ainsi muttio; et ceux, comme fûtilis, où il s'est simplifié avec allon- gement de la voyelle. Ce ne sont pas, en effet, des exceptions proprement dites, jnais bien les derniers témoins d'une loi plus ancienne qui ne connaissait pas l'assimilation.

Les formations secondaires comme potestas = *potenttas, Segesta = *Segetta sont négligeables; mais il nous reste à enregistrer comme exceptions formelles : estis, comestus de edo (cp. êsus, comessus) et les cinq mots suivants: castus parent du grec Ka0-apôç (Curtius, n°26), par conséquent pour *cadtus\ — aestus pour *aerf<MS, cp. aïGuu; — custos pour *cw(?fos; cp. KeuGuu (Curtius, n° 321); — festiis pour *fedtus (dans infestas, manufestus), si du moins on adopte le rapprochement ordinaire avec fendo, que M. J. Schmidt a réuni avec beaucoup de vraisemblance au skr. bâdh (ce qui ne préjuge rien quant au gr. TtaGeîv); — enfin fistula qui d'après tous ses emplois dans le sens de vase, canal, récipient (v. en partie. Corssen, Bextr. z. ital. Sprachk., p. 195) rappelle ttîGoç et serait donc pour *fidtula.

Est-ce le hasard qui fait que ces cinq formes ont un dh pri- mitif? Si cette coïncidence prenait corps par un plus grand nombre d'exemples, il y aurait là une confirmation de l'hypothèse de M. Ascoli que le dh indo-européen, avant de devenir le d latin, a passé par le son du th anglais. En effet la spirante 9, placée devant t. devait se transformer plus aisément que d en s.

PosT-scRiPTUM. — M. Bréal attire mon attention sur les formes ombriennes. Il me semble en effet que spafu, spefa de spand (Tables Eugubines, p. 119), mefa := mensa de ment, trahvorfi de vort s'expliquent d'eux-mêmes si l'on admet que c'est la seconde den- tale qui s'est changée en sifflante, car nous arrivons ainsi à *spant- sus, *mentsa, *trahvortsim, formes qu'on serait obligé de supposer, si elles n'étaient pas confirmées ainsi. Si au contraire la série des formes avait été : *ment-ta, *mensta, *menssa, *mènsa, il est probable que le groupe ns, produit secondairement, se serait maintenu tout aussi bien que dans pelsans pour *pelsandos.

�� � EXCEPTIONS AU RHOTACISME.

(Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 299. — 1877.)

L'évanouissement de la sifflante en grec, lorsqu'elle était placée entre deux voyelles, le rhotacisme en latin dans les mêmes con- ditions, sont deux phénomènes qui se font pendant. Il est curieux qu'un certain nombre d'exceptions soient communes à ces d^ux lois phonétiques :

1. pisum «pois» = tticToç (Curtius, n" 366). Le nom de famille Piso est un dérivé de pisum qui en garantit l'ancienneté.

2. qpOcra «souffle», cp. pusida (Curtius, n*^ 652). Le mot grec se trouve aussi écrit avec double CTCT, ce qui n'est sans doute qu'une manière d'exprimer la sifflante particulièrement forte à laquelle nous avons affaire.

3. miser, cp, |ii(Téuj (Curtius, p. 582. Corssen, I*. 377). )LiO(Joç «action indigne» appartient probablement à la même racine. — Le rhotacisme a cependant atteint le mot maeror parent de miser.

4. nâsus «nez»; cp. nares. Bopp (Gloss.) rapproche vfîaoç «île> de skr. nâsâ, lat. nasus. Voy. contre cette étymologie Cur- tius, p. 320.

Enfin, est-ce un accident fortuit que les mots keçara, keça qu'on réunit à caesaries aient pris en sanscrit la sifflante palatale?

Ces cas sans doute sont peu nombreux, mais le chiffre total des exceptions est également minime. Parmi le reste des mots qui ont échappé au rhotacisme latin, il n'y en a peut-être aucun qui ait son correspondant en grec, en sorte que ce n'est que dans les cas cités qu'on peut vérifier le fait dont nous parlons. Il y a en revanche des exemples du sigma grec conservé là où le latin a r.

Le désir d'éviter deux r consécutifs ne saurait être allégué (dans les mots comme miser, caesaries). Voy, les exemples d'accumulation des r chez Corssen, Beitr. z. ital. Sprachk., 236,

��

I U = ES, OS.
(Mémoires de la Société de Linguistique III, p. 299. — 1877.)

Lorsqu’en grec un sigma placé devant une consonne sonore a été rejeté, étant précédé d’ε, il a donné naissance en général aux modifications vocaliques représentées dans l’exemple suivant: */e(T|Lia, ion. eî^ia, lesb. fi^pia, dor. t%ci (Ahrens, Dor., p. 52). Les exemples où la voyelle était ο sont plus rares; on peut citer Δiuuvuaoç (hom.) pour *Δioavuaoç, lesb. ZôvvuHoç; on voit qu’ici le dialecte ionien suit l’exemple du dorien, au lieu d’avoir ou comme on l’attendrait. De même dans uJvéo)aai pour *ôcrvéo|aai; mais ce dernier exemple est moins sûr, parce que le digamma initial a pu y jouer un rôle.

Or il y a des formes où la langue procède d’une tout autre manière et dans lesquelles εσ est devenu ι, tandis que oσ se changeait en υ, sans même que ces deux voyelles, que nous retrouvons comme un résidu du groupe primitif, soient nécessairement longues. Le phénomène n’a lieu que devant une consonne sonore.

— Xikioi ( — ^— ) comparé avec raison à la seconde partie de sa- hasra (dont la première = é- dans éKaiôv). Les Doriens ont suivi la règle ordinaire et ont par conséquent x^^ioi (Ahrens, Dor., p. 160); les Lesbiens semblablement xéXXioi. La diphtongue du béot. x^’^ioi parle aussi pour un c primitif. Cp. eî|Liev pour *è(Tjaev (eîvai) (Ahrens, Aeoî., p. 185) Car un ei ordinaire serait devenu i dans le dialecte béotien.

— ifidxiov (la 1* syllabe longue) pour *JeO\JiâT\o\.

— çppvfuj pour *q)p6aTUJ. On pose ordinairement bharg comme racine; mais c’est bhrazg qu’il faudrait dire. Les grammairiens indiens ont écrit en effet bhrasg, ce qui pouvait avoir sa raison d’être dans le prononciation. Le récent travail de M. Hubschmann sur g^ et gh^ dans le Journal de Kuhn jette du jour sur cette forme particulière de racines ^ Le lat. frîgo montre un phénomène sem-

1. C’est ainsi que suivant M. Hubschmann, laioBôç et mtdha remontent à une rac. mizdh; mergo et ma^^ à mazg, etc. Le véd. îd dont le régime est toujours une divinité (Grassm.) est certainement un développement semblable de la rac. juij’. il est donc pour izh-d (zh = j français) ou peut-être, à en juger par l’accent, pour jajazh-d.

�� � 378 /, (/ = ES, OS.

blable au grec, dont nous avons à parler plus bas. La longueur de l'u dans qppÛYUJ ne se maintient qu'au présent.

— XuYOÇ (--'-^) «osier, et toute espèce de branche flexible». Il faut comparer le skr. raggu pour *razgu «corde». La racine a en- core ici la forme razg; elle se montre clairement dans les mots slaves et dans le lit. rezgis cités (à propos du lat. restis) dans les Beitraege de Bezzenherger, I, 172. — Le latin îigâre comparé depuis longtemps à Xûyoç, Xutôuj sera mentionné plus loin.

— TTU)iaToç a été ramené à *7T00"TaT0ç et rapproché de l'osq. posmos «le dernier» par M. Curtius, Grdz.^, p. 706 (cp. posterus, paçcât). Peut-être ttuvôç ' ô irpuuKTÔç (Hes.) est-il pareillement pour

  • Troa"vôç; cp. lat. pone (= *posne).

Des phénomènes semblables sont reconnaissables en latin. Nous avons déjà rencontré frïgo qui est pour *fresgo, lïgare pour *lesgare; ailleurs j'ai cité dlves = '^desves^, et frïvolus = *fresvohis, que M. J. Schmidt réunit au grec xipctXéoç au moyen de la forme primitive

  • gharsvara (rac. ghars., frotter). Il faudrait ajouter uva «grappe de

raisin» au cas où ce mot serait pour *osgua, c'est-à-dire égal au grec ôffxn, o<JXOÇ *l6 cep avec ses grappes». Mais je n'insiste pas sur cet exemple parce qu'il me paraît probable que tous ces mots appartiennent à la racine vaks^. — Vîlis que M. Bréal a ramené à veslis^ présente peut-être la même altération, mais facilitée en tout cas par le Z et le i qui suivent.

��1 . Skr. dâsvant. — L't du mot frivolus qui suit dans le texte est considéré sous un autre point de vue dans le livre de M. J. Schmidt.

2. La racine serait dans le skr. vaksh, uksh «mouiller», et ôaxôç = /ooxoç. Hésychius donne i&axrii Suidas iïiokti. — Le second sens du mot ôaxn (scrotum) confirme cette étymologie. L'équivalent exact du skr. ukshan se trouve dans la glose àv-o(Jxnv âvavbpoç (Hésych.). Comme on place le grec ùypôç avec skr. uksh, nous reviendrions par une autre voie à réunir sous la même racine 6(JXn et uva, car ce dernier mot est ordinairement rattaché à uveo et à ÙYpôç. Seulement cette étymologie de ôoxri supposant que crx = ks, il n'est plus pos- sible de comparer directement uva, lequel ne pourrait plus dans la forme être

  • osgua, ni *usgua.

3. Mém. Soc. Lingu., n, 38L

�� � ESSAI D'UNE DISTINCTION DES DJFFERENTS a INDO-EUROPÉENS/

(Métuoires de la Société de Linguistique III, p. 359. — 1877.)

Les partisans de la pluralité des a indo-européens s'entendent faire souvent les deux reproches suivants: 1" vous négligez de dé- montrer que l'ancienne hypothèse du scindement de l'a est inad- missible ; 2*^ vous n'expliquez pas comment dans les langues asiatiques plusieurs a ont pu se confondre dans un seul. — L'opportunité de cette seconde objection nous échappe par la raison que l'unité de l'a aryen repose, au moins en grande partie, sur une fiction ; dans une multitude de cas c'est i (ou u) qui est opposé à une des variétés de l'a en Europe, et, si l'on est libre de faire remonter Vi de pitar et l'a de admi à un seul et même a, la diversité de l'a en sanscrit n'en demeure pas moins le fait donné. En zend nous avons tout au moins ère = skr. r qui diffère évidemment de ar. Quant à l'autre critique, le scindement d'un seul a est et restera un fait possible en lui-même ; mais, comme nous venons de le dire, l'unité de l'a n'est elle-même qu'une hypothèse, aucune langue indo-européenne, sauf peut-être l'ancien perse, ne possédant cette unité.

En écartant ainsi les premiers obstacles qui nous interdisaient l'accès de la question, nous savons trop bien qu'un reproche in- finiment plus grave pourra s'appliquer de plein droit à notre tra- vail, celui de ne consulter qu'une petite partie des langues de la famille, quand il s'agit d'un problème si vaste et d'une pareille portée. Aussi n'avons- nous pas la folie de tenter une solution définitive; nous voudrions simplement attirer l'attention sur cer- taines coïncidences qui nous ont frappé, et qui nous ont paru éclairer à leur tour d'autres phénomènes plus généraux.

��1 . Ce travail, sous la forme condensée qui lui est donnée ici, n'était point destiné primitivement à l'impression: de là l'absence de tout le matériel indis- pensable des exemples et une énumération souvent incohérente des résultats principaux. Nous essaierons de combler ces lacunes dans une étude subséquente et plus étendue du même sujet. — [Voir ce que F, de S. dit de cet article à la page 3 de son Mémoire.]

�� � 380 DISTINCTION DES DIFFÉRENTS a INDO-EUROPÉENS.

��§ I

On sait que dans bien des cas Vi et Vu sanscrit des groupes tr, il, ur, ul s'annonce, entre autres par la comparaison du zend, comme étant ce qu'on appelle un a affaibli. L'allongement qui est produit par une consonne venant après la liquide -^ ainsi dans çirshan — ne change rien à la chose.

En regard des exemples qui montrent cet i et cet u parti culiers, plaçons les mots correspondants des langues du sud de l'Europe, mais en ayant soin de choisir des thèmes identiques ou des dérivés très voisins^:

puru — TToXûç puras — Tràpoç

puri — TTÔXiç purà — TrdXai (giri — popéaç, ôpoç) ^^^^ _ j papùç

h ira — X^^o:?? haru-spex ° 1 gravis

dïrgha — èoXixôç ciras — Kdpr)

çïrsha — KÔpOT) kulva — calvus

urdhva — ôp66ç, arduus irma — armus

pûrvya — TTOp/ioç, Tiptuioç mîra — mare

mîîra — mîjpoç, morosus kïla — KdXov, cala.

��1. Comme il nous faut être sur de ne pas rencontrer d'exceptions, je cite

aussi les exemples douteux; kulâya tnid» et KaXidi (^ ) «maison» comparés

par Fick. — giri «souris» et yc^^WI «belette», deux animaux qui ont quelques caractères communs (gar dévorer). Cf. glis. — La forme védique çlra que Grassmann rattache à car «cuire> pourrait être le latin c<îr«fs ; qu'on se rappelle çri, çreshfha de la même racine, et le grec iréittjuv, parent de tiéaaiu. — uloka et "OXuiiTTOç, comparaison que j'ai hasardée quelque part. — bhwanyu = 0opujv€Ûç, suivant Kuhn {HeràbTc. des F.). — urvarà, dpoupa, arvum. — Si urana et àpv(-ôç) vont ensemble, il est probable, vu les traces du digamma. que Vu du mot indien est un rétrécissement de va et que nous n'avons donc pas à nous en occuper.

Sur Bopéaç et 'Ytrepôôpeioi, voy. Curtius, Grdz.ZbO; sur le droit qu'on a de donner à ôpGôç le digamma, Ahrens, II, 48. — irop/îoç est la forme que suppose M. J. Schmidt, Voc. II, 27. — purâ et irdXai me semblent être un même thème à deux cas différents. — kila, xâXov, cala, Schmidt, Voc. II, 216.

Sthira-OTepéoç ne constitue point une exception : les thèmes sont différents, et de plus il est probable qu'ils n'ont pas même la racine en commun; en effet, axepcôç est le masc. de oxeîpa (Curtius, Grdz. 594), et ce dernier mot répond a stari tandis que le th de sthi-ra lui assigne la rac. sthà pour origine.

�� � Les langues classiques ont partout a ou o, jamais t. Si le latin a cerébrum en regard de Kapr) = ciras, c’est par une décoloration hystérogène de Vo sur laquelle nous aurons à revenir. Il est instructif de voir d’une part puras = Tràpoç, purâ -= TrdXai, et de l’autre para = Trépâ, pari = Trepî^

Nos conclusions sont: l*’ qu’il y a une espèce d’à indo-eu- ropéen reflétée en sanscrit par i ou u devant les liquides, et dans les langues classiques par a ou o devant les mêmes consonnes^; — 2° si a et s’équivalent dans les langues classiques devant les liquides et forment à eux deux un groupe opposé à e, dans d’autres conditions les rapports seront probablement les mêmes, présomption qu’il faudra naturellement vérifier.

D’autre part, o est souvent en étroite connexion avec e: ainsi dans xéYOva — tevéaGai, dans toga — tego. Cette sorte d’o ne peut pas être la même que celle que nous venons de voir s’échanger avec l’a. Nous appellerons o^ Vo parent de l’a et O2 l’o parent de Ve.

02 peut passer pour la gradation de e. Au contraire o^ est apparemment sur le même rang que a, et, lorsqu’il leur faut une gradation, c’est à et ô qui apparaissent, par exemple, dans le parfait êttYtt (--’ — — ), dans vujtov à côté de vôcrqpi.

Le système des a prendrait donc en grec et en latin la forme suivante :

a a e o

o o


Ceci représente aussi, en gros, le système indo-européen. Il est douteux que le dualisme de a — o^ soit primitif. Nous pouvons le ramener à un seul son indo-européen que nous désignons par A; la gradation de A sera Ag (grec et latin â, ô):

1. Le rapprochement de irapd avec para est moins satisfaisant que celui de πépa à cause de la quantité des dernières syllabes. — Si nous prétendons d’ailleurs que skr. ir, ur, doit toujours faire attendre en grec ap, op, nous ajoutons que la réciproque serait fausse: on a, par exemple, skr. serra = ôXoç, salvus. La question de l’influence de l’accent sur l’affaiblissement en i et u (v. .1. Schmidt, Voc. W, 223) reste par conséquent entière.

2. Les exemples donnés n’offrent qu’une seule fois l’o latin, et nous anticipons ici sur le résultat de la recherche qui suit. 382

��DISTINCTION DES DIFFERENTS a INDO-EUROPEENS.

��1

A Ag

�1 a a^

��Les désignations a, a2 etc., seront justifiées dans le paragraphe suivant :

§ Il

a et ag.

Nous appelons a et a^ ce que M. Brugmann dans ses derniers travaux appelle % et a^. La suppression du chiffre 1 devenait pos- sihle du moment que nous faisions usage de la majuscule et non du chiffre 3 pour désigner notre nouvel a. D'autre part nous con- servons ttg, bien qu'il n'y ait plus de a^, afin d'avoir la même dé- signation que M. Brugmann et nous disons par symétrie Ag au lieu de Al, qui serait plus rationnel. — Quand nous voudions parler du son a ou de l'a en général, et non de la voyelle indo-européenne que nous entendons par a, nous emploierons le caractère ordinaire au lieu de l'italique.

a (% Brugm.) est Ve européen. Il est reconnu, depuis les travaux de Curtius, que cette voyelle concorde dans les langues d'Europe. Le linguiste qui part de l'idée de la pluralité des a n'a donc qu'à poser l'égalité : e européen = a aryen = a indo-européen, et aura par là même tiré un des a du chaos. Ce ne sera naturel- lement que dans les formes où apparaît Ve en Europe que nous pourrons identifier l'a aryen avec Va indo-européen. Le caractère de cet a en sanscrit est tout négatif: il ne s'affaiblit jamais en i ou en u^.

«2 se reconnaît en sanscrit à ce qu'il s'allonge dans la syllabe ouverte, ainsi que l'ont montré MM. Brugmann et Osthoff. Ainsi dans gagâna, papâta, cf. T^TOve, xéxoKe. — a^ s'allonge aussi dans la diphtongue^ lorsque celle-ci se résout devant une voyelle : ninâya.

Dans les syllabes fermées et dans les diphtongues suivies d'unp consonne, a^ apparaît, aussi bien que a, sous la forme de a : hha- ranti = q)épovTi, rireca = XéXoma.

��1. Les désidératifs tels que pits de pat ne peuvent être comptés pour de véritables exceptions : ces formes sont obscures et constituent une classe ù part.

�� � DISTWCTIOK DES DIFFÉRENTS a INDO-BUROPÉENS. 383

On sait que, dans les langues classiques, a^ est représenté par 0, comme dans les exemples qui viennent d'être cités. Ici aussi le latin a souvent laissé retomber o au rang de e: vinifer au lieu de tnni/br = oîvoqpôpoç ; gânu^ tôvu, mais genu.

Schleicher reconnaissait déjà une voyelle particulière dans gr. o = skr. â; il y voyait la première gradation de a résultant de a -(- a, mais toujours en confondant les sphères distinctes de l'a et de l'e. M, Brugmann au contraire a accentué la corrélation de son «2 avec Oi (notre a). Ils sont en effet de même nature : c'est une même voyelle à deux puissances difîërentes. On le voit clairement pour la syllabe thématique des verbes en a:

bharâmi = *q)épo|Lii |

bharâraas = (pépo|ueç 1 cf. bharatha = qpépexe

(bharanti = (pépovTi) 1

Remarquons à ce propos que si, au part. prés, moyen le sans- crit bharamâna s'écarte du grec q)epô|iievoç, ce n'est, sans doute, qu'en apparence, car hharamâna peut être sorti d'une ancienne forme *hha- râniana, laquelle ferait disparaître du même coup la difficulté que présente mâna = |Lievo. De tels déplacements de quantité ne sont pas sans exemple en sanscrit: il serait difficile de dire quelle est la forme la plus ancienne du classique pâvaJca ou du védique pa- vâka que M. Grassmann a montré être seul usité dans le Rig-Véda.

§ ni

A en grec et en latin.

Nous cherchons à montrer deux choses : la parenté de a et de o^, dans les langues du sud de l'Europe; la non-parenté de e avec le groupe a-o^.

Pour l'étude de l'a radical, nous sommes obligés de diviser les racines en trois groupes :

1. Racines qui, se terminant consonnantiquement, ne contien- nent ni liquide ni nasale, à moins que cette liquide ou cette nasale ne soit initiale comme dans Xé^uj, |Liéba».

2. Racines qui se terminent par un a.

B. Racines qui, terminées consonnantiquement, contiennent une liquide ou une nasale non initiale.

Le troisième groupe offrant des difficultés particulières parce que e == indo-européen a s'y affaiblit dans certaines formes en a,

�� � 384 DISTINCTION DES DIFFÉRINTS a INDO-EUROPÉENS.

Oj, = indo-européen A (bépuu-bapiôç), nous le laisserons de côté pour ne point embarrasser une exposition déjà compliquée.

Premier groupe. Les racines qu'il embrasse se divisent nette- ment en racines à e et racines à a-Oj. Il n'y a pas échange de e et de a, ni de e et de o^.

Les racines à e ont dans les formes fortes Og: xeKeîv xÉTOKa, mais cet o est dans la plupart des cas facile à distinguer de Op — Quant aux racines à a-o^, elles ont dans les formes fortes â, 5 (= indo européen Ag): dTVU|ai, lâfa.

Comme nous avons affaire à une voyelle persistant dans toute la racine, nous pouvons comparer un mot grec quelconque avec un mot quelconque de la même racine en latin, tandis que, s'il s'agissait du troisième groupe, nous serions forcés de nous restreindre aux thèmes identiques à cause de la mobilité de la voyelle.

Voici les différents cas qui se présentent: 1° a grec a latin, comme dans à'TiJU-ago, Xdxvn-lana, Kairùuj-vapor. — Plus de trente exemples.

2. Le grec oscille entre a et o (Oj), ainsi âfiu-ofjjioç; environ douze exemples.

3. Le latin oscille entre a et o (oi), comme dans acies-ocris; environ dix cas.

4. Le grec possède o et le latin a, ou vice versa: XaKeîv-loqui; 11 — 12 exemples.

5. o dans les deux langues (nous ne comptons que Oj ; par conséquent 6y\>-vox, etc., ne nous intéressent pas): 9 exemples dont 3 possèdent en grec ou en latin un parent avec a, ainsi olç-ovis à côté de aÏTToXoç et de avilla.

Les cas où e est en contact avec a, ne constituent une objec- tion sérieuse que si c'est le latin qui possède l'a et le grec e; en effet, le latin a sous diverses influences altéré profondément son vocalisme: levis est pour lagvis = èXaxOç, comme fessus pour fassus de fatiscor.

Quant aux exemples de l'a latin opposé à le grec, nous en retranchons les cas où cet e forme une diphthongue avec i et où il y a eu une influence évidente exercée par cet i; ainsi eî est pour aï, consiTvé en dorien, et dans l'osq. svai; eîap est pour *aîap = lat. assir. — Restent quelques exemples tels quB xécraapeç-quat- tuor (ombr. petur), ^éTaç-magnus, KeqpaXri-caput, exemples dont je n'ai pas à me préoccuper plus particulièrement que les partisans

�� � DISTINCTION DES DIFFÉRENTS rt INDO-EUROPÉENS. 385

(le la période européenne contre lesquels M. J. Schraidt a fait valoir ces exceptions.

Deuxième groupe. Racines terminées par un a. Nous nous prononcerons au paragraphe 4 contre l'existence de racines en e = indo-européen a; il n'y a que des racines en A et nous avons par conséquent à attendre à la fin des racines grecques et latines un a ou un o; dans les formes fortes â, ô. J>es cas tels que TiGévai seront examinés au paragraphe 4,

Exemples de l'rt dans les deux langues: TtaTiîp, pater; CTra-TÔç, sta-tus; Xâ-Tpiç, la-tro; Xà-xaS, la-tox; (JTd-biov, spa-tium, etc.

Forme forte: |iï^-Tr|P, mâ-ter ; (ppa-Tr|p, frâ-ter, etc.

L'o et l'a oscillent en grec dans pa-ai-Xeuç, TTpô-6a-T0v, Po-Totvn; d-^0T0v, aOTÔ-|LiaToç ; pd-|na, Puj-|liôç, etc.

L'o et l'a oscillent en latin dans gnârus-ignôro, pôtus-pâtera.

L'o et l'a s'échangent du grec au latin: èo-TÔç, dâ-tus, v6-cr- cpi, uâtes; vô-Toç, nâtare; aTpuuTÔç, stratus, etc.

L'o dans les deux langues, par exemple dans TTubvai-pôtui, XiTVwaKtu-gnosco, etc.

Les racines à nasales et h liquides apporteront encore une grande masse de cas où l'a et l'o s'échangent.

La principale conclusion que nous tirons, c'est que l'o des thèmes nominaux comme ittito-ç, equo-s en regard de l'a de x^9^i etc. (lequel ne peut remonter qu'à Ag), doit représenter un A indo- européen et ne pas différer par conséquent de l'o radical de 6ot6ç ou de l'a de Trainp. M. Brugmann, au contraire, voit dans cet o un flj,; il a pour lui le vocatif en e, qu'il nous est impossible d'ex- pliquer, mais trop d'autres raisons nous forcent à admettre la valeur A.

En second lieu, IV de la conjugaison thématique (cpépeie) est naturellement une voyelle tout autre que l'o de Ïtttto-ç, puisque cette dernière est un A et que l'e remonte h a. Nous avons déjà dit que l'o de (pépo|iev est o^, comme le prouve bharnmas, et que, par conséquent, il ne diffère de Ve que par le degré.

§ TV

A et A.^ en sanscrit.

l. Dans les racines qui ne se terminent pas par une consonne. — Lorsque la racine ne se termine pas par une consonne, nous avons déjà supposé plus haut que c'est toujours A et jamais a qui ap-

de Saussure, Oeuvres. 25

�� � 386 DISTINCTION DES DIFFÉRENTS a INDO EUROPÉENS.

paraît. Les langues classiques n'ont e que par exception, et l'on trouve des traces de l'ancien vocalisme normal; ainsi à côté de Ti9évai, 6eTÔç: le latin fa-cio; — à côté de inérpov: d-)Lio-TOV et aÙTÔ-)aa toç; — à côié de îévai : àcpéuuKa, dveâ)0"6ai.

Or, le sanscrit nous oft'ro constamment à la fin de la racine à dans les formes fortes, i ou î dans les formes faibles. Nous ^voyons donc que:

Ag = â A = i, î.

L'a, comme on pouvait s'y attendre, n'apparaît pas. Au part, parf. pass. par exemple, on a:

sthi-ta = (JTa-TÔç, stâ-tus pï-ta = TTO-TÔç, pâ-tera çi-ta = câ-tus mi-ta = d-|io-TOV, aÙT6-)Lia-T0ç.

D'autres formes analogues sont: hi-tvâ — fâ-tigo, x^i-Tiç pi-tu — Tra-Teo^ai, pascor pi-tar — TTa-irip, pà-ter.

Formes fortes:

dâna-dônum | mâtar-indirip-mâter | mâtrâ-materies | bhrâtar- frâter. Parfois la forme forte persiste aux temps faibles; mais, en présence de snâta, nous savons bien que la forme faible eût été snïta, lequel correspond à,vô-T0ç et à nâ-tare; on peut supposer de même hhifa, forme faible de bhâ-ta qui répondrait h cpaiôç et à fâ-teor.

Et ainsi de suite; dans toutes les formes du verbe on ne trouve à la fin de la racine que:

A2 = skr. â = gr.-lat. â, ô A = skr. i, î = gr.-lat. a, o. nii-mî-te est formé tout comme ï-cTTa-Tai.

2. Â à V intérieîir de la racine. Ici A se confond en sanscrit avec a; tous deux deviennent a. La seule espèce de racines où il est possible de distinguer A de a à l'intérieur de la racine, ce sont celles qui contiennent une liquide, car alors Ar devient assez sou- vent ir, ur ou r', mais nous avons exclu ces racines de notre étude ^.

1. Une partie des faits qui concernent ces racines ont été abordés au § 1.

�� � DISTINCTION DES DrFFÉRKNTS O INDO-EUROPEENs. 387

Dans des cas isolés A devient i, m, même devant d'autres consonnes que r ou Z: ainsi gihma = box|UÔç, mushkara = niasculus.

3. A dans le suffixe des thèmes nominaux. Nous avons conclu de notre recherche dans les langues classiques que l'a long de X^P^t et que l'o de ïtttto-ç, equo-s étaient Ag et A comme les a de mâier et de pater. Or, en sanscrit nous trouvons en effet un a long dans les thèmes féminins comme dans la syllabe radicale de mâtar. Mais nous voyons en revanche en regard de l'i de pitar^ sthita, un a dans la syllabe suffixale d'açva-s. Comment s'expliquer cette différence, si tous deux descendent de l'indo-européen A?

Elle s'explique par la différence presque constante des lois d'euphonie devant les suffixes primaires et les désinences verbales d'une part, devant les désinences casuelles de l'autre; les lois qui se manifestent devant les désinences casuelles. s'écartent elles-mêmes très peu des règles du sandhi. Ainsi de même que nous trouvons: (ivekshyàmi, mais devadvitsu, devadvit sa, de même nous avons : pi-tar, mi-ml-te, mais açva-sya, et à la fin du mot upa. (uTrct, ùttô). Lors- qu'un thème nominal en A ne se trouve ni à la fin du mot, ni devant un suffixe casuel ou un suffixe de formation secondaire, son A devient î, comme devant les suffixes primaires: andhl-hhavati de andha, etc.

Lorsque la forme faible d'une racine en A se trouvera placée devant un suffixe casuel, elle prendra l'a et non plus l'i: pâda-pa-s et non pâda-pi-s (soma-pâ-s contient la forme forte).

Il ressort de là que ce n'est pas seulement dans les formes où A est radical, mais dans toutes les occasions où un suffixe pri- maire ou une désinence verbale seront ajoutés à un A, que nous devons nous attendre à trouver i, i en sanscrit.

Ainsi, nous avons en grec Kip-va-|ii€ç, Kip-va-ie; nous retrouvons on sanscrit normalement çrî-ni-mas, çrï-nî-tha et non pas çrinamas ou toute autre forme. De même les formations en mi, -ïmi, telles que çvasimi, hravimi, répondent à celles en â^xx, a\iai du grec; p. ex. ctYa^ai. Au parfait Ti.de tutudima correspond à l'a de TTeTTÔv6a|Liev. L'i de duhiiar est identique à l'a de eufatrip.

C'est à présent seulement que l'a de bharasi, bharati, bharatha va nous apparaître comme une chose extraordinaire, puisque partout jusqu'ici nous trouvions l'i devant les désinences verbales. Mais les langues classiques nous ont déjà donné la clef de l'énigme: qpépeiç, — pei, — peie montrent l'e, c'est-à-dire a et non A comme K(pva)nev. Or a reste toujours a en sanscrit. Si la voyelle thématique de

25*

�� � 388 DISTINCTION DES DlfFKBENTS rt INDO-KUROPÉENS.

bkareisi, etc., était la même que celle qui forme le suffixe de açva, nous aurions certainement hharîshi, hhariti, etc., comme çrinimas, çrinîtha.

A l'aoriste noua voyons ^ présent que la formation indienne adikshMni j ne peut correspondre qu'aux aori.'^te» adikshas homériquer- tels que: îHov, èbûcreTO, adikshat | è^6ï](Sejo.

L'aoriste en -(Sa au contraire se retrouve dans la f()nnati(ja: anainham = ^beiEa anaiï^hîs = IbeiSaç anaishït = ?6€lHa^

Ce qui explique le gouna d« ^IjeiHa. I)au« 1« verbe aubstantif nous avons:

^a = âsam ?\aç = âsïs fja ^ = âsLt

Pour en finir avec les voyelles thématiques, nous remarquons encore la concordance de Va de l'aoriste redoublé avocam, avocas, avocat avec Ve de ëênrov, ^emeç, ëeme. — De même au subjonctif aoriste neshatha comme l'homérique tÎ(J€T€. — De même au futur dâsyatha comme bduCeie.

§ V

Après avoir divisé les différents a de la manière qu'on vient de voir, d'après les conclusions que j'avais tirées des exemples donnés au commencement {puras-Trâpoç, puru-nokûç, etc.), il me vint l'idée, après l'achèvement du système, de voir si le scindement aryen du k^ en k et en c pouvait être en rapport avec l'espèce d'à qui suivait la gutturale. Je trouvai que toutes les fois que kg était suivi de A ou Aj il était resté guttural, mais que s'il était suivi de a ou a, il s'était palatalisé. C'est cette confirmation qui m'a fait eroire que la théorie exposée ne serait du moins pas accusée d'avoir un carac- tère artificiel, et qui m'a décidé à la proposer, malgré les démentis

��1. *f|a et *ÉbeiHa ont été supplantés par ?|€(v) et ëb6iE€(v) tout comme les rloriens et primitifs ya, kq, par ye et k€(v) ou comme -jucOa par -laeSev à li3sbos. La dernière trace de cet a se trouve dans les plus-que-parf. de la 3» personne fi€ibr|, f]br\ (Curl., Verb. Il, '238), lesquels prouvent une ancienne forme *r|€Îb€a.

�� � DISTINCTION DES DIFFÉIJENTS a INDO-EUROPÉENS. 389

que la comparaison d'un plus grand nombre de langues lui infligera Bans doute sur bien des points.

Commençons par les phénomènes de la fin des racines; c'est une règle constante que l'on ait dans le verbe en a:

arcati par exemple, mais arka dans le thème nominal ; rocate — mais roka —

et nous avons vu que l'a du verbe renionte à a, ce qui se prouve soit par la comparaison de qpépexe, soit simplement par le fait que l'a n'est pas devenu i devant les désinences verbales. Dans arcami, arcamas la voyelle thématique est a^. Au contraire dans le thème jiorainal nous avons conclu plus haut à A.

Qu'on mette ensuite en regard des thèmes en A comme roka, Vdka, k's thèmes en -as: vacas, varcas, etc. Ici la palatale reparaît; et le grec nous en donne la raison, car il a ëirea, ëireoç, ëirei, etc. L'omicron dans ërroç représente a^, comme l'admet M. Brugmann.

Dans des formations détachées des verbes, telles que eka = œquos, vrka = XOko-ç, yjjkrt = fJTrap (f remonte à Ar), çakft = aKiOp, nous voyons également la gutturale se maintenir devant A.

panca au nom. et à l'ace, est identique à névre, quinque.

Au commencement du mot nous découvrons la raison qui" assigne la palatale à la syllabe de redoublement. Le grec a toujoui!» e dans cette syllabe. Donc cakâra remonte à l'indo-européen k^ak^A^rA et tout s'explique.

Les autres exemples au connnencement du mot sont: carati — iréXo)

catvâras — TTé(J(Tupeç, petur, petora et l'inexplicable quattuor

ca — Te, que

cayate — Teîuj sur les inscriptions

cancala — TTé|H7Te\oç

carcara — querquera febris (Pick).

Partf)Ut l'indo-européen a, tandis qu'après la gutturale nou» trouv^nfri \ :

ka-s, ka-taras — TTÔ-Tcpoç, KÔTepoç; lat. (lUod, etc.

kalya — kûXôç

kanya — ^Kaivôç

kalama — KàKa\xoç

kalevara — cadaver

kakubh — cacumen

�� � 390 DISTINCTION DBS DIFFÉRENTS a INDO-EUROPÉENS.*

kalaça — calix, kOXiH (= *koXiH)

kavi — Koéu), caveo

kâru — KdpuH

kîla — KôtXov, cala, et une multitude d'autres exemples.

Il est singulier qu'en général les langues classiques n'altèrent pas non plus la gutturale devant A ; mais je n'en voudrais encore tirer aucune conclusion. — Les phénomènes relatifs à g^ sont tout ana- ogijes. Nous nous dispensons de les traiter ici, et nous laisson.s également de côté tout ce qui a trait aux racines à nasales et à iquides, nous contentant d'avoir donné un aperçu sur l'ensemble de a division des a.

�� � 391

��LES ORIGINES INDO-EUROPEENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS.

Essai de paléontologie linguistique par Adolphe Pictel.

2® édition.

(dompte rendu paru dans le Journal de Genève, 17, 19 et 25 avril 1878.)

I

La librairie Sandoz et Fischbacher vient de mettre en vente la deuxième édition d'un livre qui a eu du retentissement, même dans un cercle plus étendu que celui du public scientifique, et qui fera toujours le plus grand honneur à l'érudition genevoise.

Il s'agit des Origines indo-européennes, l'œuvre capitale de l'in- fatigable et regretté Adolphe Pictet, celle que jusque dans ses der- nières années il se plaisait à retoucher et qu'il accompagnait d'un intérêt constant. Bien que ce genre de travaux l'eût attiré de très bonne heure, tant d'autres champs d'activité s'ouvraient à la souple et brillante intelligence de Pictet, qu'on a pu être incertain sur le choix qu'il ferait de l'un d'eux pour s'y fixer de préférence. Son ami, le célèbre orientaliste Burnouf, le croyait déjà perdu pour les études linguistiques et lui demandait en plaisantant, dans une de ses lettres, s'il y avait encore en lui «un cœur indo-germain»; certes oui; mais qui s'en serait douté en voyant Pictet publier des essais sur les fusées de guerre? Tel fut Pictet, et dès ses années d'enfance, il donna les preuves de cette merveilleuse variété d'aptitudes qu'un critique caractérisait par ce mot: la spécialité de M. Adolphe Pictet, c'est d'être universel.

Né en 1799, fils du conseiller "d'État Charles Pictet de Roche- mont et neveu du physicien Marc-Auguste Pictet, il fut élevé à l'institut d'Hofwyl, près de Berne, sous la direction de Fellenberg. Là déjà, toutes les études le captivent; il forme des collections d'histoire naturelle, il compose de la musique, il excelle dans les mathématiques, dans les langues anciennes et dans tous les exercices du corps.

�� � 392 LES ORIGINES INDO-EUROPÉENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS.

Néanmoins, lorsqu'en 1820 il se rendit à Paris pour y pour- suivre BPS études, la philosophie l'absorbait plus que toute autre chose. 11 y arrivait au moment où la commission de l'Instruction publique suspendait Cousin de ses fonctions à la Sorbonne; il ne s'en lia que plus étroitement avec le jeune apôtre de l'éclectisme; ses lettres respirent l'enthousiasme pour l'éloquence de Cousin, pour »es idées et pour son plan de régénération de la philosophie en France. Cousin, de son côté, associe d'emblée le jeune Genevois à ses travaux, et lui propose de l'aider à fonder une revue de philo- sophie, projet qui ne s'est d'ailleurs jamais réalisé.

Au centre des préoccupations intellectuelles de Pictet, la théorie du Beau prend déjà une importance prépondérante: dès 1822, il avait rédigé les fragments d'un traité sur ce sujet. L'esthéticien s'entlamme naturellement aussi pour toutes les questions littéraires, alors si ardemment débattues. Il s'initie aux littératures étrangères. Sur ce terrain, la connaissance personnelle de Guillaume de Schlegel lui ouvre bien des perspectives neuves, et en particulier lui révèle l'Orient indou, dont le savant professeur de Bonn était alors pre^fjiK^ seul en Europe à connaître les secrets. C'est sans doute à cette époque que Pictet aborda l'étude du sanscrit, et que ses recherches esthétiques et littéraires lui fournirent ainsi le fondement de son éducation linguistique.

Un séjour qu'il fit ensuite en- Allemagne lui permit de faire la connaissance de Gœthe, de Hegel, de Schleiermacher, et de Schelling, qui a toujours été son philosophe de prédilection.

En 1823, Pictet se trouvait à Edimbourg: la controverse .sur l'authenticité des poëmes d'Ossian et une grammaire irlandaise qui lui tombe sous les yeux éveillent son attention sur les dialectes celtiques de la Grande Bretagne. Il les étudie, et reconnaît aussitôt leur parenté avec les langues classiques et avec le sanscrit; il constate en même temps la non-parenté du l)asque, qu'on avait l'habitude de réunir à ces idiomes.

Ce n'est cependant qu'en 1887 que parut, le mémoire intitulé De l'affinité des langues celtiques avec le sanscrit, mémoire qui obtint le prix Voln«^y, et qui établit, avant Bopp (dont le travail sur la même matière est de 1839), qu'il fallait joindre tout le grand rameau des Celtes au tronc indo-européen. Les études celtiques constituent, à l'heure qu'il est, en France, en Allemagne et en Angleterre, une science organisée et prospère, mais l'un de ses représentants les plus connus, M. Whitley Stokes, a pu saluer k bon droit, en notre corn-

�� � LES ORISIN'ES INDO-EUROPÉENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS. 393

patriote, l'étoile du matin de outtii philologie celtique, «the Morning Star of Celtic Philology».

Peu de temps après, Pii;tet fut nommé professeur de littérature comparée et d'esthétique à l'Académie de Genève. Il n'est aucun de ses auditeurs d'alors qui n'ait gardé de son enseignement le souvenir le plus vivant. Les cours libres qu'il donnait en même temps furent extrêmement goûtés du public; il possédait le don rare d'exposer avec clarté les sujets les plus abstraits, et de captiver son auditoire par les charmes de son esprit, plus encore que pai' la solidité de sa science.

C'est vers la méiiic époque qu'une bande de touristes, com- posée de célébrités littéraires et musicales, mais si éloignées de poser pour telles que les profanf^s la prenaient volontiers pour une troupe folâtre, vint trouver Pictet dans pu retraite et l'entraîna dans une excursion alpestre par Chamonix, Martigny et Fribourg. En rentrant chez lui, Pictet s'assit à sa table de travail et écrivit Une course à Chamonix, conte fantastique, un petit chef-d'œuvre, où il est question, comme on sait, de l'essence de l'art, de poupées de cire, d'identité de l'absolu avec lui-même, et de beaucoup d'autres choses encore.

Que s'était-il passé? A peine le philosophe et le romancier — le major et le George de la course de Chamonix — s'étaient-ils rencontrés, à peine ces deux esprits supérieurs, parents dans le fond, mais pleins aussi de contrastes, s'étaient-ils trouvés en contact, que le courant électrique avait pris naissance, que l'étincelle avait jailli entre les deux pôles contraires: la lutte était engagée; des mondes d'idées s'ébranlèrent de part et d'autre, revêtant dans ces deux têtes des formes opposées, inconciliables, et vinrent se heurter dans une mêlée qui tenait du cauchemar. Ce sont les impressions encore fraîches de cette étrange fascination que «le major» a consignées dans la course à Chamonix; chacun les a lues, et se rappelle aussi qu'à la fin les deux antagonistes firent la paix.

«Son cerveau que je croyais si froid et si bouffi, nous a dit ,, George" de son côté dans les Lettres d'un voyageur, est plus poé- tique que le mien: je m'en suis aperçu à ma grande honte et à mon grand plaisir.»

Ce petit volume exquis trouve heureusement aujourd'hui plus de lecteurs qui savent le goûter qu'au temps où il parut S(jus le voile de l'anonyme. Pictet racontait lui-même comment un grave magistrat de notre ville, le rencontrant dans la rue, lui demanda

�� � 394 LES ORIGINES INDO-EUROPÉENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS.

s'il était bien l'auteur de cette misérable production, et crut devoir l'informer qu'il pensait n'avoir jamais rien lu de si plat.

Mais Pictet ne se contentait pas de réunir en sa personne un écrivain aimable, un philosophe profond, un éminent linguiste, un connaisseur de l'art et des littératures: il poussait en même ternps la carrière militaire jusqu'au grade de colonel fédéral d'artillerie, et dans ce domaine encore, déployait des facultés particulières d'in- vention. Excellent mathématicien, il s'attacha de préférence au problème des fusées de guerre et fut appelé en Italie pour y doter l'artillerie de ce genre d'engin, aujourd'hui abandonné. Pictet ap- porta en outre aux obus à percussion des perfectionnements dont l'Autriche acheta le secret 25,000 fr.

Après son retour à Genève, il publia en 1856 son livre Du Beau dans la nature, l'art et la poésie, qui fut accueilli avec beaucoup d'attention par les juges les plus compétents.

Enfin les Origines indo-européennes (1859 — 63) vinrent couronner cette série d'œuvres si diversement remarquables. Nous réservons pour un autre article l'analyse de cet important ouvrage.

A la demande de la commission topograpli^ue des Gaules in- stituée par Napoléon III, Pictet s'était chargé d'une recherche d'onomastique fluviale sur les cours d'eau de France, pour laquelle il avait recueilli de nombreux matériaux et que la mort est venue interrompre.

Au milieu de travaux si divers, dont nous n'avons énuméré que les plus considérables, il semble que l'on doive renoncer à chercher le fil secret, l'idée commune qui relie généralement tous les produits d'un même esprit. Et cependant, si l'on y regarde de près, on reconnaîtra sans peine que toutes les œuvres de Pictet sont bien nées au foyer de la même pensée.

Il y avait d'abord chez lui la curiosité insatiable, l'amour des explorations neuves et lointaines, aux limites extrêmes du savoir humain. Pictet s'est arrêté devant tous les sphinx et a médité toutes les énigmes. Il n'est pas un de ses livres qui ne plonge par quelque racine dans la région du mystère; tantôt c'est la langue des Druides retrouvée après 2000 ans, ou le déchiffrement d'une de leurs inscriptions; tantôt c'est la recherche psychologique transcendante; tantôt c'est une dissertation — amusante, mais profonde — sur le principe des principes, ou enfin, le tableau reconstitué d'un peuple préhistorique dont tout souvenir semblait à jamais perdu. Il semble

�� � LES ORIGINES IXDO-EUROPéENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS. 395

que les faits connus ne soient qu'une base pour ressaisir l'inconnu, les termes d'une équation qu'il faut poser et, si possible, résoudre.

Cette curiosité n'est nullement frivole: elle s'attache aux plus hauts problèmes, elle emploie pour se satisfaire les méthodes scienti- fiques, elle s'allie à une autre tendance du génie de Pictet, celle qui lui a fait trouver un si puissant attrait aux études esthétiques, savoir une certaine conception idéale des choses qui s'exalte surtout en présence de tout ce qui est infini comme l'univers, divin commo les principes dont il le croit régi, éternel comme le spectacle ancien et sans cesse renaissant de la vie humaine. Après le livre sur le Beau, analyse des sensations éprouvées dans la contemplation de la nature, il y a certainement, au fond des recherches sur les Aryas, dans ce peuple de l'âge d'or revu par la pensée, le rêve presque conscient d'une humanité idéale: les deux tableaux se font pendant. C'est toujours là, c'est aux confins de l'imagination et de la science, que sa pensée aimait à se mouvoir.

Tel est l'homme dans son caractère d'écrivain: un savant et un poète. Il ne nous appartient pas de faire ressortir les autres côtés de cette nature si riche et si aimable: quiconque a eu le privilège de l'approcher s'est senti pour elle, suivant le degré des relations, de l'affection ou du respect.

Pictet est mort le 20 décembre 1875 à l'âge de 76 ans.

On sait qu'il a tenu à doter notre Bibliothèque publique d'une collection d'ouvrages se^rapportant aux études celtiques.

II

L'étude comparée des langues, à la fondation de laquelle Pict<t avait assisté et pris une part active, ne va pas être seulement une science constituant un tout en elle-même: elle servira encore de bas«  à des recherches d'un autre genre. La langue est le seul héritagt^ assuré que toute génération laisse à la suivante. A la lueur de ce fiambeau venu à traversa les âges sans s'être jamais éteint, on pourra tenter de pénétrer la nuit sous laquelle se dérobe le passé des races. Pictet s'empara de cette idée et la fit fructifier dans le livre des Origines indo-européennes qu'il appelait très justement un essai de paléontologie linguistique; aussi l'ouvrage fit grande sensation, non pjts tant dans la science des langues, dont il ne faisait qu'appliquer les résultat.", que dans le domaine de l'ethnogénie et de l'histoire de la civilisation. Entre ses mains, un tel travail devint autre chose qu'une œuvre savante et sèche: le lecteur le plus étranger à ces

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études pouvait, soutenu par le souffle vivifiant qu'on y sentait par- tout, gravir aisément des pentes un peu rocailleuses ])our s'élever avec l'auteur aux grands aperçus qui les dominent.

Faut-il redire le but et la méthode? L'affinité des idiomes a l)rouvé l'unité de sang entre les peuples dont on connaît les types principaux, Hindous, Perses, Bactriens, Arméniens, Lituano-slaves, Germains, Celtes, Italiotes, Hellènes. Un jour cette grande race a dû former un seul peuple dont la terre natale est, suivant toutes les ai)parences, en Asie. Si le même mot se retrouve dans les dif- férentes langues de la famille, il leur vient nécessairement du peuple primitif, et si ce peuple avait le mot, il avait aussi la chose. En recueillant patiemment tous ces indices, on arrivera à retracer assez l>ien le tal)leau de cette époque lointaine et h se faire une idée du développement matériel et intellectuel de la race avant sa dispersion.

Pt)ur bien mesurer la grandeur de l'entreprise et la portée des inductions obtenues par cette voie, il est bon de faire la différence entre le fait des Indo-européens sortis d'une contrée d'Asie pour se déverser sur le grand domaine qui leur était échu et telles invasions historiques dont chacun a les exemples à la mémoire, celle entre autres qui a mis l'Orient entre les mains des Tartares.

Qu'<tn ramène par la pensée toutes les populations turques à leur point de départ, cette première tribu sera, comme toute autre, membre d'une famille plus grande; elle sera un rameau du tronc oural-altaïque. Mais lorsque Pictet nous décrit son peuple des Aryas primitifs, ce peuple parlant un idiome irréductible, c'est-à-dire sans affinité avec un autre idiome, nous contemplons un phénomène extraordinaire; nous nous trouvons d'emblée au seuil des grands problèmes de l'origine du langage et de l'origine des races hu- maines elles-mêmes.

En envisageant de près ce fait d'un peuple race, dont les exemples possibles sont vite comptés dans l'histoire du monde, on en vient alors naturellement h se demander s'il est permis de lui donner une existence si concrète au point de parler de son degré de culture, dé ses moeurs^ de ses institutions, de ses croyances. L'hypothèse de ce peuple est-elle nécessaire? Savons -nous si exacte- ment comment les races naissent, croissent et se ramifient? Et à supposer qu'il ait existé, est- il certain que les données que fournit la comparaison des langues atteignent jusqu'à cette première période, jusqu'à ce berceau même de la famille? C'est à cette dernière

�� � LES ORIKINES INDO-EUROPEENNKS OU I.E$ ARYAP PRIMITIFS. 397

(luestion, qui enveloppe plus ou moins les autres en elle, que la linguiîstique vient donner la réponse la plus positive.

Quel que soit le mystère où se dérobera peut-être toujours sa genèse, quelques problèmes que soulève déjà la seule notion d'un peuple qui ne se peut plus rattacher à rien, les lumières conver- gentes des dilïérentes langues donnent au point où elles se rencontrent, l'image d'une langue mère si nettement définie qu'il ne peut y avoir qu'une voix à son sujet: c'est la langue d'un peuple. La logique irrésistil^le du fait linguistique, comme aussi l'espèce de paradoxe où il aboutit, ne s'imposent qu'avec une idée juste de la précision qu'atteint la méthode comparative dans ses reconstructions. Bien loin que les éléments communs retrouvés dans toutes les langues de notre famille soient d'informes monosyllabes qui nous feraient entrevoir une époque di; vagissements, ils montrent, jusque dans les moindres détails, une concordance rigoureuse, et l'idiome primitif restitué nous apparaît, tout fossile qu'il est, comme la langue la plus finie et la plus riche de formes, comme un édifice déjà parfait. Une langue est indo-européenne jusqu'au bout, ou ne l'est pas; mais il n'y a point de degrés. Dire, en parlant d'une langue (de celles qui sont connues jusqu'ici) qu'elle se rattache de loin, qu'elle a une certaine affinité avec le type indo-européen, serait une phrase vide de sens, absolument comme si, comparant plusieurs médailles plus ou moins frustes et effacées, mais frappées toutes au même coin, on disait: une telle ne reproduit que de loin le type primitif. On peut aujourd'hui non seulement retrouver la forme première du mot dans son entier, mais dire sur quelle syllabe tombait l'accent, et même suivre les variations de cet accent à chaque cas de la décli- naison. On peut aller jusqu'à des minuties, distinguer par exemple avec une entière certitude la syllabe ya de la double syllabe ia. Le dictionnaire de la langue indo-européenne est depuis longtemps écrit et imprimé.

Le jour où l'on découvrira, sur quelque plateau de l'Asie centrale ou ailleurs, le phénomène inouï d'une langue coïncidant avec les nôtres, seulement dans la partie radicale des mots, ce jour-là l'anti- thèse cessera entre l'irréductibilité des idiomes premiers — <arien, sémitique et autres — et ces contours arrêtés, cet état déjà parfaite- ment adulte que présente pour le moins celui de notre famille.

Pour le moment, contentons-nous du fait qui achève de mettre en relief cette antithè.se, c'est de voir ]v. peuple des Aryas prouvé en tant que peuple et en même temps saisissable encore aujourd'hui

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dans son unité de peuple, précisément par la puissance de l'empreinte marquée au front de toutes les langues de la fi mille et dont chaque année apporte des preuves plus éclatantes.

On sait que Pictet place ce peuple dans la Bactriane; c'est de là qu'il le fait rayonner par migrations successives. La figure géo- métrique insérée dans le texte donne de la chose une démonstration fort élégante: une ellipse allongée nous représente assez bien les positions géographiques des différentes nations; à l'un des foyers de cette ellipse se trouve un cercle qui est le noyau primitif, la Bactriane.

Faisons ce que l'auteur appelle ramener les essaims dans leur ruche, et nous verrons cette demeure première partagée entre un certain nombre de tribus et de dialectes qui seront un jour des peuples et des langues. Cet exposé si simple et si lumineux cache cependant de difficiles problèmes. Il est aisé de s'en rendre compte: de combien de façons différentes ne peut-on pas se représenter l'extension de la race? Les hommes de la Bactriane se sont-ils un jour dispersés tous ensemble aux quatre vents des cieux? Se sont- ils scindés en deux branches seulement? en trois branches? En un mot quel arbre généalogique faut-il dresser? La plupart ont cru à une première bi-partition en Asiatiques et Européens. Mais d'autres autorités affirment que les Grecs sont apparentés de plus près aux Hindous qu'aux Germains: voilà donc l'unité européenne rompue.

Enfin une théorie récente nous représente la différenciation des langues sous un autre jour. Elle déclare la guerre à toute espèce d'arbre généalogique. Suivant elle, la famille indo-européenne est toujours restée un tout compact; on doit se représenter à un moment donné le même idiome résonnant du plateau de l'Iran jusqu'au cœur de l'Europe, divisé seulement en une série de dialectes dont les nuances infinies ont pu relier des teintes extrêmes déjà très- divergentes. Ces nuances, en se groupant et en s'égalisant, sont devenues des couleurs tranchées; les dialectes sont devenus des langues. A la notion de parenté il faut substituer partout celle de contiguïté géographique. Or le phénomène que font valoir les partisans de cette théorie, les rapports linguistiques spéciaux des langues contiguës, Pictet l'avait reconnu d'un coup d'œil sûr et défini en termes très clairs dès 1859.

Il y a plus: la conséquence qu'il en tirait n'est pas encore, il est vrai, l'hypothèse actuelle, mais elle a avec elle une étroite })arenté. En admettant des dialectes différents dans le berceau primitif, Pictet rompait avec cette conception où deux peuples se séparant emportent

�� � LES ORIGINKS INDO-EUROPÉKNNES OU LES ARYAS PRIMITIFS. 399

chacun la même langue, et il y substituait l'idée de la'diversité de langue dans l'unité géographique et politique. Nous tenions d'autant plus à signaler brièvement ce fait que, dans le débat continuel engagé sur la question de l'autre côté du Rhin, le nom de Pictet, qui y est du. reste dûment connu et apprécié, n'a jamais été mentionné.

III

Il faudrait des pages pour faire même un dépouillement rapide de tant de richesses accumulées. Ethnographie et géographie, histoire naturelle, civilisation matérielle, état social, et enfin vie intellectuelle, morale et religieuse des anciens Aryas, tels sont les titres des grandes divisions de l'ouvrage. Dans ces recherches, l'auteur montre, en ce qui concerne la manière de traiter les matériaux linguistiques mêmes, une activité d'esprit infatigable, et plus d'un problème étymologique que les travaux précédents n'avaient pas éclairci a reçu par ses propres trouvailles une solution satisfaisante. Le reproche que lui ferait une critique sévère s'adresserait aussi bien à toute la géné- ration de linguistes distingués dont Pictet faisait partie, à qui avaient été réservées les grandes découvertes. Ils en avaient gardé un faible naturel pour le sanscrit, leur première lumière, qui est parfois à leurs yeux une image trop fidèle de la langue mère. Il a fallu une longue expérience pour rabattre de l'influence trop décisive qu'exerçait ce vénérable do^^en de la famille. On prenait par exemple des mots composés indiens d'un caractère récent pour les transporter tels quels à l'autre bout du domaine indo-européen. C'est ainsi qu'on a beaucoup chicané Pictet sur nn genre de formation qu'il n'a jamais cessé de défendre avec conviction, les composés excla- matifs: il interprétera entre autres le nom du corbeau par quel cri\ D'autres allaient plus loin et trouvaient dans le latin caecus «aveugle» deux mots signifiant quel ceill II est certain que les Hindous ont dans leur langue bon nombre de ces. curiosités-là; nos communs ancêtres paraissent avoir parlé un langage moins naïf et moins pittoresque.

Il est une occasion où Pictet ne manque jamais de déployer dans l'investigation linguistique toutes les ressources de son ingénieux esprit. Doutet-on si telle ou telle invention remonte jusqu'aux temps de l'ynité indo-européenne, il aime trop ses chers Aryas pour la leur refuser; il ne les laissera manquer qu'à la dernière extré- mité d'un produit ou d'un instrument utile; il se met en campagne,

�� � 400 i,ES oRieeiNKs indo-ei;ropéennes ou r.Es aryas primitifs.

il fouille vingt langues, et enfin il revient, souvent avec la preuve désirée.

Parmi les cas où cette sollicitude paternelle est peut-être allée trop loin, il en est un qui est de la plus grande conséquence. Une agriculture avancée est attribuée, même dans la nouvelle édition, aux anciens Aryas. Sans doute, «avec le champ naît le droit de propriété et l'amour du travail; à côté du champ s'élève la maison où croît et prospère en paix la famille», et nous aimerions fort à nous représenter nos ancêtres avec le droit de propriété, l'amour du travail et une excellente organisation domestique.

Si cependant, conformément au plan de l'ouvrage, c'est la langue qui doit non?? servir de guide, elle livrerait précisément ici un témoignage très net. qui prouverait que l'agriculture ne remonte pas tout à t'ait si haut dans les commencements de notre race. Le labourage, et aussi les semailles, la moisson et la mouture du grain se désignent par les mêmes mots d'une extrémité de l'Europe à l'autre.

Or les quatre familles de mots en question ne reparaissent plus dans les langues orientales qui donnent à ces opérations agricoles des noms d'une provenance toute différente. On en a généralement inféré qu'à l'époque de la première unité, qu'à l'époque des origines indo-européennes, elles étaient encore inconnues. L'auteur lui-même a soin de faire remarquer que ces coïncidences, jointes à d'autres de même nature, confirment le fait d'une première séparation de la race en deux branches principales: branche eurupéeniK' et branche asiatique. ^

Dénier la charrue à nos ancêtres ariens, ce n'est point du même coup les ramener à la barbarie, et l'on sera frappé, à chaque page du beau livre de Pictet, du développement déjà si grand de l'industrie aux premières phases de la race. Parmi les métaux, l'argent était cimnu; l'or de même, bien qu'ici les [)reuves soient un peu moins positives. Pour le fer, divergence complète de toutes les langues; aussi, malgré les efforts de l'auteur, il faut décidément renoncer à en faire remonter si haut la connaissance et l'emploi. En revanche, il est important de noter un antique nom d'alliage qui, dans les différentes langues, a <lésigné soit le bronze, soit l'airain.

On sait (jue les termes relatifs à la vie pastorale montrent une granile concordance; à l'action île battn; le ))eurre était. affectée une iHcitie spéciale. La charpenteric devait être perfectionnée; un savant français, M. J. Darmestetî^r a même rendu probable que le mot char-

�� � LES ORIGINES INDO-EUROPÉENNES OU LES ARVAS PRIMITIFS. 401

penter s'employait figurément chez les Indo-européens pour marquer leur genre de composition littéraire; — qu'on ne se récrie pas, car on a même reconstruit, et fort sérieusement, le mètre poétique indo- européen.

Plus avancés que certaines civilisations américaines, nos ancêtres avaient imaginé le char et la roue (anglais wheel, sanscrit tchakram; les deux mots, en dépit des apparences, ne diffèrent pas d'un iota) ; on pouvait supposer qu'ils avaient le bateau et la rame, mais il est intéressant d'en trouver dans la langue la confirmation positive. Parmi les armes de guerre, l'épée, l'arc et la flèche sont parfaite- ment attestés; au contraire les armes défensives, casque, bouclier, cuirasse, ne donnent lieu qu'à des comparaisons qu'on pourrait appeler locales, entre le slave et le germanique par exemple. Un des faits les plus dignes de remarque assurément, c'est l'existence très probable de la ville.

Le livre sur l'état social montre la famille organisée. De tous les points traités dans l'ouvrage, il n'en est aucun qui soit plus solidement établi. Les rapports de parenté sont si bien observés que les différents sens où s'entendent nos mots de beau-frère et de belle-sœur sont distingués par des dénominations spéciales. On voit aussi que le nom a dû jouer un rôle important, et si l'étymologie qui ramenait nomen à gnomen et qui faisait du nom «ce à quoi l'on reconnaît», est maintenant définitivement abandonnée, cet antique mot n'en acquiert, par son isolement même, qu'une plus haute signification historique. L'esclave n'est pas appelé différemment que le barbare et l'ennemi.

Le chapitre sur la religion et les mythes ne pouvait être qu'une excursion sur un domaine qui est encore loin d'avoir livré tous ses secrets; mais ici d'autres écrits connu», — il suffit de citer les noms de M, Max Mûller et de M. Michel Bréal, — s'offrent au public français pour le conduire dans le sanctuaire à peine élevé de la jeune science. Le système de Pictet, qui fait précéder le polythéisme naturaliste avéré d'une période uionothéiste, n'étant basé sur aucun fait de langue positif, tous ses critiques ont fait leurs réserves sur ce point. Dans tous les cas, la linguistique n'a plus rien à faire dans un tel débat.

Pictet n'avait trouvé aucune analogie parmi les noms du prêtre dans les différentes langues; à l'origine, en effet, le chef de famille est aussi le ministre du culte. Depuis lors cependant on a fait

de Saussure. Oeuvres. 26

�� � 402 LES ORIGINES INDO-KDROPÉENNES OU LES ARYAS PRIMITIFS.

remarquer l'identité de nom du flamine romain et du brahmane hindou, qui est certainement un fait curieux.

Il serait inutile de vouloir donner ici une idée de l'imposante masse des matières traitées dans ce livre, monument d'une érudition et d'un labeur égaux. Il épuise littéralement la liste des questions de toute espèce que peut suggérer le titre.

Depuis l'apparition de la première édition, plusieurs ouvrages ont été publiés dans différentes langues sur des sujets qui s'y lient de près; c'est ainsi qu'à côté des Origines Indo-européennes, on con- sultera toujours avec fruit le livre bien connu de Hehn, KuUurpflanzen und Haustiere in ihrem Ûhergang mis Asien nach Earopa (3* édition), qui a le but plus restreint d'élucider, particulièrement au moyen des données historiques et géographiques, des questions où la com- paraison des langues ne peut avoir en effet qu'une valeur relative.

Ce sont celles qui sont réunies, dans l'ouvrage de Pictet, sous la rubrique histoire naturelle et qui tiennent une grande partie du premier volume.

Nous serons assurés par exemple que les anciens Aryas ont connu le cheval, sachant qu'il y a le même nom dans tous les idiomes de la famille: mais le possédaient-ils à l'état domestique? Ici les témoignages de la langue ne suffiront plus pour trancher la question.

Les travaux récents ont amené dans la nouvelle édition des modifications partielles ; le plan et la division de l'ouvrage n'ont pas été changés. Remercions les éditeurs de cette seconde naissance donnée à l'œuvre de notre regretté et vénéré concitoyen. C'est à Genève aussi, dans les ateliers de M. Fick, qu'a été menée à bien l'exécution matérielle de l'ouvrage, dont l'élégance ne laisse rien à désirer. Les deux gros tomes de la première édition ont été répartis en trois volumes du format le plus commode.

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ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, IV, p. 432. — 1881.)

Je doute que l’analyse qu’on donne ordinairement de ce nom propre ait jamais satisfait complètement ceux qui l’ont faite et répétée. On entrevoit assurément ce que le mot signifie, mais il n’en demeure pas moins, grammaticalement, une chose informe. Tel qu’il est devant nous, et en dépit du génitif en -ονος, le second élément du composé ne peut être qu’un participe présent ; or il n’existe pas de verbe μέμνω, et le redoublement du présent prend rarement un ε à la place de l’ι. De plus, il n’est pas commun de voir un participe actif former le second membre d’un composé tatpurusha. Il faut naturellement ranger avec Ἀγαμέμνων l’adjectif θρασυμέμνων, épithète d’Hercule, Iliade, V, 639, et Odyssée, XI, 267. Pour éclaircir l’un et l’autre mot, il suffit d’admettre que -μέμνων est une transposition de *-μένμων. Ils entrent alors dans la classe des composés possessifs tels que πολυκύμων de κῦμα, εὐείμων de εἴμα. On aura ainsi restitué au grec l’ancien neutre *μένμα, identique avec le sanskrit man-ma « esprit, pensée ». L’irlandais menme ne doit pas se comparer directement à ces mots, car la conservation du groupe -nm- fait supposer une voyelle disparue entre la racine et le suffixe (Windisch).

Habituellement, il est vrai, le groupe hellénique -νμ- se change en -μμ-, exemples : σύμμαχος, ἀμμίξας, ἐμ μέσῳ (inscr.). Mais ces cas rentrent dans le chapitre du sandhi et datent d’ailleurs, selon toute apparence, d’une époque assez récente. On n’accordera pas non plus une haute antiquité à la formation ἠσχυμμένος, quoiqu’elle apparaisse dans le texte homérique (Iliade, XVIII, 180). Mais alors même qu’on élèverait au rang de loi phonétique la mutation de -νμ- en -μμ-, il est impossible de ne pas tenir compte des conditions spéciales où se trouvait le mot qui nous occupe. Cette forme ΜεΝΜοΝ- obligeait d’articuler deux fois alternativement la nasale labiale et la nasale dentale. Dans cette position, l’n et l’m médiaux étaient sollicités l’un et l’autre d’échanger leurs places pour se rapprocher du son de même organe qui les attirait. Il serait facile de citer d’autres exemples connus de transpositions pareilles dans des cas qui y prêtaient cependant beaucoup moins.

Quant à la forme Μέμνων, dont l’origine hellénique est du reste douteuse, elle peut se ramener de même à *Μέν-μων et se mettre en parallèle avec les mots γνώμων, ἐπιστήμων, etc.




Védique Líbuǵā - Paléoslave Lobŭzati
(Mémoires de la Société de Linguistique, V, p. 232. — 1884.)

Le védique líbuǵā «plante grimpante, liane» (vratatiḥ, Nirukta, VI, 28) n’a certes pas les apparences d’un mot venu de la langue mère. Par son b, par son l, par sa formation énigmatique, il s’annoncerait bien plutôt comme appartenant à la plus récente couche lexicologique ; c’est le cas d’ailleurs pour une foule de termes servant à la nomenclature des genres de plantes. J’ose néanmoins écarter cette première impression et conjecturer une parenté avec le verbe paléoslave lobŭzati, présent lobŭžã «osculari» (forme dérivée: lobyzajã, en analogie de sŭljã: sylajã). Un groupe slave lobŭz-, formant un radical irréductible, est une étrangeté morphologique autant que libuǵ- en vieil indien. Mais toute anomalie n’est pas nécessairement hystérogène, et le double cas en question pourrait reposer sur une seule et primitive anomalie. La langue mère a dû, comme toute autre langue, admettre quelques exceptions aux types usuels, quelques mots de facture bizarre nés par onomatopée, par emprunts aux langues voisines, etc.

L’embrassement de l’arbre par la liane, qui établirait la transition d’idées avec le mot slave, est justement l’image à propos de laquelle nous voyons figurer dans les textes le mot líbuǵā. Ṛk-Sam̃hitā, X, x, 13, 14 (dialogue de Yama et Yamī):

anyā kíla tvām̃ kakṣyèva yuktám̃
pári ṣvaǵātē líbuǵēva vṛkśám ||
anyám ū ṣú tvām̃ Yamy anyá u tvām̃
pari ṣvaǵātē líbuǵēva vṛkśám |

Atharva-Sam̃hitā, VI, VIII, 1:

yáthã vŗkśám̃ líbuǵā samantám̃ pariṣasvaǵē
ēvá pári ṣvaǵasva mām |

En ce qui concerne la phonétique, l’í. dans líbuǵā, aurait la

valeur qu’on lui connaît dans pitár-, sthità-, etc.


SŪDO.
(Mémoires de la Société de Linguistique, V, p. 418. — 1884.)

Du grec (σϝ)ιδιω, skr. svidyāmi, v. h. ail. swizzu, il ne résulte pas que le latin sūdo soit pour *svido. Une contraction de ce genre, admise encore récemment par M. Pott, K. Z. XXVI, 146, supposerait une forme de transition *suido par u- voyelle ; or svadeo, svesco témoignent que le v du groupe initial sv ne se vocalise point.

On doit donc partir de *svoido c’est la diphthongue oi qui seule a fait l’ ū de sūdo. Le v, devant o, devait disparaître comme dans s(v)omnus, s(v)ocer; à défaut, il eût disparu plus tard au contact de l’ ū.

*Svoido peut avoir un o radical primitif, et apparaît dans ce cas comme un dénominatif du vieux mot *swoido-s «sueur» (anglo-sax. swāt = skr. svēdas). Il peut aussi sortir de *sveido. On a dit certainement *svocer pour *svocer avant de dire fīdo pour feido: un groupe latin svei- était donc destiné à devenir svoi-, non svī-.


VIEUX HAUT-ALLEMAND MURG, MURGI.
(Mémoires de la Société de Linguistique, V, p. 449. — 1884.)

Sô múrga uuîla uuérenta, Notker, Boethius 85,13 éd. Piper, est le seul passage où apparaisse, à l’état de mot indépendant, l’adjectif vieux haut-allemand murg ou murgi. Nous ne retrouvons plus ce mot que dans le composé murg-fāri, múrg-fâre, lui aussi presque exclusivement prapre à Notker. Murgfāri «caduc, temporaire, sans durée» a pour pendant lancfāri «longaevus» dans le glossaire Hrabanien, Steinmeyer-Sievers, I, 204, 12. Quelle que soit l’explication du second membre de ces composés, il est visible que murg-, l’opposé de lang, doit signifier court, et ce sens convient tout à fait aux mots múrga uuíla uuérenta rendant le latin mutabilem.

Aussi doit-on s’étonner de l’interprétation divergente et indécise de Grimm[73]: «mur-c (putris marcidus?), existe seulement[74] dans murg-fare (decolor[75] ?) » , interprétation dictée par la présence d’un adjectif moyen haut-allemand murc «putridus, paludinosus», parent de l’allemand moderne morsch «carié, friable».

Nous pensons que le mot notkérien ne doit point être confondu avec le mire du moyen haut-allemand. Ce dernier, d’ailleurs, avait sans doute pour génitif non pas murgen, mais murkes, étant sûrement congénère du vieil islandais morkinn «pourri, décrépit». Grimm, il est vrai, entreprend de faire entrer murg(-fari) lui aussi dans la famille de morkinn, en rappelant que g dans Notker remplace quelquefois ch (l. c., note). On voit que le sens et la forme du mot murg lui semblaient également problématiques.

Cependant, à la connaisse de tous, il existe un verbe gotique gamaúrgjan, qui serait dans Notker *ge-murgen, et qui veut dire «abréger, raccourcir». Dans Graff, ce rapprochement évident est du moins proposé, mais parmi d’autres hypothèses et avec point dubitatif. C’est que pour Graff ga-maúrgjan veut dire trancher abschneiden). Or s’il est vrai que les verbes grecs traduits par gamaúrgjan sont κολοβοῦν et συντέμνειν (Mc. XIII, 20; Rom. IX, 28), il est facile aussi de s’assurer qu’ils sont pris au sens de breviare (c’est l’expression dont se sert la Vulgate aux passages indiqués).

L’adjectif vieux haut-allemand ayant u et non o à la syllabe radicale doit être un thème en -i ou en -u. La forme dite non fléchie était sans doute murgi plutôt que murg. Cependant, en admettant le thème en -u, on pouvait avoir à la fois murg et murgi, comme hart et herti en regard de hardus (hardja-). La forme gotique doit avoir été *maúrgus, — sinon maúrgs, sur hrains.

A ga-maúrgjan on avait autrefois supposé une parenté avec le grec βραχύς. Cette comparaison, du fait de l’adjectif murgi, *maúrgus, acquiert une force et une précision inattendues. L’équivalence phonétique de *maúrgus avec βραχύς est irréprochable, dès que ce dernier est ramené à *mṛghús. C’est une possibilité qui mérite d’être mise en balance avec l’équation habituelle βραχύς = brevis (*brṇghús), si digne d’attention que soit le parallèle ἐλαχύς = levis (*lṇghús).


ΑΔΗΝ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 53. — 1889.)

Nous avons dans le grec βουβών l’exemple d’un mot pouvant désigner indifféremment les glandes situées à l’aine, une tumeur causée par l’inflammation de ces glandes, ou simplement enfin, la région de l’aine.

On peut croire que le latin ingven, dans sa vraie acception, était sensiblement l’équivalent de ce mot grec, qu’il avait tous les sens de βουβών et qu’il n’en avait légitimement aucun autre. Les Latins, pour traduire βουβών se servent d’ingven. Le français, dans le mot aine, a précisé la signification sans la modifier.

Ingven étant l’aine ou les glandes de l’aine, il n’y a pas de difficulté à en rapprocher un mot jusqu’ici sans congénères connus, le grec ἀδήν ou ἁδήν (gén. ένος) « glande du corps en général »[76]. Forme première : *n̥g2en-. D’autres mots sortis de la même souche existent en vieux norrois et présentent une variété du vocalisme radical : økkvinn = *enkvinn « enflé », økkr « tumeur », déjà comparé au latin ingven dans la grammaire islandaise de M. Noreen, § 71, 4.



LŪDUS.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 75. — 1889.)

La valeur de l’ū dans lūdus est établie par loidos, Corp. inscr. Lat., 565 ; cf. 566, 567. Je présume une forme encore plus ancienne *doidos, dont les sons répondent exactement à ceux de l’adjectif vieil islandais teitr « gai », d’où teiti « gaîté », teiti-mál « joyeuse causerie ». En vieux haut-allemand, le même adjectif (zeiz) se dit surtout des enfants et signifie « tendre, gracieux, qu’on aime à caresser, à choyer ».

En combinant les significations du norrois et de l’allemand, on arrive à l’idée de gentillesse ou d’enjouement enfantin ; de là l’idée ultérieure de jeu en latin. Le grec ἀταλός, dont le sens équivaut à peu près à celui de zeiz, est accompagné d’ἀτάλλω « s’ébattre, s’amuser à la manière des enfants ». Cf. aussi παῖς et παίζω.



GREC AΛKYΩN - ALLEMAND SCHWALBE.
(Mémoires de la Société de Linguistique, I VI, p. 75. — 1889.)

Alcēdo, nom latin de l’alcyon, n’est vraisemblablement qu’une altération du mot grec, qu’on finit d’ailleurs par adopter purement et simplement (Varron, De l. l., VII, 88). L’oiseau alcyon ne devait sa célébrité qu’aux Grecs. Une latinisation plus exacte de son nom n’eût pas été peut-être sans quelque difficulté: ἀλκυών, ἀλκυόνες eût donné la flexion insolite alcìo alciĕnes[77], ou alcuo, alcuines (-ūnes). On procéda à l’égard du mot étranger comme dans le cas de Carthago, de coclites[78], de persōna = πρόσωπον[79].

Nous pouvons, ces prémisses accordées, opérer librement sur ἀλκυών[80], lui restituer un σϝ initial[81], l’identifier ainsi phonème pour phonème avec le nom germanique de l’hirondelle *swalwōn- (vieux haut-ail. swalawa). Car, en admettant pour accentuation primitive celle qui existe en grec, le k, d’après la loi de Verner, devait en germanique devenir , non χ. Le prototype *swalᵹwŏn-, à son tour, devait perdre son devant w. Entre ces deux mots, qui concordent même par le genre[82], la seule divergence porte sur l’υ hellénique rendu par w, mais le germanique, s’il a connu l’hiatus i + voyelle, semble n’avoir jamais toléré d’u dans la même position.

On objectera qu’il y a peu de traits communs entre l’hirondelle et l’alcyon des anciens, qui n’est autre que le martin-pêcheur. Il faut cependant qu’une telle ressemblance ait été parfois aperçue pour que notre martin-pêcheur, anciennement martinet-pêcheur, soit dénommé d’après l’hirondelle-martinet, à cause, dit-on, de l’analogie de leur vol (dont, pour ma part, j’avoue n’être nullement frappé), lorsque le martinet rase la surface de l’eau ou du sol[83]. Ajoutons qu’hirondelles et alcyons ont été parmi les espèces particulièrement respectées et chères à l’imagination populaire.



ΝΥΣΤΑΖΩ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 76. — 1889.)

Νυστάζω « s’assoupir, être somnolent » semble, il est vrai, ne pouvoir se séparer de νεύω, et M. Veitch (Greek Verbs) voudrait même en faire une simple doublure de νευστάζω « incliner ou hocher la tête ». Cependant une autre possibilité doit être signalée : le lituanien su-snústi uż-snústi (présent -snústu, prétérit snúdau) signifie, exactement comme νυστάζειν, « s’endormir involontairement, être surpris par le sommeil » par opposition à uż-mìgti « s’endormir en cherchant volontairement le repos ». Cf. encore snáusti, snaudżu « sommeiller légèrement ». Si le rapprochement est juste, νυστάζω dériverait d’un ancien participe passé *σνυστός « assoupi » (= σνυδ-τό-ς ou σνυθ-τό-ς). L’υ peut avoir été long, comme l’u du mot lituanien.

En germanique, trois radicaux commençant par snū- expriment l’idée de « souffler bruyamment, renifler, ronfler, etc. » : 1o Vieux h.-all. snūdan « respirer avec bruit, ronfler » ; 2o vieux h.-all. snūzen (aujourd’hui schneuzen) « moucher » ; 3o moyen h.-all. snūben « ronfler » (aujourd’hui schnauben « souffler, haleter ») ; à ce dernier se rattache moyen h.-all. snupfe « rhume ». Nous ne citons ces mots que pour mémoire ; s’ils paraissent trop éloignés du sens de νυστάζω, ils ne le sont pas moins de celui de su-snústi : le grec et le lituanien restent en parfaite harmonie.




ΛΙΘΡΟΝ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 77. — 1889.)

On a coutume de rapporter λύθρον (ou λύθρος) à la même racine que λῦμα «impureté», λῡμη «souillure et ruine», λῡμαίνομαι «souiller, abîmer». Cette étymolngle a contre elle: 1° la quantité brève de l’υ de λύθρον; 2° la difficulté de faire sortir de la simple idée de souillure une signification aussi spéciale que celle du mot λύθρον; il se traduit dans Homère par «taches de sang» ou par «boue de sang, boue faite de poussière et de sang»; il désigne en médecine certains liquides sanguinolents[84]

On sait que rudhiram «rubrum» est en sanscrit un mot très usuel pour sang. Quoique étranger à la langue des Védas, cet emploi particulier de rudhira- paraît remonter à une haute antiquité, puisque le même adjectif, en germanique, n’a laissé d’autre trace de sa présence qu’un mot désignant encore le sang : vieux norrois rođra[85] (féminin faible de l’adjectif perdu).

Qu’ils datent ou non de la langue mère, de tels exemples autorisent en tous cas à chercher dans λύθρον une variante d’(ἐ)ρυθρόν. Il est à noter que, d’après Pollux, λύθρον ou λύθρος (τῆς πορφύρας) s’est dit aussi du suc tinctorial du pourpre, de sorte que le caractère commun aux diverses matières signifiées par ce mot paraît décidément résider dans leur couleur rouge. La première divergence entre ἐρυθρόν et λύθρον porte sur la «voyelle prothétique» et n’est probablement qu’une suite de la divergence des consonnes; le cas rappelle celui de λεβίνται = ἐρέβινθοι[86]. Au reste, cf. μοιχός en regard d’ὀμιχέω; ῥωδιός et έρωδιός. A son tour, la substitution d’I à r repose sur un fait de dissimilation, rendu possible par l’oubli du sens premier qui rattachait le mot à ἐρεύθω. Il faut reconnaître que la dissimilation s’exerce rarement sur deux r, et qu’en général le grec (ainsi que le latin, cf. plus haut L. Havet, ΜSL. VI, p. 29 sq.) ne manifeste de répugnance que pour le retour de l’l comme dans ἀργαλέος = *ἀλγαλέος. Néanmoins les répétitions d'r ne sont pas non plus tolérées sans exception. Dans le cas particulier où chacun des ρ se trouve entre consonne et voyelle, ou bien le mot reste sans changement (κρεάγρα), ou bien l’un des ρ est supprimé : φ(ρ)άτρα, δρύφ(ρ)ακτος, β(ρ)άτραχος, θ(ρ)ιπόβρωτος, θρέπτ(ρ)α. Dans le cas plus simple où les deux ρ précèdent une voyelle sans être tous deux précédés d’une consonne, ou le mot reste sans changement (c’est l’ordinaire), ou l’un des ρ est dissimilé: vαύκλᾱρος = vαύκρᾱρος, éléen Χαλάδριοι de Χαράδρᾱ[87], θηληθήρ ˙ κυνηγός (Hés.) = θηρηθήρ[88], κολίανδρον[89] = κορίανδρον (coriandrum), κροκόδειλος = κροκό-δειρος(?), enfin les beaucoup plus anciens δέλετρον = v. h.-all. quërdar[90], λίστρον = ῥίστρον ˙ πτύον (Hés.), λύθρον = *ruthron. Constatons pour ne rien omettre que, dans le cas où l’un des ρ se trouve après la voyelle de sa syllabe (ἄργυρος, δέρτρον), le mot est à l’abri de toute modification de ce genre.

Le retrait de l’accent dans λύθρον comparé à ἐρυθρός est naturellement le même que dans δόλιχος en regard de l’adjectif δολιχός, etc. — Le genre est indécis dans Homère qui n’emploie le

mot qu’au datif. Apparemment λύθρον est plus ancien que λύθρος.


ΙΜΒΗΡΙΣ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p, 78. — 1889.)

La glose d’Hésychius ἴμβηρις ˙ ἔγχελυς. Μηθυμναῖοι a passé inaperçue jusqu’ici; elle fait songer invinciblement aux noms slavolettes de l’anguille: lituanien ungurỹs, paléoslave āgoriśtǐ. Il n’est pas possible de fixer de manière certaine le rapport d’ ἴμβηρις à ἔγχελυς tant que des questions multiples s’élèvent encore au sujet de la famille entière d’ἔχις-ἔγχελυς et du sanscrit ahis. Rappelons seulement que le moyen haut-allemand unc, génitif unkes, suppose un prototype par g non aspiré auquel ne contredit naturellement ni le latin anguis, anguilla, ni le lituanien angìs, ungurŷs, et que peut-être ἴμβηρις confirmerait.




KPHNH.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 119. — 1881.)


Κρήνη, dor. κράνᾱ, éol. Kράννᾱ, sort de *κρᾰσνᾱ comme σελήνη, σελάννα de *σελασν, comme ἠμεῖς, ἁμές, ἄμμες de *ἁσμε-.

Le mot a toujours passé pour un dérivé de κάρη, κρας- «la tête», étymologie à laquelle il n’y aurait rien à objecter si κρήνη désignait proprement l’endroit où commence le cours d’un fleuve, caput aqvae. Or, en réalité, c’est justement dans ce sens qu’une source, pour les Grecs, ne s’appelle pas κρήνη, mais πηγή. Kρήνη signifie «source» en tant que «fontaine» sans aucune idée d’origine ou de point de départ. Ἔρχεσθε κρήνηνδε «allez à la fontaine» (υ, 154), mais πηγῇς ἔπι Κηφισοῖο (B, 523), πηγὴ κακῶν (Eschyle).

Je compare, en raison de l’identité de forme et de l’analogie suffisante du sens, le vieux norrois krönn «flot, vague, eau agitée», lequel représente un gotique *hrazna (fém.) = *κρᾰσνᾱ. Le mot existe aussi en anglo-saxon, sous la forme hærn, par la même métathèse que dans ærn «maison» = got. razn.


ΒΟΥΚΟΛΟΣ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, IV, p. 432. — 1881.)

Le gardien de chèvres s’appelle en grec αἰ-πόλος, et l’on a de même ἱππο-πόλος[91], οἰο-πόλος, ὑσ-πόλος Ἄρτεμις, mais lo gardien de bœufs se dit βου-κόλος. Cette anomalie repose nécessairement sur autre chose que sur une divergence dialectale telle que κότερος-πότερος, car βουκόλος est homérique, attique et généralement panhellène; partout il maintient son κ comme αἰπόλος maintient son π. Hésychius, il est vrai, donne la glose βουπόλον · βουκόλον, mais un exemple absolument isolé ne prouve rien, dans le cas présent, pour l’existence d’un doublet méritant ce nom: il montre simplement que d’après αἰπόλος, ἱππο-πόλος, quelque auteur inconnu avait fabriqué sur nouveaux frais un mot βουπόλος.

Pour s’expliquer le κ de βουκόλος, il faut considérer que -k2o-los étant inusité au simple, devait obéir sans trop de résistance à toutes les influences phonétiques qui pouvaient s’exercer sur lui en composition[92]. Or, si *ekwok2ólos devait régulièrement aboutir à ἱπποπόλος, en revanche *’g2ouk2ólos ne pouvait donner que βουκόλος, attendu qu’il n’y a pas d’exemple de labialisation après u.

Cette constante exception au labialisme a déjà été reconnue autrefois par M. Brugmann, quoique d’une façon dubitative (K. Z., XXV, 307, note). Elle s’étend à tous les idiomes de l’Occident, ce qui signifie qu’on ne trouve jamais de w après une gutturale vélaire précédée d’u: ex. λευκός, luceo, liuhaþ, en regard du skr. rōć-, rõk-; ζυγόν, jugum, juκ en regard du skr. yugam. En vain M. Osthoff (Beiträge de Paul et Braune, VIII, 275) cite contre cette règle le V. h.- a. zoum (cf. tiuhan), troum (cf. driugan) et le v. sax. liomo (cf. liuhaþ), où la disparition de la gutturale indique, d’après lui, qu’elle était suivie de w (*tau[]wmá-, etc.). Je ne sache pas, en effet, qu’un groupe germanique -auᵹma-, -euᵹma- (sans w) soit attesté nulle part, de sorte qu’il devient très probable que la chute de dépend simplement de la position entre u et m après une syllabe longue. Aux exemples de M. Brugmann il faut joindre: λυγρός, λευγαλέος, lūgeo, en regard du skr. rúgā, rōga-s «maladie»; θυγάτηρ en regard du lit. duktē; augeo, got. aukan, en regard du lit. áugu; lūcus en regard du lit. laûkas «campagne», skr. loka-s «monde»; εὔκᾱλος à comparer au skr. ōkas «repos, séjour» ; mūcus (μυκτήρ) en regard du skr. muńćati’, got. liugan «mentir» en regard du sl. lǒgati, etc.

Il y a une seconde série de formes où l’absence de labialisation, en grec, est en relation avec la présence d’un u devant la consonne: λύκος (cf. vṛka-s), κύκλος (cf. ćakra-m), κύκνος (ça-kuna-s), ὄνυχες, -νύχιος, etc. Mais le phénomène est ici de date hellénique, et consiste dans la suppression du w post-guttural que les mêmes mots possèdent dans des idiomes parents, tandis que dans λευκός il y a absence de w dès le principe. Il est possible que βουκόλος doive se placer à côté de λύκος plutôt qu’à côté de λευκός; au moins est-on obligé, dans cette dernière alternative, de reculer jusqu’à une bien haute antiquité les origines du doublet -κόλος -πόλος.


SANSCRIT STŌKÁ-S.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 162. — 1889.)

De même qu’on a, pour une raison connue, kētú-s, pra-kētá-s par k, en regard du verbe ćḗtati, de même çćṓtati « dégoutter, tomber goutte à goutte » a pu être accompagné régulièrement d’un substantif *skōtá-s. C’est cette forme, transposée comme σκοπεῖν pour *σποκεῖν, qu’il faut reconnaître dans stōkás « goutte ». Verbe et substantif figurent plusieurs fois ensemble dans l’hymne R. V. III, 21 ; cf. Aitarēya-brāhmaṇa, 2, 12, 2.



SUR UN POINT DE LA PHONETIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 246. — 1889.)

Le germanique *feþrŏ (v. norr. fjödr, v. h.-a. fēdara, anglo-s. feđer) «aile, plume, et nageoire» suppose un européen *petra- ou *petro-, qui paraît aussi avoir laissé une trace en grec, dans le ὑποπετρίδιος d’Alcman[93].

Petro-, l’aile, peut se décomposer en pet + ro, et ne donne lieu dans ce cas à aucune remarque ultérieure.

Toutefois comment se défendre de l’idée que le mot désignant l’organe du vol a quelque chance de contenir le suffixe habituel des noms d’instrument, le suffixe -tro-? Alors petro représenterait PET + TRO. Cette supposition, sans doute, a le tort de contrevenir à un article élémentaire des manuels de phonétique, selon lequel un tel prototype n’aurait pu aboutir qu’à «festrō» en germanique et à «πέστρον» en grec. Mais examinons ce que vaut la règle édictée d’une façon si absolue.

Il est incontestable que devant voyelle la rencontre de deux dentales se traduit toujours dans les langues d’Europe par un pho- nème double, où figure une sifflante: la question soulevée par pet-rom est de savoir s’il en est de même devant consonne. Les consonnes qui entrent en ligne de compte sont uniquement r, l, y, w, m, n (les autres ne se présentant point dans la position dont il s’agit), et l’hypothèse à étudier se formulerait comme suit:

«Devant une consonne (r, l, y, w, m, n), les produits d’une occlusive dentale double et d’une occlusive dentale simple sont identiques (pet + tro engendrerait la même chose que pet + ro).»

La vérification, si elle est possible, ne peut être livrée ni par *petrom ni par aucun autre exemple reposant sur une racine en t, car il sera toujours loisible en ce cas de prétendre qu’il n’y a qu’une seule dentale en jeu, celle de la racine.

Nous disposons heureusement d’un autre genre d’exemples.

Concurremment à sëzzal qui n’offre rien de remarquable, le vieux haut-allemand possède un mot sëdal (neut.) « 1° siège, trône ; 2° demeure ; 3° lieu oú le soleil se couche ». Ce mot, commun du reste à tous les dialectes germaniques de l’ouest [94], n’est pas emprunté au latin sedile, qui eût donné «setil» et peut-être même «sitil». D’autre part, au sein du vocabulaire allemand, on tenterait vainement, en dépit de la différence des consonnes, de le séparer du verbe sizzen, auquel il se rattache si étroitement par toutes ses significations, et notamment quand il sert 4° de nom d’action comme dans le frison oppsedel «mouvement pour se mettre en selle» ou dans la Confession saxonne: ik iuhu . . . unrehtaro sethlo, unrehtaro stadlo, unrehtaro gango, unrehtoro legaro (de même dans la Confession de Lorsch).

Ainsi il existe un germanique *seþla- d’une racine set-, c’est- à-dire un prégermanique setlo- de la racine sed-. Si cela est accordé, la loi présumée en découle par une conséquence inévitable. La racine de setlo- (sed-) ne possède pas de ténue. Donc la raison de la ténue est dans le suffixe. Si celui-ci n’est autre que -lo, la ténue reste inexpliquée comme devant. Il faut donc que le suffixe soit -tlo. Il y a donc deux dentales (sed-tlo), ce qui ne pouvait tout à l’heure être prouvé pour petro-. Or on constate que ces deux dentales n’ont donné ni groupe à sifflante ni aucun produit autre que celui qui serait issu de se + tlo (ou set + lo).

Si d’une part ce résultat a encore besoin de confirmation, en revanche il est évident qu’il ne saurait être infirmé par le seul fait de l’existence du type contradictoire, gr. ἔμ-παστρον, de πλατ-, v. norr, fóstr (fœđa), etc. Non seulement le type -πλαστρον comporte une facile explication par analogie[95], mais il était le seul auquel la langue pût recourir pour ses formations nouvelles. L’ancien type setto- ou setro-, de sed-, ne pouvait être compris ; il était condamné à s’isoler de plus en plus et à demeurer stérile. Il n’a même dû qu’à un pur hasard d’être conservé çà et là, et c’est pourquoi le nombre infime de nos exemples ne saurait nous être opposé comme une objection sérieuse [96]. Deux formes helléniques viennent d’ailleurs à l’appui du témoignage de sëdal:

1° Jusqu’à présent, le mot μέτρον ne pouvait être attribué qu’à la racine mē-, mais par plusieurs côtés cette étymologie est des moins satisfaisantes. La comparaison des mots en -tro en général et du skr. mtram en particulier fait attendre *μῆτρον, Il faudrait donc admettre quelque remaniement postérieur? Mais le mot se trouve dans les plus mauvaises conditions pour en supposer un, puisque la racine -μη, -με est absolument morte en grec. En d’autres termes, il y a contradiction entre l’aspect hystérogène de la formation μέτρον et l’isolement de cette formation, qui exclut l’idée de modi- fications récentes. Quant à croire avec M. Brugmann que les formes divergentes du sanskrit et du grec sont toutes deux indo-européennes[97], il faudrait au moins pour cela que μέτρον fût oxyton (cf. δαιτρόν, λουτρόν).

Rapportée à med-, au contraire, la formation μέτρον est parfaitement simple et claire. La racine med- «mesurer», bien connue en germanique (got. mitan), s’affirme en latin dans modus, modius, en grec même dans μέδιμνος (à défaut de μέδοναι, qui a pris un sens figuré). Métrom = med + tro-m est le pendant de sétlom = sed + tlo-m. L’ε de μέτρον n’est pas celui de ϑετός, mais celui de φέρω, et l’accentuation sur la radicale n’a plus rien que de régulier. Ajoutons que le participe en -- de med- existe encore dans μεστός « rempli », proprement « qui a sa mesure, qui a son compte de ». Μέτρον et μεστός illustrent les traitements différents de la double dentale, selon qu’elle est suivie d’une liquide ou d’une voyelle.

2o Le mot poétique φιτρός signifie bûche, poutre, bloc de bois. Il ne se dit que du bois coupé ou travaillé à la hache. Comme il n’y a aucune raison de croire que l’ι ait été long[98], le mot se ramène sans difficulté à la racine de findo : bhitró- = bhid + tró-.

Il n’y a peut-être pas grand’chose de plus à espérer en fait d’indices matériels, mais la question se présente encore sous une autre face. Il reste à raisonner le phénomène en lui-même, car si la loi présumée est telle qu’on en puisse concevoir une théorie simple et plausible, il y aura en sa faveur une considération de vraisemblance intrinsèque s’ajoutant au poids des preuves historiques.

La nature du changement dépend absolument de la valeur qu’on attribuera à un groupe comme setlo, metro au moment où le changement est supposé se produire. Phonétiquement, en effet, un groupe metro peut représenter deux successions de sons extrêmement différentes. Premièrement, met | ro en prononçant le t « implosivement » : le t appartient de ce fait à la première syllabe et lui assure la quantité longue. En second lieu, me | tro par un t « explosif » : autre coupe syllabique, autre quantité de la première syllabe.

Aux temps helléniques, un groupe μετρο est un groupe indéterminé à l’égard de la scansion. Il représente soit μετ , soit με . De ces deux prononciations, si la seconde possédait en fait d’ancienneté des titres égaux à l’autre, nous renoncerions à revendiquer pour metrom, ou setlom, ou toute autre des formes citées, la possibilité d’une double dentale primitive. Une forme telle que me | trom en effet ne se comprendrait pas comme résultant d’un type initial met-trom.

Mais ce que nous savons de la langue mère permet précisément d’éliminer en toute sécurité le terme me | tro. C’est un fait sur lequel il ne peut y avoir de doute que les scansions telles que me | tro, me | kro, me | pro, etc., lui étaient étrangères en principe, comme elles le sont à la prononciation hindoue et même à la poésie homérique[99]. Ce qui est, en grec, μέ | τρον ou μέτ | ρον signifie exclusivement met | rom pour l’indo-européen. Cette observation donne du coup la clef du phénomène. La réduction des deux t de met-trom, incompréhensible en supposant me | trom, s’explique le plus simplement du monde des qu’on prononce à l’indo-européenne : met | rom.

Telle est en effet l’affinité du groupe me | tro avec celui que nous écrivons mettro, qu’il n’existe entre ces deux expressions phonétiques aucune différence effective et valable. Nous mettons en fait qu’il est impossible à une occlusive « double » devant r, l, m, n, y, w de se distinguer de l’occlusive simple du moment que celle-ci est implosive. Qui dit mettra dit exactement autant que met | ro, et vice versa. Ainsi se résout le paradoxe de tlr indo-européen traité comme tr, si peu téméraire, comme on voit, qu’il ne dit rien de plus que ce qui résulte déjà de la définition des groupes en question.

Tout le monde, il est vrai, ne sera peut-être pas convaincu d’avance de la justesse de la synonymie phonétique t | r = tlr, et, comme c’est sur ce point que toute la question se concentre en dernière analyse, il est nécessaire d’entrer ici dans quelque détail. Trois causes concourent à créer l’équivalence t | r = tlr, :

1° La première syllabe est identique dans les deux types : la seconde ne diffère que par la présence ou l’absence du t d’explosion. Or, la suppression totale du bruit explosif n’est jamais possible, par le fait, en telle-position. Met | ro est une figuration conventionnelle pour ce qui est plus exactement met | tro, attendu que la rupture de l’occlusion, nécessitée par la liquide, se traduira toujours, si furtive soit-elle, par un bruit perceptible.
2° Si met | ro, comme on vient de le dire, est toujours légèrement affecté d’un t double, il faut remarquer d’un autre côté que le t double, même voulu (type mettro), ne peut jamais dans cette position éclater d’une manière très franche, la partie explosive se perdant plus ou moins dans le bruit de la consonne qui suit[100]. Ainsi les deux groupes, en tendant à se confondre, s’épargnent mutuellement la moitié du chemin. 

3° Normalement, la consonne double et la consonne simple implosive sont incompatibles. Toute position qui admet l’une exclut l’autre de ce fait :

Dans les conditions où peut se produire un t double, c’est-à- dire devant voyelle (metlo), nous ne pouvons lui comparer un t simple qu’à l’état d’explosive (me | to). Le t simple sous sa forme implosive ne devient possible que devant consonne (met | ko), c’est- à-dire à l’instant où le t double cesse d’être prononçable (pas de mettko). Il n’y a que les phonèmes de la série r-w qui soient à la fois assez fermés et assez peu fermés pour permettre au t simple de figurer devant eux comme implosive (met | ro), sans exclure du même coup la possibilité d’articuler un t double (met | tro). Seuls ils mettent en présence deux termes autrement inconciliables.

Ces deux termes étant donc inconnus dans leur rapport, nous aurions pu déjà nous dispenser de chercher des causes accidentelles pour expliquer que leurs valeurs se confondent, puisque rien ne garantit, jusqu’à plus ample informé, qu’il n’y ait pas entre eux un rapport naturel d’équivalence. Et, de fait, il est facile de comprendre que tt ne puisse passer pour un troisième terme distinct de t | en présence de l’opposition primordiale avec | t. Il faudrait autrement que la langue établît des catégories spéciales en l’honneur de la position devant r-w, et admit que grâce à elle il y a trois formes du t :


1. Expl. 2. Impl. 3. Double.
me | to met | ro met | tro


tandis que partout ailleurs il n’y a d’opposition qu’entre les deux formes de la consonne simple, la double n’intervenant que comme composé de l’implosive :


I Expl. II Impl.
me | to met | ko
met | to

Qu’arrivera-t-il ? Des deux types met | ro, mettro, la langue n’en comprendra, n’en apercevra qu’un seul et y ramènera l’autre immédiatement. Si la position devant r-w est conçue comme semblable à la position devant voyelle, le type reconnu sera naturellement mettr- (=metto), et le type méconnu met | r- (car il serait = met | o, lequel n’a pas d’existence). C’est l’inverse qui aura lieu si la position devant r-w est assimilable, comme en indo européen, à la position devant k; alors mettr- demeure un type incompris, ainsi que serait mettk-, tandis que met | r-, parallèle à met | k- rentre dans un cadre connu.

Les considérations qui viennent d’être développées font voir dans quel sens assez large et cependant très précis on peut entendre l’équivalence met | ro - mettro. Rien n’empêche les deux groupes de se manifester concurremment dans la prononciation; mais, ne comptant que pour un au sentiment des sujets parlants, ils seront employés indifféremment. Leur fluctuation reste sans intérêt pour l’étymologie. Il est du reste inutile d’insister en présence de l’illustration topique de ces faits qui nous est offerte dans le sanskrit.

Cet idiome ignore les coupes comme a | tra, a | kra, etc. Dès lors on peut prédire, si la théorie est vraie, que akcra (représentant toujours ak | ra) ne s’y distinguera point de akkra. C’est exactement ce qui se produit. Devant liquide, nasale ou semi-consonne, les catégories de la consonne double et de la consonne simple sont absolument confondues en sanskrit. Etant donnés les composés çara-trayam (trois flèches) et çarad-trayam (trois automnes), nous croyons devoir en Europe observer la différence étymologique dans l’orthographe, écrire l’un çaratrayam et le second çarattrayam. Si nous consultons la tradition indigène, nous apprenons qu’il faut écrire :

a. D’après nombre de manuscrits: dans les deux cas çaratra- yam[101]. Aucune occlusive n’est marquée double devant r-w.

b. D’après certains Prātiçakhyas : dans les deux cas çarattra- yam[102]. Aucune occlusive n’est marquée simple devant r-w. SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN. 427

c. D’après Pānini (8, 4, 47 ; cf. avec critique 48 et 50—52) : dans les deux cas çaratrayam ou dans les deux cas çarattrayam. Emploi à volonté de la lettre double ou simple devant r-w.

Cette dernière doctrine, pour être fidèlement rapportée, doit plutôt se formuler comme suit : toute occlusive est supposée simple devant r-w, mais on peut toujours la redoubler. Ainsi le système a et le système b nous donnent raison chacun à sa manière ; le troisième système à lui seul nous donne raison deux fois. Car, à côté de l’obligation, en règle générale, d’écrire les deux mots de la même façon, il laisse la faculté non moins significative d’écrire le même mot des deux façons. Comme les précédents, il refuse toute sanction à la distinction étymologique, mais il proclame en outre expressément l’indifférence phonétique de tr et ttr, qui est la contre-partie prévue et la cause même du premier fait[103]. Devant cet ensemble de témoignages, on peut affirmer que, lorsque la différence étymologique est respectée dans l’écriture, c’est que le scribe donne simplement une entorse au principe phonétique[104].

Ce qui se passe sous nos yeux dans l’exemple du sanskrit a dû se passer en indo-européen. Il n’y a pas lieu d’admettre que la forme composée de pet + trom pût offrir un autre groupe que le génitif du mot père, patros, où le t était étymologiquement simple. La prononciation exacte est indifférente. Etait-ce dans les deux cas ttr (pattros, pettron), dans les deux cas t | r (pat | ros, pet | rom) ou dans les deux cas un groupe flottant (pattros, pat | ros; pettrom, pet | rom)? Le seul point important est d’affirmer le parallélisme des deux formes, d’où il suit que, si la première aboutit en grec à πατρός, on ne saurait attendre de la seconde un autre produit 428 SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN.

que πέτρον; et que le type πεστρον pour πεττρον, jusqu'ici admis, ne correspond à rien dans la langue mère. Toute l'erreur consiste à opérer avec -tr- et -ttr- comme avec des grandeurs séparées, tandis que ces groupes coïncident de leur nature. Par voie déductive et par des considérations de phonétique générale, nous obtenons donc un résultat entièrement conforme à l'induction tirée au début du germain seþla-, grec μέτρον, etc.

Revenant au point de vue purement historique, il nous reste à déterminer la position que prend le sanskrit dans le débat. Car cette langue n’a été mise à contribution jusqu’ici qu’à propos de la question théorique du rapport de t | r à ttr, comme aurait pu l’être, le cas échéant, n’importe quelle langue du globe. Elle n’est point intervenue encore en qualité de représentant de l’indo-européen.

A cet égard les formes indiennes pourraient facilement faire illusion au premier aspect. Il est certain que çhatram «parasol», satram, nom d’une certaine cérémonie, offrent le même groupe que pitrā et que ces mots sont formés de ćhad + tram, sad + tram[105]. Il y a donc en apparence, de la part du sanscrit, un témoignage sans réplique, mais en réalité parfaitement nul:

Le -tt- primitif n’étant pas converti dans l’Inde en quelque autre groupe (comme -st- dans les langues d’Europe), la question que le grec permet de résumer dans le dilemme très net μέτρον ou -πλαστρον ne pourrait être en sanscrit qu’une question entre satram et sattram question dont le seul énoncé est absurde, puisque, devant la phonétique indienne, qui dit -atra- dit -attra- et réciproquement. Satram répond à l’alternative posée par juérpov et ne répond pas moins à l’alternative contraire, contenue dans -πλαστρον. C’est qu’en effet nous ne pouvons demander au sanscrit de décider si l’indo-européen séparait ttr de tr après l’avoir invoqué comme l’exemple éclatant d’un idiome qui n’admet pas cette différence. Précisément parce qu’il applique lui-même notre principe d’une manière inflexible, il n’est plus en situation de nous apprendre jusqu’à quel point la langue mère l’appliquait. Ainsi, tout en considérant le parallélisme satram-pitrā (ou sattram-pittrā) comme SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN. 429


hérité de l’âge primitif, il faut reconnaître que ce parallélisme n’est pas un argument à exploiter, vu que le sanscrit se serait chargé de niveler les deux formes même au cas où il les aurait reçues dissemblables[106]. La lumière que le sanscrit est incapable de faire en ce qui le concerne pourrait être espérée de son proche parent, l’iranien, où -tt- s’annonce par le groupe spécial -st- et où par conséquent l’absence de sifflante fournirait une indication formelle. Autant l’indien satram est ambigu, autant le zend «haθrem» (si telle était la forme correspondante) serait la démonstration victorieuse de tout ce que nous cherchons à établir[107]. Par une chance malheureuse aucun des mots décisifs satram, âatrani, éhatram ne figure dans un monument iranien. Il reste χšaθrem = kṣatram, que nous persistons à croire formé de kṣad + tram, principalement parce qu’il y a impossibilité phonétique à le dériver de kṣā- et impossibilité logique à le faire venir de kṣan-. Cet unique exemple, s’il est admis, constitue une preuve irréfragable. Autant que possible on s’est astreint jusqu’ici à ne citer que des exemples présentant une voyelle brève devant le groupe t(t)r. C’est que la quantité de la voyelle n’est pas indifférente pour le groupe consonantique qui suit. Il convenait de séparer les deux questions; mais les conclusions finales sont les mêmes: Le t double (devant r-w) se confondra avec t simple, après voyelle longue aussi bien qu’après voyelle brève, quoique par une voie plus détournée. Le premier point à fixer est de savoir ce que devient t simple placé entre voyelle longue et r-w. A l’inverse de ce qui arrive après voyelle brève, il se porte sur la deuxième syllabe (prend la forme explosive). L’indo-européen coupait : păt | ros, mais mā | tros. Ce fait résulte d’une série d’observations trop longues à rapporter ici, et qui montrent la coupe syllabique primitive obéissant à une loi d’équilibre très curieuse. Tant que la première de deux syllabes n’est pas longue, elle attire à elle tout élément disponible, comme si sa capacité normale n’était pas satisfaite (de là păt | ros et non pă | tros). Mais aussitôt que la première syllabe est pourvue, le courant se déclare en sens inverse et rejette sur la seconde le tropplein de la première (mā | tros et non māt | ros).

Si maintenant on passe au type à consonne double et qu’on envisage une formation māt + ros, la destinée de māttro sera de se résoudre premièrement en māt | ro conformément à tout ce qui a été établi plus haut. Mais ce māt | ro lui-même n’est pas viable. La loi indo-européenne qui vient d’être indiquée exige sa transformation immédiate en mā | tro. Encore ici par conséquent, quoique dans des circonstances différentes, le type à consonne simple est rejoint par le type à consonne double qui s’y conforme entièrement.

Ceci permet d’expliquer le vieux haut-all. bīhal « hache ». On sait que mahal « forum, contio » répond au got. maþl, et M. Osthoff a montré (Beitr. de PB. 8, 146) que hl doit être considéré comme le produit régulier, en allemand, de þ | l, lorsqu’il est partagé de la sorte entre deux syllabes[108]. Le vieux haut-ail. īîhal peut donc représenter un goth. *beiþl, et le fait devient certain par le norrois bílda (ld = þl). Nous sommes ainsi en possession d’un germ. *bīþla- « hache » qu’il est trop naturel d’interpréter par « l’instrument à fendre », en le ramenant à bheid-tro-m. Le germ. *bīþla- (et non bīstla-) « hache » contient la même preuve que *seþla- (et non sestla-) « siège ».

Dans tout ce qui précède, il a été fait abstraction de l’hypothèse de M. Brugmann, d’après laquelle l’assibilation des doubles dentales, commune à tous les idiomes de la famille moins un, remonterait à la période indo-européenne, de manière qu’un type mentionné plus haut sous la forme *setto-serait en réalité *setsto-.

Cette hypothèse, en la tenant pour vraie, met-elle en danger le point que nous avons essayé de démontrer ? SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN. 431


Il serait plus aisé de répondre à cette question si nous étions fixés sur la manière dont une sifflante a pu prendre naissance entre un t implosif et un t explosif, qui forment bien le groupe le plus simple et le plus facile à prononcer qu’on puisse imaginer. C’est l’étrangeté même de ce phénomène qui a servi d’argument pour le reculer jusqu’à la période proethnique, parce qu’il est presque incroyable qu’un tel fait se soit répété séparément dans plu- sieurs langues. Quoi qu’il en soit, nous pensons que l’indo-européen n’a pas pu posséder *setsto-, sans que cette forme, à une époque quelconque, ait été précédée de *setto-. Ce point accordé, toutes les observations présentées plus haut conservent exactement leur valeur. Au moment où l’assibilation intervient, elle frappe *setto- qui offre un t double caractérisé: elle ne peut atteindre *set | ro- (pour *settro-) où le t a déjà la même valeur que dans *patros. Ainsi, en admettant que skr. sattar- soit pour *satstar-, *satster-, il ne s’ensuit pas encore que satram ne descende point de *setromQuoique phonétiquement satram puisse sortir de *setstrom, *satstram, aussi bien que de *setrom[109]. Ou en admettant que πλαστός soit pour *platstos, il ne s’ensuit pas que -πλαστρον doive paraître moins irrégulier que précédemment, lorsque nous raisonnions sur la base de *platlos.

Un fait qui n’était pas absolument certain et qui trouve dans ce qui précède une confirmation incidente, c’est que le changement des consonnes douces en fortes devant les fortes est de date indo- européenne. Le doute était soulevé par le lat. āctus (āgo) contre făctus (făcio), qui établit l’existence de formes italiotes comme *agtos[110]. Ces formes ne sont décidément que des formes réédifiées. En effet sed + tlom donne en indo-européen setlom, ce qui serait impossible si les douces avaient maintenu leur sonorité devant les fortes.

P. S. — Il eût été préférable de laisser de côté complètement le mot petrom (?) «aile» que nous avons eu le tort de choisir pour texte et point de départ de cette étude. Assurément, s’il est vrai comme on l’enseigne que le mot aile ait eu la forme *petrom, nous restons libre de défendre notre inter432 SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN.

prétation particulière de ce *petrom comme étant pet-trom. Mais c’est la légitimité même du prétendu *petrom qui fait doute, car la racine pour «voler, se mouvoir en l’air» est clairement dissyllabique: skr. pati-ta-s, gr. πέτα-μαι dans Pindare. L’indo-européen n’a pu former ni *pet-tro ni pet-ro, mais seulement *pétA-tro-, *pétA-ro-, ou bien avec chute de l’e radical ptA-tró-, ptA-ró-. Il est à noter que le zend patereta- «ailé» n’a pas d’autre origine possible que petA-ro-. Il ne peut représenter un skr. patr̥ta-, chose informe, ni un skr. patrita- qui donnerait paiθrita-, ni un skr. patarita- qui n’ex- pliquerait pas -ere-: il ne reste que patirita- de *patirani = *petA-ro-m, avec lequel s’accorde le germ. feþrō- en raison de la suppression régulière de a non accentué (cf. duhitar-, tohter) et peut-être gr. πέταλον malgré πετάννυμι. Le grec πτερόν de son côté indique du premier coup *ptA-ró- et ne comporte aucune autre explication. Seul l’indien patram soulève une difficulté, dont la solution reste à trouver.


UN ANCIEN COMPARATIF DE ΣΩΦΡΩΝ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 323. — 1889.)

Σωφράτορες · σωφρονέστεροι, dans Hésychius, ne peut pas avoir été transmis correctement, car cette forme σωφράτορες, déjà fort étrange en elle-même (on attendrait σωφράντορες, σωφράστορες), devient décidément impossible dans la signification que lui attribue la glose. Mais l’erreur se borne à l’interversion d’un ο et d’un ε. Le manuscrit primitif a dû porter σωφράτερος · σωφρονέστερος. Le changement de -τερος en -τορες dans le lemme ayant donné à celui-ci l’aspect d’un pluriel, on crut devoir pluraliser aussi la glose placée en regard.

Σωφρά-τερος de σωφρον- n’a pas besoin de commentaire. C’est un intéressant témoin de l’ancienne manière de former en grec le

comparatif des thèmes en -n.


GOTIQUE WILWAN.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 358. — 1889.)


En regard de walwjan «rouler», le gotique peut avoir possédé, à une date quelconque, un verbe fort *wilwan = gr. ἐλύ-ω, lat. *vĕlŭ-ō (devenu volvō[111]).

Mais le walwjan de nos textes, qui signifie ravir, emporter de force (ἁρπάζειν), n’a vraisemblablement rien de commun avec cette famille. C’est avec un autre verbe non moins connu, gr. ἕλκω, lit. velkù, slav. vlĕkā, qu’il, doit être identifié. Le w représente γw et procède d’un ancien k2. On a eu d’abord, comme pour leihwan, etc., le paradigme *wilhwan, *wulwun[112], — wulwum, wulwans. L’unification postérieure s’est faite ici, contrairement à la règle, aux dépens du consonantisme du présent; mais le fait, pour être exceptionnel, n’est cependant pas sans exemple: cf. *hwaírfan-kvaúrbum, donnant finalement hwaírban.

En ce qui concerne le sens, wilwan traduit rapio, qui sert couramment à traduire ἕλκω dans ses principaux emplois. Il faut remarquer que ἕλκω, ou ἑλκέω, se dit particulièrement quand le fait de traîner doit marquer un acte de férocité, de cruauté, de violence : chiens traînant et déchirant une proie, cadavre d’un ennemi traîné au char du vainqueur, femmes traînées en captivité. Pour ce dernier cas il est, dans Homère, terme consacré et pour ainsi dire technique. X 65 : ἑλκηθείσας τε θύγατρας . . . Z 465 (Hector à Andromaque): ἀλλά με ... κατὰ γαῖα καλύπτοι Πρίν γ’ ἔτι σῆς τε βοῆς σοῦ θ’ ἑλκηθμοῖο πυθέσθαι. De là au got. wilwan il n’y a aucune ligne de séparation appréciable.

C’est très probablement du verbe *welk2ō que la langue primitive avait tiré *wlk2o-s «le loup», qui pour l’Arien a toujours été synonyme de brigand. Le vague sentiment de cette parenté subsistait peut-être encore lorsque Ulfilas écrivait wulfs frawilviƿ, wulfōs wilwandans (Jean 10, 12. Matth. 7, 15).


LES FORMES DU NOM DE NOMBRE «SIX»
EN INDO-EUROPÉEN.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 73. — 1892.)

Le gutturale qui forme le premier élément du zend y^svas est regardée par M, Ch. Bartholomae, dans son Handbuch der altranischen Dialekte, § 270, comme une sorte d'excroissance récente, dépourvue de valeur étymologique: le primitif aurait commencé tout simplement par s {swnTc^s, appuyé de la mention «grec /eH»). Il est cortain que dans quelques cas exceptionnels x devant s se présente comme un son parasite[113]; mais pourquoi suspecterait-on le x du mot Xsvas? Si c'est au nom des formes d'Europe, comme on le donne à entendre, l'argument est malheureux, car il faudrait préalablement avoir expliqué ces formes, et pour les expliquer je ne vois de res- sources et de salut que dans le x zend qu'on s'efforce de bannir. Par lui, nous obtenons un groupe à triple consonne, groupe où on sait que la suppression d'un élément n'est plus anomalie, mais fait normal, surtout quand les trois consonnes étant initiales n'ont pas la liberté de se répartir sur deux syllabes. Aux différentes langues qui auront reçu le prototype '^'■k^sivek^s on ne peut légitimement demander compte que de deux consonnes sur les trois qui s'y succédaient. Or la simplification pouvait s'accomplir de trois manières :

k s w e k s

l""^ solution : * s w e k s

2^ solution : k s * e k s

3» solution : k * w e k s

Cette combinaison qui rétablit l'ordre et l'accord entre toutes les formes du nom de nombre six, revient essentiellement à soutenir qu'il n'existe nulle part un type <iseks*. Ce type imaginaire crée 436 LES FORMES DU NOM DE NOMBRE ^six» EN INDO-EUROPÉEN.

seul toutes les difficultés en faisant naître ces deux rapports égale- ment incompréhensibles : seks : sweks en Europe, et d'autre part seks : xsvas.

De fait, les formes européennes sont au plus haut point con- traires à l'hypothèse d'un type sans k ni w <seks-».

Quand il y a, dans un idiome, absence flagrante de la guttu- rale — c'est le cas du grec è'H — on constate aussitôt que le w ne fait pas défaut ÇféE et non é'H, d'après Homère, et les inscrip- tions bien connues). Le gallois chwech en est un second exemple ^,

Est-ce au contraire l'absence du iv qui est assurée, on se trouve régulièrement dans l'impossibilité de prouver celle du k; et il se confirme ainsi que c'est bien l'élément soupçonné en deçà de Vs qui, par le jeu de bascule indiqué plus haut, se trouve être le régulateur invisible des mouvements du iv:

1. Slavon sesiï sans tv^. Par compensation, sestî ne repousse pas un prototype *ksesti- (k^sesli-). Mieux que cela, selon toute apparence il l'exige, donnant ainsi confirmation directe de la gut- turale iranienne. Car sestï de *cliesiï de '^k^sesti- a pour lui le pa- rallélisme de -k^s- intérieur dans les aoristes (3® pi.) comme rèsç de rëchç de ^rêk^snt, tandis que se- initial pour un simple se- parait complètement inadmissible.

Moins catégorique est le témoignage du lituanien fiefii qui, par assimilation des sifflantes, pourrait être pour *sefil^. Mais rien n'empêche non plus de la ramener à *kfiefi\, le groupe initial ks- (ou kji- pour ks-) ne se conservant pas en lituanien.

2. Germanique se^s sans w. 11 n'est pas démontrable que Vs- ne représente pas x«- (ou ks-, si Ton place la chute de la gutturale

1. A moins qu'on ne préfère admettre que gall. chw- (= sw-) peut venir de ksw-, ce qui serait la restitution pure et simple de noire prototype.

2. L'existence à\x w y est du moins très peu probable. On a bien sestra (soror) en regard de sveTcry; mais nul n'admettra facilement se- comme troisième produit possible de sve-,

3. Il existe, d'autre part, en baltique, une forme des plus étranges: uhyS, que nous ne pouvons considérer que comme une déformation proethnique du nom de nombre six, comparable ù la déformation qui s'est produite dans vingt, sans d, en regard de deux. On la constate: lo dans le prussien uschts «sixième»»; 2o dans le lit. uJSés (synonyme de fièjiius) «les six semaines de couche». Ce dernier mot prouve qu'il n'y a pas d'importance à attacher à la seconde forme prussienne tvuschts par w, — (jui autrement indiquerait *wafitas {*wok\s- et non uk^s). Vu long de ùfiininkè «femme en couche» paraît être tout secondairCi comme dans dakrà, etc.

�� � LES FORMES DU NOM DE NOMBRE *six» EN INDO-EUROPÉEN. 437

avant l'époque de la Lantverschiehmg). Malheureusement on man- que d'exemples pour établir le traitement ordinaire de ks- initial en germanique.

3. Latin sex sans w. Peut également se ramener à *xex.

On a pris l'habitude de poser : sex = *svex, sous prétexte qu'il doit être identique à Sél^.

C'est une opinion que nous n'avons aucun intérêt à réfuter, puisqu'elle rangerait lat. sex sous un des types légitimement issus de *ksweks; mais la vérité est que la phonétique latine ne permet point de restituer un v dans sex.

La chute du v dans le groupe initial sv- s'observe uniquement devant ô (cet o pouvant d'ailleurs être primitif ou secondaire). tTn groupe svë- peut donc être attendu: 1^' sous la forme sa-, pour '■■'svÔ- pour *svë-; 2^ sous la forme svë-, si, pour une cause ou pour une autre, Vë ne s'était pas changé en ô; mais en aucun cas sous la forme se-.

Pour la chute du v devant voyelle autre que o, on allègue le pronom se: mais a-t-on jamais conclu du got. sik que le germanique connût s- pour sw-? Dès lors, il ne faut jjas non plus citer le vieux latin sïs (de l'adjectif possessif), dépourvu de v comme le got. seina-^. L'osque S7vai en regard de la conjonction si nous émeut aussi peu que le laconien Paî-Ka qui n'empêche pas l'homérique eî de se mon- trer vierge de digamma.

On constate la présence régulière du v dans svêtus, svndeo, svâ- r?'s', svâsum «le noir de fumée» (v. haut-ail. sicarz). Seul, nous le répétons, le groupe svo- perd son v: s(v)o)n7ius, s{v)Dpiô, s{v)oiâo d'où sudô (MSL. V, 418 [dans le présent ouvrage p. 405]), probablement s{v)onus, peut-être s{v)odes^ s{v)orex, s{v)ordes, s{v)olea.

Mais dans le sort du groupe svo- se trouve enveloppé celui du groupe svë', par suite du changement préalable et régulier de svë- en svô-^: s{v)ôcer, s(v)ôcrus, s{v)ôror, s{v)ôbrïmis. Donc "^svex donne- rait «sôx», — autrement ^svex», — en aucun cas sex.

1. Voir par ex. Brugmann, Grundriû, I, p. 1.52.

2. Sur la suppression du tv dans les pronoms stve- twe-, voir Baunack, dans ces Mémoires V, 2.

3. M. V. Henry, dans ces Mémoires VI, 208, partant de l'idée opposée, con- sidère sâvinm comme plus régulier que svâvium. Nous ne pouvons nous empêcher de croire que sûvium est le produit d'une dissimilation postérieure semblable à celle qui devait donner cinqve pour qvinqve, cf. rocâre pour *voqvâre.

4. M. Brugmann, dans son Grundriû, admet une réduction directe de ave-

�� � 43S I.E3 FORMES DU NOM DE NOMBRE «SIX» EN INDO-EUROPÉEX.

L'absence du v étant établie dans sex, notre attention se porte sur la possibilit'- d'y supposer x pour groupe initial, ce qui ne souffre aucune difficulté. M. Osthoff, rapprochant s-uper de (ë)HuTTep {M. U. IV, 156, cf. Zur G. des Perf., 612) ne trouve à citer pour la réduction de x- latin initial à s- qu'une étymologie plus que douteuse de sïno, comparé par M. Frohde au skr. ksayaii «il cultive, administre, possède, règne», gr. kti'ZIuj. Sans parler de sex, il y avait à mentionner d'abord sipâre, dont la parenté avec skr. ksipafi «il jette» a été vue dès le premier jour, et ensuite systématique- ment ignorée, on ne sait pourquoi (car la forme supàre s'explique par la phonétique des composés comme dissiipare). En second lieu, sïno, dêsïno, dont on ne voit guère (malgré 2)ôno) le lien avec KiiZiou^ se rapproche très effectivement de qjOivuu (skr. k§inôU «il fait passer, périr»), surtout si l'on met en ligne de compte la formation en -n- du présent; et, dans tous les cas, sïtus «la destruction lente, la vétusté, la rouille, la moisissure» répond parfaitement h l'idée de qpOîo'iç et du skr. hsi-. Le vieux latin siti «les morts» serait exacte- ment le grec cpOiioî, si ce mot cité par Aulu-Gelle (XX, 2) ne pa- raissait inventé exprès pour expliquer siticines.

Il reste à considérer la forme indienne. M. Johannes Schmidt s'en est occupé incidemment {K. Z., XXV, 121) dans le travail où il a enseigné le fait aujourd'hui universellement reconnu de la dif- férence iranienne et slavo-lette entre Tc^s et k^s^; il a signalé les

à sô- à laquelle nous ne croyons pas plus qu'à la prétendue réduction de svë- à se: — D'un autre côté, la loi de M. Havet (Mémoires V, 43), en vertu de la- quelle vô- non final de syllabe se convertit en ve- [vcinom pour roivom), demande à être mise d'accord avec ces phénomènes, ce qui s'obtient très facilement par la succession chronologique supposée dans le tableau suivant:

��1'* PÉRIODE.

�2^ PÉRIODE.

�3° PÉRIODE.

�4* PÉRIODE.

�veco-

�vëco-

�vëco-

�vëco-

�vuco-

�vôco-

�vôco-

�vuco-

�sceco- \ svôco- i

�svoco-

�suco-

�sôco-

�vccto- vocto-

�vëcto- vôcto-

�vëcto- \ vùcto- i

�vëcto-

�svècto- \ svôcto- i

�st^ôcto-

�sôcto-

�sôcto-

�(svcco-

�si'ëco-

�sveco-

�svêco-)

��1. M. J. Schmidt a eu seulement le tort de compter si. §estï comme un exemple typique et lumineux des traitements divergents de ^'2* ^t de ^•JS en slave. Car 1» le -st- de sestî pourrait, en lui-même, reposer sur -k^st- tout aussi bien que sur -k^st- (ex. 2« plur. aor. reste de *rêk28te); 2» le s initial du même

�� � LES FORMES DU NOM DE NOMBRE OiSix» EN INDO-EUROPÉEN. 439

formes des dialectes populaires de l'Inde (prâerit, pâli chattha-), où s'afl&rme positivement la présence de la gutturale. Nous pou- vons poser *k2sekiS, soit *JtsaJcç, comme point de départ des formes indiennes. Le premier k$-, qui se continue en prâerit, semble en sanscrit s'être réduit à s- par un effet de dissimilation. Résultat:

  • saks. D'un autre côté, une forme comme ^k^sekiStos «sixième»

aboutissait régulièrement à *ksastha§ (cf. tastas de taks-, etc.); de même '^ksa^-daça «seize». La forme historique sas, base de sa^, est, croyons-nous, un compromis entre les deux groupes synonymes sak? et ksas-. Dans tous les cas, le meilleur moyen de ne rien comprendre aux formes indiennes sera de poser *svaks avec M. Bartholomae.

Notons enfin que le groupe initial ks- persiste peut-être en grec dans HécTTpiH • f) éSàcTTixoç KpiOri «l'orge à six rangées de grains» (Hésychius). On aurait HecT- pour HeH- devant consonne. La nature du second élément du coràposé est douteuse.

mot, bien que finalement favorable à k^s-, ne Test après tout que par une série de phénomènes assez complexe et assez discutable (v. plus haut).

��


ΦΡΥΚΤΟΣ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VΙΙ, p. 77. — 1892.)

Φρύγω, qui signifie griller, rôtir et dessécher, n’explique point φρυκτός «feux d’alarme, signal convenu donné au moyen de feux», que nous croyons en effet complètement indépendant de ce verbe, et proche parent du germanique *berχta- (clarus), got. baírhts, v. haut-ail. ber(a)ht. L’υ grec suppose que la gutturale était vélaire, ce qui est confirmé par le védique bhargas «éclat, splendeur», Bhrgavas «les Bhrigu inventeurs du feu»[114]. On peut poser *φροk2τός

ou *φοk2τός; dans les deux cas nous admettons pour l’υ la quantité brève, contrairement à celle qui est connue dans φρύγω.


ΛΙΓΥΣ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 77. — 1892.)

Λιγύς «sonore» ne se dit jamais que d’un son très clair et très pur, et à cette signification s’ajoute incontestablement (ou se substitue même complètement) dans certains cas l’idée de «mélodieux, doux, exquis à entendre» (Μοῦσα λὶγεια ω 62, λιγὺς Πυλίον ἀγορητής A 248, outre les exemples moins probants φόπμιγγα λίγειαν, Σειρῆνες λιγυρῇ θέλγουσιν ἀοιδῇ, etc.). Cette nuance du sens autorise à comparer le vieil indien valgú- «agréable, joli» qui s’emploie particulièrement en parlant de ce qui charme l’oreille. Déjà dans le Véda c’est en compagnie du verbe vadati «parler» qu’apparaît le mot valgú et une expression très commune en sanscrit classique est valgu-vādin- «au suave discours». Les oiseaux sont dits valgu-vaćasas «au mélodieux ramage» Rāmāy. Schleg. II, 95, 11, comme on a dans Théocrite λιγύφωνος ἀηδών dans Homère[115] Sans méconnaître la valeur de l’objection qu’on peut tirer de l’apparente affinité de λιγύς avec λίγξε βιός «la corde de l’arc résonna» (Δ 125), έπιλίζοντας ὀιστούς «les flèches sifflantes»[116] (Nicandre), nous croyons donc pouvoir ramener λιγύς à *ϝļγύς, ne différant de l’indien valgú- (= *wolg2ú-) que par l’état vocalique de la racine. La forme λιγύς repose sur cette règle que ļ ṛ devant gutturale vélaire se développent régulièrement en ρυ λυ au lieu de ρα λα (voir plus haut φρυκτός): mais *λυγύς, à cause de l’υ de la seconde syllabe, subit secondairement dissimilation en λιγύς (par analogie: λίγεια, λίγα, etc., comme inversement γλυκύς sur γλυκεῖα, εὐρύς sur εὐρεῖα, εὐθύς sur εὐθεῖα, concurremment à ιθύς).

P. S. — Nous n’attachons pas d’importance à cette interprétation du développement de *ϝļγύς car il se produit en grec entre une gutturale vélaire et la voyelle précédente tant de phénomènes encore inexplorés qu’il serait téméraire de vouloir retracer exactement le chemin suivi par une forme comme λιγύς. Voici un très fugitif aperçu des problèmes qui se présentent : 1. -uk2- ne donne jamais -υπ-, mais peut donner en revanche: α -υπ-: λευκός, ζυγόν, etc. (cf. un article sur βουκόλος contre αἰπόλος, MSL, VI, 161 [dans le présent ouvrage p. 417]).

β. -ιπ-: ϝειπεῖν et ἰπνός selon l’explication de M. Brugmann K. Z., XXV, 307; αἰπύς pour *auk2us selon M. Thurnevsen, K. Z., XXX, 300.

γ. -ικ-: car il est difficile (malgré lit. ligà «maladie») de séparer λοιγός de λευγαλέος et du skr. rōgas.

2. ok2|-, avec k2- implosif, peut donner -οπ- (ὀπτός) ou -υκ- (νυκτός).

3. ek2|-, avec k2 implosif, peut donner -επ- (ἕψομαι, πεπτός), ou bien:

α. -υκ-: κύκλος = skr. ćakram, germ. χweχwla- (évolution normale: τεπλο-; le κ initial n’est qu’une conséquence de l’υ pour ε). De même κύκνος pour *k1ek2nos (skr. çakunas).

β. -ιπ-: c’est le cas de ἵππος dont le prototype *ek1|wos est assimilable pour le grec à *ek2|k2os. Entre ἵππος et κύκλος règne la même différence ou la même corrélation qu’entre ϝειπεῖν et λευκός. La forme dialectale ἵκκος rappelle λοιγός.

4. ak2|-, avec k2 implosif, donne -απ- ou -αυκ-. On a les deux produits dans δάφνη, dialectalement (thess.) δαύχνα (et δαυχμόν · εὔκαυστον ξύλον δάφνης Hés.[117]). Cf. αὐχήν à côté d’ἀμφήν?

5. -Ak2- donne -υκ-; comme dans ὀνυχ- (et non ὀναφ-).

6. -Ịκ2-, -ṛκ2-, à supposer qu’ils ne se développent pas en -αρπ-, αλπ-, donnent ou bien -λαπ-, -ραπ- (ἀστραπή véd. sṛka-), ou bien -XUK- -λυκ- -ρυκ-, φρυκτός.

Dans *ϝḷγύς la question se complique 1° de la présence d’un u après le g2 de la tendance de ṛ Ị à donner (directement) ρι λι à la moindre condition favorable, comme dans ϝρίζα pour *ϝδϳă = v. haut-all. wurzi- (sous la protection du jod qui suit). 44:3 VIEUX PRUSSIEN SIEAN «LE CŒUR».

{Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 79. — 1892.)

Dans le proche voisinage du lituanien fiirâ/is et du lette si'rds (d'accord eux-mêmes avec slavon srùdïce), on n'est pas médiocre- ment surpris de trouver, en prussien, une forme d'où le d est com- plètement disparu. Siran, stjran, siras, siru, sirans et l'adverbe sirisku «de cœur» : telles sont les formes relevées par le glossaire de Nes- selmann. On ne semble pas toutefois avoir pris garde que siran était séparé de ^irdls par une différence plus essentielle que celle des consonnes, et qui nous donne le mot de l'énigme.

Pour qui connaît le système de notation du catéchisme, beau- coup plus exact et plus conséquent qu'on ne veut bien le dire, la circonstance qu'un groupe sira- puisse être six fois répété sans jamais s'écrire sirra-, signifie à n'en pas douter que Vi était long. Mais nous n'en sommes pas réduits à cette preuve indirecte, puisque l'un des six exemples est marqué par y (valant très régulièrement ï), et que trois autres, comme il est facile de le vérifier, portent dans le texte un circonflexe non reproduit dans le glossaire (pas davan- tage dans le Thésaurus): sîran 61, sîru 82, sîrisku 24.

Le groupe -ir- ne pouvant d'aucune façon se ramener à ïr = r, il ne reste plus qu'à poser sir a- ■^^'^ sera-. On obtient ainsi la proportion:

pr. sîria)- : lit. fiirdis = Kiîp : Kapbi'a. La proportion est vraie pour les consonnes comme pour les voyelles. L'indo-européen '■'Jciêrd «cœur», qu'on ne connaissait jusqu'ici que par le grec Kfjp^, a toujours été regardé comme une forme de nomi- natif-accusatif exclusivement, et l'absence du b dans Kfjpoç, Kfîpi comme un contre-coup de sa chute régulière dans *Krip5. Or le d final étant traité en baltique comme en grec, tout ce qui s'applique à Kfip, Kfîpoç s'appliquera à 'Hir, sîra-.

Il n'y a pas grand intérêt a examiner à cette place si le pri- mitif *kiër{d) n'aurait pas perdu son d dès la période indo-euro- jxîenne, ce qui résoudrait le conflit où est Kfip avec une loi connue de la phonétique grecque ^.

1. Accessoirement par le skr. hârd- dans su-hârd-, dur-hârd-. Ces formes ne sous inspirent toutefois qu'une confiance limitée, parce que nous croyons qu'il existe un allongement indo-européen dans le second membre de cEnTAiNs composés. Cf. entre autres, véd. prthu-^Ctyhanâ de rfaghana-m, got. fidur-dôys de dags.

2. *Knpb aurait dû faire *Kép(b). M. Brugmann admet, en conséquence, que la chute des dentales finales grecques est antérieure à la loi en question [Grundrili, II, 450).

�� � Ui

��TRAITEMENT DE L'Û EN VIEUX PRUSSIEN.

[Mémoires deja Société de Linguistique, VII, p. 80. — 1892.)

Le prussien — je parle spécialement de la langue du caté- chisme de 1561 — montre dans la règle, changement de Vu long en où, écrit quelquefois au, mais restant, même dans ce cas, distinct de l'ancienne diphtongue au grâce à la position caractéristique du circonflexe sur la deuxième lettre. Il est à peine besoin de rap- peler soûns, soûnan (saûnan) lit. siinùs; hoût, hoûuns (baûuns), lit. bûH; toûlan, lit. tûlas ; les pronoms toû (tau), si. ty ; ioûs {iaûs), ioûmans, lit. jiis ; noûmans (naâniavs), noûson, lit. mûsû.

Cette loi, qui paraît parfaitement établie, est cependant traversée par un nombre considérable d'exceptions où l'ancien w persiste^ sans chercher plus loin que le nom prussien lui-même dans Prûsiskan, PrûsisJcai. De telles inconséquences sont sans doute explicables en partie par la date "récente du phénomène, qu'il faudrait considérer comme n'ayant pas encore atteint son plein épanouissement; et c'est un point de vue qu'il est difficile de repousser pour des cas comme nûmans, nûmas, iûmans (figurant chacun une fois) en regard de l'habituel noûma{n)s, ioûmans. Mais nous croyons que dans la plupart des formes le maintien de I'm tient à une influence très précise :

L'm long devant un i de la syllabe suivante ne se change pas en où.

Exemples: Tâsimtons «mille». (Le mot pour mille ne se ren- contre qu'une fois.)

Schlûsitwei «servir», scJilûsingisku et autres formes offrant toutes un t à la seconde syllabe, se lisent 16 fois, invariablement avec u^.

Tûlninai «tu multiplies» et tûlninaiti, chacun une fois, parti- culièrement significatifs par leur opposition avec toïlls et toûlan qui se lisent 4 fois (mais 1 fois: tûlan).

Prâsiskai et Prûsiskan, 3 fois. (Par contre, le nom du peuple prussien, à cette époque, a dû être dans sa bouche: *Proûsai.)

1. L'origine étrangère de schlûsitwei ne fait rien à rafiaire.

�� � TRAITEMENT DE l'Û EN VIEUX PRUSSIEN, 445

Saîûbiskan «le mariage». On remarque dans cette famille de mots une vive oscillation entre îl et ail (valant oïl): par exemple, d'une part, salanban, saîailbai-gannan, salaâbai-boûsennien, de l'autre lûbnigs, salâhin, lûbi-, sallûhi-gennâmans, sa{l)liibiska-. Les exemples, comme on voit, sont dans leur ensemble favorables à notre règle; mais plusieurs aussi la combattent; ainsi l'on trouve 1 fois sallaâ- biskan (contre 4 exemples du régulier sa{l)lûbiska-) et d'un autre côté salàban, sallâbaiwîrins, salûbsna. Il paraît évident qu'une fluc- tuation s'était établie dans la langue elle-même à la suite de la divergence phonétique des groupes laiïba- et labi-, étroitement unis par le sens.

lûtin «la mer» (connu par 2 passages) est également dans les conditions indiquées. Le cas a ceci de particulier que \'ï du thème iûrl- = lit. jûi'é-, est le produit secondaire d'un ë.

Reste supuni en regard du lit. èiupônc. Mais on remarquera que c'est la seule forme où nous ayons affaire, de façon à peu près certaine, k un u atone. Rien ne prouve que le changement en où ne fût pas spécifiquement le fait des û toniques. Cette même con- sidération va permettre d'expliquer tu, forme du pronom au moins aussi fréquente que toû.

Tu pourrait être compris premièrement comme signifiant ^m, et par conséquent comme une forme complètement distincte de toû. Mais l'hypothèse est improbable : elle ne trouve aucun appui dans le lit. iù, qui sort régulièrement de *tû =^ si. ty^ pruss. toii. On est donc amené à lire tu par û long: dès lors la non-diphtongaison doit être motivée par l'emploi proclitique (partiellement aussi en- clitique) du pronom, et le contexte, si l'on examine l'ensemble des passages, n'est généralement pas défavorable à cette vue ^

1. Nous devons constater en terminant, dans le catéchisme même, deux exceptions difficilement réductibles: drûcktan toujours par û (lit. drûtas et drûktas), et daûsin concurremment à dûsin «animam», thème dûsé.

�� � 446

��LES FEMININS EN -f7 DU VIEUX PRUSSIEN.

{Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 82. — 1892.)

Dans son livre sur la déclinaison en slavo-lette, M. Leskien s'arrête assez longuement (p. 6 et suiv.) aux formes en -û (pour a) de certains féminins prussiens: ainsi widdewû «la veuve», niergûmans «puellis> en regard du type ordinaire mensâ «la chair», gennâmans «mulieribus». M. Leskien conclut, et nous abondons dans son sens, (ju'il n'y a point à chercher là autre chose qu'une différence pho- nétique ; mais il est assez singulier que tout l'effort de sa démons- tration tende à rétablir un w dans merg{îc)â- et les formes sem- blables, sous prétexte que le vieil û, en prussien, ne saurait subir d'altération que de la part d'un w. Ou je m'abuse étrangement, ou la langue du grand catéchisme montre après toutes les labiales et toutes les gutturales exactement le même traitement de Vu qu'après ?c.

On a non seulement: urs «âgé» (lire ûrs) = *umras, lituanien voras ; deiwuts (deiivûtei) «bienheureux» qui serait en lituanien dcvotas-

Mais également: mûti, lit. môtc; mukint, lit. mokhiti; smuni, lit, èmmès ; supuni, lit. èûponè; hmvinaiii «habitez» s'il est à rapprocher du lit. hdvytis «demeurer, passer le temps» ; pô-glabû «j'embrassais», lit. glohôti; pûdauns «ayant porté» qui n'est point une faute pour pîdauns, mais le participe d'un verbe qui serait en lituanien *podôti {pûd-: pid-^= lit. sod- : séd-); pogûnans, lit. 2mgônas ; en-laikitmai, lit. îalkome; et semblablement teickut^ en-teikfdon, dunbugtd en regard de biâtwèi, signât, po-maitât. Nulle part un â après p h m k g.

Pour expliquer les nominatifs mergu, [^^ec/rw?], lahbisku, seilisku, aucktinwiisku, peronisku et le datif pluriel mergûnians, il n'est donc certainement pas nécessaire d'invoquer autre chose que la gutturale.

Ceci ne doit pas empêcher de reconnaître qu'en fait, soit pour mergu- soit pour les mots en -iskû-, il ne manque pas d'arguments en faveur du 7v, que RI. Leskien a fait valoir; car mergu, dans I et II, a pour accusatif mergwan (dans l'Enchiridion mêrgan sans w) et les mots en -iska- offrent des formes comme àlkinisquai (dat.). Mais ici précisément se présente la question de savoir si ce n'est pas sur une méprise occasionnée par le nominatif que ces formes ont été

�� � LES FÉMININS EN -M DU VIEUX PRUSSIEN. 447

créées. Le nominatif gaîlû «la tête» (lire galû), sorti de *gahvu pour

  • gahcâ (lituanien galvô-), avait régulièrement ' pour accusatif gahvan^,

et c'est ce qui pouvait fort bien induire la langue à tirer de mergu (pour *i)iergâ^ lit. tnergô-) un accusatif mergwan, en concurrence de la forme primitive mergan également attestée. Si l'on considère la rareté des groupes kv gv en letto-slave (conséquence de la rareté des groupes fcg?^ 5^3^ en indo-européen), jointe au témoignage du lituanien qui ne connaît rien de semblable à mergvo- ou au suffixe •iskva-, on sera tenté de regarder cette hypothèse comme la plus probable.

L'action des gutturales et labiales sur la voyelle suivante s'étend en vieux prussien beaucoup au delà de ce qui concerne l'a. Nous n'avons pas l'intention d'entrer dans cette étude, et nous nous bor- nons à remarquer que les nombreux exemples de m pour ce qui est en lituanien a (cas particulier oi pour ai) se rencontrent exclu- sivement après labiale et gutturale: hirumi, gmitivei, asmns, quci^ pirmoi, etc.

��1. Les formes comme galwan (qui par hasard ne nous est pas parvenu), ou mei-gwan, posent une nouvelle question phonétique, en ce que l'a n'y est pas changé en û. Il faut admettre que devant une nasale de la même syllabe, le timbre clair persiste (cf. toutefois maiggun et autres exemples). C'est ainsi qu'en lituanien l'obscurcissement spontané de â en ô ne se produit pas dans ce même cas: mergonûs mais mergq. Le génitif galwâs dans galtvasdelltkei ferait croire qu'il en était de même en prussien pour un â suivi d'une consonne quel- conque dans la même syllabe.

�� � 448

��GOTIQUE PARF, pAÛRBAN «AVOIR BESOIN». {Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 83. — 1892.)

L'/ de parf et du v. haut-ail. diirfan ne laissant aucun doute sur la forme ierp-, et non terhh-, de la racine, il faut renoncer à rapprocher le slavon tréba «negotium». M. Kluge {German. Con- jugation, p. 76) pense retrouver la racine terp- en question dans un verbe zend terefyat, connu par un seul passage, et paraissant si- gnifier «enlever» {wegnehmen). C'est ce qu'on a obtenu jusqu'à présent de plus satisfaisant sur l'étymologie de parf, et c'est dire que le cas peut passer presque pour désespéré.

A-t-on songé toutefois à examiner l'hypothèse où parf se rap- porterait, non à quelque obscure et lointaine racine terp-, mais à celle que tout le monde connaît dans TépTTOjLiai, skr. trpnomi? Les significations en apparence diamétralement contraires de parf «j'ai besoin» ou même «je manque», et de trpnomi «je me rassasie», se concilient au fond par une transition très naturelle et dont toutes les étapes peuvent historiquement se suivre. En indien et en grec, la racine ierp- contient, intimement mêlées, les deux idées de se délecter et de se rassasier (jamais celle de satiété au sens de dégoût). C'est la seconde qui domine en sanscrit pendant que le grec favo- rise la première: dételle façon que l'expression hindoue tâni paçyan na trpyati «il ne se rassasie point de la voir, do la regarder» aurait, littéralement transcrite en grec (Trjv ôpujv où TépTreiai), une signi- fication tout opposée. Ce qui n'empêche pas le causatif sanscrit tarpayâmi d'avoir principalement le sens de délecter, et réciproque- ment l'aoriste grec TapTTri)uievai de signifier se rassasier, se repaître^.

1. Pour ce qui est du sens transitif de Tépnuj «charmer, délecter», il ne doit pas être imputé à la racine. La langue gncque s'est créé après coup une série de causatifs en apparence très antiques par le simple moyen de la flexion active substituée à la flexion moyenne. Ainsi, de -rreiOoiuai (= fidô, got. beida «j'attends, c'est-à-dire je me confie»), le grec a inventé de tirer iteiGuj «j'inspire confiance, je persuade>; mais on aurait tort de conclure que la racine bheidh- ait jamais en elle-même renfermé un sens pareil. Nous nous réservons de re- venir dans une autre occasion sur ce curieux procédé du grec.

�� � fiOTiQrr. parf, pai'irbon «Avoin besoin». 449

Dans une troisième langue, qui est le vieux prussien, la racine ferp- reparaît, avec le sens nouveau d' «utilité». Ka . . . enterpo stai Crixtisnai/ «à quoi sert le baptême, quelle est l'utilité du baptême?» Ka tennéimons enterpon' ast (was ihnen niitzlich ist) «ce qui leur est utile». Cette évolution peut avoir eu son point de départ soit dans l'idée grecque de TépTrofiai, tepirvôç (cf. alors juvare «aider, se rendre utile» à côté de juvat «il est réjouissant»), soit plus probablement dans l'idée indienne («ce qui donne satisfaction»). Quoi qu'il en soit, nous voici arrivés, si je ne me trompe, au seuil même du germanique J)arf et de sa famille.

Entre être utile et ôb'e nécessaire, entre ironver utile et avoir besoin^ il n'y a jamais eu qu'une frontière des plus incertaines. Je n'en veux pour preuve que l'allemand hrauchen, qui, signifiant d'abord notoirement utiliser, user de, à telles enseignes qu'il est le lat. frid «jouir», se retrouve dans la langue moderne avec le second sens à' avoir besoin. Dans la négation et l'interrogation, cette frontière devient même souvent impossible à observer. Ce qui est sans uti- lité est aussi sans nécessité, et le prussien ny an-terpinsquan «sans utilité» (dans le commandement: tu ne prononceras point le nom de Dieu en vain) pourrait tolérablement encore aujourd'hui se rendre en germanique par okne Bediirfnis «sans besoin >^.

Nous n'aurions pas osé cependant émettre la conjecture qu'on vient de lire, si certains emplois du germanique J)arf — au moins dans les dérivés nominaux — ne paraissaient confirmer positivement l'origine soupçonnée.

On lit dans Ulfilas {Taic, 9, 25): hwô allis paûrftê gataujip sis manna gageigands pô manasêd alla, ip sis silhin frakwistjands, tî- yôp ùjqpeXeÎTai âvOpuuTTOç Kepbriffaç tôv KÔajuov ôXov, éauxôv bè dîToXécraç ; Dans ce })a?sage, on en conviendra, le mot Jmûrfts est sensiblement ))lus éloigné par -le sens de son proche parent parf qu'il ne l'est, soit du prussien *terpinisku «l'utilité» (contenu dans anterpinsquan), soit du grec Tépijiiç, soit plus particulièrement du sanscrit /r^?</.s «la

1. Le rôle des propositions négatives et interrogatives dans la transformation du .sens des prétérito-présents, ces verbes à signification très générale, continue de s'affirmer par la suite. La dislance constatée entre le prussien «être utile» et le germanique «avoir besoin» est peu de chose en comparaison du chemin |»arcouru en pleine jjériode historique par durfan qui en est venu à signifier «avoir le droit ou l'autorisation». Or cette nouvelle modification du sens peut tenir en grande jjarlie à l'équivofjue des phrases négatives, du darfst nicht sprechcu «tu n'as pas besoin de parler* étant compris comme «tu n'as pas droit à parler», et conséquemment ilarfst isolé de la i)hrase, comme signifiant «tu as le dioit>. de Saussure, Oeuvres. '.".»

�� � 450 f;oTiQUE parf, paûrhan «avoir hesoin'.

satisfaction, le contentement ^> (identique aussi par la forme, puis- que paiirfts vaut germ. '■'Purffi-z = *trpti-s). Le même mot, en vieux norrois, est susceptible du même sens: pâ vœri hann vitr, ef hann liefdi ycfur rdcf ok hygdi hann um sîna Pyrft «il serait avisé s'il sui- vait votre conseil et songeait i\ (ou consultait) son intérêt, son avan- tage» {Volsnngasaga, XIX). En anglo-saxon, je trouve pearf (=got.

  • ^ar6rt) continuellement employé dans une acception semblable. Cura

Past., 401, 15: dis ic ocede for eowerre dearfe (Sweet: this I speak for your henefit). De même 238, 8; 289, B; 305, 3. Dans le frag- ment de la Vie des saints d'JElfric, publié par M. Sweet dans VAnç/lo- saxon Beader, on lit his foîce to dearfe «pour le plus grand bien de son peuple». Mentionnons enfin l'adjectif gotique paûrfts, valant habituellement àvaYKaîoç, mais dans le passage II Tim. 3, 16 (bôkôs) paûrftôs du laiseinai (Ypaqpn) ibq)é\i|UOç TTpôç bibaaKaXiav.

Le verhe parf «je trouve satisfaction dans» et de là «j'ai besoin de» ne soulève donc en définitive aucune difficulté. La véritable objection viendra des acolytes comme v. haut-ail. darbcn «être privé, dénué» ou got. ga-paûrbs «abstinents-, qui nous ont longtemps fait hésiter. 11 y a cependant même ici des accommodements: l'idée d'abstinence au moins peut reposer sur celle de contentement, cf. aÙT-dpKiiç «qui se suffit à lui-même».

Quant au mojen hautall. ver-dërhen «périr ou dégénérer>, nous croyons que l'idée péjorative y réside uniquement dans le préfixe fir-, ver-, et que derhen, en lui-même, devait signifier tout au con- traire de ce qu'indiquent les lexiques, prospérer, se bien nourrir, et non pas péricliter^. C'est, en d'autres termes, un verbe comparable ii fir-wësan «pourrir» de i^Jè^a-n «exister», ou à got. /ra-?mni[/aw «per- vertir» de wairpan «devenir».

��1. Cf. lit. tarpstù «je prospère» en parlant de la santé d'un végétal ou d'un animal, ramification non encore mentionnée de la racine qui nous occupe. Le lit. larpà «prospérité, bonne «anté» est identique avec l'anglo-s penrf doftt il a été question plus haut. ,

�� � 451



AKEΩN.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 86. — 1892.)

Ἀκέων «gardant, le silence» ne pourrait-il s’expliquer comme participe présent d’ ἀκ-ήκο-ϝα? Le vieux norrois hljóđr «qui prête l’oreille» (de la racine k1leu-, κλύειν) signifie en même temps silencieux, et cela dans l’acception la plus large, c’est-à-dire même dans des passages où le mutisme d’une personne est un signe de mauvaise humeur ou d’affliction, et n’a plus rien à voir avec l’idée d’écouter. De même le substantif hljóđr veut dire ouïe et silence, et l’équivalent gotique (autrefois mal lu) in hiliuþa, I Tim. 2, 11, traduit le grec ἐν ἡσυχία. Cf. Hèliand 3910: was hlust mikil, thagoda thegan manag. On retrouve la même transition dans le lette kIuss «tranquille», parent de klausít «écouter».

M. Bréal me rend attentif encore à l’allemand moderne aufhören, étymologiquement «dresser l’oreille, s’arrêter pour écouter»; de là «cesser». La difficulté vient de ἀκήν, car *ἀκϝήν conduirait à ἀκκήν (cf. πέλεκκον) où même, à ἀππήν (cf. ἵππος).




TETIHMAI.

(Mémoires de la Société de linguistique, VII, P. 86. — 1892.)

La dernière étymologie est celle de M. Brugmann, qui, comparant cura pour coisa, pose une racine k^eis- « avoir du souci ».

Contre cette hypothèse j'oserai conjecturer que -τιη- reflète le latin qviê- dans qviê-sco, qviê-tus, et que l'idée première de Tetin- juévoç est assez exactement celle de l'allemand eingeschüchtert « rendu silencieux par intimidation », en ajoutant toutefois pour le grec : « (par intimidation) ou par un déplaisir, un froissement quelconque ».

On dira que l'idée de bien-être qui éclate partout dans qviè-sco est éminemment contraire à notre supposition. C'est là certainement l'objection principale. Il n'en est pas moins vrai que qviêtus a donné coi que nous n'employons qu'en parlant d'un silence impliquant quelque situation désagréable.

TeTi'rmai serait donc à l'origine «je me tais, je me tiens coi (par chagrin, par humiliation, par appréhension)», d'où le sens historique «j'ai le cœur serré; je suis abattu». Il est à remarquer que les personnages dits dans Homère T€Tir|)iévoi i^Top (leTinÔTi dufiuj) manifestent leurs sentiments principalement par le silence :

I 30 : brjv h' àv^\u Y\(5av leTinÔTeç uleç 'AxaiuJV. Θ 444 : aï b' oîai Aiôç à^cpiç, 'AOnvain té Kai "Hpr|

naOrjv, oiibé ti \x\v TTpoo"ecpu)veov, oùb' èpéovTO. aùiàp b Iyvuj fjaiv èvi (ppecjî, qpiJbvriffév xe " TÎqpG' ouTUJ TeTÎri(J0ov, 'A0r|vair| le'^Kai '^'Hpn;

Dans ce dernier passage, on est presque tenté de traduire tout directement par « pourquoi si taciturnes ? ... » 453

ΕΠΙΤΕΔΕΣ

(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 87. — 1892)

Parmi beaucoup d’exemple nouveaux à citer à l’appui de la loi grecque des trois brèves (voir Mélanges Graux, p. 737 [464] sq.), se trouve ἐπιτηδές, depuis longtemps expliqué par έπὶ τάδε (ad hoc). Hésychius donne la forme significative ἠπιταδές * ἐπιτηδές, où, la première voyelle subissant allongement, on voit par compensation la troisième demeurer intacte. 454

��nEPi = YnEPi.

{Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 87. — IS'Jl^.)

Le même principe des trois brèves permet de supposer Ttepi comme continuation légitime d'*uTrepi.

Non à la vérité s'il s'agissait d'un trisjdlabe ordinaire, car brève linale vaut longue. Mais une préposition, mot proclitique, ])eut être considérée comme ne faisant qu'un avec le mot qui suit, ce qui assimile la troisième brève à une troisième brève intérieure et donne comme solutions également régulières du primitif ^uperl-pdntûn: 1" TTepl TràvTUJv; 2^ uTrèp TrdvTUiv^

TTepi, dans l'emploi archaïque bien connu:

"AW 6b' àvqp èOéXei Tiepi Tràvioiv ë|Li|Li6vai uWouv serait donc un mot distinct de irepî autour = skr. par/.

C'est le même (u)Trepi qui règne dans "les composés comme 7repi)ariKriç = uTTep|LiriKr|ç, et qui reparaît plus tard en des traces isolées, comme irepiopâv = uTiepopâv (non synonymes, mais nssnrémcnt fort voisins de signification).

Il n'y a toutefois jamais rien de définitif à espérer sur ce ter- rain mouvant du sens des prépositions. TTepi-|LiriKriç, qui semble favoriser grandement notre hypothèse, n'en offre pas moins une? analogie frappante avec le lituanien per-saîdùs «trop doux» et le latin jjer-magnus; or il est certain pour la forme latine, probable pour la forme lituanienne^, qu'elles n ont rien de commun avec ■U2)er{i).

��1. 'Yirép peut donc s'expliquer comme moditication j,'recque de raucieii ^uperi, lequel survit en tous cas dans le type ûireip â\a (= ûnep^ â\a, comme l'a montré M. Wackernafiel). D'autre part, le sanscrit upar, concunenmient à upari, rend cette explication inutile en éta])lissant l'existence d'une double forme indo-européenne *uperi et *nper. L'instabilité proethnique de Vi étant un trait de la finale du locatif (indien rayani et nujun, ^'rec a(/€(a)i et al/éç) donne à penser que upar{i) avait la (jualité de locatif d'un nom quelconque, et, de fait, en sanscrit classique upar ainsi q\x'antur sont couramment composés avec un nom, comme étant noms eux-mêmes, ce qui n'arrive, autant que j'ai pu l'ol)- server, pour aucune autre préposition: sOpanOpar «au-dessus de l'escalier»; on ne pourrait pas dire sOpCtnânu, sôpdndhhi, etc.

2. Je dis simplement probable, car Kurscliat pour le lit. per, Bielensteiii pour le lette par, font, chacun de son côté, cette remarque identique (jue la préposition ne signifie pas à travers, comme on est enclin à le croire, mais: en passant par dessus, ce (pu nppellc vmfp.

�� � 455

��HNIA.

(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. «8. — ISiiii.)

Le mot nez avait en indo-européen pour forme forte nCis- (lat. iiànus, lit. nôsis, skr. nâs- et vâsâ-), conséquemment ns- pour forme faible. La continuation régulière d'un n initial est une question sur laquelle on peut hésiter presque dans chaque langue, mais qui ne laisse cependant guère de choix, en grec, qu'entre vs et dva-, spo- radiquement peut-être dv-.

L'n primitif '■'■'■ fis-io-m «chose qui tient au nez» donnerait donc en grec *dv(Jio- ou àvâaio-; mais ce dernier, en vertu de la loi des trois brèves, se réduirait lui-même à àv(Tio-. Le produit régulier de avaio- sera en ionien rivio- et en dorien âvio- (cf. *ëqpavcra, êcpr|va, êqpsva). Ainsi xà nvîa (dorien àvi'a) peut passer pour être la bride passée au museau du cheval.

Nous tenons à constater, pour éviter le reproche d'une étymo- logie artificielle, que nous n'avions pas connaissance, en supposant cette origine, du skr. nâsyam (et nasyam) .signifiant «la bride servant à mener le bétail »\ et que nous ne connaissons même ce mot que ]iour l'avoir cherché dans le dictionnaire de Pétersbourg sur le soup- çon tiré de fivîa.

Le lituanien ap^uasris «bride sans mors» est moins remarquable en ce que nasral a pris dans cette langue le sens de «gueule, bouche».

��1. Peut-être une bride attachée à un anneau traversant le cartilajîe nasal de ranimai, comme on fait encore aujourd'hui pour les taureaux dangereux.

�� � 456

��OKPYOEII.

(Mémoires de la Société de Jjinguistiqtie, VU, p. 88. — 1892.)

11 reste malgré tout assez probable que l'indo-européen oriental skr. açru-, lit. ajiarà, est le même mot que l'occidental botKpu, lacrima, got. tagr. Dans le cas où on aurait une première raison sérieuse de douter de cette identité, nous pro})Oserions de rattaclier l'homérique ÔKpuôeiç à l'indien açru-. L'emploi de ce mot (autrefois confondu avec ÔKpiôeiç) ne correspond à aucun de ceux de Kpuôeiç ou de Kpuepôç, et coïncide en revanche avec ceux de baKpuôeiç : TtôXeiaoç ÔKpuôeiç et 7TÔ\e|Lioç baKpuôeiç, jamais irôXeiaoç Kpuôeiç ou Kpuepôç. Le passage qui fait difficulté en apparence est celui où Hélène dit, en parlant d'elle-même: €|ueîo kuvôç . . . ÔKpuoéaanç, Z ?>44. Mais ici même, le mot Kpuoédffnç détonne si on le substitue, et l'on pré- férerait certainement quelque synonyme de baKpuoédOTiÇ — uon pas au sens de «perdue dans les larmes», malgré KXaîouffa léiriKa, TITO, — mais au sens d'objet lamentable. Le souvenir du sens premier était en tous cas effacé dès les temps homériques ; mais la façon d'employer le mot peut remonter très loin en arrière.

��

ΥΓΙΗΣ

(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 89. — 1892.)

Décomposé en ὑγ + ιής, le mot donne un suffixe de forme énigmatique, joint à une racine qui n’est pas beaucoup plus claire. On conviendra qu’il n’y a rien de particulièrement frappant dans le rapprochement traditionnel d’ὑγιής avec véd. ugrá- dont le sens exact est doué d’une puissance redoutable (presque le grec δεινός).

En adoptant l’analyse ὑ + γιής, on aurait dans le second élément un congénère de βιός « vie », avec γ au lieu de β, à cause de l’u qui précède, comme dans βου-κὀλος contre αἰ-πόλος (Mém. Soc. Ling. VI, 161 [417]).
Le premier élément peut être compris de trois façons :

1o Comme étant le sanscrit su-. Type *su-g2iwes- « ayant vie bonne »[118] La formule de salut usitée en prenant congé de quelqu’un, ὑγίαινε, « portez-vous bien » serait le pendant de l’allemand lebe wohl, leben Sie wohl, proprement « vivez bien ».

2o Comme équivalent du zend yavae- dans yavae-gi- « éternellement vivant ». Yave peut se rapporter, soit il la racine du skr. yavan- « jeune », soit à celle de agus- « âge, éternité », deux racines qui d’ailleurs n’en font probablement qu’une. Le composé yavae-gi- rappelle d’une part ὑ-γιής et de l’autre αἰ-ζηοί « les jeunes hommes », dont le second membre se retrouve dans μινύζηον ⋅ ὀλιγόβιον (Hésychius)[119]. 458

3° Comme réduplication de g2iw- Type g2ja-g2iw-es bientôt réduit par dissittiilation à jug2iw-es[120]

Le latin fons iugis «source toujours vive», sur lequel nous nous

réservons de revenir ailleurs, n’exclut que la première de ces trois explications. Il est, selon toute probabilité, proche parent d’ ὑγιής.

P. S. On a supposé dans ce qui précède -γιησ- = γιϝ-εσ-. Il serait également réductible à -γij-εσ- de la racine plus courte et synonyme g2ei-. Nous y gagnerions de pouvoir invoquer les sens lituaniens de g2ei-: gyjù (gijaû, gyti): 1° «vivre» (gyti ar mirti question de vie ou de mort); 2° «revenir à la vie, se guérir», iβ-gìjusi ronà «plaie guérie, cicatrisée», gaj-ù-s «salutaire», cf. slave go(j)iti «guérir» (causatif du même verbe, gardant, en serbe, à ce que m’apprend M. Mohl, le sens plus primitif de faire vivre (une plante). La dernière de nos trois hypothèses (*g2jug2iwes-) n’aurait plus alors qu’à être rayée, la présence d’un u dans le redoublement n’étant naturellement admissible que s’il en existe un dans la racine. 459 X, POUR Ks, Fs.

.Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 90. — 1892.)

Le grec n'offre nulle part ï. vjj devant consonne, et comme ce- pendant il existait à l'origine des groupes tels que -Icsn-, -kst-, -psn-, -psi-, on est amené à se demander par quoi ils sont remplacés actuellement. Plusieurs formes semblent indiquer (jue c'est hh ph (X 9) fl^i succède régulièrement à les j)s en pareille position:

1'* Devant nasale ou liquide. — Le mot Téxvii ne peut vrai- semblablement se rapporter qu'à la racine teks- «construire avec art» (tejLV, TéKT-uJV, i)Our '■'icksôn, etc.). Jl serait donc pour ■•TéSvâ. Le mot Xùxvoç ranieué à '•XuHvoç trouve, en ce qui concerne les consonnes, un appui dans le zend raoy^sna- «lumineux» (le nom de Roxane) qui passe à bon droit ])0ur identique avec lat. hlna, hmta. il y a quel(|Ue chance pour que ÔYXVil «le poirier» (quoique appa- rfiissant sans digamma Ofl'y/.s.see r|, 120)/soit le même liiot que lit. rinklSna «l'érable»... On s'expliquerait de même les cas tels que tt\ox,uôç, qui reposerait, non sur 7t\ok,uô-ç, mais sur ;--TrXoK-cr|uô-ç K .

2*' Devant Y. — Exemple très certain: écpeôç valant '.'•■é^iTÔç (é'ijj-uu, ôip-o-v)".

On remarque ce fait curieux que cpx venant de x^i donne wn autre produit que le qpi ordiiliaire qui se réduit à ttt (xpairTÔç): opposition qui repose peut-être sur une simple différence chronolo- Liique, mais plus probablement sur une différence de traitement, en re sens que psi- n'aurait jamais engendré (pi {phi), mais lit) {'pili)^ d'où résultait néce.ssairement en grec qpO.

Comme on le voit, la forme cktôç «sixième» n'a jamais été pour «éHTOç» qui aurait fait «éxÔôç» (ou «èxQôç»). Elle répond au V. haut-ail. sehio, sans .s-. La «[uostion est autre pour eKKaibeKa, do composition toute récente.

\. En regard de XoEôç ei luxure, on a x dans Xéxpioç (cl XiKpiqpiç peut il voir K pour X P«i' dissimilation); mais nous hésitons à rétablir un j,noupe aussi insolite que -ksr-. I^e groupe -ksi-, beaucoup moins rare, se caclie peut-être dans Ki'xXri ou ïx^n «la grive» auquel Hésycliius connaît une troisième forme l'aKXn- '!"' serait simplement une autre solution doimée au primitif *(K)iKa\â ' r. lu finale -slà des noms «l'oiseau alleniiinds Amsel, ])rossel7). Nous ne tenle- loiis pas de rapprociier aiqpvu) de ali|ja, vu la forme àcpvuu (jui paraît garantir une parenté avec ilaTi\vr\c.

ti. Peut-être au.ssi bicpô^pu pour "beijjxtpa de béi(Juj «tanner, etc.». Le présent hecpuj, ((u'on trouve concurremment à bé^/uj, a pu 'sortir analogiquement de formes perdues comme beqpeôç pour *bexiiTÔç. — 'Ex6pôç pourrai! passer pour représenter *éE-Tpôç (exlerus) «l'élranger», .si l'on n'avait àTtéxOoinai, êx8oç, etc.

�� � 400

��ATTIQUE -PH- POUR -PÂ-.

{Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p, 91. — 1892.)

Notre confrère, M. Meillet, signalait l'autre jour l'irrégularité de l'attique Kprjvri (dor. Kpâvâ), avec r\ en dépit du p qui précède. Comme cette anomalie se répète pour eiprivr) (dor. eîpiivs) et Kuprjvri qui s'appelait Kupdvâ d'après les inscriptions locales^ on est conduit à poser que att. -pâ- ne reste -pâ- qiià condition (juil ny ait pas à la syllabe suivante un second â j;rêi à se changer en r\. Dans ce cas très particulier, l'attraction du second â-r) triomphe de la résistance de l'r, et entraîne le premier. Rien de tel dans Kpâirip, parce (qu'ici l'ri de la seconde syllabe est un i"| originaire.

TTeipâTnç pour Treipâiaç est postérieur m la période attique.

�� � 4&I

��-YMNO- POUR -OMNO-?

(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 92. — ISOâ.)

Le groupe -o\x\- en groc semble subir changement en -ujuv-. ("e phénomène n'est peut-ùtre attesté par aucun exemple absolu- ment probant; mais on doit remarquer au moins le fait négatif que -ojuv- ne se trouve nulle part, si ce n'est dans Ô)livu|lii, où la répugnance ordinaire de la langue pour deux u consécutifs ne pou- vait manquer de préserver l'o. TTpo-invricrTÎvoi, en sa qualité de mot composé, ne saurait constituer une exception bien sérieuse.

Les exemples présentant -u|uiv- pour -0|uv- ont malheureusement tous, nous venons de le dire, un côté discutable.

1. TTpi'iavoç en regard de iTpô)U0ç^ L'exemple sera tout à fait valable pour qui admet que Trpô)aoç se compose de irpô -\- \xo. Il ne l'est pas au même degré pour qui pense plutôt que irpôinoç sort directement du mot indo-européen *pr)pmos, got, fruma"^, avec la même anomalie du vocalisme que dans ëSbopLOç = ^sepimmos. L'u de Trpuiiivoç n'apparaît alors que comme une voyelle hystérogène développée sur m. et qui n'a jamais eu besoin de passer par o. L'action du groupe -\xv- ne consiste plus à changer o en u, mais à déterminer le son u chez une voyelle en train de naître, et qui, laissée à elle-même, eût donné soit o, soit a^.

��1. L'alternance des suffixes est comparable à celle qui se produit dans hibuuoç, bibu|Livoç, ou àiTâ\a|ivoç en regard de "rraXdiLin- Je dois dire à ce propos ijua -uv-, soit ici soit dans d'autres formes, me paniît être le représentant grec de ■\xj- (contrairement à la doctrine de M. Ostiioff, selon laquelle -\xj- donne -vj-): de sorte que Trpûinvoç, pour *iTpô|avoç (ou irpwvoç), remonte" plus anciennement encore a *iTpd)i/oç (ou irpffyoç). Le phénomène est tout à fait semblable à celui qui fait que le tchèque niësio (c'est-à-dire mjesto) se prononce aujourd'hui mnjesto i[)lus exactement mnesto). Telle est du moins la prononciation constante aux environs de Kolin. Cf. d'ailleurs ut pour u; dans ittûuj, etc.

i. Ou *prni()s (valant *prmmofi) d'après anglo-sax. forma et lit. p)rmas

inquel cas le -po- de irpéfaoç serait celui de ppoiôç = skr. ntrtàs, rmfipoTOV

rîiaapTov: dans les trois cas après labiale). Mais l'existence de *j>rntos est

douteuse, car lArma.i suppose exactement prmos (cf. skr. pùrvas), ce qui n'est

plus la même forme, et l'anglo-s. forma peut venir d'une métathèse de frntna.

W. C'est ainsi que le /.• vélaire de *a-lk,,os a déterminé l'évolution de 1'/ vers -Xu- au lieu de -Xa: (/")Xûkoç.

�� � 402 -t)|Livo- l'oi'R -o|Livo-':'

2. Nubvujavoç en regard d'ôvo|Lia. Alors même qu'on n'aurait pas vuJVU|UOÇ, buO"ujvujuoç, etc., nous sommes ici encore devant une voyelle de timbte indécis, le second o de ôvo|Lia valant ' indo- européen.

B. fujuvôç semble, par une interversion quelconque, provenir de '"nog^nos (skr. naijnas; Vô^ dans nogvidos, nûdns) ou de '■'•mog^vos (zend niafna-), mais soulève toute espèce de questions particulières qui donnent au problème une forme compliquée.

4. Aia"u|LivnTtiç et aî(Ju|uvriTrip : d'étyraologie, incertaine, mais paraissant cependant reposer sur aiao-jivn-^ Contre cette, origine de lu, on peut alléguer la variante aîcTuriTnpi, Q 347, d'ailleurs énig- raatique en tout état de cause, ,

��1. -livriTnp peut régulièrement représenter -vjuriTnP (cf. 'AYauéjLivuuv. Mtm.. IV, p. 432 [403]), et vurirrip serait la régulière formation en -xrip à tirer de la racine dissyllabique veue-, si l'on adople ce que j'ai cru pouvoir établir ailleurs (Système des voyelles, p. 2G9 [251] sq.). On obtient de la sorte une bonne ély- mologie d'aîau|uvriTr)p qui lui confère le sens (i'aîoo-veiaëTUjp. 11 n'y a qu'une difficulté, c'est que l'rj ne vaut pas ri, mais â d'après les inscriptions, comme celle de Mégare, Cauer, no 109. Or, selon le principe rappelé tout à l'heure, une racine dissyllabique grecque comme vejae- ne peut avoir que vjuri- pour forme faible, tandis que yi[i.â- nécessiterait ve|nâ- dans la forme forte. Quehjues racines ont toutefois un vocalisme flottant: T^|ae-voç, Té)aâ-xoç, ce qui permet d'attendre soit T^iiT i^oit T|id- dans la forme faible (en fait, on a T|uâ-). Si vejie- doit être rangé parmi ces dernières, le groupe -vxxo- peut pn^ser. malLrré son '/, pour l'état réduit- de lacjite racine.

�� � Am

��LITUANIEN KÙMSTÉ «LE POING*.

(Mémoires de la Société de Linguistique, VII. p. 93. — 1892.)

Dans le slavon pestï < poing», -M- ne peut pa.s reposer sur -^2'" qui donnerait -st-. Mais il ]ieut venir: 1° de -st-; 2" de -l{■^t-•, 3" de -h^st-, et 4° de -li-^st-.

Les formes germaniques (v. haut-ail. fûst, thème fusti-) ne lais- sent de choix qu'entre la troisième et la quatrième hypothèse: car "^'pnsiis donnait «fioist», et ^pnktis donnait «fûht>-> ; seul '■'■jmkstis en- gendre régulièrement "'fîmxstiz, '■'■ftihst, et enfin fiist (comme mist «le fumier» de '■mihst = got. mathstus). Le germanique enseigne que le f slave est ici pour n, non pour -en-; il n'établit rien quant à la «lualité palatale ou vélaire de la gutturale.

La parenté probable avec *penk.2e «cinq» ^ engage toutefois k écarter l'hypothèse de -A;^.s<- et à poser exactement: pnlc^siifi comme la forme slavo-germanique du mot poing.

Ce h, était nécessaire pour expliquer le lituanien Jcùmstè, de Humpstia-, sorti lui-même de '•■punksUa-, par la même interversion <|Ue dans fcq;« = si. pekn «je cuis».

On a -un- pour -in- (n), comme plusieurs fois devant gutturale, notamment dans ugms «feu» (pour *nngnh), indo-eur. *tjgnis.

��1. Cf. skr. panktis "la rangée des cinq doigts», d'où généralement «une rangée», valant indo-europ. *penl:Jis ou *penl\stis.

�� � 464

��UNE LOI RYTHMIQUE DE LA LANGUE GRECQUE. '

{Mélaii(/efi Graux, p. 737. — 1SS4.)

11 semble que certaines formes grecques gardent la trace dune ancienne loi rythmique, limitative du nombre de syllabes brèves qui peuvent se suivre dans un mot, et si l'on cherche à formuler cette loi, on la trouve conforme aux règles du vers é))iquo, et, comme elles, indépendante de l'accentuation.

Pour pouvoir entrer dans l'hexamètre, un mot grec ne doit pas contenir plus de deux brèves consécutives. Sont réservées toutefois les brèves placées à la fin des mots; elles sont considérées comme longues, parce qu'elles le deviennent soit en faisant césure soit [)in l'effet des consonnes initiales du mot qui les suit dans le vers. Ainsi ôvoitia, Képa)Lioç, àpYÛpeoç, quoique terminés par trois brèves, ont, comme tout le monde sait, droit de cité dans la poésie dactylique.

Une grande sélection rythmique, faite précisément d'après le même principe et avec la même restriction, dut, à une certaine époque, s'opérer sur tous les mots du vocabulaire. La langue cou- rante et journalière s'offensait alors d'une succession de trois syllabes brèves, et l'on est en droit de se demander si le plus ancien rythme poétique des Grecs n'était pas en quelque mesure dicté d'avance par cette cadence naturelle de leur parler.

Mais cette question est secondaire. C'est à jieine si l'existence même de la loi dont il s'agit semblera suffisamment attestée par les indices très fragmentaires dont nous cherchons à recueillir ici un certain nombre. 11 y a en effet à la loi du tribraque beaucoup d'infractions hystérogènes, en même temps que des exceptions an- ciennes, plus ou moins faciles à justifier. Les formes, en revanche, qui en ont conservé la marque, et où se révèle un effort de la langue pour éluder le tribraque, ne sauraient être jugées à la légère. Le témoignage en est d'autant plus significatif qu'il nous montre le même résultat obtenu par plusieurs voies différentes: allongement

�� � fS'F, LOI RYTHMIQUE DK I.A i.Wi.l i: CRKCOrE. 465

vocaliqiie, syncope, recloul)U'ment de consonnes, etc. Or, au milieu de l'organisme phonétique si délicat du grec, chacun de ces pro- cédés, notamment celui de la syncope, parait insolite, presque brutal, et mérite l'attention par sa rareté même. En faisant la revue de ces différentes mutations, les exemples devront, autant que possible, être choisis parmi les formes usitées en prose: si nous les deman- dions aux poètes, ils seraient aussi nombreux que peu concluants.

1. ALLONGEMENT D'UNE VOYELLE, a. Voyelles faisant partie d'un suffixe.

Au comparatif et au superlatif des adjectifs, l'allongement de l'omicron qui distingue le type aocpubiepoç, ffocpubiaioç, du type beivôxepoç, beivÔTaioç, est parfois interprété à tort comme étant originairement une licence chez les poètes, et en prose une imitation des poètes. Une loi que toute la grécité observe avec ce degré de conséquence ne saurait reposer sur un fait de date aussi rapprochée et d'ordre tout littéraire. Il y a bien plus d'apparence que les poètes ne firent que profiter d'une euphonie d'avance établie dans la langue, et qui avait déjà façonné les mots comme pour leur usage particulier.

Le même allongement paraît avoir existé devant le suffixe (Tôvr) (cf. Etijm. Magn., p. 275,42), quoique nous n'ayons pour vérifier la règle que le seul mot lepiuaûvii, en regard de bouXo(JÛvr|, biKaio- (TÛvri, et autres formes semblables, dont aucune ne donnait lieu à l'allongement.^ L'iju de ieptuaûvri est d'autant plus certain qu'il est attesté épigraphiquement (Frœhner, Tnsa\ du Louvre, no 40, 1. 12).

Les suffixes -0i, -0ev, -(Je, pouvaient aussi donner naissance à des tribraquos, non pas, comme dans le cas précédent, par l'addition d'une brève qu'ils apportaient, mais parce qu'ils faisaient passer dans le corps du mot la brève finale du radical. Dans ce cas en- core on allonge l'o thématique: érépuuOi, éTépuuOev, éxépujae; d|ucpo- Tépuuôi, diacpoTépujOev, àjuqpoTépuucre, en regard de àWaxôOi, dXXaxôOev, âXXaxôde.

Il en est de même des mots dérivés formés à l'aide du suffixe -T^ç fféiii. -Tiç^: OiaauJTriç, ibiubinç, afrapYavidjTTiç, (ïTpaTHJbTriç, riXiKi-

��1. En ce qui concerne la formation voisine xà f)Ye|Ltôauva, il faut considérer que l'o n'est |)as tiiénialique". On trouve dans le Nouveau Testament à-fa9ooûvri, et plus tard encore âfiooùvri, ([ue certains éditeurs corrigent en {tr^a.%iua\}vr\, àifiujoûvri.

de Saussure, Oeuvres. W

�� � 466 UNE I.OI RYTHMIQUE DE I,A LANfiUE fiRECIQUE.

ubiriç, àTTeXiii)Triç, à comparer avec àYpÔTiiç, briMÔinç, miTÔTriç, to2ô- Triç. Les oxytons, comme ZiriXujTriç, TTXrjpujTriç, ont, cela va sans dire, un u) d'origine toute différente, étant tirés de verbes en -ôuu, et non de formes nominales. En revanche bedjuujTiiç. )']TTeipuÛTiiç, vncTidjTTiç, éffTiujTiç sont franchement irréguliers.

Enfin on reconnaît la même tendance dans la répartition des deux suffixes -ebôv- et -nbôv- qui n'en font qu'un en réalité. Le premier ne se rencontre qu'après une syllabe radicale longue^: thk- ebibv, (Tr|7re-5ujv, dpTT-ebujv, dpTr-eb6v-r|. La seconde forme le rem- place quand la syllabe radicale est brève, afin de parer au tribra- que qui se formerait à tous les cas autres que le nominatif singu- lier: KXe-ri^wv (par allongement épique: KXrirjbÛJv), T€p-r|bujv, àribujv'^ et le dérivé secondaire KOTuX-ribubv. Le x^ip-^l^LÛv d' Aristophane, qui contrevient à la règle, est un mot forgé, sans valeur linguisti- que. L'anomalie apparente d'àXYriî^wv vient de sa forme primitive

  • àXeYn^^v (voyez plus bas ce qui a trait à dt'XYOç). La seule véri-

table exception est àx0-ribd)V, car XafiTT-ribujv et épîT-ribôiv sont d'une époque très postérieure.^

b. Voyelles faisant partie du radical.

Il faut citer sous cette division l'allongement des voyelles initiales a, e, o, lorsque le mot qu'elles commencent devient le second membre d'un composé, règle destinée, comme les précédentes, à prévenir les groupes de trois syllabes brèves: 7Tob-r|ve|uoç, ÙTr-ripéinç, UTT -iLpoqpoç. pour "'•Trob-aveiuoç, ••'^uTr-epéTriç. ■••uTT-ôpocpoç ; ôxer-riYÔç pour 6x€T-àYÔç. C'est là un usage si constant, et cela dans les formes populaires du meilleur aloi telles que les noms propres, que personne ne le croira imaginé pour la simple commodité de la versification.

Il est h noter toutefois que l'allongement a gagné, par exten- sion secondaire, une foule de formes composées qui ne présentaient pas trois brèves consécutives et qui, en conséfpKuice, devraient en être exemptes. Je ne parle point des mots comme )aov-ujvuE, rpi-

��1. La forme jneXcbdbv est incertaine; il est certain, en revanche, que, si elle a existé, le génitif était jueXebiûvoç. Donc elle n'entre pas en ligne de compte.

2. Ce mot ne pouvant se tirer d'àeibuj, contient vraiseailtlablement le suffixe en question.

3. Nous écartons n€Mq)pr|bùJv, TevBprjbiiiv, àvGprjbibv, noms de diverses espèces de guêpes et d'abeilles, vu que V\], dans ces mots, appartient à la racine. (If. Tev-Opr)-vri, àv-6pr|-vtT, et le lacnnien Bpib-vaE «bourdon». '

�� � i;>"E LOI RYTHMinUE DE F.A LANGUE fiRECQUE. 467

npnÇ pt^"i" '""Vov-ôvuE, •■•Tpi-épriç, ni des mots comme ùqj-ripeqpnç pour ûni-epeqpnç : car leur génitif *|aov-ôvuxoç, *Tpi-éiTeoç, •••ùip-eTTeqpéoç, se trouvait dans les conditions voulues pour l'allongement.^ En revanche l'allongement est abusif: 1" dans le type rythmique eù-rive|uoç, ùip- ujpoqpoç, ou, parmi les imparisyllabiques, (YaiLup-ûJvuS) Ta|uvjj- ujvuxoç, (èS-npr,ç) èH-iipeoç; 2*^ dans le type èTr-ri|iioi6ôç ; 3 •^ dans le type èH- )l|Lioi6ôç; 4*^ dans le type cripaT-riYÔç, et h plus forte raison dans cpopT-iiTÔç.

La vraie tradition de la langue survit dans les formes concurren- tes: 1^ Traucr-aveiuoç, uiy ôpocpoç, (eùôvuH) eùôvuxoç; 2*^ èTr-a|uoi6abiç; o" XP'J0"'^M0i6ôç ; 4" èeiKÔcr-opoç. Cette sorte d'allongement irrégulier, et qui souffrit toujours des exceptions, est peut-être en partie im- putable aux poètes; mais elle dut plus encore sa propagation à diverses circonstances morphologiques, dans le détail desquelles nous ne pouvons nous permettre d'entrer à cette place,

A la fin du i^remier terme d'un composé les allongements ne se font pas par voie phonétique (voyez sous 4: Gavain-qpôpoç etc.). Cependant on a un exemple du fait dans Trpuu-Trépucri ; c'est la forme l)rescrite par Apollonius Dyscole, qui condamne irpo-Trépudi. Peut- être aussi la vieille étymologie de 6iK-K0V0ç, qui voyait dans ce mot la préposition bid, est-elle la bonne (cf. èY-KOvéo)).

Même en dehors de la composition des mots, la tendance rythmique . a été assez puissante pour changer *ôqpeXÊUJ, *ô(péXi|Lioç (de ôqpeXoç), en d)qpe\éuj, ujqpéXi|U0ç. — De là aussi 'HXùcTiov irebiov par r|, venant de la racine èXeuO-, èXu0-. — Le latin viduus est re- présenté en grec par nîOeoç = è ./iOe./bç: l'ri ne peut être qu'une modification rythmique de l'e prothétique, car c'est une théorie caduque que celle des allongements causés par digamma. — Le mot riXaKdTn, «entre-nœud d'une canne de roseau» (de là seulement «rcseau», puis «quenouille»), signifie proprement «bras, membre» : il est proche ])arent de dXaH ' Trrjxuç ' 'AOajadveç, ce qui fait voir (\un Vï] initial provient de l'allongi-ment rythniique. — Une forme ujvu)ja pour ôvo|Lia, que légitimerait le tribraque des cas obliques (àvù|aaTOç), paraît résulter du nom propre 'QvO|aacrTOç d'une ins- (;ription béotienne. — Si i'r| du verbe fiYÊO|Liai en regard tle Va d'à'YUJ ne comportait une autre explication, d'orire morphologique, il pourrait sans invraisemblance se joindre aux exemples précédents.

��1. On a dû décliner d'abord *|iov6vu?, uovdbvuxoç; *Tpi^pr|ç, Tpirjpeoç, I llnnirro décline encore ûijjepefpnç, ûnjripeqpeoç.

jo*

�� � Dans le mot simple comme dans le mot composé, les voyelles initiales semblent seules susceptibles de changer de la sorte leur quantité. On ne peut du moins mettre sur la même ligne les cas isolés tels que |Li05aXéoç de |uôboç, quoique la longue y mérite considération, étant attestée dans les tragiques aussi bien que dans l’épopée (cf. Lobeck, Fafhol. Proleg., p. 102).

La réduplication dite attique est accompagnée, soit dans les noms, soit dans les verbes, d’un allongement des voyelles initiales tout à fait comparable, au premier coup d’œil, à celui qui est usité en composition. Cependant le principe de cet allongen-ent n’est jms toujours facile à démêler.

En commençant par les noms redoublés, tels que dK-ujK-r|, l’hypothèse d’une modification rj^thmique serait en contradiction avec la loi que nous cherchons à vérifier: l’allongement était inutile, puisque le nombre des syllabes brèves ne dépassait pas deux.

Précisément une importante considération morphologique vient à l'appui de cette présomption négative. Le timbre de la deuxième voyelle ne permet pas d’admettre qu’elle soit l’allongement d’une brève. Un type radical aK- peut en effet revêtir trois aspects bien connus en morphologie: oîk-, aK- (= riK-), ùjk-, mais non pas ôk- par bref.

Aussi les quelques mots en question appartiennent-ils tous à des racines qui veulent régulièrement Vô long. Série de permutation a â tu: àK-ujK-r|, aT-uJY-ôç. Série e r| uu: èb-iubri; h noter aussi âWriX-oboubôiai • àX\r|Xo6ôpoi. Série o uj lu: ôb-uub-r|, Ô7T-ujTT-r|. 11 y a une exception: ÔK-uux-r| de ëxuj (série e o); mais en tout état de cause ce mot serait une anomalie. Tout le monde sait que Ixw a perdu une consonne initiale (■••O’éxuj ou */exuj) et qu’il n’a pu, par conséquent, prendre un redoublement attique que par imitation analogique secondaire.

Les parfaits redoublés attiques se distinguent des formes qu’on vient de voir par cette première différence, que le nombre des syllabes brèves y est suffisant pour justifier un allongement rythmique. Du" moins, cela est vrai pour toutes les formes actives dans les parfaits de racines disyllabiques tels que èvnvoxct, et pour toutes les formes actives moins les trois personnes du singulier dans les parfaits de racines monosyllabiques comme ôrriUTra, pluriel ÔTTiuTraiLiev.

Ceci ne préjuge rien encore, et le problème se pose comme précédemment entre l’allongement rythmique et l’allongement grammatical. Ce dernier, par parenthèse, n’est pas à proprement parler un fXK LOI RYÏHMiyUK l)K LA I.AXUL'K (iRECOUK. 4(i'.i

allongement, attendu que, dans le domaine des dégradations morpho- logiques, les voyelles longues sont antérieures aux brèves. La ques- tion revêt une forme bien sensible dans le cas particulier suivant. Homère fait alterner dpripiijç àpapuîa, de la même façon que XeXriKubç XeXctKuîa, leOriXujç TeOaXuîa. La permutation, dans le second genre d'exemples, quoique plus ou moins artificielle, repose en dernière instance sur la dégradation (jrammaUcale des voyelles, le parfait étant composé de formes fortes et de formes faibles. L'échange àpnpujç àpapuîa est-il, ou n'est-il pas fondé sur le même principe?

On va chercher à prouver qu'il est de nature tout autre, et que l'allongement des parfaits attiques, à la différence dt^ celui des noms redoublés, dépend simplement du rythme; de sorte que dprjpujç, ëbn^ci, ÔTTCuTra, équivalent pour le morphologiste à *àpapdjç, *ëbe5a, *ÔTT0Tra.

Pour cela, on pourrait invoquer ijremièrement l'absence de la métaphonie en o qu'il serait légitime d'attendre dans des parfaits. On opposerait dipripuuç, <Lhr\ha, à dtKuuKri, èbuubri. Mais l'argument serait infirmé par les nombreux parfaits tels que XéXâôa, KéKrjba, qui ont abandonné l'a). Quelques-uns seulement, comme èp^uuYa, le retiennent.

La preuve décisive de l'allongement rythmique n'est livrée que par les parfaits à radical disyllabique comme èveK- (èv-r|Vox-a), aKOu- ÙK-riKO./'-a). Dans ce genre de racines, qui abonde en grec, c'est ordinairement la voyelle intérieure, exempte d'allongement, qui est radicale, tandis que la voyelle initiale sujette à l'allongement est adventice. J^a quantité longue de cette voyelle inorganique ne sau- rait être organique: le besoin rythmique en rend compte beaucoup mieux.

Bopp et Curtius inclinent pour la même solution sans se ré- férer à une loi précise touchant les circonstances où le rythme peut intervenir comme modificateur do la (juantité. Ce qui fait hésiter ces auteurs n'est pas tant, d'ailleurs, l'idée que la voyelle pourrait être naturellement longue que la question de «l'augment temporel» ou plus correctement de Ve réduplicatif. Les verbes qui se passent du redoublement attique, comme ôqpXKTKavuu, lîjqpXriKa, prennent au parfait une voyelle longue, dans la composition de laquelle entre un ancien e préfixé (•'•è-oqpXTiKa) : c'est à quoi se réduisait la syllabe de réduplication en l'absence d'une consonne initiale. Comme le redoublement attique paraît être une innovation, on est conduit k penser qu'avant la formation d'ÔTT-ujTra, les Grecs disaient *a)TTa (=*è-0TTa), cf. ujq)Xr|Ka. Dès lors, l'uj d'ÔTr-uiTra ne serait-il point

�� � 470 UNK I-Ol RYTHMIQUE DK LA l.ANtiL'K (iUKCyUE.

celui de son prédécesseur disparu •••oiTra, enchâssé dans le redouble- ment attique?

Cette conjecture est peu fondée, car l'allongement serait alors aussi inséparable du parfiiit attique qu'il l'est de la formation re- présentée par ujqpXriKa. Or cela n'est pas, et ici nous rencontrons une confirmation positive de l'origine rythmique de la longue. De même qu'à l'aoriste et au présent le redoublement attique n'entraîne point d'allongement, les brèves se bornant à deux (àYaïeîv, àTCtTWJv; àpapiCTKUj), de même, et pour un motif identique, d'assez nombreuses formes du parfait y échappent, surtout il est vrai chez les poètes. On trouve entre autres dans la liste de Curtius (Verhumll, 140): ttK-axriiuai, aK-axeiaxo (cf. dK-iixeMévri), dK-ax|iiévoç, d\-a\i"i|Liai, d\- dXuKiriiuai, dp-apuîa, èp-épmxo; dp-aipiiKubç dans Hérodote (cf. vulg. TipriKUJç).

Conclusion : la voyelle longue du parfait attique n'a de relation ni avec la longue native du type XéXHKa, ni avec la longue de con- traction du type "QqpXrjKtt "HXXaxa. Elle est purement rythmique, et, par conséquent aussi, purement analogique dans les formes où le rythme ne l'exige pas. Homère applique encore la règle primitive dans dpàtpuîa : dpnpôxeç^ Au nominatif singulier dpiipwç commence le domaine de l'analogie.

2. SYNCOPE. a. w v^ ^ devenant — ^-^.

Les primitifs ••'(piXÔTepoç, •■••9iXÔTaT0ç, donnent (piXiepoç, (piXTaioç.

On syncope •'eXuOéiaev, *èXu66T6, en èXGéjuev, ëXOere. De là, par extension, èXOuJv, nXOov, concurremment à ?|XuOov. La priorité de la forme la plus longue est indiscutable, à cause de eXeùdoiaai, eîXnXouOa.

L'adjectif utttioç est issu, selon toute apparence, de ••'uttô-tioç.

A l'origine, douleur a dû se dire *dXeYOç (cf. dXéYU)). Le génitif '•'dXéYeoç, présentant trois brèves consécutives, fut changé en dXYeoç, auquel on donna ensuite un nominatif-accusatif d'XYOç, tandis que l'e persistait dans dXeYeivôç, bucrriXeYnç, dirriXeYéujç, où rien n'en pouvait occasionner la chute. C'est aussi l'histoire du mot d'vOoç, car l'homérique dv-rjvoô-ev lui assigne pour forme primitive *dveO-oç (cf. d'vriQov?). Enfin eupoç «largeur», à en juger par les langues parentes, est, de même, pour *è-^€poç, gén. *è-/"(e)peoç.

��1. Le f du suffixe -^ot-, qui eût fait «position)', senil)Ie iivoir disparu partout dès une époque reculée,

�� � UNE LOI RYTHMiyUE DE LA LAX(ii:E (iREOQUE. 471

ôéaqpaxoç est sûrement syncopé de *8ecrôq)aT0ç {Curtiu&^Grundz:^ p. 509).

M. Wackernagel (Journal de Kichn, XXV, 260 seq.) a rendu indubitable, sans l'expliquer complètement, le fait que Tadjectif numéral eïvaTOç, ëvaioç, est sorti de *ëv/aTOÇ. Cette forme in- compréhensible devient à peu près claire si l'on remonte plus haut encore jusqu'au primitif *è-vé./a-Toç. Le deuxième € est syncopé pour éviter une succession de trois brèves. Il faut ajouter que le nombre cardinal èvvéa vient, par une syncope toute semblable, de

  • èv(e)vé./a. Une telle restitution peut paraître étrange, mais si l'on

considère que vv, dans le dialecte attique, a ppur seule origine possible V -f v\ les termes de la question se trouvent singulièrement réduits, et la solution proposée s'appuie en outre sur èvevrj-KOVia. A son tour èvevrjKOvra offre une troisième application du même principe : il est issu de ■■•'evev(e)Jf|-KOVTa, '•'èvev/n-KOVTa. Deux formes fondamentales devront donc être posées pour le nombre neuf: 1" *Êve/a-, 2*^ *èvev€/a. La difficulté de les concilier avec celles des idiomes congénères est grande, mais je ne sache pas qu'elle soit moindre pour les formes admises jusqu'ici.

On n'a guère ai)profondi par suite de quel phénomène phonéti- que le Varuna des Hindous devient oupavôç en grec. Peut-être doit-on poser oùpavôç = '•o-J^(e)pavôç, le tribraque entraînant la syncope. Une hypothèse semblable rétablirait l'accord entre eivàiepeç et le latin janUrices, en ramenant le mot grec à *è-j(a)vaTepeç.

En regard de dqpevoç, l'adjectif àqpveiôç suppose un primitif •■•■àqpeveoioç synco^oant sa deuxième brève.

Comme le double o dans ôpÔTuia est justifié étymologiquement par ôpéYUJ et par TrevT-ujpuTOç = irevx-ôpYuioç^, il faut qu'ôpTuiâ soit pour *ôpoYUïd, ■••ôpOYUcTid. En revanche, la terminaison féminine -i5 remontant à -ji parjoc/, il était naturel que le primitif d'ôpÔYuia, '••ôpÔYuaJa (uu — u), demeurât sans syncope. La forme ôpYUifi est un mélange des deux autres.

h. ^ -^ •w devenant -^ — .

La comparaison du sanscrit fait croire que l'adjectif èpuOpôç est pour *èpu6ep6ç ou •'èpuOapôç.

1. On objecte ëvvujii = *éa-vu|ui: mais la pro.se atti<iue ne connaît qu'àju- 9i^vvu|ai, ((ui est une modification analogique d'*à|nqpie{vu,ui, née sous rinfluence de la classe Kopévvufai traitée plus bas. L'aoriste rmqpieaa peut servir à prouver que la relation du verbe composé avec le simple était complètement oubliée.

"1. Ce mot semble tiré du simple *ôpoYri, comme buç-djvufioç du simple ôvo|ua.

�� � 472 UNE LOI RYTHMIQUE DK LA LANfiUE (inECi^H'K.

L'homérique xavaÙTTOuç est une forme poétique, il est vrai, maiy trop singulière pour que le poète ait osé l'employer sans la sanction de l'usage populaire; cette forme est produite par la syncope de l'omicron dans *Tava./'ÔTrouç.

éKarepOev pour ^'^éKaTepoOev se trouve en prose dans Arétée.

c, ^ ^-^ ^ devenant ^ ^.

beHiT€p6ç au lieu de '■^beHioTepôç. Appartient, il est vrai, à la langue poétique.

Le doublet è6éXuu, OéXiu, est dû peut-être au désir d'éviter les trois brèves du pluriel (è)6é\o|uev. A l'époque historique, les deux formes sont emplo3'ées indifféremment.

Dans le féminin Xdxeia d'èXaxùç (Odyssée, IX, 116; X, 509), l'abandon de la voyelle initiale ne peut se justifier directement; mais il a pu commencer par les cas obliques du masculin, qui contenaient trois brèves consécutives (èXaxéoç, etc.).

L'homérique èTrnYKevîbeç suppose en dernière analyse *èTT-eveK- evibeç, de la racine èveK- qui se constate dans boup-iiveK-iiç, èv-:îvox-a. A l'aide de l'allongement régulier traité plus haut, on obtenait *èTr- ilveKeviç. Ceci pouvait suffire au nominatif singulier; mais les cas augmentés du crément, comme *è7T-riveKevibeç, exigeaient un nouveau remaniement, auquel il fut pourvu par la syncope d'un e. En vain, pour éviter d'admettre la syncope, recourrait-on à la forme radicale abrégée èyK- qui existe dans ôykoç, ev-eYKeîv, et dans le parfait èv-r|v-eTKTai des inscriptions attiques. Car alors Tri d'èn- HTKevîç deviendrait inexplicable. La voyelle d'une syllabe longue «par position» ne s'allonge point en entrant dans un composé^;

  • €Tr-eYKevîç n'eut jamais l'ait èir-riYKeviç.

L'exemi:)le qu'on vient de voir, où deux tribraques ont dû être successivement éliminés, est précieux en ce qu'il permet une con- clusion chronologique intéressante. 11 prouve que l'emploi de la. syncope, comme remède au tribraque, est postérieur à celui de Vallouçie- ment vocaliqiie, puisque la présence de la deuxième voyelle, actuelle- ment syncopée, était nécessaire pour que la première s'allongeât.

Est-il permis de rattacher à la règle générale "AaKXnTxiYéveia en regard d'AcTKXriTriôbiJupoçr' Dans l'affirmative, les formations comme AiovOaiKXfiç, où la syncope semble arbitraire, seraient faites

1. Cette règle n'est violée qu'en apparence dans »i)|u-riOT»^ç, ûv-r|aTtç, bemv rjOTÔç^ &opn-ri<JTÔç, de la racine éb- (ëb|nevai). De nombreux indices établissent «^ue la véritable forme de cette racine est f)b-. r)e l;'i Vr] persistant de ses composés.

�� � U.NK LOI HYTHMiyCE OK I.A I.AN(iUE »RKCyLK. 473

sur le modèle des premuTes. 0iipî)Liaxoç, Gripîpopoç, ne dérivent pas de Oripi'ov, mais d'un thruie Oiipi-. Quant anx nombreuses formes poétiques telles que XijipÔTeipa pour ■'•'Xri'io-pÔTeipa, KpaïaiYÛaXoç pour

  • KpaTaiOY0aXoç, il est difficile d'y distinguer la part exacte de la loi

phonétique.

La forme apocopce que peuvent prendre certaines prépositions tient en grande partie à ce que ces particules proclitiques, en se joignant étroitement au mot qu'elles gouvernent, donnent lieu à des suites fréquentes de trois ou quatre syllabes brèves. En réalité il s'agit donc encore d'une syncope plutôt que d'une apocope. Les exemples sont connus: KaTidôe = Kaià Tabe, iràp iiiéXoç = Trapà luéXoç, etc. Dans la composition nominale, les formes telles que biafiirepéç, dvbixWj sont fiéquentes. L'apocope est beaucoup plus rare dans les prépositions unies au verbe, parce que la soudure dans ce cas n'a eu lieu qu'en pleine époque historique, c'est-à-dire à un moment où la loi du tribraque avait cessé d'avoir son effet. C'est pour la même raison que le phénomène de l'allongement vocalique est restreint aux composés nominaux: (TuvriYopoç, Cuva- Yopeùuu; Kairiptcpriç, Kaiepécpuu,

Plusieurs formes ont subi une syncope extraordinaire à la- quelle on ne peut assigner aucune raison: 1^ êdrai pour eOGeiax; 2" TiTTTe pour TÎTroie; 8" (Tqpi pour Oe-cpi (cf. lat. si-bi); seul de cette famille, l'adjectif ffqjtTepoç s'expliquerait rythmiquement comme étant pour *ae-qpéTepoç.

Quant à la syncope ario-européenne qui a produit Tiaip-ôç de TTttTep-, TTi-TTT-uj de 7T6t-, yvùH de yôvu, et cent autres formes, elle est naturellement tout à fait étrangère à notre sujet.

',. GÉMINATION D'UNE CONSONNE.

11 est h suj)poser que les verbes en -àvvu|ui, -évvuini, étaient juimitivement en -dvu|ui, -ivvpn. L'hypothèse qui part de -aavvpn, -eavu|Lti, est en opposition non seulement avec les données étymologi- ques, mais encore avec les lois phonétiques, qui exigeraient dans ce cas, pour le dialecte attique par exemple, -rivu|Lii, -eivuui. Ainsi ffKebdvvOjuev redouble sans doute son v uniquement parce que •CTKebdvOiLiev renfermait une succession de trois brèves.

La gémination dans TTeXoTrôvvr|croç n'a ])eutêtre pas d'autre cause; elle est anomale de toute façon dans Xeppôvvîicroç, variante de Xep^ôvncroç.

�� � 474 l'XK LOI RYTHMIQUE MK LA LANGUK GKECgUK.

Comme le digamma n'est autre chose qu'un u consonne, la gémination de ce phonème dans les groupes clF, e/", o/, produit forcément au/", eu./', o\}f. 11 ressort de là (jue le présent dKOÙuj l)Our •■■aKOÛ/iu est une forme géminée par rapport au parfait ÙKriKoa =

  • àKriKo/a. La gémination s'cxplicjue ])ar les conditions rythmiques

où se trouvaient ■•■àKÔ/'ojaev, "■'àKÔfeïÇ., •'■dKO./feTUJ, '•aKÔ/'euev, con- ditions qui ne se présentaient ni au parfait, ni dans dtKori, urrriKooç. Le même principe a donné aùepùuu, auiaxoç ; mais ces mots existaient- ils sous la même forme dans la langue vulgaire? aKOur), par exemi)le, n'est certainement géminé que par licence poétique.

4. CHANGEMENTS D'ORDRE MORPHOLOGIQUE.

Les composés tels que veâ-Yevnç, Oavairi-cpôpoç, empruntent un ci (r|) au type baqpvii-qpôpoç, plutôt que de tolérer trois brèves consécutives. La formation paraît être parfaitement })opulaire: cf. (JTecpaviicpôpoç, èXaqpri^ôXia, aiabiaèpôiuoç (Keil, Insn\ Boeot., p. 52), et nous pouvons citer dans ce sens, l'opinion de Lobeck: «hanc rationem ... a natura ipsa inchoatam esse», Parerg. ad Phr., p. 650.

Pour les composés du nom de nombre éKaiôv, la langue recourt à un autre procédé: elle maintient la nasale finale contrairement aux règles constantes de la composition : éKaTÔ)Li6ri, èKttTÔYxeip ^'^^ lieu de *éKaTÔ6r|, *éKaTÔxeip.

Il serait facile de multiplier les exemples d'ex]»édients ana- logues em]>loyés pour éviter le tribraque : ôbomôpoç pour -'ôboTTÔpoç, XOpoiTUTTOç ])Our ■•"xopÔTUTTOç, TTapaiôdxriç pour *7Tapa6àTr|ç, laecraiTTÔXioç ])0ur ■■••|UÉ(70Trô\ioç, biKaaîTÔXoç pour '■■biKaTTÔXoç, en donnent des échantillons variés. Ces formes sont souvent suspectes de sortir de l'officine des poètes, mais voici pai- exemple un nom propre, OeôcTboTOç, dont le sigma, quoique pris à Aiô(T5otoç, n'est visible- ment destiné qu'à produire une longue, et qui, sous cette forme, est tellement répandu et po]>ulaire qu'il pourrait servir de type jtour le traitement dialectal du groupe crb: thessalien OeôpboTOç, Tanagra GedaZioTOç, Thèbes Qiolàra, noms fréquents dans les inscriptions.

L'adjectif èXeeivôç pour ••■èXeecT-vôç, joint à vr|X(e)iiç, indicpie, à n'en pas douter, que è'Xeoç, masculin de la deuxième déclinaison, a commencé par être un neutre de la troisième, pour le redevenir d'ailleurs dans le grec du;^Nouveau Testament. Le vocalisme de ce mot est edèctivement conforme à celui du type Tévoç. C'est le tribraque gênant des cas obliques ("èXéeoç) qui a dû déterminer le changement de déclinaison. Il en est de même de KéXaboç, ancien

�� � l'.NE 1.1)1 RYTH.MIOl'l-: l)K I.A !.AX(il'K (iRKCQUE. 475

neutre comme eXeoç, à en juger par le vocalisme et par le dérivé KeXabeivôç.

11 y aurait encore des observations intéressantes à faire sur la loi rythmique qui nous occupe en tant que préservatrice d'une foule de formes anciennes. Ainsi l'addition hystérogène d'un o qui s'observe dans le ty]ie q)pev-o-6Xa6r|ç n'atteint pas les thèmes en a: (JaKécnraXoç, èTreaôôXoç. Ces formes, d'un aspect antique très frai)pant, persistent parce que, la plupart du temps, le mode nou- veau de formation (•■■(TaKecroTTaXoç) aurait donné naissance à une série de trois brèves. De là aussi TTupKaid, TrupTToXéuu, nupcpôpoç, sans insertion d'omicron. Une remarque un peu différente s'appliquerait à veoOriXriç, èTTi|uri6i^ç, comparés à OdXoç, |ud0oç, pour '■•OfiXoç, ^jufjGoç.

��On ne saurait nier que la loi du tribraque ne souffre d'assez fréquentes infractions qu'il n'est pas toujours possible d'attribuer à une période postérieure, ainsi 7ToXé|aioç, (fréXaYOç) TreXaYeoç. Cepen- dant les plus importantes s'expliquent par le principe de l'asso- ciation des formes. L'analogie de juniépa fait persister GuYaiépa. Dans le verbe, Xe^oiuevoç, XeYÔ|LieOa, se maintiennent grâce à eùxô- JLievoç, ÉUXÔiLieOa, et d'autre part èXé^oiuev grâce à XéYO|iiev ^ Lorsque l'exécution rigoureuse de la loi était au prix de la symétrie naturelle d'un système de formes, la langue a sacrifié l'harmonie du son à l'harmonie morphologique.

J>'époque où cette tendance euphonique a dû se faire sentir est évidemment fort ancienne, car sa période d'activité est close au moment où commencent les monuments littéraires. Ceci résulte premièrement de la nature des allongements provoqués par le rythme: e s'allonge en r|^ o en uj. Si le phénomène avait continué dans les différents dialectes, certains d'entre eux allongeraient en ei et en ou.

En second lieu, il serait facile de montrer que le grec de l";!."' Iiistorique ne manifeste plus de répugnance marquée pour les

i . Encore ne voudrionsnou.s pas affirmer trop absolument que les cadres (le la flexion verbnle n'aient point été entanié.s, çà et là, par la loi rythmique. La 'M pers. sinj,'. aor. ëYtvTO, employée par Hésiode, Sapho, Théogni-s et Findare, pourrait bien n'être que la syncope, léj^ritime et populaire, de éYéveTO, (pioiqu'on classe aujourd'hui colle forme dans les aoristes '<alhémati((ues >.

�� � 476 UNK LOI nyïHMiyUK de. I,A I,AN(iUE (iRECOLK.

suites de trois brèves. Sans accumuler les exemples tels que )LieYa- XeTTi'ôoXoç, je n'en voudrais ])Our preuve que les deux comparatifs KEVÔTepoç, (JTevÔTepoç, dont l'omicron remonte au temps du digamma (*Kev/"ÔTepoç, *crTevJ^ÔTepoç). Il faut que l'époque attique ait plutôt recherché que redouté le tribraque pour que de telles formes aient pu rester vivantes dans le voisinage du type croqpujTepoç. Aussi la règle des brèves que M. F. Blass retrouve dans les discours de Démosthène'^ n'est-elle, malgré sa ressemblance extérieure avec l'an- cienne loi, qu'un fait isolé, personnel, littéraire et voulu,

Enfin, la haute antiquité des changements d'ordre euphonique s'affirme dans ce fait qu'ils nous reportent à un état phonétique général extrêmement ancien. Dans OécrqpaTOç, (Tcpéiepoç, comme aussi dans dqpveiôç, ôpYuid, ils ont dû se produire antérieurement à la chute du sigma initial et inlervocalitjue; dans eivâiepeç, antérieurement à la chute de jod.

Une dernière remarque. On [courrait, eu se rappelant un passage d'Aristote, TrXeîcTTa T^p ia)n6eîa Xétoiuev èv Tf] biaXéKTUj Tf) Trpôç àXXnXouç, éHàiaerpa 5è ôXiYaKiç (Poét. 4, 19), se demander si c'est bien le rythme dactylique qu'il convenait d'invoquer à propos des faits signalés, et non plutôt le rythme iambique. La plupart des exemples se laissent interpréter également dans les deux sens, et nous pourrions fort bien nous accommoder de la seconde solution sans que rien fût changé au fond de notre thèse. Mais elle est, en elle-même, moins plausible. Le mètre iambique, qui admet même en poésie la dissolution de la longue du temps fort en deux brèves, n'était-il pas en effet un moule trop élastique pour causer les graves déviations qu'on a constatées? Nous préférons croire que de l'époque antéhistorique à l'époque attique une lente révolution s'était faite dans le rythme de la ])hrase grecque.

��L Die attische Beredsamkeit, III, 1, 100.

�� � TERMES DE PARENTE CHEZ LES ARYAS.

(Extrait d'une lettre adressée à M.A. Giraud-Teulon, publiée en appendice p.494s([. dans rouvra!,'e de celui-ci, les Origines cln mariage et de la famille, 1884 )

Pour répondre à vos questions sur la nature de la famille chez les Aryas d'après les témoignages linguistiques, je puis me borner h énumérer les noms de parenté dont l'existence dans la langue mère indo-européenne est hors de toute contestation, en mettant en regard la signification certaine ou très probable que chacun d'eux a dû avoir dans cette langue. Les réflexions qu'on peut joindre à ce tableau sont celles qui se présenteront à tout le monde. Il ne faut pas, en effet, attendre de la linguistique l'explication étymologique des noms en question: les essais bien connus qui ont été faits dans ce sens ne méritent pas une attention sérieuse. Il n'y a qu'un seul nom de parenté de cette époque, silmis, fils, dont l'étymologie soit claire: il dérive d'une racine qui signifie engendrer, ou plus parti- culièrement à ce qui semble, enfanter, mettre au monde, se rapportant à la mère seulement. Encore ce mot manque-t-il aux langues classiques, ce qui ne permet pas de le faire remonter, aussi sûre- ment que les suivants, à la première unité indo-européenne. Il appartient en tout cas h une période fort ancienne, vu l'accord du sanscrit snmis, du lituanien sûnus, du slavon synii, et du gotique simus (allemand Sohn). — Les autres mots à citer sont: Pater, père; Mâtèr, mère; Dhiighatcr, fille; Bhrâtêr, frère; Sivesôr, sœur; Nepôts, petit-fils, ou neveu, ou peut-être tous deux (c'est-à-dire désignation d'une catégorie qui n'aurait pas d'équivalent dans l'organisation actuelle de la famille).

'A-be\qpôç équivaut à co-utérin (à-, particule indiquant la com- munauté ou l'unité, et beXcpûç, matrice). Le mot (ppotirip a subi une révolution dans sa signification ; il est sorti absolument du cercle des noms de parenté, de même que le vieux nom de la sœur {swesôr; eanscrit svasar-). Celui-ci est aboli et remplacé par dbeXcpri^ On

��L En revanche tons les autres noms de parenté de l'époque primitive sont conservés irarrip, lunTrip, OuyâTrip, baiîp, civoÎTepeç, éKupô^, vuôç, àve»viôç. — Les deux mots des anciens temps pour frère et so'ur ont i)ersisté dans toutes !os aiilro»^ lirnnciif^'^ d»^ la famille indo-enropéonne.

�� � 478 TERMES DE PARENTH ClIKZ LKS ARVAS.

dirait qu'il y a eu une cause de rupture plutôt qu'une sub- stitution lente.

Cliez les Latins, les firves Arvales avaient gardé le mot frnter oomnie nom de parenté en même temps que de corporation, l^e cousin germain, dans le sens de «fils du frère de mon père», se disait frater patruelis, et même tout sir>iplement frafer, ainsi qu'il est facile de le voir par les exemples du dictionnaire de Forcellini: ceci indique qu'à l'origine tous les fils de frères étaient considérés comme frafres et témoigne d'une parenté par classe (phratrie) ou d'une parenté telle que la constituait la polyandrie entre «frères». Quant au terme de consohrimis, qui signifie également cousin germain, il rappelle l'idée de descendance par les femmes^, comme dbeXqpôç et KacrÎYViiTOç.

Ce dernier terme, qui chez 1rs Grecs désigne également le frère du sang, est composé de Kà(Jiç et de T^n^oç : TvnTOÇ est identique à 7iâtHs (pour gnâtus, qui est resté dans co-gnàius) ; quant au premier terme Kadi, il procède d'un KacTiç préhistorique, perdu partout ailleurs que dans KacTÎYvriTOÇ. Le sens de ce Kàcriç primitif aurait pu être par exemple celui de beXqpûç, malrice: mais ici, il faut avouer que nous en sommes réduits aux conjectures et qu'aucune comparaison avec les langues parentes ne nous éclaire sur la nature de cet élément,^

Le mot indo-européen nepbts a une singulière histoire. La branche asiatique des langues indo-européennes s'accorde avec le latin primitif pour n'attribuer au mot en question que le sens de petit-fils ou descendant direct. Il en est ainsi pour le sanscrit nâpat, pour le vieux perse napû. Dans la grande inscription de Behistân, Darius se dit fils de Vistâçpa, petit-fils d'Arsâma, Arsâniahyâ napâ\ nous sommes informés aussitôt après qu'Arsâma était père de Vistâçpa.

Or en regard du sens exclusif de petit-fils ou rejeton direct, constaté pour le latin et les idiomes d'Asie, nous trouvons, exclu- sivement aussi, le sens de neveu ou de parent indirect, en grec, en

��1. Conmhnnus est un dérivé de soror: noror est pour sofior (sanscril smsnr), et sobrinus pour sosrinus. En vertu de certaines lois phonéti(|ues, s latin enirc deux voyelles donne toujours r, et s latin placé entre voyelle et ;•, donne tou- jours b.

2. 11 existe chez les trai,'i(}ues un mol KÔcnç frh-e dont on suppose trop facilement (jue KaaÎTvnToç est le dérivé, sans expliquer comment frafre iinlns arrive à signifier frater. Le Kclaiç des trayicjues fait tout au contraire l'iin- |ire«sion de n'être (ju'une abréviation diminutivc de Kaai^vriTo; (comme "A^eEiç pour 'AXfe'Eavbpoç), et le Kdoiç antique i\\\\ l'orme le premier meml)re de kooi- •fvriToç reste un mot inconnu sm* locpicl les conjectures peuvent s'exercer.

�� � TKKMKS DE r'ARENTK CHEZ LES ARYAS. 470

>lavoS en ;^ermani4ue, et ea celtique. De plus c'est le sens de )ieven par la sœur, qui prédomine en celtique et en vieux allemand iiefo, iils de la strur, et oncle maternel, niftUa, fille de la S(Pur; vieil irlandais niae. fils de la Sd'ur.

Il n'y a pas de mots communs à l'ensemble des langues indo- européennes pour désigner les ascendants indirects.^ Les mots pour oncle et tante sont de date plus ou moins récente et souvent dérivés des noms de père et mère: tel, patruus.

Les termes de parenté par alliances qui concordent dans les langues indo-européennes sont ceux de sjcekuros, beau-père; swelcrùs, l)elle-mère; il est possible, quoique non démontrable, que ces mots aient primitivement désigné exclusivement les beaux-parents de Vépouse, non ceux de Yépoux: dahvêr, frère de mari; yntêr, femme du frère du mari (^ijîderes, les femmes de plusieurs frères, les unes par ra])port aux autres). Nous ne savons ni comment un bomme

il)pelait les frères (!t sceurs de sa femme et leurs conjoints, ni

comment il nommait le mari de sa sœur. Il ne convient cependant pas d'attacher grande importance à cette observation. Bien qu'en effet elle soit à première vue en faveur de la prépondérance du mari dans la famille, un cbampion du principe de filiation maternelle chez les Indo-européens, pourrait facilement retourner l'argument et dire que si nous n'avons que les termes dont la femme se servait vis-à-vis de ses alliés, c'est que c'était elle qui constituait le centre de la famille. En second lieu, il dépend très souvent du hasard que tel mot primitif nous soit parvenu, que tel autre nous manque. Ainsi, quoiqu'il soit exact qu'aucune concordance indo-européenne n'existe pour le nom du gendre, cependant le sanscrit gâinâfar, qui a ce sens, a tout l'aspect d'un mot très ancien, et rien ne dit qu'il ne remonte pas ;ï la période indo-européenne. Nous aurions aussi un mot pour désigner la parenté des maris de plusieurs sœurs entre eux, si l'on adniet le rapprochement du grec àéXioi avec le sanscrit si/fila. Quant h la qualité de belle-fille ou bru, nous avons en indo- européen le terme de snusâ.

��1. (iiec; à\i.\\>\ùc„ neveu et cousin. Faléoslave: netïjt, neveu. Le féminin (lu mol suit, au point de vue de la signification, le .sort du masculin, sanscrit tnipt'ts, latin neplig, petite-fdlo.

iJ. 11 n'y a pas non plus de mots indo-européens pour les ascendants directs au delà de i)ère et mère. Les mots tels que ■ndixixoç, oni><, ou vieux allemand (ino sont limilis à un territoire linguisl,i(|ue restreint.

�� � Si l’on tire de ces données linguistiques ce qu’elles renferment, et rien de plus, on en conclura certainement que le père et l’époux devait tenir dans la famille indo-européenne une place aussi large que la femme. En second lieu, à considérer les termes relatifs à la parenté par alliance, il est évident que le mariage avait le rang et les caractères d’une institution régulière, que ses liens étaient durables et respectés. Le reste est plus douteux. On a vu plus haut que le cycle des noms de parenté par alliance que nous pouvons reconstituer, se compose de ceux auxquels donne lieu l’entrée d’une épouse dans la maison d’un homme, et non l’entrée d’un époux dans la famille d’une femme. — Les noms qui servaient à désigner l’époux et l’épouse chez les Aryas étaient probablement potis et potin. Le sens fondamental de potis est «maître», mais ce titre, ainsi que Pjctet le fait remarquer avec raison, ne doit pas faire conclure que la femme était esclave, puisque de son côté point signifie «maîtresse». C’est par rapport au reste de la famille que l’époux et l’épouse étaient maître et maîtresse, seigneur et dame. Il me semble que ces dénominations laissent entrevoir un état patriarcal, dans lequel ce n’étaient pas seulement les enfants, mais toute une familia ou tout un clan qui se groupait autour du potis et de la iwinî. Sans doute ce n’était que dans les familles éminentes que l’époux et l’épouse portaient ces noms. Ils sont curieux en ce qu’ils présentent les idées associées de mariage et de communauté patriarcale vivant sous l’égide et l’autorité d’un chef. En lituanien vësz-jMts signifie seigneur (proprement chef de clan). En grec ttôctiç a perdu le sens de maître et n’a plus que celui d’éjwuoc, mais dans un sens très relevé. Le féminin TTÔTVia en revanche, épithète de déesses, etc., signifie auguste. Le même mot se retrouve dans des-potis; et ce n’est point par hasard que des-potis est accompagné d’un très vieux féminin bécT-TTOiva: c’est toujours la même association d’idées, autorité seigneuriale et vie conjugale.’

Les coïncidences de mots pour la cérémonie même du mariage n’embrassent que les idiomes orientînix (letto-slave et indo-iranien): les termes sont dérivés de racines signifiant iiiciier ou emmener en voiture.

�� � 4SI

��COMPARATIFS ET SUPERLATIFS GERMANIQUES

DE LA FORME INFERUS, INF J MUS.

(Mélangent Renier. Bibliothèque des Hautes Etudes, fasc. 73, p. 383. — 1887.)

Les superlatifs gotiques en -uma jouent en partie le rôle de omparatifs. Fruma signifie primus ou prior. Il a la rection d'un comparatif dans fruman inris priorem vobis (Jean, 15, 18), comme aussi auliuma, dans sis auhninan sibi superiorem (Philip., 2, 3). Ces exemples ne révèlent en aucune façon si les formes comparatives, actuellement manquantes, ont existé ou non dans le passé. Il n'en est pas de mémo de Ideiduma «gauche», où je vois l'indication très claire que la finale -uma est l'héritière de deux finales primitives: comment en effet une forme de pur luxe comparable au latin siinstimus aurait-elle précédé dans la langue tout moyen d'expres- sion pour sinistej-"? Le mot pour sinister a existé infailliblement; il transi^araît sous le voile du pseudo-superlatif qui en tient lieu. fftnmin (daga) ■posiero (die) n'est pas moins caractéristique: à moins d'admettre le passage improbable du sens de postrëmus à celui de posterus, on doit reconnaitre qu'ici encore c'est au fond le super- latif qui manque et le vieux comparatif inconnu qui s'affirme in- directement ^ If tuvia, hleiduma ne sont "pas des superlatifs détournés de leur sens, mais des comparatifs travestis. Il faut que, par un phénomène m()rphologi(iue plus encore (^ue syntactique, -uvia ait été substitué régulièrement à un suffixe proscrit, affecté au comparatif. Quel était ce suffixe? — car personne ne lui supposera la forme ordinaire iza, -ôza, qui tend bien moins à perdre du terrain qu'à on gagner sans cesse '.

��1. Quelques-uns, il est vrai, entendent iftuma comme un superlatif signi- liant proximus. (".'est qu'ils supposent ù l'élément if- le sens de prope. Mais l'adjectif ibuks «diiigé en arrière» lui assigne en réalité celui de rétro, post. Dès lors iftumin daya ne peut se comprendre que comme e'cjuivalent exact de postero die. (\ï. aftero tag (T.).

2. U re faut pas joindre spêdlza avec spêdum{ists) pour en inférer un comparatif en -iza répondant à la classe en -uma. Spêdiza va avec .9pêdi.<ifs dont spêdumists n'est (ju'un concurrent tout à fnit hystéiogène, sans racines véritables dans le vieux fonds des mots en -uma.

<1 e Saussure, Oeuvres. 31

�� � 482 COMPARATIFS ET SUPERLATIFS GERMANIQUES DE I,A FORME infefUS, infimU8.

Le vieux haut-allemand, sur ce point, se trouve avoir pré- cisément conservé ce que le gotique perdait, et réciproquement, de sorte que les deux dialectes se complotent aussi heureusement que i)0ssible. Les superlatifs gotiques innuma, aftuma, hinduma (dans hhidumists) prennent place à côté des comparatifs allemands innero, aftero, hinfero. Anhnma ramené à '■ufmna^ a son pendant dans ohero ; frmiia dans forikro. La corrélation de ces formes, re- ])roduisant celle du latin infciKS-infinnis, j^osfenis-jwsfnmus, etc., est de toute évidence; encore vaut-elle qu'on prenne la peine de la constater. Les grammaires consignent religieusement l'existence de deux formations du superlatif gotique {hatids-aftuma) ; elles sont muettes sur le double comparatif du vieux haut-allemand {heziro- nftero)'\ La raison en est très simple: nous sommes ])lus immé- diatement frappés de la ressemblance d'nftero^ hintero avec les prépo- sitions comme after, hintnr que d'an lien possible, et de nature différente, avec la classe gotique aftuma; de là l'idée préconçue que ces adjectifs sont des dérivés de prépositions oi^ d'adverbes'. En réalité, entre le t3'pe aftero et ces derniers, il n'y a qu'un rapport inverse de celui qu'on suppose, ou un rapport tout à fait problé- matique et lointain. Quand il s'agit en latin d'associer superus (>t siimmus^ nul ne songe à s'embarrasser de supei\

En examhiant de plus près la composition et l'organisation de nos deux classes morphologiques, on remarque les détails suivants:

L De même que les adjectifs gotiques en uma, les adjectifs comparatifs en -ero^ [aftero, fordero, hintero, innero, nidero (?), ohero, nntero^, ûzero), ont la particularité de suivre exclusivement la déclinaison faible. C'est une conformité de plus entre les deux

��1. Cf. auhns pour *nfns = v. h.-a, ofan. Dans la forme auhmista la frica- tive est en contact avec une nasale comme ilans aûhns. — Cette explication à'aûhuma tomberait si, comme le suppose iM. Sievers {Affs. Gramm , p. 160), l'anglo-sax. ymcst était un mot distinct de ijfcmext. Mais c'est là ce qui nous paraît douteux. Les deux formes s'emploient indidéremment l'une pour l'autre.

2. Depuis que ces lifrnes sont écrites a paru la i^rammaire de M. Braune qui, au chapitre des formes de gradation, accorde une place au type aftero. Mais pourquoi y mêler furiro, èriro'i

3. «After, Avovon aftero», Paul, Vocal., 411. — ... In den ableilungen aus ortsadverbien aftriin, fordhrômi>. Ibid., 321.

4. Nous adoptons le vocalisme habituel au francique. Les dialectes méridi- onaux offrent ara. On a aussi -oro, par assimilation.

'). l'ntero ne .se rencontre (|ue dans Nolker, au neutre, pour traduire le terme technique subjectum.

�� � COMPARATIFS ET SUPERLATIFS GEBMAXIQUKS PK LA FORME tufeni-l, hlfimUS. 483

groupes. — Il n'y a pas à tenir compte des cas de déclinaison forte qui se produisent à partir d'une certaine époque: on sait que la classe heziro elle-même tend à i)rendre double flexion depuis la fin du XI® siècle. Dans Notker nos adjectifs n'offrent encore aucune trace de formes fortes ^

2. On peut conjecturer que le féminin du comparatif se for- mait en -t-n comme celui du superlatif gotique {aftumei). Inutile de dire que le féminin vieux haut-allemand aftera ne prouve pas le contraire, puisqu'on a également bezira en regard de hatizei.

3. A la même formation que aftero appartiennent ôstero «orien- tal», wëstero «occidental», sundero «méridional»-. Ces adjectifs, eux aussi, sont oj)iniâtrément représentés comme des dérivés d'ad- verbes {nsfar, etc.). FidMe au point de vue qui a été indiqué, nous les tenons pour indépendants de l'adverbe et pour les corrélatifs d'une série gotique *austuma, '"tcistuma, *sunpmna. Il est à peine douteux que tels aient été effectivement les adjectifs gotiques se rapportant aux points cardinaux {Ostroyotha peut être tiré de l'adverbe).

4. Le vieux haut-allemand remplace le superlatif perdu par la formation hinterôsfo, aftristo, etc. Il est fait aussi un large usage du comparatif nouveau hinterôro, afterôro, etc. — C'est ainsi qu eu latin, posferus s'isolant de postnmiis, se crée une nouvelle famille dans posterior, postrêmus.

5. Les vestiges de l'ancien superlatif, en vieux haut-allemand, sont l'adverbe hitamun dèmum (proprement «citimum»), et mëtamo mediocris, avec son doublet mittamo «le milieu» ^ L'a de la seconde

��1. Sauf, bien entendu, au datif pluriel: âzerên [ï, 339, <23. 341,31. 343,4. Piper), ôberê7i (I, 171, 7. 54P, 19), ûnderén (I, 388, 28), âfteren, fôrderen (I, 749, 9). Cela est commun à tous les adjectifs laibles, v. Braune, Beitr. de P.B., 11, 136, note.

2. Les deux premiers ne sont pas dans Gratï", mais tous trois se lisent dans la Délimitation de VVûrzburg et dans celle de Hamelburg'. Pour sundero on a en outre la j,'lose zi sundanm halbu (Rb. Steinm.-Sievers, 1, 31G, 34). Ils continuent d'être employés en moyen haut- allemand. L'adjectif *nordero en revanche ne paraît pas avoir existé, et il est à remaniuer que ce n'est pas le seul cas où les dérivés du mot «nord» enfreignent la symétrie attendue. Les noms composés qui figurent dans la Table des Vents de Tegernsee ottrent in- variablement ùstan, westan et sundan, non moins invariablement nord. Bien plus lard, dans le Sutnmariiim lleinrici, on a aster-, wester-, .lunderwint, mais Hortivint, et snnderwestenvint, mais nortwesterwinl, etc. K. von Richlhofen {Altfries. W.) dit qu'en frison il est singulier de trouver north «vers: le nord» en regard de aster, wester, sitther.

3. Le superlatif primitif de medhi/o-s était-il formé avec ou sans le jod ilu positif? (ih.icune des deux formes est représentée en germanique, la première

31*

�� � 484" CONJI'ARATIFS KT AlJI'KRI.ATIK.S (JKRMAXIQUF.S DE \.X fORMK infei'HS, infimun,

syllabe, dont traite M. Paul, Beitr., VI, 201, n'est pas autre chose pour nous que l'équivalent de Va gotique. Ce n'est pas le lieu de discuter ce point de phonétique. Indiquons simplement notre pensée par l'équation: v. h. -a, mëffwin: got. miduma = v. h.-a, gomo: got. giima. — Bi rrhfrme» «à bon droit» ne semble pas se rattacher aux superlatifs.

Réciproquement il y a peut-être un reste des comparatifs goti- ques dans unâarisfô^ rà KaiubTepa (Eph., 4, 9) et dans les adverbes undarô, aftarô, vfarù. On a proposé de lire (Luc, I, 5) ns afaram Abijins au lieu de us afar A., en se fondant sur le v. sax. abaro «fils, descendant».^ Le mot étant un ancien comparatif, afara -rns livrerait un beau spécimen gotique de la classe hintero.

6. Au début il n'existait aucun point de contact entre ce que nous appelons les comparatifs et superlatifs en -ero, -nimo, et ce que nous a})pelons les comparatifs et superlatifs en -yos, -isio. Leurs sphères morphologiques étaient complètement séparées, les premiers * étant tirés exclusivement de «racines pronominales» et les seconds de «racines verbales»; il serait d'ailleurs facile de montrer que leurs significations mêmes ne se correspondaient pas.

Le germanique maintient dans ses lignes essentielles la primi- tive répartition de ces formes. Les. empiétements de la part des suffixes -ero, -mmo sont nettement circonscrits aux cas où une affinité dans le sens des mots pouvait les motiver. Ils se sont produits à deux reprises. Une première et très vieille conquête de ces suffixes est représentée par got. Meiduma, v. h.-a. ôsferOy n'ësfero, fiundero, tous mots de direction et d'orientation, fjuoiqne leurs ra-

par mittamo et le jrot. mif/jiotgards (;i lire comme midjiKjijards) =^ *midJuniÇa)- f/ai-d», la seconde par mëtamo, ags. meodema, et le fém. jj'ot. miduma «le milieu», norr. mjodm «la taille». Cf. Paul, Bcitr. VI, tiOl. 11 y a, en tout é:at de cause, présomption de priorité en faveur du suffixe le plus original, le plus indépendant du positif; mais à cela s'ajoute que l'è radical de mï'tamo, en gennanifiue, assure à cette forme une antiquité considérable, puisqu'il ne pouvait ôtre puisé ni dans mitfnmo ni dans tnltti. ■ Mëtam(> trouve un appui dans le zeiid mademv (à côté de maidlim). Il faut donc tenir pour hyslérogènes le sanscrit niadhi/ainas et le grec [léaaaToc. — Le comparatif *m'êtero, ou analogi(iuenient *iiiiftcro, a laissé une trace dans miltarôsto (gloses de C.assel). Rien d'extraordinaire en théorie à l'existence d'un comparatif de médius: si l'en oppose r.n point central à une circonférence, les termes en présence n'étant qu'au nf)mbre de deux justifient l'emploi du comparatif. ■ 1. Unduraistù qu'ont cru lire Gabelentz et Lobe rappellerait la singulière forme opornisln que donne une des gloses kéroniennes (Steinm.-Sievers, L !^.'), 1 1). Cf. aussi einést, andercst. •

2. A'oy. Zeitschr. filr deutschf Philol, VII, 484.

�� � COMPAHATIFS ET SUPERLATIFS GERMANIQUES DE LA FORME infeniS, infimux. 485

cines ne soient pas pronominales \ Plus tard le mouvement se continue dans got. spiUlumists (v. p. [481], note 1), ags. sîdeynest, latemest, mots plus ou moins synonymes à'aftmna.

Quant à l'opération inverse, l'addition de -izan, -isfa à des lacines pronominales, elle demeure un fait éminemment insolite, considération très importante pour l'analyse (pie nous ferons plus bas des formes norroises. Je n'en trouve qu'un seul exemple décisif, c est fifriro, fioisto (v. norr. f y rri, fyrsir). Les autres sont des formations adverbiales: v. ii.-a. innôr, àzûr'^. 11 n'est pas même certain que le v. h. -a. furdir «ultérieurement» contienne le suffixe "iz, car il peut s'accommoder d'un primitif '■'■prteri*, et de son côté le got. faùrJÂs «auparavant» (identifié à tort avec furdir) paraît être composé tout simplement de fanr ■■}- /m,, v. h.-a. vore des^.

L'état constaté pour le haut-allemand se continue en bas- allemand sans différence notable. Le saxon a conservé le super- latif fornio primus. Nous avons dt'^jà mentionné aharo^ «fils, re- jeton», dont le pendant est forctruit «ancêtres» (Cotton. furthron). Les autres représentants du comparatif, outre thea irinistrou hand (Hèl.), sont inneron dans les gloses de Lipse, âsteron dans le rôle de Freckenhorst; avec «double suffixe» oharrun et nidarrun (rôle de Werden). Enfin îitrision (gl. L.) et moy. bas-ail. echterste = aftristo (Liibben, Mittelniederd. Gr., § 75).

Arrivons au dialecte qui livre en cette question le témoignage capital. Le système entier de nos comparatifs et superlatifs, tel qu'on pouvait l'entrevoir d'après le gotique et l'allemand, existe en anglo-saxon dans la réalité. Il n'y a d'autre changement que l'addition symétrique de -izan- aux comparatifs, de -ista- aux super- latifs : inner-ra, innem-est; œfter-ra, œ/tem-est^ etc. Cette innovation

1. Le V. h.-a. win-is-tar «gauche» remonte à la même époque, mais ou remarque: 1" t'ue le suffixe en -r a été ajouté et non substitué au suffixe -i»; "2° que le mot par sa double déclinaison, forte ou faible, occupe une place à pari.

2. A côté desquels survit la formation régulière {*prteros, *prmntos) dans fordero, fruma, cf. upôrepoç, upôiiioç et lit. inrnws.

'.i. (les adverbes semblent être de date ffermanique, car ils se retrouvent en arylo-sa-ton et en vieux norrois (v. p. [489], notel

4. Sur le sax. furdor, v. [). [48i)j, note.

.*). .C'est ce qu'admet Bernhardl dans sa petite Grammaire gotique. Comme (ontirmalion de cette analyse, on peut faire remarquer que priusqnam se dit fai'irfnzei (faiir pizei), et qu'un comparatif demanderait plutôt foi'irpis Jiau.

<■). La forme anglo-saxonne {eufora, afera) indifjue loutofois un piofntyiip

  • at)Hran- dont nous no nous explitiuons pas le vocalisme.

�� � 486 COMI'ABATIKS KT SUPERLATIFS (iEHMANiyUKS DE I.A KOHME ttlferus, illfîniHS.

même ne fait donc que mettre en pleine lumière la corrélation des deux séries. Aussi l'anglo-saxon eût-il été le point de départ indi- qué de notre étude sans le malentendu qui plane, ici encore, sur les formes comparatives et qui suffit pour ôter toute signification à l'ensemble. D'une part en effet l'épel innera (au lieu de itmerra) peut produire l'illusion d'un type *innizan- pareil à '^hatizan- (befera). D'autre part, alors même qu'on reconnaît hmem (c'est-à-dire 'Hnner- izan-) comme la seule forme légitime, l'intérêt de cette forme est nul si l'on ne s'affranchit de l'idée sans cesse rééditée qu'inwer- représente un radical adverbial. Toute la valeur d'innerra réside en effet dans le parallélisme de l'élément -er- avec l'élément -em- du superlatif innemesf. La grammaire de Sievers ne se prononce ni sur la nature ni même sur l'existence de l'élément -er-, car elle ne mentionne aucune différence entre hetera et inner{r)a. Pourtant, si cette différence était inutile à indiquer, on se demande pourquoi l'auteur signale avec soin celle qui sépare innemest de hefest et qui est rigoureusement la même, à cela près qu'elle pouvait beaucoup [)lus facilement se passer de commentaire.'

Constatons en passant que l'anglo-saxon donne une confir- mation décisive au jugement porté plus haut sur les adjectifs ôstero, wëstero, sundero du vieux haut-allemand. Leurs ê(]uivalents anglo- saxons (eâsterraj westerra, etc.) ne sont pas autre chose, en effet, que le complément de la série superlative eâstemest, n-estemest, etc.^

Le peu d'attention accqrdé aux ramifications du 13'pe infenis en germanique n'éclate nulle part d'une manière plus frappante que lorsqu'il s'agit des formes norroises. Hindri «postérieur», hinri «intérieur», etc., sont cités dans toutes les grammaires pêle-mêle avec hetri «meilleur» = Hatizè. Cette tacite assimilation n'est corrigée par aucune note restrictive, même de la part de M. No- reen ou de M. Brenner, (jui cei^endant se préoccupent en ])remière ligne de la vérité étymologique.

��1. Je ne trouve le type innerra clairement et correctement classé que dans Zeuner, Sprache des Kentischen Fsalters, § (50. — La '•1'^ édition de la grammaire de Sievers ne m'est pas connue au moment où j'écris.

2. Au nombre des superlatifs en -m- de l'anglo-saxon il faut peut-être compter l'adverbe endemcs{f), similiter, dont nous ne recberclierons pas les origines, et l'adverbe fnrdum, dont le sens fondamental paraît être primuw. Cf. skr. prathmntis et le comparatif fordei'o. Le v. norr. fordwn, en revancbe, vu son sens différent, conduirait plutôt à un got. faùra pamnm, serait donc équivalent de fyrtv pn.

�� � COMPARATIFS' ET SUPERLATIKS fiERMANIQUES DE LA FORME inferUS, ivfimUS. 487

La divergence phonétique de minni = got. minniza avec innri (ou idri) suffirait au besoin à donner l'éveil sur la disparité origi- naire des deux groupes. Qu'on remarque aussi le vocalisme de mmtri^, 0fn, eestri, neffri, toutes formes qui supposent une voyelle autre que i à la syllabe postradicale, par conséquent un suffixe autre que -izan-. Mais les témoignages combinés des dialectes con- génères sont assez forts en eux-mêmes pour ne permettre en aucun cas de ramener hhidri à '■'hindizè. Deux solutions seulement restent ouvertes: ou bien hitidri contient le suffixe -izan, mais avec une base hinder- et non hi7id-; ou bien hindri ' réipond directement au v. h.-a. hintero et n'a rien du tout à démêler avec le suffixe -izan.

Première hypothèse: "'■Jnnderizê, ou mieux *hindanzé, car le norrois comme le gotique a remplacé tout e bref atone devant r par un a. Un tel prototype eût certainement abouti, non à hindri, mais à ^hindarri», comme '■'getndizé à gjofulli et '•'anparezos à annarrar. Le seul moyen de ménager une chance à cette première hypothèse serait de la modifier en admettant une forme trisyllabique *hindrizê, d'où hindri sortirait sans difficulté de même que fegri de ■fagrizê. Seulement, rien n'autorise à faire si bon marché de la voyelle placée devant r. Sans doute, quelques-uns de nos comparatifs ont pu, à la rigueur, offrir une forme raccourcie du suffixe. Les dialectes allemands et saxons, vu leur tendance à développer des voyelles intercalaires, apportent peu de lumière sur ce point. Mais, d'une manière générale, la ])résence de la voyelle est nettement attestée par les formes latines et indiennes. On arriverait du reste avec la supposition contraire à poser, pour l'adjectif signifiant intérieur, \m germanique ^innran- qui aurait quelque chose de monstrueux.

Il faut donc en venir à l'autre solution, qui fait de hindri l'équivalent pur et simple de v. h.-a. hintero. Le féminin en i (hindri) ne saurait nous arrêter, puisque le féminin gotique des superlatifs {aftmnei) a fait présumer (page [481]) une formation simi- laire au comparatif. Mais, dira-t-on, d'où vient Viimlaut qui se manifeste chez eptri, q/stri., n0r<tri, 0fri, ytri? Il s'explique précisé- ment par les formes féminines. '■'Oharê, féminin *ot)arï, donnent régulièrement *o/r/, féminin 0fri. Le second type a été adopté pour les deux genres*. Il trouvait un appui: 1** dans Vumlant

I. Concurremment à mjrdri.

"■2. Là est aussi la clé du bizarre umlaut de itVW (archaïque hatri - *bat{i)t{è). Le féminin *hat{ï)nl devait donner hetri comme *tam(i)d'ii! temdir {2e subj. jinH.). — \tuml(int par !'/ de la •i'" syllabe peut paraître moins jilausible pour

�� � '1-88 COMPAHATIKS ET SUI'EHLATIFS GERMANIQUES UE LA l'OUME infcritS, infhnUS,

des comparatifs ordinaires tels que lengri; 2" dans celui des super- latifs ofstr, epztr, etc., qu'il nous reste maintenant à examiner.

Les superlatifs constituent en effet un des éléments de la question, et même, ponrrait-il sembler, l'élément essentiel. La symétrie absolue de kinztr-hindri avec beztr-hetri ne réfute t- elle pas à l'avance toute supposition d'un suffixe particulier contenu dai\s hinclri? Nous ne le pensons pas. Et d'abord quelle certitude y a-t-il pour que hitiztr représente nécessairement '"hindistaJi? S'il y a de l'imprudence à dire qu'il peut également sortir de *kinda- ristaF, il serait plus téméraire encore de nier absolument cette possibilité. L'évolution régulière d'une telle forme eût été: X. hin- daristaE; 2. liindristaR (et non '■'■hindarstaR, la première syncope ne s'attaquant jamais aux syllabes Ibngues); 2>. Vnndrstr, vu la chute ■postérieure des voyelles brèves devant les groupes commençant par s. La question est simplement de savoir si r en telle position se main- tient. L'exemple de fegrstr ne prouve rien, parce que Vr a pu être rétabli sous l'influence du positif. Qu'on considère en revanche le sort de Vr dans fedgar pour *feârgar, celui de \'l dans enskr pour

  • engl(i)skr, et on pourra se demander si îmizir pour '■'•hindr({)str sort

considérablement des limites de ce qu'on peut admettre^.

Quelle que soit du reste la réponse de la phonétique sur ce. point, l'explication par analogie reste à notre disposition. 11 est certain que dans le sentiment de la langue la série hindri était asso- ciée, ou plutôt confondue, avec la série betri comme elle l'est dans les ouvrages des grammairiens contemporains. Rien n'était donc plus naturel que de sub-tituer à l'ancien superlatif (/N'i^/ns/r? Idndmif) une forme qui fût à Jmulri ce que heztr est à betri.

Une question se pose encore au sujet des trois formes nardarri, framarri, sidarri'. Elles se trouvent répondre au type *hindarri posé plus haut comme l'aboutissant éventuel d'un primitif en -ar-izô. Les formes concurrentes par r simple {tiordnri, etc.) s'expliqueraient, le cas échéant, par l'analogie de spakari. Toutefois il est beaucoup plus probable que nordarri représente une formation nouvelle, faite

eptri, eystri, chez ([ui la voyelle intermédiaire, précédée de syllabe longue, a dn se maintenir ])lus longtemps. Cependant rien ne démontre que même la syncope après syllabe longue soit postérieure aux elï"ets de 1'/. Il y aurait plutôt des preuve.' du contraire à citer, j). ex. hyrfdi — on attemlraif plus exactement

  • h0rfdî —, '.V .subj. du prêt. Jiorfda (= *horfada).

1. Cf. aussi systu, œxta pour sysltu, œxlta, des verbes sysla, œxUt.

% L'anglo-s. sîdemest permet de compter sld- au nombre des radicaux cjui comportaient le suffixe en -erav-.

�� � «OMPAHATIF*! KT SUPEKI.ATIFS «KRMANIQUES l)K LA KOKME itlfcrUS, hlfimuS. 480

sur la base de l'adverbe du comparatif iionlar, qui lui-même est pour ^ttonlôz^.

En résumé, les comparatifs germaniques en -eran- constituent une classe parfaitement définie, courant parallèlement aux super- latifs en -iiman-. L'espèce d'obscurité qui les entoure, la façon vague ou intermittente dont on en reconnaît l'existence, tient à un ensemble de circonstances fortuites qui conspirent à détourner d'eux l'attention :

Affinité apparente avec les prépositions et adverbes en r.

Coïncidences secondaires avec les comparatifs en -iran- pour -izan-.

Dislocation, dans tous les dialectes sauf un, du système qui les unissait aux superlatifs en -uman-.

I^a ruine du système en question est l'œuvre relativement récente des dialectes, au cours de leurs existences séparées: c'est ce qu'atteste la diversité même des débris qu'il a laissés dans chacun d'eux. Le groupe morphologique dont on a l'image dans le sanscrit adharas-adhamas, avara.s-avamns, etc., subsistait encore intact et très vivant dans le germani()ue antédialectal.

��L L'anomalie en vertu de Inquelle l'auverbe admeltait le suffixe -ûz- après racine pronominale a été signalée p. [485]. Cette anomalie est mise hors de doute par v. h.-a. innôr, âzôr. Or ceux-ci sont inséparables de v. norr. innar, lUar, ofar, nordar, etc. En anglo-saxon, M. Paul a voulu considérer niodor, ufor comme de simples variantes phonétiques de nider, ufer (Foc«^. 410); mais leur sens comparatif est Irop nettement marqué pour y méconnaître le suffixe -ùz-. C'est ainsi (jue dans la Grammaire latine d'Aelfric (p. '240 Zup.) on lit: supra- ividufati, superius ufor; infra widniidan, inferius ntjdor. A la même classe appartient l'anglo-s. furdor, modification postérieure du vieil adverbe fnrdir (v. h.-a.) = *prteri.

�� � 490

��A PROPOS DE L'ACCENTUATION LITUANIENNE.

(intonations et accknt puopuement dit) (Mémoires de fa Soclélé de lÀmiuistique, VIII, p. 425. — 1894.)

1

Ce qui suit est le contenu d'une communication faite à la So- ciété de Linguistique il y îi quatre ans.^ Ayant le projet, dès cette époque, de développer les mêmes observations dans un ouvrage spé- cial, traitant à la fois des intonations du lituanien et de Taccent tonique de cette langue, je n'en avais pas fait l'objet d'un article dans nos Mémoires; mais quelques pages de M. Bezzenberger (})arues dans l'intervalle et qui m'avaient échappé d'abord)^, sur lesquelles je reviens plus loin, me donnent occasion de reprendre quelques points principaux, en attendant qu'ils soient exposés ailleurs d'une manière complète.

C'est une conséquence directe, ou plutôt c'est la supposition préalable de la loi de Leskien sur l'abrègement des finales, que les intonations «geschliffen» et «gestossen» existent (ou ont existé à un moment donné) aussi bien chez les lonr/ues atones qtie chez les longues toniques. Les finales «gestossen» s'abrègent, et les finales «geschliffen» gardent leur quantité, sans égard à la place de l'accent. 11 est vrai que la loi de Leskien ne permet strictement de conclure à l'into- nation des atones que dans le rayon précis des syllabes finales, et que l'existence d'un régime particulier pour ces syllabes serait par- faitement concevable et admissible. Mais une série d'autres faits, dont quelques-uns rapportés plus bas, ne nous laissent plus de doute sur la i)résence des intonations chez toute espèce de longues, toniques ou atones d'abord, intérieures ou finales ensuite.

��1. Séance du 8 juin 188".). Bulletin de la Société de linguistique, t. VII, p. liij. — Seul le point qui concerne les brèves ))riinilives iî ë ï û (voir plus î)as, p. 43() (.5011) est une addition nouvelle, un peu postérieure au premier ex- posé du système.

"2. [Zuni haUisrhen Vocalisninx, liezzenberfiers licilrihie W'W, 1S<.)|. p.213sn.j

�� � A PROPOS DE i/aCCENTUATION MTUAXIEXNE. 491

Ceci établit clairement le terrain sur lequel une étude des in- timations se trouve placée. Il ne s'agit décidément plus, sous ce nom, d'explorer un fait qui accompagne en lituanien l'accent tonique, mais un fait qui accompagne la quantité i>oN(iUE.^ Les intonations <ont une partie intégrante de la prosodie des syllabes lituaniennes; elles ne sont dans aucun rapport nécessaire avec l'accent. Qu'il y ait des influences (très importantes comme on le verra) de l'into- nation sur l'accent, et de l'accent sur l'intonation, c'est possible: de même il y a des influences de l'accent sur le vocalisme, et il ne 'ensuit pas que vocalisme et accent soient des sujets naturellement . onnexes. L'intonation, il est vrai, nous demeure cacliée en syllabe atone; elle ne devient visible (directement) qu'à la faveur de l'accent (jui la rend intense. C'est par là, simplement, que ce dernier élé- ment joue, à titre d'informateur, un rôle inévitable et continuel dans la recherche.

Nous remplaçons dès à présent les termes de «geschliffen» et «gestossen» par ceux d'intonation douce {vîjnas) et d'intonation rude {vyraa). Ces noms sont choisis arbitrairement.

Les unités, ou espaces intermittents, qui, dans le mot entrent in considération pour l'intonation ou l'accent, ainsi p-|î/ :-kst- ,«» , -cz-:ow2 -s, ne sont désignables, si l'on cherche im nom usuel simple, (jue par le terme de «syllabe», qui est sans rapport avec la chose à désigner, à part ce fait qu'il y a, pour certaines causes, autant de ces espaces qu'il y a de syllabes. Sans prétendre ici s'affranchir complètement de la terminologie imposée, on peut employer le terme de tranche inUmable (ou tranche vocalique, les deux choses s'équivalant en fait, si la définition de voyelle est conçue d'une certaine manière), uu tranche tout court, par abréviation.

Presque d'elle-même, la théorie des intonations se divise en une partie générale comprenant toutes les syllabes intérieures, et en une partie spéciale relative aux finales. Nous considérons uniquement dans ce travail les syllabes intérieures, et c'est sous cette réserve lonstante que nous prions d'entendre chacune des ob.-ervations qui -uivent.

L — Une tranche kxist.vnt depuis L'ouKiiNio, et rej)résentant a loi-igiiie une tranche mo.\<)1'Hton(;uk L<)N(iUK {■ a-, - ô -, - é'-, - / -, - Il -). est en lituani'.n déterminée ipso J'ado dans son into- nation (aussi bien qu'elle l'est par exemple dans sa quantité dans

��1. Ce terme doit »Mre entendu ici (tomme comiiicnaiit les semi-longues.

�� � 4'J2

��A rROI'08 DE I, ACCKXTUATIOX MTUANIEVNK.

��son timbre). L'intonation sera toujours rude, yi aucun accident n'est venu la modifier.

Voici quelques exemples:

��iCi)

�skr. mâtâ

�lit. jwô/^'

�skr. .v///r/-

�lit. stôti, stônm

� �skr. bhruta

�brôlis

�skf. ya-

�joli, jôju

� �skr. nàsâ

�nôais

�skr. A:â.s-

�kôsi^ti, kôsiu

� �lat. râva

�rôpc

�lat hia-tua

�ziôti, ziôju

�ip)

�skr. vâjjîis

�lit. iY7«s

�skr. r/Arl-

�lit. drti, dcjaa

� �<^ot. viêua

�>«/'«'/?

�skr. 5^//â-

�sprti, speju.

� �gr. eiîp, -ipôç

�if.'m (ace.)

�lat. sé-meu

�sëti, sëmenys

� �skr, jjad

�/;(?V/(t (ace.)

�eur. tVi-

�ësti, cdzos

�(0)

�skr. dhanûs

�lit. rf/?na

�skr. dâ-

�lit. didi, dôvami

� �gr. ÔKTiij

�aJJtthnos

�gr. Îuuff-Trip

�jiisti, jâsta

� �norr. sot

�sndzai

�lat. pô-tm

�pilla

�(0

�skr. tiras

�lit. t7/ra.s

�lat. ^î/Yt

�lit. lysè

� �skr. .(7<i;a.S'

�ffi/vas

�lat. a/i.s

�VÎ/ilH

� �ski-, rl-tis

�Ifjtn (ace.)

�v.all. .^iM

�^àufi, i>/9^('<

�(a)

�skr. st?///,2w

�lit. .94w/ (ace.)

�skr. hha-

�lit. hiiti, hàfiiu

� �skr. dhumas

�dûinai

�pu-

�puti, puliai

� �skr. yfiçam

�JàMè

�Sj/a-

�siâli, siâlas

� �v.all. dilKiint

�tûlcstantis

�jjûijam

�jmû

��De même, dans les suffixes; classe barzdôtas = lat. barbâius; classe artôjis, où Vd est sûrement aussi fort ancien. Verbes en -rfi, -ôti, -yti, correspondant à si. -éli, -nti, -iti; par exemple jrfilcôli = iskati, yanyli = yoiriti, etc. L'intonation de l'o (intérieur) des fé- minins est rude comme il apparaît par le datif pluriel meryôms, quoique les (questions relatives au datif pluriel ne doivent pas passer d'ailleurs pour susceptil>les d'une solution toute simple.

Notre formule indique à l'avance pourquoi il ne résulte pas de la loi que tout o, w, é, y, a lituanien doive être d'intonation rude.

Cas où la vo3^elle elle-même est postérieure:

1. Les emprunts au slave et au germanique ont fait pénétrer dans la langue un noml)re énorme de o r (û) y û nouveaux, en majorité frappés de l'intonation douce, et qui sont naturellement écartés d'avance de la question; })ar ex. vynas «vin», éydas «juif», rrdjas «vêtement», bnras «paysan», m^rts «délibération», hJàyaf' «cbétif», kt'tlas «pieu», czrsas «tem|)S>, et mille autres.

�� � A i'Roi>(ts DK r/Ac:c:i':x'ruATi()N i.itcaniennk. 493

2. Sans qu'il y ait emprunt, le dictionnaire lituanien est par- ticulièrement riche en mots de toute espèce dont l'origine, quelle (lu'elle soit, est évidemment peu ancienne. Quand o v fi y u figu- rent dans un de ces radicaux éirangers au fonds primiiif, nous ne prétendons point que la règle s'applique: au contraire, on leur trou- vera souvent (même ordinairement) dans ce cas l'intonation douce, et c'est ce qui rend encore plus frappant le traitement régulier des longues de vieille date. Ainsi, dans les verbes comme czoèti «glisser», knoldi «grogner», finiokfiti «souffler bruyamment», qui se dénoncent comme modernes, par leur aspect seul ou par l'absence de corres- pondants dans les langues parentes, l'intonation de la voyelle radi- cale peut être (|uelconque (on a, en fait, dans les exemples cités, czoèti, kriokfi, Jhriôkfiti).

3. Une autre série de o r n y u doivent leur existence à des innovations projn-ement grammaticales, à la création de formes ou de catégories de formes nouvelles au sein des anciennes racines. Or la voie par laquelle un nouvel o r, etc. a pu surgir dans la langue est indifférente: il suffit qu'il aoit postérieur à une certaine date pour que la loi ne s'appliiiue pas. Il est en outre immédiatement évident que l'intonation de ces nouvelles couches de voyelles longues ne sera pas nécessairement sans règle intérieure, mais que nous n'avons ici à nous en préoccuper que par le côté négatif, pour dé- l)arrasser la loi de stôti d'éléments qui ne la concernent })as.

Les exemples à' écarter ainsi seraient ])resque innombrables, et il faut se contenter d'en citer un ou deux, choisis au hasard.

\jû de pàti, pésiu «pourrir», Vy de gyti, gysiii «guérir» sont de vieilles voyelles longues, qui doivent tomber sous le coup de la loi, et qui offrent, en effet, l'intonation attendue. Mais le a y des pré- sents piivîi, gyjii, qui fait partie de formes incontestablement hysté- rogènes (le type même étant inconnu à l'origine), est placé par sa date hors de la portée de la loi. Qu'il offre l'intonation rude, ce n'est pas à la loi primitive qu'il le devra; ((u'il offi-e l'intonation douce, comme c'est le cas (3® prés, pùva, gyja), ce n'est pas davan- tage une infraction à cette loi.

Autre exemple. Lorsqu'un e (e) apparaît dans une racine qui

i pour voyelle fondamentale c, c'est le signe que cet ê ne saurait

pi étendre à une antiquité bien haute; car, à i)art deux ou trois cas spéciaux (allongement du nominatif, allongement de l'aoriste sigma- tique, etc.), ralternance e — e n'est pas indo-européenne.^ &i donc

1. C'est (lu moins ce que nous avons toujours .soutenu.

�� � 494 A l'ROPOS DE 1,'aOCENTUATION LITUANrKNXE.

on trouve l'intonation douce à un <• comme celui de drpt^, cacher, rac. sUp- (slepiù), Irkfi, voler, rac. lëk- {lekià), il n'y a rien là qui puisse ni étonner, ni ébranler la règle. En regard de ce cas, il suffit, peut-on dire, de prendre au hasard une racine comme hcg- (où Vé n'alterne jms avec c) pour constater qu'elle porte régulière- ment l'intonation rude, caractéristique des è anciens, he(/fi, hrëkfiti, r(rekii, grâéti, r/irbfi, mcf/fi, plrkfi, jjlrJJIi, slè'f/ti, vrsti, <lëti. sëti, speti, et de même ësfi, sësti^ stcgti.^ Pour la même raison de postériorité, la voyelle longue qui apparaît, par exemple, dans dakrà, ace. ânkrq en regard de dukte «fille»; dans brbrus, dialectalement bebrus, vebras «castor>, indo-europ. 'Hjhëbhrus; dans rsame, rsqs, anciennement et dialectalement esanie, esqs, ne concerne ni de près ni de loin la règle de dëfi. Ainsi de suite pour une série de cas dont nous n'avons voulu qu'indiquer la présence.

Cas où l'intonation seule est postérieure:

Les trois genres d'«exceptions> que nous venons de distinguer ont ceci de commun, qu'il s'agit de voyelles longues dont l'existence même est récente, qui, dès lors, n'ont été soumises à aucun moment à la loi qui avait fixé l'intonation de stôfi. Tout autre est le cas des formes qui, offrant depuis l'origine une voyelle longue, ont, après coup, kexvei^sk i/txtonation PRi:\nTivK de cette voyelle. Ce phénomène, auquel on peut donner le nom de métaïonie, joue un rôle essentiel pour toute la théorie des intonations et en constitue un des plus vastes et des plus difficiles chapitres. 11 est nécessaire d'indiquer brièvement quelques-unes des limites où il semble pou- voir être enfermé: .

A. Les causes de métatonie sont probablement diverses, et sans aucun rapport entre elles, selon les cas dont il peut s'agir. Nous montrerons, sans pouvoir aborder la question dans le présent travail, que dans plus d'un cas cette cause est phonétique. Aussi le nom de métatonie — avec l'unité qu'il implique — est-il purement pro- visoire. Il nous sert à désigner tout changement d'intonation dont le principe n'est pus encore clair, et dont le résultat, en attendant, se traduit à nos yeux p^r une alternance de l'intonation (caractéris- tique de certaines classes de formes, comme toutes les alternances);

��1. Les deux dernières racines (en laissant de côté êsfi dont le cas est distincO reposent étymoloqueinent sur mi- steg-, mais ont passé entièrement dans l'ana- logie du type hég-, formant même sfôgas et sodinti, comme I>ngln1i. En adoptant par des causes inconnues le vocalisme du type licg-, elles en ont pris aussi l'intonation.

�� � ainsi irjas — pavrjui, Mja — imkojui^ sàidr — pasaùlini, kdhias — pnkainiuL

B. La métatonie, presque partout où on peut l’observer, est dirigée dans le même sens pour chaque formation donnée, et ne consiste pas dans le renversement indifférent de l’une et de l’autre intonation. Ainsi les noms d’action en -ia- contracte veulent l'intonation douce : il y aura donc renversement si l’intonation radicale est rude: hctjis •< course» (cf. begfi), fiàkis «danse» (cf. Jk’)kH), Inéis «bris» (cf. hUti), dpgis «germination» (cf. d^ytl), etc.; en revanche, il n’y aura pas lieu à changement si l’intonation est douce de fondation: smàf/is «jet» (cf. ftmàgti), etc. La plupart des formations métatoniques favorisent l’intonation douce. La métatonie dans le sens de l’intonation rude apparaît comme à la fois plus rare, plus irrégulière dans chaque cas, et probablement moins ancienne en général, que la métatonie inverse; on peut citer, par exemple, certains dénominatifs en -inti: svéikinti de svelkas; gârhinfi de garhe, ace. gaPbc; Uâupsinti de limipse, ace. liaùpse, etc. (à côté de triimpiiitl — trumpas, etc. sans changement de l’intonation). Ou les déverbatifs en -ioti, comme vâlkioti, lândèoti, rânkioti, contre velka, lenda, reilka (3* prés.), etc.

C. Sauf les dérivés en -ius, tels que pfidèus, kurpius, qsûczus, en regard de pjfidas, kiirpé, asuttas, etc., il n’y a peut-être pas une seule série métatonique qui se présente comme absolument régulière.

D. Y-a-t-il des formations qu’on puisse considérer comme exemptes a priori de toute métatonie?

Les causes de métatonie étant inconnues et diverses, de plus, certaines « formations » même très simples (par ex. les féminins composés de rac. + -ô-) contenant naturellement toute espèce de couches et d’éléments hétérogènes, il n’est, pour ainsi dire, pas possible de répondre à la question posée dans ces termes.

On est réduit à remarquer plutôt quelles sont les formations dont il faut se défier.

De ce nombre est, particulièrement (parmi les classes primaires), l’adjectif en -us, complètement infecté de métatonie douce. Ainsi meilùs, adv. meîhi, adv. meîliai, contre méilé (amour) mi-las (cher). Lorsque l’adjectif en -us est rude malgré cette influence, comme dans lygus, sotus, c’est alors le plus solide témoignage qu’on puisse avoir pour l’intonation rude.

On trouverait bien quelques formations définies qui ne sont jamais accompagnées de métatonie, par exemple les mots on -tis, 49(i A PROPOS i)K 1,'accentuation lituanienne.

-czo comme pân-tis. -czo, ram-tis^ -czo, mais ce ne sont pas là des séries ayant une importance véritable.

Heureusement presque toutes les formations du verbe primaire peuvent passer pour échapper en somme à des influences métatoniques. Ce n'est que dans telle et telle classe particulière (par exemple fiylù, fiilaù, fsllii, — cf. adj. fiittas) que les conditions changent, et que là de nouveau intervient un fait de ce genre.

Observation. — En général une antiquité letto-slave paraît suf- fire pour que la loi de siôfi s'applique. (Sans doute, une foule de longues «letto-slaves» peuvent être en réalité beaucoup plus anciennes). Ex.: ôbûlas «pomme», s\. jablûko; niôjit, môii «faire signe», si. manqfi ; pronoms kôJcio, tôkio, jôkio (gén.), fil.^kakû, takû, jakii; f/lôstu, fflôsli «caresser», cf. si. gladnkû; bôba «vieille», slavon baba; lova «lit», si. lava; voverc, ace. vôvere «écureuil», si. vèverica; nùgas «nu», si. nafjû; nais «frêne», si. jasïka; begii «courir», si. bégnati; fi^vas «gris», s\. sivû; édra «loutre», û.v-ydra; rikia «propriété, demeure», cf. si. v-yknqti «avoir l'habitude».^

L'intonation nous paraît ainsi trancher la question souvent débattue de savoir si pônas «seigneur», dyvas «miracle», pour ne citer que ces mots, sont empruntés au slave, ou arrivés au litua- nien par héritage letto-slave. On aurait dans le second cas: «pd- //r?."?», etc.

II. — Les représentants de f, |, m. ij.

Si ce cas n'était celui qui a par hasard attiré sur lui l'attention des linguistes, il est un des derniers que nous choisirions (à cause de certaines complications de détail), pour introduire par anticipation des réflexions générales. Mais tel qu'il se présente, après les opi- nions auxquelles il a donné lieu, nous paraîtrions n'avoir aucune tendance déflnie dans ce travail en nous contentant de l'enregistrer sans commentaire.

En 1878, M. Fortunatov émettait une idée très nouvelle, et d'une espèce inattendue, en affirmant qu'il devait exister une re-

��1. En dehors même de toute comparaison avec les langues congénères, il suffit de prendre les noms offrant, en lituanien, une garantie (}uelconque d'an cienneté pour être déjà frappé de l'intonation régulièrement rude qui s'attache aux voyelles longues: Vôkëtis «Allemand»; Prûsas «Prussien»; Perkûnas «dieu du tonnerre», malgré toutes les formations récentes en -ùnas; et de même une interminable série de mots (jui, vomme nôi-as «volonté», ijàdas «excrément», sans être appuyés par ailleurs, sont de ceux qui peuvent prétendre à une anli- (|uité relative.

�� � A l'ROl'OS DR I.'a(:<;ENTI'AT10N tnirANIENNE. 497

lation entre certains phonomônes hindous, grecs, latins, et les into- nations (ou «accents contraires») du lituanien; qu'on ne pouvait douter que ces langues n'eussent connu elles-mêmes les différences toniques si spéciales qui caractérisent l'idiome balti<|ue. La preuve était empruntée à ce fait que le r sanscrit se modifiait régulièrement en ïr, ur, dans les cas où le lituanien montre le ton rude, ainsi pilnas, skr. purnas; contre vi/krts, skr. vrknft, etc. De même, en grec, on avait -puj-, en latin -ni-, selon la même loi tonique. {Archiv fur slav. PMI, IV, 586.)'

Dans l'hypothèse qu'on vient de voir, et qui n'est plus soutenue l)ar })ers<)nne sous cette forme, nous relevons un seul détail. La différence ûr ■ — r et la différence ir — ir (malgré que l'une soit vocalique et 1 autre tonique, l'une hindoue et l'autre lituanienne) se trouvent im})liquées au même degré dans la question de I'intoxation. En même temps le foyer de cette dernière se trouve situé, non arbitrairement, mais forcément, dans l'indo-européen.

Bientôt l'intervention du f long indo-européen apporte une autre solution à la première différence ur — r et modifie en général la position des termes, dans un sens que chacun reconnaît immédia- tement.

A ce moment, il reste incontestablement une question où les deux différences ur — r et ir — ir sont mqyliquées au même degré, comme précédemment. Mais cette question ne peut alors être autre que celle de la différence indo-européenne f — /•. Par rapport à cet objet-là, si c'est celui qu'il faut considérer désormais, oui sûre- ment la valeur réciproque de ilr — /• et de ir — ir reste exactement la même. Car ils sont les aboutissants, chacun pour leur idiome, de cette différence; ou ils en sont la preuve également précieuse.

Or il a paru que cela suffisait... Des intonations, de leur portée, de leur extension, de leur ancienneté, nous n'avons plus entendu ])arler, au moins à pro])os de pilnas — viîkas (car, pour le reste, tous les points de vue étaient permis, fussent-ils précisément en

1. Le second mérite de M. Fortunatov, en dehors de la question des in- tonations, était donc d'affirmer incidemment une équivalence indo-gréco-latine: -(;•-, = -piu-, = -ru-, que nous affirmions au même moment d'après un princijje tout diflerent, qui est d'ailleurs précisément ce qui s'oppose à sa combinaison. L'éminent savant arrivait donc à réunir sous un autre point de vue que nous {c\. Système des voyelles, p. "263 [245]) les sons sortis de f primitif. Cette coïncidence étant l'objet d'une note de sa part, Arcliip, XI, .570, nous lui donnons volon- tiers acte de l'indépendance de son résultat, (|ui est même léjfèrement antérieur d'après les dates.

de Saussure, Oeuvres. .12

�� � 498 A PROPOS DE l'acckntuation lituanienne.

parfaite contradiction avec ce que comporte maintenant le cas de jnlnas — viîkas). Desinit in piscem ... Il y avait une question et une doctrine posées sur les intonations: il y a maintenant un résultat sur le groupe /r, groupe qui a pour propriété en lituanien de ré- pondre par une différence tonique à certains faits indo-européens.

Pourquoi la question des intonations cesserait-elle d'exister, comment pourrait-elle cesser d'exister, à propos de ce qu'on affirme sur la différence ir — if?

Il est vrai qu'aussitôt qu'on rentre catégoriquement dans ce qui la concerne, et qu'on sort de ce qui concerne l'autre, nous n'avons plus maintenant qu'un seul point de repère qui touche directement l'intonation: c'est, simplement, la différence lituanienne, puisque la seconde, skr. ûr — r, était tout à l'heure, elle aussi, un fait d'in- tonation et ne l'est plus; et puisque, ramenée même à sa signification indo-européenne, r — r, (41e n'est pas davantage un fait J'wfowafiojj. (Il faudrait du moins prétendre que ce f — r est causé par l'in- tonation, comme tout à l'heure l'hindou tir — r était causé par elle. Or ce n'est la pensée de personne, lors même qu'il règne depuis longtemps une équivoque sourde entre admettre simplement «qu'il existe un f» et professer une opinion sur ce qui motive ce f ; et que, dans une question comme celle-ci, il soit au fond essentiel de se décider, vu que c'est seulement depuis l'instant où on reconnaît formellement que f vaut r-j-o, — qu'il diffère donc de fondatiox de r, aussi complètement qu'un a diffère de a, ou un st de s, — que c'est seulement, dis-je, depuis ce moment qu'une hypothèse comme celle de l'intonation est logiquement exclue.)

Nous nous trouvons donc, toutes différences gardées (car il n'y a pas de comparaison juste pour l'intonation), à peu près dans la situation de celui qui, connaissant l'indo-européen Ci : à, étudierait le timbre de l'ionien n : a, ])our en démêler les origines. Il ne lui viendra pas à l'idée que, parce que cette différence est indo-européenne, il y ait la moindre présomption pour que le fait de timbre soit pré- cisément indo-européen.

Toutefois ceci n'a qu'une très secondaire importance. I.e fait capital est que, si l'intonation répond, même indirectement, h une différence qui est f — r, nous possédons pour la première fois une donnée sur la nature du phénomène qui nous occupe. Il cesse ins- tantanément d'être un principe, et devient un résultat. C'est par là que toute la question change, et doit être nécessairement rétablie, ah ovo, sur d'autres bases. 11 ne s'agit plus de chercher çà et lii

�� � A PROPOS l)K I.'aCCENTL'ATIOX LITUANIENNE. 499

quelque effet qui permettra d'attester sa portée historique plus ou moins lointaine; il s'agit uniquement de le comprendre méthodique- ment dans ses causes avant de songer à en faire la moindre appli- cation. Tel est le principe dont nous nous inspirons.

On peut incidemment remarquer que toutes les phases de la question de pilnas -r- vilkas sont dominées par cet unique fait fortuit qu'il s'agissait d'une différence phonique qui a cessé d'être pho- nique en lituanien: ir — ir n'étant séparés que par le ton, au lieu que 6 — à, pai- exemple, sont séparés par le son et par le ion. Mais il y aura davantage à dire sur cette éminente cause d'erreurs, quand nous arriverons aux généralités.

Des deux cas visés plus haut, ne retenons que le premier, pilnas. Il est impossible de n'être pas frappé de son rapport, réel ou ap- parent, avec la loi 1 (tranches monophtongues longues). L'identi- fication avec le cas de stôti^ sera, en eflfet, l'une au moins des solu- tions possibles pour la série pilnas (= *p-\V -nos). Cette raison, comme d'autres, simplement pratiques, engageait à en faire mention dès à présent. Mais, loin d'insister sur le caractère évident du cas, nous prions plutôt le lecteur de réserver son jugement jusqu'à ce que des observations plus complètes j)ermettent une discussion utile (voir VII). Xous nous contentons ici de recueillir les exemples qui s'y rapportent:

Outre les principaux exemples cités par M. Fortunatov {pilnas^ tiltas, ilgas, vilna, mllfai, pirmas, zirnis), notons:

girti, part, passé girtas «laudatus» = véd. gurtas, lat. grains, indo-eur. *gfios.

girtas, adj. <ivre» =- PpuuTÔç; ■^kr. gtmas «dévoré». Ici se place aussi gurklys «gésier»^ — ace. gârkli, Deuisch-TÀt. Worierhuch s. v. «Kropf», — et gûrkfinis «bouchée, coup, quantité qu'on avale».

fiirjiû, fiirfilys «frelon», lat. crâbro, groupe primitif /cf 5-. Il est vrai que Kurschat donne le génitif fiifJïUo, mais il ne parait pas connaître le mot: car l'ace, plur. JJirJJlius, à la fin du vers dans Donalitius (vu, 217), prouve sans discussion l'intonation rude.

spirii «donner une ruade, un coup de pied». LMndien sphur- ne manque que par hasard: ce serait la forme «devant consonne» correspondant à sphuraii «il pousse du pied». Ace. \éd. apa-sphur-am. (Forme forte dans aor. sphari-s).

pilkas «gris» répond à une forme indirectement connue, et pré- vue, *pïk.r; en ce que skr. paliknî (masc. pallias) ne pouvait avoir dans sa forme faible qu'un / long.

32»

�� � 500 A l'ROPOS DK l'accentuation l.lTltANlKNN'K.

Irklas «rame», irii «ramer» répondent à une forme indirecte- ment connue, et prévue, *;"•-, (|ui est l'état faible régulier du groupe contenu dans èpé-rnç, èpe-Tjaôç, ou dans le skr. nri-frani, ou de même dans le germ. *ropra-, rôjan.

(lima «meule» contient le grou])e f/or-, forme faible régulière de g-yVâ-, véd. grâ-van- «meule à presser le soma».

C'est par hasard à ce dernier genre d'exemples, presque uni- quement, qu'on est réduit pour établir qu'il en est, en lituanien, de Ml fi comme de f / primitifs. Il est donc nécessaire d'admettre non seulement le fait brut de l'existence de ces sons, mais aussi la théorie précise de leur origine, permettant d'augurer leur présence d'après certaines formes fortes.

pa-àîntas «connu», pa-èktn =pa-éinstu «je connais», représentant la forme faible de Tindo-eur. g^no- ou g^enô-, ne peuvent, dans les deux cas, avoir contenu qu'un n long, lequel jusqu'ici n'était attestée que par lat. gnâ-rus et skr. gfi-nâmi (lui-même analogique d'après

  • gâtas).

timsras «brun foncé» contient la forme faible */w.çro- de l'indo- eur. *temosro-, connu comme substantif par skr. fmnisra-, lat. fenebrae, comme adjectif par v. haut-ail. finstar.

dûmti^ «souffler» est au skr. dhmâ- dans le même rapport que iinti au skr. gnâ-. Participe dnmtas = '^Ulhm-tos, skr. ^dhântas rem- placé par dhniatafi; mais la forme faible se rencontre en sanscrit même.^

întê «femme du frère» est égal au skr. i/Cda ^< femme du frère». Malheureusement Kurschat ne citant le mot que d'après Szyrwid et Nesselmann, on ne sait quel fond il est permis de faire sur l'into- nation qu'il lui donne.

III. — Les tranches existant depuis l'origine^, et représentant à l'origine une tranche monophtongue brève, sont régulièrement en lituanien de l'intonation dt)uce.

��1. Le lituanien offre sporadiquement tir ni nm un au lieu de ir il Cm in (cf. Mém. de la Soc. de ling., VII, '.»3 [463|. Fortunatov, Archir, XI, 570). Cet «  n'est pas plus spécialement le fait des ? 1 m n longs fjue des r Z m n brefs. En admettant qu'il soit propre aux premiers, c'est un caractère insignifiant à côté de celui de l'intonation. Ceci ;i propos des combinaisons de M. Bezzen- berger (v. la suite).

2. On lit Mârlcandeya Pur. 'M, 1 1, éd. Banerjea; i/athîl parvaiadhâtûnàm dôsâ dahyanti dhamyatant (contre par ex. Manu, 1,70: dahyantp dhmnifanuinùuàw dhâtûnânï tnalàh).

.'i. Cette condition, essentielle ailleurs, n'est pas nécessaire dans le cas de ces voyelles.

�� � A l'HOPOS DE l'acCKNTUATION LITUANIENNE. 501

Riuii de semblabl(\ il est vrai, ne pourrait être inféré de ce qu'enseigne Kurschat sui- les quatre voyelles lituaniennes a e i û. Avant tout, su doctrine a pour résultat de séparer radicalement: a e d'une part, i ù de l'autre; en second lieu, de faire de i û des voyelles dépourvues de toute intonation.

Ces deux voyelles ont, en effet, pour première propriété, selon Kurschat, d'être brèves, et constamment brèves. Tranche brève étant synonyme de tranche non intonable\ il ne saurait être question pour elles d'une intonation (ju-elconque, et placées sous l'accent, ces voyelles seront seules à recevoir le signe du ton neutre: t ù (à part le cas exceptionnel de plàkti mcsti).

A leur tour, a e sont, à la différence de i û, des tranches longues et, par conséquent, intonécs, mais cela uniquement dans le cas où elles sont placées sous le ton [nàldi, mhli^). Un « e atone, comme dans nakûs, medàs, est déclaré bref, et nous devons conclure qu'il est sans intonation.

Sur le genrn d'intonation de a e, rien n'est stipulé par Kurschat, qui laisse entendre que ces voyelles sont douces ou rudes comme les longues.

Une seule chose satisfait dans ce système, s'il est l'expression de l'état réel. C'est que les anciennes brèves, quoique maintenant longues où brèves, gardent cependant ce dernier trait distinctif et commun de n'être^ en aucun cas constamment LONtiFEs, comme le sont oi'ûi/H. A part cela, on ne rencontre qu'anomalie et surprise:

Les anciennes brèves formeraient deux classes séparées sur un point essentiel.

Une de ces classes aurait, de plus, une situation unique dans le vocalisme (/ û sont les seules voyelles [intérieures] sans intonation).

L'autre n'est pas moins extraordinaire, puisque a e seuls dans tout le vocalisme ont une quantité varial)le entraînant l'intermittence de l'intonation.

Enfin, dei-nière énigme;, on sait que, dans une certaine série de formes, .sans raison apparente, a e restent brefs (et de ce fait non intonablcs), même S(jus l'accent: plàkU, 'lû'Jii'r, menas, taras, etc.

Aucune de ces difTicultés ne subsiste si l'on regarde connue exact le nouveau système des quantités lituaniennes de Baranowski, tel qu'il résulte des indications données par M. Hugo Weber {Ost-

1. Il reste à savoir, il est vrai, ce que Kurscliat nppelle brève. Tout ce <|ui est bref (— ((uantité minor) dans son échelle à 2 degrés ne sera pas bref (= quantité ininioia) dans une échelle à :{ degrés connue celle de Baranowski.

�� � 002 A PROPOS DE L ACCENTUATION LITUANIENNE,

lifauiache Texte, I, Weimar, 18S2). Ce système étant conçu hors de toute préoccupation des origines, uniquement fondé sur l'expérience et l'observation de la langue parlée, n'est à ce titre nullement suspect. Trois quantités, au lieu de deux, sont distinguées en principe par Baranowski: -^ ^ ^ (longue); ^ ■-' {moyenne ou semi-longue); ^ (brève).

T/lNTÉRIEUR DU MOT NE CONNAIT QUE DES LON(iUE8 ET DES SEMI- LONGUES.^ Sont longues, à part les diphtongues: les tranches o èûy û, c'est-à-dire les anciennes longues. Sont semi-longues: les tranches a e i u (toniques ou atones), soit les anciennes brèves. Ainsi, en même temps que ces dernières cessent d'être jamais comparables à une longue primitive, elles redeviennent symétriques entre elles.

Ajoutons, en vue de la suite, et quoique les syllabes intérieures seules nous intéressent:

1^ Que le type de la brève baranowskienne, (|ui est le point de repère sans lequel le reste de l'échelle flotte en l'air, ne pourra, d'après ce qui précède, être cherché qu'en syllabe finale. Il se trouvera^ par exemple, dans pikfàs, kupczûs, formes dont les deux tranches ont même quantité pour Kurschat et valent pour Bara- nowski: -_- v-._|-^. En finale, tout à ë ï û primitif (de plus, tout âëîû sorti de la loi de Leskien) aboutit à une brève proprement dite ^, par opposition à ce qui a lieu à l'intérieur du mot.

2^ Les voyelles longues primitives, en finale (à moins naturelle- ment qu'elles ne soient réclamées par la loi de Leskien), donnent des semi-longues, à la différence encore de ce qui a lieu à l'intérieur du mot. Par exemple, les deux o du gén. oJ]kos valent •^^^-\-^^. De sorte qu'une longue ancienne finale et une brève ancienne inté- rieure ont même quantité: gén. viJJtos, ----- -|- — w.

��]. La différence à observer entre les syllabes intérieures et iinales (sans laquelle le système est simplement inintelligible) n'est pas in(li(|uée par un seul mot dans tout l'exposé de M. Weber; elle n'est révélée que par l'élude du texte accentué de Baranowski. C'est dire que, si plusieurs choses restent entourées d'une certaine obscurité et sont peut-être présentées ici avec trop de rlirueur, nous ne serons pas tout à fait inexcusable. Ainsi les réticences qu'on rencontre p:ige XVII empêchent, nous l'avouons, de distinguer clairement si aucune brève ne se produit en syllabe intérieure, j'entends dans le lituanien normal supposé par Baranowski ; mais comme certainement il n'en apparaît aucune sous le ton (en d'autres termes que l ù à è ne se lisent nulle part hors des finales), il paraît permis d'entendre de cette façon la pensée des auteurs. De plus, même atones, a e i u intérieurs ne sont jamais marqués, dans le texte spécimen, du signe de la brève.

�� � A PROPOS DE i/aCCENTUATION LITUANIENNE. 503

Le parallélisme des quantités étant rétabli entre i u et « e in- térieurs, il peut être pour la première fois question de trouver ces sons parallèles par l'intonation. C'est, en effet, ce qui se produit, et de deux manières:

1^ Tous quatre sont maintenant intonables, n'étant brefs en aucun cas.

2" Tous quatre ont la propriété d'être, d'après Baranoweki, exclusivement de l'intonation douce: haras, ffyvèna, vèda, etc.; de même îîzdas, auiihia, dùkteri, sàka, etc.

Par suite, chaque î à intérieur de Kurschat est à remplacer jiar un l a (valant --' ^)} Il n'y a, au contraire, rien à changer à l'orthographe de a e, déjà intonés et déjà RÉciULiÈREMEXT affectés DU TON DOUX chez Kurschat. Comment cette singularité de l'a et de Ve n'avait-elle jamais attiré l'attention de l'inventeur des into- nations? C'est que la règle est traversée chez Kurschat de deux espèces d'exceptions ignorées de Baranowski et qui contribuent à caractériser la position réciproque des systèmes:

1** Les exceptions portant sur la quantité (et nécessairement par cela sur l'intonation): catégorie de plàkti, mèsti. Baranowski: pîâkti, mèsti, etc., sans différence pour lui avec 3" prés. y>Ma, meta.

2" Les exceptions portant sur l'intonation même. Kurschat admet, quoique très rarement, des a e rudes, par ex. dans le mot emprunté pdsias (messager), Baranowski en aucun cas, ainsi i)àslas.

Chacun de ces différents points, si l'on faisait ici un examen méthodique du vocalisme et de l'intonation, demanderait à être dis- cuté pour son compte. Il ne saurait être question d'opposer en bloc Baranowski à Kurschat. A cela se greft'e une considération sans laquelle le conflit entre les deux grammairiens risquerait de paraître jjlus insoluble (|u'il n'est: l'un d'eux se fonde sur un dialecte dé- terminé, le lituanien classique de Prusse; l'autre ne cache pas que l'état dont il trace le tableau est une sorte de norme idéale dont beaucoup de dialectes s'écartent et h laquelle il n'est pas téméraire de dire qu'aucun ne répond complètement. On pourrait désirer plus de détails sur la façon dont cette moyenne interdialectale est déduite. Tel qu'il est, le système met une telle lumière dans le vocalisme lituanien qu'il serait impossible, i)our cela seul, de le croire fonciè-

��1. On peut garder, en pratique, l'orthographe de Kurschat. Elle ne pré- rienle pas d'inconvénient une fois stipulé que tout t ît à l'intérienr du mot est à lire î il, et offre en revanche l'avantage de rendre impossible la confusion entre u long {Mdas) et « moyen (butas, Baranowski hîltas),

�� � ri(»4 A l'RDPOS DK l'accentuation LITLANIKNNK.

renient faux: mais il y a dans la théorie de l'accentuation un fait précis qui l'appuie en ce qui concerne au moins le point capital des valeurs attribuées à i u. Nous le signalerons à sa place {Accentuation).

Le témoignage de Baranowski a permis de fixer le point qu'il importait d'établir matériellement, l'unité et l'uniformité d'intonation de la classe à ê î ù. C'est notre droit, pour le reste, d'inter])réter ce fait de la manière qui paraîtra convenable en l'isolant de tout ce qui l'entoure et de tout ce qui en change le sens dans le contexte où il est mêlé chez Baranowski -Weber. Il y aurait, d'après ces auteurs, une raison absolument spéciale à l'intonation de a e i w: on verra, dans le chapitre synoptique, quelle valeur on peut accorder à ce côté théorique de leurs enseignements.

Il est superflu de remarquer en terminant que la quantité -^ -^, chez a e i u, est nécessairement contemporaine de leur intonation même; il n'a jamais pu y avoir intonation, c'est-à-dire opposition entre les temps d'une syllabe, dans les syllabes à 1 temps, et il serait donc absurde de faire dater l'intonation à êï à de l'époque où on avait encore a ë î ii. La conclusion n'est pas du reste que cette intonation est récente, mais que cette quantité est très ancienne.

IV. — Lorsque les tranches ir il ont pour origine /• /, elles se distinguent par l'intonation douce: iniftas, vilkas.

C'est la seconde moitié de l'observation de Fcjrtunatov sur ces groupes (cf. p. 431 [49()]).

Si un rapprochement naturel s'offrait à l'esprit entre les deux séries longues ir il im in et 6 r à y à, W faut avouer que la con- cordance devient encore plus spécieuse quand on voit les deux séries brèves également d'accord: ir il iili in — à r 1 à. Nous remettons cependant à plus tard, comme nous l'avons fait dans le premier cas, toute appréciation sur la valeur de cette corrélation.

Aux exemples de M. Fortunatov, tels que vilkas == skr. irhas; participes passés mirtns, viPstas, kirstas = skr. mrtas, vrttas, krttns, on peut joindre:

ketvirtas «quatrième», gr. léTapTOç.

kirmcle, accusatif kifmclr «ver», skr. krmis.

Adjectif tiPJitas «pâteux, à moitié desséché» = lat. to{r)stus, skr. trsitas.

virJJiis, ace. virjhi «sommet» aurait en regard de lui un skr. r/-.?-, si nous possédions la forme faible de rarsman- «sommet», varM.?thas, summus.

�� � A l'ROPOS DK l'accentuation LITUANIENNE. ôOÔ

vii-has «rameau, baguette», cf. gr. fidôboç.

piPjStafi «doigt» à comparer au skr. sprstas «touché».

pirJJtas {de pet-Jjù «demander en mariage») = skr. />/-.9i?rtS «roga- tus». Cf. le mot pirfilys, ace. piT'fiU.

miPJitas {tié-mirfifù, nz-mirfiti «oublier») ^=skr. pra-nir.ifas «oublié».

diTztas {ap-dirfità, ap-diPzti «devenir consistant ou résistant») = skr. dnlhas «qui a de la consistance, dru, fcniie».

Prussien this, ace. ttrtiaii «troisième», serait en lituanien «tirczas» = skr. irtliias. (Nous considérons comme absolument indubitable le fait signalé par M. Fortunatov que les diphtongues prussiennes du catéchisme portant circonflexe sur le premier élément ne sont autre chose que des diphtongues d'intonation douce.)

Une exception assez mémorable est formée par fiirdïs, accusatif /.lirdi, contre skr. hrd-. grec Kpab-. Mais le prussien sïran, seyr, prouve que le mot a autrefois connu une forme alternante *Ji('r- = Kiîp (J/. «S. 7^. VII, 79 [443]), laquelle devait normalement s'intoner fier-. Or l'unification des intonations diverses du même radical est une tendance très marquée du lituanien (v. plus bas). Ainsi dans vûndn «aqva» l'intonation ne s'explique que ))ar la forme autrefois concurrente fid-en- (âdra «loutre»).

Les nasales n'avaient pas les mêmes raiscms ({ue /• / d'attirer l'attention de M. Fortunatov parce que l'opposition sanscrite mrtas- panias restait en apparence sans analogue dans la série matas, mais le traitement de n m est identique à celui des liquides brèves:

fiiiïitas «cent», gr. éKaiôv, etc.

Hcpiinfas, deviiifas, defimfas «septième, neuvième, dixième», 8ans comparer directement bÉKaroç, eïvaTOç, il est certain qu'on ne peut supposer ([u'une nasale brrve.

tinîdas «filet», forme faible correspondant à skr. tantram «fil», cf. tatas, xaTÔç.

ginkluH «arme», forme faible correspondant de mémo à skr. /w- /rts, gr. -qpdioç. Ici se placent: ginczax «dispute, rixe» et [f/emi giniari] f/iùfi, «pousser, chasser devant soi le bétail».

pa-miùklas «monument», cf. skr. wn-ln^. or. uéjaaTOV. Verbe \àt-mtnn\ at-iniûil «se .souvenir».

Verbe \imà\ iiîiti, h comparer au skr. i/nm-, partie, passé gâtas, et en tous cas au latin emptiis qui, dans son opposition h domitus, vomitus, suppose racine 0)*"^' (monosyllabique) et par conséquent forme faible (./)m- par m nuv.v.

�� � .)<!() A l'ROPOS DE L ACCENTUATION LITUANIENNE.

L'exception apparente que forme rhnti (^skr. ram- «arriver au repos», partie, passé 7'atas) n'aurait une signification que si le pre- ssent était «remii». (Test un point qui paraîtra plus clair si nous pouvons exposer subséquemment quelques idées à la fois sur l'in- tonation et sur le système général du verbe lituanien. Men- tionnons seulement h. ce propos que le présent mirJJfa «il meurt» (malgré mirfi et sanscrit mrtas) doit son intonation rude aux mêmes circonstances qui font qu'on a rhnsfa (et inf. rhnti) au lieu de riiîista {rimti)}

V. — Toutes les conditions restant les mémea que dans le cas de st-\6-ti (I), si la tranche de départ est diphtongue au lieu d'être monophtongue, l'intonation lituanienne est régulièrement douce (les cas de métatonie restant comme toujours réservés). — Ainsi

  • p-en-7ctos «cinqureme» ne peut matériellement donner autre chose

en lituanien que p-\eù-ktas, ainsi intoné.

Nous envisageons ici sous le nom de diphtongues des tranches à premier élément bref, soit le type ordinaire -\ër\-^-\ëi\-, -\on\-. Le cas très restreint des diphtongues primitives telles que -\èr'-, - êi-\- restera en dehors de notre recherche.

1. L'unité de départ, correspondant à la tranche d'intonation actuelle, devait être, comme on l'a vu, dans le cas de stôti, d'une certaine antiquité: indo-européenne ou équivalente. En conséquence, les diphtongues appartenant à des mots d'âge mal déterminé sont écartées de notre recherche, comme étaient écartés les -\o\-^ -y -, etc., figurant dans des mots de cette espèce.

2. Il faut encore que cette unité indo-européenne ne représente pas autre chose qu'une tranche, et une tranche longue, comme dans stôti.

Une remarque analogue n'était même pas suggérée par les monophtongues. Ceux-ci n'ont qu'une seule origine, qui est de ré- pondre à un monophlongue (sauf quelques cas de contraction). Le cas où une diphtongue répond à une diphtongue n'est au contraire qu'un de ceux qui peuvent se présenter pour ce second genre de

1. A cette série, il faut encore \o\i\Are \gemù] gimti. Participe .^/wVas «né» =^ s\i.v. ga-tas «allé». Cette identité serait trop longue à motiver ici. Aux deux circonstances dirimantes qui empêchaient de comparer le l)alti([ue gem- au skr. tjani- «engendrer» [g^ pour g^, et m pour n) vient de s'en ajouter une troisième, l'intonation. Or à ces trois égards la concordance aves indocur. *g.,mtos «allé» est complète.

�� � A PROPOS DE I.'acCEXTUATION LITUANIENNE. ô07

tranches, ù multiple origine, 11 est le seul que nous envisagions. Tout cas tel que les suivants, — que l'intonation y soit douce ou rude, qu'il ait ou non un rapport dans le fait avec la présente loi

— n'a en tout cas pas de rapport avec la formule que nous lui avons donnée ici.

Cas de m-\al-dà «prière», s'il est pour */«-ja|-(i/à {Tprus's. mad-dla).

Cas de d-er-và «bois de résine», s'il est pour dë-rM; kr-\ar(\-jas «sang» s'il est pour "■'krâ-u'ïos.

Cas de (i-\ér -ti «boire», indo-eur. *(j-ero-ti.

Cas de él-nis «cerf» poui- *cle-nis, si. jelent; savv-\àl\-ninkas pour

  • savvâUninkas. etc.

Exemples répondant à la loi:

Indo-eur. *ow^(e)ros- «autre»: — lit. antras, second.

Indo-eur. *do7it- «dent»: — lit. danfis, ace. danU.

Europ. '■'onk^o-s (ôykoç, lat. imcus): — lit. v-àfias «crochet, har- pon» (valant v-aùJkiH).

Europ. *ama (lat. misa «anse»): — lit. qm, ace. àm (valant amq).

Indo-eur. *(i^hans- «oie»: — lit. èqûs, a.cc. msi (valant éaùsi).

Indo-eur. ^penk^e- «cinq»: — lit. penki, fém. penkios. Ordinal penktas = Tré|UTrTOÇ.

Skr. maniha-s «pelle ou palette servant à battre un liquide»:

— lit. mente, même sens.^

Indo-eur, *bhendh- (irevOepôç, skr. handhus, etc.): — lit. bendras «associé, co-propriétaire».

Indo-eur. *leng.^h- (véd. ramhas- «vitesse»; verbe ramhatë, et autres formes fortes de la famille de ra(//m-6'): — lit. îengvas «léger, facile».

Skr. parna-m «aile» : — lit. spamas.

Europ. *pork^o-s «porc» : — lit. parlas.

Europ. *yhordho-s, *gliordM-s «enceinte» (got gard(i)-s, etc.); — lit. gardas «bercail»; cf. èafdis «enclos pour faire paître les chevaux».

Europ. *hQi)ardha «barbe»: — lit, harzdà, ace. harzdq.

Indo-eur. olg.Jio-, skr. argha-m «prix»: — lit. algà, ace. ahjq «salaire». Verbe skr. arhatl, «mériter»: — lit. eîgfi-s «se conduite (= mériter)».

Europ. *o/(.s- «oreille»: — Ht. aims, ace. ansi.

Skr. çrô/«-s «clûnis»: — ht. JUaùvys (pluriel).

1. L'é de mente peut passer pour iilenluiue à l'a de manthû-s. C'esl pour- quoi l'intonation à une valeur. Car la classe en -é contracte est fort sujette à métatonie.

�� � ÔUS A l'HOl'OS l)K l'accentuation LITUANIENNE.

ludo-eur. Houk^o-s (skr. loka-s, lat. liicus, v. h, -ail. lôh <clairière»): — laûkas «champ et campagne».

Gr. XeuKÔç: — lit. laiikas «marqué d une tache blanche sur le front, en parlant d'un bœuf, d'un cheval».

Indo-eur. '-'sousos, '■'sensos; ou *saHSos (skr. ç.os-, aùaTiipôç, aùtu; V. h. -ail. sôr): — lit. sausas «sec».

Indo-eur. '^^hhcuilh-, *bhou(îh- (pour le sens cf. skr. bodhayati «admonester», v. h. -ail. gi-biotnn «commander»): — lit. baûsti, '^^ prés, baûdèa «châtier».

Indo-eur. '*j)oih\o-s (koikîXoç, skr. pëças-, etc.): — lit. paîJJas «tache de suie».

Indo-euY.'hvoikiO-s, etc.; — lit. vP^fi-pata, vrfi-kelis; ^^ prén. vejiia «reçoit l'hospitalité».

Indo-eur. ■■■V/eîH'o.S' «dieu»: — Wt. de vas; deive, ace. delve.

Gr. x^if^wv, X^'M"» ^kr. hcmanta-s: — lit. zëmà, ace. semq,.

Indo-eur. *6is/ô «iV>o», *e;7i «it»: — \\i. elmi, e/H, etc.

Indo-eur. *lei<iJi- «léehei-» (Xeîxui, skr. Irhmi): — lit. Iczia, Irzti, fréquentatif Inléo.

Gén. pi. *dwoi}ôni (got. itoaddjê, v. h. -ail. zweiio): — lit. dvejû}

1 . Les exemples suivants laissent davantage à désirer, soit que J'élymolo^'ie, çà et là, soit douteuse, soit que le groupe plionétique primitif ne soit pas de forme absolument indiscutable dans chaque cas. Ils ont néanmoins l'avantaj^e de montrer (jue dans la masse des Kas où une diphtongue primitive est ]>rohahle, c'est bien une seule et même intonation ([ui règne.

Skr. anc/âras «charbon» : lit. (iuffDi^f ace. angli. — Euiop. angh- (àfx^t lat. ango) : lit- afikijlas «étroit». — Lat. angvts : lit. anyïs, ace. angi- — Indo- eur. onk^-, forme forte à rétablir d'après véd. ahfu-hhis «de nuit» : lit. ankst), ij] anksto «de boime heure». — Gr. YÔHCpoç, skr. fjamhha-s, v. h.all. komb «peigne, crête» : lit. zamhas «angle formé par les cotés d'une poutre (Kurscliat écrit aussi: êâmbafî). — Gr. KâjaTTTUJ : Ht. kanipas «anglo. (?). — Skr. bhanga-s «bris, rupture»; et «vague, lame» : lit. bangà, ace. banga «vague» (V). — Véd. çu-çvant- «éternel, dont le retour est infaillible et régulier» : lit. ijcefltas «saint, sacré» (Noreen, Urgenn. Li/dlcira, ^.'118). — Gr. ^éjn6o|Liai «tourner, se mouvoir en rond» : lit. »rj7.(7^i-s «se plier, se courber». — Gr. ôpxiç, (.v-op\oi;:\i[. erzilas «étalon». — Indo-eur. *wers-, cf. lat. verres, forme forte de skr. rrs-ctn- ; lit. ver , Us, -in «veau» (sans valeur, à cause de la mélatonie courante dans cette classe de thèmes). — Germ. *hirdia- «berger» : lit. l-errJzns, sans valeur pour la même raison. — Skr. tarp- «se rassasier» : lit. tarpti «prospérer». — Skr. sparç- «loucher» : lit. pe?iJf «dolet, être sensible». — Indo-eui". *Jc(>r-t-, forme forte de skr. krlms «fois» : lit. kartds "fois», qui toutefois peut dépendre simplement de kerth. — Cretois BpiTÔ-iJapTiç nvirgo ilulciî.!) : Ml. ma rù, ace. marczn. — Gr. Qé\yw «fas- ciner du regardV» : \\l. zrelgti «regarder». — Skr. alinis ipetit, faible» : lit. (///>// «(s'évanouir, tomber en faiblesse». — Skr. pâta-s «petit d'un animal» : lit. 7^r^»/r/.s «d'uf». — Ltii, aurôrn ; \ii. aùijta «le jour se lève»; (tu/jrà, ace. aù/jra «Vaurove.'»,

�� � A HKOPOS 1)K I.'ACCIATUATION LITIAN'IENXK. ÔOO

Lorsque la forme à diphtongue est on rtroite alternance dans la langue avec des mots de même famille, où le vocalisme diffère

— qui dépendent donc d'une autre règle, alors même qu'ils n'ont pas une intonation difiFérente — , le cas peut paraître légèrement plus obscur, en ce que la possibilité d'une influence analogique est alors concevable, et devra être sans doute accordée çà et là. L'essentiel est, en ce moment, do remaniuor que cette hypothèse n'est jamais nécessaire :

Ainsi vert- ou vart-, dans vercza, versti «retourner», fréquentatif varto^ PEUVENT, incontestablement, avoir tiré leur intonation de vifi- = ^•r^, contenu dans virsta, virsti. Mais rien ne démontre qu'il en soit ainsi, ni n'invite particulièrement à le croire. Le libre dé- veloppement du primitif */(rrt-, '^irnri- (skr. vnriaii) devait donner précisément vert-, vart-.

Considérer sous ce même point do vue:

keft-a «il frappe», A:ar^-r>, ace. kart-q «couche, étage, tranche», éclairés dans leur intonation non par kirstas, mais (fort indépen- damment de toute forme comme kirstas), par indo-eur. '^kert-, skr. kart-ana-m, action de trancher.

verz-ia «il serre, étrangle», gr. èépYUJ (sans qu'il y ait à s'oc- cuper des formes qui ont viré-).

verh-à, ace. verh-q «rameau», lat. verhéna (sans qu'on ait à rapprocher virbas, p. 439 [505]).

— Skr. çôcatè «être chagriné, être dans le deuil» : lit. j^aûkti «crier» (le rap- prochement serait plus certain si on pouvait le compléter avec. got. htufan «se i.ame:^ter», mais f, ou x^, pour k^ après u paraît inadmissible). — Eur. *dhreugh-, got. driugan, ilriiffun : Vit. draùgas «compagnon>. — Eur. *koHko-, \.h.-a\\.houg, «colline» : Yû. kauknrà, nom. ])l. kaûli-ai-os, ainsi intoné Knrschf\i, N. Test. Luc. H, 5; '23, .30. — Indo-eur. *koupo-, *konbo- «tas, monticule», zd. kaofa, anglo-s. he<îp : lit. kaûpas. — Eur. "dheus- «respirer», got. dias «animal» : lit. daùsos

air, atmosphère». — Eur. *dhenho-, goi.diups «pi'ofond» : lit. ^/««ià, ace. dailhq «fosse» (de la même racine, avec tranche - um\-, dmhblas «vase, sol marécageux» = v. h. -ail. tumphilo «endroit profond, gouffre»). — Indo-eur. meik^- «mêler», cf. gr. MeiSiK\éouç, aû,u|ieiKToç : lit. maliltas «émeule», verbe maîj.tO. — Europ.

  • muino- échange» : lit. ma tuas. — Gr. aixM'l : lit. je/jmas «bioche (?)». — Gr.

(fa\bp6<;:ïiL gëdrà, ace. gedrn «beau tempsv (Fick). — Eur. *koimo-, gof. haims: lit. kcmas «village». — Indo-eur. *poitu-, forme forte de skr. pïtu-s '(nourriture, repas», zd. arem-pifu- «nn'di» : lit, petûs «le dîiier, midi, le .sud», — Indo-eur.

  • (s)k^eit-, *(s)k^(nt- "discerner», skr. éikët-ti «il discerne», cët-as «l'entendement»,

lcét-u-8 «drapeau, signe distinclif», germ. "haidti- «distinction, rang, classe, per- sonne» : lit. slkUlto, 3' prés, «lire» et «compter». — - Indo-eur. *k.^eU-, peut-être identique au précédent (skr. cit-ra-s «nuUticolore, niulliple») : \\i.kets-ti «ciianger» [k)l(is «autre»). — Indo-eur. *dei-no-, dî-no- (jour» : lit. dihià, ace. dihia.

�� � ÔIO A HUdlMIS DE l'a(X;ENTLAT10N MTUANIEiNNE.

vetk-a «il traîne», gr. è'XKUu (sans faire intervenir IMntonation de viîktas «traîné»).

lend-a «il se tapit, rampe, glisse», skr. randh-ra-m >:<trou, cachette, repaire» (à séparer de prêt, lindo, inf. lîsfi).

èeng-ia, éeng-ti «marcher», skr. garigha «jambe», véd. gamhas- «chemin, parcours» (accompagné de éing-, imgsnis).

fês-ia, fês-ti «étendre, étirer», skr. iamsati «secouer», cf. acces- soirement got. pinson «tirer» (le tout restant indépendant de tîs-, contenu dans /wfa, tïsti «s'étendre»).

rem- H, rem-siu «s'appuyer», skr. rantum, ramnyatë «se délasser, se reposer». (Ici les formes offrant rim- sont d'ailleurs de l'autre intonation: verbe rimstu «se tranquilliser», v. p. 440 [506]).

mâ-sto, soit man-sto <il réfléchit, pense» (inf. mqstyti); pa-nieTi- kîas «monument», Anyksz. Szil. 139; cf. skr. manira-s, gr. MévTUup, etc. (Constitue un autre cas que mifiti^ jmmifiklas). — La forme liamenklas pourrait sembler douteuse si elle n'était attestée que par Baranowski (qui par son dialecte natal était en effet dans l'impossi- bilité de distinguer entre paminklas et pamenklas), mais je l'ai sou- vent rencontrée dans des textes 2emaïtes, et l'existence de la forme une fois assurée, il n'y a pas lieu de supposer que l'intonation que lui prête Baranowski ne soit pas exacte à son tour.

snêg-as «neige», snatg-ûlè «flocon de neige», snaïg-o, verbe fré- quentatif. L'intonation est la même que dans sninga (il neige); la même encore que dans snîgo, smgti (lire snîgo, snlgti). Elle est due, dans sninga, à la même loi que dans sncgas (p. 445 [511]), dans snîgo à une loi différente (p. 435 sq. [500]). L'important est que ni sning- ni snîg- ne sont ce qui justifie ou explique sneg-. Un seul terme EST À CONSIDÉRER pour cc dernier, c'est le primitif *snoigh-.

fivët-, /Jvës-ti, 4® prés, fivlcza «luire», cf. skr. çvct-até, sans con- sidérer de même Jivinta, ou ^fivlfo {fivUo),

lëk-ti «il reste>, lalk-o «il fait rester, tient», lalk-as «temps»; cf. indo-eur. Heik^,-, *loik.,- (XeiTTcu), sans mettre en cause l~\ko, Wcfi {lîko, Itkti).

peîk-ti «trouver à redire», i^alk-as «esprit chagrin, mauvais esprit, fou», cf. indo-eur. *peik-, *poik- (forme forte de TTiKpôç; V. h.-âll. féh «ennemi»), sans établir de solidarité pour l'intonation avec pïktas (pîktas) mauvais.

veîk-ti «perficere vel efficere, gagner un résultat» (ï-veîkti a très souvent le sens pur et simple de vaincre), valk^as «enfant; propre- ment résultat»; cf. primitif weik-, '■'woik' (forme forte de lat. per-

�� � A Pn(H'(i< DK i.'acc.kxti'ation i.ituaniknnk. ôll

vïcax, contenue dans vïcî ou dans got. n-eihan «combattre»), sans obscurcir ce rapport par la collation de Kùk-, dans vikrùs «actif».

^lê-ii, 8* prés. Jilc-ja «s'incliner, être en -pente* , JHaî-f as «pente»; cf. indo-eur. *kjei-^ *kJoi- «incliner», hors de toute question pou- vant concerner _filî- dans su-JJl)j^s, etc.

klails-o «il écoute», cf. indo-eur. k\leus-^ skr. çrôs-até (exacte- ment éclairé par la forme faible çrus-fi-s), en laissant de côté klûs-, dans 2m-kÎHniii)s. — L'intonation de klâusiu «j'interroge» est un des problèmes auxquels on aperçoit le moins de solution dans toute l'étendue des faits d'intonation.

prar(s-ii <<se laver le visage», cf. indo-eur. *prem-, forme forte de skr. prusati «asperger, inonder», sans faire intervenir jmis- dans j)rnsnà «mufie, museau de la vache» (partie qui baigne ;\ ra])reuvoir).

A ces exemples s'ajoutent en particulier:

1. La syllabe -ant- du participe, laquelle est d'intonation douce. On ne peut s'en assurer directement, vu qu'au nominatif {nejias, etc.) la sylla])e, comme finale, n'est plus dans les conditions ordi- naires, et que dans le reste de la flexion elle ne reçoit jamais le ton: nèfianti, etc. Mais il résulte de la loi développée plus loin {Accentuation) que l'accent ne pourrait pas tomber sur ne- si la syl- labe suivante était rude.

2. La diphtongue des présents à nasale infixe, tels que l-\im[pa = skr. limpati; sn-iù-ga = lat. ningvit; pa-i- un-da, cf. iruvGâvojLiai. Cette diphtongue est indo-européenne^: elle était naturellement de même forme quel que fût le verbe, et elle est en lituanien de même intonation quel que soit le verbe. — Les présents en question for- ment un des cas mémorables où l'indo-européen admet par exception que i-f», u-\-n, r-\-n, etc., dans la même syllabe, fassent in\, un , etc. (et non jn, wn, etc.); c'est grâce à ce fait que nous avons ici l'occasion, à peu près unique, de constater, comme il fallait s'y attendre, que la loi s'applique à in, un primitif aussi bien qu'à on, en, etc.

Les cas contraires. — 11 y a deux catégories de formes sur les- quelles la loi ne prétend rien établir, ni dans un sens ni dans l'autre:

1. Les formes qui, autant qu'on peut le voir, n'ont jamais con- tenu qu'une diphtongue, mais dont on ne sait si elles ont existé de tout temps {làngas, fenêtre, vdr2}a, épi, lepa, tilleul, etc.).

1. L'idée que limpa, bunda se ramèneraient à *lipna, *hudna, ou autres formes plus ou moins voisines, tenait simplement à un ensemble de vues erro- nées qui empêchaient de comprendre le type indo-européen *li-m-pé- = *li-né-p-

(7- cl.) 4- suiï. -e-.

�� � M'i A rnoros dk i/acc^ntiation litiîaniknne.

2. Les formes qui ont existé de tout tein])S, mais dont on ne peut prouver qu'elles aient toujours offert une diphtongue.

Pour qu'il puisse être question en un sens quelconque d'une exception k la loi, la condition préalable est que le mot ne rentre dans aucune de ces deux classes. On se trouve alors en face d'une quinzaine de cas comme v-vnas «un» {*omos)\ véidas, véizdmi «voir»; mclas, inéihl «amour» (si on compare laeiXîxioç); j'cfikan «je cherche» (v, h.-all. ewcôw); mcz'm, mefilas «fumier» (indo-eur. ■•'met')?/*- ; cf. mèéa mingit, reposant comme le latin sur une 2® forme, *mengh-, avec intonation régulière); mâifias «sac» qu'on rapproche de skr. mê?a-s «bélier», mêsî «peau do bélier»; fankas «graisse» = *feuko-, v. h.- all. dioh (l'adj. taûkinas ne suffit pas ù prouver que la métatonie soit du côté de fâuk-); ràudmi «je me lamente» = skr. rôdimi (Pintona- tion n'est pas bien attestée; elle est douce dans le subst. raudà, ace. randq, ce qui d'ailleurs est sans portée) ; ridufpni et râiigas «le- vain», gr. èpeuY-: pldufi en regard de TiXeûcrai (cf. plaù-k-ti); bernas «garçon» remontant apparemment à *bher-no-i got. barn; et un cer- tain nombre d'autres, parmi lesquels pérdèu contre gr. Trépbo|aai, skr. pard-. Ces exemples, cités ici sans ordre se présentent dans des conditions très diverses, qu'il ne peut s'agir d'apprécier dans le pré- sent article. Il sera nécessaire notamment de tenir grand compte d'une tendance curieuse du verbe en -mi, -éti, et -mi, -oti h la mé- tatonie rude.

A suivre. [La suite annoncée n'a jamais paru.]

�� � SUR LE NOMINATIF PLURIEL ET LE GENITIF

SINGULIER DE LA DÉCLINAISON CONSONANTIQUE

EN LITUANIEN.

(Indogermanische Fnrsrhum/en IV, p. 450. — 1894.)

Le fait de la complète disparition de la voyelle primitive dans la désinence du nom. pliir. âkmens, môters, gén. sing. akmens, moieP.s est en désaccord ouvert avec le traitement de l'ensemble des finales lituaniennes; où aucun cas de syncope absolue n'est autrement connu. Tout ce qu'on a pu invoquer pour atténuer l'anomalie est que la voyelle perdue devait être dans les deux formes un é* (si. mater-e etc.), et que nous ne constatons nulle part en lituanien la conser- vation d'une finale -es, mais seulement de -as, -ïs, -us. L'argument paraît assez faible.

Cette syncope est irrégulière si elle est simplement préhistorique (antérieure à nos monuments). A plus forte raison si on la recule jusqu'à une époque préhistorique anïé-dialectale, où décidément il ne restera plus rien à lui comparer.

C'est ce que fait, à notre étonnement, M. Brugmann, écrivant JAt. Volkslieder, p. 288 n.: «Dass schon urlitauisch nicht mehr Vok. + «s, sondern Nasalvokal + s gesprochen wurde [savoir dans 2(ms, (dêji's, gri-iaâ, siiisiu], beweisen die Formen wie akmèns, szùns».

On voit que l'auteur de ces deux lignes n'est pas seulement {•ersuadé de la date anté-dialectale do la syncope dans nioters, akmens; • laprès lui, V-ens antédialectal d'akmens est tellement certain que (•'(îst ce qui doit servir de point de départ pour l'appréciation historique de toutes les syllabes nasales du lituanien.

A quoi il est impossible de ne pas opposer immédiatement les deux vues directement contraires: 1" Bien loin quahneiï.s permette de juger de at/^j^s, c'est à la condition d'avoir préalablement élucidr la question de atèjës et de tout ce qui le concerne (taoës, sekâs, einqs, sf'kâ, elnq, kf'lrss), kù, anà, viePua, mergà, bnlu, tavç, gcnis-ias, etc.) <|n'une opinion devient régnlièrfincnt pftssililc sur le (^as de nkiiicîis. de Saussure. Oeuvra. ;;

�� � r)14 HKCLIXAISON cn.NSONANTIQUK LITCANIENNK.

2^ Mais si après cette revue des iinales en -r.s, as et de leurs états «lialeotaux, quelque chose est hors de doute, c'est justement i.'i^j- j'ossiBii.iTÉ ABSOLUK de supposer un proto-lit. *ff/.-mf'//s finissant par -evs.

Le but qu'on se propose ici n'est pas toutefois d'établir, par cette voie ou par une autre, que la fornne ahnenes existait encore dans le lituanien prédialecial. 11 nous a ])aru en effet ressortir plus directement de quelques textes que akmoiës, ainsi qu'on avait toute raison de s'y attendre, est encore authentiquement devant nous au XVP et raênae au XVIP siècle.

Nous n'ignorons pas sans doute qu'un discrédit général, assez justifié par certains excès, enveloppe les formes «indo-européennes» qui sortent dejîuis trente ans des vieux imprimés de Konigsberg et de Wilna. Tout dépend ici de l'esprit dans lequel chaque recherche est conduite, et dont le lecteur reste juge. Avant tout on ne doit pas se départir de ce principe que la valeur d'une forme est tout entière dans le texte où on la. puise, c'est-à-dire dans l'ensemble des circonstances morphologiques, phonétiques, orthographiques, qui l'entourent et l'éclairent.

C'est cette règle même qui nous empêche de tenir compte, jusqu'à plus ample informé, des dix-huit exemples de nom. plur. et de gén. sing. en -es, comme moteres, apportés par M. Bezzenberger, Beitr. zur Geschickte der Lit. 6}>r., p. 130 et 140. Sur ce nombre, treize sont empruntés à Bretkun. auteur qui nous est encore presque inconnu, et dont la langue, à en juger par les fragments publiés, ne présente pas la fixité d'un dialecte régulier. C'est sur d'autres témoignages, permettant le plus large contrôle, que noue fondons, exclusivement, la conviction que nous avons exprimée.

I. — Szyrwid; dialecte de l'Est. Punktay Sakimn de 1G29, éd. (iarbe. — Les passages bibliques cités ou intercalés dans le texte ne présentent pas en général de différence de langue ou d'orthographe appréciable; nous désignons toutefois par hi}>. les formes empruntées à ces passages.

Nom. plur. des féminins.

nioter-: — triraij ir vtotereu \^M,^\. l-(i(l mofprefi ir nierfinx jn-uhhnniricij ... redofi 10.5,23. — (Pa.s d'autre forme.)

dukler-: — duk/prrs Sinno . . . iiticfif IriHii urtifkscioio _'7. , . . fl'n'= d'autre forme.)

(lén. sing. de.* féminins.

moler-: — wirefniu moteres ira tciras 01,2».. sufd-i hittu humis ahida. kari I.Jnzafn.';] hutn /infififris In innfpres 1.'i!2.2t. — (Autre forme, nioferirs l)2,v'. 05,28.)

�� � nrr.MNAlSO.V niNSOVAXTlOl E I.ITCANIKXXK. ■>|.i

Dans un dialecte comme celui de Szyrwid et avec une orthf»- graphe aussi sûre que la sienne, les valeurs possibles de cette forme en -es sont immédiatement bornées à deux: ou bien moterés, par adoption de la forme des féminins de la classe ioir, ou bien moter-es, par conservation, sans syncope, de la vieille forme consonantique. Une troisième hypothèse ne se présente pas.

Que dire de la première explication? Elle est, en principe, possible; cela suffit pour que nous n'attachions nous-même aucune importance au témoignage de ces féminins. Dire, après cela, que cette explication soit probable, serait dès maintenant très exagéré. Il serait naturel, si le noni.pl. était réellement moterés, qu'on trouvât, au moins çà et là, l'ace, plur. conforme moterés, mais on ne lit jamais que moteris, dukferis (22, 21. 92, 13. 92,2t. 94,27. 96,32). L'unique trace, dans toute la déclinaison, d'une contamination par le type èolc, est l'ace, sg. motery 97,7 (ordinairement moteri, 91, le. 95, 30. 105, 13). Szyrwid en effet, sauf dans les diphtongues, réserve régulièrement, à la fin des mots, la lettre y aux / durs sortis de e: ace. et instr. ziamy = êeme, contre ace. èodi, 3" prés, turi etc. De sorte que motery signifie en principe motere. Mais on voit combien facilement ce motery peut reposer sur une simple faute d'impression.

Nom. plur. des masculins.

akmen-: — itdi rundafi . . . èimciugaji ir akmenes brungus 145,5. — • (Autre forme, akmeniey 112,-.)

vanden-: — ifieys wunde/nes giivi ii Jérusalem 14.5,1? bih. — (Pas d'autre forme.)

pëmen-: — kas deftis pu hieltuwomt.s kad miegti piemenes, kas deftix j'n dnéiomis tmoniu kad miegti kunigay'i 118,2-2. — (Pas d'autre forme.)

(îun-: — wifi fiunes kurie negal lot 118,20 bib. — (Pas d'autre forme.)

Gén. sing. des masculins, vanden-: — kuyp wiuidenes muriu apferuu 145, ly bib. — (Forme ordi- naire: wundenio 22,8. 34, 13 etc. nkmenio .37,27 etc. pienietiio 77. 10. i>iumenie>> lJ7,i, de piûnm «moisson».)

Quoi que l'on pense des féminins, tout le monde aura de la peine à se persuader que pëmtl, vandil, aient jamais été prendre leurs formes dans la déclinaison de êolc, et nous eon.sidérons donc le débat comme clos en co qui touche Szyrwid. Une ressource désespérée pourrait être aperçue peut-être dans le masculin unique êmonés (en effet masculin chez Kz.),. qui aurait servi de modèle à un nom. plur. <piemenfis". Il est malheureux (pie èmonés n'ait précisément pas de singulier, ce qui le rend impropre à expliquer le gén. sing. ?rîwrfew«'.<?. On ne pont douter, à part cela, que c(> masculin lui-même ne soit

33*

�� � •'>l(i ItKCl.INAIiON CONSOXAXTKjCK MTl'A.MK.V.XK.

fort ivceiit comme tel, étant (nicore, dans nombre do textes, du genre opposé.^

11 reste à recueillir les divers débris de fiexion consonantique qui peuvent compléter notre information, en permettant de mieux peser les chances générales relatives au nom. plur. et au gén. sing.

Gén. plur. desimtu 123, n. [Analogique x^rietalhi 8:5,20 (duel). 129,27. 13i,2. 149,5.] wiefipatu 54,t5. 105,u. (en outre duntn. kriUii). iiiicii 40,24. 151, u.u. zweru 39,i.s. 48,32. 77,i2. vioteru 38,.i2. 90,ig. akmenn 114,!i. 140.8. 140,2i. inmdenu 60,i8. 66,2. 95,2«. — En revanche: rlnhlenn 94,2i. nkmenm 17,i3. 72,8. 79,)'.i. 131,30. [priezafciu 96,25. 104,4 etc.]

Nom. sg. deiims 8,17. 138,b. phonétiquement issu de *dejlmfs.^ U'ieJ.ipafs (({ui est seul employé par Sz.) devrait faire de même «vëJJpasTi.

Dat. sg. Wlejipat 7 fois (les ex. chez Garbe, p. XLI). — En même temps Wii'JipaM 66,0. 84,12 etc. Wiejipatip 23,is<. Ik piiimeni. glosé inuklry, 117,i.

OBS. — Que Wiefipati dans Sz. doive ou non se lire simplement vëJSpatji par % long (comme smerty. kriksczoni/*), il est certain que Wic/Jpaf, pour sa part, suppose une autre forme: rë,]pafT, qui, d'où qu'elle provienne, n'api);irtient pa<. elle, à la déclinaison en -/-.

Pour obtenir quelques idées plus précises à l'endroit de Wieftpof. il est bon toutefois de reprendre les choses de plus haut:

1. Dans le gérondif cum dativo sekanti-sèkanf, sekiisl-sèkus; de même dans mani-màn, tavi-tdr, mvi-sâv, Yi peut en lui-même, comme tout /"final, représenter soit primitif -ï, soit prim. -ë. -ï ou -m, abrégés par la loi de Leskien. 2. Gram-

��1. C'est ce dernier genre, féminin — , qu'il faut revendiquer en efïet comme primaire pour imônés, contrairement à l'idée naturelle d'après laquelle le mot serait le pluriel de imû (Forma Chrikst, 42,5. 42, sa). Le mot tmônès a dû reposer, dès le principe, sur un dérivé ènion-id-, vu qu'il n'y a pas d'exemple du gén. plur. 'émonu» même dans les textes les plus conservateurs du gén. plur. consonantique, disant par ex. ausu, zansu, duru. Ugotvi. Tout prétexte à lui reconnaître originairement le genre masculin est donc enlevé. En même temps, concluons pour ce qui concerne notre sujet en général que imonés ne doit donc pas être mis au nombre des mots chez lesquels une finale -es peut être soup- çonnée. — Reste à décider ce que représente la forme èmonis. sur la décl. en -i-, répandue dans le N. E. du territoire.

2. L'idée que les exemples cçmme aknienu seraient de simples graphies négligées pour nkmeniu est complètement exclue quand il s'agit de Szyrwid. Ainsi on n'a jamais -nu pour un thème en -ni- ou en -né- (finagenu 11, 12 ne vient pas de smàgenés Kursch, mais de smagenos, voir 125, 12. ir..). — Notons en passant l'absence de gén. plur. consonantique pour éirdis {éirdiîn 09,*), debefis (dehefiu 151, «), menuo {menefin 49,i8), malgré instr. luenefim 51. 22.). — L-; nom. pi. de èuwn, èwei'u est simplement en -is (135,24. 151,24).

3. La même forme (est-ce faute pour desinif?) aj)paratt 138,7 comme ofTu- sittif. Ordinairement deMmti (63, u etc.).

i. Nous admettons, comme le fait Brugmann, Grandi:, II, 604, que c'est ainsi qu'il faut lire le datif smerfi etc. Quel(|ues graphies pourraient faire crf)ire à smcrfïj. L'essentiel est cpic 1/ do ce dalif-l;i \k sk syncope j-as.

�� � PKCI.INAISON i.ONSONANI lui K M 1 rAMK.NMt. ") | 7

malicaleinenl, les hypotliéses sur l'origine de pareilles tonnes n'élanl pas limitées, il n'y a pas de raison pour déclarer même une seule des quatre alternatives absurde ou impossible a priori. 3. Le rétléchi se/i-antî.s, se/i-ush prouve seul que, pour le gérondif, l'hypothèse juste est primitif -T, établissant ainsi l'existence (mi lituanien d'un cas consonantique — 96povT-i. 4. En ce qui touche mani-tnûn, un moyen correspondant de décider entre *-i. *-ë, *-î, *-<« n'est pas donné par nicnnp{i), tavTp(i), parce qu'il est difficile de démontrer que les formes en -pi reposent aussi absolument que le réfléchi eu -,>>/ sur un état des finales antérieur il l'abrègement de Leskien. (A-t-on du reste une garantie formelle de la quan- tité de mvïpi etc. quoique ce soit celle que reconnaît Kurschat N. Test. Marc. 9,5o. Rom. 8,23. le Ep. Jean 5,10?) C'est donc principalement ou uniquement à cause du trait commun de la syncope de 1'-/ — sans vouloir affirmer cjue les -ï = prim. *-? soient seuls susceptibles de syncope — que nous regardons mân tâv sdv comme renfermant le même datif que sèhant.^ 5. Enfin pour {vëjjpafï) cëjjpctt, les hypothèses possibles sont dès l'abord ynoumuticalenient limitées', on ne peut songer que a) au datif originaire, akv.marHt-ê, qui aurait donné -ï par abrègement de -ë. mais cette supposition est exclue par le fait que ce datif survit ailleurs et ne ntthit pas l'abrègement en question ^ b) au locatif, skr. marnt-i, qui reste seul admissible, et vient ajouter un anneau à la série précédente, (lomme le gérondif dans Sz. fait tantôt fnitt et tantôt /unti, il est probable que même Wie^ipati, pinmeni, sont *consonantiques, c'est-à-dire iilire -iï, -m. 6. Les infinitifs en -ti (habituellement syncopés dans Sz., ainsi l-ieit, tnret) ont toutes les api)arences, vu le réfléchi en -tt-s, sèktï-s etc. d'être également des locatifs co.vsoNAXTigiKs, reposant sur un thème en -t- pareil à celui du grec bai-x-. ou du got. spai'ir-(i-, ou du lat. inor-t-; ainsi miHï] ^= mort-é. C!ela est confirmé par l'autre forme mirt-ë. datif régulier pour un thème mirt-, mais non pour niirfi-; encore davantage par niirt-è. sehf-è qu'on n'a jamais pu expliquer d'une manière satisfaisante en parlant de l'idée d'un thème mirti-..

II. — J. Dauks/.a; dialecte du Centre, probablement Est asf^ez iniuiédîat de Kowno. 1. (Cat.) Kathechismas arha mokslas etc., auquel fait suite: Trumpas Budas Pasisâklmo. Wilna 1595. Réimprimés

��1. Une preuve beaucoup plus décisive résultera toutefois pour «irfw tâv sâv de certains faits généraux d'accent que nous exposons ailleurs. C'est pourquoi nous avons cru pouvoir négliger de discuter par ex. sawinipi qu'on pourrait alléguer en faveur de sûf=*sai-in, mais qui doit s'expliquer par un cas autre que le datif.

L'. Le datif consonantique en -ë est habituell chez Wolonczew.ski, sous la forme -//. moterij, altnenij (le // valant ë. ainsi Oijna). 11 est naturel que dans la même région apparaisse iiuin-'é: Andrjewo mùnêi, sâivêi (êi = ë). Le gérondif devrait être également en -ë, au simple et au létléchi. Je n'en ai trouvé la trace ([ue pour le réfléchi, dans un écrit intitulé Parkratimas Sauiines par l^abréiu, où on a régulièrement au gérondif meldantie-s, latinuntie-s, eigantie-» etc. de même tawie-p {ie dans ce texte zemaïte vaut ë; le e est écrit é, e).

3. «Dièses . . . buch (Postilla de D.) ist nach prof. Baranowskis meinung in dem stàdtchen VVorny (dem ehemaligen sitze des bischofs von Zemaiten) ge- schriel)en.> fîeitler p. 15. Je ne pense pas que Baranowski ait jamais pu vouloir dire par là que D. écrive un dialecte même vaguement voisin de celui de VVorny. ce qui serait une erreur risible, incroyable de sa '•part.

�� � 51S DKCLINAISON CONSONANTIQUE LITUAMENNE.

par Wolter, et paginés 1 — (50, dans les Zapiski de l'Aead. Imp. de St. Pétersbûurg, t. LUI (1886). 2. (Post.) Extraits de la Postilhi Cathnlicka, Wilna 1599, publiés par la même, ibid. t. LVl (1887), paginés 60 — 71, plus un fragment en facsimilé. 3. (Geit.) Deux autres fragments de la Postilla, chez Geitler, Lit. Stud., p. 16.

Les courts extraits donnés par Geitler en 1875 faisaient désirer vivement de connaître davantage de cet auteur. La langue lituanienne n'a pas rencontré un écrivain qui sût se servir avec une aussi par- faite aisance de ses ressources, mais nous ne parlons de Dauksza qu'au pur point de vue grammatical. Par son orthographe très ori- ginale et personnelle, par l'inspiration qu'il a eue en particulier de marquer, deux cent cinquante ans avant Kurschat, l'accent tonique des mots^ il serait hors de pair au milieu du XVI* siècle, même si le dialecte qu'il écrit n'était pas un remarquable type de lituanien normal et bien conservé.

La particularité orthographique qui a pour nous une importance spéciale est que Dauksza possède deux signes, ë et r, --entre eux équipollents, ainsi j^rietëlëiis, ■priet^lëns; kumêtelo, kiimdelo\ ntimir^s, nmnirês; etc. — mais qui tous deux ne s'emploient que pour e ouvert, c'est-à-dire e différent de «^ (ainsi que de Ve. semblable à r, contenu dans ë).

liCS e (ouverts) marqués t-, t, peuvent être du reste quelconques: — longs ou brefs, — accentués ou atones, — nasalisés ou non à l'origine, — nasalisés ou non à l'époque où écrit Dauksza, — sortis de e ou sortis de ia. Il suffit qu'ils ne soient pas è.^

��1. Au moyen du circonflexe et de l'aigu, d'ailleurs employés sans différence de valeur, comme aussi sans égard à la quantité des voyelles.

2. Il y a donc pour é (et pour ë), 1 graphie: e (ie). Pour tout e autre que ceux-là, .3 graphies: e, e ou à*. — La fréquence relative de ces trois graphies n'est du reste pas tout à fait la même suivant f[a'il s"agit de Ve ouvert nasalisa on non. Un e nasal est écrit plus souvent (• que cl; un e non nasal plus sou- vent ci que e; cela est sans conséquence pour notre question. (Une liste d'en- viron :i.50 j' correspondant dans Cat. à e non nasal est donnée par Wolter p. LX.XIV.) — L'usage du triple signe e il e est commun au Catéchisme, au Hudas et aux ijiemières ijagea ch la Postilla. Va plus grande partie de ce <]ernier imprimé ne connaît plus que e r, d'ailleurs employés d'après le même système, mais sans que le nombre des c augmente pour compenser celui des H absents. Ces passages moins intéressants forment au reste à peine la sixième partie de ce que nous avions à dépouiller.

[* Far suite d'une lacune typographique nous sommes contraint, ici et jusqu'à ia page 525, de noter par il dans les petits caractères ce qui. dans les grands cnractères de ce même article, est noté par c surmonté de «.J

�� � nÇCLINAISON CnXSONANTIOUK UTt'AXlENXK. àl'.)

Nous no pourrons nous dispenser plus loin d'examiner avec quel degré de conséquence cette règle est observée; voici préalable- ment les formes intéressant la déclinaison consonantique: Nom. plur. des féminines.

delie=i-: - (Utgn^ ir (febefes Post. 61,2>. — (Pa^ d'autre iioiii. pi.)

Gén. sing:. des féminins.

moter-: — ne trôk,iki môtfvçs io, nêi târno, mi farndifes t!at. ^4.... na giizdiiiui fwàtiwôa môtciras 27,2,. — (Pas d'autre gén. sg.)

Ijird-: — drin' apfuugoiimo i.'ird(h Cat.27,ï9. fopuli ijinles '60,2'.). iz [xi- tinios iJm/es fawôs H9,2ii. A part cela trois fois /jirdes: 0,29. 41,5. nO,2; dix fois ijirdés accentué: 6,20. 24,21. 25,24. 44, hi. 45,îu. 46, u. 47, 1. 47,3. 47,7. 57, 2a. — (Autre forme, jjirdies, fréquente aussi )

delJimt-: — Iijyuldimas De/jj/niies Dietvu Frifukimn Ca\. 24, «, titre. "^^ — (Autre forme absente sauf oubli.)

Par analogie l'iJmintés Cat. 50, rV Un a lijmiutié.s 32,24.

Nom. plur. des masculins.

vcLipat-: — o uriéjjpatds kaip^ tûri lu i.',eimîna iiakili-s'? Cat. 26, 2y. — (Pas de seconde forme.)

Gén. sing. des masculins.

vëlipat-: — Krauiù WieiJpatus mûffu Cat. 31, 10. Wieiipalils nu'iffu ./êfaiis Chridaus 31,u. Wie,ip«Uib- Clirit^taiis 32, s., nlig Wie,jpatéiS 39,22. nûg tuwvs Wiej^pat^s 46, 10. — (Habituellement l'autre forme, IVieiJixdies. Faute d'im- pression: Wie^^patis 50, 10.)

Formes consonaatiques a remarquer.

(ién. plur. ijii'dii Posf. 64,:. tvie^.'patH Cat. 26,25. 43, 5. iitwù Geit. 16, 211. iHÔtani Cat. l'.t, -. piemt-nn Post. fac-sim. Analogique prieia/ïu Post. 68,31.

Nom. sg. Wiejipatx Cat. 27,5: partout ailleurs Wielypatis, et de même ddijimtU 27, ji.

[Dat. sg. (p. 460f5l6j) WiéjiiMdi Post. 64, i. tF/e/j^«^f Cat.38,i....42,i3.5,S,ii. \Vie,ipcdip Diewiep 27,i3 (à côté de WieiJpatiép 32,8). dûktilri Post. 60, 11, dé- figuré en duktiirîû (V?) dans la répétition du passage 62,32. Le dat. du thème en -i- krikiiczonis, faisant -oniu au gén. plur. (13, 13 etc.), est toujours de même en -«. une fois krikijczonii.]

Traces de passage u lu flexion en -(.'-V U n'en existe pas la moindre. Cf. entre autres ace. tnôta ri, fU/'/'êri Cal. 32, 7, cf. Post. 63,2:i; ace. pi. dê,.',imfis 11, is. jjii'dis 51, i; nom. sg. mute — non «mo- tere» — 32, 12.0. m.

Pour avoir la conviction que nous sommes bien en face de la désinence -es des thèmes consonanti(}ues, on peut dire d'après ce qui précède que l'évidence morphologique suffirait, ici comme chez Szyrwid. Alors même que le signe e (e) n'aurait jamais existé chez D., quelle peut être une désinence -es commune au gén. sing. des

1. La lettre ii est employée, en général, dans les titres comme dans le texte.

�� � Trio

��DKCI.INAISON CONSONANTInlîK MTIJA.MKNNH.

��deux genres, commune de plus à leur gén. sing, et à leur nom,j)luf. si cette désinence n'est pas le primitif -es consonantique? Mais la preuve plus directe qui peut résulter de cette lettre î' est trop pré- cieuse pour rtre négligée. Nous examinerons donc ces deux questions- ci, — dont la première à vrai dire est presque superflue:

Orthographiqueraent, y a-t-il: 1. une chance quelconque pour que le -l's de Dauksza représente (partiellement) -es? Pur ex. wieJJpath gén. pourrait-il s'entendre comme icëfSpatè's?

Un ê tenant la place de ë se rencontre exactement une fois, Cat, 49,21, dans nl'kadai, écrit anirenient mekadai, niekad' . La chance peut donc être appelée nulle absolument.^

Ecartons, par la même occasion, la supposition par laquelle JJirdes etc. pourrait tenir à l'oubli de Vi de Jhrdies. Il n'y a que deux exemples de cette faute, eux-mêmes douteux: gén. ifiminies pour -ties (?) v. plus haut; et nom. \A\xv. aMéii Cat. 48,2.1. (On ne doit pas oublier que -le- donne tantôt -lie- tantôt -le- dans la plu- l)art des textes qui connaissent l'opposition f:l, parce que dans ces textes / mon vaut en lui-même -II-, hehis etc.

2. Y a-t-il, toujours au même point de vue purement ortho- graphique, une possibilité d'expliquer nos finales en -(".s-, -es comme valant -es? Ceci exige une enquête un peu plus longue.

La régularité dans l'emploi des lettres en question est assez grande chez Dauksza pour qu'on vtiie ce que signifie ë au bout de qneUpK s lifiiirs^ et ce que signifie son équivalent e au bout de quel- (^ues pages. Pour prendre une base plus précise, le mot nûdcmr «péché», que nous choissisons simplement à cause de sa grande fréquence^ apparaît, dans les cini[ cas de la déclinaison ci-après, écrit comme suit:

Signe e. (-e) Nom. sg. 10 fois nàdetur. i-és) Gén. sg. 1.3 fois mule m es. 1 loi>

nûdemés. (l fois nûdemef'p.) {■es) Nom. pi. 7 fois nùdemes. (■ëf) Ace. pi. IG fois nndemes.

��Signes spéoiau.x (V ;-. (Jamais •('(. -c.) (•h mais -us, -es.)

��-e\ Ace. sg. — (.Jamnis -e).

��(Jamais -«s, -es.) 10 fois nudemiis

1 fois nûdpnc'

évidente des e. 1 fois ntidemil. 5 fois nude>ne.

��'i fois tiudeines. par transposition

��1. Ce qu'on rencontre plus fréquemment est: iil ou ie mis irrégulièrement pour le (= ë). Nous donnons les exemples afin que la liste de la p. 400 ['t'a] ne paraisse pas incomplète: wiiltoi Cal. 10, 2a. ii^ pron. !21,27. priulautos 'i\,i\. kurie '■}?>, i. Wieijjjcitiîis 3 i, 7 et .')4, 9. duieiti 37,iu. .>(/«7(/ 40. n;. patiesp iO,2i. A«>'«V'42,r..

�� � nKCI.INAISUN CONSONANTltJlF. Ml L AMKNNK. 521

I tableau serait plus concluant encore si le mot se rencontrait a rinsirumental, presque invariablement écrit par ë ou t-, ainsi galihl' 12, 2i», galîbt.' 4o,2i, lu didë galîM 13,2, lu galîbc didë Geit. 16,4, contre nomin. galîhe 31,!t2; 32, 20; 48,22 etc. La 1* plur. en -me est presque toujours écrite -më; la forme réfléchie en mes ne pré- sente pas une seule fois ë ni e. Dans toute la série des locatifs en -êjë et en -èsè, on. rencontre 1 seule erreur: nûdemMë 34,8, autrement >im& î'àM\.e nûdemeië pirmgimeir (30, u); iëmciê {l\,2i), meiteië {51.^2:), dideJTt' piktibeffe (50, 12) etc. etc. On pourrait multiplier à l'infini ce genre de preuves, qui ne laissent aucun doute sur ce qu'est la règle, mais une certitude véritable dans la question de motërës ne peut être obtenue que par 1 appréciation exacte du nombre de fautes et d'exceptions dont cette règle est traversée en pratique.

Cette statistique indispensable des cas négatifs serait à son tour assez gravement faussée dans son résultat, si on ne commençait par éliminer trois séries de formes où la présence du son ë chez Daukszu doit être tiiée à ce que nous croyons:

1. Conjonction ne/sa Cat. 3,o. 49,it. Post. G3,4. nd/sq (îat. 3,ai. En laveur (le Ve (Kursch. 7iés(t) on peut alléguer que Szyrwid a nés (non ni/s), uiais le mot. chez Willent, ïi'est pas écrit moins de -279 fois par e, voir Bechtel p. LXIV.

-2. Prêt, pri-iiio Cat. ::i8,2o. :^9,i. in-eiei 51,28. 51, 30. nu-nie Post. GO.is, etc. Dans une portion considérable du territoire lituanien, il est indubitable que le prétérit éjaù fait place à une forme non reconnue ejaù. Les textes zemaïtes dans lesquels é est rendu pai- ie ont constamment eje (ou eie), ixirejus, atejns etc. sans ie. C'est ce qu'on trouve en particulier chez Dowkont, où le chanii-ement i : ie offre une régularité satisfaisante, et qui dit par ex. pimedes = pra-edês; de même chez Wolonczewski, où le changement e : ie est littéralement sans exception sauf après / (nu commencement du mot, yf;-«/î6-— ère//.'*). A Andrjewo, où l'e subsi.ste, le chanoine Jaunius dans sa remarquable Pasaka, chez Geitler p. i21, ne marque pas une seule fois e dans ejê, niéjê, neiszéjus, etc. cf au con- traire, mokéjé, turëjê, iszgèlhéjê etc. Ce prétérit s'étend ;i l'Ouest jusqu'à Meniel, comme on pourrait l'établir par mainte preuve; je ne cite que le grand spécimen de Jacoby (MHteil. der Lit.Gexellscli.l,^>\ — 80) offrant toujours èjo, tmèjom etc.. ou bien pryéjo (67,6), une seule {ois paréjo 76,9, quoique !'<? long soil régulière- ment distingué par e; ou. témoignage plus sûr, la Pasaka de Geitler p. !^0 pré- sentant sans exception ie pour é (iszliere, tnrieje etc.), mais nulle part ie dans iizejes, uteje etc. Au Sud, cette même forme atteint au moins Rosseiny comme on le voit par Stanewicz écrivant i/szeja, i/szeje, mais knlbiêtji, ijrwiiêtii elc. Il

H lejpdtiu 4;;,ji. ii'i.',/co.siii 4."),a. Wieiypatie 40,11. iJieunii \1 ,yi. Unxjiniaii .")tt,2i. »»■{>/■/« Posl. 62, ïo. /i^<*f/b.« G8,jc. Diiiwô G^\i.\ij,.K Total: 18. L'extraordinaire niikadai n'est lui-même évidemment qu'une laute d'impression pour niUkaddi, mais il ne viendra a la pensée de personne que nus huit génitifs en ■ils i-p) Soient dûs de même à cette double faute: a pour /('/ pour ie.

�� � n'a DKGUNAISON OO.NSOXANTIQUF. UTITAXIKNXE.

est possible que Dauksza reste le seul auteur hors de la zone dite «zemaïle» à connaître ce prétérit (qui paraît s'arrêter avant Szauli du côté de l'Est), mais son dialecte, si nous l'avons bien déterminé devait se trouver, par le Nord-Ouest, en contact avec cette zone. Une appréciation sur le type ejo (èjo), assez isolé dans le système verbal, et rappelant skr. a-yât avec augment, ne pourrait du reste être tentée qu'en tenant compte de l'ensemble des prétérits en -o et en -jo du lituanien.

3. dâffis Cat. 25,2H. nufidé/'f M,-J2. //trff/T Post. 67,u, ne demandent aucune justilication: Kurschat dèsti dans «kaïp dèstis?» etc. De même par conséquent la rare forme 2« prés, pridaf/ï («tu ajoutes») Cat.'23,i, valant pridesi. Il y aurait lieu plutôt de demander sur quelle preuve repose en définitive le soi-disant pré- sent demi par e toujours cité à côté de demi. (Prononcer du reste rfew): ou au moins demi, pour n'être qu'à moitié barbare).

Nous restons, ce décompte fait, devant un total de 50 /■' r irrégulierf*, se décompo.<ant comme suit:

Fautes d'impression certaines: 5 cas. — 1'^ gén.didëfses Cat. 60, is, lire didëfnes comme le montre 54,2. — 2^ Deux e mis l'un pour l'autre: nûd^mes acc.pl. 59,27 (v. plus hautl padeiés B,i9 et nuf/ïdçiélïs 51,« (cf. nufsidéiefis 43, n etc.)- netefas Post. 71,4 (pour nchtas).

Fautes du compositeur ou de l'auteur :

SYLLABES R.\DiCALEs: 7 cas. — t^ivq Cat. 4,27. Triva V6,2it. tëico 26,11. Thvç 43,13. Tcelimo 14, n, ifiêmus («ayant excepté») 27, 21. nenuflîdfiês 18, 21.

IXTÉKIEURES NON {{ADicALEs: 18 cas. — Loc. iiudemëié, 34,5, V. plus haut. — Tous les autres (^as concernent les verbes en -ëti (ex.: turetii, turêk, pafsirgëiimo; 24, 20. 27, 20. 27,25. 37, 10. 38,27. 39,5. 40,7. 42,0. 43,17. 44,1. 48,i7. 52,o. b2,->&. Post. 63,25. 66,30. 70,i5. iniui'tié, imprimé mine is 70, 1 7.^

finales: 20 cas, dont voici le détail:

Prépos. ajjc Cat. 34, i.

Z^ -prêt, piakç Cat. 41,27. nûêeç/e Post. 63,9.

'Som. sg. îcai'aUftë Post. 62, 19. yerîbr ()6,i9.

Voe. sg. dûMe Cat. 48,i8. ieme 51, 19. tàrpinikP 20. m. ijimdiwë 20,20. gerîhë 46,s. duktc Post. 63,4. dûlke 71,»;.^

��1. P. LXXIV, il propos de la finale -ma, Woller cite *nonitumblmS^' Cal. 2:2,31 ; mais son texte porte norêtumhtmc'i.

± nâ patu'êr^ Cat. 59, iû, en apparence ;*> plur., est indubitahleinciit jiiir- ticipe (sous-entendre ira devant kity).

3. Seul le voc. dâktê Post. 63,* (même ligne que duktt) est écrit par t- ordinaire (comparer les nom. tàrpinike lU,i9. gimdiwé 11. y. yerihe 33,ii etc. içme Post. 61, î« etc. mate Cat. :>2,ii etc. i}ui, eu.x, n'ont nulle part îl ou e). Ceci nous met devant un singulier problème. D'après le rdisonnernent même que nous appliquon.>j à iiirdUs, il nous est logiquement défendu d'admettre qu'une

�� � DÉCLINAISON CONSONANTIQI.E X.ITIANIENNE. 523

Nom. pi, tmôuPs^ Cat. ;-i,ni. galibPs Geit. 16,3.

Gén. sg. siapt^s Cat. 7,i. garh^s 49,4. mietaJJinU/'tës 2;-),2.i. mietajSirdW^s 47,28. laupfes 60,15. méites Post. 71,i.5.

On peut, maintenant, choisir pour la comparaison des chiffres la base qu'on préférera, la conclusion ne variera guère. Tous les NOM. PLUR. ET GÉN. siNci. réunis n'arrivent pas à donner plus de huit cas de -es, -es, pendant que les seuls thèmes Jiird-, moter-, et rëjipat', en amènent neuf, l'ensemble des finales, nominales et verbales, en -es ou en -è — qui, dans le texte, sont de plus de 400^ — , donne 20 cas, ou 13 sans les vocatifs; de sorte que si cette proportion (^j-2o ou. ^/so) régnait chez nos 25 noni.plur. et gén. sing. comme debeles, JJirdes, ceux-ci devraient à peine nous présenter un exemple en tout de /' ou de c. Aime-t-on mieux toutefois une troisième base, celle de la totalité des e du texte, le résultat sera incomparablement plus favorable encore, sans qu'il soit besoin de se livrer à un dénombrement de ces é. Il est permis de conclure que Dauksza livre un témoignage direct, et catégorique, pour la désinence -em.

OBs. — Nous avons éloigné du débat une circonstance qu'on nous re- procherait peut-être de laisser sans mention. Gomme le montre la liste, et comme on devait le supposer, l'erreur (i é e pour un é est plus fréquente chez les e ACCENTUÉS, par suite d'une confusion facile avec ê é? A tel point que les 7 exemples radicaux, de même IG exemples sur 17 chez les verbes en -eY< peuvent s'expliquer de cette façon. Ceci est très en faveur de l'exactitude de Dauksza. Comme il s'agit toutefois de prouver tout autre chose, à savoir que l'imprimé donne une indication décisive malgré ses incorrections, la circonstance peut paraître au plus haut point défavorable, parce que la majorité des finales comme Jirdâs- sont accentuées (sans parler du fait que D. met souvent un accent sur l;i finale de tlexion comme telle et sans qu'elle ait le ton). Nous ne croyons pas ilevoir nous perdre ici dans de nouveaux chiffres: simplifions donc la réponse

Hnnle marquée jusqu'à 7 fois sur 8 par ii e puisse avoir été -é chez Daukszn. (iomment d'autre part se résoudre à croire, ex abrupto, que le lituanien possède lin vocatif jusqu'ici totalement inconnu: Zemé, dtiktf^ Nous sommes contraint lie laisser provisoirement la question en suspens. En eux-mêmes, soit le voc. iliikté = *dukli'r, soit le voc. iemé, s'ils se confirmaient, n'auraient rien d'in- conipréliensible. (^e dernier serait le syniétricjiie do mcrgà (= si. zeno). X ce vocatif pourraient se rattacher particulièrement les formes comme mhrr/el.mnferif.ik.

1. Cf. p. 45'J, note 1 [.">l(i, note 1|.

•i. Nous en avons compté i200 en 33 pages. L'étendue totale est d'environ 70 pages pleines.

3. Kn réalité, pour ^, cette confusion typographique ne s'exjjlique pas, car cette lettre, dans le facsimilé, a ordinairement la forme d'un e traver.se d'une barre. Nous ne pouvons toutefois entrer dans ce détail.

�� � 304 DKCMNAISON. CONSnNANTirili; l.lTUAMK.NiM':.

en inetlanl les choses au pis. Nous supposons l.que toutes les lonues coinmc l'iirflàs soient oxytonées (ce qui n'est pas), 2. que les ôO ô e faux correspondenl sans exception h des é toniques (alors qu'il y a 11 ex. non toniques, 5 fauto- d'impression tenant à autre chose, 7 vocatifs, à déduire); on peut affirmer que même ainsi, c'est-à-dire en admettant que Vé tonique seul soit en jeu dans toute la cause, la proportion des e. toniques mal marqués reste infiniment trop faible pour ex|)liquer la graphie 9 fois répétée de pirâiis etc. — 11 faut spécialement remarquer à ce propos le nombre infime des é faux, alors (jue rien n'était plus naturel que la confusion é—é.

Un dernier argument a l^ien sa valeur quand on considère con- jointement Szyrwid et Dauksza. Où est finalement, chez ces auteurs, la, forme moters? — akmens'^ Comment se fait-il que cette forme, qui n'est pas seulement la plus ancienne, mais aussi la plus répandue dans les différents dialectes, ue soit pas même sporadiquement attestée par un seul exemple dans deux sources qui n'ont autre- ment de remarquable que leur caractère archaïque"-^ Il y a là une bizarrerie suffisante pour éveiller à elle seule l'attention, et faiic soupçonner (\\ialxmens doit se cacher chez ces auteurs sous quelque autre enseigne.

Les dialectes du Nord-Ouest (Memel— Heydekrug — Tilsit) aux quels appartient la quasi-totalité des monuments prussiens du XVI siècle, ont devancé pour certaines syncopes les dialectes orientaux, ainsi kurs, tur: Szyrwid et Dauksza kuris, tnri. Il n'y a donc rien de particulièrement frappant à trouver constamment chez Willent (1579) le génitif moters, ahmens, loandena etc. Le nom. plur. serait semblable s'il n'avait subi métaplasme sur la flexion en -«-: motf^rls, akmenis etc. (à lire, vu le dialecte, niôferts, comme nàktïs pour -tys). Un nom. pi. irie/'chpales qui apparaît Ench. 3,2; (contre iriefrhpaiis 24, 2y) semble toutefois conserver une trace de la vieille forme. L'expliquer comme le fait, d'ailleurs dubitativement, Bechtel p. XVI! par un changement phonétique de -ïs en -es est entièrement inad- missible pour Willent, et il serait facile de montrer que les <leux ou trois cas apparents du même fait apportés par cet auteur, conmie impér. -kit{e) ou -kef(e), sont eux-mêmes sans consistance. Un se- C(jnd exemple, que Bechtt'l passe sous silence, est piemevelpi Ev. StJ.r.. reproduit par Sengstock dans l'éd. de 1612, et qui malgré IMmeniclii 114, 2i>, n'est probablement pas une faute. Il est clair du reste que l'intérêt de piimencspi pour le traitement de -es final est nul.

Le plus ancien monument de la langue, le Prasfy SzaJey de 1547, malheureusement écrit dans le triste dialecte de Meuicl, n'offre

�� � DF.ni.lVAISdX CONSUNANTIQI K 1,11 tIAN'IEN'CK. O^o"

.1 romarqiier qu'un seul détail, assez imprévu. 11 ne s'agit ni du nom. plur. «[ui est en -îs, (Mimme dans Willent, ainsi materis, feferv<; i\i du gén. sing. on -e-s, maferes- 19, 20, deschimes^ (>,it, menefes tit. (qu'on ne peut hésiter à lire mâterêfi = moterf's, cf. nades, Tcazanes otc). Mais, dans quatre passages, surgit un extraordinaire génitif innteris, 10, 211. 11,4. 14,24. (15,. -s mateis). L'idée de voir dans sa finale -h une modification dialectale du -ë.s primitif prêt k tomber, ne serait pas tellement absurde qu'on ne doive au moins poser la question. Nous y répondrons du reste négativement: soit parce qu'il existe dans le texte un génitif syncopé (wandens 25,5), soit parce qu'à la différence de ce masculin wandens nos 4 génitifs en -is sont exclusivement du féminin, ce qui confirme que la raison de V-is iloit être morphologique.- On sait que justement le Frasty Szadey, ainsi que plusieurs sources de la même région, connaissent chez les thèmes en i un génitif en -is, d'ailleurs exceptionnel, et qui reparaît toujours dans les mêmes mots: smertis, macis, czestis, fiirdis, ugnis, inostis (tous du féminin). Il n'est guère possible d'expliquer materis' autrement que par la formation snierfis, mais' comme celle-ci est elle-même d'une parfaite obscurité, la question n'aurait chance d'être résolue que par une nouvelle étude, portant sur l'état' total de la déclinaison en -i- dans ce groupe de dialectes.

��1. Inutilement corrigé en deschimtes par Bezzenberger. La forme est analogique sur le nom. dej^ims, cf. p. 460 [.516].

2. Il e.st vrai (jue wandens n'appartient pas au Prasty Szadey lui-même,

mais à une des Giesmes qui y font suite. La langue paraît du reste identique dans les deux parties^ à part peut-être dmve contre dewe C», 24.

�� � .126

��ACCENTUATION LITUANIENNE.

{Imiogermanische Forschungen. VI. Anzeiger, p. 157. — 1896.)

On peut montrer que deux S3^stèmes tout à fait différents de l'accent se sont succédé en lituanien. Ce qui forme la base du second, une relation de l'accent avec l'intonation, est inconnu à tous les degrés du premier. Mais ce qui caractérise le premier, savoir une parfaite simplicité des schémas, est à son tour ce qui a disparu dans l'autre. Un seul de ces faits aurait changé la face de l'accent lit., mais tous les deux proviennent du mémo événement :

A une certaine époque anté-dialectale (du reste indéterminée), l'accent «s'est régulièrement porté de 1 syllabe en avant quand, reposant originairement sur une syllabe douce (geschliffen), il avait immédiatement devant lui une syllabe rude (gestossen)».^ — Ainsi Haîkyti («7+//) devenait laikyti^ pendant que par ex. râièyti (<ii+^) n'était pas amené à changer la place de l'accent.^

C'est ce qui suffit, dans toutes les parties de l'accent, soit à décomposer le système actuel, soit à recomposer l'ancien.

— Déclinaison. — Toutes les divergences d'accent du type: (lëvîis, poniis (de dcvas, ponas) contre hélmus, vyrus, sont postérieures, simplement dues au fait que dans '^dêvns, le û, étant rude, attirait sur lui l'accent toutes les fois que la précédente syllabe était douce.

1. [Voir, dans les Actes du X' Congrès international des Orientalistes, tome I, p. 89, celte loi, rédigée en termes différents.)

2. La somme des cas possibles (l'accent se trouvant sur la première syllabe) était:

ai 4- ■?/ = -^ ■-- w + vJL- V ^ -^.

rtt + y = v_^ s^ -^ + --^ -- w.

«t + y = -^ ^^ -^ + ^^ --^ -O.

ai + y ^ ^^ ^^ ^^ + O.. w w. Pourquoi c'est justement le A* ra.s et lui seul qui s'est trouvé consljluer pour l'accent une position critique, c'est ce qu'un simple coup d'o'il sur ce tableau fait comprendre.

�� � Arr.EXTfATioN i.itiavikn'Nf:. 527

Seules donc sont primitives les divergences qui ne trouvent ])as leur solution dans co fait phonétique; ]iar ex. (hraîf^ Mmalf^ l'ontre panais vyrais.

Mais si cela est poursuivi en d«^tail, on verra qu'il ne reste rien, ni du paradigme la de Kurschat, qui devient identique à lia; ni du paradigme Ib, qui devient identique à Ilb (passant ainsi tle l'état de paradi^nic mobile à l'état do paradigme im- mobile \

A ce moment, on aura sans le chercher fait sortir de son tom- beau le véritable sj'stème caché sous l'accentuation actuelle. Il se compose, comme chacun le voit, simplement de:

,. , ., f indirectement: la.

1 paradigme momie = , j- , ^ tt

^ \ et directement: lia.

„ . ... f indirectement: Ib.

4- 1 paradigme mi mobile — i . t , ^ m

' ° l et directement: 11b.

D'autre part, il ne connaît pas l'intonation, puisque soit -son paradigme Mob. soit son paradigme Im. s'applique avec indiffé- rence à des mots à pénultième rude ou à des mots à pénultième douce.

[Il existe donc actuellement deux mouvements de l'accent mêlés: l'un récent, l'autre ancien; l'un dépendant, l'autre indépendant de l'intonation; et il serait chimérique, dans l'état présent du lit., de vouloir faire abstraction de l'un d'eux pour ne considérer que celui qui est «grammatical», c'est-à-dire plus ancien que l'autre. On peut seulement s'efforcer de trouver des sigles appropriés, qui tout en indiquant avec précision l'accent moderne, rappellent con- stamment ce qu'était cet accent dans le premier système.]

A cet égard, les mots seront de 4 classes (au lieu de deux du premier système). Ils peuvent suivre ou bien les paradigmes Mob. et Im. (autrefois généraux, aujourd'hui spéciaux aux mots à pénultième rude); ou bien Mob./a et Im./a, noms que nous adoptons pour les variantes actuelles de Mob. et Im. après pénultième douce. Et les différentes formes dont se composent les paradigmes (par ex. l'instrumental en -n, l'instrumental en -mi, le génitif en -.v, etc.) seront également dans quatre situations possibles au lieu de deux. Il n'y avait pour elles, dans l'origine, que ces deux alter- natives: être oxyton ables, c. à d, oxytonées dans Mob. (c'est ce que nous appelons Q), ou n'être pas oxytonables, c. à d. bary- tonées aussi bien dans Mob. que dans Im. (c'est ce que nous ap- pelons Z). Il y a maintenant pour elles ces <|uatre alternatives:

�� � .|J,S \',(:FMI MluN I.IlliAMRWh.

Z = Oxytonaison ' dans zéro paradigme. Za = Oxytonaison dans Mob./a et Im. a. Q = Oxytonaison dans Mob. /a et Mob. Qa = Oxytonaison dans Mol). /a Im./a, et Mob.

Les trois premiers cas se voient partout. Le quatrième, moins fréquent, est celui qui devait se présenter si une forme finissant par rude était par basard au nombre de formes oxytonables du premier système. Ainsi le nom. sing. des fém, en -â- est oxytoné dans trois paradigmes, contrairement à toute '; règle», parce qu'il est

i la fois une forme Q (comme tous les nom. sing.) et une forme

finissant par rude.

Polysyllabes. — Ici se produit ce qu'on pouvait prévoir:

Les thèmes paroxytons offrent le même état caractéristique que les disyllabes (qui, en effet, n'ont pu, eux-mêmes, développer Mob./a et Im.ja que parce qu'ils étaient des paroxytons).

Les thèmes peoparoxytons et iîyperbarytons ne connaissent aucune trace de cet état, c'est-à-dire que (juelle que soit chez eux soit l'intonation de la pénultième soit l'intonation de la tonique, ils n'ont jamais d'autres paradigmes que Mob. et Im. purs. Bien inévitablement, puisque la pénultième, qui est en contact avec les finales, ne dispose pas du ton, et que la syllabe qui en dispose n'est pas en contact avec les finales.

Dans un tout autre ordre d'idées, ce qui paraît ressortir avec une grande probabilité de l'étude des polysyllabes, c'est que «pour qu'un mot quelconque jouisse du paradigme mobile, il faut toujours qu'il ait l'accent radical sur l'initiale». (Se rappeler ici que tout disyllabe a l'accent sur l'initiale.) I^a plupart des ex- ceptions actuelles comme septym septynius Parox. Mob. se résolvent au moyen de la loi mécanique {septyniua pour sèpfynius, k cause de è -i- y, ce qui donne un Proparox. Mob.).

t. Quelques principes élémentaires ne sont nullement ici liors de propos: La barytonaison est l'accentuation normale de toute espèce de mol et de forme lit. L'accent radical, qui ne manque dans aucun mot, est toujours situé en deçà de l'ultième du thème. L'accent radical est mis par là dans l'impossi- bilité de jamais se trouver sur une finale ni même sur la colonne syllabiquo où se trouve une finale. Ainsi toute oxytonaison a le caractère formel d'une dérogation à l'accent radical (détail ((ul semble ignoré de presque tous ceux qui citent l'accent lit.).

Mais étant, de plus, le seul genre de dérogation à l'accent radical [à part les dat. plur. et le dat. sg. des adj.j, l'oxytonaison, ou plutôt la somme des oxylonaisons qu'admet un mot ou une forme, donnera le coinpte exact de son accentuât ion.

�� � ACCKNTI'ATIO.N LITUAMKXXE. ')'2'.»

— Flexion verbale. — Le fait le plus marquant de cette flexion est qu'à la différence du nom. elle ne connaît pour tous les verbes qu'un seul paradigme, immobile. Car les différences comme velkii-âtigii, eftmi-sérgmi ne sont de nouveau qu'un effet de la loi mécanique. En présence de ce fait nous faisons consister presque tout le problème de l'accentuation verbale à se demander: s'il n'a pas existé, soit selon les verbes soit plutôt selon les formations du verbe (fini), une différence d'accent; donc un second paradigme «non immobile», — quel que fût au juste son mouvement, que nous ne prétendons pas reconstituer.

Parmi les nombreux indices propres à confirmer ce soupçon, nous ne citerons que les plus topiques:

1. Le partie, en -anf-. — Cette formation nominale va sur Im. ou Mob. (car il va sans dire que toute différence comme neszâs — dugqs représente une pure différence de paradigme; accus, nèszantj comme duganfi).^ Et la règle serait, à en croire Kurschat dans sa Grammaire, qu'elle va toujours sur Im. quand la radicale est rude, partiellement sur Mob. quand la radicale est douce. Ainsi:

szankiqs neszâs \ dugqs. Règle non-seulement inexplicable, mais qui serait une capitale ob- jection au principe posé plus baut que .jamais l'intonation ne peut influer sur le choix d'un paradigme.

La vérité est ici que toute l'accentuation des participes, et autres annexes du verbe, dans la Grammaire de K. n'est qu'un tissu d'erreurs contredites par son Deufsch-Lif. WorterbucJi aussi bien que par son Nenes Testament} Et il résulte de ces derniers, si on observe les formes, ([ue l'accentuation vraie est:

1 . sergâs neszâs \ augâs,

2. szankiqs \ trâukiqs,

>. klfjpstqs \ trûkstqs,

c'est-à-dire que le paradigmi» du participe est a) indépendant de 1 intonation, mais b) dépendant de la formation verbale, en -o -jO

��1 . Le contraire serait une violation de règles inviolables sur l'oxytonaison, V. plus haut.

•1. En général nous ne pouvons nous appuyer que sur les ouvrages non grammaticaux de K. Si c'était par exemple d'après la Grammaire de K. qu'on jugeait de l'accenlualion du nom, on en aurait une idée sinon fausse, du moins singulièrement insuffisante, comme avait déjà commencé à le montrer Masing {Serbo-chorv. Accent). Mais les erreurs (innomlirables) de K. sur le nom n'ont pas un caractère irrémédiable: celles qu'il répaml sur le verbe, a propos de participes, avaient ce caractère.

de Saussure, Otuvri-s. 34

�� � r)30 ACCENTUATION IJTUANIKXSK.

-sfo etc. Or comment concevoir ce fait si le j»r*texte n\';tait ]>as (lonnô par une différence d<' paradigme dans le verbe fini lui- même^?

Des observations tout analogues peuvent se faire sur le partie, en ama-, etc.

2. Accentuation des préfixes. — On ne voit pas d'abord pour- ([uoi tels présents rejettent l'accent sur le préfixe et pas d'autres. Ainsi nè-serga, nc-nesza, mais ne-szankia. On voit bientôt que c'est la même loi que pour le participe. Ce qui ne prouve pas que le paradigme 'fût mobile ; mais au moins qu'il existait, décidément, une différence entre serr/a- et szaukia-. — Il est presque inutile de dire que si Ton n'a i)as de même *nè-auga>\ mais ne-àuga comme ne-trâiihia, c'est simplement qu'ici encore la loi mécanique a trans- porté l'accent d'une syllabe.'^

— Dérivation. — Il existe au point de vue de l'accent trois catégories principales de suffixes (secondaires).

Les uns, qui n'offrent qu'un minime intérêt, possèdent par eux- mêmes le ton, de sorte que le mot-ba.?e est indifférent. Ainsi -f/nas.

Les seconds respectent le mot-base, en exigeant que le dérivé ait le même ton radical que lui. Ainsi -iszkas {pagônas : pagôniscz- kas, etc.). — Ceci aura pour conséquence: que si le suffixe com- mence par rude, il prendra naturellement le ton toutes les fois qu'il aura pour mot-base un paroxyton à ]iénultième douce.

La troisième catégorie, et la plus curieuse, est celle qui veut que le ton soit sur le suffixe ou sur le mot-base (de fondation), selon que le mot-base suit, dans sa flexion, le j)aradigme Mob, ou Im. Ainsi darhinmkns, jjiningimûkas de dârhas Mob., piningas Mob. contre bûrfininkas, malûnininkas de hùrfa.s Im. malnnas Im./a. — Et ici de nouveau se présentera la com- plication prévue si le suffixe commence par une rude comme -nian. -ingas etc. C'est-à-dire (lu'on a, pour une raison grammaticale, knimûtas de krihnas Im., kaîniVas de kâlnas Molx. de même kaiii-

��1. Il faut dès ;ï présent indiquer que si la présence du paradigme mo- bile [nominal ou verbalj a la sij-'nification (jue nous lui attribuons plus loin (oxylonaison du thème), la conclusion ne s'impose pas sous celte forme. Mais il est avant tout nécessaire de ne pas confondre deux ordres d'idées et d'hy- ))nllièses.

-_'. Kn eltcl ^^ n'est jamais traité autrement ([ue

�� � AflCK.NTl'ATKtN I.ITITAMKXNK. Oo 1

pùtas de kampas Mob./a, mais pour une raison simplement phoné- tique: Japùtas do lapas Im./a (= ■■'làpûtas, à cause de à -\- ti).'^

Ces remarques ne sont relatives qu'au ton radical de dé- rivés. Mais le paradigme qu'ils peuvent suivre, en outre les chan- gements d'intonation ('<métatonie») qu'ils présentent souvent, ne sont pas non plus sans d'étroits rapports avec la classe d'accent du mot- base.

— Conséquences à tirer pour la phonétique. — 1. Douce tonique devant brève finale prouve que la finale a toujours été brève. Ainsi: tâvi; mifii; nèsza; turgus; èsti. (Une forme où ceci se produit ne peut avoir pour courbe d'accent que 2 ou Q, mais il n'importe aucunement de connaître sa courbe.)

2. Quand on peut affirmer d'une forme qu'elle suit la courbe Za — ce (^ui ne suppose pas seulement qu'elle est toujours (et non quelquefois) oxytonée après douce, mais qu'elle est en outre non moins absolument barytonée après rude — , il devient certain que sa brève finale'" provient dune ancienne longue. Par ex. inf. mirir — àîigte ne peut pas avoir un -ë bref primitif. (Cette forme finit du reste en réalité par -te comme le prouvent les dialectes).^

— Le paradigme (nominal) lit. et les thèmes oxytons. [Autre chose est de s'occuper de la position respective des accents, comme situés sur une colonne radicale ou en-avant d'elle, ce qui constitue le paradigme et représente un fait constatable; autre chose de s'occuper de la valeur que prennent grammaticalement ces accents comme «radicaux» et «flexionnels», ce qui n'est ni une chose toujours limpide, ni une chose qui corresponde d'une façon simple à la différence indiquée, puisque iraipôc est sur la colonne du ton radical et passe pour flexionnel. Aussi ne connaissons-nous

1. La 1" catégorie de suffixes n'a pas d'analogue dans les finales de flexion. La seconde est tout u fait comparable aux finales Z et Za. I^a troi- sième aux finales Q et Qa.

2. 11 faut dire en elïet sa brève finale, vu qu'on ne peut concevoir com- ment une forme Za ne finirait pas aujourd'hui par brève. La .seule exception embarrassante (à part le permissif dont l'accent est faux chez KurSchal) est con.stituée par la !• et 2* prétérit, lesquelles admettent toutefois une explica- tion simple.

3. Î2a ne donne pas le même instrument que Za, pour celle raison ac- cidentelle que s'il s'agit d'une forme située hors du canon régulier des décli- naisons, il devient impossible de distinguer les oxytonaisons de Qa de celles qui sont dues à Ci pur. Si l'on retranche le point de repère extkhiei» livré par gén. rffikos, il ne reste n«d moyen de prouver (^ue nom. incrr/à, lanl.à, yahà et rnrvà représente plulAt 52a ((ue Q.

34*

�� � b^'i ACCKNït'ATlOX l.ITlîAMK.Wi;.

pour considérer le i)aradigme (lue des accents colnmnau.r {'{ mar- ginau.r.

Un élément matériel qui^ outre le partage des accents en Cd- lumnaux et marginaux, peut sembler appartenir au paradigme est la distance de la col. rad. par rapport à. la fin du mot (et, par là, par rapport aux accents marginaux). 11 faut au contraire bien se garder de mettre cela dans la notion de paradigme si l'on veut conserver la faculté de classer les paradigmes, lorsque ces deux éléments de la distance et de la division des accents entreront dans des rapports compliqués. Un paradigme est donc pour nous pure- ment la somme des accents columnaux et marginaux; mieux (]ue cela, purement le contenu de la colonne radicale, puisque par ce dernier on voit immédiatement ce qui n'y est pas contenuj.^

1. Il n'existe en lit. qu'un seul paradigme; qui n'a du reste l'occasion de s'appliquer qu'à des thèmes barytons. Si on l'appli- quait par hypothèse à des thèmes oxytons, il changerait nécessaire- ment, et donnerait deux nouveaux paradigmes. Il suffit pour le voir, de transporter la colonne du ton radical sur la col. 1-Ext. (ce qui donne, dans tous les noms, un thème oxyton) et de compter combien d'accents sont maintenant columnaux ou marginaux. Ce compte ne sera en aucun cas le même que dans le paradigme gé- néral; mais il différera selon qu'on aura fait l'opération sur un thème vocalique (sûnù- au lieu de smiv-), ou sur un thème eon- sonantique {drtktèr- au lieu de dùkter-).

Il sera permis d'appeler paradigme (î le paradigme général; paradigme 17 la forme qu'il doit prendre chez un oxyton vocalique; et paradigme y celle qu'il doit prendre chez un oxyton eonso- nanti(|ue.

2. On peut constater que le l*"^ paradigme idéal y n'offre au- cune différence sérieuse avec celui d'un oxyton consonantique indo- eur. (du moins du type ttolic \ tto bôc ou Y^vii | YuvailKÔc : ce qui n'a point de rajiport, vu notre définition du paradigme, avec TTarnp

Trarpôcj); et que de son côté g concorde essentiellement avec le

1. Au point de vue de la i)lace que peut occuper la colonne du ton rad.,

comme à d'autres points de vue, il est juste dans toutes les langues de classe)'

les colonnes syllabiques du paradigme (des formes) en externes (= touchant.

fût-ce une seule fois, une finale) et internes (= ne touchant pas de finale):

Mnl. 1-Ext. 2 Ext. 2lnl. Mnt. l-Ext. 2-Ext. :^Exf.

��»//.<

� �ap

�lai

�(In

�un

� �ap

�lai

�(If

�iiii

�t)ii

�ap

�lui

�lie

�� � . I-. \ I I A j 1 1 1 N I . I I i A M 1- ,\ M-. .

��schéma d'un oxyton vocaliqiie indo-eur. Or, on nu pas t'ait in- tervenir autre chose pour cela que le paradigme général lit. qui diffère aussi bien de y que de y. — Là est le ])oint essentiel; aussi n'avons-nous pas pris la peine de remarquer que tj et Y existent en fait, l'un forcément dans szùn-, l'autre librement dans kafrà- et autres oxytons pronominaux; circonstance qui n'aurait rien pu nous apprendre par elle-même sur le X)aradigme général.

>. La facilité avec laquelle G donne des paradigmes indo-eur.

(juand on le greffe sur des thèmes conjecturaux oxytons est une raison pour croire que c'est de ce côté qu'est son origine. Une question tout à fait distincte en soi de celle du paradigme, celle de l'absence des thèmes oxytons dans la langue, se trouve ainsi, sans qu'on le veuille, abordée en même temps (jue celle du paradigme.

Nous posons connue hypothèse 1. que seuls g et y existaient à l'origine comme paradigmes mobiles (en sorte que les mots au- jourd'hui immobiles seraient seuls d'anciens barytons}. 2. que tout accent qui par hasard se trouvait dans g, y, sur syllabe intérieure aurait été transporté sur l'initiale, tandis que tout accent final (qu'il fût d'ailleurs columnal ou marginal) restait dans sa première position.

4. Si ce principe est admis ^, le passage des consonantiques de Y à Gr en découle rigoureusement^:

��(y) N. ^^ "'dukicl > duk

A. '■'duktèlrin > dùk

]).\j. '■■'duktèrï > dûk

G. '■•'dukte

I. ■'•dukte

��te (G)

terl

terî

��rès yj> duklterès

rimî ^ duklterimi; etc.

��5. (Quatre chose.^ nouvelles sont contenues dans ce dépla- cement:

a. Le thème a cessé d'être oxyton.

1). Le paradigme a changé, puisque le contenu de la col. rad. (= paradigme; v. ])lus haut) est diminué de deux accents, ceux du nom. sg. et du voc. sg., maintenant placés dans une po- sition marginale.

1. Il e.st malheureusement difficile de dire le caractère exact qu'aurait celte loi, car il y a des o])stacles à la transformer en loi phonétique pure et .simple.

2. Il faut excepter d'une manière générale, soit ici soit dans la suite, le dat. plur. (duktei-hnus), seul accent marginal intérieur, du parad. y on du parad. G, mais qui aurait dû, aomme intérieur, passer à l'initiale aussi bien que les columnaux intérieurs.

�� � Oo4 ADCF.NTUATION LlTrASIENNE.

c. Une distance inconnue auparavant est maintenant permise dans la langue pour certains mouvements de l'accent (commence- ment du principe du «saut de Taccent», devenu la caractéristique générale du système lit.)-

d. Tout accent sur finale a pris uniformément la significa- tion qu'il n'avait pas, d'une opposition nécessaire avec l'accent columnal: mais il faut ajouter: toute position de l'accent dans le mot correspond maintenant d'une manière tellement claire ou à l'accent columnal ou à l'accent marginal que ceux-ci vont (pour la première fois) mériter les noms d'accent radical et flexionnel, cf. plus bas sur ce point.

Ce qui, en attendant, caractérise notre ])oint de vue, c'est (ju'il y a, dans ce qui compose aujourd'hui les accents marginaux d'un consonantique, un morceau de la col. rad. d'un ancien oxyton.

6. Peut-on de même chez les vucaliques déduire G de r/y — Non-seulement non, mais la conséquence immédiate du principe appliqué aux consonantiques est que chez les oxytons vocaliquea aucun accent ne devait changer, puisque tous les accents de g (co- lumnaux et marginaux) sont indistinctement finals, à la différence de ceux de f- Que par conséquent, soit le parad. g, soit la classe des oxytons voc. devrait, à l'heure qu'il est, subsister comme au premier jour. C'est en effet ce que nous soutenons, et à l'appui de quoi nous avons tous les oxytons voc. pronominaux. Dans katrà-, anà-, kurih- et (dialectalement) kokiù- fokià- persiste sans aucun changement, avec le paradigme g, le type des oxytons voca liques. Bien loin que ces oxytons — aujourd'hui formant une anomalie étrange au milieu du système lit. — réclament une expli- cation, ce qu'il faut expliquer, c'est comment le reste des oxytons voc. (nominaux) a pu cesser de leur être conformes; fajt sans lequel ni le paradigme (J Jie serait aujourd'hui le paradigme général du lit. (mais au contraire un petit paradigme local), ni la barytonie des thèmes une autre loi constante de cette langue,

Nous admettons ici — non comme explication comnuKie, mais comme une chose appuyée sur de sérieux arguments — que systématiquement le lit. a, dans ses oxytons voc. (nominaux), re- tiré l'accent de la finale dans les formes où le paradigme G (alor.s spécial aux con.sonantiques) lui en fournissait l'exemple, par ex. nom. pi. sunûs au lieu de *sûnûs d'après dàkteres qui était, lui, ])our ■■'fhhtères, ot n'avait jamais coimu d'accent final. Le« deux

�� � ACCENTIATIOX r.ITUAXIBXNE. n3n

tendances indiijuées plus haut sous d ont un rôle dans les motifs de ce changement, et cest encore le même phénomène qui se pour- suit quand on remplace aujourd'hui — chez les oxytons pronomi- naux — kokï ou kokiùs par kôkj, kôkiuft.) — A ce moment était accomplie a) l'unification du paradigme en G (après être parti de Y et de g); b) la suppression du type de thèmes oxytons.

Nota. Quoique les formes qui ont retiré l'accent soient, par conséquent, tout à fait les mêmes dans sûvù- et dans duktir-, il y a dans sïinu- et âitkter- un nombre inégal d'accents marginaux repl-éscntant la continuation de l'ancienne col. rad. de l'oxyton (dans lun, seulement di(kfc, nom. et voc; dans l'autre smiùs, sfi- naù, sûnans, sûnû); ce qui tient à l'asymétrie initiale de g et de y» mais n'empêche pas G de se trouver aujourd'hui partout identique.

7. Une dernière observation est nécessaire. On trouvera peut- être, en examinant tout, qu'un seul fait précis existait dès le début pour prétendre que le paradigme général lit., avec ce qui s'y rat- tache, doit être sorti d'un paradigme spécial; et que ce fait est simple- ment l'accentuation du nom. sing. et du voc. sing. dans le para- digme général lit. — Sans doute, mais l'argument est péremptoire.

Car si le paradigme général lit. n est que la continuation d'un général schéma indo-eur. — point de vue sous lequel s'abri- tent toute espèce d'autres affirmations, par ex. que le «saut de l'accent» [= mobilité de l'accent chez les barytons] devait être un principe courant de l'indo-eur. — nous demandons pourquoi le nom. sing. et le voc. sing., et justement ces formes qui sont dans tous les paradigmes indo-eur. columnales, sont devenues dans le paradigme général lit. marginales.^

Et demande-t-on au contraire, en admettant l'origine spéciale du paradigme lit., tjuelle sera la centrale différence du paradigme lit. avec tous les paradigmes indo-eur., on jjourra d'avance dire exactement que c'est le passage non évitable du nom. sing. et du voc. sing. dans l'accent marginal. Seulement, cela imi)lique, comme on l'a vu, outre la supposition générale que le paradigme lit. procède des oxytons, la supposition plus spéciale qu'il })rovient des oxytons consonantiques seuls.

1. ('.est précisément <|uand on veut partir des rares scliémas indo-eur. qui rappellent l'accent lit. par le «saut de l'accent» (.skr. j)(inlh<2s, pathàs, *pa- thibhîs) qu'il devient plus impo.=sible que jamais de comprendre que le nomi- natif Ht. soit marginal. — En ce qui concerne ici le vocatif, nous laissons complètement de côté le voc. emphatique (ùbeXqpc, mOteriszk, etc.).

�� � 5.% ACCENTUATION LITUAXIENNK.

S. De même que les principes fondamentaux de l'accent lit. ne rencontrent aujourd'hui, quand on y prend gafde, jamais d'autres exceptions que celles qui tiennent à la présence d'un thème oxyton^ de même nous pouvons voir maintenant que c'est histo- riquement par la suppression des thèmes oxytons que l'accent lit, a atteint son ordre, et réalisé tout-à-coup un maximum d'ordre qui ne sera dépassé nulle part dans un système linguistique.

Cet ordre est qu'on peut toujours? couper un paradigme lit. par le milieu, et qu'on aura toujours dans toutes les formes un segment à gauche pour les accents radicaux, un segment à droite pour les autres. P]n outre, (jue l'un de ces segments correspond toujours aux colonnes internes, l'autre toujours aux colonnes ex- ternes du mot (les oxytons étant d'avance exceptés de tout). Grâce à cette position relativement au mot on sait d'avance si un accent est columnal ou marginal. Mais grâce à leur position réciproque, l'accent columnal et marginal prennent eh même temps des valeurs d'accent radical et flexion nel qu'on peut leur contester gran- dement dans d'autres langues.

Il faut que l'accent columnal ait toujours devant lui, comme en lit., une autre syllabe marquant la position virtuelle de l'accent opposé pour que la distinction existe. Ainsi on peut dire de l'ac- cent de j^mthas qu'il est columnal et radical; mais de l'accent de pitâ, Troûc, Trarpôiv, i\\xf\Q ou Tijuri simplement (ju'il est colunnial; — ni radical ni flexionnel.

Pour qu'un système tel que celui du lit. ne puisse pas même être conçu, il suffit que l'accent columnal repose plus ou mohis souvent sur la col. 1-Ext. Et il suffît en revanche qu'il ne repose jamais sur la col. 1-Ext., ou qu'on ait su})j)rimé les oxytons, pour que ce système existe dans sa plénitude,

9. 11 a été fait abstraction constamment de la déclinaison des masc. en -a (subst. et adj.) qui présente quelques particularités. Au pluriel, simplement le fait que le nom. plur. {demi, iiiargt) est resté fidèle au schéma oxyton, parce que dùkteres et même s-imus étaient trop différents ]jar leur finale pour l'inciter h retirer l'accent. Au singulier toutefois, plusieurs irrégularités qu'il serait impossible de discuter en peu de mots.

1. Ce qui fait que toute e.KcepUon est limitée aux thèmes forcément (j.\ytons comme ta-, trh, szùti-, ou librement oxytons comme katrà-, mais du reste sans différence, c'est-à-dire sans que la circonstance du nionosyllabisme ajoute quoi que ce soit à celle de I'oxyto-Nii:.

�� � — Les intonations lettes. — On peut, croyons-nous, prouver que les intonations du lette n’ont aucune corrélation avec le phénomène correspondant du lituanien, mais sont en revanche en rapport avec les classes d’accent du lituanien.

Lorsqu’un nom (disyllabe) appartient en lit. au paradigme Mob.,a ou Mob., il offre en lette l’intonation gesfoJJeu, ainsi dtws, digs = dcvas Mob. /a, dégan Mob., et dans le cas contraire l’intonation fjeâeJmf, ainsi prèds, îjchs — prcdas Im.’a, pi’uas Im.

11 est clair que cela tient simplement h ce que dans le type Im. (sans décider !?i Ira. et Im./a différaient déjà en letto-lit.) la syllabe initiale était "sans cesse accentuée, au lieu qu’elle ne pouvait l’être que très rarement dans le type Mob. "- — Les dialectes lit. du Nord, (jui tendent comme le lette à retirer l’accent sur l’initiale, offrent des différences très sensibles dans leur accent selon que l’initiale était autrefois tonique ou non, mais non selon (qu’elle était autrefois rude ou douce; et c’est sans doute aussi la seule chose qui a donné lieu à la différence lette çjedehnt et yestoJJen, quoique, surtout relativement au verbe, il soit prudent de ne rien affirmer trop catégoriquement.

P. S. — Je n’avais pas connaissance en rédigeant ces lignes du livre récent de M. M. Hirt, Der indogerDiaimclie Akzent., qui, malgré l’effort sérieux (pi’il apporte dans le sens d’une meilleure compréhension de l’accent lituanien, m’aurait obligé à de nombreuses controverses.

M. Hirt n’a nulle idée d’un déplacement général de l’accent par le groupe douce tonique + rude, base de tout l’état lituanien actuel.

Il est amené, dans son analyse de la flexion, à voir toutefois que les désinences rudes ont attiré à elles l’accent d’une radicale douce’ (p. 95-; et le fait, même sous cette forme, aurait pu, sans donner une véritable idée de la loi, éclairer au moins toute la flexion. Mais M. Hirt entremêle de telle façon ce fait avec une série de lois indémontrables (p. 93— Uô) qu’il finit par n’avoir chez lui qu’une portée dérisoire même dans le domaine de la flexion.

Ce que nous disons ici est pour marquer la différence des plaints de vue, non pour revendiquer une priorité qui n’a en tous cas pas à être revendiquée, puisque la loi, telle que nous la comprenons pour notre part, avait été exposée dès 1894 au Congrès df’s Orientalistes de Genève et qu’on en peut lire la formule depuis 538 AGCEMUATIOX LITUANIENNE.

cette époque dans le Bulletin du Congrès.^ (Je l'avais indiquée déjà antérieurement M. S. L.YlLi 445 jp. 5111; I. F. IV 4(10, note 3 [p. 517, note Ij.)

Encore plus distantes malgré leur analogie extérieure seraient, si on les comparait, la théorie de M. Hirt et celle qu'on vient de voir au sujet des oxytons et de leurs attaches avec le paradigme lituanien.

1. [BuUefin N" 5. — Voir aussi Actes du X' Congrès international des Orientalistes, tome I, p. 8*.).j

�� � â39

��KRITIK DER SONANTENTHEORIE.

[Inihgermanische Forsclmngen. VII. Anzeiger, p. 216. — 1897.)

Scliniidt J. KrUik der SonantenfJieorie. Eine sprachwis.scnschaftliche Untersuchung. Weiniar Bohlaus Nachfolger 1895. 195 S. 8°. 5 M. La première nécessité sera de nous borner, et par là de ne donner aucune analyse juste du livie. Dans le choix que nous sommes obligé de faire, c'est sur une question préjudicielle, toute générale, que nous préférons placer le débat, M. Johannes Schmidt, cela ressort de toutes les parties de sa polémique, ne cesse de considérer la théorie des sonantes comme un objet parfaitement défini par avance, comme une doctrine que l'on peut combattre ou défendre, mais dont le contenu est à tous les yeux limpide. Nous regrettons de ne pas voir avec la même évidence que l'éminent savant de quoi se compose cette théorie, ou ce qui lui vaut à ses yeux son titre de théorie; peut-être par la même raison, de ne pas savoir au juste ce qu'il faudrait conclure du volume, même à supposer que tous les arguments qu'il contient fussent sans réplique.

La théorie combattue ne serait si claire que si elle consistait, purement et simplement, à soutenir l'existence en indo-eur. des quatre sons *r 1 m n ; mais d'admettre ce fait brut ne peut constituer aucune sorte de point de vue ou de théorie.

Si celle-ci se trouve quelque part, ce ne peut être qu'en donnant à *r l m n une signification, soit en les opposant à er el em en . re le me ne; soit en les opposant à ,r J ,m ,/( . >\ h »', »,; soit enfin (dans un autre sens) à /• l m «  consonnes.

Je ne parle pas «lu premier cas qui revient à dire que tutôç n'était pas

  • tentÔH ou ne contenait pas le tnémc son que tr^vTe. Car, bien que de première

importance, et bien qu'impliquée par *r I m n si on les admet, cette proposition a la particularité de pouvoir être soutenue .sans admettre r l m ij (ainsi que le fait M. S.). Là n'est donc en aucun cas, et les sonantistes .seraient les premiers il le nier, la théorie sonantique.

Sera-telle dans *r / >n n opposés à ,/• tl ,m ,nV Est-ce là ((u'esl la vue importante défendue par les sonantistesV Commençons par affirmer (|u'il y a en ellet là un conflit imporlant, contrairement à ce qu'il a paru à (juelques critiques. Ceux-ci oubliaient que la thèse débattue s'étend à *r l m n ou r, l, III, n„ qui seuls en font voir les sens. Il y a un intérêt de premier ordre, il y a toute une opposition de point.s de vue, ù savoir si perl- et jjrek- s'atîaiblis- r-aient identiquement eu *prl<:-, ou au contraire différemment en p,rk- el prjc-. Mais |iOur quelle raison V Ou quelle est cette divergence? Elle n'est point relative .1 la liquide, elle est entièrement relative à l'^-, au sort possible (ju nécessaire (l'un e en indo-eur. Et cette question est-elle du moins limitée aux syllabes ren- IVnnant une nasale ou hquideV Tout le monde sait qu'elle ne l'e.-! pas et doit

�� � f)iO KRITIK DKli SONANTEXTUEORIE.

s'agiter aus.si bien à prupos de ket- (k,f-, kt-), de ed- (,d-, d-) el de viiigrt autres cas. Est ce là ce que M. S. a voulu traiter? Nous ne voudrions le nier ni l'at- tirmer. En tous cas on voit que nous avions raison de dire qu'on ne pouvait deviner sans définition quel principe devait être renversé sous le nom de théorie des sonantes. Car si la thèse sonantique est en dépit de son nom ce qu on vient de voir «que Ve indo-eur. tombe radicalement ou ne tombe pas», aucun (^sonan- tiste» na jamais mis d'importance particulière a ce principe, beaucoup ne se sont pas fait faute de lui donner des entorses, quelques-uns même comme M. Osthofï émettent des vues diamétralement contraires en posant par ex. qu'on n'a pas passé de *keitô h. *kif6, mais que Ve, s'est d'abord atTaibli ("k^fiô- ou

  • lciit(>), puis contracté, etc.

Enfin l'idée à laquelle s'identifie la théorie des sonantes pourrait être une idée relative, non plus kr ou ,;• (termes qui s'excluent dans des formes données), mais à r et r, n et n (termes qui alternent en des formes distinctes). G'est-à-dite d'enseigner quelque chose sur le régime auquel est soumise la diiïérence r-sonante, r-consonne. Si c'est là ce qu'elle a en vue, deux remarques sont impossibles à comprimer. D'abord, en fait, aucune formule un peu scientifique sur ce sujet ne pourrait être donnée sans commencer par avoir une théorie physiologique de la syllabe à peu près égale à sa tâche, ce qui n'est nullement le cas aujour- d'iiiii : de sorte que les principes donnés .sur l'indo-eur. ressembleront tous plus ou moins à celui-ci qu'un n doit par ex. être sonante s'il est «entre deux con- sonnes». Si ces deux consonnes sont elles-mêmes des éléments pouvant être sonantes ou co'nsonnes, je mets en fait qu'il n'y a pas une formule existante permettant de se tirer de là. Mais ce défaut étant peut-être corri<:ible, là ne saurait être robjection sérieuse. La vraie question est de savoir si nous sommes appelés à trouver des règles pour une chose comme la coexistence de r et de r en indo-eur. ^'ous ne pouvons insister longuement là-dessus, mais quand on fera pour la première fois une théorie vraie de la langue, un des tout premiers principes qu'on y inscrira est que jamais, en aucun cas, une règle qui a pour caractère de se mouvoir dans un état de langue (= entre 2 termes conlem- porain.s), et non dans un événement x>honétique (= i2 termes successifs) ne peut avoir plus qu'une validité de hasard. 11 est contraire à la vérité de l'ordre linguisticjue qu'une alternance, comme l'est r-r doive respecter une forme régu- lière. Elle peut par hasard l'offrir, c'est tout. Et dans tous les cas, pour poser la règle sous son vrai sens, il faudra reprendre le terme antérieur au lieu du terme contemporain, en considérant le ou les événements i)honétiques grâce auxquels coexistent à la fin r-r: ainsi comme indication du procédé, ne pas chercher le principe de *Hks-n-os : *uks-n-h]ns, mais le principe de *uksenos >

  • uksnos (a) et de 'Hiksenhhisy- Hksnhhis (b).

On dira qu'il y a cependant, pour qui veut la voir, une lormule claire résumant la théorie des sonantes et lui donnant un corps, M. S. la cite çà et là: c'est l'idée de parnllélisme constant entre r l m n et i «. "Tout ce (jui arrive pour i u arrive pour r l m n.'- Voilà ({ui donne sans doute l'illusion de la clarté. Il n'est pas difficile de montrer qu'il y a là peut-être une formule empirique, mais absolument aucun principe. Appliquée au cas où on porte une api)réciation sur *prek-:>prk- ou prek: > ;>r,A--, est-ce sérieusement au nom d'une symétrie nécessaire avec u C^wrrf- > «</-) que l'on nie "pvtk-'i Toute lu valeur de *u'ed- ud- lui-même est de montrer qu'on n'a pas w,d-, que la chute de \'e e.st absolue: on n'invoque pas autre chose à |)ropos K\e*prk-. Appliquée

�� � KHITIK r>EH <()N.V.VTi;NTnF.()l!IK. i")41

au cas où on veut réglementer la différence r : r, est-ce encore une doctrine sérieuse que de se reporter à ce qui se passe pour i:j, n:if. sans émettre au- cune vue nette sur ce qui se passe pour ces derniers?

11 nous est impossible pour ces raisons de convenir qu'il y ait une chose déterminée à soutenir ou à combattre sous le nom de théorie des sonantes, même en épuisant les hypothèses sur ce qu'elle pourrait être; à plus forte raison si on se dispense initialement de la définir comme M. S. Ce que l'on voit, puisque l'idée sonanlique peut être cherchée de tant de différents côtés, c'est que la contre-théorie de M. S., si elle était formulée quelque part, nous aiderait grandement à sortir d'incertitude; mais c'est là, par le regrettable silence de l'auteur, un autre point oJjscur qui demanderait un autre nombre de pages pour être peut-être fixé. Par ce double doute sur ce qui est combattu d'une part, affirmé de l'autre, nous n'apercevons pas le moyen, très sincèrement, de dégager la conclusion finale.

Si nous avons dû nous borner à une seule remarque, à celle qui s'adres- sait H l'ensemble du livre, il va sans dire que nous ne pouvons nous croire quitte pour cela envers un auteur comme M, S. et que nous ne renonçons qu';Y regret à entrer dans la discussion détaillée des chapitres. Si intéressante qu'en soit souvent la matière, elle ne se prête pas à un résumé. Je crois que tout lecteur qui connaît le contenu de l'ouvrage se rendra compte lui-même de la véritable difficulté qu'il y aurait à extraire tel ou tel point plus essentiel que d'autres de la démonstration de M. S. Celle-ci se compose en effet d'arguments complètement dépourvus de suite ^ et où à la réfutation se môle couramment une certaine proportion de thèses positives et personnelles, le tout formant un ensemble fort difficile à classer et ;V critiquer autrement que page par page. Tout ce que nous pouvons espérer est que nous ayons pour notre part l'occasion de revenir ailleurs sur quelques-unes des idées émises par l'éminent professeur de Berlin.

1. Voici l'analyse d'un chapitre (chap. IV). — F. 50 — 52: bacûc ne prouve pas ». — 52—54: y, ou ,n, a donné indo-ir. an devant y, v, m {fjaf/hanrân): il s'ensuit, paraît-il, que la même chose a dû se passer dans *tntus (indo-ir.

  • tant(is) d'où divei'ses conclusions. [Ainsi introduction incidente d'une loi toute

nouvelle, par laquelle il existerait une réduction indo-ir., ou hîvclotie, de an en a.] — 54 — 61): Thèse impossible à résumer en peu de mots sur hmsatl âd- bhuta, pour *admbhuia-, où le primitif en se serait réduit entre deux consonnes à n-consomteY)Our être plus tard expulsé, ou conservé dans le cas de himsati. — tty — 71: Impossibilité physique de faire entendre un ». — 71 — 76: Le n des désinences, comme irôb aç etc. — 76—80: Inanité des preuves comme, la perte du d dans pruss. insiiwis (lingua), preuves ayant exactement le même caractère que celle de haavc, placée à l'autre extrémité du chapitre. — Cet exemple est uniquement destiné dans notre pensée à montrer la réelle impossibilité d'une appréciation en bloc de ce rpii se trouve même dans une seule des divisions du livre.

�� � 542

��INSCRIPTIONS PHRYGIENNES/

(Uedterchef^ archéologiques dans VAsie Occidentale. Mission en Cappndoce 1S93— 18VI4, par E. Chantre. Paris 1808. p. 105 seq.)

DESCRIPTION DES TEXTES

Les deux pierres sont relativement indemnes, en ce qu'aucun accident particulier n'en a dégradé la surface, si l'on excepte la petite face latérale IIC. Néanmoins, par le simple fait de l'usure, une partie des lettres s'est effacée au point de rendre plusieurs pas- sages très incertains. Quelques lettres, peu nombreuses, .sont pro- bablement perdues sans remède. Une cause de difficulté dans les endroits critiques, est que les inscriptions sont gravées sur une sur- face mal polie dont les sillons naturels se mêlent d'une manière extrêmement fâcheuse aux traits du ciseau, dès que ceux-ci ont perdu de leur netteté.

Nous avons essayé d'établir le texte — c'est-à-dire la suite matérielle des lettres — sans pousser beaucoup plus loin notre ambition. Les quelques remarques qui ne sont pas relatives à cette simple fixation de lecture sont celles qui pouvaient se ])résenter ])resque d'elles-mêmes.

Les documents que nous avions sous les yeux sont les suivants:

Copies. — Les copies exécutées à Euyuk même par M"" Chantre (A), et par M. Alfred Boissier (B) qui, en 1.S94, accompngnait la mission dans son second voyage.^

��1. [Les deux pierres phrygiennes découvertes en 189;i par M. Chantre à Euyuk, non loin de Boghaz-Keui, étaient encastrées dans le mur (fune maison privée. En 1894, au cours de sa seconde mission en Asie Mineure, M. Chantre, avec l'appui des autorités ottomanes, les a fait transporter au Musée de Coiis- tanlinople.] ^

"2. [M. Boissier tient à faire remarquer que sn copie a été prise dans de mauvaises conditions, et qu'il vaut mieux n'en pas tenir compte «piand il y a divergence entre elle et les aulres documents.]

�� � INSlIHlI'TiMNS l'liriV(JIK.\NK5i. Ô4>î

Estfimpaijes. — Les premiers estampages, pris [tar la inisHion, ont péri dans l'opération du moulage. Ceux qui m'ont été envoyés depuis de Constantinople sont peu nets, et n'ont offert (lue pou de chose à glaner en dehors des autres documents.

Moulages. — Le moulage fait sur les empreintes rapportées (TEuyuk est déposé au musée du Trocadéro. Je n'ai connu directe- ment que le moulage des petites inscriptions TIR, II C, trop frustes pour être photographiées sur le moulage.

Photographie du moulage. — Pour 1 et II A, j'ai eu sous les yeux de bonnes photographies du moulage qui peuvent faire penser qu'il n'y aurait pas eu d'avantage très grand à pouvoir consulter les plâtres eux-mêmes.

Photographie directe. — Sur le désir que je lui en avais exprimé en apprenant que les monuments venaient d'arriver à bon port à Constantinople (automne 1895), M. Chantre a bien voulu faire les démarches nécessaires pour obtenir de la direction du Musée Lii- périal Ottoman la photographie des pierres elles-mêmes.^ Ce docu- ment est venu à temps compléter ou corriger sur différents points les lectures antérieures.

Aucun de ces difiérents moyens de fixer le texte ne nous a paru de trop. Nous serions plutôt tenté de les trouver, tous réunis, encore insuffisants, et de renvoyer d'avance à ce que donnera l'examen définitif de la pierre.

La région d'où proviennent les deux monuments Chantre ne peut s'appeler sans autre distinction la Cappadoce, C'est cet angle nord-ouest de la Cappadoce, identifié avec l'ancienne Ptérie d'Hé- rodote^, où subsistent (à Boghaz-Keui, à lasili-kaya, comme à Euyuk même), les restes d'une très spéciale civilisation, du reste remarqua- blement pauvre jusqu'à ce jour en monuments épigraphiques do toute sorte.

Les nouvelles inscrii)tions no sont pas cependant les premiers exemples d'écriture, ni d'écriture alphal)étiquo grecque on ce district.

1. Malheurousemcnt nous n'avoJis pas eu de photographie des faces II B, II (1. 11 existe pour la première une photographie directe, très insuffisante, reproduite planche III.

2. Contre celte identification, voir Th. Reinach, Actes du X- Congrès des Orientalistes, VI, 23. Nous sommes loin de refuser aux arguments de M. Reinach une certaine plausibilité. mais la question de savoir si la région d'Euyuk est ou non la Ptérie est, en somme, dans le présent sujet, pre.sque sans conséquence (sauf au cas où on suivrait l'auteur dans sa thèse ])lus vaste concernant les iMatiènes et l'empire matiène).

�� � ô'ii i.\^i;i;irTio.\s rHUvciK.v.vKs.

On connaissait cette inscription mi-alphabetique (Icjm copiée à Euyuk (i'Aladja par Hamilton,- Heftcarrhes in As-iri Mmor, I, 883, et que nous ilgurons ci-desf?ous.

Fig. 166. — Ingcriplion de Hamilton.

Une autre inscription, celle-là franchement alphabétique, mais à peine plus longue que la première, fut trouvée à Euyuk par Mordtmann. Nous la reproduisons plus loin à cause de l'intérêt qu'elle offre pour nos propres monuments.

Aucun de ces deux textes, si on peut les a])peler de ce nom, ne jetait la moindre lumière sur l'espèce de langue qui pouvait régner au delà de l'Halys en la contrée ptérienne. J'admire sincè- rement M. Sayce qui n'hésite pas à voir dans le man de l'inscription de Hamilton un mot indo-européen signifiant ego, et à donner toute la traduction de l'inscription (Troie, de Schliemann, édition française, p. 510, Appendice).

Grâce à l'étendue fort différente, quoique encore bien relative, des inscriptions Chantre, nous avons aujourd'hui des clartés plus grandes sur l'idiome qui s'écrivait en caractères grecs dans le pays d'au-delà de l'Halys. 11 apparaît que cette langue n'est autre que le phrygien, ou si tel n'est pas exactement le cas, au moins un dialecte tellement apparenté à ce dernier que la chose, dans l'état restreint de notre connaissance, revient absolument au même. Il y a identité entre iosni (HA, 2) et le fameux loç vi (ôcJtiç âv . . .) des inscriptions néo-phrygiennes; entre le suffixe (métronymique?) de Kmuifieiwais (T, 2) et celui à'Arkiaen-ais, Memervais, dans les ins- criptions Midiennes; entre J/re/Mw (nA,2) et la première partie du nom midien Aketiano-law, sans parler d'autres coïncidences moins frappantes. Le problème qui se pose ou les conclusions qui s'im- posent vont dès lors dans un sens assez inattendu. Tous les centres phrygiens se trouvent à une immense distance d'Euyuk et de la Ptérie d'Hérodote. En accordant même à l'ancienne Phrygie, comme son poste le plus avancé vers l'est, Ancyre (où ne s'est jamais ren- contré une inscription phrygienne), Euyuk se trouve encore à quel- <iue 200 kilomètres de ce point, et chose plus importante, au delà

�� � INSCRIPTIONS l'HRVCilKNMï.S. •)1')

de THalys. on dehors de? limites qu'a jamais connues l'empire phry go-lydien.^

Ce n'est donc guère à une «colonie phrygienne», qui aurait apporté comme par éclaboussure jusqu'en Ptérie la langue des en- virons de Pessinunte, que l'on peut songer devant nos inscriptions. Une autre hypothèse plus hardie serait de supposer que la commu- nauté des institutions du culte entre la Cappadoce et la Phrygie aurait conduit à l’établissement d'une langue sacrée partout où régnaient les rites de Cybèle, et que c'est à ce titre que la langue phrygienne serait connue en Cappadoce, en dépit de toute frontière politi(jue ou nationale; mais nous irions dans ce cas à l'encontro des vraisemblances historiques comme des conclusions de tous les critiques, qui ont constamment cru que le courant religieux s'était produit en Asie Mineure de l'est à l'ouest, de Cappadoce en Phrygie et noTi de Phrygie en Cappadoce.

Le plus simple de beaucoup est donc d'en revenir à la première idée qui s'offre: que nous sommes devant l'idiome authentique des l)opulations ptériennes, et (jue, par conséquent, il se parlait en deçA et au delà de l'Halys des dialectes absolument voisins.^ Ceci ne laisse pas de troubler le dogme ou la légende des Eriges immigrés de Thrace et de l'isolement linguistique du phrygien en Asie Mineure. Nous entre-voyons plutôt que, du haut des montagnes d'Arménie jusqu'aux rives de l'Archipel, s'étendait une seule masse continue de peuples ariens arrivés également de l'Est (et qui, en revanche, à ce que nous croyons,, n'ont jamais occupé aucune partie du sud de la péninsule).

A la différence des inscriptions «Midiennes» (inscriptions de Doghanlu), nos inscriptions ne connaissent pas la ponctuation entre les mots. Nous sommes par là privés de la seule base qui mettait encore une lueur de clarté dans les premières, car il ne faudrait pns se dissimuler que toute forme Midienne <iui a pu être expliquée, ne l'a été qu'en vertu de la ponctuation, non à la suite de quelque déchiffrement lumineux du sens général de la phrase. Quand ni

]. Lf.-i iii|)purLs (le Ici l'ieric avec cet, eiiiiiire n Oui. consiste, u ce t[u'oM connaît, qu'à être raviigée en .548 par (Ircsu?, peu avant la prise do Sardes par les Perses.

'2. Aucune opinion sur les Héthéens ou sur le peuple qui a gravé les bas- reliols d'Euyuk n'est émise par là. Il ne résulte pas, par exemple, de la pré- sence d'inscriplions oscjues en Campaiiie qu'aucun peujile tel que les Ktrusrpies n'ait jamais eu pied en Campanie.

de Saussure, Oeuvres. 35

�� � )ir>

��IVSCRIpriONS t'HRYfilENNKS

��\\\n ni l'autre de ces points de départ ne sont offerte, on no peut (lUe trop mesurer d'avance la pauvreté du résultat à attendre.

Inscription I.

Hauteur de la pierre: 0"^85. Largeur: 0'"84. Epaisseur: 0™B5. — L'inscription ne paraît être mutilée d'aucun côté, sans qu'il y ait évidence à cet égard.

����100

����Fi}z. 107. — Irif^eription

��Les arguiuents à faire valoir pour l'intégrité de l'inscription sont d'abord la dimension des lettres initiales FA, puis le fait qu'à gauche (îonime a droite le bord de la pierre ne coupe aucune lettre.'

��]. Le croquis n'est autre chose qu'une espèce de mosaïque tirée tant bien que mal par nousmême de l'eslampaj^'e, de la pliolographie directe et de la photographie du moulage. Son utilité est <le tixer, ne lùl-ce que grossièrement, ce qui résulte de toutes ces iniages sur la forme des lettres, leur situation, et enfin d'autres détails qu'une simple transcription n'indiquerait pas; mais nons • levons e.xpressémenl répéter, pour éviter dos méprises, qu'il ne constitue point lie document j)Our .sa pari.

�� � INSCftlPÏIÔ.VS PffBYGIEN.NE^. olT

LIfjnc 1. — Photographie de Constantinople: FacJ"ouai|uav|U€KaO'. " Copies: idem. — Le moulage ne conserve que (Joucri)aav|ueKacr, le bord du papier d'estampage s'étant trouvé par hasard entamé à l'endroit des lettres Fa.

Le K de -jneKacT a une forme qui no se répète nulle part dans les deux inscriptions, et qui, à la rigueur, pourrait faire conclure à une autre lettre que k (branches très courtes, légèrement tordues en forme de flamme, se rejoignant au nlême point du jambage vertical). 11 faut cependant observer que la forme du k est en général assez variable dans les deux inscriptions. — L'o de Faffou- a la forme connue qui se retrouve plusieurs fois, mais n'est cependant pas constante.

XoTA. — Dans le bas de lu de Fadou existe un petit quart de cercle (>|) visible avec un peu de peine dans toutes les repro- ductions. Mentionnons-le pour éviter une erreur à ceux qui seraient tentés de lire pour cela FadOK-. Le trait n'aurait d'importance que s'il pouvait passer pour le reste d'un trait profond, plus ou moins oblitéré, mais ce n'est point le cas à l'examen, et le trait, d'où qu'il provienne, a dû toujours être aussi pâle que maintenant. 11 est sans signification possible dès lors.

Li(/)ie 2. — Copies: RavuTieiFaiO". — Photographie du moulage: i(km; la seule lettré qui laisse à désirer étant le 3* i (dans -FaicT-). — Dans la photographie de Constantinoi>le, les lettres lisibles sont : .avuTieiFa... (avec restes du k).

Au delà de cr, un espace détruit ou en blanc (il est difficile de décider quelle hypothèse est la vraie) ayant pu contenir au maximum trois lettres, s'il a jamais été rera})li. Très vaguement il semble qu'on distingue peut-être les restes d'un O, co qui donnerait le texte KavuTieiFai(To.

Lifjve H. — Photographie de Con.-5tantinople: beFo(TK€)a6.acr. — Photographie de l'estampage: ](."JocyKe)ae.a.. — Copies: A. bpio(TKev€ua(T; H. apio(TKeveua[p].

Il semblait qu'une partie de cette ligne fût dans un état dés- espéré. La photographie de Constantinople montre qu'elle est pour ainsi dire intacte d'un bout à l'autre, simplement un peu plus effacée aux deux bouts qu'au centre. Il n'y a pas lieu, après cette photographie, de mettre en balance les autres documents.^ On peut

1. C'est à notre plus yrand regret ([u'il a fallu iiéannioius se contenter pour la planche I «le la phototrraphie du inouhifre. qui ne donne aucune idée juste de la 3" lij^Mie. L'épreuve de Con.stanlinople est pri.se 30us une si niauvai.se

36»

�� � regarder le texte δεϜοσκεμεναζ comme assuré ; reserve faite des observations qui suivent:

1, Le \{ est peut-être un v. pur et simple; mais en réalité il paraît muni d’un troisième trait, ainsi disposé: ^j^. — ("e ([iii m’empêche particulièrement d’en douter est d’abord que j’avais relevé ce trait dans mes notes avant de connaître la })hotographie de Cons tantinople; plus encore la circonstance suivante qui ne dépend plu:^ de .mon impression peràonnelle:

On trouve dans les deux copies, A et B, -Keveua-; mais, chose curieuse, la forme donnée à l’u dans les deux copies, n’est pas l;i même: l’une porte \|, l’autre au contraire K avec une forme inversée (et inadmissible ici) de l’u. D’où la conclusion assez plausible «pie le trait de droite existe aussi sûrement que celui de gauche, bien que les deux transcripteurs, en croyant lire tous les deux u, n’:nent vu tantôt que l’un, tantôt que l’autre.

. La fixation de la lettre douteuse n’est peut-être ])as terminer ajirès ce (jue nous venons d’en dire, car on remarque encore dans le bas du signe à gauche, de vagues lignes qui tendraient à lui donner pour forme finale: Y. Toutefois, et après de patientes inspections des photographies, il nous semble plus probable <pie ce dernier trait inférieur n’est dû qu’à im défaut de la pierre.

Peut-être la lettre dont il s’agit n’est-elle autre ([ue le T connu dans le \aTiT de la 7* inscription Midienne, où Ramsay voit avec l’aison, croyons-nous, le même signe que dans T et 5P des inscriptions Mid. 2 et ô. Si la comi)araison du même auteur avec l’archaïque ’i' des Ioniens ("^AXiKapvaTéuuv) est juste, la lettre a pu désigner une espèce de sifflante, distincte de ïs ordinaire.

2. Les copies ont ν dans -Keve-. Déjà l’estampage me parais,sait plus favorable à μ, et je n’ai pour ainsi dire plus de doute après la nouvelle photographie. Non seulement la trace du quatrième trait constituant l'm peut encore se surprendre, mais on peut affirmer qu’un M n’eût jamais comporté une pareille distance entre la lettre dont il s’agit et la suivante; cet intervalle est à lui seul une preuve de l'm.


lumière que lès carnctères qu’elle a révélés à cette ligne n’auraient pns reparu sur une nouvelle plaque, et qu’en retour, le lecteur n’aurait eu ((u’une dcploral-li’ irnajre de la deuxiènu’ lijrne, celleci étant tout à fait mauvaise sur la photographie de Constantinople. — |ll n’a pas été possible de reproduire ici les planches de l’ouvrage original] IN'PCRIf'TIONS PIVKYGIENSBS. ')i*.*'

Tious Ta ligne H. — Exactement sous le e de -jueuaa-, on remarque, l'hose énigmatique, un iietit T, lui-même souligné de deux traits ayant cette forme: ti . Il vu deux alternative^:. Ou bien lire de bas -en haut, ce qui donnera W"^ ■ Ou liien (conserver le sens général de linscription ; dans ce cas, seul le ^ constitue une lettre, et les barres horizontales représentent n'importe quoi. En aucun cas on ne voit ce que cet appendice signifie.

N'oublions pas de noter que le grand trait vertical qui se dresse ici dans la photographie du moulage (planche 1) provient d'un simple pli du papier, et que la photographie directe n'en présente aucune trace.

Les renianpies (pu, sans ressembler le moins du monde à un essai d'interprétation, se présentent assez immédiatement sont, me semble-t-il, les suivantes:

Le mot KavuTieiFaicT, ne sera séparé par personne de Ba^a Me|LieFaicr, Areff ApKiaeFaicr des inscriptions de Midas. Ceux-ci sont ou des patronymiques, ou des métronymiques, ou des gentilices. Du moins des mots donnant une indication de ce genre, que ce soient des nominatifs comme AaepTiàèiiç ou des génitifs comme AaépTeuu. Leur place est immédiatement après le nom de personne. Dans la présente inscription, il semble au contraire que KavuTieiFaicT en soit séparé. Le nom de personne est, ou bien dans FacToud, ou l)ien tout à fait absent. Dans le dernier cas, c'est une expression connue TTiiXeibiiç pour AxiXXeûç; dans l'autre, le tour Aniq)opoç épepriKeiv MaivaXibnç, avec séparation du patronymique; et dans les deux cas. un tour poétique. A première lecture, je dois ici le cons- tater, le fait qui m'avait le plus frapi^é, est que toute l'inscription sonnait comme un texte métri<|ue ( -- — ^ _ ^ — - etc.) . . . Sans doute une telle inqjression ne ])eut être que bien incertaine^: il est dautres inscriptions phrygiennes, nommément le n" 7 de Ramsay ^ocreaaiT )naTepe2[ etc.), pour lesquelles ce soupçon prendrait plus de coi-ps.-

\. .Surtout s'il taut lire KavuTiei,/uiao (v. plus liiiiit). Seul un cjilaîeclitjue K(tuû.':tu'i'uiiis saccorderait bien avec la prejuière ligne.

2. A VA' propo.s, il ])eul être intéressant de remar(|uer, sans cuniondrc d'ailleurs les époques, que le texte pour ainsi dire moyen de l'iniprécalion néo- phrygienne, quand on en combine les diUérentes versions, est: joç VI ae^ouv Kvoujjavei kukouv ubbaKer aivijLKXvKa. uf ile.ufcXai K€ bioç kê enrreTiKuevoc; eiTou,

�� � 55O INSCRIPTIONS PHRYGIENNES.

Un fait plus frappant se présente quand on jette les yeux sur les deux petites inscriptions antérieurement découvertes à Euyuk (cf. fig. 166). Celle qui fut trouvée dans cette localité par Mordt- rnann et dont cet explorateur n'avait aperçu que la première moitié a été complétée par Rarasay (,7. of the B. Asiatic Society, XV, pi. III, n"13).^ Elle est conçue comme le montre la figure 168.

Fig. 168. — Inscription de Mordtinann-Kanisay.

Ce texte contient, comme on le remarque, le mot KavuTueFaa(o), moyennant l'insignifiante correction de ^ en M. Mais on ne ]»eut, je crois, s'en tenir là. Le débris de lettre en forme de 4, qui linit la première ligne est forcément, s'il est bien rendu, le reste d'un A. Toute l'inscription finit donc par Fadod KavuTue-Faao, de quelque façon qu'on lise ce qui précède. Est-ce là peut-être le propre gé- nitif de notre Fa(Joua KavuTieiFaicjV Dans tous les cas, les deux noms sont devant nous, et la coïncidence devait être signalée.^

ce qui donne deux vers dactyliques tolérahles, et conserve encore la nièine forme quand on remplace jae ZeiueXo) xe bioç ké par la variante: leipa kg oiireieq ké (tTiTTeriKiueva eiTTvou).

1. Voir les observations de cet auteur à la page 123 de son mémoire. C'est évidemment d'une tout autre inscription 13 qu'il parle aux pages 131 et 134. 2. KavuTieiFaiç fait l'effet de contenir une variante dialectale de la diphtongue marquée dans ApKiaeFaiç, et qui n'est elle-même qu'un cas phonétique de l'ē long (subsistant, on ne voit selon quelle règle, dans Memēuais). En général, l'ē long (indo-eur.) paraît être transformé en phrygien ou en ae ou en ā, peut-être selon l'influence des sons avoisinants:

La transformation comi)léte, allant jusqu'à Vu, se trouve avec évidence dans iLioTap (cas obliques inarepav inatepeZ). (If. peut-être avap dans rinsciiptioii néo-phrygienne n** XV' de Ramsay. TTpoiT«Foa, ainsi qu'AKevavoXaFoa rapi)elient lorteinenl la classe j;recque en -nF-, TTnXeûç, TTriXf)Foç. Nous parlons plus loin de l'hypothétique aFapî pour '^êwarz l'f). La transformation mitoyenne en ac est -attestée avant tout par ebaea, puis, comme nous le croyons, jjar ApKiueFaia (dépendant lui aussi de la chisse en -nF-?), enfin peut-être dans Mibai AuFa-fTiaei (ou TaFaXTiaci) dan.s lequel le F serait oublié, ou phonéliquenient suppiiiné. de manière que la forme aurait à s'entendre comme AaFaYTiue(F)i ou AuFa-fTiae^F^ti. INSCRIPTIONS l'HHY<ilENNF>. -iol

La réalité de FacJoucT comme nom d'individu recevant par là ({uelquc confirmation, on peut maintenant, avec plus de certitude, porter un jugement sur ce que représente la finale des noms néo- phrygiens comme Bapoûç, Ouaboûç, Aîtqpouç, traités en dernier lieu par M. Solmsen, Journal de Kulin, XXXIV, ô7. Contrairement ù l'idée de ce savant, dont les conclusions sur ce point sont du reste l)lutôt confuses, ce n'est pas à un changement de Bahos en Babus, pas davantage de Bahos en Babas, mais bien à .l'existence d'une ancienne classe phrygienne avec -oiis (diphtongue authentique) qu"est due cette catégorie de nonis.^

La seconde remarque que nous n'aurions aucun droit de re- l)OU?sor. est qu€ peut-être la troisième ligne finit par le même mot ([ue la première. Toutes deux finissent par jue.acr, avec, entre e et a. une lettre bizarre.

Laissant de côté cette co'incidence, et lisant simplement -jueKacr à lii première ligne, un résultat qui semble acquis, est qu'au moins ce lueKaa forme pour sa part une certaine unîté séparable: vu l'im- j^robabilité d'un groupe mn (-i|uav|a€Ka(j) situé à Vintérieur d'un mot. r>a même conclusion s'imposera ensuite, à la troisième ligne, pour }Ae\\)ao, par suite d'autres considérations; savoir celles ({ue nous allons présenter ])lus bas. sur beFoaKe.

P2t ainsi, même si les deux lignes ne finissent pas toutes deux l)ar un mot identique |ue.a(T, elles permettent d'isoler deux mots qui seront dans l'une ^eKaff et dans l'autre lueipacr.

Nous n'avons pas l'intention de pousser beaucoup plus loin les combinaisons. Néanmoins, comme nn des seuls faits grammaticaux certifiés jusqu'à présent par les inscriptions phrygiennes est l'existence d'une 8® aoriste en -.s comme e-5ae-(T^, il n'y aurait pas d'absolue

Remarf[uons ù ce propos l:i curieu.se foniiy des noms de ville phrygiens Mibcteiov, KoTioieiov, AopuXdeiov (tels sont les noms; EusLallie en relève expres- sément la di]ilitonirue dans un passage du reste corrompu; Geographi firaeci w/norf.'* de Didot, II, 301). La vraie diphtongue de ces noms ne .se trouve pro- bablement lias dans ei, mais dans ae, c'est-à-dire qu'ils seraient sous leur forme complète MibatFiov, AopuXueFiov, etc. comme ApKiaeFaiç ou AaFaYTia€(F)i.

1. Devant /( seul le phrygien, même le plus ancien, parait avoir changé J en û dans la finale, de sorte qu'à la différence de Attttouç, un accusatif Aittiouv sera non plus caractéristique (jue kukouv = kukôv; naturellement étant tenu compte de l'étjit général du contexte.

2. Auquel s'ajoute probablement aFapI dans la (i» inscription de Midas. I/augtrtent devant w représenté |)ar ë, comme dans *riFopaov, éiûpuuv (Wacker- nagel), et régulièrement changé en û jiar le phrygien. Toulclois liezzenhergi-rs Heitroffe, XIV. :!l(), noiel, l'iamSay déclare le F de celte forme douteux. Dans

�� � J)52 INSCRIPTIONS PHRYGIENNES.

invraisemblance à ce que jucKaa, ixe\\iaa dusnent se lire jLi'eKaa, jx e^)aa. Hypothèse à nos yeux trop vague, du reste, pour que nous rappeliuns ù ce propos la formule grecque fréquente: ô beîva[|u']àvéeriKe, Kai ô &eîva[|u']èTT0Îr|(7e, avec mention de celui qui dédie et de celui qui a exécuté Tœuvre.

Une des inscriptions Midiennes (n" 10) porte aireXavov eKaOte- FavoŒ; sans ponctuation; mais la séparation entre -avov et eKacr- paraissant probable à la manière dont sont disposées les lettres à cet endroit. L'inscription prendrait une sorte de sens si eKaa signifiait réellement scuîpsit ou quelque chose de ce genre. ^

Le beFocTKe de la 3^ ligne ne peut manquer de rappeler diffé- rentes inscriptions néo-phrygiennes de Ramsay, dont l'une porte textuellement beocTKe {Journal de Knkn, XXVllI, }>. 390, n*^ Vil).

La difficulté est que beoffKe, ou ce qui lui ressemble, est in- séparable d'une formule dans laquelle figure comme second terme principal un mot îeiueXuj dont il n'y a point de trace ici. Les exemples, recueillis par Ramsay (p. 888), sont:

bri biuuç 2^e)LieXa)

|Lie b\w[G Z!e;|u[ejXuu

|ae ZieiueXuj ne beoç

beoç KÊ Z;€|u[€Xuj]

��l'inscription n** 3, le dernier niot est presque détruit, mnis ce qui en reste fait soupçonner qu'il y avait lu encore une de ces formes verbales commençant par e et finissant par sifflante iepuZ ou peut-être même eKol).

1. Pour terminer ce sujet, comme il a été souvent parlé du grec |.ivf)uu a propos du néo-phrygien inavKa, ce souvenir pourrait hanter davantage encore les esprits devant notre tin de lif^ne -MANMEKAÎ (luiavin'eKaa!). Même on pourrait perfectionner facilement l'hypothèse en remarquant que nous sommes assurés d'un neutre pronominal ai dans oiK€ve)Liav. Malgré l'absence de ponctuation (car celle-ci est parfaitement régulière comme chez les Grecs après un pro- clitique), nous avons toujours décomposé ce mot de la l^e inscription Midienne en ai Keveiiiav Jwc sepiilcrum, comme le fait Solmsen, ./o«rn«/ <?t' A'«/</(, X XXIV, 61, et d'après les mêmes arguments. Le résultat serait ainsi fort brillant: Faaou(o) oi jaavia. €Kaa: V. hoc moiiunientian liculpsit. Par malheur, le neutre phrygien en -n n'admet pas précisément l'élision aussi facilement que le gre<*. 11 se termine en -/< comme le prouve ovouav, Zéuuuv Tt'iv -rrriTnv (Solmsen l.c. 7i2, note), et Keveuav cité tout à l'heure. C'est donc tout au plus uav,uav eKaa. non uav^CKaa, qui suggérerait à la rigueur cette conjecture. Au reste, et si. c'est la peine de s'arrêter à d'autres rapprochements que ceux qui ne peuvent être jjassés sous silence, c'est un mot oijuav plutôt encore que tout autre que les interprètes «eront peut-être enclins à trouver dans le second mot de la ligne; nou.s remettons la discussion de ce point ù une place à part (v. Ap{jendic(? II).

�� � INSCRIPTION? PHRVfJrEXNKS. O&o

Auxquels s'ajoute un exemple tiré des nouvelles inscriptions de ilogartli (n" 2).

[ZiejlueXiJuç Ke[5]e[o]ç.

On a beaucoup discuté les mots de cette formule, qui, d'après les paraphrases grecques semblerait signifier: (qu'il soit exécré) hi et sa famille, ou Ivi, ses enfants et petits-enfants^ mais qui d'elle-même semble plutôt vouloir dire par le Ciel (bioiç) et par la Terre (Ze\xO\.iX))i ou peut-être: par ce qui est divin (èîoç) et ce qui est humain (x6a|Lia\ôç).

Sans entrer dans le fond du débats nous ne retenons que- ce qui est relatif à la particule K€ et croyons que ceux qui ont, comme Ramsay, voulu l'assiniiler au grec Kaî sont dans le faux, en dépit du secours inespéré que leur apporterait larticle déjà cité de M. Solnisen, Zum Phri/gise/ien, d'après lequel une énorme |)roportion de mots \)hrygiens ne seraient autre chose que des emprunts au grec. Nous croyons Ke identique au grec te, non Kaî, et admettons géné- ralement que le k., indo-européen a donné phrygien k.

De là suit «jue la formule beoç Ke Z^ejueXiu ou |Lie ZiejueXuj k€ beoç, devrait être, au complet, beoç kê Z^ejaeXuj Ke; ou ^e ZiejueXuu kc beoç Ke. Rien ne prouve en effet le contraire, vu que les passages (voir les textes) sont immédiatement suivis d une lacune, et il existe en revanche une contirmation du fait dans le n" XII de Ramsay où se lit ZEIPAKEOinEIECKETITTETIKMENA...EITTNOY. Zieipa Ke omeieç Kie) exiTTeTiKiaeva eiTTVou.

De cette digression rendue nécessaire par la coïncidence be- FoaKÊ — beocTKe, nous ne voulons rien tirer, comme on voit, sur ce qui peut concerner beFoO", ni le rapport de beoç avec; beFoff, ruais conclure ({ue les deux textes contiennent avec ])rf)bahilité un mot KÊ <|ui Serait r<i|uiv:tIout du sanscrit ca.

Inscription II.

Outre l'inscription principale (A) — que j'appelle principale siniplement d'après le nombre des lignes — le monument coni])renait:

Deux lignes encore lisibles sur la face 15.

Et une autre inscription d«»nt il ne reste que cinq ou six lettres, que nous supposons avoir du se trouver sur le coté de la pierre

1. Il est permis de supposer que, malgi-é la compiirai.soii de ZeueXai avec fmti'iiid, fainitlun (ain^l qu'avec Zi)xeX^\. fiupPapov àvbpdTrobov Opùy^Ç chez Hésychius), !a formule qui contient le mot n'est pas celle qui correspond à: aÙTÔç Kul TÙ T^KVu oÙTOû, muis que e^< mots de la version {grecque sont le l>endajil de l'autre turmule leipa kc onttieç Kt (v. ci-dessus).

�� � 5o4 INSCRIPTIONS f-HRYOIENNE*.

placé à Topposite de B (côté sur lequel le bloc repose dans la photo- graphie du musée Ottoman).

Le.s notes do la mission ne renferment malheureusement pas d'indication sur le côté où ont été vus ces débris, mais tous les indices indirects, notamment les dimensions que semble révéler l'estampage sont favorables à notre supposition/ Détail important, il est positivement constaté que l'inscription ne se trouvait pas sur la face faisant pendant à A, laquelle présente l'aspect d'une face brivte.^ Bxistait-il sur cette pierre un plus grand nombre encore de faces écrites, une quatrième et peut-être une cinquième inscription V Je n'ai rien su qui fût la preuve évidente du contraire, cependant une étude attentive du monument doit plutôt conduire, estimons- nous, à en douter.

Avant toute remarque plus spéciale, il est Iton de noter que les différentes faces se lisaient comme autant de textes séparés, non- seulement sans que la ligne passât d'une face à l'autre, mais sans (^ue la page représentée {)ar une face eût sa suite (directe) dans l'autre, (/'est ce (|ui l'essort avec évidence des faces A et B. fac(ïs contigui'S où les lettres de A sont tournées à l'envers de celles de B, rendant donc absolument impossible une lecture continue entre ces faces. Sans doute nous ne savons rien de la troisième inscription, pas même sa position exacte par lapport à B et à A; cependant (quelques instants de réflexion montrent (jue cette inscri])tion devait être également indépendante.

Il est certain (qu'elle n'était i»as en D (v. plus haut), donc qu'elle n'était i)as la suite de B.

Probablement elle était en C; donc elle pouiTuit, en théorie, faire suite à A, mais comme au l)as de la face A se trouve un espace lil)re où on aurait facilement colloque une cinciuième et même une sixième ligne, elle ne faisait jms suite à A.

Reste le cas inq^robalile où elle se serait trouvée en E ou en F, d'où elle i)ouvait correspondre en effet de quelque manière, soit à B, soit à A, mais il faudrait cette fois supposer que les lignes elles-mêmes se continuaient sur res|)ace de deux faces (par ex. A — F, B — E), car comment la pagination de la pierre aurait-elle eu sans

. ]. Il s'iijjfil (Je re.sUiinpage d'Euyuk qui a servi iiour k- moulage. Nous

n'avons d'aucune des face? secondaires, C ni B, un estampage de Conslanlinople.

2. C'est cette dernière face l)rule que nous nommons I). Si une erreur

eiiste dans notre localisfillon de C, ce. ne peut-être pur conséquent qu'une

question entre le soi-disiint C et les l'ace= K cf V du croquis.

�� � cela la moindre clarté ? Il est beaucoup plus simple, même dans ce cas, d’admettre que chatiue face pouvait se lire sans connaissance des autres. Du reste, la marge existant soit dans A, soit dans B, du côté de la face E, exclut l’idée de lignes passant entre ces faces. Il ne pourrait être question que de lignes passant de F à A, ou de F à B; on arriverait ainsi à choisir pour le siège de l’inscription 3 précisément la plus petite "face (F) de tout l'hexaèdre.

De ces observations, il résulte spécialement pour la face A que celle-ci se présente d’une manière absolument franche. Les premières lettres ofuicoiwetei ne sont la suite (au moins la suite immédiate) de rien, ni d’une face B, ni d’une face C.

Ce qu’on se demande de plus en plus, c’est quelle a pu être la forme de ce monument et de quelle manière étaient tournées ses différentes faces ?

On peut faire à cet égard deux hypothèses. La planche IIl est une photographie dont nous n’avons pas hésité à demander la reproduction, parce qu’elle est la seule qui donne une idée de la forme du bloc, plus spécialement de la forme de la face B qu’on y aperçoit. Le premier détail qui frappe en l’examinant est la forte obliquité du bord inférieur de la face B; et le second, que malgré cette obliquité, la ligne d’écriture suit exactement ce bord, d’où il résulte, contrairement à ce qu’eût fait supposer la face A, que la pierre a peut-être été taillée, mais n’a jamais été taillée d’équerre.^ Si elle est un bloc taillé, elle représente une pyramide tronquée, qu’il faut, par conséquent, faire reposer sur la face E pour avoir sa position normale. "^ Dans ce cas, le monument représente

1. Au dernier moment, par un accident imprévu, In planche 111 ù liu|uelle nous nous référons, n'a pu être tirée. Heureusement la figure 170 peut en tenir lieu presque complètement et permettra fie suivre sans beaucoup plus de peine les observations que nous avons à présenter. La plancbe 111 était la reproduction d’une photographie du même ^’enro que celle qui est donnêe paire l’i (qui, j’en préviens le lecteur, ne représente pas notre bloc II;. Elle offrait le bloc II vu, sur le chariot, par le côté B, et on a cherché dans le dessin ii" 170 à rendre exactement la forme de cette face.

2. L’image n’est pas assez nette pour répondre absolument qu'il n’y ait pas de chance d’erreur en reconnaissant dans la rainure qui court le long du bas de la pierre, le bas de la ligne 2 ; mais tous les détails que nous avons pu surprendre le confirment.

3. Il n’est pas aisé de juger jusqu’à quel point la face A confirme cette hypothèse, car la photographie de Constantinople (pi. II), qui est notre seul document, est prise sous un angle si obtus qu’elle ne permet pas de juger des proportions de cette face. Ce n’est pas seulement à ce propos, mais aussi pour 5Ôfi

��INSCRIPTIONS PHRYP.IENXÏS.

��agirez l)it'n qiiekiue chose comme une borne ou une stèle ; mais toutes les inscriptions ont à être lues, dans le même cas, de haut en bas oli de bas en haut, disposition qui ne paraît pas impossible, mais cependant assez ])izarre. Si au contraire les inscriptions ont à être lues horizontalement (la face A représentant alors une face supé- rieure, et les faces B et C des pans latéraux retombant vers le sol), il devient ini))ossible de reconnaître au monument une formc^ définie;

���Ii;j. 169. — Inscription II.

��il n'est plus qu'un bloo sans destination concevable avec sa face inférieure relevée en biseau vers la face supérieure.

Telle est la difficulté qui s'offre de toute façon pour la pierre 11. 11 reste à remarquer devant Tétendue de l'in.scription. qu'elle sup-

faire le des.sin de l'inscription A, que nous avons ressenti cet inconvénient; loule lix partie droite du dessin est- faussée par la perspective fuyante de la pliolot^raphie. Cela constaté, il est possible que le côté A conseille plutôt d'ad- mettre une coupe de la pierre en forme de toit ou de lutrin qu'en forfnp de pyramide, ce qui ne changerait pnis le fond de la supposition.

�� � INScnirtinS-S CHnYrjlENNF.S. >>.î/

\>^^:ie uii usage des caractères grecs au moins aussi répandu et ac- climate (ju'en Phrygie. Les Cappadooiens écrivaient sur bloc libre (taillé ou non), les Phrygiens sur le roc. De là seulement la diffé- rence du butin épigraphi(|ue dans les deux contrées, qui a pu faire croire à une pénétration hellénique l)eaucoup moins intense dans l'une d'elles.

Dimensions de la pierre. — Longueur (sens où courent les lignes): 90 centimètres. Largeur du côté A (apparaissant dans le dessin en hauteur): 84 centimètres. Largeur du côté l.i (très iné- gale"): 55 centimètres.

]/i(ine 1. — L'estampage n'a conservé que les lettres otuFoi- Feiei.TY; mais la })hotograpbie du Musée Ottoman (planche 11) est si nette qu'elle permet de se passer de tout autre document. Les copies donnaient, l'une sans faute, OTuFoiFeT€ieTTvaie, l'autre oTuFoi- F6TeieTY|uaie.

Le léger enfoncement (pli existe au haut de l'i de -Foi- ne l)ermet point d'y reconnaître un T.

Lif/ne 2. — La copie A donne io(Tv..pvavep€crei; l'autre , hésite entre: loaviaejPvavePecei et iocrv[(Je]-pvavepeo'ei.

Par une première suite de corrections, rendues certaines ou par l'une des photographies* ou par toutes deux, on obtient, au lieu <ie cela, loavi — vaveFedeTi; et la seule partie momentanément douteuse de la ligne est ce qui vient après lOffvi-.

L'intervalle entre locrvi- c^t -vave est d'abord incontestablement de liais lettres, non de deux, comme il résulterait des copies. Ces trois lettres, (pioique visibles, ne sont malheureusement pas lisibles sur la photographi(! de Constantinople; mais elles sont encore re-

��I. Le F (.lans -eFe-, n'est, il est vrai, garanti que par la phologra[)hie ilo Cimslantinople, (jui sur ce point parait positive. Celle du nioulago semblait iii- liiquer un signe comme f ou f*, qui n'aurait pas été trop en contradiction avec le p lie la coj»ie. Il y avait un intérêt assez grand à ce (}u'on pût être tixé sur cet /•. Avec la lecture -avepeoeTi-. le rapprficbenient du f?rec àvépeç (ou àvr|p) devenait pour ainsi dire inévitable, aurait en tous cas joué un rôle dans les essais de traduction, et lancé les chercheurs sur une piste absolument fausse comme nous le voyons. Kl, chose curieuse, on pouvait d'autant moins y échapper que non seulement la première ligne contenant yvaie faisait souRer }tar ce mot à fijvri, mais que la <[uatrième semble présenter Yvaa, voire f^aa €ti (comme uvfpea CTi à la deuxième) voire encore -fvaa || Ti avec e à (piaire barres (comme avtpeo II Ti. seul autre e.xemple de l'e à <|uatre i)arres).

�� � oô."^ i\!ïr.Rfi'ri(i.s?; l'ffnvuiF.S'NK^.

connaissables : sur celle du moulage, qui porte AK^, le texte final devenant ainsi locrviaKevaveFeaeii.'

Si ee n"est \)as l'effet d'une illusion, Te de -creTi aurait quatre barres. Il en est peut-être de même de l'e de -creri- de la ligne 4. Mais ce détail, comme beaucoup d'autres, n'aura ohanec d'être fixé que par une inspection nouvelle de la pierre.

Liane 3. — Copie A: [..JviepPoaaaieuioi (le v aurait la forme arrondie ^ ). Copie- B: [uF]YTepKO-(Jacrieuioi (le F serait retourné contre le sens de la ligne: FN). Estampage et photographie du moulage: [...]TepKO0'a(JieKio[. Photographie directe: [..]YT6pKo[...]TeKioi.

Laissant provisoirement de côté le commencemeiit de la ligne, qui. n'est peut-être plus lisible, le reste est clairement -TepKOcracTieKioi, sans autre hésitation que celle qui concerne -acTie- ou aŒTe-.

En particulier le k de kioi est d'uni; telle netteté du haut en bas qu'on se demande ce qui a jamais pu occasionner la lecture -uioi.

Celui de -lepKO-, sans être aussi franc, reparaît soit dans la photographie de l'empreinte, soit dans l'empreinte elle-même, qui, généralement un peu diffuse, offre précisément ici, très clairement, tout le fragment repKO.

• Nous restons un peu incertain, depuis la photographie de Cons- tantinople, sur le I de acTie que tout le monde a lu i, et qui paraît dans cette dernière surmonté d'un trait transversal dont le caractère n'est pas encore bien clair à nos yeux. Y a-t-il là un T ou un I? Nous n'oserions le dire.

La partie initiale placée avant -xepKO- est rendue comme in- déchiffrable par l'effritement de la pierre, mais probablement aussi ])ar la présence ici d'un signe rare qui tombe au plus mauvais endroit de l'inscription.

Les deux tiges verticales, dont l'une des copies tient compte par |..J et l'autre par un dubitatif FM, paraissent appartenir à une seule et même lettre en forme de rectangle, comme serait [_J ou f~)(?).

Dans le doute, une circonstance indirecte vient confirmer, semble- t-il, cette supposition: Il n'existe, dans l'intervalle entre le rectangle

1. Le ^ (Jf UKe est iJ^i"^ distinct qu'iiuciiii des titiin e, cepundiuit distiiicta, qui suivent et que les franscripteius on}, lus. (Au reste, même la photographie de Constiuitinople conserve de ce signe les trois traits ol>li({ues.) Le A du même uKe peut pas.ser pour aussi lisible que celui de -vavc. Quant au K. toute la partie K est nette et jjrtavée en traits profonds. I/i boucle inférieure laisse à dcsifiT; mais fùt-elle détruite, on no pourrait en aucun cas lire ypsilon, vu la rbrnie presque toujours absolument ii'clilij.'nf' (jui caractérise les branchos de i'K.

�� � isscRirrioNs rMi:Y(;ir:NNt:s. hb'.i

et lu lettre suivunte [1) aucune trace de jambage; cet espace est net et vierge du ciseau, quel que soit sur tout le reste l'état des lettres. Comme la ligne court de droite à gauche, il n'y aurait matériellement que I dans tout l'alphabet qui pût être, dans ces conditions, la lettre précédant 1. Or I doit être exclu, à cause de l'angle rentrant f, très visible, confirmé d'ailleurs par la remarquable lecture FN de la copie. Ainsi, même {)ar voie négative, on semble conduit à f~] ou à ["].

Avec beaucoup d'attention, il nous a paru possible d'apercevoir peut-être dans la photographie de Constantinople R ou B. Nous posséderions ainsi le premier exemple connu du H dans l'alphabet phrygien, découverte qui serait encore plus intéressante pour la grammaire que pour l'épigraphie. N'allons pas trop vite en besogne et contentons-nous, comme nous le ferons, de désigner la lettre douteuse par un tt.

La lettre suivante, (^ui ne doit pas non plus passer pour bien définie, et (pie l'une des copies indique par un M, l'autre par un A, ne donne l'impression ni de l'un ni de l'autre.

Ce qu'elle est, on ne le voit pas très bien, si ce n'est peut-être un 1 h angle droit. La présence à la première ligne de la forme A n'empêcherait pas d'admettre 1 dans la même inscription. 11 existe au moins un monument de la série Midienne (monument d'Arezastis, 7 — 8 — D) qui emploie concurremment A et 1, et où il serait même curieux de voir si ces deux lettres n'ont pas une valeur séparée, contrairement" à l'idée reçue que l'un ou l'autre peut signifier indifféremment g ou l.^

C'est pour simplifier notre explication que nous n'avons rien dit d'un autre élément: assez nettement visible avant le signe rectangulaire dans la photographie de Constantinople; placé donc encore à la droite de ce que les copies niar<[uent FN ou [..] et qui donnerait ainsi pour lecture finale: o[ttX]t€pko(T-. Malheureusement par suite de l'angle rasant où est prise la photographie, il n'y a rjen de certain à établir sur cette partie extrême de la ligne.

Le I placé à son autre extrémité, dans -Kioi, prend sous cer- taines lumières l'aspect d'un q (-Kiop), mais nous croN'ons ces traits affleurants plutôt dus à un défaut <le la i»icrrr>.

��1. Non content tle P et. 1, le inonuinenl emploie enrore A. Persuade toiilefois que A est en phrygien une variante du ifcffn. sans rapport rivor- / et (/. nous ne parlons pas de celte troisième forme.

�� � ÔflO IN'pr.RIpTIONS rHRVniF.VNKS.

Lif^ne 4. — ^ Entre la cassure qui a écorné le coin de la pierre et 1(3 initial,, il i-este assez d'espace, — jjas beaucoup plus qu'il ne faut, — pour qu'on puisse juger (voir la planche) quaucune lettre ne précédait TQ. nialgré que ces lettres eussent aisément pu être au nombre de trois sans dépasser la longueur -ordinaire des lignes. La ligne 4 commençait donc réellement beaucoup plus à droite que ne le comportait l'alignement normal, circonstance heu- i-euse puisque tout eût été emporté par la cassure.'

Copies: OTViaaeTuFePpi. Photographie directe: OT€[..](JeTiFePpi. — : La photographie du moulage donne oi...jao"eTiFePpi, les trois lettres ici manquantes n'étant point effacées, mais simplemt^nt dis- cutables.

Ce qui doit être avant tout posé est que la fin de la ligne est bien : acJeTiFeppi. Un prétexte quelconque pour lire avec les copies acreiuFeppi est impossible à apercevoir d'après aucune des deux photographies, qui excluent au contraire aussi nettement qu'il est possible cette lecture.

Seules les lettres marquées dans la copie TN'I (oTViade) sont dans toute la ligne un sujet de doute. Mais encore le T est main- tenant tellement clair par la photographie de Constantinople qu'il ne reste d'hésitation que sur deux lettres:

Le soi-disant N a plutôt les apparences d'un ^ dans la nou- velle photographie. On peut dire que le champ des h3q)othèsea est certainement limité entre IV et peut-être h , mais avec chances pré- dominantes pour 1^.

C'est cependant la quatrième lettre, précédant -acTeii, qui fait encore la plus grande difficulté. Les seuls traits vaguement visibles dans la ])hot()graphio de Constantinople lui assigneraient la forme (Vun T. Diins la photographie de l'estampage — d'après (Vnutr(>s traits occupant une autre ])lace — j'ai toujours cru voir un W. Enfin les copies donnent I.

1. Ce point est continné par le fait que l'o est écrit tout en liaul de la ligne ce qui peut passer dans nos inscriptions pour inadmisslide île la j)art iTun plar^^ entre deux lettres. Cf. au contraire la position ('gaiement sur^'lfivée, quoique pas à ce point, de l'O initial de oni- (première ligne), .le dois peul-(Hre confesser f|u'avant la photographie île Conslanlinojjle, je croyais, d'après la i)hotographie du moulage, ai)ercevoir avant l'O un débris de lettre ayant la forme suivante: tôt (avec barre transversale trop grande pour appju- tenir à un T, ayant pu en revanche t'-lre celle d'un | |). Mais il faut se dèlit'r i\n> plis du papier d'estampage, et nous croyons réellement qu'aucune lettre ne précédait ().

�� � iXSC.Rir'J'JilNS l'HRY(;iKN>f:^. o6I

Kntre les versions oievacTeTi. oieuacreTi-; oiYvacTeii-, OTVuacreTi; il peut être embarrassant comme on voit de se prononcer pour l'in- stant. Les deux dernières nous paraissent cependant presque sans probabilité d'après les images.

Sur la forme de l'e de -(Texi, cf. note p. 177 [557].

Nous chercherons moins encore que devant la première in- scription h proposer un sens pour l'ensemble du texte.

lOCTvi- est naturellement le point lumineux qui attire le regard par sa coïncidence avec le loç vi (ôcttiç ot'v) du néo-phrygien, ouvrant la formule d'exécration adressée au violateur de la tombe. Résiilte- t-il de là que nous soyons on présence d'un texte funéraire? Il serait bien arbitraire de l'affirmer même en constatant que les deux lignes de la face B commencent elles aussi par locr (non suivi d'ailleurs cette fois de vi). Evidemment, sans parler d'un texte de «loi», une ordonnance quelconque, par exemple un règlement de temple, comportait aussi facilement la répétition de lOO" ou de lOcr VI, (celui qui . . .) qu'une formule d'imprécation.

Il n'est pas sans importance de noter que les trois loç de l'in- scription sont suivis à courte distance d'une forme en ti dans la- quelle il est naturel d'apercevoir le verbe: lOffviaKevaveFeaeii (A), locreFioepiTi (B).

Le mot venant après locrvi est, avec ce dernier, un des seuls qui rappelle une forme déjà connue, le célèbre aKevavoXaFocr de la nécropole. Midienne. Mais qu'est aKevavoXaPocT et quel est son rapport avec l'aKevav (ou aKevave?) de notre inscription? Il est à remarquer que ce n'est pas seulement le sens (jui nous échappe, mais la forme qui choque dans .ce singulier thème en -n aKevav-. Est-ce un masculin? Il est bien rare de voir superposer à une pre- mière base en -n un nouveau suffixe en -n.^ Est-ce un neutre, comme le ferait croire l'a qu'on retrouve dans ovojLiav, K£ve|uav? L'anomalie est alors complète, car l'indo-européen ne connaît non- seulement pas de neutres en -n-en, mais généralement pas de neutres en -en. Il n'a que des neutres en -men ou en -n'en; — à part le type hétéroclite {dadhi, dadhnas; akar, aknas). Nous restons après la découverte du cappadocien aKevav(e) dans une obscurité aussi pro- fonde, plus profonde qu'auparavant, en ce sens que c'est en somme ce cappadocien qui milite le plus en faveur d'un consonantique

��1. On n'en trouverait en sanscrit pas un seul exemple. PostérieuremeMi, il est vrai, (,'olique mënan-, grec Kôv-ujv, etc.

de Saussure, Oeuvres. 3ti

�� � 562 iK^cRiPTio.Vs pHryuieN'.nKs'.

aKevav-, auquel on aurait pu mieux échapper d'après aKevavoXaFocJ' soul.^

Une inscription néo-phrygienne mal conservée (Ramsay n°XVlIl) offre la suite de lettres ACKEINAIA, pouvant être lue peut-être AEKEINAN, vu l'état du texte. Nous la signalons pour mémoire.

Hors des deux formes frappantes lodvi, aKevav, il reste peu de chose à relever. Si ^ signifie X, on aurait à reconnaître au phrygien un /- voyelle^ (-eiXvaie), qui parait toutefois peu menaçant, vu la possibilité de lire aussi bien : -eiYvaie, pourvu qu'une fin de mot se trouve dans -ei. On se souvient que précisément une ponctuation paraît exister à cet endroit entre t et Y-

Le commencement de la ligne 3 pourrait rappeler vaguement la suite de lettres OYAEPKfQ de l'inscription néo-phrygienne n" XVIII de Ramsay; mais on pensera plutôt à comparer le -koO"- de cette ligne au pronom néo-phrygien qui peut s'abstraire de aivi- Koç. En tout cas, les airs de nom de nombre qu'a dans cette ligne -TepKoaacT- me paraissent peu sérieux, alors même que le mot final Kioi pourrait évoquer l'idée d'une amende à payer (tîoi). D'une part le k de xpiaKÔaioi ou de xpiàKOVia serait sans doute en phrygien un s, non un h; de l'autre nous n'avons guère de droit de supposer une 3^ optatif phrygienne en -oi au lieu de -oit. Cf. appepeT, ab- baKer avec conservation du t final. ^

Faces B jît C.

De la face C, qui est presque détruite, nous ne possédons ni photographie ni estampage. M"^® Chantre a cru lire les signes:

— o^o (^^yn^

^1 O^ • • {Liçine 2)

Le moulage du Trocadéro, fait sur les empreintes d'Euyuk maintenant perdues, contient — à gauche de ce qui représente la

��1. Le mot aKevavoXaFoç suggère d'autres remarques, peut-êtie de nature

i résoudre la dilticulté, mais dont nous ne voulons pas charger ce chapitre

(v. Appendice H, fin).

"i. Celui de o(n\)T6pKO- de la 3 ligne — où il s'agit du reste du "1 rectangulaire — est trop douteux pour qu'on en j)arle.

\>. La différence de quantité ne suffirait peut-être pas à expliquer un autre traitement que dans abberet. Cf. SooeaaiT (Midas, n<* 7). Du reste rien, dans le type abberet lui-même, ne prouve qu'il ne s'agisse pas originairement d'une longue: abberet, subjonctif (abrégé plus tard avec le développement de la langue); quoifjue ahbcret. imparfait sans nugnient soit tout aussi possible.

�� � l.S-SCRlPTIOS?^ î'HnyofE.NNES.

��n(i,1

��face B et confondu par le mouleur dans un même plâtre ~ quelque chose qui doit être, je suppose, la face C, mais où subsiste à peine un vestige d'écriture, et où nous n'avons pas retrouvé les fragments voFo, Fobv. Si quelque chose peut s'y lire, c'est

{Ligne 1) OIOT

(Ligne 2) q . . .

Il est du reste certain que le désaccord n'établit pas que nous ayons devant nous, dans le moulage, les restes d'une 4® face distincte de C. T.es lettres vues par le transcripteur peuvent s'être trouvées à une autre place que ce qui est reparu dans l'empreinte.

Un peu mieux conservée est la face B, au moins sa première ligne:

���Fig. 170. — Face B.

��Outre que cette ligne est suffisamment nette dans le moulage, elle est tombée deux fois sous l'objectif du photographe: l**planche II, où elle apparaît dans l'ombre et sous une perspective rasante; 2*^ planche III, où elle apparaît en plein, malheureusement à trop grande distance. . La copie A lui attribue la teneur suivante: io(JTaKO.(e)TiKaKuiOT (le y ayant la forme rectangulaire 1). Les lettres sur lesquelles il ne peut régner aucun doute d'après le moulage sont loa . . . G. . . iTiKaKUio . . . Toutefois -ep- (voir le dessin), ainsi que l'i final, sont également presque certains. Les lettres -xaK- sont en di- vergence complète avec le moulage: je ne réussis h lire dans ce dernier <iue lO^fFio-, ou même loaeFio-. Dans la lettre douteuse y

3(1»

�� � r)lii iN>(;nii-Tii)N!S riiRVfjiK.NNKs;. riiRMK pf: i.'.s-,

ou e, les traits sont tels que si c'était un "f, s'agit du 1' recr tangtdaire, et que malgré cela on peut lire ^ avec trois traits obliques, ])lus ou moins effacés. Nous considénnis comme là lecture la plus probable: lOdeFioepiTiKaKuioi. Aucune lettre ne suivait le i de -uioi.

Chose assez bizarre, la ligne 2, que la copie ne désignait pas comme ayant beaucoup plus souffert que la première, n'a laissé aucune trace dans le moulage, pas davantage dans les photographies. Tout aiu plus croit-on reconnaître dans la planche 111, Tendroit où elle a pu se trouver à un vague enfoncement de la pierre. P^lle a pour texte d'après la copie: locTie.epiiiKaK.eoi (ou — KKaK oi); de sorte que le epm qui, à la première ligne, n'a pas été lu par. le transcripteur et ne nous est connu que par le moulage, existerait — ou existerait aussi ■ — à la seconde.

Dès lors on ne peut méconnaître la ressemblance du texte des deux lignes. On se croirait en face d'une formule sacramentelle répétée, soit sans variante, soit plus probablement avec une variante qui serait lé point d'où pourrait jailli]- la lumière; et par une bien particulière malechance, c'est l'endroit où se produisait la variante (immédiatement après ios) qui paraît ]o plus maltraité dans les deux lignes.

Dernier détail. Les deux lignes étaient-elles écrites dans le même sens, . toutes deux de droite à gauche? On doit le croire d'après la copie. Ce fait ne serait pas contraire à l'idée d'ime ré-' pétition solennelle.

APPENDICE I.

FORME dp: l'.v.

Le z et Ys paraissent être très évidemment distingués à Do- ghanlu. On s'accorde à lire z la lettre à trois traits dont le crochet supérieur regarde e» bas (et qui peut être avec même direction de la liifne tantôt ^P, tantôt "X,); d'autre part à lire s: 1° le signe à trois traits dont l'angle supérieur s'ouvre vers le haut {^ S); 2° toute lettre où le zigzag a j?//'s de trois traits, (pie l'aiaglc supérieur soit dirigé en haut ou en bas.^

��L Nous regardons au reste l'-s à .V traits comme un type paléographique considérablement distinct, à Doghanlu même, des autres formes d\s. Première circonstance notable, les angles de cet s n'ont jamais la forme arrondie qui accompagne Vs ordinaire formé de plus de trois traits. Mais de plus, cette si particulière fornio il'.s est absolument limifée au groupe d'inscriptions 7 S — 9,

�� � INSf.mi'TluN- niiniilv.NNK-. lnli.\1K DE i;

��Nu^; inscriptions capi»a(lociennes ne fournissent aucun exemple du zigzag à trois traits, ni à angle rabattu, ni à angle redressé; et le nombre des traits est chez elles au minimum de cinq, pouvant aller jusqu'à sept. Dans ces conditions, il est d'emblée improbable que ces inscriptions cherchent à séparer par une marque distinctive fs du --. I-a possibilité reste sans doute ouverte que, par hasard, aucun mot contenant le z phrygien ne fasse partie du texte; en sorte que l'absence d'une lettre spéciale pour ce dernier ne serait qu'apparente. Où <|ue soit la vérité, la transcription ne peut re- produire que par un (J uniforme le zigzag plus ou moins capricieux dessine sur la pierre.

Si par aciiuit de conscience, nous notons autant que cela est possible, ces caprices, c'est sans en attendre de résultat vérital)le.

1. Forme à cinq traits. — N'ont, d'après notre examen, que cinq traits les O de:

-ouai)U- (1, ligne 1).

-ocTKe- (I, ligne 3).

-Êipacr- (I, ligne 3).

-Koaa- illa, ligne 3).

-loff- (116, ligne 1).

En outre, le petit a isolé apparaissant sous la ligne 3 de l'inscr. 1 (page 170 [546]).

Tous ont leur angle supérieur dirigé en arrière (ouvert du côté du commencement de la ligne, que celui-ci soit à droite ou à gauche). Tous ont le trait supérieur pointant eu Vair (obliquement). Presque tous (^exception pour l'cT de -ou(Ji|Li-) ont les deux jambages supérieurs un peu plus grands, donc l'angle supérieur un peu plus ample que les jambages ou angles situés plus bas; ce caractère n'est éminent que dans Y a de -Koaa-. Rarement le trait inférieur, qui semble dans l'état actuel moins important que les quatre autres paraît avoir été réellement ainsi compris du lapicide, et une inspection attentive est en faveur de l'égale valeui- des cinq traits à l'origine.

��qui, par contre, ne connaît nulle jjart l;i forme ordinaire. Seul le petit ç ter- minant l'inscription 1 (ebaeo) semblerait infirmer dans une légère mesure nos deux remarques, mai.s cet élément est pour tout le monde mal gravé ou mutilé. (Les inscriptions 7 — 8—9 appartiennent comme on sait à un même monument, le monument d'Arezastis, que l'ensemble de ses caractères paraît désigner connue étant d'une autre époque que les inscriptions voisines.)

�� � 56R LES NOMS OPECS KN -r)v6(; KT LE PHRYtilEN.

2. Ont de cinq à six traits les (S de:

-Faicr (I, ligne 2). Trait supérieur douteux.' -acTie- (II fl, ligne 3). Trait inférieur douteux.

8. A six traits le CT de:

-euaaeii- (lia, ligne 4).

4. Ont de six à sept traits les a de:

Faaou- (I, ligne 1). Trait inférieur douteux; trait supé- rieur de '^\i longueur, mais certain, -EKaff (I, ligne 1). Trait inférieur douteux. -FedeTi (lia, ligne 2). Trait inférieur douteux.

5. A .se/>/ traits le (J de:

lodvi- (lia, ligne 1), Trait supérieur de '/a longueur, presque vertical.

La direction en avant du crochet supérieur ne se constate, même pour les (J de plus de cinq traits, que dans -loffvi et -euacreTi-. Dans -FaiCT, la question est de savoir si le ^^ trait supérieur existe. S'il n'existe pas, la lettre est un CJ à cinq traits tourné ot arrière comme d'habitude.

Le seul .s, dans les deux inscriptions, qui offre une forme plus ou moins arrondie est celui de -euacTeii- (lia, 4).

Tout cela, nous le répétons, donne très peu l'idée de distinctions significatives. C'est tout ce que nous voulions établir,

APPENDICE IL

LES NOMS (iKEOS EX -riVÔÇ KT I.K l'HKYGlEN.

Nous disions plus haut que l'espace de ligne entre Faaoua et lueKaa serait en général regardé comme formant un seul mot, en indiquant en même temps que ce mot serait plutôt lu (Tijuav que i|aav (sans contester FacTouO', puisque FacTouCT CTijuav peut être écrit archaïquement par un seul a). En effet (5\\xav est plus appuyé en l)hrygien que \\xav, soit par sa ressemblance avec les formes pro- nominales cre)uiouv, aijiiouv, ai, soit par le fait que la 9« inscription Midienne se termine par cri.uavaKio.

Toujours en maintenant Ciiuav, mais en le détachant des formes pnjnominales, on pourrait penser à un ethnique quelconque ajouté au nom de personne. Je ne voudrais pas faire intervenir le nom

1. II se produit ici un contact entre l'a de -Fma et un autre a, celui de Faoou-, placé directement audessa?. Un cortnin trait n'ajjpartient ni à l'uii ni il l'auti'e ou à tous les deux.

�� � I.KS .\UM> i,UKi.> K.\ -IIVOÇ KT f.K l'HUVl.lK.S. ofiT

de Ei|arivr| que Strabon (lui-mèrne originnire de ces lieux) donne à une contrée siituée dans le proche voisinage d'ICuyuk, au nord-ouest, mais je crois en général à l'existence en phrygien d'une finale comme -««, qui a eu pour particulier destin d'enfanter toute l'immense classe des noms grecs comme TTepyaiu-rivôç. Une digression sur ce point sera permise, vu le sujet traité:

1. Chaque langue forme en général les ethniques «étrangers^» sur le modèle des siens propres: Berlin-ois, Viennois sur Bernois, et Aiheniensis, Megar-ensis sur Osti-ensis. La terminaison étrangère (le -er de BerUner. le -eûç de Mexapeùç) n'étant pas même toléi-ée quand il s'agit des exotiques, il s'en faut encore plus, en général, qu'elle puisse être spontanément empruntée i)our former des noms de nationaux. Cependant le grec n'a pas craint de donner, même à des Hellènes, une terminaison qui n'est pas grecque dans KuZiiK-nvôç, Aa|avjjaK-r|VÔç, TTpiaTT-rivôç, TTepTctia-rivôç, Kapbi-âvôç, Me(Ji-||Li(3pi-âvdç, etc. Le fait n'est pas prouvé par le voisinage des Zapbi-rjvoi, Aa)iia(Jic- iivoi, puisque les barbares peuvent toujours (d'après le principe même posé plus haut) porter en grec des noms de fabrication grecque (cf. Piu)aaîoç); il est prouvé en revanche par le fait qu'aucune cité grecque de Grèce ne forme ainsi son ethnique, et que par conséquent, quoi qu'il faille penser au juste de Zapbirjvoi, qui peut être fait sur KuZiiKnvoi', il est avant tout certain que les Cyzicènes n'avaient pu tiouvcr dans la langue grecque le prototype de leur suffixe.

A l'autre extrémité du monde grec se présente du reste un cas d'emprunt tout analogue dans le nom des MeTairovTÎvoi, TapavTÎvoi, PriTÎvoi, "EpuKÎvoi, "AKpaTCiVTÎvoi, etc.; — toujours appuyé sur la même preuve, qui est la seule possible, de l'absence du suffixe en Grèce. Ce n'est pas en efifet Latïni, etc., qui pourrait rien éta})lir sur MeTanovTÎvoi si les Grecs employaient par ailleurs le suffixe -îvoç, au lieu que le fait contraire prouve l'emprunt même sans Latîm.^

��1. Sur les deux points de fait que -rivôç d'une part. -îvoç de l'autre, n'existent pas en Grèce, la discussion des cas apparents exigerait une dissertation dont il semble inutile de surcharger cet appendice. Bien souvent le résultat serait franchement confirmatif au lieu du contraire. En Thessahe vivait une tribu pélasge, les TTXoKirivoi. D'où vient-elle? De l'Hellespont. Sur les marchés de Grèce se vendait une espèce de châtaignes dite \euKr]va{. D'où provient cette denrée V De AeÛKa, localité située sur les pentes de l'Ida Mysien. Hérodote cite près des Thermopyles le bourg d"A\TtTivo(: ce n'est pas un nom ethnique, c'est un nom de localité comme 'AGfivai, sauf l'accent, et de même une ville comme

�� � r)6S LES xoMP onF.cs en -tivoç kt i.f, phrygien.

2. L'origine étrangère du suffixe de KuZ!iK-nvôç étant prérda- blement certaine quand on le considère par le côté de la Grèce, il est plus difficile d'établir par le côté de l'Asie à quelle langue il a dû être emprunté.

En particulier, il n'eist pas aisé de décider quel rôle au juste l'élément géographique doit jouer dans la recherche: par la raison que tout nom comme AafiacrK-rivôç ou GaiiJaK-rivôç (0àv|jaKoç sur l'Euphrate), TTaraX-rivôç (TTdTaXa sur l'Indus) peut avoir été fait par les Grecs, n'exister que dans la dénomination grecque des habitants, et ne répondre à aucune donnée de langue locale: comme le con- traire peut être tout aussi vrai.^ On en arrive à ce paradoxe que, tandis que la classe prise en globe est sans contradiction possible un cadeau des Asiates aux Grecs, ce n'est justement dans aucune ville barbare et seulement dans les quelques villes grecques comme Lampsaque que le nom en -rivôç sera par évidence celui que se donnaient les habitants eux-mêmes (de même que si nous ne savions rien des langues italiques, ce ne serait pas Aaiîvoç de Aàiiov, mais MeTttTTOVTÎvoç de MeTaTTÔvTiov qui offrirait de beaucoup les plus grandes garanties d'authenticité locale).

S'il est délicat de vouloir traiter les noms comme AaïuaCK-nvôç. ou aucun ethnique dérivé, en noms géographiques, il n'en est plus tout à fait de même si l'on prend une autre grande classe en -nvôç qui dans notre pensée devait rester jusqu'à présent écartée de la (|Uestion. Nous parlons des nombreux noms com.me Ti^aprivoî,

��AeTpîvoi en Elide n'établit naturellemenl rien sur les ethniques en -îvoç. Hérodote appelle ailleurs le même bourg 'AXitrivr) irôXiç: c'est le même fait que quand AeTpîvoi s'appelle ailleurs A^Tpiva (fém. sing.) avec ou sans tiôXyç, non le même que si l'on disait 'Aenvaîa trôXiç par l'ethnique, etc. — Une grosse exception {)Our -îvoç peut sembler résulter du fait qu'au-dessus de la ville d"ApavT(a en Phliasie, Pausanias mentionne un 'Apaviîvov ôpoç, mais à cette époque on di- sait aussi depuis longtemps: 'AXeravbpîvoç, — au lieu dA\eEavbpeùç —, par simple influence latine.

1. C'est ici qu'apparaît l'irréductible différence entre l'ethnique dérivé et le nom géog^-ajjhique (ainsi qu'avec l'ethnique indérivé, MaKcbibv ou faXdrriç qui est semblable au nom géographique). La répétition fréquente, sur un coin de la carte, de noms géographiques comme 'AXa^dvba, Kapûavba, permet au moins de juger que ces noms sont du pays. Il en est autrement des noms ethniques en -rivôç -ensis, etc. qui n'ont, a yriori, pas de rajiport nécessaire avec la différence des lieux et des langues, nous prenant par là fort au dépourvu au point de vue de la méthode à suivre quand, malgré tout, la géographie pré- tend aVQÏr son mot à dire dans leur cas,

�� � MaTinvoi. Kofu.uafnvoi. etlmiques «indérivés» ^ ou non décomposables pour la langue grecque lequel que puisse être leur état dans une autre). ^ De tels noms — à part cependant l'uniformité du suffixe, qui les rapproche des dérivés — sont foncièrement de même espèce que 'lv6oi, TTépcrai, MacrcJaYéTai. au point de vue des garanties qu'ils offrent de reposer sur un original exotique. Si, par exemple, ce fait géographique que l'aire d'extension de -nvôç concorde à peu près avec -les limites de l'empire perse avait assez peu de signification pour la première série, il pourrait avoir plus de poids dès qu'il s'agit de la seconde.

Nous n'instituons pas par là deux questions dont l'une serait relative à la série Ti^aprivôç, l'autre à la série Aa)LiaaK-riv6ç. Au contraire, nous croyons tout cet ensemble connexe, aussi bien que le type Sabmus (qui ne dérive de rien) est malgré tout inséparable de Lat-'inus tiré de Latium. La différence est que la fi'appe libre par les Grecs de mots en -nvôç a naturellement dû s'exercer sur une tout autre échelle dans le cas de AajuaaK-rjVÔç que dans l'autre, en sorte que, pris isolément, les seconds sont de meilleurs témoins jiour les conclusions relatives à chaque pays que les premiers.

3. Le suffixe est-il perse ? — Si l'on estime que l'aire géographique de -nvôç ait une réelle signification, c'est-à-dire qu'elle repose, avec les limites qu'elle a, sur un fait d'onomastique étrangère, et non d'onomastique grecque, alors il n'y a évidemment qu'une seule langue étrangère, le perse, qui puisse expliquer cette diffusion du suffixe dans les provinces les plus différentes, les plus séparées par la langue. Un nom comme TTaTaXrivoî ne serait ni hindou ni grec

1. Souvent l'ethnique indérivé est un nom de peuple, tandis que l'ethnique dérivé donne plutôt des démotiques, mais cette distinction n'a aucune portée, Cf. les noms de peuples comme Norvég-ien, de Norvège, 'Aoi-âvoi, les Asiates, de 'Aσîa. etc. Leur formation est identique à celle d'un démotique comme Paris-ien, Mear||uPpi-âνός.

2. De même que les dérivés en r\vàc,. de même les indérivé.s uianqueni absolument en Grèce, où on ne relève point de noms comme Tipaprivoi. — Le traitement, phonétique du suffi.xe par les Grecs est également identique dans les deux séries (dor. -âvôç, ion. -rivôç, attique -avôç après p et il, ainsi Hérodote £apbi-r]v6ç et Tipapr]v6ç, Strahon Zapbi-âvôç et TiPapâvôç. t'rotitons de cette iiccasiori pour constater qu'il n'est pas inutile de chercher lin^uisliquemcnt ce qu'est une finale ethnique. C'est ainsi que nous voyons tous les jours loY^iavri, "Apiavri, traités: 1" comme si de tels noms n'avaient rien à faire avec t\o.u.\^o.- Krivoi, mais S" comme si on pouvait librement supposer 'Apidv/i par d bref(b, — c'est-à-dire poser que Zapbmvôç. est autre chose que Zapbtrivôç ou qu'Hérodote n'aurait p;js dit "Apirjvr). Zofbnivrj.

�� � 570 LES NOM* fiMECS EN -r|v6ç KT I.E PHRYiJIEN.

— ni imité de la forme locale, ni imité du simple Aa)nipaK-r|voi — : il reposerait sur le nom que la langue officielle de l'Empire donnait aux gens de Patala, de même que AajavpaKrivoî tout le premier sur le nom que cette langue donnait aux gens de Lampsaque.

L'hypothèse, au point de vue de ce qu'elle nécessite linguistique- ment reviendrait à supposer pour la langue perse:

— Ou bien un suffixe ethnique très usité -Cma.

— Ou peut-être tout simplement un usage fréquent des génitifs pluriels de noms de peuples dans les désignations géographiques administratives, ainsi par exemple GanOârânâm (avec ou sans dnhyus) «la province ou le district des Gandâra», cette désinence -ànâm ayant pu être prise facilement par le.s étrangers pour une finale ethnique. (Dans cette supposition, c'est plutôt le féminin singulier comme l'i Aa)LivpaKrivri «le pays de Lampsaque», que oi AajuvpaKrivoi qui aurait été d'abord emprunté, mais ce genre de frontière est presque hors d'état de s'accuser en grec, comme suffit à le montrer r) Mi\r|crîn[xiwpri], vis-à-vis de oî MiXr|ffioi, etc.)

Or aucune des deux suppositions n'est contredite par le persan moderne qui, au contraire, semble apporter, au premier moment, une confirmation éclatante de l'hypothèse perse.

1" On ne peut dire actuellement si les noms de pays persans comme Tûr-ân (Khâvardn, etc.) viennent, — par rapport au vieux nom de peuple Tara-, — de son génitif plur. Turûmhn, ou bien d'une dérivation ethnique Tur-âna; mais l'un ou l'autre a dû exister en perse pour expliquer cette formati(jn géographique persane.

2" Relativement au grec, il y a au moins un cas, celui de la jjrovince d'Àdarbaijdn, en grec 'AipOTrarrivri (ethnique 'ArpoTrainvoi), où on peut directement constater, semble-t-il, que la forme grecque en -nvôç avait une base perse.

Passons non moins directement à la réfutation:

1" (Question du génitif pluriel). — Il est parfaitement vrai que 'lurân peut être un génitif pluriel, mais apparemment au même titre que handagàn «les serviteurs» est un génitif pluriel. Tous les pluriels persans en -an, indistinctement, viennent d'un génitif pluriel iliandakânâm). Cela n'a de rapport avec aucune situation particulière du mot, et correspondrait simplement, en vieux perse, — au point <le vue de la syntaxe — , à Turâ (nom. plur.), si l'on admet préa- lablement que an ait quelque chose à voir avec les jAurieh.

2" Quoi que puissent signifier les noms de i)ay8 persans en -dn, le fait certain <^st que le perse achéménide ne connaît tant pour les

�� � noms de peuples que pour les noms de pays : ni l’emploi du gén. plur. en ânâm, ni un suffixe de dérivation en -àna. Au contraire, sa spécialité dont on ne retrouverait pas le pendant dans tout le cercle des langues indo-européennes, est de désigner constamment et le pays et le ressortissant du pays non seulement par le même nom, mais par le même nom pris au même genre et au même nombre, ainsi Mâda (masc.) le Mède, et Mâda (masc.) la Médie, non Mâdam « ce qui est Mède », ni Mâdâ = les Mèdes, la région des Mèdes ; donc encore moins une idée quelconque de dérivation, soit pour l’un, soit pour l’autre. Absolument nul est le nom de Varkâna, l’Hyrcanie, pour prouver cette dérivation : Varkâna, conformément au principe, désigne indifféremment un fleuve, une ville, un pays et enfin le ressortissant du pays, sans dériver le moins du monde de *Varka. Seul le persan Gurgân, parce qu’il coïncide par hasard avec Tûrân et consorts, évoque bien faussement l’idée d’une dérivation en -dna, comme si ’Aθηvai venait postérieurement à se mêler aux noms de pays comme ΛαμψαKηvη.

Toutefois 3° une bien meilleure preuve existe de l’impossibilité que -nvôç provienne du perse, c’est que jamais le perse a — apparemment pour quelque particularité de la prononciation perse — , n’a donné en grec \\ (dorien â). Les plus grandes exceptions sont Mfjboi et Eùcppâiriç (EùcppnTriç^.^ Hors de cela tout a perse est

1. EùcppcÎTiiç peut ne pas reposer sur le perse Hti-frâtus, mais sur une forme sémitique. — Mfiboi n’est attesté, que nous sachions, comme étant Môboi par û, que par l’inscription cypriote d’Idalion contenant Ma-to-i. i^a provenance perse du nom est douteuse par sa fintde, qui devrait être -r\c,. Seuls les noms finissant pour le perse en -«s, connue Mof/us, Himius, Kurué, Dûrdijavalm^, ou

  • Artahûzué, provoquent la transcription ^’recque en -oç, comme Mcxyoç. Mvbôç.

KOpoç. Aapeioç, ’ApTdpaZoç. Rares e,\ceptions: MefûpuZoç, Mapbôvioç. Tandis que Màiîa perse eût par conséquent donné «M(Jibr)ç», aussi hien que -data l’ail -bdtriç et Vtâna "Oxdvriç, le nom de Mf^boç doit être venu par une voie indé- pendante, probablement celle des Lydiens, jusqu’au j-tcc. Au reste, on ne com- l)rend ([ue de cette manière (jue l’idée ait pu venir au.K Hellènes de désigner du nom de Mèdes, puissance mède, les Perses et la puissance perse; aucune syno- nymie de ce genre (politiquement non plus étonnante, le cas échéant, que chez les Anglais Fànglish et British) n’existant de fait chez les Perses, et l’usage grec devenant ainsi la preuve d’une connaissance séparée et plus ancienne du nom des Mèdes. — On pourrait encore voir un exemple de r| pour <’i perse dans Comètes, le nom donné pour la première fois chez Justin au ran,\ Smerdcs et correspondant au Gaumuta de Darius. Ce nom suppose un k’cc KopriTtiç (pai, par étymologie po()ulaire, n’est pas tenu de s’appliquer littéralement à Gaumâta. Le nom inaltéré serait sans aucun doute Tiundvr]^».

�� -)/-J i,K> nm\i- i.i;ki> kv -iivoç I"T i.f: f'unvr.iEN.

reguliènuiient rendu en grec par une brève, qui est en syllabe ou- verte a, en syllabe fermée tantôt a. tantôt e. Ainsi avant tout 'YpKavoi, si Varkoha semblait encore avoir une importance pour -r|vôç. Mnis de même Aapeîoç (Dârouavahus), 'ArpoTrârriç {Atarpûta) , MiGpabotTiiç {MiQyadâtn), BaYÎCTTavov ôpoç [Bagastûnam), TTaaapTotbai raisiyaxnvâdâ), fdvbapoi {Gandârâ), 'AT^âiava {Hagmatâna), (TTépffriÇ = Pârsa, etc.), ainsi de suite, la toute régulière chose pour le grec vis-à-vis de Va perse étant de répondre par une inflexible brève à cet (1, comme dans 'YpKttvoî, et un suffixe eomme celui de Aa)iiipaK- nvoî ne pouvant être, par conséquent, en aucun cas tiré du perse,

4" Il reste peut-être le cas d' Adarhaijân vis-à-vis d'^AipoTraTiivri. Pour deux raisons, contrairement à ce qu'on croirait, ce cas n'a aucune signification: 1^ parce que la forme persane ne répond pas à 'AipOTratrivri, et repose sur Atarpâtakân (J. Darmesteter, Etudes iritniemtes, 1, 267); 2° par la raison historique que l'Atropatène, donnée, au partage de Tempire d'Alexandre, au Perse Atropatès, pouvait parfaitement avoir reçu un nom grec, et que peut-être ainsi, bien loin d'établir quelque chose sur le perse achéménide, cette terminaison nous reviendrait, ])a]' le persan, des Macédoniens, hors de toute donnée orientale/

4. IjC suffixe n'étant pas perse, ne pouvant davantage être d'origine grecque, il ne reste qu'à en venir à la supposition dès l'abord la ]ilus naturelle, à savoir que les seuls Hellènes qui en font usage dans leur propre nom, Lampsacènes, Pergamènes, etc., l'avaient trouvé dans la région même qu'ils habitent, et que toute la fortune ultérieure de cette terminaison n'est due qu'aux Grecs, après que ceux-ci l'eussent empruntée à deux ou trois dialectes (tbsours d'Asie Mineure. C est aussi par emprunt absolument po- pulaire aux dialectes (jui se parlaient à leurs portes que les cités grecques d'Italie ont admis -îvoç; une influence romaine est hors de ([uestion, tous les noms comme MexaTrovTÎvoç étant connus dans Hérodote ou encore antérieurement par les inscriptions d'Olyrapie,

��1. Nous laissons expressément de côté YAtryaiiem rarjô de l'Avestn, d'oii le nom actuel de VÉrthi, dans son rapport avec le nom j^rrec "Apiavr). Incon- testablement c'est là seulement que percerait un suffixe iranien en -ihia (la (juanlilé zende -àna n'étant jx'-'^ un obstacle à supposer ('uia), mais l'isolement du cas conseillant d'attendre encore bien longtemps, contrairement à la précijii- tation de i)lusieurs, avant de supposer quApiâvr| (qui est exactement la même cliose que AauH/OKr|V)î et BaKTpiôvri) ait i|uelquo rlio'^e ;i voir avec le nom zen<l.

�� � I.K.> NOMS f^RECS FN -y\vàc, KT I.K l'ItHXWÎIJiS'. O/..

et la plupart pouvant facilement revendiquer une antiquité allant de fait jusqu'au VIP siècle.'

En confirmation du fait i\\U'. -Jivôç a pour stuil véritable foyer l'Asie Mineure, et non l'Asie, viennent ces trois considérations:

1. L'expansion des noms en -nvôç hors de l'Asie Mineure est une chose presque inconnue encore à Hérodote, la plus insigne ex- ception étant les TTapaixaKrivoî deMédie, exception n'ayant elle-même' aucunement la valeur d'un nom comme TiPapnvof, vu l'existence du nom de lieu TTapaÎTaKa, d'où un Grec pouvait tirer de sa propre autorité TTapaiiaKrivôç. — Tous les noms de peuple indérivés en -rivôç ont pour principal centre l'Asie Mineure ou l'Arménie. Enfin on peut surprendre à tout moment la manière dont les noms grecs en -rjvôç s'étendent en Asie: la même province qui s'appelait chez Eschyle Zoucîç^ s'appelant ensuite ZoucTiâvri, le même peuple qui s'appelait Bdiapioi, XÔYboi, ^'appelant ensuite BaKipiâvoî, ZoYbixvoî, etc.

2. Détail qu'on aurait tort de négliger: absolurhent le seul ethnique ancien qui, ne se rapportant pas à l'Asie, finit pour les (rrecs en -nvôç, est Tupaqvôç, dorien TupcTâvôç. Du fait qu'on ait Tupanvôç en grec, le nom est une extraordinaire confirmation, j?o«<r re qui concerne les FArusques, de leur origine orientale (étant dans la double impossibilité d'avoir été inventé par les (Irecs qui ne con- naissaient pas -nvôç, ou par les Latins qui disent Etriisci, Tusci). Pour ce qui est de l'origine de -rivôç lui-même, un nom comme Tupa^voî, clairtmient asiatique e.t cependant antérieur à l'influence perse est la meilleure preuve que le nom n'avait l'apport qu'à l'Asie Mineure seule.

8. A l'Asie Mineure seule se rapporte aussi le cycle du dieu Silène (ZeiXrivôç ou ZiXnvôç), il est vrai sans rapport constaté avec les ethniques, mais n'ayant guère moins de chances d'appartenir à cette classe que les noms de Mère Dindymène, Sipylène, etc.

11 est possible de serrer encore de plus près le point d'origine de -rjVÔç et de le reléguer dans le Nord de la péninsule. C'est un fait digne d'attention que tout le Sud (Carie, Lycie, Pisidie, Pam- phylie d Cilicie) ignore presque au même degré que la (Irèce les

��1. Tellement qu'en Sicile ce sont les noms grecs d"AKpaTavTÎvoi, 'IvUkîvoi. "EpuKÎvoi qui peuvent passer de l)eaucoup pour la meilleure et la plus ancienne jtreuve de l'origine latine (arienne) des populations Sicanes et Sicules.

"2. Aucun nom en -rivôç ne se rencontre dans les Pt'ises d'Esdiyle. ce que nous mentionnons sans y attacher d'autre importance. Toute l'onomastique perse d'Kschyle paraît |)eu sérieuse, ainsi qu en jugeait déjà James Darmesleter.

�� � 074 I.E-S NOMS r.RECS KX -HVÔç Et I.F, PHRVGItN.

noms en »ivôç, soit qu'il s'agisse d'ethniques dérivés, soit qu'il s'agisse d'indérivés comme Ti^aprivoi, TTi|muXiO'r|voi (L'épigraphie locale révèle bien quelques exceptions; elles ont un caractère des plus récents). De ces différents faits, il semble légitime de conclure:

1. La finale -nvôç a pris naissance — c'est-à-dire reçu sa con- sécration auprès des Grecs — dans la bande nord de l'Asie Mineure, où se trouvent (a) les plus anciennes colonies ayant accepté le suffixe dans leur démotique; (b) un noyau de peuples indigènes usant de cette terminaison dans ses noms nationaux conmie les Matiènes, Morimènes, Tibarènes, etc.

2. L'expansion ultérieure de ce suffixe dans différentes directions, sauf la Grèce où il ne fut jamais adopté, est un fait de langue grecque, non l'indice de son extension réelle dans les différents idiomes barbares. On commença par étendre aux colonies de Thrace (Kapbixvoi, Zr|Xu6pisvoî, MeoTiluppiscvoi) le suffixe mis en honneur dans Aa|ai|jaKrivoî, TTapiâvoi; on continua, en Europe, tout naturellement avec 'laTpiâvoi, OiXiirrriivoi, Auppaxnvoî, etc. Du côté de l'Asie, la propagation de -rivôç, à peine commencée avant Alexandre, reçut de la conquête grecque une impulsion décisive; il fut pour ainsi dire entendu depuis ce moment que tout nom de peuple oriental avait à se terminer en -]-]vàç et tout nom de province en -^vn: je rap- pelle les exemples comme BaKipiâvr) succédant à BaKTpia. C'est le même phénomène que si de vastes relations avaient existé depuis l'origine entre la Grèce et l'Occident et qu'on eût peu à peu étendu aux cités de Gaule la finale reçue des Italiotes seuls dans MeTaTTOVTÎvoi.

3. Si telle est l'histoire vraisemblable de la finale -nvôç, en la reconstituant presque uniquement d'après le grec, le phrygien est évidemment une des langues où on attend, au moins comme pos- sibilité, la présence d'un suffixe ethnique -duos, ou analogue à ânos.^

Or, il est vrai que nous ne pouvons apporter de cela, par les quelques monuments existants, aucune preuve exacte. Qu'il nous soit seulement permis de constater que c'est avant d'être devenu attentif aux circonstances qui entourent le suffixe grec -nvôç que nous étions disposé à recoimaître au phrygien un suffixe -(hi, soit comme ethnique, soit peut-être comme désignant les personnes faisant partie de tel ou tel clan.

1. Les autres langues seraient le mysicn et de lydien. Au moins pour ce qui est du dernier, son origine indo-européenne, donc sa parenté avec le phrygien, semble incontestable devant des cas aussi clairs que le Kav-baù\iiç d'Hippoiiax valant KuvdYXIÇ- ^ous croyons à la famille pluygo-Iyiliennp.

�� � LES NOMS GRECS EN -nVOÇ ET LE PHHYlilEN. O/i)

Dans ce sens militeraient soit akendn- (AKevavoXaFoç, aKevave), soit i)eut-ètre simân^, soit peut-être aussi, dans la V)*" inscription Midienne, kurzanezon qui pourrait contenir à la rigueur le nom de Tupanvôç (comme nom de clan phrygien) sans aller jusqu'à supposer que ces mots, qui semblent faire partie d'une signature, signifient sans autre: Tuparjvôç èijbv.^

Un mot reste à ajouter sur Ht)ar|vn qui a servi plus haut d(' point de départ à nos observations. Si tel était de fondation l'accent du mot, il va sans dire qu'il n'aurait rien de plus à voir avec les ethniques que KuXXrjvr) ou 'AGfjvai, mais on trouve de ces déplace- ments d'accent dans les ethniques quand l'origine est oubliée: cf. Aivbufai'ivn Mn^'lP pour Aivàujanvr] et la MaXrjvri X^PI ^^ Mysie chez Hérodote qui est presque évidemment aussi pour MaXrivrj. Cela sans insister d'ailleurs sur l'importance de HiiarjVTi.

��1. Le plus ancien grec connaissait un suffixe ethiniiue -âv, plus tard tombé en oubli, ayant eu le temps, avant de disparaître, de laisser sa trace dans le nom des Hellènes, "EX\âv-eç, puis dans les propérispomènos comme KeqpaWfjv-eç, 'Evifiv-eç, enfin dans la grande série, 'AKopvdv-eç, 'ABanâv-eç qui ne représente pas des contractions doriques pour -âFoveç, mais le pendant d"Evifiveç. Or il est possible que, comme source du grec -r]vôç, un phrygien -an ne soit pas aussi satisfaisant que le serait un phrygien -âno, mais comme suffixe admettant une originaire parenté avec "EWdv, c'est naturellement le contraire qui a lieu. Ainsi ce ({ui est perdu d'un côté nous paraît regagné de l'autre si les formes phrygiennes seules sont en cause,

2. Que le nom des Tursènes sous sa forme la plus authentique ait pu commencer par un K, c'est ce que rend presque probable le nom de l'île de Corse — ayant eu pour premiers colons des Tyrrhéniens — et dont le nom latin de Corsica se trouve dans le même rapport avec Kûpvoç (pour Kupa-v-oç, comme irxépva pour TiTépava) que 2'iiscu.s, c'est-à-dire *Turs-tcos avec Tupa- •ivôç: les deux cas sont caractérisés par un suffixe en n, évidemment indigène, que le latin, pour une raison ou pour une autre, laisse de côté. — Que d'autre part le kurzanezon de l'inscription admette dix explications avant celle-là, c'est ce qui va non moins sans dire. En particulier, comme on a dans les inscriptions Mid. 2 et 5: Baba.memevaif!..kq)i{z)anavt'zos....e(laes, il ne peut être que naturel de penser que kurzanezon, venant après le mot en -n atanizen, est l'accusatif d'une certaine espèce de mots en -ezo- dont le nominatif figure dans '2 et .5. Ce qui ne rendrait pas au reste forcément absurde le rapprochement des Tursènes. fi'our Jc(piz-anavezos il est impossible de ne pas songer à la contrée phrygienne d'^Avaua, ce qm donnerait donc la tribu, ou le lieu d'origine de l'individu. Ailleurs nous nous occuperons d'examiner si le phrygien ne confond pas dans Z une lettre pour z et une lettre pour jod: Lurzanejon et k<pi{j)anarejoK)

�� � )7f.

��D'QMHAYIII A TPIHTOAEMOI.

UEMARQTIES ÉTYMOJ.OGIQUES. {Mélanges Nicole, p. 503. — fienève 1905.)

Dans les écrits d'Hippocrate et de son école, on voit revenir fréquemment la mention d'une espèce de cataplasme dont il est fait grand usage pour toute sorte de maux, et portant le nom d'ibjariXuaiç. Les manuscrits ne donnent pas toujours le nom sous cette forme, mais souvent en deux mots, dj|ar] XûcTiç; aussi bien au nominatif qu'aux autres cas (gén. dj|Liri\ucnoç ou Ù)}XY]ç Xiiffioç).^ Se fondant sur cette circonstance, — assurément assez grave à première vue, — tous les lexicographes modernes ont considéré le mot comme formé de Xuaiç, précédé de l'adjectif vj^àç, sans s'expliquer sur le sens qu'il faudrait attribuer au terme principal en cette combinaison.

Le cataplasme n'était autre chose qu'un emplâtre de farine d'orge. Ta àtrô tujv àqppÛKTUJV KpiôOùv dXqpiTa le Kai dXeupa, c'est toute la description qu'en fait le Lexique des termes hippocratiques de Galien, lequel semble, comme on voit, ne pas même entendre spécialement par uj)nr|Xu(Jiç une farine réduite à la forme de cata- plasme, mais la farine d'orge en général.^ Il n'y a rien de plus particulier dans d'autres sources, dont on trouve, en ouvrant le Thésaurus, une assez ample collection; la compilation des Geoponka dit, par exemple, IS, 19, 9: "Ectti bè d))LiriXuO'iç t6 âXeOpov tû âTTÔ TUJV Kpidûjv \xr\ TreqppuYlnévuuv Yivô)uevov. Pour être appliquée selon l'ordonnance, cette farine, on vient de l'entendre, et cela découle d'ailleurs d'ibjuôç, ne devait pas être grillée. Elle n'était pas davantage

1. L'appareil critique de l'édition Litlré permet de se rendre compte en un temps minime, vu la fréquence du mot, de l'hésitation qui rèjjne entre les doux manières d'écrire.

2. C'est ce qu'il dit quelque part en autant de termes: Tô ariTiô|ievov KOTéTTXaaa . . . bià Kovfaç aiaKTfîç Kai ubiafiç Xùaeujç, oîjtuj b' ïaôi |ue KaXoûvTo TO Kpîôivov ûXeupov (-rrepi ouvî). q). t. kotù fevti, 111, "l, éd. Kiilui).

�� � i>'iii|LiriXuaiç A TpiTTTÔXeuoç. 5*77

bouillie: encore à cause d"dj)aôç, et parce que les textes qui se donnent la peine d'insister sur d(ppuKTOç n'auraient pas manqué de parler d'un autre genre de cuisson, si celle-ci avait été prévue pour la bonne préparation de l'émoUient. Etait-elle du moins humectée, trempée à froid, ou à chaud, dans un liquide? Il ne semble même pas que ce tut le cas, tant par le silence de la plupart des passages que par Tindication assez formelle de" Galien dans un de ses traités.^ Enumérant des remèdes contre le mal de dents, cet auteur indique d'abord différentes espèces de TTupîai, — impliquant la vapeur d'eau. — puis il continue: r\ Kai èTn&é)iiaTa bià tiîjv X^piç ubdiouv, ujç bC ûjfifjç Xucreujç, eiie Kpi^ivnç eÏTe \ivo(JTrép|Liou. Ainsi rdjjuri- Xudiç, autant qu'on le distingue, consistait en une simple application de farine sèche.

Dans ces conditions, il est permis de se demander sur quel genre de signification les dictionnaires s'appuient pour admettre la présence du mot Xùaiç dans le composé qui nous occupe. S'il s'agit d'un XOcTiç ayant la valeur d'infusion, teinture ou solution chimique, ce qu'on pourrait à la rigueur supposer, j'avoue n'avoir pu découvrir de texte autorisant un pareil sens. Mais en faisant à notre erreur toute part d'avance, il serait encore difficile à chacun de voir l'ana- logie des deux choses, d'un paquet de farine (non trempée) à une substance en dissolution.

La vérité, pour ainsi dire évidente, est que nous avons dans dj)iriXu(Tiç un proche parent de la famille d'àXé uu moudre, dXe-Tpîç esclave occupée à la meule, etc. Si un doute subsistait, il serait levé par la glose hésychienne iLjLi-riXeTOV (cod. d))LiriX6TÔv) * èpripiT- laévov. Dissipons cependant les restes de l'étyinologie par XùcJiç. n s'agit d'un terme qui, forcément, fut pour tout contemporain d"Hippocrate clair, pour tout contemporain de Galien plus ou moins obscur en ses éléments; seuls les premiers auteurs originaux pou- vaient encore se douter que dXû-cTiç fût variante d'dXe-CTiç, la mou- ture. L'étymologie populaire, en partageant le composé en uj|Lir] XûcTiç, — forme que des générations de scribes se chargèrent de faire ))énétrer par les manuscrits jusque dans l'usage technique, — ne -0 rendait coupable d'aucun exploit particulier, ne faisait que re- produire un de ses modèles coutumiers, qu'on pourrait marquer du

1. TTepi auvô^creiuç qpapiicÎKUJV tiî»v kûtA tôtiouç, V, 9, éd. Kuhn. Nous n'avons pas gardé le texfe de Kuhn pour les derniers mots, sans importance, (|ui sont chez lui tÏTe KpOivov eÏTe XivôaTtepi-ia (sic), corrigés par d'autres comme ci-dessus.

de Saussure, Oeuvres. 37

�� � 57S iuj|uii\uai<; a TpiirToXeiaoç.

nom d'étymologie populaire imparfaite, ou «inachevée», où le second terme reste privé de sens, livré à l'inconnu, sans essai d'inter- prétation. En choisissant parmi une collection de termes populaires français que j'ai sous les yeux par hasard, un cas pouvant particu- lièrement fournir le pendant du fait, je n'ai pas de peine à le trouver dans: de l'eau d'anum, qui signifie, paraît-il, du laudanum, mais où on voit comment un des membres peut rester hunier prêté, simple candidat à un sens, ainsi que dans ùjjuii Xûdiç: les deux mots re- levant d'ailleurs de la langue médicale, placée au premier chef dans In sphère du lexique f)ù ces déformations se })roduisent d'habitude.

Le mot pour «mouture, farine* dj)n-iîXu(Tiç, — ou jjlutôt dXu-CTiç dans la forme du simple, — a cet intérêt, entre autres, d'éclairer dans sa formation son synonyme d\eu-pov, ainsi ((ue l'homérique» àXeu-axa, si on adopte cette manière de lire, pour àXtiaia, u, lOS, avec J. Schmidt, Pluralbild. 201 (cf. Wackernagel, K. Z., XXV, 277). Mais, plus généralement, de rendre manifeste en grec rexistence, au même sens qu'àXéou, d'une seconde base cjui se terminait par Y (qu'elle fût d'ailleurs à deux degrés, dXeu- àXu-, ou sans dégradation dXu). La forme Ub)u-riXu-(Tiç est en effet beaucoup plus claire à cet égard que ne l'était dXeùaia, ou même dXeupov: le premier, si on le divise en dXé-/dTa, peut se tirer sans particularité aucune d'dXéuu: et dXeupov à son tour n'être que le dérivé de l'autre (*àXe-./dp, d'où ■■dXe-,/po-). C'est l'avantage d'une forme comme dXu-Ji-ç de n'être pas équivoque. La base AAY-, qu'elle fait connaître, n'a pas besoin de plus ample preuve, mais trouve peut-être à s'aj^pliquer presque immédiatement, même au-delà du grec, à un mot important, langio- sax. ealu, cas obliques ealofh «bière, aie», cf. norr. olfhr «bière, orgie de bière». Sauf le genre, la dernière forme trouverait son modèle grec dans *t6 dXuTÔv (équivalent, comme on peut le prétendre main- tenant, de t6 dXeiôv); l'autre, dans un type •••dXuT-, cf. juéXi juéXiToç, dXqpi en regard d'd'XcpiTOV. Le sens d'orge fermentée ])0ur bière s'offre ici d'autant plus aisément que soit dj|a-riXu(Jiç, soit dXeupov, désignent par excellence la farine d'orge.

En lui-même, un parallélisme comme celui des basc!S radicales AAY- : AAE- n'a rien de nouveau; aussi nous abstiendrons-nous de le pour-suivre sur un terrain qui intéresserait In grammaire plutôt (|ue le lexique. Il est difficile en revanche de ne pas accorder de l'attention à un groupe de formes se rapportant comme les précé- dentes au grain ou n la meule, et <iui ])ourraicnt tirer de la lumière de notre double! ; cii ce <ju'il faut ])rol)nbl('mi'nt les coordonner sous

�� � d' ui,u)'-|Xuoi<; A TpmTÔXeiLicx;. ôTÎ)

un couple radical OAY- : OAE-, jusqu'ici des plus vagues, mai? pren.'int un corps après l'exemple que nous venons de voir.^

Nous ne prétendrons pas que les choses se présentent ici avec la clarté qui pouvait appartenir au premier cas, trouvant son illustration dans d),u-r|Xu(Tiç : d))u-ri\eTOV. Pas davantage qu'il règne un rapport étymologique entre le premier groupe et l'autre, entre àXéu) et ôXupa. Ce rapport n'est pas inimaginable: il peut être phonéti([Uement soutenu^; nous ne désirons pas le faire rentrer dans notre thèse de l'instant, ni d'un autre moment, parce que nous n'en sommes pas persuadé. Mais, avec ou sans parenté étymologique, entre familles aussi ressemblantes que l'étaient d'une part élu-, olu-, d'autre part ali(-, au sens de moudre, l'analogie pouvait faire son ceuvrc, et créer à l'un une variante en -e, si l'autre était pourvu de cette forme. ^

Les mots que nous entendons n'étant plus reliéa ensemble par un verbe, c'est là une des circonstances qui donnent nécessairement un caractère assez conjectural aux rapports ({u'on peut établir ici. On distingue au moins nettement dès l'abord un groupe de formes, sur EAY-:

ôXu-pa, orge, nom d'une importante variété d'orge depuis Homère. La quantité longue de l'u peut être mise au compte d'un prototype ■oXu-p/a, probable de toute façon.

êXu-fioç, nom de quelque céréale, ou d'une espèce de grain voisine. Dans la glose dialectale èXu)Liôp, le lexique d'Hésychius explique ce mot par aTtépina CTiTiÎjbeç ÔTrep ëv|)OVTeç AàKuuveç è(T9iou(Jiv (.sorte de polenta). Cf. sous eXu^oi la mention (TiTÔibeç OTrépina. Xous ne tenons pas pour différent: èXi|uap* KéYXpijU 6|aoiov {k lire

��1. De par la générale alternance ê : o, nous donnons à ôXu- : ôXe- le sens qui enferme immédiatement EAY- : EAE-, dans une opposition commune à toute lorme caractérisée par alpha.

'■1. Si le prec al, dans àXeuj, vaut .' vocalique, la séparation tombe. L'ar- ménien al. dajis nlewr (farine), etc., laisse la même alternative ouverte. Seul le i^'crmanique al, dans ol\<th- (bièrej l'exclut, mais, par compensation, ouvre une autre équivoque (on pourrait entendre le mot comme *olut-, cf. ôXupa, aussi léi-'itimemenl que comme *alut-).

3. On connaît le ^renre d'influences dont nous parlons: il n'est pas néces- saire de quitter la famille d'àXém pour en rencontrer un exemple souvent cité, <elui de la formation ndXeupov (farine), sur ^aXc- mo/f/v, purement amenée par la ressemblance vague de celle base avec àXe-, cjui possédait dans son cercle un type ûXcupov.

�� � osO n' iij,uriXuaiç v TpiTTTÔ\e).iO(;.

comme ace. plur, = èXùjLiaç; le masculm è\u)aôp est sans doute; lui- mrme ace. pliir.).^

oùXai, grains d'orge, complète ce groupe; n'offre d'autre parti- cularité, étant pour tout le monde *ôX/"-ai (attiq. ôXai, dor. oXpû--), que de livrer la forme anté-vocalique d'oXu-.

Plus problémati([ue est le rapport des mots suivants, dont la provenance, évidemment, peut être cherchée ailleurs que dans la famille d"ôXu-pa, et n'est peut être pas déterminable du tout. Ce n'est du moins ni une difficulté de sens^, ni, comme je le remarque, une diftieulté de forme qui ])ourrait les éloigner de notre groupe. Par la forme èXeu- qu'ils introduiraient, en variation du type èXu-, ils seraient, non pas seulement réguliers, mais reinar(|uablement ])arallèles au cas déjà rencontré d'âXeu-pov.

Sous le bénéfice de ces observations, et avec les réserves qu'appelle d'ailleurs l'étjmologie d'un nom géographique, il y a (]uelque raison de conjecturer que celui de la ville dEXeu-aîç cache quelque nom perdu de la meide, ou au moins se rapporte à l'ordre d'idées qu'évoquent les mots dont nous nous occupons. On concevrait bien que la cité de Déméter, le grenier de la plaine Thriasiennc, fût la «Ville des moulins», ou offrit un nom de sens à peu pn- pareil. L'épithète d"EXeu-du), que portait Déméter à Târente et à

��1. Il est évident que si, contre probabilité, éXîiuap, avec les signes d'authen- ticité qui l'entourent d'ailleurs, n'avait pas i pour u, par erreur vulgaire, il se transforraerait alors en une des excellentes preuves à apporter de la variation radicale qui s'exécutait sur éXu- dans le sens d'un changement de la deuxième voyelle; mais nous sommes loin de vouloir tirer un témoignage pareil d'une telle forme. — On apprend par l'Etymol. Magnum que le mot ë\u|Lioç tigurait dans les Ur\ao\ d'Aristophane. Meineke, Frugm.Com., II, p. 1112.

5. OùXoxÛTaç TÔ Kavfl, cl ol Aujpicîç ôXpaKriia, Hés.s.v. eûirXouTov KavoOv. (If. ôXpdxiov KavoOv. AeivoXoxoç. valant oùXoxôïov, comme l'admet Prellwitz, Etym. Wtb., sous oùXai.

'.i. On pourrait, sous le rapport du sens, faire remaniuer que les trois premiers mots contenaient l'idée incontestable de grain, cependant pas celle de mouture. Nous reconnaissons pleinement le fait, et ne le croyons pas décisii contre les rapprochements qui suivent. C'est ici que la perte du verbe est sur- tout irréparable. On verrait probablement qu'il n'était autre qu'un verbe pour moudre. Le latin triticum part de tero. et arrive néanmoins a désigner, non seulement le grain hors de l'idée de ferere, mais encore presque au sens bota- nique, comme ôXupa, une catégorie limitée de céréales. Les exemples seraient iimombrables. Rappelons que le mot c/rain lui-même repose par ses origines sur l'idée de triturer, moudre.

�� � n' lùfuiXuaiç a TpurTÔXe^oç. âSl

Syracuse', ne se séparerait pas du mot précédent, et mar<iuerait une Déméter Meunière.

C'est par une hypothe.se phitùt moins hardie qu'on placerait lans cette famille ôXooi-Tpoxoç. Le mot signifie, depuis Homère, grosse pierre ronde, quelconque. Remarquons que l'explication traditionnelle, en supposant un adjectif ••■/oXo/bç «rond>, crée un mot purement hypothétique, d'ailleurs admissible; mais qui autorise tinineinment à en supposer un autre, sans dépasser, d'un certain côté, le degré de présomption qu'elle trouve légitime elle-même, llestitution pour restitution, on ne verrait pas les désavantages d'un mot *6\o,F-o-ç, la meule, qui expliquerait le composé (du même fait que ])resque en toute langue la pierre de meule est le type de la pierre ronde pesante), comme pierre de meule ou i< courant, dans la meule (ôXooi-)». C'est seulement d'ailleurs si Tpoxôç signifiait tout autre cho.se qu'il ne signifie qu'on pourrait comprendre en général le composé ôXooi-ipoxoç selon la première explication. Non moins (range, • dans cette explication, est le locatif ôXooi- qui ne peut même invoquer l'excuse métrique, mais est en revanche parfaitement attesté hors des textes poétiques (Hérodote ôXoirpoxoç, Xénophon oXoÎTpoxoç).

Quoi qu'il faille penser de ces derniers mots, et avec ou sans

eux, on peut, en regard du type général marqué par ôXu-pa, attendre

des formes par oXe-, qui n'auraient, au moins, rien de surprenant.

-Vous ne chercherons pas ce type dans des formes éminemment

douteuses, comme un è'Xe)Lioç, donné par Hésychius au même sens

i)u'ëXu|uoç, et (jui n'est probablement qu'une faute de plume. Mais

l'attention est attirée, dans le même glossaire, -par le mot ôXaijueuç

avec sa glose curieuse ô Tàç ôXàç pdXXujv (cod. t6 pour ô). Il s'agit

Ion toute apparence de l'acte (;érémoniaI des oùXoxûxai ou des

rains d'orge répandus pendant le sacrifice. Homère, à ce propos,

e sert du même verbe (oùXoxùraç irpopdXovTo). Dans la localité

quelconque où la personne chargée dudit office portait le nom

1. Il'-, s. V. — On ne saurait ici se satisfaire avec 'E\eu\>uj synonyme il'Ei\ei9u:a. lie culte fort répandu de Démêler Kouporpôqjoç consacre son rôle (le Tpoq)ôç DU de nourrice, tel (ju'il e'clate particulièromenl dans la légende l'ieusinienne, mais ne s'adresse pas à une llithye. Il est en revanche certain lii'une Ari|Lir|Tr)P luaXfç, ou Déméter de la meule, était adorée à Syracuse il'reller, Myth., I*, 7G8). Peut-être son sanctuaire ne faisait-il qu'un avec celui <r"E\tu&uj. l'une des épithètes étant alors la traduction rajeunie, le petit nom lamilier pour l'autre':'

�� � 582 d' uj^r)\ucriç a TpmTÔXeMOç.

d'ôXai|aetiç, on peut difficilement supposer que celui des grains d'orgo ne fût pas ô\ai|UOi. La forme peut avoir été féminine, ce qui n'importe pas; en revanche toute la glose resterait comme dépourvue de son explication la plus naturelle si l'on n'ajoutait la correction: ôXeiioi, et ôX€|Lieùç.

Aussi sûrement, en efftt, que la fidélité générale au détail orthographique est grande dans le lexique hésychien, ce qui seul lui a permis d'être, ou de rester jusqu'à nous le recueil inestimable qu'il est, autant il serait vain de nier (nul ne le prétendant du reste) la présence de nombreuses gloses entachées soit d'itacisme soit de l'erreur de même ordre: ai pour €. Les exemples sont trop abon- dants pour avoir sérieusement à être apportés, ils se trouvent comme à chaque page.^ Mais si l'erreur ôXai)aeiJç pour *ôXe|ue\jç était toute naturelle, on ne saurait guère douter que la forme juste ne fût en effet cette dernière; aussi bien par l'improbabilité morphologique d'une forme ôXaijiioç, que par la probabilité sous ce point de vue d'ôXe-)aoç, si les raisons que nous en avons indiquées sont bonnes.^

Est-il hors du degré de circonspection juste qu'on doit ol)server sur un tel terrain de songer, — si ôX€|uoç est donné, — à ce que contiendrait alors la finale de TpiTTTÔXe,uoç'? C'est une entreprise qui peut être en général taxée, en étymologie, de jeu très pitoyable que de s'attaquer à des formes limpides pour vouloir y trouver autre chose que ce qu'elles donnent d'emblée. Mais les entreprises de l'étyraologie populaire égalent ou dépassent en ingéniosité celles du grammairien, c'est là le facteur à ne jamais oublier complètement.

1. Pris au hasard, boitai • \a.u-irâbeç (beTaî, comme le remarque M.Schmitlt), iratTaupa pour ttéTaupa, qpaivaicîZei ((pevaKxlei , alcTTia, aïxiJaTa éOTÎa, ixi^aTu . Un des cas le plus inattendus est celui d'une glose TteZôç, bien écrite par €. mais figurant alphabétiquement à la suite de irairiova, montrant ainsi ce qu'ont pu réaliser dans ce genre deux ou trois générations de scribes: la premiéic écrivant ai pour e, la seconde portant le mot sous l'alpha, la dernière ne s ' donnant plus la peine, en le rectifiant, de le remettre à la place primitive.

y. On ne peut laisser sans mention ici ôA|lioç. mortier à piler. Si, maigiv l'esprit rude, il se rattache à nos mots pour moudre, écraser le grain, son groupi ôX- devient une indirecte confirmation de la base éXe- d'où procède ôXe-|iioç. Il faudrait, pour mettre en bonne lumière ce point, des développements que non- ne pouvons nous permettre à cette place, et qui tendraient à faire voir que h type TÔp-voç en regard de Tc'pe-rpov n'a pas à passer pour fortuit ou anormal, mais pour bégllier (de même Ppov-Tr) contre -Ppeiu^-Triç, ôpqp-vri contre ipi(p-w. ci-fK-oç contre éveK-, TÔX-jna contre TeXa-faubv, irÔT-jaoç contre ir^Ta-Mcn. et<"-i Ceci n'empêche pas des doublets, dûs aux réfections postérieures: tels it6t-,uoç et iroTa-)ti6ç, aX-|ioç et ôXe-iaoç.

�� � n'iùunXuoiç A TpiTTToXeiaoç. 58^

On commettrait dos erreurs inverses en ce cas. Alors même qu'elle se contente parfois d'un résultat imparfait (uj|iir| XucTiç), les petits miracles qui s'accomplissent ailleurs sous ce principe peuvent émer- veiller le linguiste, et le tromper fort bien à. chaque instant; de sorte que si le nom de Triptolème n'était que l'arrangement d'un composé sans rapport à TriôXeiaoç (composé devenu inintelligible par l'oubli du sens d'ôXejiioç), le fait pourrait difficilement passer en lui- même pour offrir une particularité bien remarquable.

Le nom du héros d'Eleusis, du pupille de Déméter, Jious paraît réellement ne pas répudier une origine qui le relierait aux mots précédents. On connaît, dans àXeTpipavoç, un nom du moulin, pro- bablement analysable en *aXeTO-Tpi-pavoç (ainsi Brugmann et d'autres); en tous cas unissant Tpîpo) et un dérivé d'àXéuj. Même sans re- prendre ici l'idée que les diverses formations d'dXéui ont une im- portance particulière pour .ce qui tient à ôXe|Lioç, une combinaison

  • Tpip-ôX€,uoç, en vertu de ce qu'elle signifie, no serait que le pendant

renversé de ce mot.^ Nous sommes loin d'insister sur la forme exacte. On peut, ce qui diminuerait la distance qu'avait à franchir l'éty- mologie populaire, croire à *Tpii|;-6Xe|ioç, type TTau(7-dv€|aoç (n'ayant pas aussi nécessairement que le premier la forme douée d'i long et, en plus, un ircj ressemblant davantage à ttt). Même, poursuivant cette vue, remarquer la facilité d'un doublet pareil à celui des noms concurrents de KacJCT-àvbpa : Kadii-dveipa, ouvrant la porte à Tpiv|;- et TpiTTTi- par formation parallèle.'^ En ce dernier cas, que nous ne

1. Il est bon, toujours, de se reporter aux exemples, même si le nombre en est tel qu'aucun choix n'est indiqué. Il semblerait au premier abord plus qu'injuslilié de poser que le nom vieil-allemand de la perle de mer (merif/rmz, pierre de mer), n'a un rapport ni à la mer, merl, ni à la pierre, f/rioz. Tout le monde sait, en réalité, qu'il s'agit d.'un arranj^^ement de l'étymolo^ie poiiulaire, où aucun de ces mots n'a de part (lat. nmrijurUii). On ne saurait prétendre, évidemment, que telle soit la certitude (jui caractériserait notre cas, et il faut ajouter qu'il en diffère par un autre caractère. Quoique les deux transformations partent également d'une base «incomprise, à expliquer», l'une, commeXpi-iTTÔXeiaoç, verse dans la première interprétation venue, l'autre seule atteint une perfection (jui la rend par hasard conforme au sens originaire, ou au sens inhérent. — On a du reste avant nous émis l'idée que TpiiTTÔXeiaoç ne contenait pas irTÔXeuoç. en le rapprochant notamment de TpÎTroXoç, trois fois retourné par la cliarruo (Preller. Myth. P, 634).

2. Il faut écarter rpipcXoç (herse a dépiquer le blé), au i)remier moment lumineux comme rpip-oXoç. Ce mot, qui n'est pas connu avant l'hihtn, nous représente i)ar évidence le latin fribnlutii, nom du mèine instrument.

3. Comme, à d'fTérents [loints de vue, le rapport qui règne entre l'a, le ti, on le 01. <laiis les (ormes de composition du genre paiTl-dveipu, Aùa-avbpoç, etc.,

�� � 584 d' ubian^uaiç a TpmTÔ\€).ioç.

donnonî^ pas comme plus évident que les autres, il n'y aurait plus à parler pour TpmTÔXe|aoç d'étymologie populaire au sens propre, plutôt de simple égalisation entre deux formes.

La préoccupation particulière des anciens d'éviter toujours dans le langage une expression qui pût sembler contenir une offense à quelque divinité, a aussi sa répercussion dans le mythe, et on pourrait parler de «mythes euphémiques >^ comme de locutions euphémiques tendant à tourner, par crainte religieuse, le sens réel des choses. Si le moulin dévore et recèle témérairement ce qu'a produit Déméter, un sacrilège aussi utile ù l'humanité ne sera présenté qu'avec la couleur précisément inverse, comme si le moulin était ou le «nour- risson» de Cérès, ou encore la «maison où elle cherche abri>. La déesse, ainsi, sera réconciliée, et la légende de Triptolème, toute celle du séjour chez Métaneira, prête à éclore. Mais peut-être y a-t-il intérêt à voir que cette interprétation, qui n'est sans doute pas nou- velle, reçoit de là part des mots quelque confirmation.^

��est absolument obscur, surtout devant voyelle, nous remarquerons qu'en aucun cas le doublet KaaTictveipa : Kaaodvbpa n'est à écarter pour la possibilité théo- rique de *TpinTi6Xe,uoç : *TpnvôAe|Lioç. Si en effet c'était une circonstance pho- nétique qui se trouvait régler ce rapport, aucune forme, plus que Kaaadvbpa, ne serait en rupture de ban contre elle {-aa- pour -ax- n'étant forcément pas de cet ordre); et réciproquement KaoTiûveipa établit la légitimité (morpholoqique) d'un -Ti- après consonne, et devant voyelle.

1. Dans la bourgade de Laconie au nom significatif d"A\eoiai était honoré un héros MûXrjç, inventeur de la meule (Paus. 3, 20). Ainsi, ou à peu près, du double nom d"'E\eu-aîç et de TpitrT-ôXeuoç. Mais il n'est pas nécessaire de mettre expressément en cause le moulin : on ne changerait pas grand chose à ce qui précède en rempla(;ant partout la meule par Vaire à haitrc le blé, — ou plus exactement, et selon la coutume, à faire fouler le blé (rpipeiv) par le pied des animaux. Rapportant le mot (sans doute populaire malgré sa forme métrique) f)v \xr\ Ka9âpr]ç KàXéariç, où \xr\ cpdïriç, Diogénien, V, 17, nous apprend qu'on le mettait dans la bouche de Déméter instruisant Triptolème (eltre Armnxpa irpôç Tp.); ce n'est ni de semailles, ni de labourage qu"il est question, comme on le remarque, dans la devise ainsi laissée au personnage par la dée.sse, comme un mot d'ordre paraissant le concerner particulièrement. Nous avons cru de même qu'il était possible de voir en lui le Tinxi-FiErR plutôt qu'autre chose.

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SUR LES COMPOSES LATINS DU TYPE AGEICOLA.

{Mélanges Havet, p. 459. — Paris, 1909.)

Dans leur relation à la I* déclinaii>on et aux mots qu’elle renferme, il ne serait pas exagéré de dire que les composés comme ayricola forment le fond le plus clair de la classe masculine en a du latin. Si on défalque en effet de cette classe les éléments étrangers ou de provenance douteuse (noms comme Porsemia ou Aurippa, comme 2)oeta ou africain nepa); d’autre part les mots qui ne sont du masculin que dans le rôle de cognomen ou de sobriquet (Bestia, Fimbria, Scaevola, Planta), on arrive vite à un résidu où ne figure plus que le type agri-cola, joint à dix ou douze mots simples comme verna, lixa^ scurra.

Ces quelques mots simples, à leur tour, sont pour lu plupart obscurs, isolés dans la langue, peut-être en partie non latins.^ Aussi ne serait-ce pas sans raison soutenable qu’on pourrait regarder la question générale des masculins lutins en a connue assez peu différente de celle du seul type agri-cola.

Ce n’est pas le sens, toutefois, «^u’on voudra bien donner à lu présente étude. Que le type agrkola soit ou non l’unique modèle primitif de la classe entière, nous abordons ce ty]>e pour lui-même, et sans préoccupation de ce qui l’entoure.

M. Brugmann dans i^on G rundriss,ll, 104, et à sa suite Lindsay, Lat.Lang., 317, Sommer, Handhnch, 351. ont accrédité une théorie qui fait à peu près de Ums les masculins en a, verna comme agrkola, d’anciens féminins, noms abstraits ou noms d’action: agrkola n’aurait désigné l’agrknlkur qu’après avoir été, au début, le nom de Vagri- rulture, et aiirîga ne serait le cocher qu’après avoir été Fart de con- duire les chevaux.

1. Les deux mots qui, dans ceUo série peu iiouitjreu.se, pourraient retenir l’altention du trramrnairien sont ncriba et iiavita. Toutefois le premier a des chances de n’être qu’une dérivation du type agri-cola {scribn :=: "iharti-siriba ou mots de ce genre). Le .second, en apparence important par son singulier suffixe -ita, résulte sans doute d’un compromis entre lat. *n<u-es, ’Uis et le naut(( venu des Grecs. ')SC) SUR LKS COMPOSÉS LATINS PII TYPE ngricohi.

Les changements de cette espèce sont counmts dans l’histoire sémantique des langues, et je ne méconnais par les arguments favorables que p’^iivent livrer spécialement les masculins latins en n, du fait qu’ils servent souvent à désigner un individu par son métier ou son état. Mais un fait matériel semble saper par la base toute la supposition. Le giec offre largement des composés féminins d’action comme èK-XoTn, èK-(puYri: à peine le type oÎKO-bo)Lir|, où la préposition est remplacée par nn nom. Le latin, quant à lui, ne connaît ni un seul exemple du type èK-XoYn ni un seul du type oiKO-bojuri; il n’arrive pas à cette langue, — et dans les cas même où elle possède le simple connue Juija — , d’exprimer par tmiis-fuga une idée comme celle de «transfuitc», toujours rendue au moyen d’une formation latérale comme irans/t<(jiiim, etc. On peut se demander, dans ces conditions, comment ai/ricola aurait d’abord signifié Vagncultnre. l^a supposition forcerait d’imaginer à la fois que af/ri- cola détourné de son sens se transmettait sans difficulté, mais que la même formation si vivace était frappée de mort dans tous les représentants qui auraient gardé quelque chose de son sens direct. Hasard assurément invraisemblable.

Essayons par une autre voie de fixer l’origine de ces composés.

r

La catégorie de composés qui est reflétée en latin dans les mots comme au-spec-s, pyae-seâ)-s, prae-coc-s, devait donner lieu, dans l’indo-européen primitif, à une naturelle variante toutes les fois que le second membre, uu lieu de reposer sur une racine conmie spek-, était par hasard emprunté au type si répandu des racines disyllabiques terminées par un <"r. ainsi ijrebhô- (saisir), peU’i- (voler), etc.^ Il n’est peut-être pas absolument juste de parler de variante, puisijue deux formations comme

^ekivo-spek-s ’■'ekwo-yrebho-s

se signalent avant tout ])ar leur identité. TiC terme s’applique cei)endant si l’on considère la Hexion. Celle-ci ne pouvait éviter de prendre un aspect particulier quand, au lieu de la base habituelle (consonantique), elle avait à courir sur une voyelle o.

��1. Il n’y a ^niére que dos avanta^’es à marquer la voyelle, «le tiinhre in- conini, qui se trouvait dans la preuiière syllabe du mot pour père au moyen de la lettre pleine ô, plutôt que par le sig^ue furlif d’un ,* renversé, (vest cette notation par ô que nous adoptons an moins pour le piv«ont article.

�� � SIR LES COMPOSÉS LATINS t)V TYi'E agricoht. 587

Peut-on marquer de plus près la forme que devait revêtir le paradigme en -o? Elle a dû être principalement déterminée par la loi connue qui, dès la période primitive, avait réglé le sort général de cette . voyelle, en la maintenant devant consonne, et en la sup- primant (au lieu de la contracter) devant une autre voyelle. «L'élision de \'(h — (|u'on peut se permettre un instant, pour la clarté mori)ho- logique, de représenter par un signe, alors même qu'il est. peu régulier de mêler aux signes phoniques ce qui sert à rappeler un événement — , devait régulièrement engendrer pour -grehliô-H, dans son opposition à -spek-s, le tableau de ilexiou suivant:

N. — s})ek-s — grehho-.s

V. — spek — ijrehho

A. — spek-m — grehhô-m

L. — spek-i — grebh'-i

({. — ^ spek-os — grebh'-os

PI. N. — spek-es — grebh'-es

PI. Ti. — spek-su — grehhô-su

H pouvait y avoir des chances, visiblement, p(»ur que dans plus d'une langue, par la suite, on arrivât à débarrasser, par analogie, le second type de tout ce qui lui restait de différences avec s-jiek-s; mais aussi, comme il faut l'ajouter, pour que des formes aussi caractérisées (lue le nominatif en -os fus.sent capables au contraire d'opposer, ailleurs, une grande résistance, et permissent d'avance au paradigme en -6 de prononcer timidement son: Non otniiis moriar.

Il

La flexion qu'on vient d'admettre ne s'attache pas d'une façon très particulière aux composés: un mot nex no. pas une autre dé- clinaison (\\xaii spe.v, et l'on ])eut s'attendre, dans les mots en -ô, à trouver des parallèles à l'un ou à l'autre. C'est un mot non com- jio.^é que le grec- a choisi pour nous conserver Texemi^le du ])ara- digme en ■<> maintenu dans son intégrité; à part le datif plur. (jui e.?t une forme troj) coutumière d'anomalies secondaires pour olïrir une importance. On ne saurait méconnaître en eil'et dans la llexion du mot masculin, unique de son espèce, Xâ(i)a-ç, la pierre,

X, Xô/a ç. V. (Xd/aVt. \. MJuv.

l). hU'-i, O. Xâi^oç. PI. N. Xâfeç.

�� � 588 SUR I,ES DOMHDSKS LATINS IHJ TWE af/riCô/a.

un ,paradigiiio identique, , avec la modification grecque a pour ('i, à cçlui qui s'obtenait par hypothi'se plus haut; et il faut ajouter que ce paradigme serait, au milieu du grec, entièrement inexplicable hors de l'issue^ qui "s'offre ainsi pour lui.

Voisin, mais notablement différent cependant du cas de Xâ/a-ç, est celui de |uéTa-ç: nous préférions le laisser do côté pour ne* pas mêler h la Hexion simple en -/i une flexion plus complexe; mais la rareté de ce qui subsiste en général des Hexions en -o commande pour ainsi dire'^de , ne pas l'oublier. Il n'est pas douteux que |LiéYa (neut.), identique a véd. niahi, ne vaille vraiment '■mego; non moins certain toutefois, d'après le védique, qui a conservé le paradigme intégral et triforme (maha-s, malul-m; — 2. mahi-bJiis et neut. mahi; — 3. viah'-c, mail -as, etc.) qu'il s'agit, non d'un simple mot en -o, mais d'un mot qui ne recevait primitivement o qit'aux formes faibles, et dont le nominatif inasc. serait finalement en grec fort différent de celui de Xâ/cx-ç («|uéYâ-ç» ou ion. «|uéYr|-Ç*), s'il n'avait péri, supplanté par une forme imitée du neutre. — Norr. mjOk pour '■'■mekii adv. «beaucoup» semble lui-même reposer plutôt sur la forme en a (gevni.ô^û), qui aurait passé, juste à l'inverse, du masculin au neutre.

Les composés en -o dont avait p\i hériter la langue grecque paraissent avoir versé de bonne heure, (|uant à eux, dans la flexion fantaisiste en -avT-, à laquelle nous devons dbâ|uâç, -avToç, etc. au lieu de *àba|Lia-ç, gén. *âba)Li'-oç. Une trace de ce qui existait est restée dans le vocatif correct TTouXubà|ua, Aao5d|ua, connu non seu- lement d'Homère, mais de Xénophon, Hell. 5, 1,5 et 6: TToXubdjua, non «TToXu6d|nav» ^, et sans que le discours, lequel s'adresse à un contemporain, puisse emprunter quelque chose aux souvenirs épiques.

Du fait que le grec a la particularité d'admettre non seulement l'a, mais très souvent l'e (quelquefois l'o), pour représentants de la primitive voyelle indo-eur. o, les débris de la formation '-'ehco-greblio-s elle-même sont cachés, comme nous sommes loin d'en douter, h

��1. On ne saurait accorder qu'une valeur métrique :t la ciuantité longue homérique TTou\ubd|ua et AaobdjLiâ, non plus extraordinaire que l'e long de TriX^Maxe ou Eâvôe Te Kai BdXie. Quel serait d'ailleurs le sens, même pour un thème en -avr-, d'un vocatif par 5V — Que ces allongements épiques aient, d'autre pari, queltjue chose à voir avec le vocatif, celui-ci étant pris comme tel, et hors des déclinaisons particulières, je serais prêt à le croire, et à y voir le même fait que les grammairiens hindous signalent comme la pluti du vocatif (allongement anormal de la finale). TToaeibaov éudinuve est un cas métrique très différent des précédents, et oit l'on voit cependant se produire cet allongement spécial imputable au Tocatif.

�� � beaucoiip d'autres endroirs encore de la langue .grecque que le type TTouXubà|uâç. Quand c'était lui e qui s'offrait pour continuateur régulier de Yo dans une racine, il était tout donné que le mot tombât par exemple dans la classe de q;eubr|ç, et il n'y aurait rien que d^ vraisemblable h croire que de nombreux mots comnie KUK\oT€pr|ç (cf. Tépe-xpov, etc.) valent en réalité *knJdo-terô-s, firent autrefois

  • KUKXo-Tépe dans leur nominatif neutre, et KUKXo-xépe-ç (non -r\q) au

masculin, sous la même déclinaison générale que Xdaç, luéYa. L'investigation qu'exigerait ce point, et qui pourrait donner plus d'un résultat, est momentanément hors de ce que nous permet le cadre de cet article.

Le sanscrit védique, par un gioupe de formes qu'il m'est arrivé de signaler dans une autre occasion', paraît confirmer de façon significative l'ancien type ^ekwo-ijrebho-s. Sans doute, il n'est pas facile, devant la confusion phonétique hindoue des 6 avec i, do juger absolument de ce qui est thème en ô. Néanmoins la corrélation raksi-tum (préserver): paçu-raksi-s (qui préserve le bétail); de même, fiani-tum : vâja-sani-s; svani-tum : tiwi-svani-s ; grabhî-tum :■ dur-grbJii-s est éminemment frappante. Elle prend encore plus de corps si l'on ajoute ces trois circonstances: 1. Rareté des formes casuelles qui impliquent positivement le thème en -i, comme l'exceptionnel voc. iirja-sanë. 2. Fréquence de formes comme -san-as, que rien n'em- pêche d'interpréter comme -san'-as. C'est ainsi que dans le cas de tnvi-çvani-s, on peut dire que tout l'ancien paradigme *ekwo-grebhô-s est encore devant nos yeux à la condition de réunir ce que les lexicographes séparent sous tuvi-svani- et sous un soi-disant tiwi-svan-. (Nom. tuvi-sivaui-s, Ace. tuvi-§vani-m. Gén. sg. et Nom. pi. hcvi-.wan'-as) etc.). 8. C'est encore un argument presque direct contre la valeur de simples thèmes en i qu'auraient en védique paçu-rakHi-s, etc., que la manière dont le sanscrit classique ignore plus tard ces thèmes, sans ([ue nous nous engagions ici dans le détail de cette démonstration.

III

La classe que nous avons tâché d'illustrer hors du latin, pour y rattacher dans cette langue agricoîà, wdirjenâ, etc., comporte avant tout un caractère formatif, une uniformité dans la structure des mots: ses caractères FLEx IFS ne sont qu'une consé(juence de la formation.

��1. [Voir f>ln<? hant Mémoire, p. 23L]

�� � •V.'H) SI n LE5 tluMPOSK? I,AÎ'IN5 HT TYPE U(jricnh(.

La classe latine indigend n'aurait d'avance qu'un eontact problé- matique avec elle si l'on y trouvait des mots quelconques dans leur formation, par exemple as-sec-là comme indi-genà. Le mot assecîâ, avec interposition de suffixe, est exception unique parmi les com- posés latins en c7, précisément propre à mieux faire ressortir l'unité formative qui réunit, avant tout autre caractère, le reste de ces niots^: en -ge7iâ, -cola, -vivâ, -cidâ, -cuba, -àgd^ etc.; type semblable à ce qu'on est en droit d'attendre.

A ce point de vue, qui laisse provisoirement de côté la .flexion, trois rapports sont à considérer:

1. Indi-genà et *genà-tum. — I/« de la classe indi-genà n'a do prétexte d'exister que si cette voyelle a régné simultanément, et d'une manière tout aussi constante, dans les formes (accompagnées ou non d'un composé) comme genî-tiim, vomï-ium, domî-tum, molï-inm, fionï-tum, cuhïtum, etc. Notre hypothèse implique cette conformité, puisqu'elle met à la base de genî-fum ou d'indi-gevà un seul (^t même ^geno-.

Constatons (lu'une autre restitution quelconque, pour le latin, que celle de *genà-tum, *genu-toi\ etc. n'est, en effet, plus soutenue de personne, et qu'il n'en saurait être autrement dès qu'on reconnaît généralement que \'ô reçoit pour continuateur invariable un à dans la branche italique. Seul le grec, avec l'inconséquence qu'il montre <lans le traitement de l'o, pouvait connaître une différence s'attachant aux familles étymologiques (Yevé-Tujp : ba|Lià-Tiup : PiOTri), et cette langue se voyait réciproquement forcée par là de briser l'unité de la classe flexive qui reste compacte dans Vindigenà latin (7To\u-ba|ua-, KUKXo-iepe-, etc.).

2. Indi-genà et genï-tum. — Après avoir connu en commun la voyelle à, genîtum et indigenà ne sont plus actuellement marqués que par une différence. Est-il régulier que la seconde fornie ne soit pas atteinte par le genre de modification qui atteignait la première?

Nous n'aurons, pour répondre à cette question, qu'à faire usage d'un des quelques principes, toujours confirmés à nouveau, par les- quels Louis Havet a de})uis longtemps fait régner la lumière sur tous les points de l'altération vocalique latine. L'ultième des mots

L CoïKju comme un diminutif de *adseqpa et non comme formation pri- maire, le mot asuecla n'offrirait du reste plus rien lui-même qui le cla.sse h pari. Aussi n'esl-ce pas tant assecla (jue col-lêga qui crée un cas difficile. Se raj)- porlaut, non à la racine lêg-, mais à un noyau de formes dérivées ilêi/un'). ro mot 8e trouve sensililement hors de la donnée primitive.

�� � sU'i i-Ks ciiMifi^Ks i.ATi.N> l'i r\it (igriiol'i. ô!*!

ir«?st pas couver née par l'a Itération due à l'inteusité de l'initiale. L;i chose est spécialement claire quand il s'a«it de Va. Nomind n'a jamais été que nominâ, et de par sa quantité historique seule, sans argument linguistique. Allâtes — à côté d'anîles — n'aurait su où retrouver analogiquement un- m si cet a n'eût été conservé dans la finale d'anàs{s). Sans répéter la série pleine des preuves, nous dirons ciuindigeiHl, de même paii-nââ-s (v. plus bas), sont entièrement ])révus dans leur opi)osition ù (/enï-tum.^

'). Tndi-genà et ad-veiid. — Aucun composé en a ne doit cor-

respondre, dans le principe, à une base monosyllabique.

Sont encore accompagnés, dans le latin même, de congénères établissant la base disyllabique: les composés en -genà (genï-tum) ainsi que Vinrn.bâ d'Isidore (cuhr-itim), et les mots en -fugâ, si fugï-tniii, malgré gr.qpuK-TÔç, peut passer pour être *fugâ-tum. Ajoutons foeni-secâ (Columelle): car secâre, secûi implique *secà-vi, et. seges représente presque sûrement "■'sem-ti-s {cî . desecare segefes chez le même Columelle).

Les formes disyllabiques se sont perdues en latin, mais sont clairement attestées hors de cette langue, pour les familles d'agri-cold (skr. car i-t Km); con-vivâ (Hkr. jîvi-ttim etc.; en latin même on ramènes vïfa à "■'vivâ-ta); heredi-pefâ (gr. TxéTa-\ia\). Il n'y a guère de doutes encore pour celle d'auriga, *ai(rc-âgâ, quoique les formes hindoues comme nji-fa-s reposent surtout sur le témoignage des grammairiens. Un mot *acstûmu «le coupe-bronze» a été supposé par Louis Havet, Mcm. Soc. Lii(g.,\ i,2o, pour expYiquer aesftimare: il s'accorderait au mieux avec les formes (îisyllabiques grecques de la racine en question, Té|ae-voç Té)na-xoç, etc.-

I. La doctrine imprécise, ou directement contraire, qu'entretient sur le point de l'« des finales la linfjruistique latine dans son ensemble ne peut chercher un appui (|ue dans le cas artifex, tibicen pour *aytifax, *tihican. Ce cas n'est pas plus probant que jndex pour *judix.

"1. Comme je le remarque en me reportant au volume indiciué des Mémoires, rétymolo},'ie à'aei^tumare y était doublée d'une analyse d'*(ies-iio>iH lui-même, de laquelle il ressort ((ue l'auleur posait -tamà comme identicjue à l'élément disyllabicjue radical de T6'|ua-Xoç etc.. ajoutant, rjuant :i la tle.xion, la restitution

  • (iiH-tem<(-s. C'est en doux li|.mes, on le voit, tout l'essentiel de la théorie que

nous présentons nous-méme, en l'applitiuant à rensend)le des mois comme tif/ricola. i)ois-je m'afdiger de n'avoir ainsi tait autre chose^ dans ces pa^es, <iue reprendre sans le savoir une idée du maître au(|uel elles sont dédiées? Si un point de vue qui est le sien n'a d'avance; poiu* lui rien de nouveau, (hi moins pourrai-je me dire qu'il n'était pas moins utile à défendre aujourd'hui qu'il y a vingt-trois ans, puisque nous voyons se perpétuer les opinions qui n'en tiennent pas conq)!»' o\ vfidfnt fuiio (Vri>/ririi/<i un pendant latin d'oÎKobo)ar|.

�� � 592 SUR I.KS GOMJ'OSKS I.ATl.VS HU TyFK (Kjvliiila .

La place des mots en -c/Wa, sous le même rapport, est incertaine: cependant il y aurait k faire valoir plus d'une raison contre une racine monosyllabique de la forme kaid- on kaidh-. Nous tenons pour le plus probable, non knidhô-, mais, ce qui revient presque au même, kai-j-dhë- (faible kai-dhô-)^ selon une formation verbale avec rac. dhê- qui paraît avoir tenu une certaine place en latin et dans d'autres langues, comme le lituanien.

11 ne reste en somme que les mots en -venu qui aient claire- ment en face d'eux une base monosyllabique (skr. gan-tum, etc.). C'est donc dans une proportion assez faible que s'est exercée l'analogie à laquelle pouvait facilement donner lieu indi-fjenâ, h mesure que sa finale prenait davantage le caractère d'un simple élément flexif. Le -capà- d'hosticapas est peut-être à joindre aux formes en -venâ: il serait difficile de l'affirmer; v. ail. haft ne prouve naturellenient pas plus que tohter = ^uYdirip une base monosyllabique.

La liexion, à son tour, appelle différentes remarques:

1. ffidigenà et terra. — La présence de l'a — bien que cet fi ne s'étendît lui-même qu'à trois ou quatre formes de paradigme, comme dans Mac — fut suffisante pour rapprocher peu à peu indi- genà de la I^ déclinaison. L'assimilation a pu, d'abord commencer, ensuite se poursuivre, de manières très diverses. Nous ne ferons qu'une seule remarque, destinée à écarter quelques difficultés qui, assez naturellement, pourraient frapper: c'est qu'il n'est pas nécessaire qu'une forme casuelle ait complètement coïncidé au début entre indigenà et terra, ou indigenà-s : terra (ou indigend-s : *terrd?); ni même que la première identité ait été fournie par le petit noyau de formes dotées de l'a dans le paradigme -genà{s). Si par exemple une forme comme le locatif, c'est-à-dire *indigen'-i, devenait in- commode ou obscure, elle n'avait guère d'autre remplaçant naturel qnindigeiiâi, et cela sans que l'imitation de terrai fût même for- mellement nécessaire pour créer cet anneau.^

2. Indigenà et paricidas. — Il reste encore un souvenir assez précis, dans une ou deux formes, des différences qui séparaient indi- genà (le terra. L'abrégé de Festus nous a consers'é les deux nomi-

��1. Four la même raison, il n'est pas implicitement nécessaire, pour (jiie le rapprochement des déclinaisons re.ste concevable, ijue terra (nominatif) ait eu de tout temps la ({uantité terra. On pourrait se demander si cette quantité tant discutée n'est pas une suite, au moins dans quelque mesure, des contacts avec irulippu^is). L'influence, ici, sérail inverse de celle (pii s'est exercée en général iiu cours de ccfte égalisai ion.

�� � si'R LES coMi'H-K I AT!\< Di' TYPE ugricolu 593

natifs (^onnus paricidas, hostntt^xis. Attribuer à ceB foimes un a long {-cîdâs otc.) roviondrait à créer un type fort peu compréhensible en lui-même, mais de plus, inexplicable dans son rapport au parricidà qui lui succède. Dans ses emprunts au grec, l'ancien latin n'a point adopté y us de Tror|Tâç: ce fait serait-il naturel si une finale toute semblable existait dans ses propres déclinaisons V'

Nous })Oserons donc: paricidâ-s, ^hidi-fjenâ-s (=\âa-ç). Au sein de la langue latine, riche en finales comme -ïs, -ùs, -os, la finale de ce nominatif était, par hasard, la seule en -as, et ce fait conduit à une réflexion. Nul ne tient pour douteux que Vs d'une forme comme filiûs, dès une date très ancienne, ait été sur le point de périr entièrement par les prononciations comme filiû, latérale dolo)\ certissimû nuniiû etc.; on ne discute guère (lue pour savoir comment cet .V a pu être restauré dans les mêmes formes. Or, pour perdre son s, parricidàis) (brève + s) se trouvait en aussi bonne situation que filifds)'. pour le reprendre c'était différent; il n'avait pas l'appui très varié d'vme multitude de formes où une finale comme -ùs n'arrivait Jamais à loubli total; bien mieux, Qnixe parricidà et -cidàs, l'analogie de ferra était là pour détourner formellement de revenir à -cïdàs. Cette analogie eût peut-être suffi à elle seule, le facteur phonétique n'était cependant pas à négliger lui-même.

8. Indigena : indigenum. Auriga : rémiges. — Les composés en a se distinguent jusqu'au bout, tant de terra que de verna, sciirra, par la faculté qu'ils ont de former le gén. plur. en -um (agricolwn). C'est le vieux génitif correspondant à \a.F-wv. Toutefois on toueh(^ ici à un point plus général.

Les composés qui sont entrés dans la 1" déclinaison ont, de ce fait, aboli toute la partie du paradigme qui ne comportait pas dVt {'^indigen'-is, -gen'-es, etc.), sauf, précisément le gén. plur. Selon les mots, la solution inverse pouvait prévaloir, un prae-pes pour ^prne-

1. Hoaticapas, à l'égard de son a radical, est sans doute îi juger comme lëpigraphique Numasiol ^= Numerio. Ce n'est pas une tonne refaite à la place de *hosticîipuit, mais une l'orme plus ancienne que ne serait celte dernière, il est clair que si l'autre exemple, paricidas, approche à aucun degré de l'anticiuité que lui assigne Festus (lois de Numa), nous avons également à lui restituer son a radical ( pan'caidas). — Au premier moment ce n'est pas seulement hosticapa.s qui pourrait donner à la classe des composés en « l'aspect trompeur de forma- lions modernes, mais aussi la série des mots en -jenu, -reiia, -peta, -seca au lien de gina, -litut, etc. La n'ponse, ([uant à ces derniers, se trouve dans itKjenimv, Hdvenio, appeto, resecare, lesquels — d'où que pioviciuie l'anomalie — ne sojil ni plus ni moins irréguliers ^\w^ \o> coinposés en a df leurs familles respectives, 'le Saussure, r)euvre8. 38

�� � Ô'.M SUR I,ES COMPOSKS LATINS Dl' TYPE f/f/Hcola.

petà-s être formé d'après prae-pef-es, ou un rem-ex {h-em-ac-s) au' lieu de *r€m-àgà-s d'après '"rem-àg' -es (rem-ïg-ës). C'est la solution dont nous disions au début qu'elle était le plus à craindre pour toute la classe: à la fois comme la plus simple et comme celle où tout sou- venir de l'a (ou o) se trouve radicalement détruit. Il faut rendre cette justice au latin qu'il n'en a que modérément usé. Dans le cas même où il l'adopte, on a quelquefois dans un doublet la forme qui tient compte de l'a: à rem-ex comparer aurigà, à pme-pes, heredi-petà malgré un éloignement du sens, dans ce dernier exemple, (|ui n'empêche pas l'unité de racine.

��Pline (Hîsf. XIV,8,6,72) a dit: huligena vinum. Que ce neutre ait été dans l'usage courant, ou qu'il suppose une intervention plus individuelle de l'instinct linguistique dans l'application des formes, dans les deux cas l'écrivain latin s'est trouvé dans la vérité gram- maticale: comme jiéYaç a pour neutre }Jiéw, c'est, en effet, indhieun qui est le juste neutre d'wdigenâ{s).

�� � 595

��ADJECTIFS INDO-EUROPÉENS DU TYPE CAECUS << AVEUGLE»,

(Festsdiriff fiir Vilhelm Thomsen, p. 202. Leipzifï 1912.)

Les diphtongues ai et au n'occupent qu'une place mal définie au sein de la morphologie ou du vocabulaire indo-européen. Entre autres faits qui contribuent à leur obscurité, elles ne figurent que dans une somme de mots extrêmement faible depuis l'origine, un peu plus considérable il est vrai à mesure qu'on se rapproche des époques historiques. Pris individuellement, ces mots à leur tour ont très souvent une position isolée dans la langue, ne se rattachant ni à un verbe fort ni à une famille étymologique quelconque. 11 est clair que ce dernier trait, pour autant qu'il conférerait à ces mots un certain caractère de régularité, ne le fait que d'une manière tout extérieure et négative.

Les mêmes remarques trouvent à s'appliquer quand il s'agit des mots renfermant une des diphtongues ar, al, an, am (soit: ar, al, an, am «tautosyllabiques»; ankos etc.), groupes que nous ne séparons point, ici ou dans la suite, des groupes similaires ai au. Même obscurité, même propension à figurer dans des mots isolés.

En reprenant ces «mots isolés», deux observations qui peuvent avoir leur intérêt semblent toutefois se dégager avec une certaine netteté. La première, que le mot isolé est fré(|ueniment un adjectif: comme '^'aWhos blanc, *kaikos borgne, aveugle. Plus spécialement, en second lieu, ces adjectifs, par leur signification, se rapportent souvent h une infirmité physique (ainsi *kaikos). Au moins, s'il ne s'agit exactement de cela, à une idée voisine, comme ce qui est opposé, dans la personne, aux notions d'ôpôôç ou beSiôç (gauche, courbe, contrefait, rabougri, placé de travers, etc.).

Ceci lierait en vertu du sens, donc par un lier positif, un certain nombre de formes qui n'ont de commun autrement que leur vocalisme radical, ou plutôt la rareté de ce vocalisme. La relation ne peut passer pour être de prime abord limpide. 11 est même

38*

�� � .■")'.»() ADJKCTIFS INDd-KlJROPKKNS t)l' TYPE CAECIIS "-areilffll'».

tellement évident qu'elle n'est pas d'un ordre habituel, à supposei- qu'elle se confirme, que nous trouvons inutile d'analyser en quoi consiste la différence avec les catégories ordinaires (même comme XoiTTÔç, ^oiKÔç, luoixôç, etc). Pour un peu énigmaticiue qu'il paraisse, il ne semble pas que le fait mérite une défiance absolue par avance.

Avec le celtique et l'arménien, les langues méridionales d'Europe sont les seules dont on puisse partir,, puisque le reste du domaine indo-européen ne permet plus de distinguer le timbre a d'un autre. Malheureusement le secours qui proviendrait soit de l'arménien soit du celtique se trouve être lui-même prescjue complètement illusoire en l'espèce, tantôt à cause des lacunes du vocabulaire, tantôt, et surtout, par suite du trouble survenu dans les diphtongues: rni)- pelons que même le mot caecus ne serait pas clair dans son vocalisme celtique d'après la forme ordinaire coech de l'irlandais, et ne l'est que grâce à la conservation de gloses archaïques offrant câich.

On peut relever dans la langue latine^:

caecus aveugle; blaesus bègue; paeiiis qui louche légèrement; scaevtis gauche; laevus gauche, maladroit; .mevas peut-être à l'origine «sinistre»; — aeger malade; taeter blême, sale.

claudus boiteux; scaurus pied-bot; plautus 1. ayant les pieds plats; 2. ayant de larges oreilles; rancns enroué; paucus insuffisant: — saucius blessé.

baîbus bègue; calvns chauve; valgus bancal; tardiis avançant à pas lents; bardus stupide; bargus (gloss.) «sine ingenio»; parvus chétif, cf. pârum pour *parvôm (trop peu, et non simplement peu); parais avare, mesquin; vânis cagneux, s'il est pour "^varrus (cf. Vano).

ancus ayant le coude ankylosé; mancus manchot; planciis ayant les pieds plats; rancus (gloss.) détérioré par rancissure; pandus courbé, voûté.

��1. Nous nous tenons à une revue extrêmement sommaire à tous points de vue. Entrer dans le détail qui pourrait être méthodiquement exigé serait usuiper pour notre démonstration une place qui ne lui revient point en ce volume. En particulier, les questions d'étymologie ne seront presque jamais abordées, dans des cas même où elles sont essentielles à la question (ainsi planctis est-il pour

  • j)ldntcus?, etc.). On n'a pas davantage tenté une séparation des cas où l'adjeclil

possède un verbe fort (parcus : parco), ni une .séparation des cas où la diphtongue n'est qu'une forme accidentelle du vocalisme radical (ratccus : ravus). Si, comme il y a lieu de le croire (v. nos observations finales), la langue elle-même a fait bon marché de certaines distinctions dans la recherche du type à diphtongue, ces libertés, dont nous nous excusons, se trouveront, de ce fait, un peu atténuées dans ce qu'elles ont de fâcheux.

�� � ADJECTIFS INDO-EUROPÉENS DU TYPE CAECU.S «.(tveiigle». 597

Le grec offre de son côté:

paipôç courbe, cagneux : pXaKTÔç courbe, bancal; (TKai(./')ôç gauche, fâcheux; \ai(./")ôç gauche; paiôç minime; — aîaxpôç l'^id- Cf. peut- être aivôç i)énible, terrible; Kaivôç inaccoutumé; Xaibpôç impudent; àpaiôç rare, vyaibpd • àpaiÔTpixa et ipaibpôv ' àpaiôv, chez Hésychius, ne sont pas nécessairement des fautes pour i[/ebvd, ipebvôv.

TpauXôç ayant un défaut de prononciation; TaucTÔç démis, boi- teux vde la hanche); Kpaûpoç desséché, rugueux; auoç desséché; Xaûvoç flasque; djuaupoç (cf. jiiaûpov ' tô dfiaupôv) effacé, décoloré; (TaûXoç languissant ou mal assuré, de la démarche; qpXaûpoç in- signifiant, laid; qpaûXoç qui ne vaut rien; Ttaûpoç petit, faillie. Cf. (TauKÔv Hnpôv et. Kauvôç, Kaupôç synonymes de KttKÔç.

judpYOÇ dément; (TiTapvôç peu abondant; lapvôç glosé koXo- pôoupoç.

(TKa^pôç tortu, boiteux; xa^U/ôç courbe; pamiiôç glosé par pai^ôç ou pXaicrôç (pajuqjà YÔvaxa ' pXaicrà YÔvaTa); ppaYXÔç enroué, rauque; arpaYTÔç qui ne coule qu'avec peine; KpdjLipoç desséché.

Sont particulièrement assurés, au milieu de ces listes, coiTime mots anciens:

  • kaikos et *laiwos; en outre ir mi g. ^o s par got. wraihvs = pax^àç.

Quoique *skaitcos reste limité au gréco-italique, il touche de près au norr. skeifr oblique. On a voulu retrouver hlaesiis bègue dans norr. kleiss qui chuchote; il serait toutefois possible qu'il eût une parenté encore plus haute dans skr. mlécha-s bègue et barbare, prototype *mlaisos, ou ^mlaiskos} Quelques mots germaniques, ail. \li\eikel etc., paraissent proches parents d'aeger {*aigros).

  • skauros trouve appui dans skr. khôra-s boiteux, et *scmsos dans

lit. saùsas = aûoç. La formation *paukos est peut-être présente, comme on sait, dans v. h.all./()/;e, qui serait distinct de /ozt«e, /a?mt. Selon plusieurs, c'est un même adj. *kaunos ([ui est A la base de V. h. ail. kôni (humilié, honni) et du gr. Kauvôç.

  • skanii.^0H s'établit par norr. s/îa/c/ir ol)li(iue, boiteux, non différent

de aKttiipôç, et *pandos par norr. fattr penché en arrière, identique à pandus. L'adj. *ankos conservé dans anais s'annonce comme ce qu'il y a de plus ancien dans la famille d'àYKÙXoç, citkujv etc.

��1. C'est plul(')t le arec p\aiaôç iju'il faut comparer à mlêcha-s. Nous sous- entendons que hlat-aus n'est qu'un emprunt, cpii a toutefois l'avantage de nous conserver le sens originaire du mot grec, sauvé dans quelque colonie d'Italie (cf. Hi^vot. .US7.., VI, 2:^s«.).

�� � 598 ADJECTIFS INDO-EUBOPÉENS DU TYPE CAECUS «OVeugle^ .

(paûXoç, s'il est pour *q)aX/oç, concorde avec anglo-saxon balu mauvais, criminel, prototype *hhalwos. Soit kalwos (ou skalicos) chauve, soit %albos, bègue, barbare, paraissent être de très vieux mots d'après skr. khalvata-s, barhara-s, gr. pdpPapoç pour *Pa\p-.

Brièvement, à l'occasion de ce dernier mot, notons la fréquence chez nos adjectifs d'une sous-forme en aros. Dès l'origine il y a

  • bnlbos et *balbaros. De même aûoç = *sausos s'accompagne de

(Tauaapôç, et caeciis, s'il a réellement un congénère hindou, le trouve dans kêkara-s (aveugle). D'après lat. caelebs et skr. këvala-s il a existé un *kaiivalos «solitaire», qui pourrait, pareillement, n'être que le satellite d'un '■'^kaiwos perdu; toutefois il .s'agit ici d'un l et non de r.

Bien qu'il faille nécessairement l'aide du grec ou du latin (c'est-à-dire de la distinction que ces langues font de Y à par oppo- sition à o) pour reconnaître un mot quelconque de notre série, il peut arriver que leur témoignage indirect suffise, comme quand l'adjectif got. luimfs (estropié) manque au grec et au latin, et que cependant, grâce à Ka|a7TÙXoç, KàjUTiTUJ, nous sommes en état de ré- tablir *kanipos avec a, type (JKa|apôç. Pour pouvoir juger convenable- ment de l'étendue de la série primitive, il faudrait faire entrer en ligne de compte ces cas; sans oublier en même temps qu'il y a toute une partie de la série qui nous échappe forcément: savoir les mots dont l'aire géographique ne touche pas du tout l'Italie ou la Grèce. Le germanique est particulièrement riche en formes, comme Haipa-z (ail. leid) ou *saira-z (blessé, souffrant), dont on peut soup- çonner qu'elles dépendent de la série caecus, mais naturellement sans qu'il y ait désormais un moyen de prouver Vai {au, etc.) qui les a caractérisées peut-être.

Enfin des substantifs comme lat. caenum peuvent facilement renfermer d'anciens adjectifs de la série caecus qu'ils dérobent à notre vue, et il n'est pas nécessaire pour cela qu'il s'agisse d'un neutre. Il semble que précisément les adjectifs dont le sens offre une nuance «pathologique» aient une tendance curieuse, en diverses langues, à passer au masculin quand ils prennent l'emploi substantif. On a ainsi, en grec, ô a»XPOç pâleur, ô Kpaûpoç maladie des bestiaux, ô Kpd|LiPoç maladie des fruits, ô PpcxTXOç enrouement, ô Xr|9apY0ç léthargie, des adj. ùjxpôç, Kpaûpoç, Kpà|uPoç etc. Cf. ô dXqpôç tache blanche sur la peau, de *albhos blanc. Des exemples semblables se remarquent en germanique (krampf donnant der Krampf, etc.). Aussi, bien (jue masculins, des mots comme lat. naenis, v. lat. tnihis.

�� � ADJECTIFS INDO-EUROPÉENS DU TYPE CAECUS ^aveuglèt. 599

peuvent-ils cacher un ancien sens adjectif (marqué d'une tache, calleux). Rien de spécial à dire du cas encore plus simple où le féminin aurait prévalu: peut-être |Lid\Kri rigidité par le froid, vdpKJ") torpeur, indiquent-ils '^'malkos, narkos adj.

Peu de mots suffiront pour indiquer en substance l'hypothèse à laquelle il nous semble raisonnable de recourir poui- expliquer un phénomène en apparence assez étrange comme celui de la série ■^kaikos. Le lat. mancus «manchot» n'est certainement autre chose qu'un dérivé de mân- la main (contenu, comme l'a montré L. Duvau, dans mav-tëîe etc.), et n'avait donc rien à voir en soi avec ancvs «ayant le coude raide» ou tout autre adjectif d'infirmité. Mais • [Uelle n'a pas été l'influence possible de cet ancus, d'abord pour favoriser une telle création, ensuite pour lui assurer vie et succès dans l'usage^? Autre exemple: la forme pa^xpàç a peut être son point de départ dans pé^x^w, mais ne serait sûrement pas venue au monde sans secours jjositif de '{U}i(pàç. Des faits analogues ont pu se passer depuis le temps où il n'existait peut-être que quatre ou cinq adjectifs «d'infirmité» avec le vocalisme ai. rw, an, etc. Autour de ce noyau fourni par le hasard seront venues se fixer des formations toujours plus nombreuses, où une certaine communauté de l'idée mettait en faveur les diphtongues par a. Il s'agirait donc d'un fait d'analogie lexicologique, de même ordre finalement, que celui qui d'après le nom d'un instrument de musique, ainsi qpôpiaiTH, impose la finale -i^H à d'autres instruments de musique, aûptyS, aoKmfh, v|iâ\TiTE. L'élément propagé est dans le cas ordinaire suf fixai (syntagmati([ue); il ne l'est pas dans le cas *kaikos, Haiwos etc. Cela fait une différence, même sérieuse, mais qui n'est pas une diffiérence radicale atteignant le principe lui-même.

��1. 11 est vrai que, lout aussi bien que *man-co-s de màn-, on a formé

  • ped-co-s, *peccos «boiteux» de pëd- (car c'est la seule étymologie satisfaisante

de peccare). Mais remarquons que *peccus a péri, et ([ue mancus (appuyé par iincus) a vécu.

�� � 600

��APPENDICE.

A partir de 1880 et jusqu'en 1891 F. de Saussure prit une part active aux travaux de la Société de Linguistique de Paris. Un grand nombre des articles publiés par lui dans les Mémoires de la Société de Linguistique avaient d'abord été présentés sous forme de communi- cations orales.

Nous reproduisons ici quelques extraits des procès-verbaux de séance, publiés dans le Bulletin de la Société, en omettant toutefois les com- munications qui ont fait l'objet de publications nltérieures.

Séance du 28 mai 1881. — M. de Saussure fait une communi- cation sur une classe de racines ario-européennes en eiua. — Article Bulletin, N« 22, p. LIV:

Racines en eiua.

Au lieu de la prétendue racine siv «coudre» (selon d'autres siâ, su, etc.), il faut poser seiua-. — Cette forme est fidèlement conservée dans l'infinitif sanscrit sêvi-tum, dans le futur sêvi-shyati, etc. Par elle on s'explique aussitôt la forme syû-, qui est l'affai- blissement régulier de seiua-. En effet, si de seiua- je retranche e, il reste si/ua-, et ce groupe doit, d'après une loi générale qui remonte à l'époque indo-européenne, se changer en syil-. Les mêmes remarques s'appliquent aux racines deiua- «jouer», speina- «vomir», etc.

La finale -yti-, dont on vient de voir la genèse, se scinde à son tour en yû- et -yun'-, selon qu'elle est suivie d'une consonne ou d'une voyelle. Mais -yim> ne se maintient lui-même qu'à con- dition d'être accentué. — Dans le cas où il est atone, il se trans- forme en -îw-. Exemple: skr. dyuvam (ace), mais div-ê (datif). Certains indices portent à croire que la mutation de -i/uu-- atone en -///•- est antérieure à la séparation de nos Innirucs.

Séance du -'i décembre 1881. — M. de Saussure fait une com- munication sur la phonétique dn patois fribonrgeois. Résumé:

�� � APPENDICE. 601

«CA et ./ français représentés par ts, dz. S par s. C latin devant e i peut-être par 9. L précédé d'une consonne se mouille et finale- ment donne y. Le groupe vm a produit nn. L'a latin final persiste, sauf après les consonnes palatales. L'o final, là où il n'a pas été rejeté, donne u {ou).-»

Séance du 4 février 1882. — M. de Saussure achève une com- munication, commencée le 3 décembre, sur le patois fribourgeols

de la Suisse Romande. «Entre autres phénomènes vocaliques, eu français est représenté par a, sauf dans Dyii, yii, fil (Dieu, lieu, feu). L'ê long et l'i bref latins se trouvent à l'état d'ê ouvert, ou dans d'autres districts à l'état d'à.

Le groupe st se change en la spirante 6, devant laquelle e et toniques devient i, û. Ainsi tîQa tête, nûQru notre.

Devant les consonnes et à la fin des mots, al produit o fermé, mais el donnent i; exemples oQo «auberge (hospitale)», mais tsaQi •^tcastellum». Quant à ol ul, ils deviennent u: miitô «mouton», kiiti «couteau», lu Brassii, «rivière» appelée dans les chartes Braceolus.

L'accentuation présente certaines singularités assez remarquables. Le vocabulaire offre, entre beaucoup d'originalités, tnerèda, repas du soir, èga jument, setïa et donna pour père et mère, epdza au sens de sponsa. Les infiltrations d'éléments allemands peuvent être con- .sidérées comme nulles.

Les féminins en a ont un pluriel en e. Dans la conjugaison, la terminaison de la 2" pers. pluriel en -de s'emploie presque pour tous les verbes. Il y a un imparfait en -âva; celui du verbe sub- stantif est Ire (8^ pers.)-»

Séance du 1/ décembre 1887. — M. de Saussure soumet à la société un rapprochement entre le vieil ail. hoîz «forêt» et callis (pour *caldis), mot que notre confrère, M. Toubin, a montré dans la signification de «pâturage dans le bois».

Séance dn 14 janvier 1888. — M. de Saussure fait une com- munication sur le gérondif latin, dont le rôle comme participe présent du verbe passif, conjecturé récemment par M, Louis Havet, se trouve spécialement confirmé par secundus, orinndns, Inbundus, des déponents spf/nor, onor, Inbor.

�� � Séance du 26 janvier 1889. — M. de Saussure fait une communication sur certains détails de la versification homérique.

En dehors de la césure, qu’il n’examine pas, il faudrait selon lui reconnaître une valeur à la fin de mot En effet, le troisième pied contient une fin de mot 99 fois sur 100, ce qui ne peut être dû au hasard; mais de l’aveu même des théoriciens de la césure, celle-ci ne saurait expliquer le fait, puisqu’ils la placent continuellement ailleurs qu’au troisième pied. Ainsi le vers homérique ne réclame pas évidemment une césure, mais réclame évidemment wcïq fin de mot au troisième pied, et il devient légitime d’opérer, d’une manière générale, avec le principe de la fin de mot, que cette fin de mot constitue ou non une césure selon l’appréciation toute personnelle et précaire des métriciens. Le principe posé, il devient intéressant de constater que le premier pied doit autant que possible finir avec une fin de mot (lïiç (pdio, etc.), ce qui arrive en moyenne 55 fois sur 100; le chant A est unique à cet égard avec 46 "/o et presque comparable à la Batrachomyomachie, qui tombe à 44 ^’/o- — D’autre part, ou constate le fait bizarre que le nombre des vers où le premier pied finit avec un mot est dans chaque chant en raison inverse de ceux où le quatrième pied finit ainsi. Quand le premier chiffre dépasse 52^2^/0, l’autre tombe au-dessous de 61^/2^/0, et réciproquement sans exception.

Séance du 9 février 1889. — M. de Saussure présente quelques remarques sur le grec ttoWôç alternant avec iroXùç. Notre confrère, M. Wackernage], a montré qu’il était phonétiquement impossible de ramener cette forme à •^ttoX/oç, et proposé comme remède un primitif *Tro\vôç = Bkr. pumas «plein». Mais à son tour le groupe Xv n’est pas ordinairement traité de cette façon, et la seule solution satisfaisante est en réalité de poser ^ttoXjoç. Au point de vue morphologique, il y a lieu peut-être de rapprocher la flexion des adjectifs en -u lituaniens: graèûs, dat. (jraÈiâm, et gotiques: hardns, dat. hardjamma.

Séance du 8 juin 1889. — M. de Saussure fait une communication sur l’accent lituanien, dans laquelle il cherche à montrer que les deux formes du ton, distinguées par Kurschat sous les noms de gestossen et geschliffen, sont en relation avec de très anciennes différences, non d’accent, mais de quantité principalement. Séance du 10 janvier 1891. — M. de Saussure fait une communication sur le nom allemand de la Vistule, Weichsel, qui parait reposer sur la forme, aujourd’hui perdue, du nom de ce fleuve en lituano-prussien. Le latin Vistula et le polonais Wista permettent de poser *Wistla comme prototype: cette forme donnait en lituanien « Vyksla », lequel explique la forme allemande.

Séance du 23 mai 1891. — M. de Saussure présente une conjecture sur l'allemand Hexe « sorcière », v. h. -ail. hagazussa, qui pourrait être le participe parfait très ancien du verbe fort perdu correspondant au substantif haz « la haine ». La première syllabe ha- serait syllabe de redoublement; la seconde syllabe -gaz- (pour -haz) représenterait la racine.

Séance du 6 juin 1891. — M. de Saussure apporte comme contribution à l’histoire des aspirées sourdes (kh, ch, ch, th, ph) du sanscrit une série d’exemples destinés à établir l’origine de certains fh dans les racines et les suffixes. Ces th proviendraient de l'indo-européen suivi du phonème 3 régulièrement élidé devant voyelle; ainsi le masculin prthûs «large» représenterait un indo-européen ’■'pret9-its, devenu *prfûs après la chute de e radical atone; ici th = f aurait une valeur étymologique; il aurait au contraire été étendu par pure analogie dans le féminin prthi-vi = i. e. ■prid-vi . Parmi beaucoup d’autres, la racine sthâ- justifie son th de la même façon; le présent tisfhâmi représente im radical indo-européen ’■sti-st’-é, ’^•sfi-st’-ô.


Dans son article intitulé Accentuation lituanienne, paru en 1896 dans /’Anzeiger des Indogermanische Forschungen VI, F. de Saussure rappelle une communication faite par lui au congrès des Orientalistes de Genève en 1894. (Voir page 687.) Nous en donnons ici le résumé d'aprés les Actes du X® Congrès international des Orientalistes, 1897, f partie, p. 89:

Séance du samedi 8 septembre (1894). — M. de Saussure fait une communication sur l’accentuation de la langue lituanienne. Le siège de l’accent a été constamment déplacé d’une syllabe quand 604 APPENDICE.

l'accent reposait sur une syllabe douce (dite par Kurschat geschliffen), elle-même suivie d'une syllabe rude (gestossen), et l'accent s'est porté dans ce cas sur la syllabe rude. On peut formuler la loi: «Douce tonique + rude atone donne douce atone + rude tonique.» Tou8 les schémas, jusqu'à présent fantastiques, de la déclinaison et de la conjugaison deviennent par là soudainement simples. M. de Saussure en fait la démonstration sur la déclinaison de éole, comportant quatre paradigmes toniques, dont il ramène toutes les formes à deux paradigmes, l'un mobile, l'autre immobile

��F. (h Saussure a fait trois ronimunications à la Société d'Histoire et d'Archéologie de denève. Voici le résumé de ces travaux:

Le nom de la ville d'Oron à l'époque romaine.

Séance du 28 mars 1901. Journal de Genève, 7 avril 1901. [Cette communication a fait l'objet d'une publication posthume. Voir Indicateur d'histoire suisse, 1920, p. 286—298, étude annotée par Louis Gauchat.] Tel est le problème qui a préoccupé M. Ferdinand de Saussure et lui a inspiré l'idée d'aller étudier sur place, grâce à sa connais- sance approfondie des lois de la linguistique et à l'étude des patois romands, le nom de cette localité que l'itinéraire d'Antonin désigne sous le nom de Bromagus. Jusqu'à ce jour les archéologues avaient été unanimes à voir dans cette station romaine de la route de Milan à Moudon le village de Promasens à mi-chemin entre Vevey et Moudon. M. de Saussure arrive par une méthode rigoureuse et des déductions morphologiques convaincantes à détrôner Promasens de la place qu'il occupe à tort dans l'archéologie, pour lui substituer Oron. L'élément -magus a disparu en effet de presque tous les noms de lieux de cette catégorie {Noviomagus = Noyon). Ouromagus, en celtique, signifie «le champ de l'urus? ou «aurochs». L'orthographe Bromagus est le produit d'une faute de copiste, et c'est, d'après un manuscrit qui fait autorité et conservé en Espagne, Uromagus qu'il faut lire. La table de Peutinger est d'ailleurs en désaccord avec l'itinéraire d'Antonin et écrit ce nom Viromagus. Le savant archéologue alle- mand M. Mommsen n'avait pas songé à faire le rapprochement entre le nom latin revêtu de sa véritable orthographe et le nom patois

�� � AI'l'ENDICt. 605

d'Oron t^c.-à-d. Ouron), laissant ainsi à notre savant compatriote le soin de faire une découverte qui sera accueillie avec intérêt par les amis de notre histoire locale.

Origine de quelques noms de lieux de la région genevoise.

Séance du 29 janvier 1903; Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Génère, tome II, p. 342.

Le nom de la commune de Genthod, qu'il serait plus simple d'écrire Gentou, en se conformant à sa vraie prononciation, est de même espèce que celui de la pointe de Promentou (Promontormm). A l'époque où l'on disait encore Promentour, la forme, conservée par les registres du Conseil de Genève, est également Gentoiir. Le nom a pu provenir de janitorium «loge de portier, cabane de garder.

Le nom du hameau d'Ecogia sur Versoix offre des obscurités que ne dissipe pas entièrement la forme ancienne Adesgogia résultant d'un document du XI® siècle. Malgré son apparence germanique igau «contrée», ades génitif — Ad «la contrée de Ad»), ce nom est probablement à lire ad Esgogia et à traiter comme un nom roman. Mais une explication parfaite ne paraît possible pour le moment ni par l'étymologie Excubiaia «poste de veilleur», ni par une autre supposition plus hasardée, Exagogida (provenant du grec) qui se rapporterait au canal de captation de la source existant à Ecogia. C'est entre ces deux hypothèses que peut se mouvoir provisoirement l'étymologie. La forme patoise est défavorable à la première.

Quadruvium, Carouge: M. de Saussure se demande si la pro- clamation de Sigismond comme roi de Bourgogne en 516 datée de Quadruvium, aurait eu lieu à Carouge (v. Henri Jaccard, Ess i île toponymie^ Lausanne 1905, sous Carouge).

Joux et Jura sont des noms séculairement en concurrence et qui ne sont cependant pas synonymes, en ce que joux s'applique, comme un simple mot commun, à toute forêt de sapins, et spécia- lement dans les patois de Gruyère, Valais, Savoie, aux forêts de sapins des Alpes. Une distinction entre Jonx «Jura» et joux «forêt», n'existe nulle part. Le fait est d'autant plus curieux que la chaîne insignifiante du J&rat est au contraire connue dans tous les patois comme expression géographique.

Un très grand enchevêtrement de faits linguistiques existe ainsi autour des deux noms de Joux et de Jura, dont M. de Saussure n'indi(iue qu'énumérativcmont les phases principales, en se réservant de revenir sur la question plus en détail.

�� � 606

��Les Burgoiides et la langue burgonde en pays roman.

Séance du 15 décembre 1904. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Génère, lome III. p. 9.

Etablis d'abord dans le bassin de l'Elbe, puis dans le Wurtem- berg actuel, les Burgondes, avant de se fixer dans nos contrées, avaient formé sur le Rhin moyen, autour de Worras, un Etat éphémère, dont le souvenir, embelli par la poésie, s'est transmis de génération en génération dans les récits et les chansons épiques relatifs aux Nibelungen. De la langue parlée par les Burgondes il ne subsiste que de misérables vestiges, presque uniquement des noms propres et quelques termes juridiques, d'après lesquels il est bien difficile de juger si elle appartenait au groupe occidental des langues germaniques, dont font partie l'allemand et l'anglais, ou bien au groupe oriental ou gotique. Après avoir examiné les principaux arguments fournis de part et d'autre, M. de Saussure se prononce, en définitive, pour la seconde alternative. Passant ensuite à l'étude des institutions politiques de la nation, M. de Saussure expose l'opinion d'écrivains tels que Jahn et Binding. Il procède à une comparaison entre les données de l'histoire et celles du poème des Nibelungen, et il admet que la transmission du pouvoir s'exerçait suivant le principe de l'hérédité coexistant avec celui du partage du pouvoir entre plusieurs princes. Il étudie ensuite ceux des noms de lieux de la Suisse romande et de la Savoie auxquels on peut, avec plus ou moins de vraisemblance, attribuer une origine bur- gonde, notamment les très nombreux noms en -ens, -ins, et -inges, dérivés pour la plupart, à ce qu'il semble, au moyen d'un suffixe germanique, de noms d'anciens propriétaires barbares. Combien de ternies ces barbares ont-ils conservé l'usage de leur langue germanique et sont-ils restés distincts de la population de langue romane dans laquelle ils ont fini par être absorbés? Dans ses récentes Etudes de toponymie romane (Fribourg 1902), M. Stadelmann, contrairement à l'opinion généralement admise par nos historiens, a cru pouvoir conclure de quelques noms de lieux vaudois que les Burgondes n'ont pas été romanisés avant le VHP siècle. S'il en était ainsi, dit M. de Saussure en terminant, l'on aurait à se demander quelle part l'Helvétie burgonde peut avoir eue dans la genèse et hi ])ropagation de la légende épique des Nibelungen.

�� � Dans la Revue celtique, vol. XXVIII (1907), p. 340, M. J. Loth communique un passage d’une lettre à lui adressée par F. de Saussure, et où celui-ci donne une explication du nom du Jura.

Il me paraît de plus en plus certain que, ni dans la seconde syllabe, ni dans la première (de Jura), il ne faut rien chercher d’authentique à aucun degré, et que le nom du Jura est purement une reconstitution savante du Jura de César.

On ne peut arriver malheureusement à aucune conclusion directe par l’examen du nom du Jura dans les patois, par la raison que ce nom n’y existe pas. Les paysans ne connaissent qu’un mot emprunté au français (lo Džurá), qui serait lo Dzürá s’il appartenait au patois.

Je prouve par d’assez nombreux mots que la première syllabe de Jura était brève (ainsi Joran, vent descendant du Jura) ; en outre que la seconde syllabe ne doit pas être jugée d’après le Ίουρασσός des Grecs ; en résumé, qu’il devait exister une dénomination variant entre *Jŭr-ēs et Jŭr-a (Pline : Jures ; César : Jura), représentant le pluriel d’un mot celtique Jur-, que César a traité comme un nom neutre.

L’intérêt de cette affaire ne commence qu’après que l’on a fait cette double constatation ultérieure :

a) Que tous nos dialectes lémanniques connaissent le mot une joux = une grande forêt de sapins, mot qui était autrefois une jour, ainsi que l’attestent mille documents.

b) Que l’on a dit, par excellence, la Jour (la Joux) pour le Jura jusqu’au XVIIIe siècle, ainsi que je puis le montrer particulièrement par des plans où les points cardinaux sont indiqués :

BISE
LA JOUX LAC
VENT
(Joux à l’ouest est le Jura)

Ce mot de Joux, archaïquement la jour, correspond tout droit à un latin *jurĭs et a même l’avantage, étant féminin, de ne pas admettre autre chose que Jŭris, donc exactement la forme plinienne Jures, Juribus, qui est le nom du Jura. nos

��INDEX.

��Avertissement.

Cet index contient tous les mots sur lesquels l'auteur apporte un enseignement quelconque. Mais on a écarté ceux qui ne sont cités qu'à titre d'exemples ou qui figurent dans des listes compactes.

Les graphies ont été unifiées; des deux modes d'accentuation du lituanien employés par l'auteur, on a retenu celui qui dislingue les intonations.

Les langues figurent dans l'ordre suivant: sanscrit, pràcrit, pâli, zend, vieux perse, arménien, grec, macédonien, pamphylien, latin, osque, ombrien, sabin, français, patois fribourgeois, gaulois, irlandais, gallois, gotique, vieux haut-alle- mand, moyen haut-allemand, allemand moderne, vieux saxon, frison, anglo-saxon, anglais moderne, vieux norrois, lituanien, letton, vieux prussien, vieux slave, polonais.

��Sauscrit

a- 263

âmhas 60, 262. 268 amhû 60 aJcâma 336 aktubhis .508.i âkrata 11 aUà 24, 216 âgamat 11. s agni ïi59.3 agrabhlsnia 230.:: aghâ 60 aghalâ 60 aghâi/c'Ui 60 angûra 508.i n^â 110 àgati 110, 163 a^irâ 247..') amjl 211 athofi 110 adarçanam yàti :'2'.) âdhhuta 243 âdhn 261.4 âdharu 24 ndhûsata 237 anàkti ^2'il anâks- 211

��unadvah- 41.i, 190. 204

anaçâmahai 268.i

âniti 230

dnila 230

antâr 25*.).4

àntara 259.4

antarnsya 264.i

antardhîyate 328

ândhas 262, 263

âpa 110

âpapfaf 12

âpas 170

aptur 194

abïil 260

abhisvdr 190

abhrâ 262, 263, 42 7. i

(iinâ 43 I, 266

amba 88, 203

âmbhas 262, 263

amlo 100, 162

ayCivièom 242

aratni 258

âradhnt 20

aritru 168

arghâ 2.ô*.).2, .507

ai-yamûn 206. i

dr/îa^t 2Ô9.Î, .507

(///)« .508.1

��««j«^ï 358

avasran 11. a

«Pi 188

rtfan 110

âçrthita 225

âçman 191.2

açmâsyà 32

(îfr« 160, 162

rtç/'M 456

rts^d 30.1

astamà 29

rtsân 210

rts/ 24

aslsadhat lOO.i

«s;-//, asnas 28, 210

rt/^/ 47, 178.1

asthàn 211

rtsf/j/ 211, 346

asmâd 25

asremàti 71

rt/io/» 262, 263

âArtw 210

rt/jfîm 50.1, 88

<?/»«>• 210

«7^/• 259, 2.59.1. 259.2,260.

261.2 (ihvttt 243 «^rws 110, 147

�� � ail 234, 254, 455. 250

Ciprk 17

àpas 170

(ipnôti 162

àmâ 1»U), lti2

nçir 242

(îl/vfi li)S, 457

(/»«';• hhnrati 2'.l7

dvistUa ini

«îf/s' 2:5:^.1

àçlrdâ 238.1

«f»î KJO. 1H2

«.s 210

ôsr/n 210

<ïs<e 30y

iéchàti 262.1, 311

îyaHi 236.2

/rya 236.9

7tsa<î 313, 324

apa- 313

»is- 313

pra- 275. 313, 314

saïupra- 314 7rf- 377.1 /r^c 236.2 Irmâ 230 2, :!80 î(A:s- 378.2 nkUti 262, 20:; nksân 25, 378- uhmniia 205 (32) iitchâti 23 M^rrâ 202, 203 l'idaka 211 ««?«» 211 Hflâra ion 7(rf/<â 262 nnâtti 227. 1 iinapti 227.2 npar, upar! 454. 1 iijyaviaiu 3:'.0 nbhâya S'.) ubhnns "l'-ll .i lima 243 l'irana 184, 3S(i. 1 (îra.? 1 23.1 nriifjrài/as l'.H) Hirarà 3S0 1 iiloka 380.1 iivacn 222.1 ?ac 251)

«»>;.« 123. I.S.S, l.SU.i. 201, 205, 25S, 2r)0. 2f»2. 2o:; «/»■ 24:'. ndhan 210 »W//«r l'.l, 210

de Saussure. Oeuvres.

��m;'^» 245 uryasane 231 »/;•>*« 234, 245, 240 r<rrf/ifc-rf 100, 245. 240. 208

(242), 380 ûrmiil (in?tr.) HCÎ Mt)/î.>f 243 /•Arran 28 /•A'^f/ 17 >'(/ip!/d S r//*} 24

°n!«/'as 262, 20;i

ôylyas 202

(î^wm 243

osa// 263

kâ 86, 38V»

trtA-Mè/? 389

kcu'ate 56

kàncate 50, 171

i-o/rtJY? 84, 8'.», 38<t

kàfi 89

kathayati SfX)

kandarâ 113, 207 (42i

kanya 389

kanya 113

kampanâ 1 l:î

/.•ard/i 228, 22K.;, :!()t , kalama 389 i/.'a/rtf« 94. :î9(» ! kalevara )t'^9

! /.-ar^ 106, 1S5 (sic, el ik.m ivhv'), 390

kàsya 86 , kCicanù 171 j kâncana 254. 1 j /(Târw 390 I A-asrtf e 1 62 I kitavâ 109

/â;-»»«// 240

l'rnôti '1-lfi, 228.3 I /rVi« 8 i hjtvatt 50S.,

A°j7/*'/.s- 1 4

��[ fc/m* 18, 504 ' krçyati 357 I h-riti 245.1 î A;rs»« 17

kckara- 598

/■•<'/« 81, 419, .508.1

kémla 113. 598

/iV'fr/ 376

kéçara 200 (79). ;!7(;

késara 113

/•*5Àfa 79 , Icrathana 239. v

krânta 11

krnmana 100

krumati 160

A;-a</m 239

kràthayaU 239

kràmati 160, 162

krimi 18

kriydte 236 1

krlnâti 227

kroçatl 309 • ^ a- 310

klàniyati 357

kliçndti 225, 22S

Idôman 124

A;.saifff 23 I A-s«// 23

ksatram 429 l/.-.s'a/) 212, 212.»

/•Sf/»; (lerre) 204

//.sffwâ (s. f.) 88. 257

ksamcl (instr.) 46, 18i

A-srfmî JS2

/,-6'/- 438

kmtuti 220

HZ/j 212.2

ksipati 43.S

kÂmâs 40

khalràta- 59S

khiddt'i 105. 160

kliidrd 105

hhidvax 105

kliédâ 105

khoiri- 597

()âc<'h((t! 23, ;!05, ;i:î(i

}/f'/<? 23, 23.2

(futdiu 21

^r/d/» 23, 210.1

f/ddati 1 1 :'.

(/rtWi- 11.:,, 22, I l_', I I

yiuiia/i 112

f/umbli- 14:>.i

ijtiritâ 225.2

f/i'nbhd 79

�� � GIO

��gâvi 186 ifàvâni 141 ffdve 186 gahvarâ 160 gâdh- 148.1 gâm 40, 186 (7rt/îa/:e 160, 162 ],i)-i 38(J, 380.1 gûdâ 169 -guràte 247 .^Mrîi 45, 380 ^^M^a 251 gâlma 105 gûhya 94.2 gûhati 94.2 grn^ana 18 grnàti 225 grbhâyâti 235, 235. i grbhttâ 230.3 grbhnâti 225, 235 .(70 40, 141, 186 (fopura 249 i(7«Mm 268 (186) (/«« 257 grathnâti 228 yfanthi 25l.i grâbhîtar 230.3 <//ia 50.1 gharmd 72 '^/làto 242 ghrnd 17 <,^° 389 cakarti 230 cakrmâ 12 éàkaçlti 160.1 («aA:m 94, 401, 442 câkradat 21 caééhadyât 22 cacchdnda 22 cancala 389 cdto^t 81, 113 catàsras 166 catih-as (ace.) 197 caturthà 29 câturvaya 26 7. i éidvâras 197, 389 cundi'à 113, 171.1 vnyate 389 r'ara^î 306, 389

»î- 306 mrkrti 'ii'i cârnian 247. i i'armti 228 (•/7- 508.1 tïnô<t 23, 228

��cintayati 298 cïr^m 232 cûr>ja 228 c^<a</ 81, 419 c'f/f/* 508.1 c'/irtZa 95 chûyâ 106 chrnâtti ITi gamhas- 510 gaksiyât 140.2, 179.2 yagâma 69 yaghâna 211 ganyhà 510 gaganus 241 garanti 254.2 ^agâna 4.i, 5 gagnus 241 gagtnintâ 22 (jagmûs 112.2 ganâti 4.i (janibha 508.i yâyati 239.i garitâr 225 garhhurlti 249 galpati 300

.sam- 301 //â^rt 254 gàtàvedas 239 ^â</ 256 gàtya 254

(/«m/ 28, 82, 207, 208 gàmâtar 479

  • /m««î (1) 240

(/ma<i (2) 240 gihite 133 (jihmâ 169, 387 <)ihvâ 25.1 ^^î/d 239 gîvati 310, 351 ()u()urvân 241.2 guyyûèati 458. i yuhumAs 14 i^'îtfeît 25.1 ^'M/iO</ 308 /yOht 207 fjydyas 239 tamsati 510 ^«/â 23, 505 tatane 46 <«/i (autant) 89 <a<niéf^ 22 tandkli 227 to/i(5</ 22, 228 iantra 505 tupasyali 308

��tapyâte 364

tâmas 169

tamisrâ 161

tarâsantï 258

tarltum 230.»

tomfrfr 228

to;-M<e 228

tartitra 228

târuèanta 228

tdrûsas 228

tarkayati 299

ter/)- 508.1

ter«- 15

tarsati 363

tetYÎs 1 88

ta visa 244

^drïiî 244

tastabhûs 22

tastdmbha 22

tastariva 241

fâ<î 233.1

<(îna 76

tâmyati 161, 162, 358

iàwrâ 161, 162

fâ//(< 62

titirvàn 241.2

limita 358

timird 161

^mj/rt</ 161, 219.1, 358

^îVâs 250, 250.1

tisthati 303, 603 I tisràs 166

tîmyati 161

turyà- (opt.) 241.2 j <Mt'î 244 i tuvigrd 242 ! <t<«/a 244 I <û;-<î 228 I trmhdti 235. i

trndtti 2-21

trnédhi 227

I «r^^^rt 29, 505

trpdla 17

trpnôti 448

<r/Mâ 17

<rs<<o 504 I <rs» 16 i </^ya?/ 15, 357, 369

Wrf 79

<ôfa^e 60

topâ*- 217

trayânà>^ 31.i ' <râ.s«</ 258 I trâsyati 369 ' /rrt^rt 253

�� � 1.11

��trCitâr riô;;

trâti 253

frâyati Sôli

trimçât !2(>0

dàmsns' 101

(fiiiidti 167. i2i>:'. 1

  • /«(/;««;) 21 1

(lârihCiti ir»7

f/«f//H- 211

(iamâ '.)0, yo.i

(lamCujâti 2:fi

dâmûnos 81.1

dàyale 141

t/rt>7t- 15

(lûvlyas 101

f/ôf« 2«J, 30

daçannî 29

daçasyùti 169

dasvant 378.i

r/â/îo// 103.1

-dâffha 103.1

rfô^iir 20

<7ân« 268 (192)

rfan^rt 234, 254

<?â»i«n 268 (192)

</4rH 28, 81. 82, 207, 208,

209 f/rtfa</ 162.2, 163.1, 369.1 dâsati 162

didésh' S!2?'

difàkëas 190

dirâkm 190

rfà-e 182

(/tre- 600

r/ifcs- 101

(/jrj^^d 242. 245, 246. 268.

380 dîrnâ 243 diryate 364 diirgaha 268 (160) durhârd 443.i diihitâr 167 duhlyat 179.2 rfr//-« 101 drdhâ 15, 505 ilrnâti 243 d}'-^t 243 drçyate 297

prati- 297 drsdd l.s devàr 20<> doéàn 2l<i (/ôs 210 rff/«// 219.1 '///r//-/ 182

��(/(/»»« 40, 185, 19S.1 dydi'as (n. pi.) 198.t f/yÂM 40, 1 82, 1 85. 1 90. 1 '.ts. , dyuvam 600 drarati 334 </mt'//rt 208 drityhïya^i 242. 26S draghmdn 242 rfrw 207 druhà 259.2 r/rf/yâ 89 Jrrt/- 204 (/vittyrt 29 drôgha 79 dhàna 158 dhâmati 242, 253. i dhl/fâvas 190 f//«/<r 204.1 dhiimâ 244 dhrànôti 23 dlûidyati 299 «feAf 299 »a 263 >(rtÂ' 166 nâktam 212 nâi-^ï 94, 212 nagnâ 109.i >îa^« 23 nâpat 212 «rt^M? 200, 346, 478 (s;ir,

et non nâpat) nàptar 212, 34(i »«2><j 212.2, 479.1 nâbhas 263 »«r 205

wâw (noveni) -29, 30 «rt»rt (novu-) 78 tiaramâ 29, 30 naci/ati 330, 369 Wfls 160, 162 nâsate 52 «rtsfff 160 )i(lthil('i 162 nâbhihi 16'.( nâma 26 nâs 455

>(rj«<î 160, 162, 376. 455 fulsya 455 »/>•(? 96 ///r 166. 169 lu-iu'kti 223 -/xf 166 paithti \{\'.\.\ pagri'i KiO paûrathi'i '.W

��pu h eau 31

pfî^i 90. 92, 212, 345

2;rt///rt 432 ! pa/n/ 212, 345

patvan 205

pathâs 24 ^rt<;?/ 212

/xW (pied) 200, 201

pânthan 24, 212

papîyât 140.2

pâpurf 242

paptimâ 12, 12.2

paptûs 12 i^M_/>ri 242 ' ^)ar- (remplir) 14 i j^arà 381 Ujffr^' 381 I liârigrayas 1 9( )

paripanthîn 21 2. i

parna 507

joa/'rf- 512

pdrvata 33

pârvan 33

pavâkâ 83

pavitâr 230.2. 244

2)aî>ya (histr.) 193. 194

pafM 208

^wîçM 208 I paçcât 378

pôçyati 219, 275, 277. 2<s: 314, 324 ^«î(- 322 r^ft/î/- 322 /;ra- 322 sampra- 323 sam- 323

paçvi/à 208

-ixï 166, 190

payas 160, 162

pars ni 162.2

pdlayati 305

pâvaka 83

^^ïVh 508.1

/«Y» Vf (iiLstr.) 19

pimièii 225

pipartî 14. 176, 2;'.0

piprtàm 236

piprmâs 14

^/6rt<t 334

pibdumàna 12.i

■/û Hir»

/>;<« 23

/H//« 123

pnuiHé (liai.) 189

pniiiUi 225

3»»

�� � ()li>

��2}iu>ias 188, 205

pûmân 41.1, 190.i

-pura 249

pwâs 105, 250.1, 380

2)urâ 380

piiri 247

2>M/-ï 380

2)M;7f 242, 380

imsnâti 225, 228.i

pûtâ 244

pûrayati 248 (sic, et non

piirayati) pûrnâ 244, 24ti pûrbhîd 17 pûrca 239.S jnirvya 380 pûsàn 212 prcchâti 14 prthivt 603 2)rthû 16, 603

prsthâ 245.1 ^Jêças 508 ^io^ff 508.1 po^rtr 225.1, 230.2 jf>«^ra 225.1 lirahrsia 15 praketà 419 2»-d«j 106 pramrsfa 505 pi-avanâ 101 ji»-aç- 14 praçisas 162 praçnâ 74 prasthita 336 jjrahlatti 268 (160) jirâtâr 239.3 livàdur asti 297 prâyas 242 2)rJnàti 227 ^/•Ms- 511

->?df/ 160

/jZfAân 160, 168; 16!1 phcna 74 bâmhistha 24 har/badhânâ 160 badhnàti 225, 22S.i barhara 598 />rtfe/( 24 /m/wW 24 bàhârâ (duel) 186 6â/j« 162, 186 hibhrmâs 14 budahi 15 /^MrfA- 508

��bubhuyimâ 13 hrarUi 301 6rH<e 302 bhdtnsas 210 bhanga 508. i 6/2(î^^'a</ 110, 163 bhadrâ 167 bhanâkti 224. i bhargas 440 bhavati 243, 244 bhavifra 243 bhâvUva 243 bhâvîyas 243, 243.i ft/îrtsâ'rf 210 bhdrman 162.2 hhasate sam- 302 &%âs 188, 189, 206 6/iiM (instr.) 189 bhunylyâm 179.2 bhtirâti 249 bhûvana 243 bhûyas 243. i fe/iMr* 243.1 bhûrqa 245, 246 è\r^M 18, 440 bhrnâti 249.4 &/ir</ 16 bhrstî 245.1 hhrâniatî 241 bhrâyati 162.2, 440.i bhrâtrvarya 19 bhrdmati 241. i bhrâmyati 241.i bhrlnâti 227 maghâ 61, 167 maghâvan 191/^ maynuin 61 «(«Vi 23, 505 ma<i «îâ^î 23 mathnâti 228 wrtr/rt/; 110, 16D nn'idhu 263 madhyama 483.3 «(/fnrt^i 242, 253.1 montra 510 nianthâ 79 mànthan 212 manthà 507 maudira 268 (171) ma)iman 403 mànyate 361, 369 mayobhû 243 markâ 79 mârtia 26.5 (8) m ah a 588

��i mahànt 50, 61

mahon- 190.2 , mâmçcatû 113.2

wtâwïsri 162.2

mâiâr 2 1 7 i mâtavai 242 j wja/r« 422 ! màtrâ 130

mâdyati 160, 161, 162, 357

I m'nrt// 227, 227.i i mi7â</ 247

w/à-fir<î 275, 277, 323, 324,

326

minâti 227 1 mlmâmsati 300 1 mïra 380

muncati 418 I muskara 387 ■ mitra 380

tnùrkhâ 249 I mûrnd 249

mr^Vî 233.3

mrnâti 249

>«r^/ 16

mrfy» 265 (S)

m/-d 18

wrfl'/( 16

m/-(//i 18

jHcsa 79, 512

mësï 512

mlecha 597

yakân 211

i/aÂ;/-< 19, 27, 211

ydécJiati 23

î/rf^'af/ 110, 163, 308

yogas 188 i «/«/â 23

yatote 334

yatord 84

yantâr 194

î/«»t- 505

î/âm 65, 77, 77.»

yrttvïâ (fut.) 242

i/â<rtr 234, 254.1, 256

î/M^a 418 i yucchoti 23

y»i/ et yîw^ 189..'!

yw^î 15

yudhyate 335

»/M>ia^* 242

yi'tvot, yuvati 28

yîlrau 28, 33, 191.2, 457

yurafâ 33

«/(<<»' 242

?//7/;j« 242

�� � ni;

��yuti- 191.2

i)ûni 28 yitsthi 210 i/ôs 198 ramhate 507 râmhas 24, 507 râmhi 24 /•«À-sa^t 264.1 raghii 24 raf/atd 258 rà'jiéthu 24 raijgii 378 ranyâti 219.i ro<rt 23 rrt^nï 258 râdati 163 rania 265 (11) ran^e 265 (11) randh- 20 rândhra 58 /•am- 506, 510 ràmati 22 /•«i^'a/t 162 ràdhati 156.2, 159,

268 (242) /•drf/ias 159, 162 rM^'â. 418 rw<(f 232.1 rudhtra 413 ro^a 79, 418, 442 /•oc- 417 /•drfa 79

/•orf/Yî 229, 230, 312, rôhati 1 1 laghii 24 /«i^ft^t m- 302 lâhhati 163 lâlapyati 302 r/«4<< 226, 227.1 //6j/^'5 404 Inbhyati 360 lehmi 508 ^oA;a 418, 508 /o^â 79 paW- 378.2 j^dHr/^i 262, 263 vâcati 222.4 pd/a<i 110, 163 vadati 302

p;a- 303 rancUl 268 (163) -F<i/it 231 vanutar 228 /•an<5</ 22, 228 imndhûr 194

��162.

��512

��rdmiti 230 î'rtj/a</ 243 »rtr«^« 242 varimâtâ 28 varimân 28 vrfyMHa 169 ravûtâr 228 vârûtha 228 ra/A; 21 i.ânm 74

varsatah (génit.) 274 varsati 312 r«rsd 218 varëistha 504 varsman 504 valgà 441 vavamus 241 raîjrfrto 13 vavrtimd 13 rof- 47 î7afd 160 vasati 303

>î»- 304 vofiduta 263 fcîstt 74 ras^i 24 îj<is/e 161 vasnà 74 -rrt/t 204 vânchatî 256 vâtum (tisser) 243 fflma 256.3 mr 210 »drî 53, 210 mrofâ«« 160 vâvaçrë 160 vâçati 160, 162 vâsara 263 fâ.s'as 161, 162 vimçâti 260 vidniân 124,3 vidhyali 368 viprakrsta 15 vimrdhàs 189.2 rtffl<î ;;ra- 306 pi>a 266 (79), 266.i wj'iî* 266 1 vièpitâ 100 Mtrî^ft 247.1 vurrtâ 243, 247.i rri'a (loup) 94 prta (charrue) IN tr»(/^ 243, 247.4 rnjo'// 228 t'°-<d (élu) 243

��Drtrahân 190

/Trfr7/îrt 15, 247.1

/TS«u 32, 33, 214, 508.1

vréabhâ 33

vemus 241

recétti 223

vevesti 223

refâ 79

ws« 161

veétayati 161

wca< 223

vyagra 337

vyâda 110. a

i7!/â/a 110.3

îî^w^o 243

vydman 243

vrajati 307

çanisati 3.34

çàmstar 199, 217

çaicân 211

cakuna 442

çâA;r« 103, 211

çaktdiH 103

faAr/io^f 103, 161

faA;m 103

çagdhi 103

çagma 103

çânkate 56

cahkû 216

çankhd 79

fâcï 103

çataséya 242

çaphd 167

çamnâti 225

çamhhâ 243

çdyitum 227. i

fara 79.i

câras 79.i

çârw 125

fôi^îra 243

çaçvant 508.i

fâA:<â 161

çdkmaii 161

fafcf«r« 268 (161)

ffînM 254

çâmayati ni- 333

çdçad»iahe 167

fds</ 161, 162, 178.1

ffA;î;« 161

çiktms 161

firas 105, 123.i, 246.2

249.5, 380, 381 f/id< 166 çîkate 165 (;/rrt 380.1

�� � <il4

��{Irtfàte :23ti.i

çlrsâ 23fi.2, o8l)

rlrèihi 210, 242

çMhyati 35S

绫/.-ff 26(i (71»)

'çAÏëijati 171.1, 2()() (7l>)

frn.9« 17

çp.iôH 228, 275, 277, 330 ami-, abhi- 332 à- ît/jia- sa)»- 333

ç^-rffZa 266 (79)

çocaii te 312, 508.i

-çcandra 113

ç«î^«f/ 419

nuosi 47

çrnthnâti 225, 225.4, 228

çrâyitum I'HIa

çrdmyati vi- 309, 357

(•rî 380.1

ennâti 227

(•/■«s- 511

çrûyate 364

rrestha 380

cm» 216

çvâpâda 83

çrâyati 243

evâyitum 243

('»'«s«<ï 230

çîJâ^m 243

çvâpada 83

rrutàni 21

rrôtas 73

çromata 33

(■«/Y- 510

çvetà- 11

sastkâ 29

.srtfc'/m 187, 200

.vâMî 103. 187

.s«fc/« 34

suûhàn 211

.SY«/rf/l/ 211

samgirâ ^lArl

sac- (isaçcat 12.i

sagùrbhis 233.4

.sa^MS 233.1

«an^ 51

.sa<î 233.1

sâtvan 242

satvanâ 'iii'i

satyû 261

mdana (demeure) (sic, et

non sudana) 161 sâdds 169 srt«- 22.2 .sfljîr/ 78

��sanâti 268 (1<>3)

-s«nï 231

sàniti 233.1

sânutar 228

sanufdr 44, 228

f!aiiutt' 'îl'2.2

sdnutya 44

saimbhis 208. i

sanâti 228

srfn^» 178.1

samdfç 17

««])/« 29, 30

saptathd 31.»

saptamâ 29

sr/6;j(î 218.2

Srtwâ (égal) 89

sa»!« (quiconque) 90.i

samând 266 (44)

sar- l6a

.*?«>•« 79.1

sârati 16.i

sûvati 243

sdçcati 12.1

sasûva 243

s«swt 242, 254.2

sasrûs 12

-.srJ« 204

sahasra 377

sahyâs 179.2

6Yïi/ 233, 256

sâdàdyoni 161

sàdana (demeure) 161,162

.s«f7ffl)irt(subsl.causatif)] 61 .i

mdayati 161. i

sâdhati 161

Avtm* 82, 190.1, 207, 20N

srt»o (locatif) 44

sâwî 162

swrft 79, 79.1

.siYô 141

s'tdati 161

sidhyati 161. 2l9.i

6'is'/»< 242

sisarti 16.i

.sf(/«fj 12.1, 161, 265 (11)

.sM- 457

SH^r» 186

sxiîâ 243

sutàka 169

suptn 336

snsthna 243

suhûrd- 443.1

sw«î( 477

.srA-rt 442

srkran 1 7

��sedimâ 12.2 (13)

sédhati 161

scvifnin 600

somapd 190

slabdha 228. i

s;«»(o 77

stabdha 228. i

stahliûyâti 235.2

stabhnnti 235.2

stabhnôti 23.5. a

stambh- 142

s^/ 216

stimyati 161

sttrnâ 243

s<««(i 232 , s^r^rt 243

s<ÔA-« 419

s<(?M<è 120

s^t 47

sthagati 163

s^/îâ- 603

stMtiir 197.1

s^M« 23, 336

s/Mro 380.1

snâuti 51

•s'nîf 44, 207

s parc- 508.1

spôç 219

spréfa 505

spitûrtjâyati 250

smara 11

syùti 129.1 , s^<ïZrt 479

s^»- 600

syûman 124

s^o?tô (moelleux) 74 ' .sj/o«« (couche) 74

srakti IS.i

srâkva 18

srâvttave 230.2

srdvîtavai 230.2

srâmâ 79

sràva 76

sr<Wt 71

Sri ma 71

srtvyati 71

srédhati 71, 17J.i

sreman 71

srôtas 73

.smrfrtft 160, 163^ 166

sidpiti 230.1, .'537

scâpna 74

«tYH- 190.1

i »fâ«r"' 191, 204, 47/

.sm//(J 160

�� � INDEX.

��«15

��mâdate 111, l(iU, Itj^, 163

màdmaii 160

svidijati 4Uô

svéda 79, 405

hatâ 23, 259.2, 505

hathâs 22

■hdn 190

hâiiu 50.x, 125

hânti 22

hari/ânt 2l9.i

hâvîfave 243

hdvlman 243

hasati 311

jjra- 311 /tas<a 50.1 hardi 162.2 ^a*a<e 162 Ao«â 214 hiranya 247 /î/râ 380

»//•!- 247

ftMt^d^t; 243 TtM^â 243 hrnîté 235 hrnîyàte 235.i hrnlyâmàna 235 /iW 17, 50, 100, 505 - iCrdaya 211 /iWî 17

hfsyati 15, 357 hcmanta 508

hotrvûrya 234, 243, 247.4 Aé//-(ï 243 hôman 243 hradâ 160 hràdate 160, 162 hrâduni 250

  • 74rfa<e 268 (160)

hvàyati 243

��Prâcrit

rhattha- 439 mettam 422.3

Pâli

rhaffhu- 439

Zeud

afiin«( 60.1 antara 84 «reÔMâo 258 nrempitu- 508. i (içtaçéa 21 Li

��rtft'/îft 8

ashtahhu 26 7. i

a.s7oîô (gén.) I9l.j

rrj/u" 259

âzainti 256.1

ërëbwu 246 I ërëzata 258 I ërëzifya 8 ' àzaiih 60 i lO'KÔHjatt 125 I ushàonhem 205 î A;aê«a 74 I A;ao/'a 508.i j katara 84

kataraçcit 85

kataremcif 85

katâra 84, 85 I kamara 113 , Aratft 186

kavaëm 185 ! kërëta 8

kêrëtar 217

kiryëtë 236. i I gaéba 73 ^ gaoz- 94.2

^ate 23

garemàum 186

garôit (instr.) 193

^â>« 186

XroôM'âw 193 j xs^ap- 212

Xshajjan 212

Xshvash 435

c'adrushva 26 7. i

cahmâi 112.i

cahyâ 86, 112.i

ga-finaf 112.2

i^arf- 113 i (jamyât 112.2

(jînaiti 240

tanaof 193 I térêçaiti 258 ! tisarô 166

daëdôist 223

daëna 74

danhaom 186

daxsh- 101

(/aidî< 180

daibitem 180

rf^réf^a 15, 243

dërètar 217

dvaêba 73

dràijahh 242

braota 73

drayûm 3l.i

��ôm/ivrt 267(79), 267.i

demâna 43. i

pafïcan, paflcanâm 31

patar 141.i

patereta- 432

)aîW 106, 212

paitizanta 256. i

pairibarenanuha 1 4 1

parçta 245. i ! peVe#«< 216

përëçâiim 186, 187.i

pitor 141

pishman 124 i 2>Mxba 3 1 I baëvare 243. i j harenenti 249

bàzâus 186 ! ôeretor 12.5, 217

hërëti 16

fraorenata 141

frazahtt 180

fràyanh 242

friyânmahi 235

i /■«/«< 208

>iaj)(î< 346 (sic, et non

napat) \ napâo 200 ' ««2^ 345

mahemë 483.y

namô 26.i

naçàum 186

«açM 125

nâma 26

nmàna- 43

marezhd- 233.3

maçyào 61

mazàont 61

miryëitê 236. i

yavaè- 457

yatâra 84

yâkare 21 1

t/âf^î 162

raô^«'à>» 193

râôna 258

m^ (voix) 190

»afna 74

vaziamana 84

vazyaflt 263

vanhvâm 193, 194

mba 76

vimita 141

ptp 66

raoxsna- 459

râwôibe^vm 162

renyya 24

�� � (i I r,

��ràliit ISO çinimu- !2i2<S.i çcafiiit 265 (11) rtarô 215 çpenfôxraturûo l'.Ki çraota 78 zaozaonu 22: '■ zaçtômiti lil ~/;irtf 231». 1, 240 c6ô<rtr 243 zifào 184, 204 ^)î«ît 208 haxrua 103 liaptaQa 31. y hapiahhn 267. i /trtHia 89 hamôixtra 429.2 Aâwa 89 hibaiti 161 lii'zra. hizu 25 hushdxàim 187 lirâponh 170

Vieux pt'i's»'

ukunatani N fcrf/M^ï 239.1 />«wt (?) 25.1 /•ar/« 8 //a^a 23 tarçatiy 25N (lahyàus 18() mabista 61 inartiya 265 (s) marshijiu 265 (^)

/(Or/)/? 47 ■'^

Ariiiéiiieii

^//7 91 f^A.-» 91 a/fîf^r 579 «/«/; 91 rt////^ 91 andziik 91 (inwait 91 'o-^' 268 (1«4) r^/'/6ttJ 268 (ISt) '^s/t'»» 91 /w.:»A.- 91 Arti 91 bazanel 91 heretn 91 c/èflir 91 fiet 122

��Urt// 268 (184) I (/«rn 184 l*/»^^ 91

(fort s 11, 91

Art//- 91

JIoi/ 92 i/fé-^À/i 91 i hot 92 j fca;)('/ 91 i magil 91 î mair 91

mardo- 91

o^n 91

02;n/ 91

<«; 91

vard 91

-/w 91

��trrec

uav6a 107 àpXabeuuç l'j.a àpXotréç 95 "AyaiuéiLivuuv 403 àTOppiç 16 àYÊÎpiw 247. :i àYepjnôç 71 âyioç 43.2, 110 àTKÛXoç 597 dYvuiui 145 àYopd 247. :i ÔTOÇ 110, 147 âyoç 110 àToaTÔç .50 â-fupiç 93 àYupTrjç 73.1 dYXOuaa 261.) oiTXiw 91, 508.1 ciYU) 91, 1.53, il 63 àYuuYÔç 1 46 àbâjuâç 255, .588 àbaxéuj 96 àbeXqpôç 477 à.hi\v, àbriv 40,s àb|Liriç 255 â€9\ov 52, 264 àeîbuu 264.1 àeXioi 479 àfcEuj 263, 2(i4 ataa 52, 261

ttéOKOVTO 2(51

àéoKUJ 52 âeT|aa 124.J àexfiveç 51 âCofioi 43... '.17. 16

��(ir|bd>v 264.1, 4()6 âr|Ui 132 àBdvaToç 2.55

àenp 110

aiY^n 8.2, 94.1 ai'Yumôç 8.2, 94. i a(€( 200 aierôç 95 a{Zr\o'\ 4'bl oIkKov .52, 94.1 ail 110 aiiTÔXoç 98 aîounTfipi 462 a(ouuvr]Tri(; 462 aicpvuu 4.59.1 aixi^n 508.1 àîuu 358 aiû) (ace.) 198 àKOtiuoToç 255 àKaxîZiiu 60 àK^uiv 451 àKtiv 451 ùk6\ou0oç 77 àKTlç 24 àKuuKj'T 146

âKOjv (javelot) 1 10, I lo.i àXavéç 58 ùXaZ 258 âXaoTOç 148 àXYn^iiJv 466 (xXyoç 264.», 47(J àXeY€ivôç 264, 264.2 àXéyvj 264 àXeîxnç 71 àXeiqpiw 71 "AXeEavbpîvoç .567. 1 àXësuj 2(i4.i àXtTpipavoç .583 ùXeûaTO 578 (iXeùo|Liai 79.4 âXcijpov 578 à\éw 579.2 . àXi'PavTÉÇ 35! ûhla 351.1 AXieéponç 122 àXîveiv 71 (>)uXiç 95.4 àXiTeîv 71 àXKudjv 410 àXXavTÎç 5<s dXXoç 91 liXXÙTepoç 44 ciXXu 9:1 àXoi|ji6c 71 àXoiTÔç 71

�� � 617

��àXuKxei ôN âXuoiç 578 àXuOKctZiuj 7! (.4 àXqpdvu) 54.1 àXcpn i>ô9.2 àXqpôç 598 â|Li5 44 àuaxci 86 d.ueibuJ 367 à)aepq)eç l'i'i àucauj 9S à|iiEai 96 à|ivôç 53 àMÔç 90.1

ÔUTTUUTIÇ 141

àuqpabôv 140 àu9nv 94.1 àuqpi i^lJO à.uqpiKTfoveç :205 àwcpiapaiva 260 àiuçpi'oeuaiva 260 <i)iq)i0,uaiva 260 âvaE 14(i dvap 98 ûvbdvuj 142 àvbpdirobov 1".) àvbpoKjaair] 23 civeu 44 àv(.\\i\6ç 479.1 àvéÛJ09ai 132 àvrjvexuîav 68.2 àviîp 205 âvriOTiç 157 âveoç 262, 263, 470 dv6pnvri 157 ctvia 455 (ivoaxnv 378.Ï avuTOi 22 àvùuu 22S.i àvûuj 22.2 àvcpôrapoç 52 ûvui-fu 132, 146 àvdjY^J^' 132 àviijvu)Lioç 93 âluiv 212 60Z0Ç 97 doXVriç 95.1 dopTrip 7;!.i, \-2^t àoprriç 73. 1 àoaar\Tr\p lOo ditaE 34 ànaupduj 262. 1 àiracpoç 101 àiieîpujv 20(;.( àitécparo 265 (21)

��ànriuuuv 206 "ATT(a (ff\) .54 'AiTibavôç 53 ctirXeTûç 13.'{ dirXôoç 34 àtrô 110 dTToXaûiu 52 diToppdjE 157 àîTOTeioeî 74 diTOTivoiav :}!S àiToupâç 262.1 àuoqpeiv 95.2 ctnTU) 51, 149 àpauév 156 "ApavTÎvoç 567.1 àpYaXéoç 414 'ApT6iq)6vTnç 73.1 'ApeiTuîai 264 dpriYiw 157 àpriïûjv 157

âpKTOÇ 17

ùpvôç 184, 380.1 âptiqpoç 8 âpoTpov 168 âpoupa 98, 380.1 dppiubcîv 98 âpdriv 205, 215 ^ApTO- 8 âpxiu 97 àpuuYri 157 àpuJTÔç 157 âoiaevoç 145 àOToqpîç 96 daxrip 215 ùOTpaTtri 95, 442 dOTu 52. 264 àaxaXdiw 97 àa\€TOç, 133 àrdXXuj, ÔTaXôç 4(J9 dxepoç 2()1 s ârpeYKTOç 60 aùaX^oç 262 aùbri 262, 262. 1 aùeévTHç 22.2 aùXaE 18 aûEu) 262, 263 aùoç 597 aûpa 95 àOaâc 259.1 aùorripôi; 262, 262 1, aÙTdpKriç 450 àuTiariv I24.z aÙTÔ|uaToç 23.3 du/uToO 259.1 aij<pr\v 94.1

��")( i,s

��' aùxnv 94.1

aû(ju 259, 262, 262. i, 508

aùujç 258, 260, 262, 263

âqpeXua 98

à(pr|TUjp 129

dqpXaOTOv 245.i

dqpveiôç 471

dqpvuu 459.1

'Axaio( 66

(ixnv 51

dxnv'ct 51

àx6r)buuv 466

dx6o|nai 98

dxSoç 60

dxXûç 103, 147

dXOMm 60, 109

dxoç 60

dujTov 132

pdîuu 113, 163

pdeoç 122.1

paeûç 24, 143

Paixa lac. 437

pdXavoç 251

pdXXuj 97, 101, 249, 2.-,0, 250.2

Pavd 257

pdiTTU) 143.1

pdpaBpov 250 '

pdpPapoç 598

pdpvaiaai 249

papûç 45, 250, 380

pdaiç 23, 216.1

pdoKiu 23

^aoTÔLyu 50

pOTÔç 23 i pdxpaxoç 5iS

péX6Mvov 8;j.i, 97, 249

-PeXéTHç 97, 249

BtXXepoqpûJv 190

PeXôvri 97

pt'Xoq 97

PeXxôç 97

Péveoç 24. 143

Pnaaa 143, 162

Pia 239.1

PiPpiûoKUJ 249

pioç ;:5i

P^aioôç 5'.(7.i

iUaOTÔç 15, 247.4

pXujuôç 105

pXiûaKui 247

poduj 103

Pôepoç 103

Pôeuvoç 103

PoXri 97

�� � 618

��pôXoiaai :247

Popct 104, 24U

popéaç :80

tiôp^oç 104

-Poç (ÎTôXufoç) 'iW

PouPhtiç 136.2

poupiûv 408

pouKÔXoç 417

PouXeûuu 247.4

pouXii 247.4

poûXouai 105, 247.4, 241)

PouiTÔXoç 417

poOç 103, 186

Ppabûç 16

(Jpaxûç 407

BpiTÔ|aapTiç 508.1

Ppôraxoç 95.2

ppoTÔç 16, 91

Ppûjjaa 105, 249

Ppûivm 105

puGôç 94.2

Puaaoboiaeùuj 94.2

piîjv 40, 186

pujpeia 246

pOùç 186.2

PujTâleiv 130.3

yd\a 250

YaXeri 380.i

YoXôiuç 250

YOiuqpri 95

fcipov 249

YaTdXri 95, 130.2

TE 50.1

Y^Yao, YtTctciai, Y^Tâfriv

22, 254.2 YeÎTUuv 52 Y€Ka9c( 38 Y^XyiÇ 18 YéXoç 77.2 YevéoGai 4.i Y^vuç .50.1, 125 YépYepoç 52 Yeûuj 63 Yn 52

Yfma (lor. 377 Ynpûu) 57 YiYOÇ 351 YÎYVonai 22, 254.2 YXdYOç 2-50 YXoKToqpdYOl 2-50 YXîxo^ai 151.1 YvdSoç 94.2 Yvrioioç 254 -fvriToç 254, 255 Yvûèoç 94.2

��YvùS 207

YViO|Liiuv 255

Yvûjoiç 255

YÔiucpoç 95, 50S.1

YÔvu 28, 8:»

Ypdcpuj 153, t!6,S (151)

Ypdu) 1.50.2

YpO|aq)dç 26S (151)

Ypôqput 95

YÛaXov 101

YUjLivôç 462

Yuviî 93, 257

bariiLiiuv 101

bâpp 206

baio|nai 141

baipiw 148.1

baîuL) 52

bdKVJj 143, 163.1, 265

bdKpu 456

baKpuôeiç 456

bdKTuXoç 56

bdXXu) 101, 170

bapidl\u 101

bd|nvri|ai 225

Aôv 185

baôv 101

boTrdvri 53

bapBdvu) 101, 143 i

bapTÔç 15

baaûç 24, 50

bauxuôv 94.1

baûxva 94.1, 442

bdqpvri 94.1, 442

beduriv 69

bébae 101

bebaûjç 101

beiboïKO 222.4

beibuj 223

beiKvD|Lii 143

beijLiôç 71

beîirvov 52

beipdç 18

beipi*! 18

beipui 148.1

bém 29, 30, 96

béKOTOÇ 31

beKÔTOV 96, 260 békerpov 414 AeXcpoi 77 be'iLiuj 90.1 bépaç 243 bépiu 148.1 be'aitoiva 345 bcoTTÔTnç 8S, 315 b€TÔç 133

��béq)iu 459.2

btijj uj 459,-.'

briKuu 144

btiXéoiuai loi, 170

biîuoç 90

btîv 101

bfivoç loi

bnpdç 18

bnpis 267 (156)

bripôç 101

biîuj 1 62

bidKOvoç 467

biaKÔoioi 96

biaïauepéç 16

bibdaKUJ 98, 101

bibox»*! 101

bîbuuini 131

(20) i Ai/cieemç 87.2

! bie,uai 133

biKaatrôXoç 474

biqpe^pa 459.2

biûJKiu 132

Aiûjvuffoç 377

biuiiTÔç (dompté) 251

j bvôqpoç 122 ! bodv 101

bodaaajo 69

bÔYiua 123, 162.2

boioi 89

boKéu) 162.2

boXixôç 245, 246, 267 (102) 380

bôXoç 76

boXqpôç 77, 79

bôiuopTiç 95

bô^ioç 90, 90.1

bôEa 75, 369.1

bôpu 28, 92, 109

boTÔç 168 (sic, el non

bÔTOÇ)

boxfiôç 169, 387 bpâ,ua 129 bpajLieîv 95 bpaxôç 15, 243 bpdiu 129 bpô|Lioç 95 bpu- 207 bpûç 208 bu./dvoir| 52 buanovric 122 buaxepaivui 212 bùu) 243 bû) 90 biî)!ua 123 bûjpov (présenli 131

�� � 619

��bujpov (écarleiiK'iil) -JtiS (156)

blÛTlÇ 141

?ap (printeinpsj (55

^ap (sang) tîlO

éâai (eîm) 37

éaaaa (eiiii) 3S, 340.2

laaqyôpoç 99. i

édqpen 51

è'Pb€)aoç 257

^pboMOç 30, i>57, 461

^ppujv 104, 249

iTevTo 475.1

ëYXe^uç 261.2, 415

éTxoucra 261.i

if à) 50.1, 88

ébrjboKa 157

ébribdiv 157

ëbjuevai 157

ëboç 158, 169

é'bpô 158

êbpuKov 1 1

ëbùvri 157

êbuu 157

ébuubri 157

êebvov 74

ëro^al 158. 162.2, :i60

éeexai 159

ëGoç 159

IGiu 159

deduKOTi 37

éeujv 159

61 54

dap (sani;) 210, 3!S4

éTkXov 52

eÏKOOi 96, 260

éÏKTO 68.2

eîXoxa 68.2 eîXûu) 228 eîua 377 efiai 37, 38 eîvctTrip 254.1, 471 eïvaxoç 471 eîoiKuîai 222 4 eiireîv 223 efpûvû 460 EfpaqpiûJTriç 33 eîpnvr) 13().2, 460 eîpuj 69.2 eïuuSa 158 éKcÎTepBev 472

éKOTÔXXElp 474

éKaTÔiaPri 474

éKOTÔv 50,9(i, -J(i().:577,5(i5

éKOuev 99. KHi

��éKOTÔjLipoia 96, 260 ÉKTa 21 IXaqpoç 33 éXaxûç 24, 4o7 IXeYoç 77 ëXerxoç 77 éXeeivôç 474 éXeîv 152.1 ëXeoç 77.2, 474 "EXeueOj 580 'EXeuoîç 5S0 éXéqpaç 350 éXÎKri 51 ëXKUJ 434, 510 éXXôç 33 amç 18 ëXu|aoç 579 éXûuj 434 ëiapparai 13 {f'jéinxa 377 ë^uopa 13 ënnaOTpov 422 é,uui'ç 261 é|iTTupipriTr|ç 129 ëvttTOÇ 31, 471 évbeXexnç 246, 440. i évevriKOVTtt 471 éviîvoxa 6S.2, 268.1 êvGa 261.4 ëvGivoç 74 évGouaiaaiuôç 79.4 évîatre 11, Jl.i évvea 29, 30, 471 ëvvU|ui 471.1 Ivopxoç 508.1 è'voç 78 évTÎ 178.1 'EvOdXioç 228.2 ëE 436

éîr\KO\'ca 135 éSuitép 438 ëoiKtt 13 ëopYO 91 lopeç 204 éopTri 72 éôç 65

éiraaaÙTepoi 93 é-rréTTiGuev 13 ^TTJVfKÉvibeç 472 éirneTovôç 53, 257 è-ni 103 èm\Y\Kévj 147 éiriMn©»^? 143, 147 ^iTippoGoç 159, 162.2 ^-iriataïuai 137

��énirribéç 453

ëiToiuai 51

Ittoç 91

ëuovp 101

imd 29, 30

ëpa^iai 22, 15()

ëpYov 77

èpëpivGoç 413

ëpepoç 122

épeÛYuu 63

ëpriiLioç 156

épKdvti 75

è'pina 123

ëpio.' ôbuvduiv 123

ëpoç 77.2

'EppaqpidjTriç 33

éppëGnv 133

éppriY^îciÇ 157

ëppnïMai 157

ëpan 218

ëpanv 33.1, 52

épuGpôç 413, 471

éaGiu) 157

(/')eaTtdpioç 52

ëOTiepoç 65

ëOTai 473

éaTÎa 52

ëToqpov 142

'ETe/dvbpiu cvpr. 194

ëTÉÔç 194

ëTepoç 261.2

éTÔç 168

-éToaae (t€k-) 69

ëTpoYov 169

eOabov 163

eùéGuuKa 159

eùGev{a 158

cùGrjvîa 158

eÛKâXoç 418

eùXdKU 18

eùXti 110.3

evvr\ 74

eùnriY>îç 160, 162

eùpëaqpi 204.2

eOpoç 470

Eùcppdxriç 571.1

eùxepnç 72

eîjuj 262

écpëToi 218.2

ëcpGopKiûç 96

écpGôç 459

ëxeaqpiv 122

ëxeua 21

ëxGpôç 459.»

ëxiç 259.2, 261.2

�� � (120

��éxîvoç '.)1

éxû|uriv 21

ëiuf^ev 62

é'uuç 2')8

èujaqpôpoç 99.1

ZdiiJ 351

led 65. 77, 77. a

leict 77. î

ZéUuj 51.1

z;épe6pov 51

ZeÛYvOim 143

Zeûç 185, 186.1

Zfiv 40, 185, 180. 198.1

lôaaov 69

ZôvvuEoç lesb. 377

loùoQu) 144

Zvfôv 418

^unn 123

ruJMÔç 123

ZlmvvUm 162

TÎPS 159

f]Y6|Liôauva 4()5.i

fiYéo|uai 163, 467

r\yôv 147

r|bo|uai 111, 163

r|bûç 57, 162

fieeîoç 158

neoç 158

r]î9eoç 467

ii\aKdTr] 467

fi\(9ioç 71

'HXùoiov 467

rjjaa 133

fiuai 135

rjuepTÔv 77.4

riui 135

tîmaaov 267 (79)

rîiLiiau 267 (79)

nvîa 455

fiirâonai 149

nirap 19, 27, 211

niTirabéç 453

r)pé|Lia 156

'Hpibavôç 53

r)axuM|uévoç 403 (sic, et,

non H'JXUMM^'voç) HTpiov 243 r\xû) 57 Bactaouj 146 edXoç 147 ediiPos 142 6apveûuj 249 GdpvuTOi 249 Bûpaoç, 245.1 eapo-ùç 122, 171

��edTepov 261.2

eéX^VJ 508.1

OeopbÔTOç 474

eeôç 77

0eôaboToç 474

0eôaZ;oToç 474

Qepinôç 72

eépaoç 122

eéaqpoToç 471

OeoiôTa 474

GriYuu 145

Gri udjv 132

6r|Trujv 146

eiYTdvu) 142 1

OvriTÔç 255

Goivr) 74

OôpvaE 73 ■

Gôpvuiuai 249

Gpdvoç 96, l:io

Gpaau)Lié|nvuuv 40)>

Gpaoûç 122

Gpfivoç 157

Gpôvoç 73, 96 '. Gpoaéujç 95 "GpdbvaS 157

GuYdTTip 256, 418

Guiuj 368

Gùu) 244

Guiiî 267 (132)

GuJMÔç 132, 133, 267

GiBEai 145

GÛJTTTUJ 146

GuJxGeîç 145

Gûjiv 146

(dWuu 16.1, 265 (16)

îdiTTU) 362

ÎYVûç 207

ibiu) 405

ïb|Liai 68.2

' ïb|aUIV 124.;;

ibpûuu 158, 169 iZuu 360 ïnm 133 (GuiTTiiuv 205 '• ÎKdvTiv 260 (f){Kaxi 260 ÏKKOç 442

ÏKTOp 211

ilLidriov 77.1, 377

ïiapiipiç 415

ïfAepoç 77 ICEûç 211

Jobveqpqç 122

(ÔTnç 262.1 I ïouXoç llO.a

��;132)

��MoOv 188

ÏTTTTOÇ 442

ïoâ|ui 133 ïokXti 459.1 laor. 266 (79) ïOTnm 57, 135, 13N îaTijup 124.3

ïaxi 211 îoxîov 211 l'xXri 459. t iuJYn 146 KOYKÙXaç 98 Kaéapôç 358 Koivôç 113, 389 Kaivuu (KeKova) 97, 97. i KdKaX.ov 56, 171 Kd\aGoç 250 Kd\a^oç 101, 389 KÔXov 380 KôtXôç 389 KoiLidpa 113 Kd|nirri 113 KdiuTTTUJ 508.1. 59N KaiLitrùXoç 598 KavdZo) 95.4 KdvbaXoç 267 (112) Kdvbapoç 171.1 KavbaOXriç 574.i

KdTTÉTOÇ 60

KoirriXôç 54

KdTTTUJ 149

KaTTÙuu 97

KÔTTIJUV 169

Kapbia 17, 50.i, 100, 4i3 Kdpn 105, 242, 249.5, 380,

381 KdpKapoç 17 Kdppa 268 (245) Kdppuiv 105 KdpcJiç 16 KÔpTaXoç 95.4 KopTÔç 15 KdpuE 390 Kdpxapoç 17 KaaÎYvriTOç 478 Kdoiç 478.2 KoraiTTriTriv 95 KdTr)ba 157

KOTÙ 96 KOÙaE 100 Kuuvôç 597 KaxXdIuj 149, 16(» KdxXrjE 95.4 Keipiu :559 KeKabibv 155

�� � i-d}

��KëKuaiaai 167

KëK€UTai 94.2

KeKXepûjç 68.1

K^KOKÊ 106 K^KOva (Kaivuu) UT K^Xaboç 474 KeXaivôç 17 K^XeuBoç 77 KcXeqpôç 77.2

K€VT^UJ 7i2

K^vrpov 7'2

K^VTUUp 72

Kéixqtoq 11. i KcpctupuE 17.2 Képaç 206.4

K€pKOÇ 77.8

-Kepuuç 206.4

KÊuGiuôç 71

KeûGut 94.2

KetpaXrî 50, 266 (50)

KëxX'iba 159

Kribuj 165

KriKÎuu 165

KT^Xiç 17. s, 57

Kf|Xov 109

Kfip 17, 210, 44:'.. 505

KTipôç 135

KÎKUÇ 169

Kivéuu 175.1 KÎvuiaoi 175.1 Kixâvuu l 'M.i KÎxrmi 133, 136... KÎxXri 459.1 kXûÎç 52, '.^5 KXeîç 52, 57, 95 kXéoç 64 KXfipoç 57 kXoiôç 95 kXôviç 54 kXùu) 364 KXûjeu) 250 KXiJu|aâ5 158 KXuuKduj 200 kXujm; 200 K|iriTÔç 254, 255 KvabâXXetai 147 KvriKÔç 254.1 KvuubaXov 147 KvujTTeûç 147 Kvijui|j 147 KÔYXn '•'» 79.'.' KOTXÛXai 98 Koéuj 390 KÔriç 106 Ko8ap6ç 95

��KOiâTOi loti Ko(nç 106 KOi|Lido{uai 71

KOlTtl 72

KOÎTOÇ 72

KÔXuPoç 95.2

KOiLiPoXÙTriç 244.1

KÔvapoç 95.4

Kovr) 97

Koviç 94, 102

KÔirpoç 97

KÔirTUJ 169

KÔpîa 95

KÔp6uç 81

KÔpari 105, 236.2, 268 (245)

KÔpaov 74

KÔouoi (magistrats) 162. i

KÔOiLioç 162, 16".»

KÔTepoç 389

KÔTTOPOÇ 169 KÔxXoç 95.4 Kpâaroç 210 Kpdbir] 17 Kpaivai 95 Kpâvâ 460 Kpdvoç 101 KpuTHp 460

KpdXlOTOÇ 123 2

Kpéaç 50 KpéKUj 82 Kpé|Lta|L(ai 158 Kprmvriiui 158 Kpriiuvôç 158, 162 Kpr^vri 95, 416, 460 Kpilu) 358

KpOKÙÇ 82

KpônPoç 95.8 Kpôvoç 95 Kpouvôç 95 Kpuepôç 456 Kpuôeiç 456 KpiûuaÊ 157, 158 KTd|uevoç 21 KTdo|uai 134 KTeîvui 21 Kxeîç 205 KTépeç 205 kûkXoç 94, 442 KÙKvoç 442 KÙXiE 94, 390 KuiauTuuYn 146 KuvorpôvTiç 73.1 Kupr.vri 460 KÛpvoç 101 Kûpvoç 575.2

��I KÛujv 2(), 91*, 1 n4, 1 ,s4. 1 , 2 1 6

KIÛVOÇ 102

KÛJTtri 146

KUjqpôç 1 69

Xda; 587

Xafdaaai 156

Xafeiva 264

Xd^voç 147

XoYxdvuj 97.1, 143,265(20)

Xâeu) 58

XoKeîv 152

XoMpdvuj 142, 143. 163

XauTTTÔç 142

Xdiuipoiuai 142

Xavedvuj 58, 142

Aaobdiuaç 588

Xôôç 52

XaiTTurip 205

XdOKUJ 101, 149

AôToîv 187.2

Xauxdvri 25.i, 94. i

Xdxeia 472

Xdxvri 246

Xdiw 150.2

Xduuv 58

X^aiva 110.1

XePiveioi 413

XeiiTU) 510

XeiTOupYÔç 52

Xeixuj 508

XtKTpov 125

X^Xe^a 68.2, 69. i

XëXoYaç 69.1

XéXoTXa 97

Xé|.i(poç 266 (77)

AeTpivoi 567.1

XeuYoX^oç 418

XtUKavîri 18

XeuKÔç 77, 417, 51 S

Xeûaauj 360, 365

Xe'xpioç 459.1

\é^uv UO.i

Xeûjç 52

XriYiu li6

Xtipéuu .58

Xfipoç 58

AnTib 187, ISS

Xîpuj' 151.1

XiYÛç 441

XiKpiq)iç 459.1

X(|aivéeç 18

Xiaauj 3.59

Xixavôç 146

XÔYxn 97

XoiY^ç 79, 442

�� � XoiiJÔç 71 XoiTÔç 71, 73 -Xoixôc 146 \o56(, 74, 459.1 XoOaov 79.4 XÛYOç 378 Xuypôç 418 Xùépov, Xû6poç 413 XuBpôu) 413.1 XÛKOç 94, 442 XO|aaivo|.iai 71 XO|n>i 71 Xuuvôç 109.1 XuOKdfei 79.4 Xûxvoç 459 XJuJ 244 XibPn 146 XuuYâç 147 uabduj 162, 357 Hdeoç 147 |nd6uiai 93 luaivoiuai 170 ladKap 61 HOKKoduj 146 ]uâKodu) 146 laoKpôç 60, 147 ludXeupov 579.» ladXKri 599 lnaXKÎiu 357 MÔXXov 147 Hdvbpa 268 (171) ^avBdvu) 143 ludvTiç 1 70 luatréeiv 8.2 lidpva^ai 249, 249.3 ladpiiTUJ 8.2 MdpTup 19i |aaodo|aai 58 ludaaov 147 ludaauu 53 ladaraE 93 laaOxdXri 95.4 ILiarrip 130 |LiaTr|peûeiv 130 lncTiov 134 -Ijaroç 23 laaTÙai 93 ludxXoç 94 2 laéfaç 50.1, 61. .588 (jébifavoç 76, 422 Méeu 263 ladZ^ujv 147 MeiEiKXéouç 508.1 ue(po|aai 354, 359 (iL) laAc 77.2

��ILi^uJ 159 |ié|aaa 22.i |ue|Li5XÔTaç 159 |uié|Lia|Liev 252 ILi^HOTOv 22, 505 |Li€|Liauîa 22.1 M^iapXeTOi 12. 1 laémiXc 159 |ué|iTiva 170 Mé^vuuv 403 iaé|nova 22, 252 [neveTÔç 255 HGvGfîpai 143 laévoç 252 MévTUjp 510 ^eoanrôXioç 474 Meaad-rtioi 54 jLi^aaaToç 483.s jueOTÔç 423 lnéTpov 133, 422 Mfiboi 571.1 juriKiOTOç 147 lufiXov (pomme) 147 lafjviç 170 lafiTiç 135 larixavri 60, 61 MÎa 44, 266 (44) |uivûZ;riov 457 ixioéu) 376 luoÎTOç 72 liÔKpiuv 103 laoXelv 247 jaôvoç 266 (44) uôpaiiaoç 75 iJopTr) 73 luopqptî 122 laôoxoç 95.4 fioûvoç 266 (44) MoOaa 73.1 laubaXéoç 468

liUKXÔÇ 94.2

MÛXn 249 laùpKoç 249 piVOTai 93 MÛaoç 376 laiûKOç 146 MÛJVuE 266 (44) mijpoç 380 vaûju 52 vdpKH 599 vâpôç 57, 95 vauâYÔç 147 vaûoç 52 vaùuu 51, 98 vdiu (couler) 51

��veiqp€i 79, 259.2

véKÊÇ 205

véKuç 125, 187

vivotai 106.1

véïaç, 263

veoSriXriç 147

v€0|aai 52 I v^oç 64, 78

v^trobeç 212.2

veuoTdiuj 412 ' veùuu 412

vfcqpoç 64, 263

véu) (nager) 51

vrieuj 133

vripôç 95

vfiaoç 95, 376

vfioaa 254

v6a 98

voéiu 106.1

v69oç 147

vôoç 52

vôaoç 74

vôOTOÇ 132

vôaqpi 44, 168.1

vot(Iu) 95

NlÔTOci 95

voûaoc 75

vu 78

VÙKTOIp 184.1

vùiuqpâ 88, 203 VUE 94, 169, 212 vuaTdZu) 412 vdjYoXov 147 vmBnç 147 vûjvuiavoç 462 viJÙTOV 99, 102 i Eévoç 77.2 EéarpiE 439 Ee'oj 93 -iinnvri 575 Eâavov 93 tûavov 93 Eûu) 93 ô 88

ôap 204.2 ÔYbooç 30.1 OYKOç 98 ÔTMOç 97 ÔYXVI "^^'^ ôbdSuj 96 ôbepoç 169 ôboitrôpoç 474 ôbûvri 157 ÔZoç 97 ôliu 90.1, 92. 357

�� � cd?.

��olba 68, l-i(t

oÏTi 26i.i

oÎKOÇ 79

ol.ua 12.S

oï|ar| 71

oluoç 71, li2H

olvoç 74

oivovy 200

oïvujv|) 200

OH 9S, 188

oiairoiTri 130.3

oiOTtaiTri 130.3

oîaûa 216

oîujvôç 95

oKVoç 74

OKpiç 160, 162

ÔKpuôeiç 456

6KTd(-Koaioi) 30.1

ôXai|H6Ûç 581

ôXpoç 97

ôX^Kpâvov 258

ûXiLioç 582

ôXooitpoxoç 581

ôXoqpûpof^ai 102

■'OXuuTTOç 380.1

ôXuPa 579

ôjaaXoç 94

diappoç 91, 260

ômxeîv 96

ôuvDm 228, 461

ô'môç 89, 90

ôuqpaXôç 169

6vap 98

ôvrjTUjp 129

dvo^a 26, 91, 93

dvuS 91, 94

ôvu) 95

ôSûç 102

ÔTTOtiJUv 103, 107

ÔTii(eev) 103

OîTiç 103

ôpyri 245

ôp-fuia 471

ôpeôç 100, 102. 21.5,

ôpKÔvn 75

ôpMOç 123

<5pvO|ai 249

6pôç 79, 79.1

dpoç 380

ôpTTriî 157

ôppÛTiu 69.2

ôppujb€Îv 9N

ôpao 236.2

ôpqpvri ^"^

6pxa)ioç 97

��380

��dpxiç 508.1 ôoioç 261 ôaae 91, 92, 211 ûaariTiip 103 ôaTaq)iç 96 ôoxéov 211

ÔOTIVOÇ 211

ôOTpeov 211

doxoç ^78

ÔTxapoç 169

oùai 264.1

oDGap 19, 28. 210

oùXai 580

oûXa)uiôç 71

oûXti 246

o5Xoç (crépu) 245, 246

oùpavôç 169, 471

oupoç 95

oOç 98, 107, 210, 211

oÙToiu) 95, 130.a

ôqjiç 259, 259.2, 260, 261.2

ôx^uj 70

ôxeéuj 98

ôxMa 123

ôxoç 122

ôvp (voix) 91. 190, 200

TtaGelv 24

Tiàeoç 122.1

uoi/iç 95

Ttaîuj 362

TTaKTÔUU 148

ndXai 380 iTaXd|nri 250 TtaXivopaoç 74 ■rtâiaa 129 ■navbaïaÔTUjp 255 uavbr||Lie{ 86 Trdoiaai 113. 129 napd 101, 105, 250 Trapaî 250, 251 •napmpdTTiç 474 irapaûa 98, 107 trapriïov 107 irapBevoç 95 Tidpoç 105, 3S0 TTapaaaîa 33 ■ndaau) 3,60 irdaxiu 58, 143 uaTdpa 52 •jtaxéoiaai <i2 iraxôç 24 naxuXôç 24 iraxûç 24, 50 Tiébov 77.Ï •iTe(eo|aai 13 448. i

��Tieipap 206.4 ireipttxriç 460 TiéXeGoç 77.2 KéXeGpov 17.1, 248.i iTeXe|uiZ;uj 250 TieXiôç 99 TiéXiuia 124 ueXôç 77 TTéXuj 387 iréjuiteXoi; 389

TT^.UTTXOÇ 31

TTévGoç 98

TIfeVX€ 30

irevTrjKOvxa 135 -ireTraGuîa 22 TTCTTapeîv 9.5.4 TT^TtaaGe 22 TTeuiGéoGai 12 ueiTopaaiaévoç 95.4 iréîTooGe 22 iréiToaxa ^^.i Tréirpujxai 248. i TTéTCUJv 205, 380.1 TTtpâ 381 TTÉpboiuai 512 TTepî 381, 454 -iTepi-(.uriKriç) 454 trepKvôç 18 irëpKoç 77 TTéppaiaoç 44 TTepoéqpaxxa 190 itéaaupeç 389 TTécou) 380.1 iréxaXov 432 Tiexaiaai 432 TreûGo|nai 63 TTeûoiç 15 TT^qpavxai 22. i -rrécpaxai 22 ireqptîaexai 140 Tiecpveiv 259.2 TtrifvuiuH 143 TtriXôç 57 TTf)|aa 136.Î, 20(i

TT»ÎXXUJ 148

TTtîxuç 91. 162, 187

TTlKpÔÇ 510

TTiMTTXnm 14, 121, 236

TTÎTTTU) 132

TTÎaoç 3(76 ■jTiqppdvai 14

TTIUUV 205 uXâboq 57 ■trXâGoç 14.1 -TrXaE 55

�� � au

��INDEX.

��■trXaTÛç IH, 17 irXéepov 17.1 irXeuiaujv 125 TtXeupct 125.1 trXeOaai 512

-rrXfiBoç 14.i •nXÔKaiaoç 71 itXoOtoç 72 itXoxhôç 127, iô'.l Ttveû|aujv 125.1 TToGn 98 TTÔBoç 98 TroïKÎXoç 508 TToi|Liriv 25, 124.1 Ttoivr) 71, 73, 74

TTOXlÔÇ 99

TTÔXiç 24 7

iroXXôç 002

nôXupoç 200

TToXubclMaç 588

TTÔXuvxpa 95.2

TToXûppriv 184

TToXùç 380, 002

TToXûqpâvoç 130.2

Ttôiaa 129

TTÔpbaXiç 95.2

TTOpeîv 248

irôpKOç 99

TTopvdinev 249

TTÔpvri 74. 249

irôpnâE 157

Ttôppuu 105

TTÔpoiJU 104, 105

TTopcpupuj 249

-TIOÇ (ipiTTOç) 200

TToaeibâiuv 212

trôoiç (époux) 90, 92, 345

TTOpTÎ 105

TTôoen 103

TTÔTepoç 84, 89. 389 iroTripiov 130 TTÛTÎ 100 TtÔTIJOÇ 71

■irÔTva, TTÔTvia 212, 345

TToOç 91, 200

noûç (TTaiç) 95

TrpoKvôç 18

Tipâvriç loi, 2.50.1

TTpâvôç loi

irpâiTibeç 50

irpcxaov 18

irpéapuç 94.2

upnvrjç loi

TTpÔ 109

��TtpÔpOTOV 107

TrpoiivriaTÎvoi 401

irpôiaoç 401

-rrpôaau) 105

irpôaujTTov, Tipoadfvcara 29

TrpoTÎ 105, 100

irpôqppaaaa 28

Trpôxvu 207

irpûiavoç 401

upiûioç 380

TTpUUKTÔÇ 245.1

TipujTTdpuai 407 TTpujTeûç 147

-TTpUtTOÇ 248

TTTaîpuj 97

irTOKCiv 260 (53)

•tTxépva 102.2

TTTepôv 432

I TTTriaauj 144, 148

TiTÔa 95

iTToia 95

TTTÔpeoç 95

TTTÔplLlOÇ 97 TTTÔpOÇ 97

•iTTU)|Lia 132.2

TTTUUE 140 1tTlÛ0lÇ 132 2

nTiûaauu 140

irTUJxôç 140

itûXti 249

uûiaaTOç 103, 378

uuvôç 103. 378

uifiina 129

uUbç 200

MPboç 505

payeûç 150

^a^nvai 1()9

fjqibios 52

(iaipàç 597

()aKTo( 18.1

^d^qpoç 94.1

^aiLiiyôç 599

^dva 184.8

|)aTT(ç 95

^diTTai 18

jïdTTTUj 97, 260 (55), 267(97)

(iefevq 150

i)tf\xôç, 71

iiéZ^i) (faire) 308

iiélvj (teindre) 15(i

^eîa 52

^é|jiPo|Liai 508.1

^ëiapoç 77

ji^TTUJ 95

{)nT6Ûç 150

��f)r)YvO|.xi 144, 156.1. 157,169

fjfiYoç 150, 102

^r|Tujp 130.2

pila 442

^oTeûç 150

jiôbov 91

f)ô|uioç 18.2

^o|aq)€Ûç 97, 200 (.55), 207

(97) f)6oç 70

fjÔTTOXoV 95

f^joçëiu 70 ^ÛYXOç 94.1

f)dioiaai 159 liujxnôç 157 adoç 100 aauKÔç 200 (79) lauKpdxeioç 100 oauaapôç 79.4, 171.i, 200

(79). 598 aaqpriç 97 oeÛTOi 120.2 aiaXov 206 (79) OKaiôç 597 aKoXrivôç 95 OKOMpôç 597 OKdvbaXov 267 (112) (jKâTTd.viov 57

OKdTTTUU 60

OKrivri 95 OKriTTTO) 148 aKr)ituuv 57 OKÎpov 100 OKOiôç 95, 100 aKoXiôç 95 OKOTTeiv 419

OKOTTÔÇ 219

OKOTOiurivioç 1 13 2 OKÔTOç 95, 100, 1 li!..' OKiûXriE 157

OKÛJTtTUJ 148 OKlîJp 211

aoûToi 120.2 aoqpôç 97 OTidviç 134 atiapfdnu 97 audpTov 15

OTTCpTÔÇ 15

OTTaTÎXri 130.3 aireîpa 15 aiTeipuj 171 OirXdYXVOv 109 OTTopTaî 97 OTOTrip 130

�� � 625

��OTOTÔÇ 168

OTOupôç 52 OT^Tiu 158 CTcivoç 77.2 aTÊÎpa 380.1 aréviov 77 axévoç 77.J ZTévTUjp 76 atepéoç 380.1 arepoTTri 95.i OTeùTai 120 OTriviov 77 OTixouai 151.1 OTixuJ 151 aTÔpvO|Lii 104, 249 aTopiToiv 95.1 orpaYTÔÇ 95.* atpaTÔç 243 oxpoTirûXoç 95.1

OTpOTTCi 95 OTpÔTOÇ 95

OTpoqpaî 9.5.1 oxpOùj^a 104 OTpib|uivr| 249 OTpujTÔç 243, 248 (jTiûimE 130 aùmneiKToç 508.1 (juveiXcx^J^Ç ^8.2 aq)dX\uj .54.1 oqpapaytuu 2.50 aqpebavôç 130 ocpétepoç 473 aq)i 473 aqpobpôç 130 axoXiî 97 ouiqppoÎTopeç i'.VA aujcppuiv 43;î Tâyôç 149 Tovaùnouç 472 TÔvuTai 22 Tavùu) 2-_'8 Toppéuj lui TapTr))a6piov IS Tupqpùç 48 idaow 367

TOTÔÇ 505 xaxùç 169 Toojç 57 Te 389 TéX^iX) 60 T^TOÇ 158 TeBriTta 142 Te0uu-f|iievoi 145

TéOuiKTOl 145 T€îb€ 86

de Saussure, Oeuvres.

��î T€i|ir| 7 1 i Teivuu 367

T€ÎOÇ 112.1

T€Îpiu 148.1, 359 Teîaai 71 Teîxoç 142. i] xeiuj 389

T^KVOV 74

TCKTUveç 93

I TéKTOIV 459

\ TéXaov 77

Téinaxoç 248.Ï I Téiuievoç 248.2 I Té|Li|iai 112.1 I Tévayoç 255 ! TevGprjvri 1 57 I TépajLivov 248

Tepdiuiuv 248. 248.2

Tépeiavov 83.1, 248

T^peTpov 248.2

TépiLia 71

Tep|uu)v 132

Tépirojuai 448

Tépao|nai 15. .363.2

jéaaapec, 50

TCTaTiijv 56

T^TapToç 504

TéTOTai 22

Texiriinai 452 xéTXajuev 13.i ' xexjuieiv 71 xexpaîvuj 249 xëxxapeç 197 X€XUY)Liai 68.2 xéqppa 103.1, 2.59.2 xéxvri 74, 459 xrjKUJ 60, 1.53 xnxduu 62 xqûaioç 62 xiGaaôç 134 xienni 133, 135 xivuxai 228 x(Trxe 473 xixpdbaKUj 248 xXduu 250 xô 87 xo( 88 xoïxoç 76 xôX|ia 75 xôvoç 76 xôEov 74, 102 xopeîv 248

xôpiaoç (terme) 71, \'Ai xôpjLioç (trou) 71 xopôç 248

��xouxeî 86 xoqpidiv 103.1 xôqpoç 103.1 xpflvriç 250.1 xpdueXoç 17 xpoTT^iJU 353 xpdqju) 52 xpdxuj 52 xpedu 369

XpéTTUJ 11, 14

xpiâKovxa 260

xpîpoXoç 583.2

TpmxôXeiaoç 582 j xpixâïKeç 66 I xpoTtéuj 70 i xpuqjrj 259.2 I xpûjfiu 169 1 xpuuvvùuj 228

xpiunduu 155.1

Tuporivôç 573. 575.2

xûxe 93

u,/aiç lâv cypr. 457.2

ùdXri 1 10.3 ! ÛYÎaive 457 I îiYiriç 199 3, 262.1, 4.57 I ÙYpôç 378.2 I v3buj 262.1 I ubuup 211

ûXdui 57, 58 , ùXia 361

ùurjv 124

ûovxoç 274

ùird 96

ÙTtaî 96

ùireip 454.1

ÛTT^p 84 2, 454

ÛTrepûjïov 264.1

UTTVOÇ 74 ÙTTÔbpa 17 ÙTTOTTexpibioç 420

UTTXIOÇ 470

ùpeiTaXëov 157.i ùa|Liivr| 124.2 ÛX0ÔV 262.1 fpa-feîv 91, 163 qpaibpôç 508.1 fpaivo|ua\ 361 qpapôuj 101, 249, 2.50 q)dpiju 52

qpaxôç (tué) 23, 2.59.2. .505 fpaOXoç 59S cpaOoç 52 cpeibôç 266 [11; qpëpeva 74 . qj^pimov 71

40

�� � 626

��INDEX.

��(pépVY] 74

qpépviov 71

q)epTÔç 15

q)épu) 4.1

qprmn 57

qprmi 57

q)6a(piu 148.1

q)ddvuj 135

-q)6apTOÇ 15

q)6eipu) 148.1

cpelvuu 438

cpeiaiç 438

qpBiTÔç 43^

(piTpôç 423

OXéyuç 18

cpXéYiu 162.2, 440.1

(p\6E 204

<poivôç 74

cpôppu 82

qpôpiLiifE 599

(popiaôç 71

-q)Opoç 91

qppaKTÔç 367

q)paai 26

cppctaoui 171

qppcÎTrjp 204.2, 477

(ppéç 14

qppriv 26

9povTiç 73.1

(ppvfiu 377, 440

qppuKTÔç 440, 442

qpupuj 249

qpOaa 376

qpûuu 243

qpûJYUJ 103, 153

qpdjiu) 148

-(pOùv 204

(pubp 200

Xaipr|bibv 466

Xaipuj 357

Xct\aZ[a 250

Xanai 88, 95, 257

Xavbdvuj 143, 265 (20)

Xcîoç 52

Xapiuiovr) 83.2

XdOKiu 58

XOTéiu 57

XaOvoç 52

Xeiiî 96.1

xe(\ioi 377

X€Î|ia, XÊi^iJ^JV 508

Xeip 212

X^Uioi 377

X^pooç 15, 77

Xe0^a 123

��Xéuj 21, 138 Xr\\A 57 XnXioi 377 XGibv 95, 204 XÎXioi 77.S, 377 -Xl^oç 213 XipaXéoç 378 Xidiv 199, 204 xXiepôç 52 XoXdç 380 XoXn 108

XOpOÎTUTTOÇ 474

XÔpTOç 72, 73

XoOç 204

Xpaivuj 247.1

Xpdo|Liai 134

Xpoiaôç 247

XpOaopaféç 156

XpOùjua 247.1

Xpiwç 247.1

XD|Liôç 123

XÛJO|Liai 162

XÛJpa 131

vpdu) 130

H;eubr|ç 188, 220

\\nr\Krr\p 146

v)jn^aq)duj 56

ijjfiqpoç 57

ipjîxu) 146

MiOjpo 130

H/ûJXOÇ 146

ijJÛJXi'^ 146.1

lùpd 264.1

Ojkûç 146, 160, 162

iLXéKpdvov 258

djXévri 258

iij|ir|Xuaiç 576

iLliriatriç 157

liJiaôç 146, 160, 162

ibvéo|uai 377

lijvri 74

(Lvoç 74 I (bOKï] 378.S î Ojoxn 378.Ï

ubT€iXr| 130.8

tbqpeXéuu 467

1 OjtpAiiaoç 467

UjXP<^Ç 147

Macédonien

aÎTf'Toip 8.» àpfiizovç 8.2 fàba 169

��Pamphylien

PoXéjxevuç 83.1 Tiepr- 83.1

Latin

accipiter 102

adolesco 96

aecetia 89

aeger 597

aestus 375

aeviim 200

affatim 133

agnus 53

ago 153

agncola 591

âjo 135

alcêdo 410

alius 109

alo 96

amârus 146, 162

a nuits 54

anas 234, 255, 591

a nous 597

anfractus 18.i

ango 262, 263, 508.i

anguilla 261.2, 415

anguis 259, 260, 261.2,

415, 50«.i ansa 507 antrum 56 I anus 135 apio 150.1 a^^ts 261, 261.8 apiscor 162 agwa 54 aquifolius 102 aquîlus 103 arrfw?<s 100, 102, 380 argentum 258 argûttis 244.2 armns 380 artmm 380.i assâràtum 210 assecla 590 «ssir 210, 384 atibubnlcus 98 aiibulais 98

au^co 262, 262.1, 263, 418 auriga 591 aum 210 aurôra 258, 508.i ausculta 210 flt'fo 358 ai'illa 98 aa;j7;a 109

�� � 627

��axis :212

balbus 596, 598

bene 199

bèto 135

blaesiis 597

blatero 58

bonus 199

i;ô« 103

ftoro 103

bracchium 56

racûmen 389

cadâvei- 389

caecus 596

Cflfrfo 171

cae/e6s 113, 598

caesariés 113, 266 (79), 376

fâ/a 380

calamitâs 96, 267 (96)

càliyo 17.3

<a/ix 94, 390

taW/s 601

caZpMS 380, 596, 598

cancMi 56, 171

tanrfgo 113, 171.J, 358, 365

candidus 358

canicae 102

cam« 96.1, 99

copto 60, 91, 146

caput 50, 266 (50)

Cardea 99

carco 359

caro 50, 184

cartilâgo 95.4

cdrus 380.1

Casmenae 162

cassus 374.1

castxgo 162

castus 162, 375

ra<M» 99, 102, 168.1

caupo 54

'•rt»eo 390

ccrfo 156

cerebrum 18.i, 246.Î, 381

-ctWo 15

féna 124

centuin 50

fera 135

•ctrfflf 592

cfnts 94, 102

classis 245 i

démena 357

'7u«o 364

cognitus 25.")

cohofs '.Ht

collêga 590.i

��c'o//ts 74 columba 33 I commentus 23.3 compodem 201 conditiis 134.1 consobrinus 478.i convtcium 246 conriiJa 591 cor 17, 99, 100, 21(1 cornua 17 cornus 101 Corsica 575.2 côs 99, 102, 168.1 cracentes 357 culmen 123 culmus 101 curtus 15 custôs 375 damnôsus 53 damnum 53 dapês 54 dator 130

(Za^îts 99, 102, I68.1 decem 29 rfe-ce* 369 decimus 30 rfmts 162.J, 169 defômitâtus lO'S.i dêleo 71 densus 24, 50 dësino 438 digitus 56 dingua 25. 1 rf/sco 101 dissupo 438 dîv«s 378

rfo (rfare) 102, 138 rfot-eo 98, 101, 369 rfocfMs 101 dolabra 250 rfo/eo 101, 364 rfoZo (rfoZâr^) 250 c?o/m« 76 rfomo 101 domus 81, 90 rfônMm 99, 102 dormio 101 dès 168.1 rfttco, douco 64 rfâro 101 rf^rM* 101 erfrtj; 157 frfo 157 éf</fO 51 e^ro 88

��emptus 505 ensts 24 ê.surio loi ësKs 157 euntem 261 extorris 246.» /V/c/o 134 /■«//« 54 famés 57 farcio 171 fastlgium 245.2 fastus 245.1 favissa 96.i fatuus 57 /•«a; 96 /■ëiia" 133 ^^wwr 210 fenestra 361 /ênws 158 festus 375 /"e^Ms 133 fidusta 76 /•ïo 133

^a^rro 162.2, 440.i ^men 199, 440.t flâmônium 199 fiamma 440. 1 ffrfo 448.1 /lurfo 423 fistula 375 /bf«s 96 forfîo 103 foedus 76 foeniseca 591 foideratei 76 fômes 103.1 forctus 15, 367 /"orë^ 204 foi-mu 71 /•«ro 101, 250 formus 72 /brs 16 /bs«a 103 /"opea 96.1

/"ofeo 70.1, 103, 103.1 fractus 169 frange 157, 169 /•/•(!/t-r 91, 478 /■rrtM» 267 (96) fraxinus 246 frequens 171 frétas 135 frênum 135

fressum, fresum (frendo) 371.2

40*

�� � 628

��INDEX.

��frigo 371, 378

frîvolus 378

frustra 267 (96)

fugitum 591

ftilgeo 440.1

fur 200

furnus 17

fM?-or (/"«râr?) 200

gatrio 57

yaudeo 171

^«'jiu 45, 208.1

(/t;/'0 50

gesto 50

5'^rtus 251

qlârea 57

î?;«s 380.1

glohus 105

glomero 105

glômus 105

^fôs 250

gnârus 255

gnàtus 255

gnâvus 52

^mwm 129, 131

grando 250

grâtus 247.4

Ig-raris 250, 380

haesntn 374

feara 96

haruspex 246.2, 380

7»as^a 96

hêrëdipeta 591

hernia 246 2

Aipms 199, 204

/i/o 58

/i/sco 58

horreo 15, 357

hortus 73

Jiospita 345

hosticapas 592, 593. i

hostts 96

/iMWtts 88, 257

ignârus 99

î^fWîs 259.3

ignôro 99

m- (négatif) 52

inclutus 244.2

incolumis 96, 267 (96)

indigena 594

indulgeo 368

inferus 24

inguen 211, 408

i«<cr 52, 259 t

invideo 368

«>«« 373

��is<«(? 87

j'aceo 362

janitricês 234

iecur 19, 27.2, 211

JOCMS 109

yû^îs 458

jugum 418

iû« (droit) 198

yûs (brouet) 210

juvencus 33

^â&ês 146

/ôèor 54.1

làhundus 601

Zâc 250

lacertus 258

lacrima 456

^aerfo 171.1

lâmentum 57, 102

Zona 246

lanista 370.2

lapsus 373

/ar^MS 246, 267 (102)

lassîis 156

/â<eo 58

Za</v> 57

/â^Ms (<o?^) 250.3

Za!;o 267 (96)

?^M<MS 23

ZêiMHf 71

Leucetio 64 Ze-pis 24, 407 Zîfe^ 359 ?/ê« 168 Z/^fO (ligaré) 378 Ziwo 71 Zoîrfos 409 Zo2«or 101, 152 Zosna 459 ZM6e< 360

Zûcco 360, 365, 417 lucrum 96 /i/CMS 418, 508 /m^ms 409 Z%eo 418 Zûno 459 lùstrum 267 (96) Zmxo 459.1 luxus 75 wiâcero 53 macte 61 marfeo 162, 357 tnaereo 170 niaeror 376 magnus 60, 61 wô/or 60, 61

��mancus 599 mando (mandere) 58 maneo 361 mansio 255 mansucius 58 marceo 357 wa>Y 380 masculus 387 mastico 58 mater 91

mâteriës 130, 136,2 mâtûrus 130 wë/o 119.1 men.s 23 mentum 93 ■mentus 23 merda 18 mereo 354, 359 mëtior 136.2 wîser 170, 376 modius 422 «lorfîis 76, 422 mollis 16.2 woZo 99 momordi 68 wonf-o 70, 369 morbris 18 viordto 68, 70 morior 16 morôsus 380 «îors 16 ikfor^a 73 moveo 70.1, 367 mucio 103 mucus 418 mulgeo 70. i millier 199.3 naf^MS 268 (168) narês 376 narro 99

nasus 162, 376, 455 Hrt^ês 99, 102, 168.1 nâtus 255 nâvita 585.i «e 263 neco 75 «ec^o 2(53 np^)ô.s 2I2.Î, 346 neptis 479 1 ««-.T 205 nivem 103.i Moceo 369 nôdus 133 «ôwfH 26, 91, 401 nônu« 30

�� � 629

��nôsco 99

novem 29

nox 94, 169

noxa 75

nûdus 109

ob 103

ôcîor 102

octâvus 30.1

octingentl 30.i

octôni 30.1

oculus 91, 92

oZco 357

opàcus 103

opwa 170

01-iundus 601

ôs (5rt«) 210

os (ossis) 211, 346

ossM, ossum 211, 346

Oufens, Oufentlna 28

or»s 98, 103

paenitet 170

^)a</o 152

palleo 99

palma 250

palpito 56

palpo 56

palumbës 33

2Ja/MS 57

pando 58

pandus 597

j^an^'o 152, 171

Parca 99

pàricîdas 593

paries 340.5

pat-vus 596

^as«us ( panrfo) 371. ï, 373.2

pâstor 62

p«<eo 360

?^a<^ 91, 109, 345

patior 20.2, 58

2)atruus 479

paucus 596, 597

paveo 362

^ûtfo 57

^jecco 599.1

pecMS 208

/»«/a 91

pê/or 123

^p/fo 15

pènûria 134

/)er- 454

percello 15

pervicâx 510

/)ës 201

pesh'g 167

��pinguis 24, 50 Pfso 376 pistim 376 pi anus 246 p/^cto 99 plênus 246 -/)^ej; 55 pôculum 130 2)ô(?fa; 76, 157 pondô 76 pondus 76 joône 103, 378 poMS 212 poploe 88

/)or- 101, 105, 250 porro 104, 105 porrum 18 porto 16, 73 -J90S 345 ^osco 14, 15 possum 345 posterus 378, 483 Poto Ficfl 345 poiîs 90 pôtor 130 ijrae 250, 251 praeco 154 praepes 593 praesertim 16 prlvignus 246 procax 76, 157 procerês 162.i procul 15 procus 76 prônus 101 propitio 345.3 prôvincia 246 pM&ês 103 pullus 99 pulmo 125.1 pulsus 15 pûrus 244 pûsula 376 putris 244 quattuorbO, 96.i,266

389 quiêsco, guiêtns 452 quinquâginta 135 juïn^Ms 31 gworf 389 juo^ 89 r obère 150.i rârfo 163 j-a^jt'o 264 »-a<t> 268 (168)

��(50),

��Ratumëna porta 99

ra<MS 133

raudus 96

recello 15

rêmex 594

reor 133

rêpo 157

rfs^ts 378

r^or 162

rïrfeo 358

rôèwr 159, 162

rot/TMS 76

rosa 91

roto 99

roudus 96

r«^MS 244.2

sacer 103, 107

saeclum 136.2

Saeturnus 136.2

sa/îx 51

sa^^o 171

sancio 103

sanctus 103

Sancus 103

sanguen 28

sanguis 210

saniês 210

Sanqualis porta 103

sa^îs 62

sa^Mr 62

sa^Ms 133, 168, I68.1

saxum 157

sca&o 107, 153

scaevus 596

sc&pus 57

scaurus 596, 597

scelus 95

sco6s 107

scriba 585.i

seco 79, 157, 591

secundus 601

sedeo 360

sêdës 158

séc^i/é 421

sêdimus 12.2

sët?ô 155.1, 158

sëdulus 158

«egr«5 591

seispes 100

sêm<în 1.33, I68.1

sm^jî 78

-sens 261

sepelio 15

septem 29

septimua 30

�� � 630

��sepultus 15

-sero (1) 16, Ki.i

-sero (2) 16.i

sérum 79.i

sex 437

sexàginta 135

slca 157

silicernîum 124

similis 94

simplex 34

sinistimus 481

sî»io 438

sm«s 45

-«i^o 438

sis 437

stYî (les morts) 438

siticinês 438

srtws (mort) 438

«iYms (décomposition) 438

-sohrlnus 33, 437

.vom- 437

socius 103, 107

socrus 437

sodâlis 158, 159

sôrfês 158, 437

soZeo 361, 437

solûtus 244.2

somnus 437

•sons 261

sonus 437

sô/j/o 437

sorbeo 70

sordès 96, 437

sôJTic 437

.soror 204, 437

.SOA'S 16

sôspes 100 sôspita 345 spatium 360 spargo 171 s^Jês 135 spondeo 68, 70 spopondt 68 stagnum 255 si amen 135 s<a<or 130, 266 (57) sre/te 215 sterno 104 .<?<?îs 71 storea 104 stratus 102 6<râw 102 suàsum 96 .sMrfo 405. 437 suësco 158

��1 SM/7Î0 368

s«m 1 78 1

SMjf^e»' 438

svâdeo 437 , svâsum 437

svâvis 437

svêtns 437

iacfo 266 (53) j ^cf^^o 56, 152 ! ^«ni/'o 56, 152 I frtims 102 i tarmes 246.2

ife^'O 158

têgula 158

temere 169

têmêtum 158, 358

/êwo 124

iëmulentus 158, 358

tenehrae 158

  • e«eo 367

, -?en<îo 23

tentus 23 s ^epeo 364 j feres 359 j termes 246.2 î fero 148.1 i ^^rrc 246.2

«erz-É-o 369

^ea;o 459

h'meo 358

^ô/"ms 103.1

/ot/a 76, 158

tolero 250

<o«o 101

tondeo 68, 70

«on^reo 70, 99, 367

tonstrlx 374

tonum 76

torqiieo 70, 353

<orreo 15, 357, 263, 369 i tcrus 104

torvus 101

tôstus 504

^o< 89

totondt 68

^rans 250, 250.i

triticum 580.3

(ts)^Mrf 87

Tuscus 575.2

Mfter 210

n/wa 258

unciis 98

«wrfa 211

unguen 28

unguis 91, 94

��upupa 101

urgeo 70.i

Mro 262

wsus 17

MW 109. 378

Mt^eo 378.2

rrtcm 162

vacuus 96.1

mrfo 153

vannus 134

vapor 113.1

vârus 596

ras (t?arf/s) 52, 264

m«ês 110, 163, 185

t'g^'co 263

î'e/?o 15

vélum 134

-i?ena 592

rê^n)stca 24

ventus 134

vêmtm rfor^ 74

vêr 65

verhëna 509

verbum 246.2 [ vertnis 18

verres 508.i

rerro 15 ! f^r^o 13

fî'5'tfo 351

fnZîs 378

î^mco 511

tJîrtts 122

Vistula 603

rîw 351

vocivus 96.1

t'oco 200

w?a 101

^•o/o {vellé) 105, 247.2

roZo (»oZ«rf) 101, 250

volvo 228, 434

vomo 65

voro 92, 104

vorri 104, 105

foWo 13

voveo 70.1

»ôa; 200

Osque

Abellanos 86

ahenel <S6

«n- (négatif) 52, 263

anafriss 263

anf«* 52

feihoss 76

�� � 631

��loufrikonoss 80 petora 50, 389 posmos 103, 378 piUerei 85 pùtùruspid 85 svai 384, 437 tanginom 99, 367 <erf/ 86 viai 88 zicolois 86

Ombrien

anfer :259.4 covertu 13 covortus 13 covortuso 13 hostatu 96 kumaltu 99 A:«t'er^M 13 me fa 375 ne/f 38, 96 pepurkurent 14 persnimu 14 p^/Mr 50, 389 podruhpei 89 portaia 136.2, 181 screihtor 86 spafu 375 s^e/ia 375 trahvorfi 375 iuplak 55 fîirt«« 13

Sabin

nero !205

Français

Ecogîa 605 Genthod 604 ./oMa; 605, 607 ./ura 605, 607 Oron 604

Patois fribonrgeois

donna 601 Z)yM 601 è^a 601 epâza 601 fit 601 merèda 601 n<îeru 601 «('ila 601 «îea 601 «/M 601

��Gaulois

veiiiiTOv 109

tarvos trigaranos 109

Irlandais

agathar 60, 109 at7« 109 altram 109 asï7 109 atomaig 109 affe/> 109, 204 èe^/iacZ 212.2 hligim 68 ca/c/t 596 condercar 68 -rfam 90 rfa/-M- 82 fZmtr 109 rf^rwcc 208.1 /atïfe 110 ^rorf 113 guidiu 149, 163 menme 403 mae 212.2, 479 nocTi^ 109 «otoi^ 109 oc/i« 109 ochtmad 30 dt 109 0/-C 109 H 162 ro 109 rogàd 149 ro<^ 109 scâth 113 sechtmad 30 sm 78 smr 204

Gallois

chwech 436

Gotique

aggwus 60, 259

a^is 49, 60

ahtau 30 i

aZan 171

aleina 258

alpan 171

anpara 84

«M^fO 211

att/iMs 482.1

auhuma 481, 482

outan 171. 262, 418

��t«<so 210

6ai 261

bairan 16

bairhts 440

bajops 89

fcarn 512

batists 167

fe««5' 13

beîdan 448.i

berusjos 183

biudan 63

blandan 1 7 1

blesan 156.î

Wmrf.s 172

botjan 167

brahw 440. i

ftHJfcan 157, 169

brukans 169

bugutn 13

bundum 22

daddjan 134

(Za^s 76, 103.1, 155.1

dauhtar 167, 256

daursts 16

daups 73

(^iwps 508.1

rfms 77, 508,1

diwan 73

-rfo^'s 155.x

dragkjan 70

drigkan 70

driugan 508.i

/"a^ian 171

^a/Aw 208

fairhwus 64,i

/Vïrrt 6

-jTa^s 212

/aur 105

faurhts 16

faurpis 485

fidtror 197

filufaihs 79

/tm/" 30.1

fimfta 31

^n^an 212

/îë^aw 159

flôkan 159

/brf/an 62

/•o^MS 200.1

ft'apjan 147

frawardjan 450

frawaurhts 16

fruma 461, 481, 482

gabaurps 16

gamuurgjan 406

�� �


  1. [Paru en 1878.]
  2. Il y faut ajouter cependant la remarque suivante des Grundzüge (p. 54): « le dualisme (Zweiklang) primitif gan (skr. ģan-â-mi) et gân (skr. parf. ģa-ģân-a), bhar (skr. bhar-â-mi) et bhâr (skr. bhâra-s fardeau) devint par une substitution insensible d’abord : gen gan, bher bhar, puis gen gon (γενέσθαι, γέγονα), bher bhor (ϕέρω, ϕόρος). Mais rien ne peut faire penser qu’il y ait jamais eu une période où γεν et γον, ϕερ et ϕορ se seraient échangés arbitrairement, de telle sorte qu’il eût pu arriver de dire γονέσθαι, ϕόρω ou inversement γέγενα, ϕέρος. » Ici par conséquent le savant professeur admet une diversité originaire de l’e et de l’o et fait remonter l’o de γέγονα à l’indo-européen ā.
  3. Le signe diacritique que nous adoptons pour marquer les liquides et nasales sonantes (r̥ n̥ m̥) a un emploi différent dans les Grundzüge der Lautphysiologie de Sievers (p. 89). Aussi avons-nous cherché à l’éviter, mais inutilement : qu’on considère que la désignation ordinaire devenait impossible, puisqu’elle eût entraîné la confusion de la nasale sonante () avec la nasale cérébrale sanskrite ; que d’autre part la désignation r (Sievers, Brugmann) ne saurait être introduite dans la transcription du sanskrit, qu’enfin le caractère a été employé déjà par M. Ascoli précisément avec la valeur du r-voyelle, et l’on reconnaîtra que si nous innovons, c’est du moins dans la plus petite mesure possible.
  4. La forme perse a dû être arzifiya. Disons tout de suite que le mot existe aussi en grec avec la substitution régulière : d’abord dans l’idiome macédonien, où il a la forme ἀργίπους (Hes.) pour laquelle M. Fick (K. Z. XXII 200) a tort de chercher une autre étymologie. A côté d’ἀργίπους l’Étymol. Mag. nous a conservé αἰγίποψ· ἀετὸς ὑπὸ Μακεδόνων qui est évidemment le même mot, et ceci nous amène avec sûreté au grec αἰγυπιός. La disparition du ρ a son analogie dans deux autres cas de -voyelle : μαπέειν de μάρπτω et αἴγλη = skr. r̥ģrá. Pour l’ι d’αἰγυπιός et d’αἴγλη v. ces mots au registre.
  5. La présence de l’s dans les trois derniers exemples atteste l’ancienneté de cette formation. – En ce qui concerne ἐνίσπε on ne peut repousser complètement l’idée qu’il y a là un imparfait dont le présent serait *ἴ-σπ-ω. Cf. ἴ-σχ-ω, πί-πτ-ω et notre note 1, page 12. Il faudrait donc diviser ainsi : ἐν-ί-σπ-ε.
  6. Dans les autres aoristes on aurait la syncope. Verbum II 7.
  7. M. Delbrück (Altind. Verb., p. 63) dit bien que sran dans avasran (R. V. IV 2, 19) contient la voyelle thématique. Mais les preuves positives manquent et Grassmann interprète cette forme d’une manière toute différente (a-vas-ran). – á-gama-t est d’une autre formation, qui se reproduit en grec dans le dorien ἔ-πετο-ν, dans l’attique ἔ-τεμο-ν. Cet aoriste-là coïncide pour la forme avec l’imparfait de la 1e classe verbale. C’est l’aoriste non-sigmatique slave : nesŭ.
  8. On dira qu’ásaçćat est imparfait (présent sáçćati) ; sans doute, mais il n’y a pas de limite fixe entre les deux temps. Les aoristes redoublés sont les imparfaits d’une classe verbale que la grammaire hindoue a oubliée et dans laquelle rentreraient, avec sáçćati, le skr. sī́dati, le part. píbdamāna, le gr. πίπτω, γίγνομαι, μίμνω, μέμβλεται etc.
  9. M. Brugmann (Studien IX 386) éprouve une certaine hésitation à attribuer aux périodes les plus anciennes des formes comme paptimá, et croit plutôt qu’elles doivent le jour à l’analogie de ća-kr- etc. Au fond la question reviendrait à cette autre, de savoir si la voyelle de liaison existait déjà dans la langue mère, auquel cas pat faisait nécessairement pa-pt- au parfait pluriel. Or lu des formes germaniques (bundum, bunduts) s’accorderait bien avec cette hypothèse, et l’α du grec γεγήθαμεν n’y répugne pas, bien qu’il s’explique plus probablement par la contamination du singulier γέγηθα et de la 3e p. du plur. γεγήθασι ; qu’on compare enfin le latin -imus dans tulimus. – Dans cette question il faut considérer aussi les parfaits indiens comme sedimá, gotiques tels que sētum, et latins tels que sēdimus qui sont reconnus pour contenir la racine redoublée et dénuée de voyelle. Ainsi sedimá = *sa-zd-imá. Il va sans dire que la même analyse phonétique ne serait pas applicable à chacune de ces formes: la formation s’est généralisée par analogie.
  10. τέ-τλᾰ-μεν vient de la rac. τλᾱ comme ἕστᾰμεν de στᾱ ; son λα ne remonte pas à une liquide sonante.
  11. Il existe, il est vrai, des formes comme πλᾶθος (v. Joh. Schmidt, Vocal. II 321), mais celles qui se trouvent chez les tragiques attiques sont, suivant Ahrens, des dorismes de mauvais aloi, et celles des inscriptions peuvent provenir, comme les formes éléennes bien connues, d’un passage secondaire d’ä à a. On pourrait du reste admettre que πλᾱ existait parallèlement à πελ. Cf. récemment Schrader, Studien X 324.
  12. Mémoires de la Soc. de Linguistique III 283.
  13. Ou au comparatif neutre *proculstis, *proculsts?
  14. Toute différente est la racine de con-sero, as-sero qui signifie attacher. Le sero dont nous parlons est le skr. sárati, sísarti « couler, avancer » : composé avec la préposition pra il a aussi le sens transitif et donne le védique prá bāháva sisarti (R. V. II 38, 2) « il étend les bras », exactement le grec χεῖρας ἰάλλειν (= σι-σαλ-yειν, σι-σλ-yειν). Le verbe insero peut appartenir à l’une ou à l’autre des deux racines en question.
  15. A côté de βραδύς on a avec l : ἀβλαδέως· ἡδέως Hes., ce qui rend bien vraisemblable l’ancienne étymologie du latin mollis comme étant pour *moldvis.
  16. πλέθρον, πέλεθρον seraient-ils par hasard ces parents de πλατύς où nous trouverions l’e ?
  17. Le capricorne, ce coléoptère à grandes antennes, qui s’appelle en grec κεράμβυξ, nous a peut-être conservé la trace d’un ancien thème *κ(ε)ραμβο- = çŕ̥ṅga.
  18. Ce qui rend suspecte la parenté de κελαινός avec κηλίς, c’est l’a du dorien κᾱλίς et du lat. cāligo.
  19. Si l’on compare en outre les sens de sraktí, on reconnaît que tous ces mots contiennent l’idée de contour, d’angle ou d’anfractuosité. Ce mot d’anfractuosité lui-même s’y rattache probablement en ligne directe, car le latin an-fractus sort régulièrement de *am-sractus comme *cerefrum, cerebrum de ceres-rum. Cf. cependant Zeyß, K. Z. XVI 381 qui divise ainsi : anfr-actus. – Le grec ajoute à cette famille de mots : ῥακτοί· φάραγγες, πέτραι, χαράδραι et ῥάπται· φάραγγες, χαράδραι, γέφυραι. Hes.
  20. Le k remplacé par v, au lieu de kv ; le m remplacé par v dans le slave črĭvĭ ; la liquide variant entre l et r, et cela, même en deçà des limites du grec, ainsi que l’indique la glose: ῥόμος· σκώληξ ἐν ξύλοις.
  21. Il n’est naturellement pas question ici des nasales sonantes qui se sont formées à nouveau dans plusieurs langues anciennes et modernes.
  22. Il s’entend qu’en zend l’a sorti de la nasale sonante participe aux affections secondaires de l’a, par exemple à la coloration en e.
  23. Ce n’est pas que, dans l’espèce, nous n’ayons quelques doutes sur la véritable qualité de l’alpha d’ἔπαθον, et cela à cause du latin patior, sur lequel nous reviendrons plus bas. Mais ἔπαθον se trouve être le seul aoriste thématique où l’on puisse supposer une nasale sonante, et, si on le récusait, il suffirait de renvoyer aux exemples qui suivent.
  24. Toujours en supposant que la nasale est radicale.
  25. Les formes qui ont la « vriddhi » comme áçvait, ávāṭ sont entièrement différentes. Il faut y voir, avec M. Whitney, des aoristes sigmatiques.
  26. Les racines de cette forme contenant une nasale ne paraissent pas fournir d’exemple.
  27. La 3e pl. πέφανται est une formation récente faite sur l’analogie des racines en α ; il faudrait régulièrement πε-φν-αται. — γεγάασι, μεμαυῖα et les autres formes où le suffixe commence par une voyelle n’ont pu se produire que par analogie. Il est remarquable que les formes fortes du singulier soient restées à l’abri de toute contamination de ce genre, car γέγαα, μέμαα n’existent que dans nos dictionnaires ainsi que le montre Curtius, Verb. II 169. L’ancienne flexion : γέγονα, plur. γέγαμεν est donc encore transparente.
  28. M. Curtius a montré l’identité de ἄνυται (Homère a seulement ἤνυτο) avec le skr. sanuté (rac. san) ; la sifflante a laissé une trace dans l’esprit rude de l’att. ἁ-νύ-ω. Quant à la racine non affaiblie ἑν, elle vit dans le composé αυθ-έν-της « auteur d’une action ». Cf. Fick, Wœrterb. I² 789.
  29. Les formes comme δείκνυμι, ζεύγνυμι sont des innovations du grec.
  30. βατός pourrait aussi appartenir à la racine βᾱ qui a donné ἔβην ; les deux formes devaient nécessairement se confondre en grec. En revanche le skr. gatá ne saurait dériver de .
  31. Forme conservée dans le mot αὐτόματος, suivant l’étymologie la plus probable. – -mentus se trouve dans commentus.
  32. L’identification du skr. han et du grec *φεν sera justifiée plus bas.
  33. Les formes latines n’inspirent pas une confiance absolue, en ce sens qu’elles peuvent tout aussi bien s’être formées postérieurement comme le gr. δέρξις, θέλξις. Pour les formes slaves telles que -mętĭ cette possibilité se change presque en certitude.
  34. Il est possible que la nasale sonante soit représentée en arien par i, u, dans le mot qui signifie langue : skr. ǵihvā́ et ǵuhū́, zd. hizva, hizu ; – l’ancien perse serait izāva selon la restitution de M. Oppert, mais . . āva seul est encore écrit sur le rocher. Comme la consonne qui commence le mot est un véritable Protée linguistique – elle diffère même dans l’iranien vis-à-vis de l’indien – et qu’en lituanien elle devient l, on conviendra que la glose d’Hésychius : λαυχάνη· γλῶσσα trouve son explication la plus naturelle dans la comparaison des mots cités : le thème primitif serait ?-n̥ghū ou ?-n̥gh : de là le lat. d-ingua, le got. t-uggon-, et le gr. *λ-αχϝαν-η, λαυχάνη. Le slave j-ęzy-kŭ montre aussi la sonante. Seul l’ë du lit. l-ëżuv-i-s s’écarte de la forme reconstruite. – Pour l’épenthèse de l’u dans le mot grec cf. plus haut (p. 17) λαυκανίη.
  35. Le τ des cas obliques (ὀνόματος) n’a probablement existé à aucune époque au nomin.-accusatif. – Le got. namo n’est pas mentionné, parce qu’il est de formation nouvelle.
  36. Il est vrai que , etc. placés devant une voyelle paraissent se dédoubler en r̥r, n̥n etc. V. Sievers, Lautphysiol., p. 27 au milieu. Et, bien qu’on puisse dire que i et u sont aussi consonnes durant un instant dans le passage des organes à une autre voyelle, dans ia ou ua par exemple, il n’en reste pas moins certain que la triple combinaison phonique 1) i̯a. 2) ia c.-à-d. ia. 3) ii̯a, transportée dans la série nasale se réduit à 1) na et 2. 3) n̯na, dans la série de l’r : à 1) ra et 2. 3) r̥ra. – désigne l’i consonne.
  37. Le mot choisi plus haut pour exemple (skr. nāman) ne convenait plus ici, parce que la forme primitive de sa syllabe initiale est assez incertaine.
  38. Dans son principe seulement, car il faudrait supposer en tous cas un indo-européen à la place de la spirante du sanskrit classique, et le v de la même langue serait encore bien plus éloigné de la consonne primitive (). – Nous ajoutons que dans la restitution des formes indo-européennes nous nous servons des signes w et y sans essayer de distinguer l’u et l’i consonnes ( et de Sievers), des spirantes correspondantes (w et j de Sievers). Dans le cas de madhw api, w représenterait certainement .
  39. Partir d’un ancien génitif *ἥπαρτος serait récuser le témoignage du sanskrit et en même temps admettre inutilement en grec un cas d’altération phonétique, dont les exemples, s’ils existent (v. p. 8), sont en tous cas très sporadiques. Il est vrai que yakr̥t s’est aussi, plus tard, décliné en entier ; mais le fait important, c’est que yakan ne peut point avoir d’autre nominatif que yákr̥t. – Le lat. jecinoris a remplacé l’ancien *jecinis, grâce à la tendance à l’uniformité qui fit passer l’or du nominatif dans les cas obliques. – M. Lindner (p. 39 de son Altindische Nominalbildung) voit aussi dans ἥπατος el pendant du skr. yaknás.
  40. Excellent rapprochement de Bopp, en faveur duquel nous sommes heureux de voir intervenir M. Ascoli (Vorlesungen über vgl. Lautlehre, p. 102). La chute de l’a initial a sa raison d’être ; v. le registre.
  41. Cf. yúvat (yúvad), neutre védique de yúvan.
  42. septynì, devynì sont de formation secondaire. Leskien, Declin. im Slavisch-Lit., p. XXVI.
  43. Nous ne tenons pas compte de prathamá et turī́ya, étrangers à la question.
  44. Une des formes du nom de nombre huit se terminait en effet par une nasale. Il est vrai que les composés grecs comme ὀκτα-κόσιοι, ὀκτά-πηχυς n’en offrent qu’une trace incertaine, et qu’ils s’expliquent suffisamment par l’analogie de ἑπτα-, ἐννεα-, δεκα- (cf. ἑξα-). Pour le lat. octingenti, une telle action de l’analogie est moins admissible ; cette forme d’autre part ne saurait renfermer le distributif octōni ; on peut donc avec quelque raison conclure à un ancien *octem. Le sanskrit lève tous les doutes : son nom.-acc. ašṭá est nécessairement l’équivalent d’*octem, car personne ne s’avisera de le ramener à un primitif akta répondant à une forme grecque fictive « ὀκτε » semblable à πέντε : une pareille supposition serait dénuée de tout fondement. Tout au plus pourrait-on penser à un duel en ă dans le genre de deva pour devā, et c’est en effet dans ce sens que se prononcent les éditeurs du dictionnaire de St-Pétersbourg. Mais pourquoi, dans ce cas, cette forme se perpétue-t-elle dans le sanskrit classique ? On est donc bien autorisé à admettre une forme à nasale, qui peut-être avait une fonction spéciale dans l’origine. – Pour ce qui est de la forme aktau, assurée par le got. ahtau, nous nous bornons à relever dans la formation de son ordinal (gr. *ὀγδοϝ-ο- ou *ὀγδϝ-ο-, lat. octāv-o-) le même mode de dérivation au moyen d’un suff. -a que dans ašṭam-á, saptam-á etc. (v. la suite du texte).
  45. Quant à savoir si, en tout dernier ressort, on ne trouverait pas telle ou telle parenté entre le -ma du superlatif et le -m-a des adjectifs ordinaux, de façon par exemple que déjà dans la période proethnique, la terminaison ma de ces derniers aurait produit l’impression du superlatif et aurait été étendue de là à d’autres thèmes pour les élever à cette fonction, ce sont des questions que nous n’avons pas à examiner ici.
  46. Le gotique fimf ferait « fimfun » s’il avait eu la nasale finale.
  47. Le point de départ de tous ces génitifs de noms de nombre en -ānām paraît être trayāṇā́m, lequel dérive de trayá-, et non de trí-. L’accentuation s’est dirigée sur celle des autres noms de nombre. Le zend θrayãm qui permet de supposer *θrayanãm (cf. vehrkãm, vehrkanãm), atteste l’ancienneté de ce génitif anormal.
  48. Ces mêmes formes dont le témoignage est nul dans la question de savoir si le nom de nombre cinq a ou non une nasale finale, ne pèsent naturellement pas davantage dans la balance, lorsqu’il s’agit de savoir si la nasale de náva, dáça etc. – dont l’existence n’est pas douteuse – est un n ou un m.
  49. On trouve inversement saptátha, zd. haptaδa, à côté de saptamá. En présence de l’accord à peu près unanime des langues congénères, y compris le grec qui a cependant une préférence bien marquée pour le suff. -το, on ne prétendra point que c’est là la forme la plus ancienne.
  50. Nous n’avons malheureusement pas réussi à nous procurer un autre travail de M. Ascoli qui a plus directement rapport aux noms de nombre, intitulé : Di un gruppo di desinenze Indo-Europee.
  51. Le nombre des liquides sonantes dues à la même origine étant très minime, nous n’avons fait qu’effleurer ce sujet à la page 19.
  52. Ajouter cependant les composés des noms de nombre, tels que saptā́çva, dáçāritra. Leur cas est un peu différent.
  53. L’ε initial n’est probablement qu’une altération éolo-ionienne (cf. ἔρσην) l’α que doit faire attendre le de la forme sanskrite.
  54. Cette évolution de la nasale sonante ne doit pas être mise en parallèle avec les phonèmes ī̆r et ū̆r, p. ex. dans titirvā́n, pūryáte, ou du moins seulement avec certaines précautions dont l’exposé demanderait une longue digression. L’existence du dans ćakr̥vā́n, ǵāgr̥vā́n, papr̥vā́n etc., suffit à faire toucher au doigt la disparité des deux phénomènes.
  55. On pourrait aussi conjecturer sasāvā́n ; cf. sātá, sāyáte.
  56. S’il y a un argument à tirer de l’imparfait apunata, il est en faveur de notre analyse.
  57. Il est certain que l’accentuation de ces formes a été presque partout sans influence sur le vocalisme, et qu’il faut toujours partir de la forme sans augment. Mais cela n’est pas vrai nécessairement au delà de la période proethnique.
  58. Hésychius a cependant une forme ἐσσύανται.
  59. Ici il faut se souvenir que l’auteur regarde à bon droit le parfait grec comme dénué de voyelle thématique ; l’α n’appartient pas au thème.
  60. La question est inextricable. Est-on certain que les formes du présent n’ont pas, elles aussi, cédé à quelque analogie ? Au parfait, on n’est pas d’accord sur la désinence primitive de la 3e pers. du pluriel. Puis il faudrait être au clair sur l’élision de l’a final des racines, devant les désinences commençant par une sonante : lequel est le plus ancien de τίθε-ντι ou de ǵáhati = ǵah-n̥ti ? Plusieurs indices, dans le grec même, parleraient pour la seconde alternative (ainsi τιθέασι, arcad. ἀπυδόας seraient un vestige de *τιθαντι – ou *τιθατι ? –, *ἀποδας ; la brève de γνούς, ἔγνον s’expliquerait d’une manière analogue). Enfin les formes étonnantes de la 3e p. pl. de la rac. as « être » ne contribuent pas, loin de là, à éclaircir la question, et pour brocher sur le tout, on peut se demander, comme nous le ferons plus loin, si la 3e pers. du plur. indo-européenne n’était pas une forme à syllabe radicale forte, portant le ton sur la racine.
  61. M. Scholvin dans son travail Die declination in den pannon.-sloven. denkmälern des Kirchensl. (Archiv f. Slav. Philol. II 523), dit que la syntaxe slave ne permet pas de décider avec sûreté si matere est autre chose qu’un génitif, concède cependant qu’il y a toute probabilité pour que cette forme soit réellement sortie de l’ancien accusatif.
  62. Pour les neutres en -man qui sont dérivés d’une racine terminée par une consonne, c’est la seule supposition possible, attendu que n se trouvait alors précédé de deux consonnes (vakmn̥, sadmn̥) et que dans ces conditions il était presque toujours forcé de faire syllabe même devant une voyelle. – Pour ce qui est des noms de nombre on remarquera que le dissyllabisme de saptm̥ est prouvé par l’accent concordant du skr. saptá, du gr. ἑπτά et du got. sibun, lequel frappe la nasale.
  63. Cf. la prononciation de mots allemands comme harm, lärm.
  64. Ces formes, pour le dire en passant, sont naturellement importantes pour la thèse plus générale que la désinence de l’accus. des thèmes consonantiques est '-m et non -am.
  65. L’hypothèse des liquides sonantes indo-européennes a été faite il y a deux ans par M. Osthoff, Beiträge de Paul et Braune III 52, 61. La loi de correspondance plus générale qu’il établissait a été communiquée avec son autorisation dans les Mémoires de la Soc. de Ling. III 282 seq. Malheureusement ce savant n’a donné nulle part de monographie complète du sujet.
  66. On peut faire valoir entre autres en faveur de celle thèse le mot anaḍ-vah, nomin. anaḍvān qui vient de la racine vah ou de la racine vadh : on n’a jamais connu de nasale à aucune des deux. Puis le mot púmān dont l’instr. puṃsā́ ne s’explique qu’en partant d’un thème pumas sans nasale. Il est vrai que ce dernier point n’est tout à fait incontestable que pour qui admet déjà la nasale sonante.
  67. Les combinaisons de deux sonantes donnent du reste naissance à une quantité de questions qui demanderaient une patiente investigation et qu’on ne doit pas espérer de résoudre d’emblée. C’est pourquoi nous avons omis de mentionner plus haut les formes comme ćinvánti, δεικνύασι (cf. δεικνῦσι) ; ćinvánt, cf. δεικνύς. La règle qui vient d’être posée semble cependant se vérifier presque partout dans l’arien, et probablement aussi dans l’indo-européen. Certaines exceptions comme purūn (et non « purvas ») = puru + ns, pourront s’expliquer par des considérations spéciales : l’accent de purú repose sur l’u final et ne passe point sur les désinences casuelles – le gén. pl. purūṇā́m à côté de purū́ṇām a un caractère récent –; l’u est par conséquent forcé de rester voyelle : dès lors la nasale sera consonne, et la forme *purúns se détermine. Les barytons en -u auront ensuite suivi cette analogie.
  68. Si le skr. amā́ « domi » pouvait se comparer au zd. nmāna « demeure », ou aurait un exemple de a = produit dans la période indienne. Mais le dialecte des Gāthās a demāna (Spiegel, Gramm. der Ab. Spr., p. 346), et cette forme est peut-être plus ancienne ?
  69. On peut néanmoins considérer l’αν ainsi produit comme représentant une nasale sonante, la nasale, comme dans le skr. ǵaghanvā́n = *ǵaghn̥wā́n (p. 34) ayant persisté devant la semi-voyelle. Ainsi ποιμαίνω = ποιμn̥yω. Dans un mot comme *ποιμνyον, s’il a existé, la langue a résolu la difficulté dans le sens inverse, c’est-à-dire qu’elle a dédoublé y en iy: *ποίμνιyον, grec historique ποίμνιον. Nous retrouvons les deux mêmes alternatives dans les adverbes védiques en -uyā ou -viyā : *āçwyā se résout en āçuyā́, tandis que *urwyā devient urviyā́. Dans ces exemples indiens on ne voit pas ce qui a pu déterminer une forme plutôt que l’autre. Dans le grec au contraire, il est certain que la différence des traitements a une cause très profonde, encore cachée il est vrai ; le suffixe de ποίμνιον est probablement non -ya, mais -ia ou -iya : il y a entre ποιμαίνω et ποίμνιον la même distance qu’entre ἅζομαι et ἅγιος ou qu’entre οὖσα et οὐσία. La loi établie par M. Sievers, Beitr. de P. et B. V 129, n’éclaircit pas encore ce point.
  70. Les aoristes du passif en -θη et en -η sont curieux, en ce sens que la racine prend chez eux la forme réduite, et cela avec une régularité que la date récente de ces formations ne faisait pas attendre. Exemples : ἐτάθην, ἐτάρφθην ; ἐκλάπην, ἐδράκην. A l’époque où ces aoristes prirent naissance, non seulement une racine δερκ avait perdu la faculté de devenir δκ, mais il n’est même plus question d’existence propre des racines ; leur vocalisme est donc emprunté à d’autres thèmes verbaux (par exemple l’aoriste thématique actif, le parfait moyen), et il nous apprend seulement que le domaine des liquides et nasales sonantes était autrefois fort étendu. Néanmoins certaines formes de l’aor. en restent inexpliquées : ce sont celles comme ἐάλην, ἐδάρην, où αλ, αρ est suivi d’une voyelle. Ces formes, comme nous venons de voir, se présentent et se justifient à l’aoriste actif après une double consonne, mais non dans d’autres conditions : il faut donc que ἐάλην, ἐδάρην soient formés secondairement sur l’analogie de ἐτάρπην, ἐδράκην etc., qui eux-mêmes s’étaient dirigés sur ἐταρπόμην, ἔδρακον etc.
  71. On a cependant en sanskrit gdha, gdhi, sá-gdhi, zd. ha-ɣδaṅhu, venant de ghas par expulsion de l’a et suppression de la sifflante (comme dans pumbhís).
  72. Les exemples parallèles prouvent qu’il n’est pas nécessaire de corriger misatô en dvisatô.
  73. Deutsche Grammatik, II, 289
  74. C’est une erreur. Grimm oublie le passage reproduit ci-dessus.
  75. «Decolor?» parce que Grimm lit murgfăre, malgré le circonflexe de Notker et malgré l’absence d' Umlaut.
  76. J’abandonne pour ce rapprochement celui que j’avais tenté ailleurs entre ingven (en ce cas = *hingven) et le sanskrit ģaghanam (forme première : *g1hn̥g2hen-).
  77. Cette flexion existait tout au plus dans Nerio, -ĕnis (Anio, -enis). Voy. L. Havet dans ces Mémoires, V, 447.
  78. L. Havet, MSL., V, 283.
  79. L. Havet cité dans le Dict étym. latin de MM. Bréal et Bailly, p. 260.
  80. Il n’y a pas à s’embarrasser du vieux haut-allemand alacra qu’on a coutume, d’après M. Curtius, de legarder comme congénère. Ce mot obscur n’est connu que par quelques gloses; il traduit mergulus (Steinm.-Sievers, I, 340, 26; 348, 1); à peine pourrait-on dire si son c représente un g ou un k gotique, c’est-à-dire un κ (χ) ou un γ grec.
  81. Pour l’esprit doux succédant à σϝ, cf. ἄσμενον, ἦδος, ἦθος, ἴδιος, ἰδίω. D’ailleurs le dialecte attique dit ἀλκυών.
  82. Le genre féminin entraînait, en germanique, l’abandon de l’ancien o bref (ἀλκυόν-), sans exemple dans les féminins en -n.
  83. Si l’on ne connaissait l’opinion fabuleuse des anciens au sujet du nid de l’alcyon, il serait naturel de croire que cet oiseau fut d’abord associé dans leur pensée à l’hirondelle des rivages, dont les nids souterrains se signalent comme ceux de l’alcyon par de petits trous pratiqués le long des rives escarpées. Je constate après coup que certains naturalistes comme Temminck (Oiseaux d’Europe, I, 418) reconnaissent et relèvent expressément une analogie générale entre l’ordre des Alcyons et celui des Chélidons.
  84. La glosse que voici nous apprend en outre l’existence d’un verbe λυθρόω dont le sens ne devait pas s’écartor beaucoup de celui d’«ensangIanter». Hésychius, éd. Schinidt: λελύθρωται χωρίον (= χορίον) ἀαπερρωγός. Le manuscrit porte λελύθμωται.
  85. Contre la quantité longue de l’o de rođra, voy. Schade, Altdeutsches Wôrterbuch, s. v.
  86. Curtius, Grundzüge4, 346. Les deux cas ne sont pas tout à fait similaires, en ce que l’ε d’ἐρέβινθος (cf. ervum) n’est pas un ε «prothétique» comme celui d’ἐρυθρός. Je me demande d’ailleurs si λεβίνθιοι n’est pas en réalité un tout autre mot qu’ἐρέβινθος: il touche en effet de bien près à λεβηρίς, λοβός «gousse de légume».
  87. Brugmann, Handbuch der klassischen Altertumswissenschaft, I, 44.
  88. Il faut partir des cas obliques comme θηρητῆρος, où les deux ρ étaient devant voyelle.
  89. Schol. Aristoph. Equ. 682 (Dindorf ) : κορία α δὲ εἶδος βοτάνης, τὸν (τὸ?) νῦν κολίανδρον.
  90. J. Schmidt, Journal de Kuhn, XXV, 153.
  91. Ἰπποπόλων, N 4, Ξ 227, — ῾Eρμῆς τ’ οἰοπόλος καὶ Λητοῦς ἀγαλαὸς υἱός, Hymn. Merc., 314: — Ὑσπόλοσ est contenu dans ᾽θσπολεῖν · συβωτεῖν (Hés.). — Nous laissons de côté les noms en -πόλος qui s’écartent du sens de gardien, pasteur, tels que πυρπόλος, ὀωειροπόλος, ainsi que les proparoxytons ἀμφίπολος, πρόσπολος, etc.
  92. 2. Cela est vrai surtout pour le composé βουκόλος, car les expressions βοῦς βουκολεῖν, et mieux encore ἵππους βουκολεῖν (cf. ἵπποβουκόλος), montrent un oubli de l’étymologie du premier membre qui autorise relativement au second une supposition analogue.
  93. Voir Curtius, Grundz.4, p. 700.
  94. Vieux saxon sethal (Confession et gloses), anglo-saxon seđel et seld (id = þl). Comme variante toute régulière de séþla- les mêmes dialectes ont naturellement pu connaître aussi *sedla-. Le frison sedel se rapporte-t-il au premier ou au second? C’est ce qu’il est aussi malaisé que peu important de décider. Sedle dans l’Hêliand ne serait pas moins ambigu si, au vers 5713, le correcteur du manuscrit C n’avait ajouté une barre au d. En tout cas, il y a des traces certaines de la forme à consonne sonore. Premièrement dans le texte vieux haut-allemand d’Isidore, outre sedhal on lit trois fois hôh-setli, dont le t ne saurait être pris pour un durcissement d = dh: il n’existe dans Is. que deux exemples assurés d’un tel t, chunt (2, 5) et baltliihho (9, 6), tous deux offrant une consonne avant le t. Il faut donc que -setli représente, non un got. *siþli, mais un got. *sidli, et cela est en effet conforme à la phonétique du texte (cf. guotliih, uuootnissa, etc.). Un autre continuateur de germ. *sedla- se cache, ce nous semble, dans l’anglo-saxon setl. Il se dénonce par la frappante identité de l’expression "sigan tô setle", en parlant du soleil, avec le "sigan te sedle" de l’Hêliand. C’est un des cas où tl est issu de dl; cf. "botl", "spâtl" (Sievers, "Beitr. de Paul et Braune", 5, 529). L’ancien *"sedla"- s’est confondu de la sorte en anglo- saxon avec le mot tout différent *"setla" (got. "sitls", v. h.-a. "sëzszal").
  95. D’autant plus facile qu’il existe, comme on sait, dans les langues d’Europe un suffixe -stro parti des racines en -s (monstrum, etc.).
  96. Les formes réputées régulières (où occl. dentale + tr semble donner str) ne sont pas elles-mêmes si nombreuses qu’on pourrait le croire. En grec, après ἔμπλαστρον qui vient d’être cité, je ne vois plus que μαστροί = μαστῆρες (Hésychius), à moins d’accueillir par exemple κονίστρα sous prétexte qu’il est flanqué de κονίζω et tout ce qui se présente dans des conditions aussi douteuses.
  97. Journal de Kuhn, XXVII, 198. Du pràcrit mettaṃ, l’auteur infère un skr. *mitram = μέτρον. Il resterait à savoir si mettaṃ ne représente pas plutôt le mot qui figure dans ni-mittam et qui n’appartient pas à la racine de mātram.
  98. Si ce n’est le traditionnel rapprochement avec φῖτυ (= *φῦτυ) qui n’est pas phonétiquement admissible.
  99. Nous renvoyons à l’important article de M. Louis Havet, Les syllabes μακραὶ ϑέσει, dans ces Mémoires, IV, 21 seq. Cf. son Cours de métrque, §§ 36 et 37.
  100. Au point de vue mécanique également, l’r (qui est une demi-fermeture) ne permet pas une explosion du t aussi forte que devant voyelle.
  101. Whitney, Sanskr. Gramm , § 232: « The ordinary usage of the mss. makes no différence between tliose groups in which a plionetic duplication is allowed by the rules given above [voir dans le texte b et c] and those in which the duplication is elymological. As every tv after a vowel may aiso be properly written ttv, so dattv and tattvá may be, and almost invariably are, written as dattvá and tatvá ... So in inflection, we have always, for example, maǵńá, etc., not maǵǵńá, from maǵǵán. Even in composition and sentence-collocation the same abbreviations are made: thus, hdyōtá for hddyōtá; ćhináty asya for ćhinátty asya . Hence it is impossible to détermine by the evidence of written usage whether we should regard ādhvam or āddhvam (from √ās), ádviḍhvam or ádviḍḍhvam (from √dviṣ) as the true form of a second person plural. » Cf. Bènfey, Vollst. Gramm., §§ 11) et 21.
  102. Voir l’ensemble de passages réunis dans l’article de M. Kirste (Mémoires, V, 106), chapitre du varṇakrama. La doctrine du reiloublement obligatoire est appliquée dans quehjuos manuscrits, comme ceux (appartenant au Yaǵur-Vída) que cite Bōhtlingk, Pāṇini1, II, p. 397, où on lit par exemple: sa ttvā = sa tvā (c’est-à-dire phonétiquement sat | tvā = sat | vā), aggnē = agnē, etc.
  103. Ainsi le redoublement sporadique dans une forme comme suttvà est le meilleur commentaire de la simplilication généralement faite dans datvā. Un mot qui reçoit souvent le redoublement facultatif est abbrram = abhram « nuage ». Je sais bien que l’interprétation indigène décompose ce mot en ap- « eau » + bhar « porter », et qu’on en pourrait précisément conclure que le redoublement n’est pas aussi arbitraire que nous le disons. Mais je demande comment cette fausse étymologie aurait pu naître et s’imposer, si le son n’y donnait prétexte, c’est-à- dire si abhram n’avait pas frappé l’oreille comme quelque chose de parlaitement équivalent à ab-bhram. Tout ce qu’on peut concéder, c’est donc que l’étymologie, vraie ou fausse, guide souvent le choix entre deux orthographes qui, en elles-mêmes, sont indifférentes.
  104. Dans le texte du Rig-Véda, nos éditions différencient taraddvēṣas-, yāvayaddvēṣas-et advēṣas. J’ignore si c’est sur l’autorité d’une tradition quelconque.
  105. Autres exemples: datram «don» = dad-tram (et l’adjectif ḍatrimas), patram «feuille, aile» = pat-tram, probablement aussi kṣatram «imperium» = kṣad-tram (kṣad- distribuer, dispenser), çatrus «ennemi» = çad-trus conformément à l’étymolngie qu’on trouve dans le Mahàbhàrata (8,1992): çatruḥ çadatēḥ. Nous ne mentionnons pas les formes comme satvam = sat-tram, tatvam = tad-tvam, ou les gérondifs tels que datvā, à cause de leur caractère récent.
  106. Les dictionnaires donnent sattram, avec une autre orthographe que piṭrā: distinction vaine, comme toute distinction entre -tr- et -ttr- sanskrit. Dans le Véda par exemple, satram, datram, patram ne reçoivent jamais qu’un seul t comme piṭrā. Si nous nous abstenons d’en tirer un avantage facile, c’est justement que nous n’attachons pas d’importance aux variations indiennes entre -tr- et -ttr-. Autrement quoi de plus simple, encore une fois, que de dire: «satram prouve *setrom», ce qui clorait la discussion de façon péremptoire?
  107. Remarquons en revanche que «hastrem» ne ruinerait pas irrémissiblement notre système, une telle forme pouvant toujours s’expliquer par l’analogie, aussi bien que -πλαστρον en grec. C’est pouniuoi il n’y a pas d’objection absolue à tirer par exemple de hamōistra «opposition». D’ailleurs cette forme, d’après M. James Dannesteter, qui a bien voulu me la signaler, vient probablement de la racine qui est en sanskrit mith-, plus exactement mithi- (racine dissyllabique). Sur qāstra- faussement rapporté par Justi à qād-, voir J. Darmesteter, Études iraniennes, II, 189 seq.
  108. Cette division ne répond pas à la coupe indo-européenne après voyelle longue, mais il s’agit de faits de la période germanique et même allemande.
  109. Quoique phonétiquement satram puisse sortir de *setstrom, *satstram, aussi bien que de *setrom.
  110. Les formes lituaniennes comme augti (d’ailleurs prononcé aukti) ne signifient rien, comme le prouve p. ex, duktē = *dugtē «fille».
  111. Comme *sĕ-lŭō devenu solvō.
  112. Ou *wilfan *walf avec f pour hw?
  113. Encore faut-il noter qu'on .trouve bien \§- pour une sifflante destinée de toute façon à rester sifflante en zend, par exemple x*- équivalent de s- dans Xsi/aoQna- conr;urremment à syaoQnn- (skr. ci/autna-), ou xs- équivalent de s- dans xslâ- concurremment à stâ- (skr. sthd-); — mais non, semljle t-il, jjour des s qui donneraient h à l'état régulier.
  114. Il faut distinguer cette racine bherg2- de la racine ’bhleg1- (φλέγω; fulgeo, moy. haut-all. blecken «fulgurare» = *blakjan, skr. bhrāģati, avec g1, comme l’enseigne véd. bhrāṭ, racine dont la forme vraie est d’ailleurs probablement bhelag1-, vu le -- de flā{g)men indiquant ļ long et l’a de flagro, flamma (qui toutefois est bref): ainsi s’explique skr. bhrāģ-, valant «bhariģ-», comme drāgh(īyān) vaut «darigh», gr. ἐν-δελεχής.
    Outre ’bherg2- et ’bhelag1-, il existe une troisième racine: bhrek2- dans le gotique brahw «coup d’oeil», moy. haut-all. brehen «luire» (all. mod. der Tag bricht an), lit. brḗkβta «le jour point», ce dernier avec le même ē letto-slave que dans sēd- «sedere» en regard de sĕd- primitif.
  115. Ici pourrait aussi se placer vlûga, le nom slavon du loriot, cet oiseau qui, ordinairement invisible sous la feuillée, ne trahit sa présence que par un des plus vigoureux sifflets qu’on entende sous nos bois. L’étymologie vaudrait, en tout cas, celle qui rattache ce nom à la famille de vlaga «humidité» (parce que le chant du loriot est censé annoncer la pluie).
  116. Qui toutefois peuvent de leur côté se rapprocher de λίγδην «en frôlant», ce qui nous transporte bien loin de Μοῦσα λὶγεια
  117. Serait-il vrai, comme l’admet M. J. Schmidt (K. Z., XXV, 117), que le rhodicn λοφνίς «flambeau» fût pour λουχνίς par une transformation inverse?
  118. Ce qui peut s’entendre en deux sens différents. Ou bien « plein de vie, ayant toute sa vitalité ». Ou bien menant bonne vie, observant l’hygiène (εὐ-δίατος). La seconde interprétation se recommanderait peut-être par le seul passage d’Homére où le mot se rencontre : μῦθος ὑγιής (Θ 524) « avis sain et sage, parole exprimant le parti le plus sage à prendre ».
  119. C’est peut-être aussi dans cette direction qu’il faut chercher la clef du cypriote ὕϝαις ζᾶν « à perpétuité ».
  120. Nous regrettons de ne pouvoir ici justifier par le détail chacune des formes que nous faisons prendre à la racine «g2iw-» Il faudrait montrer comme quoi le groupe fondamental est g2iwa- (βιϝῶναι), comme quoi ce groupe a régulièrement pour forme faible g2ju-, comment enfin ce g2ju- fait très secondairement g2iw- devant voyelle. Bornons-nous à constater l’e.xistence historique de g2ju- dans le désidératil indien gu-gyu-sa-ti «il veut vivre», qui se lit soit dans le Çaiapatha-bhrahmana, soit dans l' Aitareya-bhrahamana.
    Maintenant, comme l' u et l' u primitifs restent deux phonèmes complètement distincts, malgré toutes les tentatives de MM. Osthoff et Brugmann pour les confondre, il est certain que l’ υ bref d’ ὑγιής est une circonstance assez défavorable à la restitution (g2)ju-(g2)iw-es .