Poésie (Rilke, trad. Betz)/Premières poésies/L’Angelot
L’ANGELOT
Je marche dans la Malvasinka
en suivant l’allée des enfants,
où dorment Anka ou bien Ninka,
de leur sommeil le plus pesant.
Sur un tertre est agenouillé
— les hauts pavots le cachent presque, —
poussiéreux, l’aile cassée,
un angelot en terre glaise.
Il fait pitié, l’enfant sans aile.
Je le regarde : pauvre mignon !
lorsque tout à coup de ses lèvres
s’envole un frêle papillon.