Poésie (Rilke, trad. Betz)/Premières poésies/Air populaire
AIR POPULAIRE
Combien toujours me touchent
les vieux airs de Bohème.
Dans mon cœur ils insinuent
leur tristesse et le font lourd.
Lorsqu’un enfant, quelque part,
en sarclant fredonne,
sa chanson me poursuit
jusqu’en rêve, la nuit.
On a beau voyager
au loin, sur la terre,
après bien des années
il faut qu’on s’en souvienne.