Philosophie anatomique. Des monstruosités humaines/Description d’un monstre humain, né à l’Hôtel-Dieu de Paris en août 1821, où l’on donne les faits anatomiques et physiologiques d’un genre de monstruosités du nom de podencéphale/§ XII

Chez l’auteur, rue de Seine-Saint-Victor, no 33 (p. 456-471).
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Description d’un monstre humain né en août 1821, du genre podencéphale.

§ XII. De la mère du podencéphale et des circonstances de sa grossesse.

Cette malheureuse mère est appelée Joséphine dans le cercle assez borné de ses relations. C’est de son aveu que je donne ici ses noms, Marie-Joséphine Dorée ; son âge, vingt-huit ans ; sa profession, domestique ; son état civil, fille vivant, sous la foi d’une promesse de mariage, avec un aide de cuisine plus jeune qu’elle, du nom de Tilman ; et les communications suivantes touchant sa grossesse. Joséphine est une femme de moyenne taille, d’une complexion faible, maigre, à teint clair et à cheveux châtains foncés. Elle devint mère, en août 1821, pour la première fois. Entrée à l’Hôtel-Dieu, et afin d’y obtenir plus de considération, elle s’y donna pour femme mariée, et s’y fit inscrire sous les noms inexacts de Marie-Louise Tilman : admise le 25 août, elle occupa, jusqu’au 17 septembre, le lit no 6 de la salle Sainte-Monique.

J’ai retrouvé cette femme rue de la Savonnerie, no 10, à Paris, n’ayant pour logement qu’une soupente pratiquée dans le comble d’un grenier. Enceinte, elle n’avait que ce gîte, où, après avoir monté cinq étages, elle arrivait, c’est-à-dire à un sixième, par escalade et en gravissant le long d’une échelle placée presque droite. De quelles douleurs mon désir de savoir ne m’a-t-il pas alors rendu confident ?

Mes informations furent prises tant auprès de Joséphine que de Tilman : je les ai tous deux rencontrés dans les deux visites que je leur ai faites. Il m’a paru nécessaire d’aller, un mois après, vérifier l’exactitude des faits qui m’avaient été communiqués lors de ma première information.

Joséphine avait d’abord été une cuisinière dans l’aisance ; mais ses liaisons avec Tilman lui firent perdre sa place et successivement tous ses autres avantages. Devenue enceinte, elle n’en fut que faiblement affectée, et seulement dans la crainte de ne pouvoir rentrer en maison, ou de n’obtenir qu’une place difficile à tenir. Tombée présentement dans la plus affreuse misère, et conséquemment toute dévorée qu’elle est aujourd’hui par le chagrin, elle se plaît cependant toujours avec le compagnon de son choix, et vit avec lui sans y être portée par aucun désir de volupté, qu’elle ne connut jamais.

Cependant ses pressentimens se vérifièrent : sortie de placé à Noël 1820, elle rentra dans une autre vers le 15 janvier suivant ; mais cette fois, forcée de tout avouer, elle trouva des maîtres peu délicats qui la prirent pour domestique à tout faire, et qui abusèrent de ses forces. Ainsi elle fut employée aux travaux les plus durs, comme fendre le bois, le monter à un troisième étage ; faire des savonnages, et les pourvoir d’eau, qu’elle puisait elle-même et qu’elle montait dans les appartemens ; porter aussi dans les caves, à un second étage inférieur, de l’eau, et l’employer à rincer des bouteilles ; frotter les chambres, etc. Vers la fin du jour, c’était une fatigue extrême, qui se faisait ressentir par de cuisantes douleurs, surtout aux pieds.

Joséphine ne put tenir à ce train de vie plus de trois semaines : excédée et malade même assez gravement, elle se décida à reprendre sa chambre, vers laquelle elle s’achemina, non sans éprouver plusieurs fois des défaillances en route. Ayant à rapporter ces faits à l’âge de la grossesse, je fixe le commencement de celle-ci au 19 novembre 1820, en calculant le temps de la gestation sur le pied de deux cent quatre-vingts jours. Le résultat de ces excessives fatigues fut un gonflement considérable du ventre, qui fut singulièrement douloureux, qui dura de quinze à vingt jours, et qui se dissipa par le repos.

Ainsi l’état de souffrances de Joséphine se compliquait des incommodités qui accompagnent assez souvent les grossesses, de malaises, de douleurs dans le côté droit, et de vomissemens assez fréquens. Il y eut si peu de relâche dans son état, qu’elle renonça à se réengager dans le service. Alors pour vivre ainsi sans gagner, il lui fallut fréquemment recourir à l’assistance, si chèrement vendue, des maisons de prêt.

Cependant Joséphine allait journellement rendre des soins à une sœur marchande de grosse faïence, laquelle mettait aussi ses secours à prix, en occupant sa sœur à porter sa marchandise vendue : c’était le plus souvent des fardeaux si lourds, que Joséphine s’en est plusieurs fois trouvée mal en chemin ; ce qui lui arriva nommément la veille de ses couches, ayant eu ce jour deux paniers très-pesans à porter.

Une circonstance de la grossesse sur laquelle le père de l’enfant insistait beaucoup, était le peu d’apparence du ventre : Joséphine en avait été elle-même très-occupée, au point de s’attendre à une couche extraordinaire. Cependant l’enfant dont elle accoucha était, à la tête près, fort gros, plus volumineux du corps que ne le sont ordinairement les nouveau-nés. La quantité plus ou moins grande des eaux de l’amnios explique ces différences : il paraît qu’il y avait pénurie de ces eaux chez Joséphine. Ce serait aussi à conclure des faits suivans.

Quelques douleurs surprirent cette femme dans la matinée du 25 août, et l’engagèrent à se tenir sur ses gardes. Une douleur plus vive fut suivie d’un écoulement en blanc, mais peu abondant, bien moindre que celui des menstrues. Une coquille de noix, au dire de Joséphine, eût recueilli tout ce liquide. Cependant la poche fœtale aurait-elle été percée dès ce moment ? Ce qui le pourrait faire croire, c’est qu’aucun autre écoulement ne précéda l’enfantement.

Sur ces indices, Joséphine se détermina à se rendre à l’Hôtel-Dieu : elle s’y présenta sur les onze heures du matin. Puis, se sentant mieux, elle retourna chez elle ; mais enfin elle reparut, et prit position sur les cinq heures du soir. L’accouchement eut lieu dans la nuit, de onze heures et demie à minuit. Rien n’annonçant qu’il dût être aussi prochain, Joséphine accoucha, sans être aucunement secourue, seule et sans difficultés. La tête de l’enfant n’avait point assez de volume pour être retenue long-temps au passage.

Quand cette malheureuse mère eut appris de quel enfant elle venait d’accoucher, elle s’occupa de ce qui avait pu en causer la difformité, et elle se fixa sur les circonstances suivantes, qu’elle communiqua d’abord à l’Hôtel-Dieu, à M. Jacquemin[1], et qu’elle me raconta depuis à peu près dans les mêmes termes.

Première remarque. Elle était enceinte d’environ six mois, quand elle se trouva dans une rue à portée de deux hommes qui se battaient : elle ne put éviter que l’un d’eux ne la heurtât, d’où elle fut renversée sur une borne. Elle sentit dès lors, dans le bas-ventre, comme un mouvement violent de l’enfant : elle crut démêler que son enfant s’était agité à l’ordinaire, mais bien plus vivement : elle en avait pu apprécier le degré par une sensation des plus douloureuses. Elle s’écarta, et, quelques pas plus loin, se trouva mal. Ce fut avec beaucoup de peine, émue et fort souffrante, qu’elle rentra chez elle. Les jours suivans, elle fut malade au point de garder le lit ; et, depuis, elle ne cessa d’être plus ou moins incommodée.

Deuxième remarque. Étant dans le huitième mois de sa grossesse, Joséphine eut aussi l’esprit frappé, et ne cessa de s’occuper d’une hideuse figure, qu’un jeune mendiant, placé à une porte d’auberge, lui offrit plusieurs jours de suite : c’était sur cette circonstance que Joséphine insistait le plus, y ramenant sans cesse ses réponses.

J’ai reçu aussi de cette femme une autre communication que je crois utile de rapporter. On ne parvint pas à la délivrer, peu après son accouchement. À un premier essai, on cassa le cordon ombilical : le chef du service survint, qui n’y réussit pas davantage. On laissa Joséphine en repos, et ce ne fut qu’à la visite du lendemain matin, dix heures après, que M. Jacquemin lui donna ses soins et la soulagea. À ce moment même, les efforts de la matrice n’avaient point disposé le détachement du placenta, et il ne céda qu’à des soins préalables et manuels. M. Jacquemin m’a confirmé ces détails.


Post-scriptum. Les circonstances d’une grossesse, durant laquelle un enfant monstrueux se développe, pouvaient offrir de l’intérêt ; j’ai désiré les connaître, et je viens de donner ce que j’en ai pu recueillir. J’ai agi sans préventions, absolument sans aucune idée d’avenir. Ainsi, quand j’ai eu écrit il y a six mois le récit qu’on vient de lire, j’ignorais de quelle manière je pourrais le lier à l’histoire physiologique des monstruosités. Au moment de faire usage de ce récit, j’ai cru ne devoir rien changer à ma première rédaction, chacun pouvant de cette manière employer, commenter et raisonner à son gré les faits qui y sont rapportés.

Cependant ce ne fut pas uniquement pour ce but éloigné que je les recueillis, principalement quelques détails qui me paraissent peu compatibles avec le sérieux de cet ouvrage : il était de plus entré dans mon plan d’employer pour mon propre compte ces mêmes renseignemens. Satisfait de les avoir présentés dans une sorte d’a-parte, j’en réserve la discussion pour le mémoire suivant.


Explication des planches VI et VII.

Premièrement. De la planche VI, ou de la planche relative au podencéphale.

Nota. Toutes les figures de la planche VI sont représentées de grandeur naturelle, excepté la fig. 8, diminuée de moitié. Elles donnent tous les faits de monstruosité du podencephalus illustratus ; la fig. 7, quelques-uns de ceux du podencephalus longiceps, et les fig. 3 et 4, certaines conditions du système circulatoire chez des fœtus réguliers.

Fig. 1. Tête représentée de profil, pour faire apprécier l’état inverse du développement de la face et de la boîte crânienne dans cette monstruosité. La face, seule favorisée dans son accroissement, reproduit certaines conditions du caractère nègre, le nez large et épaté, les mâchoires avancées, et généralement l’angle facial plus aigu.

d hémisphère droit du cerveau : g hémisphère gauche.

Fig. 2. Elle a pour objet tant les anomalies du système sanguin exprimées par des lettres italiques, que la forme des os du crâne, indiquée par des lettres majuscules.

a artère sous-clavière droite : b carotide primitive : c cœur : d crosse de l’aorte : e artère sous-clavière gauche : f cervicale transverse : g hémisphère gauche : h vertébrale : k aorte : i carotide externe : j carotide interne : l linguale : m sous-mentonnière : n temporale : o auriculaire postérieure : p sphéno-épineuse : q occipitale postérieure : r thyroïdienne supérieure : s thyroïdienne inférieure : t corps thyroïde : yyy poumons : x diaphragme.

d′ lobe cérébral de droite : g′ lobe cérébral de gauche.

K frontal : R temporal : T pariétal : U sur-occipital : V ex-occipital : X sous-occipital.

Fig. 3. Développement de la carotide primitive d’après un enfant nouveau-né et un sujet dans l’état normal.

A artère sous-clavière gauche : B carotide primitive : E sous-clavière droite : I carotide externe : J carotide interne : L linguale : N temporale : O auriculaire postérieure : Q occipitale postérieure : R thyroïdienne postérieure : S thyroïdienne inférieure : T corps thyroïde.

Fig. 4. Développement de la carotide primitive d’après un enfant de quatre ans, mort d’une inflammation du cerveau.

b carotide primitive : i carotide externe : j carotide interne.

Fig. 5. Cerveau vu par le sommet et d’avant en arrière.

d lobe cérébral droit : g lobe cérébral gauche.

Pièces du crâne ; K frontal : Œ les ingrassiaux, marqués en lignes ponctuées : R temporal : T pariétal : V ex-occipital : U sur-occipital.

Fig. 6. Toutes les masses encéphaliques et une portion de la moelle allongée vues par derrière.

a moelle allongée : b′ lobe gauche du cervelet : b lobe droit du cervelet : g lobe gauche du cerveau : d lobe droit du cerveau.

Fig. 7. Coupe prise d’après le crâne du podencephalus longiceps.

P rocher : T temporal : U sur-occipital : V ex-occipital : X sous-occipital : Y corps du sphénoïde.

Fig. 8. Appareil urinaire et dernier intestin ; ils sont représentés de moitié de grandeur naturelle.

a-b avant-dernière poche intestinale : s dernier canal ou rectum (on y a pratiqué une incision longitudinale). l est le signe d’un lien pratiqué autour de la grande poche, pour y retenir les objets qui y étaient contenus, n et n′ sont deux urétères très-volumineux, disposés et contournés comme le sont les intestins grêles ; n l’urétère de droite, et n′ celui de gauche. De ce dernier côté est un troisième urétère m, grêle et conformé comme ordinairement. R est le rein, et V la vessie urinaire.

Fig. 9. Vessie urinaire de grandeur naturelle et représentée fendue par-devant, ses bords étant écartés à droite et à gauche.

V vessie urinaire, vue par l’intérieur : m, n, n′, ouvertures et rapports de situation des urétères : o pli ou sphincter de la vessie à son entrée dans l’urètre : c entrée du rectum dans le même canal : u ce canal au delà, ou l’urètre.

Fig. 10. Arrivée et convergence au même lieu des trois voies excrémentitielle, urinaire et génitale.

V une section de la vessie urinaire, vue par derrière : n′ et n urétères pelotonnés en zigzag : ss rectum fendu, pour montrer ses plis longitudinaux : q prostate.

Parties sexuelles ; A testicule : E épididyme : I canal déférent.

Fig. 11. Pénis vu de face. u le gland.

Fig. 12. pénis ouvert longitudinalement. u le gland : f le frein : d le derme : o les lames du canal intérieur.

Secondement. De la planche VII, ou de la planche relative aux organes génito-urinaires des mammifères et des oiseaux.

Nota. On a représenté les organes génito-urinaires de cette planche d’après les espèces ou sujets ci-après ; savoir : fig. 1, le Dindon ; fig. 2, 3, 4, 5 et 6, la Poule ; fig. 7, 8 et 9, le Canard ; fig. 10, 11, 12, 13 et 14, le Lapin ; fig. 15, la Taupe ; et fig. 16, le Paon.

Fig. 1. Parties externes d’un dindon mâle écartées, ouvertes et dessinées sur l’animal vivant.

abc, l’unique orifice des trois voies des grandes sécrétions, savoir, de l’excrémentitielle a, de la génitale b et de l’urinaire c : pp corps caverneux : v grandes lèvres : h petites lèvres.

Fig. 2. Les mêmes parties externes d’après une poule vivante.

abc comme dessus : v et h de même : pp clitoris.

Fig. 3. Les parties externes d’une poule tout-à-fait ouvertes.

U premier espace ou bourse de copulation : V le col ou l’entrée de la vessie : O orifice de l’utérus : i sphincter de l’oviductus.

Fig. 4. Le même appareil sexuel chez la poule, mais beaucoup plus ouvert et fendu jusqu’au rectum.

U est la bourse de copulation, fendue et étendue à droite et à gauche : O l’entrée de l’utérus : i celle du grand oviductus. d-d′ est un bourrelet entre la vessie et la bourse de copulation ; c’est ce bourrelet qui est indiqué en place, lett. V, fig. 3. b-b′ est un autre bourrelet circulaire comme d-d′, mais qui forme en dedans une autre ceinture. Entre ces deux bourrelets est la vessie urinaire V, ou ce qui en est le vestige ; les deux urétères y aboutissent en t, t. Puis, R est la poche vestibulaire du rectum, et R′ le rectum.

Fig. 5. Le même appareil sexuel de la poule, vu par le côté extérieur.

R est le rectum ; il est là hors de sa situation naturelle : pour l’y replacer, il faudrait en ramener le haut vers le bas de la figure ; mais il cacherait l’utérus, qu’on a voulu montrer. O est l’utérus ; son entrée a été indiquée, mêmes lettres, fig. 3 et 4. I est une portion du grand oviductus ou de l’oviductus de gauche, et i est l’oviductus de droite en entier. (La dimension de ce dernier organe varie, chez la poule, d’un à quinze centimètres), t, t, sont les urétères.

Fig. 6. Oviductus du côté droit observé sur une poule.

Cet oviductus, qui est un organe rudimentaire, c’est-à-dire le petit oviductus de droite, est ici figuré à moitié de sa grandeur naturelle chez le sujet où il a été observé : on y voit des formes distinctes, le tube de Fallope m, l’ad-uterum n, et un canal excréteur o, qui répond sans doute au vestibule de l’oviductus. Le tube de Fallope est sans issue à son extrémité. Tout l’appareil s’est trouvé rempli d’un fluide transparent et de teinte laiteuse, qui, essayé au feu, s’est coagulé, et a, de cette manière, trahi sa nature albumineuse.

Fig. 7. Organes génito-urinaires d’un canard musqué mâle.

On a fendu la bourse de copulation U par le milieu, laissé en place le côté droit, et rejeté et étendu la partie située à gauche : ainsi l’on voit l’extérieur sur la droite, et l’intérieur de l’autre côté. myf sont des muscles qu’on n’a pas dégagés de leurs tuniques : P le pénis. zz indiquent la rainure, disposée en spirale autour du pénis que doit suivre la semence : R le rectum vu extérieurement : tt les urétères : II les canaux déférens : ii le point de leur insertion. À droite se voit une portion du canal déférent iI dans son état flexueux, avec plis et zigzags comme à l’ordinaire ; et à gauche iII, ce même canal en son entier et tiré sur lui-même pour en montrer toute la longueur. E est l’épididyme, et A le testicule. O est la vésicule séminale ; dans d’autres espèces, elle est plus petite, ou même n’existe qu’en traces difficiles à saisir.

Fig. 8. Mêmes organes d’après un canard domestique mâle.

Tout l’appareil est fendu longitudinalement, et présente distinctement les parties intérieures. U est la même bourse de copulation que chez les femelles ; elle sert à retirer le pénis P. z est la ligne de rainure, plus manifeste dans la figure précédente. ii sont des tétines percées à l’extrémité, lesquelles proviennent du prolongement saillant intérieurement des canaux déférens : tt les ouvertures des uretères, b-b′ est le bourrelet circulaire, mêmes lettres, fig. 4. Le bourrelet excentrique d-d′, qui est dans la poule, manque dans le canard ; le volume considérable du pénis en a ici opéré le déplissement : de plus, le refoulement des parties vers l’inférieur, qu’occasione le retrait du pénis, se fait surtout ressentir à la sortie des urétères, dont cela porte les orifices sur le bourrelet b-b. N’y ayant plus de vessie urinaire bien circonscrite, les urines se rendent dans la bourse vestibulaire du rectum R, où elles sont privées d’aller plus loin, c’est-à-dire dans le rectum proprement dit R′, par un sphincter très-prononcé et très-énergique s-s. Chez la poule, où ne manque pas la bride d-d′, le sphincter s-s n’est pas aussi prononcé. Ce sphincter s-s arrive à l’extérieur, quand le canard doit fienter : l’ampleur du vestibule R, ses replis longitudinaux et l’épaisseur du bourrelet b-b′, qui alors se débride momentanément, en font concevoir la possibilité.

Fig. 9. Bourse de copulation d’un canard domestique mâle.

On s’est borné à fendre la couche musculaire qui enveloppe l’organe sexuel, et on l’a rejeté à droite et à gauche, lett. mm. La précédente figure montrait les tétines des canaux déférens à distance ; mais, pour faire savoir que cela tenait à la préparation, on place ici l’entrée de l’organe sexuel dans l’état naturel. Les tétines ii sont près l’une de l’autre, et sont même encore plus écartées qu’il ne conviendrait, par l’obligation d’entr’ouvrir la bourse, afin de les rendre visibles ; elles sont dirigées en dehors, et versent dans le repli en tire-boudin du pénis. P est ce qui en paraît au dehors, quand le pénis est rentré. Vers P′, on aperçoit au travers des tégumens le froncement du pénis, enroulé sur lui-même à sa racine.

Fig. 10. Orifices des organes excréteurs du lapin mâle.

a orifice de la voie excrémentitielle, ou anus : bc orifice commun à la voie urinaire et à la voie génitale : P pénis : U bourse de copulation servant à retirer et à contenir le pénis, ou son fourreau : g glande anale.

Fig. 11. Organes génito-urinaires du lapin mâle.

P l’extrémité du pénis : U son fourreau, ou la bourse de copulation : V la vessie urinaire, et U ses urétères : O la vésicule séminale, et II ses canaux déférens, se réunissant et s’insérant en i : E l’épididyme, composé d’un canal flexueux d’abord distinct, puis ramassé et enroulé : A testicule. Les lignes ponctuées RR indiquent le rectum, et les cercles les boulettes stercorales, dont la saillie se manifeste au travers de l’intestin.

Fig. 12. Orifices des organes excréteurs du lapin femelle.

a, comme à la fig. 10 : bc et g, idem : U bourse de copulation (vulve), servant à retirer et à contenir le pénis de la femelle, ou le clitoris.

Fig. 13. Organes génito-urinaires du lapin femelle.

P clitoris : bc orifice commun à la voie urinaire et à la voie génitale : a orifice particulier à la voie excrémentitielle : V vessie urinaire, et tt ses urétères : A testicule de la femelle, ou ovaire : EE tube de Fallope, ou l’épididyme déroulé : II cerne de la matrice (ad-uterum), ou le canal déférent du mâle ; on a ouvert ce dernier canal en ii, pour en montrer les plis longitudinaux et son col ou sphincter, du côté de l’utérus : O utérus ; on ne saurait, dans le lapin, le distinguer du vagin ou de la bourse de copulation : l’allongement de ces deux parties, distinctes chez la plupart des autres mammifères, en occasionne chez le lapin la confusion ; ce qui en fait le caractère propre et spécifique. RR, ou les lignes et les cerclés ponctués, sont le rectum et les boulettes stercorales de cet intestin.

Fig. 14. Vésicule séminale du lapin, ouverte.

O est cette vésicule, que l’on a ouverte pour montrer les orifices ii des canaux déférens II : ces orifices sont bordés par un petit bourrelet, vestige des tétines visibles en ii, fig. 8 et 9. V est une portion de la vessie urinaire, et v son ouverture dans l’urètre, j est l’issue, d’où la semence pénètre dans le même canal.

Fig 15. Orifices des canaux excréteurs d’une taupe femelle.

a est l’orifice de la voie excrémentitielle, b celui de la voie génitale, et c celui de la voie urinaire : ainsi, dans cet exemple, il est une issue particulière et distincte pour chacune de ces voies.

Fig. 16. L’utérus ouvert d’un paon femelle.

U est la partie extérieure de la bourse de copulation. O est l’utérus ; on l’a ouvert à gauche, pour en faire voir, lett. o′, les plis longitudinaux : c’est la même structure qu’en ii′, fig. 13. u sont les urétères.

TABLEAU

Donnant l’indication des organes correspondans dans des deux sexes, au moyen de lettres semblables.
NOMS DE CES ORGANES
dans le sexe mâle. dans le sexe femelle.
A
Testicule. Ovaire.
E
Épididyme. Tube de Fallope.
I
Canal déférent. Corne de l’utérus.
O
Vésicule séminale. Corps de l’utérus.
U
Fourreau du pénis. Vagin.
P
Pénis. Clitoris.

Nota. Il est à remarquer que les objets des fig. 1, 2, 3, 4, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 15 sont représentés du côté ventral, et que ceux des fig. 5, 7, 14 et 16 le sont du côté dorsal.

  1. L’élève interne alors attaché à la division de M. le docteur Petit, jeune élève en médecine donnant de grandes espérances.