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Quand on ouvre un foyer de suppuration considérable, il faut l’évacuer à plusieurs reprises, pour empêcher que le malade ne tombe en foiblesse, que le changement de l’altération soudaine & singulière dans les organes, qui trouble la manière d’être du principe de vie, amènerait à coup sûr, si l’on n’avoit l’attention de placer ces évacuations successives à de longs intervalles, afin de retenir d’autant plus long-temps la matière purulente, qu’elle est elle-même le meilleur résolutif des callosités & des duretés qui se forment au bord de la playe.

L’instrument tranchant suffit pour les abcès dont le pus n’est pas d’une nature maligne, & dont les parties ne sont pas bien altérées ; mais lorsqu’elles sont menacées de gangrène, & que le pus est d’un mauvais caractère, il vaut mieux, comme le pratiquoient les anciens, les ouvrir avec un fer rouge ; par exemple, dans les abcès aux cuisses, les ustions seroient sur-tout avantageuses avant parfaite maturité ; elles pourroient même prévenir la congestion des humeurs qui doivent les former. On pourroit pratiquer dans d’autres cas des brûlures avec des mèches, &c. M. AMI.

SUPPURATION. médecine vétérinaire. La suppuration est un changement ou conversion de l’humeur qui forme une inflammation ou un apostême, en une autre appelée pus. (voyez Apostême)

Le pus est constamment le produit d’une inflammation, mais toute inflammation ne donne pas les mêmes résultats. Tel degré de chaleur effectue la résolution tel autre dans lequel tous les vaisseaux de la partie sont tellement obstrués, que le cours du sang y est interrompu, & qu’elle se trouve suffoquée par le volume de ce fluide, est le principe de la gangrène & du sphacèle. (Voyez ces mots) Il faut donc dans les mouvemens qui opèrent la suppuration, une certaine intensité, qui est, si j’ose m’exprimer ainsi, le point milieu entre la disposition qui conduit à la première de ces terminaisons, & celle à laquelle la mortification succède.

Cet état moyen peut encore varier : ou l’action des solides est trop forte, ou elle est suffisante, ou elle est trop foible.

Dans le premier cas, il est évident qu’il faut mettre un frein à la tension, appaiser le mouvement, la douleur & la chaleur. Les émolliens, les anodins, rempliront ces vues ; ils humecteront, ils relâcheront les solides, ils diminueront l’inflammation, ils en borneront les progrès, ils préviendront la suffocation ; une partie ces humeurs engorgées, auxquelles leurs molécules se seront unies, recouvrera la liberté de son cours ; l’autre subira le changement auquel l’oscillation modérée des canaux la soumettra ; ils en faciliteront même l’évacuation au-dehors, en affoiblissant les tégumens, &c.

Dans le second cas, il suffit, pour aider le succès des mouvemens spontanés, ou plutôt pour en accélérer l’effet, d’entretenir la chaleur interne de la partie, soit en la garantissant de l’accès & de l’impression de l’air, soit en y retenant l’humeur perforante, qui d’ailleurs se mêlant alors à la matière engorgée, ne peut que la rendre plus