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de manière que l’eau ne sauroit s’y arrêter. Après l’hiver, on régale la terre du talus dans toute la circonférence.

Si au contraire le sol est naturellement sec, sablonneux, & très perméable à l’eau, on disposera la terre, après que l’arbre aura été planté, en vaste bassin, dont la partie la plus basse sera celle qui avoisine le tronc, afin de recevoir & de concentrer une plus grande quantité d’eau pluviale.

IV. De la manière de planter. Je n’ai cessé dans tout le cours de cet Ouvrage, de dire qu’on ne devoit jamais diminuer la longueur des racines, que le pivot, (consulter ce mot) devroit être conservé en entier, & je répéterai ces maximes autant de fois que l’occasion s’en présentera, parce que l’erreur, ou l’abominable coutume de mutiler les racines, est trop générale & trop enracinée. Consultez ce qui a été dit à ce sujet aux articles Abricotiers, Amandiers, Pêchers, &c. Sous le beau prétexte de parer, de rafraîchir les racines, on prive l’arbre des seuls moyens que la nature lui a donnés pour assurer sa reprise. Laissez dire vos jardiniers, doublez la largeur & la profondeur des fosses, & plantez l’arbre avec toutes ses racines.

Les planteurs ont pour maxime d’orienter l’arbre, c’est-à-dire, de placer son tronc dans la même position qu’il avoit dans la pépinière, dans la forêt, &c. ; c’est encore une erreur. Plantez-le du côté qu’il vous plaira, pourvu qu’il s’aligne bien avec les autres, & que ses racines aient toute leur étendue.

On doit se ressouvenir en plantant, que la bonne terre fraîchement remuée, se tasse d’un pouce par pied, & la mauvaise se tasse beaucoup plus. L’arbre suit le tassement de la terre. Il se trouvera donc trop enterré après que le poids naturel de la terre, & les pluies, l’auront fait affaisser. Enfin, il doit être planté de manière que le collet des racines soit à fleur de terre, parce que son grand travail, l’objet auquel il est destiné, c’est de pomper l’air, & de le distribuer ensuite aux racines.

Si l’arbre est greffé, le bourrelet formé par la greffe doit nécessairement rester à fleur de terre, quoiqu’on pratique tout le contraire dans plusieurs de nos provinces, mais aussi on n’y voit que des arbres à feuilles jaunes & languissantes, & des arbres qui périssent bien vite. Sur la solidité de ces assertions, rien ne convaincra mieux que l’expérience ; faites-la donc en plantant, comme il a été dit, aux mots Abricotiers, Pêchers, &c. & à la manière du pays.

Dans plusieurs provinces on a la détestable coutume de piétiner la terre à mesure qu’on la place sur les racines, c’est-à-dire, qu’on en forme un mastic, sur-tout lorsqu’elle est par elle-même un peu tenace. Il convient, il est vrai, de ne laisser aucun vide ; mais l’excès de précaution est nuisible, & tout homme qui réfléchit en sent les conséquences. On doit choisir, pour entourer les racines & le pivot, la terre la plus douce, la plus meuble, afin qu’elle s’y joigne dans tous les points ; celle de la superficie, & qui a resté le plus long-temps exposée aux influences météoriques, est ordinairement la meilleure. Si la masse totale n’a