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bridicité, (Voyez le mot Hybride) & s’explique très-facilement par-là.

Les monstruosités des feuilles sont toutes dûes à des greffes naturelles, opérées dans le développement du fœtus même, ou tout au plûtard dans le bouton.

Il en est de même des fruits doubles.

Le développement contre nature des étamines & des pistils, donne l’explication des fleurs doubles & des fleurs prolifères.


MONTAGNE. Grande masse de terre, ou de rocher, fort élevée au-dessus du reste de la surface de la terre. On peut diviser les montagnes en cinq ordres ; placer dans le premier les glacières ou montagnes qui sont toujours couvertes de neige & de glace. Le second est la patrie des mélèses. Le troisième des sapins. Le quatrième des pins, des hêtres, (Voyez ces mots) & du seigle. Le cinquième des vignes, du froment, &c., à mesure que la hauteur diminue, pour ne plus former qu’une côte & ensuite un coteau. Telle est, relativement à la hauteur, l’idée qu’on peut se former de ces grandes masses, qui coupent en mille manières la circonférence du globe. D’après cet apperçu général, il est aisé de juger la hauteur d’une montagne, & ses degrés de froid depuis le haut jusqu’en bas, par les plantes qui naissent sur ces différentes zones. Cet examen est plus du ressort du naturaliste que de l’agriculteur.

Si l’on considère les montagnes du côté de leur formation, on distinguera les montagnes primitives, c’est-à-dire celles dont les griffures sont de haut en-bas : elles existoient avant le déluge ; les montagnes secondaires ont été formées par les eaux, soit du déluge, soit postérieures : celles-ci sont par couches horisontales ou inclinées. Il y a un troisième ordre de montagnes que je nomme accidentelles ; ce sont celles formées par les volcans, & qui sont les plus élevées du canton. Ici tout ordre, toute harmonie est détruite. On ne voit plus ce bel ensemble les laves ont comblé ou creusé des précipices ; les tremblemens de terre ont ébranlé les montagnes, & elles se sont écroulées dans les abîmes : c’est à ces grands accidens qu’est dûe la naissance des lacs, des amas d’eau qu’on trouve assez souvent dans les pays volcanisés, & qu’on doit distinguer des cratères ou bouches par lesquelles les volcans vomissoient des monceaux de pierres, des laves & du feu.

Les montagnes primitives sont de nature vitrifiable ; les secondaires sont calcaires, c’est-à-dire qu’elles fournissent des pierres à chaux, & font effervescence avec les acides. Les premières n’en font point, & se fondent en verre, lorsqu’on les soumet à l’activité convenable du feu.

Un grand nombre d’auteurs, avant & après M. de Buffon, ont beaucoup travaillé sur l’origine & sur la formation des montagnes, on peut consulter leurs ouvrages ; & ce seroit s’écarter de celui-ci, si j’entrois dans de plus grands détails ; il suffit de les considérer du côté de leur utilité pour l’agriculture.

1°. Leur élévation met à couvert des vents froids, & par la réfraction des rayons du soleil, elle augmente la chaleur de la partie tournée vers le midi ; tandis que celle qui regarde le nord, privée de l’impression des