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& les marbrures des feuilles & des fleurs. Ces accidens locaux, mais qui peuvent se perpétuer de face en race, quelques beaux & agréables qu’ils soient, n’en sont pas moins souvent un vice & une maladie de l’individu. Je compare ces panachures, sur-tout celles des feuilles, aux tâches de rousseur qui affectent la peau de quelques personnes. Il faut cependant en distinguer les panachures des tulipes, des tricolors &c., qui sont de vraies couleurs, & qui dépendent d’une matière colorante propre, dont le parenchyme de ces fleurs est pénétré dans certains endroits. Nous entrerons dans des détails plus circonstanciés au mot Panachure.

Le partage du vert au blanc, dans les plantes qui sont à l’ombre, ou que l’on prive du contact de l’air & de la lumière, est un vrai étiolement, (Voyez ce mot)

Il est un art ingénieux de fixer, jusqu’à un certain point, les couleurs des fleurs, & de les empêcher de s’altérer même après leur mort ; nous en donnerons la manipulation au mot Fleur.

Une remarque assez générale sur la distribution des couleurs dans les différentes parties des plantes, que l’on peut faire en finissant ; c’est que le blanc est plus commun dans les fleurs du printemps que dans celles des autres saisons ; au contraire, le rouge & le jaune dans les fleurs d’été & d’automne, le vert tendre est la couleur générale des filets & des stiles ; le jaune, des anthères & de leur poussière : le rouge, le jaune, le bleu & le violet, enluminent les corolles ; tandis que le vert est la couleur ordinaire des feuilles & des calices ; le violet très-foncé, improprement nommé noir en terme fleuriste, se rencontre dans quelques corolles ; mais le vrai noir & même un noir luisant, est la couleur de quantité de graines ; les racines sont presque toujours brunes ou jaunâtres ; les bois blancs ou d’un blanc-sale tirant sur le jaune ou le brun : quelques-uns sont cependant colorés en violet & en rouge, mais leur nombre n’est pas considérable ; toutes les tiges herbacées sont plus ou moins vertes. Les fruits n’ont ordinairement qu’une seule couleur. Ils sont ou verts, ou rouges, ou violets, &c. rarement jaspés. M. M.


COULEUVRÉE. (Voy. Brione)


COULURE DES FLEURS, DES FRUITS. Cette expression signifie ne point nouer, en parlant des fruits ou avortement, en parlant des fleurs. Pour bien saisir la valeur du mot coulure, il convient de lire l’article fleur, afin de connoître quelles sont les parties qui les composent, comment se fait l’acte de génération de la semence, & par quelles voies elle s’exécute. On a déjà vu dans la description des plantes, au mot Arbre, que leurs étamines portées par les anthères, constituent les parties mâles de la génération, & le pistil, les parties femelles ; que les fleurs sont ou hermaphrodites, (voyez ce mot) c’est-à-dire, qu’elles portent les mâles & les femelles, ou seulement les mâles, ou seulement les femelles ; que les fleurs mâles dans quelques unes, sont sur la même tige, la même branche que les fruits femelles mais séparées : enfin, que ces fleurs mâles ou femelles sont quelquefois sur des arbres différens. Cette union des sexes dans une même fleur, ou des