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NOTICE

conséquence de l’état où elles seront au terme de la procession : pour les unes, initiation incomplète et révélation ou « époptie » seulement partielle (cf. p. 44, n. 1) ; pour les autres, absence totale de l’une et de l’autre[1]. Mais il y a un autre terme : c’est celui des existences terrestres consécutives à la chute. Nous avons donc ici une double eschatologie, qui n’a chez Platon d’autre analogue que celle du Timée (41 d-42 d, 90 a-c, 91 d-92 c) : il y a une destinée qui dépend de l’antérieur à la vie terrestre et il y en a une autre qui est la conséquence de cette vie même. Ajoutons cependant que, tandis que dans le Timée il s’agit d’un règlement général institué par Dieu, avant « la première naissance », pour les âmes qui indirectement sortiront de ses mains, le Phèdre envisage les conséquences de la conduite préempirique d’âmes déjà existantes. Partout ailleurs, la destinée finale des âmes est envisagée comme une sanction de la manière dont elles se sont comportées ici-bas et dans l’union avec le corps[2].

Prédestinations.

a. La première eschatologie consiste à hiérarchiser des espèces d’hommes et d’occupations d’après la valeur individuelle des âmes par rapport à la contemplation des réalités vraies. D’une part, on l’a vu, il y a des âmes qui, associées à l’un des chœurs divins, ont vu une partie au moins de ces réalités : leur récompense est d’être jusqu’à la prochaine révolution[3]

  1. Cf. 248 b 5 ; 249 c fin ; 250 bc, e 1 ; 251 a 2 ; 253 c 3 ; 254 b 5.
  2. Par exemple Phédon 81 c-82 b, 83 de (cf. mon édition, p. 42 n. , où il faudrait ajouter Lois X 904 cd). — Le fragm. 146 d’Empédocle (qui provient probablement du poème des Purifications) peut avoir inspiré notre passage ; mais, si Platon y a pensé, c’est pour retourner la démarche décrite par Empédocle et qui est une remontée graduelle des âmes déchues vers la condition divine. On peut songer aussi au fr. 115, dans lequel est expliqué comment est bannie du ciel en vertu de l’arrêt de la Nécessité une divinité criminelle.
  3. La durée de cette révolution paraît être de mille ans si l’on se réfère à ce qui est dit 249 a et surtout 256 e fin (cf. p. cvii n. 1). Si cette révolution est celle dont il était question 247 d 5 (p. lxxxv n. 1) et que celle-ci dure le temps d’une Grande Année, on en devrait conclure que celle-ci est pour Platon un millénaire. Mais chez personne il n’y a trace d’une évaluation si modeste, et, en ce qui concerne Platon, on est réduit à des conjectures passablement arbi-