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PHÈDRE

dique (cf. Banquet Notice, p. xl). Les périodes y sont au nombre de quatre, dont chacune comprend un exorde et une conclusion. Sauf la première qui est de quatre membres (côla), toutes les autres en ont trois : soit en tout, avec l’introduction et l’épilogue, quinze membres, dont treize constituent le corps même du développement et quant au rythme desquels il est difficile de saisir aucune relation.


II. Le premier discours de Socrate.

On a vu comment et dans quelles conditions Socrate a accepté de parler à son tour sur le thème traité par Lysias (p. xxx sqq.). Ce thème, à la vérité, il le change subrepticement : ce n’est en effet, dit-il, qu’une fiction, un faux-semblant ; l’amant en question est réellement amoureux, mais il veut faire croire qu’il ne l’est pas (287 ab). Quant au discours même, il est divisé clairement en deux parties : l’une concerne la nature de l’amour et l’autre, ses effets (237 c fin ; cf. p. 18, n. 3). Elles sont séparées par une pause dont j’ai essayé de déterminer la signification (p. xxxii sq.)

Première partie.

La première partie, à son tour, se divise très nettement en deux. Socrate commence (237 b fin-d) par établir un principe général sans lequel nulle question ne peut être utilement débattue : il faut savoir de quoi l’on débat, s’accorder sur une définition de cet objet ; faute de quoi, ni les interlocuteurs ne peuvent s’entendre entre eux, ni chacun ne peut s’entendre avec soi-même, puisqu’on ne sait au juste de quoi on parle. Or le présent débat porte sur les mérites respectifs de l’amant féru d’amour et de l’amant sans amour. A-t-on donc eu soin de définir l’essence (ousia) de l’amour ? Nullement. Et pourtant, si l’on ignore cette essence, on ne pourra y rapporter ce qu’on voudra dire sur les effets, tels qu’ils découlent de l’essence (cf. 238 d fin). — Ce principe général posé, Socrate va maintenant l’appliquer (237 d-238 c). L’amour est évidemment un désir. Mais est-ce assez dire ? De quiconque désire ce qui est beau, dit-on qu’il est un « amoureux » ? Il faut donc savoir quelque chose de plus pour être à même de saisir, à propos des deux sortes d’hommes sur qui porte notre comparaison, quelle différence il y a entre les deux déterminations en jeu : « aimer » et « ne pas aimer ». Mais voici que, d’un autre côté,