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NOTICE

le Phédon[1] les hommes représentés sous l’aspect d’un personnel embrigadé de serviteurs sous la tutelle de dieux qui sont des maîtres excellents ; le corps placé semblablement sous l’autorité d’une âme qui pourtant est en lui comme dans une geôle, prisonnière se complaisant trop souvent dans son sort ; cette âme, apparentée d’autre part à ce qui est pur absolument et rendue digne par la purification de retourner à sa vraie famille. Voici dans la République[2], à côté de l’analyse du livre IV, d’autres traits qui en attestent le caractère exceptionnel, en même temps que la difficulté pour Platon de représenter dans son fond la nature de l’âme autrement que par des symboles : ce sont par exemple les images fameuses de la triple bête, monstre polycéphale, lion, homme ; ou bien encore de Glaucus, le dieu marin défiguré par les algues, les coquillages, les cailloux. Sans doute allèguera-t-on que sur le thème fondamental de la relation des deux mondes, intelligible et sensible, autrement dit sur la participation des choses aux Idées, le Parménide a mis dans la bouche du vieil Éléate une critique incisive de cette façon mythique d’exposer le thème, en lui-même et dans ses conséquences ; que dans le Sophiste et dans le Philèbe elle fera place en effet à des analyses dialectiques qui ne parlent plus à l’imagination. Il n’en reste pas moins que, longtemps après le Parménide, c’est encore le mythe qui dans le Timée s’impose à Platon pour traiter de l’âme et de la divinité.

S’il en est ainsi, comment le Phèdre aurait-il, dans les conditions définies par les deux premiers motifs, échappé à cette exigence foncière du sujet auquel est consacré le deuxième discours de Socrate ? Comme dans la République l’analyse logique du livre IV, la démonstration logique de l’immortalité de l’âme y est une exception. Celle-ci provient de ce que sur l’ensemble de la question on a pu prendre un point de vue particulier, dégager quelques notions très générales et en envisager les rapports : la notion de principe et de ce qui en dépend, la notion de mouvement et de ce qui

  1. Voir par ex. 61 de ; 62 bc (cf. ici 273 e sq.) ; 70 b ; 79 ab, e ; 82 d-83 a, cd et Notice, p. xxvii et p. xxxii.
  2. Cf. IX 588 b-589 c, 590 a-c ; X 611 b-612 a. Voir Phèdre 250 c 6.