Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/542

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176 ac
530
Waw d’apodose

3, 5 בְּיוֹם אֲכָלְכֶם מִמֶּ֫נּוּ וְנִפְקְחוּ עֵֽינֵיכֶם le jour où vous en mangerez, (alors) vos yeux s’ouvriront. Enfin, dans un sens encore plus large, on peut, par analogie, appeler waw d’apodose le waw qu’on met après un casus pendens (§ 156 l) : 1 R 15, 13 et même sa mère Maʿka, (eh bien) il lui enleva la dignité de reine-mère.

b Le terme waw d’apodose est purement matériel. Pour exprimer la nature de ce waw énergique (ainsi que du فَ fa arabe correspondant)[1] on pourrait l’appeler waw de reprise[2] ou waw de raccord. Le waw d’apodose suppose toujours, en effet, qu’il s’est produit un certain arrêt dans le mouvement de la pensée. Le waw, avec son sens fondamental de et, a pour but de reprendre vivement le cours de la pensée ralenti ou arrêté, de raccorder les deux parties disjointes de la proposition.

Le et d’apodose, étant énergique de sa nature, si l’apodose (ou quasi-apodose) commence par un verbe fini à l’indicatif, les formes employées sont wayyiqtol et weqataltí (cf. § 115 b-c). Quand donc ces formes sont employées comme formes d’apodose, il n’y a pas à leur chercher leur valeur ordinaire (succession, consécution) : elles s’expliquent par le waw énergique de reprise[3].

c L’emploi du waw d’apodose n’est pas soumis à des lois rigoureuses. D’une façon générale on emploie le waw quand on sent le besoin de raccorder ce qui va être dit à ce qui a été dit, après un ralentissement ou un arrêt dans le cours de la pensée. Or ce ralentissement a lieu surtout dans les propositions conditionnelle (§ 167),

  1. Cf. Reckendorf, Die syntaktischen Verhältnisse des Arabischen, p. 678.
  2. Ce phénomène de reprise est tout différent de celui où un waw précède un verbe lequel, pour une raison stylistique, reprend le même verbe (soit à la même forme, soit à une forme différente), p. ex. Ex 1, 15-16 ויאמר … ויאמר ; 4, 9 ; 12, 41 ; Lév 13, 3 ; 17, 5 למען יביאו … והביאו ; Dt 4, 42 לנוס … ונס ; Jér 34, 18-20 ; Zach 8, 23 (cf. Driver, § 118 note, et in 1 Sam 25, 26). Voir aussi 1 Macc 1, 1 (cf. Biblica, 3, 205) ; Tobie 6, 14 (Sinaiticus, éd. Swete καὶ ἀπέθανον … καὶ ἀπέθνῃσκον ; cf. Biblica, 4, 172).
  3. Pour rendre ce waw qui n’a pas d’équivalent en français, nous avons eu recours aux mots alors, eh bien dont la nuance est beaucoup plus forte que celle de l’hébreu. Le so allemand est assez analogue au waw d’apodose.