Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15 ae
40
Accents

plus, un ton secondaire, et même deux s’il est très long, comme p. ex. שָֽׁבֻעֹתֵיכֶם (cf. § 14 c 2) où le ton secondaire est indiqué par le meteg. La place du ton, principal ou secondaire, est généralement indiquée par des signes nommés accents (טְעָמִים littéralement « goûts » ou נְגִינוֹת « mélodies »).

b Dans l’état de l’hébreu enregistré par les Naqdanim, le ton principal ne se trouve plus que sur la dernière (ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent) ou sur l’avant-dernière syllabe. Le ton hébreu, dans son évolution, tend vers la fin du mot. Le ton sur l’avant-dernière syllabe s’appelle מִלְעֵיל mileʿẹl (de l’aram. מִן + לְ + עֵיל = de super, en haut du mot) ; le ton sur la dernière syllabe s’appelle מִלְרַע mileraʿ (de l’aram. מִן + לְ + אֲרַע, par terre, deorsum, en bas du mot).

Dans cette grammaire le ton est indiqué par le signe conventionnel ◌֫ (en grande pause par l’atnaḥ ◌֑) p. ex. וַיָּ֫קָם u̯a̦i̯i̯ǻ-qo̦m (mileʿel), וַיָּקֹ֑ם u̯a̦i̯i̯åqọ́m (mileraʿ, en grande pause)[1].

Sur les règles relatives à la place du ton, cf. § 31.

c La place du ton est très importante ; elle est parfois discriminante. Opposer p. ex. : בָּנ֫וּ « ils bâtirent » de בָּנָה et בָּ֫נוּ « en nous », קָ֫מָה « elle se leva » et קָמָ֫ה « se levant » (participe féminin) § 80 j, וְקָטַ֫לְתִּי « et j’ai tué » et וְקָֽטַלְתִּ֫י « et je tuerai » (avec le waw inversif), ק֫וּמִי « lève-toi » fém. et קוּמִ֫י « mon lever », תַּ֫מָּה « elle est parfaite » et תַּמָּ֫ה « parfaite ».

d Notre Bible hébraïque a deux systèmes d’accents : 1) le système ordinaire ou prosaïque, employé dans 21 livres ; 2) le système des 3 livres poétiques אִיּוֹב Job, מִשְׁלֵי Proverbes, et תְּהִלִּים Psaumes (mot mnémonique אֱמֶת « vérité »).

e L’accentuation suppose le texte biblique préalablement divisé en versets (פְּסוּקִים). Bien qu’on ait visé à une certaine égalité dans

    que le ton en hébreu, à la différence du ton en grec et en latin anciens, soit plutôt une augmentation de force, l’élévation étant un élément secondaire, comme dans le grec moderne, le latin populaire, l’allemand, l’anglais, l’italien, etc. Que l’accent de l’hébreu soit surtout un accent d’intensité ou de force, cela ressort de ses effets sur la vocalisation.

  1. L’accent mileraʿ étant de beaucoup le plus fréquent, on omet généralement, par économie, de l’indiquer, p. ex. בָּנוּ est censé représenter בָּנ֫וּ.