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Infinitif absolu

le pronom suffixe (comp. § c fin), mais la particule אֵת, p. ex. יָדֹעַ אוֹתִי Jér 9, 23 (§ 125 e). L’inf. abs. peut naturellement aussi régir un nom par le moyen d’une préposition, comme toute forme verbale, p. ex. Is 7, 15 מָאוֹס בָּרָע וּבָחוֹר בַּטּוֹב rejeter le mal et choisir le bien.

u II. L’inf. abs. s’emploie comme équivalent d’une forme finie en commencement de phrase.

1) Comme équivalent de l’impératif. L’inf. abs., en soi, exprime la simple idée de l’action verbale ; le ton ou les circonstances indiquent que l’auditeur doit faire cette action[1]. Exemples : 2 S 24, 12 הָלוֹךְ וְדִבַּרְתָּ֫ va (aller) et tu diras, équivalent de לֵךְ וְדִבַּרְתָּ֫ qu’on a dans le texte parallèle de 1 Ch 21, 10[2] ; 2 R 5, 10 הָלוֹךְ וְרָחַצְתָּ֫ va et tu te laveras… (l’inf. abs., suivi d’un jussif indirect § 116 d, puis d’un impér. ind. § 116 f, a les effets d’un impératif) ; Jos 1, 13 זָכוֹר souvenez-vous (ordre de Josué). L’inf. abs. se trouve notamment dans la bouche de Dieu donnant un ordre : Nb 4, 2 Fais le recensement ; 25, 17 Attaquez les Madianites ; 2 R 3, 16 Faites ; Jér 32, 14 Prends les papiers de l’achat ; Zach 6, 10. — L’inf. abs. est précédé de deux impér. dans Is 14, 31 ; suivi de deux impér. dans Nah 2, 2.

v 2) Comme équivalent d’un futur injonctif. L’inf. abs. est assez fréquent dans les lois, où il équivaut à un futur injonctif plutôt qu’à un impératif : tu feras (tu dois faire) plutôt que fais. Exemples : Dt 5, 12 « Tu garderas שָׁמֹור le jour du sabbat » (plutôt que garde ; au milieu de futurs injonctifs[3]) (de même זָכוֹר[4] Ex

  1. En arabe la forme qatāli (= קָטוֹל) est employée dans certains mots pour exprimer un commandement, p. ex. nazāli نَزَالِ descends ! (littt : descente ! [sous-entendu : de cheval] ; se dit principalement quand deux guerriers ou deux troupes se provoquent au combat) ; samāʿi سَمَاعِ écoute ! (littt audition ! = שָׁמוֹעַ). — Dans le latin du moyen âge, pour une défense, on dit non negare au sens de l’impératif ne nie pas, usage conservé en italien (cf. Bourciez, Éléments de linguistique romane (1910), § 248). De même en ancien français, p. ex. n’en douter = n’en doute pas (cf. Brunot, Hist. de la langue française 1, pp. 248, 471).
  2. Dans Chr. on ne trouve pas l’inf. absolu de commandement (cf. Kropat, Syntax der Chronik, p. 23). Peut-être était-il senti comme archaïque. — Comp. Is 38, 5 הָלוֹךְ et le parall. 2 R 20, 5 שׁוּב.
  3. On ne commencerait pas la phrase par תִשְׁמֹר.
  4. Opposer l’impératif זְכֹר p. ex. Dt 9, 7 dans une exhortation.