Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
119 lm
Forme weqataltí (parfait inverti)

v. 28 וּכְתֹב et écris ; Nb 16, 17 « Prenez chacun votre encensoir, et vous y mettrez וּנְתַתֶּם de l’encens », mais vv. 6-7 וּתְנוּ et mettez. Les exemples où la nuance de succession est bien apparente sont nombreux : Gn 19, 2 ; Nb 20, 26 ; 1 S 23, 23 ; 1 R 17, 13 ; après le fréquent קַח prends etc. : Gn 6, 21 ; 45, 19 ; Ex 12, 32 ; Nb 8, 6 ; Jug 6, 25 ; 1 S 6, 7 ; 1 R 1, 33 ; Jér 25, 15 ; Éz 4, 1, 2, 3, 9 ; après le fréquent לֵךְ va etc. : Job 42, 8 « allez vers mon serviteur Job ; et (une fois arrivés) vous offrirez un holocauste » ; Ex 3, 16 לֵךְ וְאָֽסַפְתָּ֫ va et (une fois arrivé) tu réuniras[1]. Mais assez souvent le sens de succession, ici comme ailleurs, est faible ou nul[2] : 1 S 12, 24 יְראוּ אֶת־יְהֹוָה וַֽעֲבַדְתֶּם אֹתוֹ craignez Jéhovah et servez-le (mais Jos 24, 14 plus régulièrement … וְעִבְדוּ אֹתוֹ) ; Ex 19, 23 ; Nb 3, 6 ; après le fréquent קַח prends etc. : Ex 17, 5. Parfois le weqataltí est purement explicatif : Lév 10, 12-13 אִכְלוּהָ … וַֽאֲכַלְתֶּם ; Lév 1, 2 דַּבֵּר … וְאָֽמַרְתָּ֫ « parle aux enfants d’Israël : tu leur diras » (formule assez fréquente où וְאָֽמַרְתָּ֫ équivaut à un simple לֵאמֹר) ; 21, 1 אֱמֹר … וְאָֽמַרְתָּ֫.

m Tous les exemples de weqataltí du § l sont à la même personne que l’impératif, c.-à-d. à la 2e. Les exemples à la 1re et à la 3e p. sont assez rares. À la 1re p. : Ex 34, 1 ; Nb 22, 8 (clairt succession) ; 1 S 15, 30 וְהִשְׁתַּֽחֲוֵ֫יתִי (le contexte semble demander le sens final pour que j’adore, comme v. 25 où l’on a normalement וְאֶשְׁתַּֽחֲוֶה) ; 2 S 24, 2 וְיָֽדַעְתִּ֫י (même remarque ; dans le passage parallèle 1 Ch 21, 2 on a normalement וְאֵֽדְעָה). — À la 3e p. : Ex 8, 12 ; 9, 8 (mais 9, 22 ; 10, 12 en même situation on a le jussif indirect) ; Nb 4, 19 וְזֹאת עֲשׂוּ לָהֶם וְחָיוּ faites-leur ceci et ils vivront (opp. Gn 42, 18 § 116 f 3) ; 1 R 22, 12, 15 ; Éz 37, 17.

  1. Comme le verbe de mouvement aller implique un but, une fin, on a pu croire qu’une expression de ce genre, p. ex. לֵךְ וְאָֽמַרְתָּ֫ 2 S 7, 5 avait le sens final : va pour dire (cf. Kautzsch, § 112 r damit du sagst). Mais la nuance finale n’est que virtuelle ; elle est due au sens même du verbe aller, non à la forme weqataltí. Pour traduire va afin de dire il faudrait לֵךְ וֶֽאֱמֹר (§ 116 f 3), qui du reste pourrait signifier aussi va et dis (avec waw purement coordinatif). Le sens littéral de לֵךְ וְאָֽמַרְתָּ֫ est va et tu diras. Bien entendu, on peut traduire librement va dire. — Le weqataltí est fréquent après l’impératif des verbes de mouvement : Gn 27, 43-44 בְּרַח ; 44, 4 רְדֹף ; 45, 9 עֲלוּ ; Ex 7, 26 בֹּא ; Jos 10, 19 רִדְפוּ ; Jug 7, 10-11 רֵד ; Éz 9, 4 עֲבֹר ; Ruth 2, 14 גּ֫שִׁי.
  2. Comparer le cas du yiqtol à sens impératif après un impératif, § 113 m.