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Voyelles : quantité

On voit, par ce tableau, que dans la classe a l’hébreu n’a plus de voyelle longue ni de voyelle moyenne : elles ont passé, par altération symétrique, dans la classe u. L’ā primitif long est devenu ordinairement ọ̄ וֹ, rarement ō̦ (å̄) ◌ָֽ ; de même l’a primitif bref est devenu (en certaines positions) (å) ◌ָֽ (cf. § i).

On voit aussi qu’une même voyelle peut avoir plusieurs quantités.

Ainsi i, u : long, bref.

Ainsi ,  : bref, très bref.

Ainsi  : long (rart), moyen, bref, très bref.

Ainsi  : long, moyen.

Ainsi  : moyen.

La quantité indiquée dans le tableau est la quantité normale. Le ton (ou accent) augmente légèrement la durée, et la pause l’augmente notablement. (Nous négligeons ici les cas moins ordinaires).

g La différence de durée entre les longues et les moyennes est considérable. Au contraire la différence de durée entre les moyennes et les brèves est légère[1]. La raison est que les longues hébraïques proviennent de longues primitives, tandis que les moyennes et les brèves proviennent de brèves primitives ; ainsi ī primitif devient ◌ִי, i bref primitif devient normalement ◌ִ, ◌ֵ, ◌ֶ selon la nature de la syllabe[2], p. ex. סִפְרִי sip̄rī, de *sip̄rī « mon livre », עֵנָב ʿẹnåḇ, de *ʿinab « raisin », חֶלְקִי ḥe̦lqī, de *ḥilqī « ma part ».

Les voyelles (moyennes) ◌ָֽ å, ◌ֵ , ◌ֹ sont normalement plus longues que les voyelles (brèves) correspondantes ◌ַ , ◌ֶ , ◌ָ . Cela ressort notamment du fait que les moyennes deviennent brèves dans des formes qui, de leur nature, demandent une vocalisation plus légère. Ainsi עוֹלָם ʿọ̄lǻm « siècle » devient עוֹלַם ʿọ̄la̦m à l’état construit (§ 92) où la forme doit être plus légère à cause de la diminution ou de la perte du ton. De même שֵׁם « nom » (état absolu et construit), כֹּל « tout » (état absolu et construit), deviennent en liaison étroite (indiquée par le maqqef § 13 c) שֶׁם־, כָּל־.

  1. Il est donc peu utile de la noter graphiquement. Dans la plupart des cas la nature de la syllabe indique clairement si la voyelle est brève ou moyenne ; cf. § 28.
  2. Sur la syllabe voir §§ 27, 28.