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118 ac
§ 118. Forme wayyiqtol (futur inverti).

a La forme wayyiqtol (wayyáqom) se compose du waw énergique (avec vocalisation forte וַ◌ּ et exigence du redoublement § 47 a) et de yiqtol (yáqom) avec ton mileʿel dans la mesure du possible. En la comparant à la forme séparée yiqtol il tuera etc., quant à la place du ton et quant aux sens, on peut dire que c’est un yiqtol inverti. Elle a, par contre, à peu près les mêmes valeurs que la forme qatal, à laquelle elle ajoute surtout l’idée de succession : c’est comme un succédané de qatal.

b Les verbes statifs n’offrent pas de difficulté particulière ; ainsi וַיְהִי, employé au sens statif, équivaut à הָיָה et signifie et erat, et fuit. Employé au sens actif, il équivaut au הָיָה d’action et signifie normalement et evēnit, et factum est ; parfois, par abus, et eveniebat, et fiebat : 1 R 14, 28 ; 2 R 4, 8 b ; 2 Ch 24, 11 ; Nb 10, 35 (§ n) ; cf. § 111 i ; — 1 R 7, 14 וַיִּמָּלֵא et il était rempli (nifal à sens statif).

c A) La forme wayyiqtol, comme la forme qatal des verbes d’action, s’emploie surtout dans la sphère du passé pour une action unique et instantanée : le waw ajoute surtout l’idée de succession[1]. Cette forme est très fréquente dans les récits. Normalement, un récit commence par un qatal (parfait historique) et continue par un wayyiqtol, auquel succèdent, s’il y a lieu, d’autres wayyiqtol, dont la série n’est jamais interrompue sans une raison particulière (§§ d-g). Mais wayyiqtol est devenu d’une façon si marquée le temps narratif qu’on l’emploie même en début de récit, au moins en début relatif[2]. Exemples : Gn 14, 5 sqq. « Et la 14e année, Chodorlahomor vint בָּאet ils battirent וַיַּכּוּ les Refaïm…, 7 et ils revinrent וַיָּשֻׁ֫בוּ… etc. » ; Gn 4, 1 sq. Après un qatal statif Gn 3, 1 « Or le serpent était הָיָה rusé… ; et il dit וַיֹּ֫אמֶר » (donc sans succession proprement dite : emploi large).

  1. Cf. Luzzatto, Gramm. ebraica (1853), § 1271 : « La forma futura colla וַ è la forma più usitata pel passato storico, la quale sembra essenzialmente destinata ad esprimere la successione degli avvenimenti, p. es. Gen 1, 3 ».
  2. Et même au début d’un livre ; Jos, Jug, 1 S, 2 S, Ruth, Esth, Néh commencent par וַיְהִי. Commencent encore par un wayyiqtol : Lév, Nb, 2 Rois, Éz, 2 Ch.
        P. Joüon, Gramm. de l’hébreu bibl.