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111 eh
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Généralités : Valeur des formes temporelles

qui représente l’action comme répétée (§ 113 e), עָשָׂה signifierait il fit (d’une façon résumée et globale). Tandis que l’action de payer tribut est représentée comme répétée dans 2 R 3, 4 וְהֵשִׁיב et il payait, elle est représentée d’une façon globale dans 17, 3 וַיָּ֫שֶׁב et il paya. Autres exemples d’actions répétées représentées globalement : 2 R 16, 4 ; 17, 11 ; exemple d’action durative représentée comme si elle était instantanée[1] : Jos 10, 9 עָלָה « il monta durant toute la nuit » ; 1 R 14, 21 מָלַךְ « il régna 17 ans » ; cf. § 112 d fin.

f On a voulu voir dans le choix des temps en hébreu d’autres espèces d’aspects, notamment celui de l’achevé et de l’inachevé. Mais cette distinction, si importante dans les langues indo-européennes, n’explique pas le choix des temps en hébreu d’une façon adéquate[2].

g Outre les aspects, certaines formes temporelles peuvent exprimer d’une façon faible quelques modalités qui sont généralement exprimées dans nos langues par des semi-auxiliaires tels que pouvoir, devoir, vouloir (cf. § 113 l-n).

h La distinction des verbes en verbes actifs (d’action) et verbes statifs (d’état) (cf. § 41 a, b) est très importante pour le choix des temps. Au contraire la transitivité ou l’intransitivité n’intervient pas. Un verbe d’action peut être intransitif, p. ex. קוּם se lever ; le verbe נָגַע toucher est généralement intransitif (se construit avec בְּ, אֶל, עַל), rarement transitif. Un verbe statif peut être transitif, p. ex. לָבֵ֑שׁ, לָבַשׁ ê. vêtu, revêtir ; מָלֵא ê. plein ; — שָׁמֵ֑עַ, שָׁמַע entendre est tantôt intransitif, tantôt transitif.

Quelquefois un verbe actif est traité comme un verbe statif, à savoir dans des cas où le sens se rapproche du sens statif ; ainsi on dit יָדַ֫עְתִּי pour je sais (§ 112 a) ; עָמַדְתִּי לִפְנֵי je suis au service de (§ 112 a). Certains verbes ont un sens actif et un sens statif, p. ex. מָלַךְ régner,

  1. Le même phénomène en grec, pour l’aoriste ; ainsi un sculpteur peut graver sur son œuvre : ἐποίησεν ὁ δεῖνα.
  2. Si nous ne faisons pas intervenir cet aspect dans l’explication des temps, parce qu’il nous paraît assez douteux (et inutile pour qui admet une vraie valeur temporelle et les deux aspects dont nous avons parlé), nous ne nions pas pour autant qu’il ait existé à un stade antérieur de la langue. Nous croyons au contraire vraisemblable que le sens du passé, qu’a la forme qatal, provient d’un sens de parfait ; cf. § 42 a.