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Forme yiqtol (futur)

i Avec l’adverbe אָז cet emploi de yiqtol est ordinaire en prose ; et même yiqtol est un peu plus fréquent que qatal, p. ex. 1 R 3, 16 אָז תָּבֹ֫אנָה Alors elles vinrent[1]. On trouve un même verbe au yiqtol et au qatal : בָּנָה bâtir : qatal 1 R 9, 24 ; yiqtol Jos 8, 30 ; 1 R 11, 7 ; עָלָה monter : qatal Jos 10, 33 ; yiqtol 2 R 12, 18 ; 16, 5 ; הִכָּה frapper ; qatal 2 S 21, 18 ; yiqtol 2 R 15,16.

j Avec la conjonction טֶ֫רֶם avant que on a toujours le yiqtol pour une action passée : Jos 3, 1 טרם יַֽעֲבֹ֑רוּ avant qu’ils ne passassent ; Ex 12, 34 ; Ps 119, 67 ; de même avec בְּטֶ֫רֶם : Gn 27, 33 בּטרם תָּבוֹא avant que tu ne vinsses ; 37, 18 etc., sauf 2 fois qatal : Ps 90, 2 ; Pr 8, 25. De même, avec טרם, employé comme adverbe, pas encore (§ 160 n) on a presque toujours le yiqtol ; Gn 24, 45 טרם אֲכַלֶּה לְדַבֵּר je n’avais pas encore fini de parler ; 2, 5 ; 19, 4 etc., sauf 2 fois qatal : Gn 24, 15 טרם כִּלָּה לְדַבֵּר il n’avait pas encore fini de parler (si texte correct) ; 1 S 3, 7 טרם יָדַע il connaissait pas encore (vocalisation suspecte, car ensuite טרם יִגָּלֶה).

k Avec la conjonction עַד on a très rarement le yiqtol pour une action passée : Jon 4, 5 עַד אֲשֶׁר יִרְאֶה « il s’assit jusqu’à ce qu’il vît » (avec une nuance finale virtuelle : afin que) ; Eccl 2, 3 (probablement aussi nuance finale) ; Jos 10, 13 (poét., et p.-ê. nuance finale).

l Yiqtol avec nuance modale pouvoir, devoir, vouloir (cf. § 111 g). L’hébreu exprime beaucoup moins souvent que nos langues les idées de pouvoir[2] (יָכֹל), devoir (הָיָה לְ, יֵשׁ לְ), vouloir (חָפֵץ). Il se contente souvent du yiqtol, qui suffit à exprimer faiblement ces nuances. La sphère temporelle de ces yiqtol est surtout le futur ou le présent, parfois le passé.

Nuance pouvoir[3] : Gn 42, 37 « Tu pourras faire mourir mes deux fils, si… תָּמִית » ; 2 R 5, 12 ne puis-je pas m’y baigner ? הֲלֹא אֶרְחַץ ; 9, 37 de sorte qu’on ne pourra pas dire אֲשֶׁר לֹא־יֹֽאמְרוּ ; 2 Ch 19, 2 « as-tu le droit d’aimer les ennemis de Jéhovah ? תֶּאְהָ֑ב » (pour

  1. Le yiqtol n’ayant pas le sens de l’imparfait français de simultanéité, le yiqtol avec אז n’est pas plus facile à expliquer que le yiqtol sans אז.
  2. Surtout au sens de licéité (all. dürfen). Pour ce sens on trouve seulement une dizaine d’exemples de יכל (tous avec négation).
  3. Comp. Luc 2, 29 νῦν ἀπολύεις τὸν δοῦλόν σου, δέσποτα ; Marc 14, 58 καταλύσω (Mt 26, 61 δύναμαι καταλῦσαι).