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Voyelles paragogiques — Nom avec suffixes

Dans Gn 1, 24 חַֽיְתוֹ־אֶ֫רֶץ des animaux sauvages (littt : des animaux de terre) la forme poétique a peut-être été préférée pour éviter חַיַּת־אֶ֫רֶץ* jugé trop dur (mais v. 25 חַיַּת הָאָ֫רֶץ avec l’article) ; cf. Ps 79, 2 לְחַיְתוֹ־אָ֑רֶץ. Autres exemples : חַיְתוֹ־שָׂדָ֑י Is 56, 9 ; Ps 104, 11 ; חַיְתוֹ־יָ֑עַר 50, 10 ; 104, 20 ; חַיְתוֹ־גוֹי Soph 2, 14.

s Voyelle paragogique וּ. Cette voyelle וּ ne se trouve que dans quelques noms propres composés, dont le premier substantif est construit sur le second. Elle a donc le même rôle que la voyelle ◌ִי dans les noms propres (§ m). Comme ◌ִי et וֹ proviennent finalement des types ʾabī, ʾabā, cet וּ provient sans doute du type de nominatif ʾabū (§ b)[1]. Dans les exemples, qui du reste sont rares, il faut réserver la possibilité d’un radical devenu u[2]. De plus, d’après Prätorius[3], il y aurait dans certains noms une forme de caritatif qatūl. Exemples : פְּנוּאֵל face de Dieu Gn 32, 32 (v. 31 פְּנִיאֵל), רְעוּאֵל ami de Dieu (?) 36, 4 ; שְׁמוּאֵל nom de Dieu (?) ; גְּאוּאֵל majesté de Dieu (?) (p.-ê. d’une forme *gaʾu̯). Avec מְתוּ homme (dont la forme propre est inconnue) מְתוּשָׁאֵל, מְתוּשֶׁ֫לַח (cf. phénicien Metuastart « homme d’Astarté »).

En dehors de ces noms composés, le וּ du nominatif se trouverait p.-ê. dans quelques noms : בֹּֽכְרוּ, מְלִיכוּ Néh 12, 14 qeré, גַּשְׁמוּ 6, 6 (nom d’un Arabe ; cf. v. 1 גֶּ֫שֶׁם)

§ 94. Le nom avec suffixes.
(Paradigme 20)

a Comme le nom, le pronom dépendant d’un nom est au génitif, p. ex. אָבִי signifie proprement ὁ πατήρ μου « le père de moi ». Les suffixes se mettent à la forme de l’état construit (parfois modifié quant à la vocalisation). Les suffixes du nom sont donnés dans le Paradigme 1 ; les formes du nom avec suffixes dans le Paradigme 20. Comme

  1. En arabe de Syrie, où les cas de l’ancien arabe ont à peu près disparu, ʾabū est la forme normale à l’état cst. et avec suffixes : ʾAbū Bekr, ʾAbū Nāder ; ʾabūna « notre père » (par affectation certaines personnes disent ʾabīna).
  2. Comp. l’arabe ġazu̯ غَزْوْ razzia prononcé ġazū ; hébreu *u̯ai̯i̯ištaḥu̯, devenu וַיִּשְׁתַּ֫חוּ § 79 t.
  3. (3) Zeitschrift d. deutschen morgenl. Gesellschaft, 57, 777 sq.