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c’était le lourd et fastidieux poëme d’Arbolanches. Puis vinrent des pièces de vers qui auraient pu mettre en déroute le camp chrétien, si elles eussent été imprimées une seconde fois. Mercure fut atteint à la main droite par une vieille satire graveleuse, d’un style fort vif, mais assez malsain. Pedrosa lança quatre nouvelles d’une prose embrouillée et indigeste, sur un sujet dépourvu de substance et de grâce. Fendant l’air, avec un sifflement aigu, arriva un autre livre qui ne renfermait que des rimes, mais des rimes faites à la diable. Apollon les ayant aperçues : « Que Dieu fasse miséricorde à l’auteur, dit-il, et me préserve de certaines rimes espagnoles. » Puis vint le Pasteur d’Ibérie, un peu en retard, et du coup il renversa quatorze des nôtres, preuve éclatante de sa force et de son génie.

Mais voilà que deux hommes de cœur, deux maîtres, deux luminaires d’Apollon, deux soldats, habiles à bien dire et prompts à bien faire, placés aux deux extrémités de la montagne, serrèrent de si près la cohue ennemie, qu’ils firent reculer ceux qui s’étaient avancés le plus. Celui qui culbute ainsi la canaille, c’est Grégorio de Angulo, et avec lui Pedro de Soto, génie prodigieux, aussi cultivé que fécond ; l’un docteur, l’autre licencié docte entre tous, tous deux attachés à la suite d’Apollon, par d’incomparables écrits et par un dévouement cordial.

Hors d’eux-mêmes, les bataillons contraires mesurent leurs épées, et avec une