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parut plus belle, plus ravissante que jamais, et l’on a su, depuis, que Mars courut après elle tout ce jour-là, et les deux suivants.

Pendant tous ces événements, l’escadron poétique contemplait attentivement la fatale catastrophe de la canaille métamorphosée. Voyant que la mer était enfin débarrassée de ces auxiliaires importuns, Apollon résolut de mener à terme la grande entreprise. Mais, au même moment, un grand bruit se fait entendre, qui comble de joie l’assistance, et tous d’ouvrir les yeux et de prêter l’oreille. Ce bruit était produit par un riche carrosse, dans lequel se tenait assis le grave don Lorenzo de Mendoza. Il avait pour escorte : son heureux génie, son grand courage, sa courtoisie, précieux bijoux, ornements inestimables.

À sa suite venait Pedro Juan de Rejaule, célèbre valencien, en carrosse aussi, grand défenseur de la poésie.

Assis à sa droite, Juan de Solis, généreux jeune homme, montrait, dans ses vertes années, toute la sagesse de son génie.

En tiers avec eux, venait Juan de Carvajal, fameux docteur, et ils avançaient, malgré son poids, à grande vitesse. Grand est le mérite de ces trois compagnons qui viennent ensemble ; il n’est point de montagne ou de colline qui puisse les arrêter dans leur course. Ils franchissent d’un rapide essor la cime superbe, ils touchent aux nues, les voilà près du ciel et foulant avec joie cette terre si renommée.

D’un zèle égal et non moins honorable,