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les pays étrangers, un renom considérable, puisque tu le veux ainsi, Apollon.

Entre deux collines couvertes de fruits (peut-être voudra-t-on le croire, en supposant qu’on le comprenne) et couronnée de palmes et de lauriers, apparut la majestueuse figure de l’abbé Maluenda, inondant la montagne de gloire et de lumière, et portant l’espérance du triomphe dans la lutte. Et quels ennemis ne vaincrait point un génie si brillant et une bonté si digne du souvenir ?

Don Antonio Gentil de Vargas, je demande le loisir de te voir, car tu arrivas tout revêtu d’élégance, d’art et de courage. Bien que Génois de naissance, tu fis paraître ton habileté à cultiver les Muses castillanes, si bien que toute la troupe poétique en fut ravie.

Du fond de l’Inde reculée, arriva mon ami Montesdoca, et celui qui renoua le fil rompu de la narration de l’Arauco.

Apollon leur dit : « C’est à vous qu’il appartient de défendre ce riche domaine contre la canaille dépourvue de pudeur. Vous le voyez, sans autres armes que l’arrogance, elle veut canoniser l’ignorance et lui assurer un divin et impérissable renom. Tel est l’aveuglement de l’amour-propre, qu’il n’est pas rare de voir un ignorant prétendre à la réputation d’excellent poëte. »

En ce moment, une autre merveille, un nouveau prodige se découvre en mer ; je vais le raconter en quelques vers. Un vaisseau approcha si près du bord, qu’on pouvait voir d’en haut, très-distinctement, tout ce qui