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prochain, nous aurions un renfort suffisant de génie, de forces et de courage. Sur la gauche de la montagne apparut tout à coup une troupe délibérée. Ô ciel, vous donnez des preuves certaines de votre providence !

En tête marchait, porté sur un cheval bai, le spirituel Juan de Vasconcelos, qui excite la jalousie des muses lusitaniennes. Derrière lui, venait le capitaine Pedro Tamayo, et quoique malade de la goutte, il frappa l’ennemi de terreur et de crainte, semant dans ses rangs le désordre ; car c’est dans les moments critiques de la guerre, qu’on admire surtout les prodiges de son génie et de son courage.

Sur le côté droit de la montagne s’avançaient en même temps, vers cette terre plantureuse, d’autres soldats guidés par une bannière blanche. Aussitôt Apollon se mit en quête de savoir qui ils étaient. À leur tête, marchait le jeune Don Fernando de Lodeña, poëte précoce, mais dont le génie renferme déjà les germes de la gloire à venir, déposés par la propre main d’Apollon.

En grand appareil et avec la majesté d’un roi, s’arrêta au pied de la montagne un nouveau venu, qui sollicitait les faveurs du dieu. C’était le licencié Juan de Vergara, puissant renfort pour l’illustre multitude. Honneur d’Esculape et d’Apollon, il est deux fois illustre, et l’envie elle-même proclame sa gloire.

En même temps que lui fut reçu avec applaudissements, le docte Juan Antonio de