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cun d’eux en particulier sera une ferme colonne sur laquelle le palais d’Apollon s’élèvera au-dessus de l’orbe de la lune.

Celui-ci, quoique assidu aux graves fonctions de sa charge, porte le laurier et la palme, distinctions et bienfaits accordés par Apollon. Il est maître dans cette science merveilleuse et incomparable, unique dans la jurisprudence ; son nom, Don Francisco de la Cueva.

Celui-ci que je compare à Homère, c’est le grand Don Rodrigo de Herrera, illustre dans les lettres, et sans égal par ses qualités.

Celui-ci qui vient à sa suite, c’est Don Juan de Vera, honoré dans les quatrième et cinquième sphères, pour sa plume et pour son épée.

Celui-ci qui accable le corps et l’âme de tant de gens, quoiqu’il ne se montre guère chrétien, puisse le temps épargner ses écrits.

À ces mots la liste me glissa des mains, et le dieu dit : « Avec ceux que tu as dénombrés, l’affaire est faite. Fais en sorte qu’à pas pressés et le cœur dispos, ils viennent ici, où j’attends le renfort de leur troupe vaillante. »

« Je doute fort que Don Francisco de Quevedo puisse venir, » dis-je alors. Et lui à moi : « Je ne puis pourtant m’en aller sans lui. Celui-là est un fils d’Apollon, fils aussi de la muse Calliope. Nous ne pouvons partir sans lui, et là-dessus je ne saurais changer. Il est le fléau des sots poëtes, et de la pointe du pied il chassera du Parnasse les