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nommé « el monstruo de naturaleza. » C’était en effet un prodige, une espèce de monstruosité dans l’ordre intellectuel.


Vera (Juan de) y Figueroa, comte de la Roca, célèbre diplomate, fut longtemps ambassadeur d’Espagne à Venise. Il était de Séville. Il a écrit un excellent traité sur la diplomatie, intitulé : « El Embajador, » et un poëme épique assez médiocre : « El Fernando ó Sevilla restaurada. » Milan, 1632, in-4. Ce poëme est le récit héroïque de la conquête de Séville par le saint roi Ferdinand. L’auteur avait commencé par traduire en vers espagnols la Jérusalem délivrée du Tasse, et lorsque la traduction touchait à sa fin, il l’adapta simplement au nouveau sujet, moyennant quelques modifications. De sorte que la conquête de Séville par Ferdinand III n’est au fond que le poëme du Tasse métamorphosé. Le poëme n’a pas moins de vingt chants ; mais il n’est pas en octaves. Juan de Vera a adopté l’ancienne forme des petits vers qu’on appelle redondillas. On a de lui une apologie de Pierre I, roi de Castille, surnommé tantôt le Cruel, tantôt le Justicier, « El Rey don Pedro defendido. » Madrid, 1648, in-8. Mayans y Siscar a nettement accusé Juan de Vera y Figueora d’avoir fabriqué de toutes pièces ou du moins altéré le recueil intitulé : Centon epistolario del bachiller Fernan Gomez de Cibdad real. Perez Bayer était du même avis, et M. Gayangos, qui ne croit point à l’authenticité du recueil, estime que le célèbre diplomate était très-capable de mystifier le public par une de ces supercheries littéraires dont on compte un assez grand nombre en Espagne. Mort en 1658. — Je ne pense pas que Cervantes ait voulu parler d’un homonyme, Juan de Vera y Villaroel, auteur dramatique de la première moitié du dix-septième