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Chap. XX, 10.
Chap. XXI, 12.
APOCALYPSE DE S. JEAN.

10et le faux prophète, et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles. 11Puis je vis un grand trône éclatant de lumière et Celui qui était assis dessus : devant sa face la terre et le ciel s’enfuirent et il ne fut plus trouvé de place pour eux. 12Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts ; on ouvrit encore un autre livre, qui est le livre de la vie ; et les morts furent jugés, d’après ce qui était écrit dans ces livres, selon leurs œuvres. 13La mer rendit ses morts ; la Mort et l’Enfer rendirent les leurs ; et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. 14Puis la Mort et l’Enfer furent jetés dans l’étang de feu : — c’est la seconde mort, l’étang de feu. 15Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l’étang de feu.


II. — Le triomphe de l’Église (xxi — xxii, 5) : 5o Apparition du monde nouveau et de la Jérusalem nouvelle (1-8). — 6o Structure et splendeur de la ville sainte (9-27). — 7o Vie immortelle et heureuse de ses habitants (xxii, 1-5).

Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et il n’y avait plus de mer.[1] 2Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte,[2] une Jérusalem nouvelle, vêtue comme une nouvelle mariée parée pour son époux. 3Et j’entendis une voix forte qui disait : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes : il habitera avec eux, et ils seront son peuple ; et lui-même il sera le Dieu avec eux, il sera leur Dieu. 4Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » 5Et Celui qui était assis sur le trône, dit : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Et il ajouta : « Écris, car ces paroles sont sûres et véritables. » 6Puis il me dit : « C’est fait ! Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai gratuitement de la source de l’eau de la vie.[3] 7Celui qui vaincra possédera ces choses ; je serai son Dieu et il sera mon fils. 8Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part est dans l’étang ardent de feu et de soufre : c’est la seconde mort. »[4] 9Alors l’un des sept anges qui tenaient les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint me parler et me dit : « Viens, je te montrerai la nouvelle mariée, l’Épouse de l’Agneau. »[5] 10Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, 11brillante de la gloire de Dieu, et l’astre qui l’éclaire est semblable à une pierre très précieuse, à une pierre de jaspe transparente comme le cristal.

12Elle a une grande et haute muraille,
  1. XXI, 1. Déjà Isaïe (lxv, 17 sv.) avait prédit en ces termes un renouvellement de l’univers visible. Créée au commencement dans un état excellent (Gen. i, 30), puis maudite et soumise à la corruption par suite du péché (Gen. iii, 17 ; Rom. viii, 20), la nature entière attend, avec une sorte d’impatience douloureuse, le moment de la glorification des enfants de Dieu, qui sera celui de son affranchissement (Rom. viii, 19).
    Ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle, c’est un renouvellement de ce monde où a vécu l’humanité déchue, lequel, débarrassé enfin de toute souillure, sera rétabli par Dieu dans un état égal, et même supérieur, à celui dans lequel il avait été créé ; renouvellement que l’Écriture appelle ailleurs ῇ παλιγγενεσίᾳ, la régénération (Matth. xix, 28) et ῇ ἀποκαταστάσεως πάντων, la restitution de toutes choses en leur premier état (Act. iii, 21).
  2. 2. La ville sainte, opposée à la ville impie (xvii), Jérusalem, opposée à Babylone. l’Épouse parée, opposée à la prostituée ; c’est l’Église, la société des Saints (v. 9 note) ; elle est ici appelée nouvelle, non plus par opposition à la société religieuse de l’ancien Testament, mais parce que, après l’avènement glorieux de son Époux et la rénovation de toutes choses (v. 1 et 5) l’Église de J.C. elle-même entre dans une phase nouvelle de son existence, qui est celle de la célébration solennelle de ses noces (xix, 7).
  3. 6. L’eau de la vie, ici, image de la bienheureuse immortalité : comp. vii, 17 ; Is. iv, 1 ; Jean, iv, 10, 14 et Matth. v, 6.
  4. 8. La seconde mort, la mort définitive, l’éternelle damnation (xx, 6, 14).
  5. 9. Du parallélisme parfait de ces deux passages, on doit conclure que la Jérusalem nouvelle décrite ici n’est pas plus une ville, dans le sens propre du mot, que ne l’était la grande Babylone, mais bien une cité, c’est-à-dire une société, formée de membres harmonieusement unis entre eux, comme les pierres d’un édifice. Dans la description qui va suivre, il ne faut pas voir autre chose que des symboles, exprimant la beauté, la gloire, la paix et le bonheur de la société des enfants de Dieu, telle qu’elle existera après le jugement dernier, réunissant dans une sainte et bienheureuse fraternité les héritiers glorieux du ciel et de la terre renouvelée. — L’Épouse : voy. xix, 7. — Sur une haute montagne : comp. Is. ii, 2 sv. ; Ezéch. xi, 2 ; Ps. lxxxvii (86) 2. — Jérusalem, dont il a été dit tant de choses glorieuses (Ps. cit., 3) et dont les splendeurs ont déjà été chantées par Tobie (viii, 9-23). Isaïe (lx, 18-22) et les autres prophètes.